19 Jan

Les marchés du travail rebondissent en décembre

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

En matière de statistiques sur l’emploi, qui sont notoirement volatiles, il importe de se rappeler que les données d’un mois n’établissent pas une tendance. Après les chiffres désolants du mois passé, la croissance de l’emploi a rebondi en décembre, effaçant presque la moitié de la baisse précédente (ou plus, si on exclut les facteurs transitoires de novembre). En outre, une bonne part des poussées de novembre du taux de chômage se sont inversées. En fin de compte, l’année s’est achevée avec la deuxième meilleure croissance de l’emploi depuis la récession, ce qui justifie l’opinion de la Banque du Canada que l’économie canadienne est résiliente.

L’économie du Canada a créé 35 200 emplois nets en décembre, et 320 300 sur l’ensemble de 2019 – la deuxième plus grande augmentation annuelle depuis 2007. Le taux de chômage a baissé de 3 points de base, à 5,6 %. La progression des salaires a ralenti, mais a tout de même été de 3,8 % par rapport à un an plus tôt.

Toute la création d’emploi s’est faite dans les emplois à plein temps dans le secteur privé. Parmi les provinces, l’Ontario et le Québec arrivent en tête des gains en décembre. La Colombie-Britannique a enregistré la plus forte baisse. Les emplois dans la construction ont augmenté sensiblement, surtout en Colombie-Britannique et en Ontario. Après deux mois de déclin, l’emploi dans le secteur manufacturier n’a guère changé en décembre. Ce secteur a été particulièrement touché par la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. Même si un accord commercial sera signé entre les deux pays la semaine prochaine, une bonne part des tarifs douaniers imposés depuis un an subsisteront.

En décembre, la Colombie-Britannique a continué d’afficher le plus bas taux de chômage au pays : 4,8 % (voir le tableau ci-dessous). L’Ontario et le Québec sont maintenant au coude-à-coude, après une période de croissance plus forte au Québec. La région de l’Atlantique reste au dernier rang, avec des taux de chômage constamment élevés – une situation qui perdure de longue date.
En somme : Le rapport de décembre sur l’emploi confirme la conviction actuelle de la Banque du Canada que malgré les vents contraires, l’économie canadienne reste relativement résiliente et de nouvelles réductions des taux d’intérêt ne sont pas nécessaires. Cette évaluation pourrait changer du jour au lendemain dans notre monde incertain, mais la banque centrale restera probablement sur sa position pour le moment. Au quatrième trimestre, la croissance économique a nettement faibli au Canada par suite de la faiblesse des dépenses des consommateurs et des entreprises. La Banque du Canada surveillera donc l’évolution des données. Nous prévoyons une croissance d’environ 1,8 % de l’économie en 2020, soit à peu près comme en 2019. Dans un contexte de resserrement des marchés du travail, l’écart de production s’est réduit, et l’économie tournera à la cadence potentielle sur le long terme selon nos prévisions.

Confiance des consommateurs en baisse

Les consommateurs semblent être moins optimistes que les économistes. Dans un sondage de fin d’année réalisé pour Bloomberg News par le groupe Nanos Research, 55 % des Canadiens croient qu’une récession est possible cette année, 33 % pensent qu’une récession est improbable, et 12 % sont incertains. Selon Bloomberg News, « le pessimisme traduit un sentiment de prudence répandu dans les ménages du pays, qui persiste depuis plus d’un an et qui a influé sur leur comportement ».

Hormis le logement, la croissance annuelle réelle de la consommation totale des ménages a été en moyenne de 1,1 % au cours des quatre derniers trimestres. Il s’agit du taux le plus faible depuis au moins 1962 sauf en période de récession. Autre signe de prudence, les taux d’épargne grimpent continuellement, et sont maintenant à leur plus haut niveau depuis 2015.

Selon Bloomberg : « Il y a aussi des indications que les inquiétudes des consommateurs se sont stabilisées. Les résultats du sondage ont peu changé par rapport à un sondage semblable réalisé en novembre. Un autre indicateur de la confiance des consommateurs – l’Indice de confiance canadienne Bloomberg Nanos – a fait une remontée en décembre après deux mois à la baisse, alors que les marchés boursiers s’envolaient à la fin de l’an dernier et que la confiance dans l’immobilier se rétablissait. »

Sans surprise, les craintes d’une récession se manifestent surtout dans les provinces des Prairies comme l’Alberta, où presque trois quarts des ménages voient un risque de récession en 2020. L’Alberta a fortement souffert de la chute des prix du pétrole depuis le milieu de 2014, et elle ne récupère que lentement. Une majorité des répondants de la Colombie-Britannique et de l’Ontario craignent aussi qu’un ralentissement soit imminent. Le Québec est la seule province où les optimistes sont plus nombreux que les pessimistes.

La confiance des consommateurs a baissé aussi aux États-Unis. Pourtant, les marchés boursiers des deux pays ont atteint de nouveaux sommets. Nous sommes dans la 11e année d’expansion économique, un record quant à la durée, mais non quant à l’ampleur. Au contraire des États-Unis, le Canada a profité depuis trois ans d’une forte augmentation de l’immigration qui a stimulé la croissance.

Les marchés canadiens du logement ont connu une reprise notable depuis l’imposition, le 1er janvier 2018, des tests de résistance hypothécaire B-20. Par ailleurs, il est probable que le prochain budget prévoira des incitatifs fiscaux.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca