18 Avr

M. Poloz maintient les taux et voit de plus grandes possibilités de croissance et d’augmentation de l’inflation

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
La valeur du dollar canadien a subi un fort repli immédiatement après la diffusion de l’annonce officielle de la Banque du Canada qui faisait part de prévisions plus optimistes relativement à l’économie, tout en maintenant son taux inchangé. La banque a augmenté son estimation quant à la croissance potentielle non inflationniste, insinuant qu’il y a plus de possibilités de croissance sans déclencher des hausses de taux.

La banque centrale suggère maintenant que l’économie a une limite de vitesse non inflationniste de 1,8 % cette année et l’an prochain, qui s’accélérera à 1,9 % en 2020. Précédemment, la banque avait estimé que la croissance potentielle moyenne serait autour de 1,6 % pour les deux prochaines années.

De nombreux intervenants sur le marché s’attendaient à une annonce plus sévère, alors que l’inflation a augmenté pour s’approcher de la cible de 2 % de la banque au cours des derniers mois. La banque centrale semble être à cheval sur la clôture, suggérant que les hausses de taux ne tarderont pas, mais que l’économie a encore besoin de stimulation. La bonne nouvelle est que la demande croissante génère une nouvelle capacité pendant que les entreprises investissent pour suffire aux ventes, un développement qui, selon le gouverneur Poloz, doit être encouragé par la banque centrale dont c’est l’« obligation ».

Le Rapport sur la politique monétaire (RPM) révèle que les trois quarts des industries ont un taux d’utilisation de la capacité qui se situe dans les cinq points de pourcentage de leur sommet affiché après 2003. Pendant ce temps, le sondage sur les perspectives commerciales indique que les attentes relatives aux ventes se sont confirmées. Ensemble, cela signifie qu’il y a un réel besoin d’investissements pour répondre à une demande plus forte.

La principale préoccupation est que le protectionnisme (qui demeure le risque le plus élevé de la banque centrale en ce qui a trait aux perspectives) combiné à la refonte fiscale américaine fasse en sorte que les entreprises choisiront de développer leur capacité à l’extérieur du Canada. Des « résultats fort variés » demeurent possibles quant à l’ALENA, selon le RPM, qui n’a pas reconnu que des progrès aient été récemment rapportés concernant les discussions entre le Canada, le Mexique et les États-Unis.

La banque centrale prévoit maintenant que la croissance au cours du premier trimestre se situera à 1,3 %, à la baisse comparativement aux prévisions de janvier qui étaient à 2,5 %. Les prévisions pour 2018 ont été également révisées à la baisse à 2 %, par rapport à 2,2 %. Par contre, la croissance prévue pour 2019 a été revue à la hausse à 2,1 % plutôt qu’à 1,6 %. Cette plus forte croissance reflète les révisions à la hausse de l’expansion américaine attribuable aux nouvelles règles fiscales.

Le ralentissement de la croissance économique au premier trimestre tient surtout à la faiblesse enregistrée dans deux secteurs. Les marchés du logement ont ralenti dans la foulée des nouvelles lignes directrices sur les prêts hypothécaires. Les exportations ont également fléchi, en partie en raison de la congestion des infrastructures de transport.

En ce qui concerne le logement, le Rapport sur la politique monétaire présente un graphique intéressant (ci-dessous) illustrant le changement cumulatif dans les reventes de logements depuis janvier 2017 qui est suivi du commentaire : « Selon les estimations de la Banque, l’activité sur le marché de l’habitation se serait nettement contractée au premier trimestre à la suite de l’entrée en vigueur de la version révisée de la ligne directrice B-20. Cette contraction a été accentuée par le fait que certains acheteurs se sont empressés, au quatrième trimestre de 2017, d’acquérir un logement avant d’être assujettis à la nouvelle mesure. Au deuxième trimestre de 2018, l’activité sur le marché de l’habitation devrait se redresser, les reventes amorçant une reprise. »

Conclusion : malgré que les prévisions de l’inflation aient été revues à la hausse, l’évaluation de la banque semble être relativement optimiste. Je m’attends à ce qu’il y ait deux autres hausses d’un quart de point du taux cette année, probablement à l’été et à l’automne.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca
16 Avr

Le marché du logement du Canada continue son atterrissage en douceur

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI) révèlent une petite tendance à la hausse des ventes nationales en mars, la première augmentation mensuelle en trois mois. Cela survient dans la foulée d’un déclin de plus de 19 % dans les deux mois précédents, alors que  les règles plus serrées sur les simulations de crise relatives aux demandes de prêts hypothécaires appliquées par les prêteurs assujettis à la réglementation fédérale auraient eu des répercussions sur un acheteur potentiel sur trois.

La petite hausse survenue en mars laisse croire que le marché du logement commence à réagir après la période de récupération des activités devancées à la fin de l’année dernière en raison de l’introduction des nouvelles règles, le 1er janvier 2018.

On prévoit que le marché du logement sera probablement inégal, car les nouvelles mesures de ralentissement du marché annoncées dans le budget de la C.-B. sont appelées à allonger le processus de rajustement dans cette province. En effet, les ventes de maisons à Vancouver affichent encore un déclin, les reventes ayant chuté de 8,6 % en mars par rapport au mois précédent, alors que les prix de référence ont encore augmenté de 1,1 %. Vancouver n’a pas connu aussi peu de ventes depuis 2013. Le budget de février de la C.-B. comportait un nouvel impôt sur la spéculation ainsi qu’un impôt accru pour les acheteurs étrangers, ainsi qu’une hausse des taxes sur les ventes de maisons et des taxes scolaires pour les propriétés valant plus de 3 millions de dollars.

Pour l’ensemble du pays, les ventes des propriétés existantes ont connu une faible augmentation de 1,3 % de février à mars. Néanmoins, les ventes à l’échelle nationale réalisées au cours du premier trimestre de 2018 ont glissé pour atteindre leur niveau trimestriel le plus bas depuis le premier trimestre de 2014.

Les ventes réalisées en mars étaient à la hausse par rapport au mois précédent dans plus de la moitié des marchés résidentiels locaux, surtout à Ottawa et à Montréal. Les gains mensuels des ventes ont été éclipsés par des reculs dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique et la région d’Okanagan, de même qu’à Chilliwack, à Calgary et à Edmonton.
Les ventes réelles (non désaisonnalisées) ont chuté de 22,7 % par rapport au record enregistré en mars 2017, soit leur niveau le plus faible en quatre ans pour le mois. Elles se situaient aussi à 7 % en deçà de la moyenne sur 10 ans pour mars. Dans plus de 80 % des marchés locaux, les ventes étaient inférieures à celles de l’an dernier, y compris celles de tous les grands centres urbains, à l’exception de Montréal et Ottawa. La grande majorité des baisses d’une année à l’autre étaient bien supérieures à 10 %.

« Les modifications que le gouvernement a apportées à ses politiques ont semé l’incertitude quant aux prix des maisons chez les acheteurs et les propriétaires-vendeurs », affirme le président de l’ACI, Andrew Peck. « L’incidence de ces modifications sur ce qu’on pense du marché de l’habitation varie d’une région à l’autre », ajoute-t-il.

« Les récents changements apportés aux règlements hypothécaires alimentent la demande en maisons à moindre prix tout en réduisant le bassin d’acheteurs admissibles pour les maisons haut de gamme », selon Gregory Klump, économiste en chef de l’ACI. « Vu l’offre limitée, le passage de la demande aux segments moins chers fait monter les prix de vente. Par conséquent, les maisons « à prix abordable » sont de moins en moins abordables, alors que le financement hypothécaire des maisons plus chères demeure hors de portée pour bon nombre d’acheteurs désirant monter de gamme. »

Nouvelles inscriptions

En mars, le nombre de nouvelles inscriptions a affiché une hausse de 3,3 % à l’échelle du pays. Malgré cela, les nouvelles inscriptions n’ont pas repris le recul accusé lors de la chute vertigineuse de 21,1 % qu’on a connue de décembre 2017 à janvier 2018 – de loin la plus importante baisse enregistrée d’un mois à l’autre, selon l’ACI. Les ventes ayant moins augmenté que les nouvelles inscriptions en mars, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé à 53 % au cours du mois. La moyenne à long terme de cette mesure se situe à 53,4 %.

Une comparaison entre le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et sa moyenne à long terme permet de constater que plus de 60 % de l’ensemble des marchés locaux étaient en équilibre en mars 2018. On comptait 5,3 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mars 2018, tout comme en février, quand on a atteint le niveau le plus élevé en deux ans et demi. La moyenne à long terme de cette mesure se situe à 5,2 mois.

Les prix des maisons 

À l’échelle nationale, l’Indice des prix des propriétés (IPP) MLS global et composé a grimpé de 4,6 % d’une année à l’autre en mars, affichant la onzième décélération consécutive dans les gains d’une année à l’autre. Cela a poursuivi la tendance amorcée en avril dernier lorsque la province de l’Ontario a annoncé ses nouvelles mesures en matière de logement qui comportaient une taxe de 15 % imposée aux acheteurs de maisons étrangers qui ne sont pas résidents. Le ralentissement d’une année à l’autre constaté dans la croissance des prix des maisons reflète surtout la tendance qui prévaut dans le marché du Grand Golden Horseshoe. Dans cette région, les prix se sont stabilisés ou ont montré des signes modestes de regain au cours des derniers mois; toutefois, les résultats des comparaisons d’une année à l’autre risquent de continuer à se détériorer en raison de la montée rapide des prix il y a un an.

À l’échelle nationale, les appartements en copropriété ont encore affiché les hausses de prix les plus importantes d’une année à l’autre en mars (+17,8 %), suivis des maisons en rangée (+9,4 %) et des maisons unifamiliales à un étage (+1,3 %). Les prix des maisons unifamiliales à deux étages ont chuté par rapport à il y a un an (-2,0 %), poursuivant la tendance de l’année dernière. Malgré qu’ils se soient stabilisés dans la deuxième moitié de l’année dernière, les déclins des prix des maisons unifamiliales d’une année à l’autre peuvent persister au-delà de la première moitié de 2018.

Dans la région du Grand Toronto, l’IPP MLS composé a augmenté de 3,2 % d’une année à l’autre, ce qui est attribuable à une hausse de 18,8 % des prix des appartements en copropriété d’une année à l’autre et à une croissance de 7,5 % des prix des maisons en rangée. Les prix de maisons unifamiliales non attenantes ont un peu diminué comparativement à ceux de février 2017.

En mars, les prix des propriétés de référence ont affiché une hausse par rapport à l’an dernier dans 9 des 14 marchés suivis par l’IPP MLS® (voir le tableau ci-dessous). Les prix composites des propriétés de référence dans le Lower Mainland, en Colombie-Britannique, ont continué de grimper après avoir connu une courte baisse au cours du deuxième semestre de 2016 (Grand Vancouver : +16,1 % d’une année à l’autre; vallée du Fraser : +24,4 % d’une année à l’autre). Les appartements et les maisons en rangée ont propulsé cette tendance régionale au cours des derniers mois; les prix des maisons unifamiliales, quant à eux, se sont maintenus dans le Grand Vancouver. Dans la vallée du Fraser, les prix des maisons unifamiliales ont aussi commencé à grimper.
Les prix des propriétés de référence d’une année à l’autre ont continué de monter pour afficher une hausse avoisinant 15 % à Victoria et 20 % dans le reste de l’île de Vancouver.

Dans le Grand Golden Horseshoe de l’Ontario, l’augmentation des prix a considérablement ralenti d’une année à l’autre, mais les gains demeurent supérieurs à ceux de l’an passé à Guelph (+7,5 %). Entre-temps, les prix des maisons ont diminué en mars dans le Grand Toronto et à Oakville-Milton, par rapport à l’année précédente (Grand Toronto : -1,5 % d’une année à l’autre; Oakville-Milton : -7,1 % d’une année à l’autre). Ces chutes s’expliquent surtout par les tendances des prix d’il y a un an et masquent le début d’une tendance à la hausse dans la région.

À Calgary et à Edmonton, les prix des propriétés de référence ont peu changé d’une année à l’autre (Calgary : +0,3 % d’une année à l’autre; Edmonton : -0,5 % d’une année à l’autre. Ceux de Regina et de Saskatoon sont restés plus bas qu’il y a un an (-4,6 % d’une année à l’autre et -3,4 % d’une année à l’autre, respectivement).
Les prix des propriétés de référence ont augmenté de 7,7 % d’une année à l’autre à Ottawa (poussés par une hausse de 8,6 % du prix des maisons unifamiliales à deux étages). Les prix ont connu une hausse de 6,2 % dans le Grand Montréal (surtout attribuable à une augmentation de 7,4 % des prix des maisons unifamiliales à deux étages) et de 4,9 % dans le Grand Moncton (poussés par une hausse de 6,3 % du prix des maisons unifamiliales à un étage).

Conclusion

Les marchés du logement continuent de s’ajuster aux resserrements réglementaires du gouvernement et aux taux hypothécaires plus élevés. La frénésie spéculative s’est calmée et les nombreuses situations d’enchérissement à Toronto et dans les environs ne sont plus monnaie courante. Les prix des maisons unifamiliales non attenantes demeureront faibles pendant quelque temps et les marchés résidentiels sont maintenant équilibrés ou en faveur des acheteurs partout au pays. Le secteur le plus chaud demeure celui des appartements en copropriété où les acheteurs font face à une offre limitée.

En raison du ralentissement dans le secteur du logement, du ralentissement généralisé de l’économie canadienne et de l’incertitude commerciale importante, la Banque du Canada demeurera prudente.
Seulement 20 % des investisseurs s’attendent à ce que la Banque du Canada augmente ses taux d’intérêt lors de sa prochaine réunion, ce mercredi. Cependant, le gouverneur Poloz retournera probablement vers le scénario de la hausse des taux au cours du deuxième semestre de 2018, puisque l’inflation et la croissance commencent à remonter. Sur 12 mois, toutes les mesures de l’inflation ont augmenté de 2 % et l’inflation grimpera probablement au-dessus du rythme cible de 2 % de la banque au cours des prochains mois, alors que la croissance devrait également retourner à un rythme supérieur à 2 % à la suite du récent ralentissement.
La banque a maintenu une position prudente depuis des mois pendant que la moyenne de l’inflation se situait seulement autour de 1,6 % l’année dernière et que l’économie affichait une décélération plus élevée que prévu au cours du deuxième semestre, signes que les ménages endettés ont commencé à freiner leurs dépenses de consommation. L’économie a crû à un rythme annualisé de 1,7 % au cours du quatrième trimestre, comparativement aux attentes des économistes à l’égard de la croissance qui étaient de l’ordre de 2 %. Au cours du troisième trimestre, la croissance du produit intérieur brut a également été révisée à la baisse.

Après avoir été à la tête du Groupe des Sept l’année dernière en ce qui concerne la croissance, l’économie canadienne a perdu de son élan, ce qui reflète le ralentissement dans le logement et la sous-performance de la productivité de longue date. Aux États-Unis, l’économie a enregistré des taux de croissance de 3,2 % dans le troisième trimestre et de 2,5 % au cours des trois derniers mois de 2017. Le Canada n’a pas suivi les États-Unis à ce point en matière de croissance depuis le début de 2015, et l’écart pourrait bien s’élargir en raison des réductions des impôts de cette année qui favorisent les entreprises.

Mais l’environnement change et l’inflation atteindra probablement une moyenne de 2,3 % au cours du deuxième trimestre et de 2,4 % dans le troisième, alors que le prix du pétrole continue de monter. Néanmoins, la plupart des économistes s’attendent à ce qu’il y ait seulement deux hausses de taux cette année, en juillet et en octobre. Cela peut évidemment changer en raison de nouvelles données surprises.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca
6 Avr

Le taux de chômage du Canada demeure à son plus faible niveau depuis 40 ans

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Statistique Canada a annoncé ce matin que le nombre d’emplois a augmenté de 32 000 en mars, ce qui est plus élevé que prévu, surtout en raison des emplois à temps plein. À 5,8 %, le taux de chômage est demeuré inchangé et il est toujours à son niveau le plus bas en 40 ans, ce qui indique que l’économie est à plein-emploi ou presque.
Au premier trimestre de 2018, l’emploi a légèrement diminué (-40 000 ou -0,2 %) par suite de la baisse observée en janvier. Si on regarde à plus long terme, les emplois ont été sur une pente ascendante depuis le deuxième semestre de 2016, malgré une faiblesse des prix dans le secteur du pétrole. Au cours de l’année dernière, l’emploi total a augmenté de près de 300 000 (+1,6 %), poussé par une augmentation du travail à temps plein et un déclin net des emplois à temps partiel; il s’agit d’une excellente nouvelle pour l’économie. Pendant la même période, le total des heures travaillées a augmenté de 2,2 %.

Le nombre d’emplois a augmenté au Québec et en Saskatchewan, alors qu’il y a eu peu de variation dans le reste du pays. Comme le tableau ci-dessous le démontre, la Colombie-Britannique continue d’afficher le taux de chômage le plus faible au Canada, ce dernier étant stable à 4,7 %, et elle est suivie par l’Ontario, à 5,5 %. Le Québec est au troisième rang avec un taux de chômage quelque peu inférieur à celui de l’Ontario, sa meilleure performance relative depuis de nombreuses années. En Saskatchewan, le taux de chômage a un peu augmenté le mois dernier pour s’établir à 5,8 % et celui du Manitoba a également augmenté. Une hausse marquée de l’emploi a été enregistrée en Alberta, alors que le taux a chuté de 6,7 % à 6,3 %, poursuivant ainsi la tendance des derniers mois. La région atlantique a, quant à elle, continué d’afficher la proportion de sans-emplois la plus élevée au Canada. Bien que le taux de chômage ait affiché un recul en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, il a augmenté à l’Île-du-Prince-Édouard, ainsi qu’à Terre-Neuve-et-Labrador.

Du point de vue sectoriel, les gains en emplois sont surtout attribuables au secteur de la construction (+18 300), ce qui représente plus de la moitié de la croissance des emplois le mois dernier. Il s’agit de la performance la plus solide en ce qui concerne les emplois dans le secteur de la construction depuis février 2016. Comparativement aux 12 mois précédents, l’emploi dans ce secteur a augmenté de 54 000 (+3,8 %), et la plupart des gains ont été enregistrés dans le deuxième semestre de l’année dernière. On a aussi constaté des augmentations dans les secteurs des administrations publiques et de l’agriculture. Le nombre d’employés du secteur public a augmenté, tandis que le nombre d’employés du secteur privé et de travailleurs autonomes était stable. Le nombre de personnes travaillant dans la finance, les assurances, l’immobilier et le crédit-bail a légèrement diminué de 0,4 % le mois dernier par rapport à 12 mois plus tôt. La fabrication a pesé sur l’économie, le secteur perdant 8 300 emplois en mars, reflétant peut-être l’incertitude liée à l’ALENA.

Une autre bonne nouvelle pour les Canadiens est que la moyenne des augmentations de salaire annuelles a été établie à 3,2 % au cours du premier trimestre de 2018, la hausse trimestrielle la plus importante depuis 2015.
Le rapport sur l’emploi du mois de mars réaffirme que l’économie canadienne est très près du plein-emploi avec peu de marge laissée par la forte performance économique du Canada, l’an dernier. Des niveaux de croissance mensuelle des emplois « normaux » sont de 15 000 à 20 000.

Les salaires ont montré des signes encourageants au cours des derniers mois, alors que les marchés de l’emploi se sont resserrés. Les augmentations de salaire annuelles ont atteint 3,3 % en mars, comparativement à 3,1% en février.

La Banque du Canada devra tenir compte de nombreux éléments lors de sa prochaine réunion de politiques, le 18 avril prochain. L’optimisme grandissant à l’égard d’une entente préliminaire sur l’ALENA n’a pas encore déclenché d’attentes par rapport à une hausse du taux d’intérêt de la Banque du Canada plus rapide, particulièrement en raison des tensions commerciales qui s’accentuent entre les États-Unis et la Chine. Les investisseurs estiment maintenant que la probabilité qu’il y ait une hausse du taux d’intérêt lors de la réunion du 18 avril est de l’ordre de 20 %, en se basant sur le volume d’échanges qui a diminué de 40 %, il y a deux semaines. Une augmentation du taux d’intérêt par la Banque du Canada est peu probable avant juillet.

Même si un ALENA provisoire était conclu, la banque centrale aimerait attendre pour constater des augmentations concrètes dans les exportations canadiennes, les investissements des entreprises et la pression inflationniste avant de prendre la décision d’augmenter à nouveau après les trois hausses de taux depuis juillet dernier. Les données commerciales de février publiées cette semaine ont été décevantes, particulièrement en ce qui concerne les exportations hors énergie. Les retards dans les chemins de fer ont mené à une chute record des exportations d’aliments. Le Canada a connu des déficits commerciaux depuis janvier 2017, amplifiant les inquiétudes quant à un déclin de la compétitivité.

Avant sa rencontre d’avril, la Banque analysera également sa propre enquête sur les dirigeants d’entreprises qui a été publiée lundi afin de savoir de quelle façon les dirigeants ont réagi à l’incertitude commerciale et aux marchés de l’emploi serrés. Les indicateurs de la perspective commerciale de la Banque du Canada ont été à la hausse de manière constante depuis les creux atteints en 2015 et ils se maintiennent aux niveaux les plus élevés depuis les 17 dernières années. Il sera intéressant de voir si l’augmentation des tensions commerciales mondiales aura atténué l’optimisme commercial au Canada.

Aux États-Unis, l’augmentation des emplois est sous les 103 000 prévus alors que les salaires ont augmenté

Sur le plan des salaires, les gains ont ralenti après un mois de février vigoureux, faisant en sorte que la croissance du marché de l’emploi américain est revenue à un rythme plus soutenable.

Les emplois non agricoles ont augmenté de 103 000 après que le chiffre de 326 000 révisé à la hausse ait été avancé en février. Les marchés s’attendaient à des gains d’emplois de l’ordre de 185 000 et à une baisse du taux de chômage. Le taux de chômage s’est plutôt maintenu à 4,1 % pour le sixième mois consécutif, alors que la moyenne des salaires horaires a augmenté de 2,75 % comparativement à 12 mois auparavant.

Les gains d’emplois mensuels correspondent à d’autres baisses du taux de chômage aux États-Unis, lequel demeure sous les estimations de la Réserve fédérale en ce qui concerne les niveaux soutenables à long terme. Les décideurs de la Fed ont récemment prévu que le taux de chômage chuterait à environ 3,6 % à la fin de l’année prochaine.

Il est probable que la Fed continue de resserrer la politique monétaire en augmentant le taux des fonds fédéraux et en se départissant graduellement de ses bons du Trésor et de ses titres adossés à des créances hypothécaires. Mais la perspective du déclenchement d’une guerre commerciale avec la Chine est une « frime » en ce qui a trait aux prévisions, notamment après que le président Trump ait fait augmenter les tensions en ordonnant à son administration de considérer d’imposer des tarifs de 100 milliards de dollars additionnels sur les importations chinoises.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca