16 Avr

La Banque du Canada agit pour la survie de l’économie

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada accroît ses achats de titres financiers, ajoutant des obligations provinciales et des obligations d’entreprise à cote élevée à la liste.
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La Banque du Canada est prête à faire tout ce qu’il faut

Face à un déclin dévastateur de l’économie canadienne, la Banque du Canada prend des mesures inédites. À la suite de pertes d’emploi records, d’une confiance en chute libre et de la mise à l’arrêt de la plupart des entreprises, le nouveau Rapport sur la politique monétaire (RPM) fait état d’une pression financière extrême et d’une contraction marquée et subite à l’échelle mondiale. La COVID-19 et l’effondrement des cours pétroliers provoquent des impacts économiques et des mesures publiques sans précédent.

« Une part substantielle de l’activité économique sera affaiblie tant que la pandémie ne sera pas maîtrisée, peut-on lire dans le RPM. Ces effets soudains ont provoqué une onde de choc sur les marchés financiers, et se traduisent par une ruée généralisée vers les valeurs sûres, une réévaluation marquée des actifs risqués et le fonctionnement déficient de bon nombre de marchés. […] Les économies mondiale et canadienne devraient se redresser lorsque l’urgence médicale prendra fin, mais le moment et la vigueur du redressement dépendront fortement de l’évolution de la pandémie et des mesures à prendre pour la contenir. Le redressement dépendra aussi de la réaction des ménages et des entreprises à la situation. Or ces facteurs sont impossibles à prévoir avec certitude. »

« L’économie canadienne était en bonne posture avant l’épidémie de COVID-19, mais depuis, elle a été frappée par des fermetures généralisées et une baisse des prix du pétrole, affirme par ailleurs la Banque du Canada dans un communiqué. L’une des premières mesures de l’ampleur des dommages a été une chute sans précédent de l’emploi en mars, avec la perte de plus d’un million d’emplois au pays. Un nombre encore plus grand de travailleurs ont signalé une réduction de leurs heures, et au début d’avril, environ six millions de Canadiens avaient demandé la Prestation canadienne d’urgence. »

« L’arrêt soudain de l’activité mondiale sera suivi de reprises régionales à différents moments, selon la durée et la gravité de l’épidémie dans chaque région, affirme encore la Banque du Canada. Par conséquent, la reprise économique mondiale, lorsqu’elle viendra, pourrait être prolongée et inégale. »

Le plus récent RPM rompt avec la tradition. Il ne présente pas de prévisions économiques détaillées. Des prévisions seraient inutiles au vu du degré d’incertitude et de l’absence de précédents pertinents. Cependant, l’analyse de différents scénarios faite par la Banque donne à penser que le niveau de l’activité réelle a diminué de 1 à 3 % au premier trimestre de 2020, et qu’il sera de 15 à 30 % plus bas au deuxième trimestre qu’au quatrième trimestre de 2019. Une inflation de 0 % est prévue, principalement en raison de la chute de prix de l’essence.

D’ajouter la Banque : « Les programmes budgétaires, conçus pour s’accroître selon l’ampleur du choc, aideront les particuliers et les entreprises à traverser cette phase de fermetures liées à la pandémie et appuieront les revenus et la confiance jusqu’à la reprise. À ces programmes se sont ajoutées les actions menées par d’autres organismes fédéraux et les provinces. »

La Banque du Canada et toutes les banques centrales ont pris des mesures pour soutenir le fonctionnement des marchés financiers essentiels et fournir des liquidités aux institutions financières. Elles ont notamment procédé à des achats massifs d’actifs et nettement réduit les taux d’intérêt. La Banque a abaissé le taux à un jour de 150 points de base en trois étapes le mois dernier, jusqu’au taux de 0,25 % qu’elle considère comme sa « valeur plancher ». Elle s’est gardée de réduire ce taux directeur à nouveau aujourd’hui, estimant que des taux d’intérêt négatifs n’étaient pas opportuns. La Banque a aussi effectué des opérations de prêt destinées aux institutions financières et des achats d’actifs sur les marchés de financement essentiels totalisant environ 200 milliards de dollars.

« Ces actions ont eu pour effet d’atténuer le dysfonctionnement des marchés et de contribuer à maintenir les canaux du crédit ouverts, bien que ceux-ci restent tendus. Le prochain défi pour les marchés sera de gérer la demande accrue de financement à court terme provenant des gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que des entreprises et des ménages. Cette situation nécessite des actions particulières de la banque centrale. »

La Banque du Canada, s’efforçant d’apporter de la liquidité à tous les marchés financiers tendus, est effectivement devenue l’acheteur de dernier recours. Dans le cadre de son programme annoncé précédemment, la Banque continuera d’acheter au moins 5 milliards de dollars de titres du gouvernement du Canada par semaine sur le marché secondaire. Elle augmentera le niveau des achats au besoin pour maintenir le bon fonctionnement du marché des obligations d’État. De plus, elle augmente temporairement la quantité de bons du Trésor qu’elle acquiert aux adjudications pour la porter à 40 %, et ce, dès maintenant.

La Banque a également annoncé de nouvelles mesures pour soutenir davantage le système financier canadien. Elle lancera un nouveau programme d’achat d’obligations provinciales jusqu’à concurrence 50 milliards de dollars, pour compléter son Programme d’achat de titres provinciaux sur les marchés monétaires. De plus, elle a annoncé un nouveau Programme d’achat d’obligations de sociétés, dans le cadre duquel elle achètera sur le marché secondaire jusqu’à 10 milliards de dollars d’obligations de sociétés bien cotées. Ces deux programmes seront mis en place dans les semaines à venir. Enfin, la Banque élargit encore son mécanisme de prise en pension à plus d’un jour afin de permettre un financement sur une période pouvant atteindre 24 mois.

La Banque soutiendra tous les marchés financiers canadiens à l’exception du marché boursier, et son Conseil de direction « se tient prêt à ajuster l’ampleur ou la durée des programmes de la Banque si nécessaire ». La Banque affirme que toutes ses actions « visent à aider à traverser la période de confinement actuelle et à créer les conditions d’une reprise durable et de l’atteinte de la cible d’inflation au fil du temps ».

Voilà précisément ce que la banque centrale doit faire pour convaincre que les marchés financiers canadiens resteront viables. Ses mesures sont un moyen justifié de contrebalancer la vente sous le coup de la panique. De trop nombreux investisseurs sont portés à la panique en pareilles circonstances, risquant de produire un effet d’entraînement qu’il importe d’éviter. Tant que la Banque du Canada convainc qu’elle est un rempart, la panique peut être atténuée. La Banque du Canada doit être louée pour sa réaction efficace et sa vigilance face à cette crise. Son gouverneur Stephen Poloz et son Conseil de direction ont rapidement constaté qu’il s’agissait d’une situation extrême de proportion énorme.

Par conséquent, le Canada non seulement survivra à l’orage de la pandémie mieux que bien d’autres pays, mais en outre émergera de ce tsunami économique et financier en meilleure posture.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Avr

Les ventes et les inscriptions de maisons chutent en mars alors que la Banque du Canada accroît son soutien économique

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Publié par: Robert Perrier

Les ventes et les inscriptions de maison sont à l’arrêt, comme le reste de l’économie dans la deuxième moitié de mars
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Le marché du logement est une autre victime du virus

Selon les données publiées aujourd’hui par L’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont chuté de 14,3 % d’un mois à l’autre en mars. C’est la première indication nationale des répercussions de l’isolement social. La perturbation économique et les mises à pied massives ont fait que les acheteurs et les propriétaires vendeurs ont de plus en plus battu en retraite dans la deuxième moitié du mois.

La vaste majorité des marchés locaux ont affiché une baisse des transactions d’un mois à l’autre. Ce recul a affecté les plus grands marchés au pays : Grand Toronto (-20,8 %), Montréal (-13,3 %), Grand Vancouver (-2,9 %), vallée du Fraser (-13,6 %), Calgary (-26,3 %), Edmonton (-13,2 %), Winnipeg (-7,3 %), Hamilton-Burlington (-24,9 %) et Ottawa (-7,9 %).

Les ventes réelles (non désaisonnalisées) étaient tout de même en hausse de 7,8 % par rapport à mars 2019, un mois tranquille, mais cette hausse était nettement inférieure à celle de presque 30 % enregistrée en février par rapport à un an plus tôt.

« Le monde n’est pas près d’oublier mars 2020, a dit Jason Stephen, président de l’ACI. Au Canada, les ventes résidentielles et les inscriptions étaient en hausse, ce qui annonçait un printemps chargé pour les courtiers et agents immobiliers. Le vendredi 13, tout a tourné au cauchemar. Les membres de l’ACI respectent les directives et les conseils du gouvernement et adoptent des technologies virtuelles leur permettant de poursuivre les visites de propriétés avec les clients déjà présents sur le marché et de préparer les documents requis. »

« Les statistiques de mars 2020 reflètent deux réalités bien distinctes, explique Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. La forte croissance des ventes et des prix a eu lieu durant la période pré-COVID-19. Pour comprendre ce que nous réservent les prochains mois, il faut regarder les chiffres de la deuxième moitié de mars et ne pas oublier que c’est seulement à la quatrième semaine que le ralentissement le plus important a eu lieu. Les données préliminaires de la première semaine d’avril suggèrent que le nombre de ventes et le nombre de nouvelles inscriptions n’ont atteint que la moitié de leur niveau habituel pour cette période de l’année. »

Nouvelles inscriptions
Le nombre de nouvelles inscriptions était en baisse de 12,5 % en mars par rapport au mois précédent. Comme pour les ventes, la baisse est généralisée dans l’ensemble du pays.

Comme les ventes et les inscriptions affichent des ralentissements assez similaires en mars, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé légèrement, à 64 %, contre 65,4 % en février. L’équilibre du marché est donc très peu affecté, un résultat surprenant compte tenu de l’ampleur des pressions économiques et sociales engendrées par la crise que subissent les acheteurs et les propriétaires vendeurs.

La comparaison du ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions à la moyenne à long terme montre qu’environ les deux tiers de tous les marchés locaux étaient en équilibre en mars 2020. Les autres marchés continuaient presque tous de favoriser les propriétaires vendeurs.

On comptait 4,3 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mars 2020. Bien qu’il s’agisse d’une hausse par rapport aux 3,8 mois en février, le plus bas niveau depuis presque 15 ans, il reste que c’est presque un mois de moins que la moyenne à long terme de 5,2 mois. Comme le nombre total d’inscriptions a poursuivi son recul en mars, la chute d’un mois à l’autre est entièrement attribuable à l’effondrement des ventes.

Le nombre de mois d’inventaire dépasse largement la moyenne à long terme dans les provinces des Prairies et à Terre-Neuve-et-Labrador. En revanche, la mesure demeure bien en deçà des moyennes à long terme en Ontario, au Québec et dans les Maritimes. La mesure demeure bien équilibrée en Colombie-Britannique.

Prix des maisons
Comme cette mesure reste près de sa moyenne récente et que l’impact de la COVID-19 sur les ventes et les inscriptions n’est visible que vers la fin du mois de mars, il faudra sans doute un peu plus de temps avant que le contrecoup sur les prix ne se fasse sentir. Les mesures de prix en mars 2020 reflétaient des marchés bouillonnants et un printemps qui démarrait activement dans bien des régions du Canada, mais c’était avant l’imposition des mesures de distanciation sociale.

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,8 % en mars 2020 comparativement à février. Il s’agit du dixième gain mensuel consécutif de l’Indice.

En mars 2020, les résultats de l’IPP MLS® étaient en hausse par rapport au mois précédent dans 16 des 19 marchés mesurés par l’Indice. (Voir le tableau ci-dessous.)

Dans les grands marchés des Prairies, la tendance des prix était à la baisse à Calgary et à Edmonton en début d’année, mais a été globalement stable depuis le début de l’année passée. À Saskatoon, les prix ont également été stables au cours de l’année dernière, tandis qu’à Regina ils ont poursuivi leur mouvement à la baisse. À Winnipeg, les prix suivent une légère tendance à la hausse depuis le début de 2019.

Entre-temps, le redressement du prix des propriétés va bon train en Colombie-Britannique et dans la région du Grand Golden Horseshoe, en Ontario. Plus à l’est, la croissance des prix à Ottawa, à Montréal et à Moncton se poursuit comme elle le fait depuis un certain temps déjà. À Ottawa et à Montréal, la hausse des prix s’est accélérée au début de 2020.

En somme : De toute évidence, nous n’en sommes qu’au début, mais la chute des ventes et des nouvelles inscriptions dans la deuxième moitié de mars révèle un repli de l’activité immobilière qui durera vraisemblablement jusqu’à ce que la distanciation sociale soit levée et que tous se sentent suffisamment en sécurité pour reprendre leurs activités normales. Il y aura sans doute alors d’amples possibilités d’achat. Pour le moment toutefois, le marché du logement en est un de plus qui contribue à l’effondrement de l’économie.
Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
14 Avr

Le Canada perd plus de 1 million d’emplois en mars

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Publié par: Robert Perrier

Le Canada perd plus de 1 million d’emplois en mars

L’emploi s’est effondré au Canada en mars. Plus de 1 million d’emplois ont été perdus, effaçant en un mois le nombre créé en trois ans. La statistique illustre les ravages que la pandémie de coronavirus a infligés à l’économie. Proportionnellement, le Canada a perdu davantage d’emplois que les États-Unis. La chute exceptionnelle était prévisible dès que les autorités canadiennes ont annoncé que sur un mois, 5 millions de travailleurs, soit environ 20 % de la population active, avaient demandé une prestation d’urgence de soutien du revenu. Il faut y voir une conséquence de la mise en œuvre relativement rapide de vastes mesures de distanciation sociale au Canada.

La hausse marquée du chômage a initialement pris de court les responsables des politiques. Ils ont régi en prévoyant des subventions salariales destinées à éviter des mises à pied massives. Environ 70 % des fonds consacrés directement à la relance visent maintenant à préserver la paie des travailleurs.

Le solde net de nouveaux emplois a plongé de 1,01 million par rapport à février, ce qui est la plus forte baisse depuis 1976, selon ce qu’en disait Statistique Canada jeudi à Ottawa. Le taux de chômage a bondi, passant de 5,6 % en février à 7,8 % en mars.

Le nombre réel d’heures travaillé a baissé de 14 % par rapport à un an plus tôt et de 15 % par rapport au mois précédent. Voilà encore deux nouveaux records.

Les données de l’Enquête sur la population active (EPA) de mars révèlent la situation du marché du travail la semaine du 15 au 21 mars. À ce moment, une séquence d’interventions gouvernementales inusitées provoquées par la COVID-19 – y compris la fermeture des entreprises non essentielles, l’imposition de restrictions aux voyages et les mesures de santé publique exigeant que les Canadiens limitent les interactions en public – avaient été mises en place. Elles ont entraîné un ralentissement radical de l’activité économique et un choc soudain pour le marché du travail canadien. Les données d’aujourd’hui ne sont peut-être qu’un avant-goût. Des jours encore plus sombres sont à prévoir alors que l’économie semble partie pour son plus grand affaissement depuis la Grande Dépression.

Les chiffres sont désastreux, et pourtant Statistique Canada affirme qu’ils ne mesurent pas pleinement l’ampleur et l’étendue des répercussions de la COVID-19 sur les travailleurs et les entreprises du pays. Il faudra encore prendre en compte le nombre de Canadiens qui ont conservé leur emploi mais en travaillant moins d’heures, et le nombre de personnes qui n’ont pas cherché de travail vu les fermetures d’entreprises. Parmi ceux qui avaient un emploi en mars, le nombre qui n’a travaillé aucune heure dans la semaine de référence (15 au 21 mars) a augmenté de 1,3 million, et le nombre qui a travaillé moins de la moitié des heures habituelles a augmenté de 800 000. Ces augmentations dans les absences du travail peuvent être attribuées à la COVID-19. Elles font que le nombre total de Canadiens touchés par une perte d’emploi ou une réduction des heures a atteint 3,1 millions.

Région par région, l’emploi a chuté dans toutes les provinces. L’Ontario (‑403 000 ou ‑5,3 %), le Québec (‑264 000 ou ‑6,0 %), la Colombie-Britannique (‑132 000 ou ‑5,2 %) et l’Alberta (‑117 000 ou ‑5,0 %) ont été le plus touchés.

Le taux de chômage a augmenté dans toutes les provinces sauf à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard. Les plus fortes augmentations ont été constatées au Québec (+3,6 points de pourcentage, à 8,1 %), en Colombie-Britannique (+2,2 points de pourcentage, à 7,2 %) et en Ontario (+2,1 points de pourcentage, à 7,6 %). Le tableau ci-dessous indique le taux de chômage dans chaque province.

En mars, le nombre de personnes exclues de la population active – c’est-à-dire ni employées ni au chômage – a augmenté de 644 000. Parmi elles, 219 000 avaient travaillé récemment et voulaient un emploi mais n’en ont pas cherché. Ce nombre a augmenté de 193 000 (+743 %). Comme ces personnes ne cherchaient pas un emploi et n’étaient pas en mise à pied temporaire, elles ne sont pas comptées comme étant au chômage. Ce groupe est habituellement très petit et stable, donc il est raisonnable d’attribuer entièrement l’augmentation du mois à la COVID-19.

La baisse de l’emploi en mars a été plus prononcée dans le secteur privé (‑830 200 ou ‑6,7 %) que dans le secteur public (‑144 600 ou ‑3,7 %).

Le nombre de travailleurs autonomes a relativement peu baissé en mars (‑1,2 % ou ‑35 900), ressortant pratiquement au même niveau que 12 mois plus tôt. Le nombre de travailleurs autonomes pour leur propre compte sans employés s’est accru de 1,2 % en mars (données non désaisonnalisées). La majeure partie de cette augmentation est attribuable à la hausse observée dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale (+16,7 %), qui a contrebalancé les baisses enregistrées dans plusieurs autres secteurs. Au début d’un choc soudain sur le marché du travail, les travailleurs autonomes sont plus susceptibles de continuer à déclarer un attachement à leur entreprise, alors même que la conjoncture se détériore.

Le secteur des services a le plus souffert, représentant la presque totalité du déclin de 1 million d’emplois. Les plus fortes baisses ont été enregistrées dans des industries traitant avec le public ou offrant peu de possibilités de télétravail, telles que : hébergement et de restauration (‑23,9 %); information, culture et loisirs (‑13,3 %); services d’éducation (‑9,1 %); commerce de gros et de détail (‑7,2 %).

Des baisses plus modestes ont touché la plupart des autres secteurs, y compris dans les services essentiels comme les soins de santé et l’assistance sociale (‑4,0 %). L’emploi a peu changé dans la fonction publique, la construction et les services professionnels, scientifiques et techniques. Fait étonnant, l’emploi dans le domaine des ressources naturelles a augmenté malgré l’effondrement des prix pétroliers en mars.

Les femmes ont été plus susceptibles que les hommes de perdre leur emploi. Parmi le principal groupe d’âge actif, l’emploi des femmes a baissé plus de deux fois autant que l’emploi des hommes, peut-être du fait de la domination des hommes dans les métiers de la construction, considérés en mars comme du travail essentiel. Le secteur privé a subi une majorité des pertes d’emploi : 830 200.

En somme : Le graphique ci-dessous indique l’ampleur sans précédent de la chute de l’emploi le mois dernier en comparaison d’autres périodes de récession. Il est entendu que la situation actuelle n’est pas une récession typique. Elle résulte d’un arrêt de travail imposé par les gouvernements pour protéger la population de la COVID-19 et aplatir la courbe des nouveaux cas afin que le réseau de soins de santé puisse mieux réagir à l’arrivée massive de malades en phase critique. Il est encore tôt pour tirer des conclusions, mais les données indiquent que les mesures précoces et vigoureuses prises à l’échelle du Canada face à la pandémie étaient ce qu’il fallait faire. Il suffit de considérer les États-Unis, où l’arrêt des activités s’est fait à la pièce, timidement et tardivement. Le nombre de cas de COVID-19 est 22 fois plus élevé aux États-Unis qu’au Canada, alors que la population n’est que 10 fois plus importante.

Assurément, la croissance économique sera lamentable au deuxième trimestre. Les économistes de la Banque Royale viennent de publier des prévisions selon lesquelles la croissance accuserait une chute inédite de ‑32 % au deuxième trimestre, avec un taux de chômage de 14,6 %. Ils s’attendent à un rebondissement de +20 % au troisième trimestre, mais ne prévoient pas le retour du PIB canadien aux niveaux d’avant la pandémie avant 2022. Ces prévisions se fondent sur l’hypothèse que l’économie sera à l’arrêt environ 12 semaines, et que l’activité ne reviendra ensuite que graduellement à la normale.

Selon le rapport de la Banque Royale, les reventes de maisons baisseront sans doute de 20 % cette année. Les pertes d’emploi, la réduction des heures travaillées et la baisse du revenu, en même temps que les déclins du marché boursier, réduiront le nombre d’acheteurs. Les gouvernements et les banques ont adopté des politiques pour aider les propriétaires dans cette période difficile, ce qui devrait limiter les cas de ventes forcées et l’afflux de propriétés sur le marché. Pour autant, il n’est pas dit que les prix ne subiront pas des pressions baissières. Comme dans de nombreux autres secteurs, le redressement sera graduel pour le secteur du logement. Les taux d’intérêt réduits auront un effet stabilisateur, mais il faudra une relance du marché du travail et une reprise de l’immigration avant que les ventes n’accélèrent véritablement de nouveau. Les économistes de la Banque Royale pensent que la reprise se fera surtout en 2021.

Les responsables des politiques ont agi décisivement pour soutenir les revenus et les salaires. La Banque du Canada ne réduira sans doute pas les taux d’intérêt sous le niveau actuel de 0,25 % pour le taux à un jour. Cependant, elle continuera d’acheter de grandes quantités d’obligations gouvernementales, de titres hypothécaires (comme le fera aussi la SCHL), d’acceptations bancaires et de papier commercial. Elle réduira ainsi le coût des fonds pour les banques et améliorera la liquidité de tous les marchés. Le rapport de la Banque Royale note qu’au total, le train de mesures gouvernementales de soutien s’élève à 11,5 % du PIB, ce qui en fait un des plus importants parmi les pays développés.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
1 Avr

Pourquoi les taux hypothécaires sont-ils en hausse?

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Publié par: Robert Perrier

Les taux hypothécaires augmentent malgré les fortes réductions de taux de la Banque du Canada. Pourquoi?
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Pourquoi les taux hypothécaires sont-ils en hausse?

Depuis un mois, la Banque du Canada a retranché non moins de 1,5 point de pourcentage de son taux à un jour, qui est maintenant d’à peine 0,25 %. Nombreux sont ceux qui s’attendaient à une baisse équivalente des taux hypothécaires. Les banques ont certes réduit les taux préférentiels dans la même mesure, soit de 150 points de base (pb). Pourtant, depuis la deuxième réduction de taux de la Banque du Canada, le 13 mars, les banques et d’autres prêteurs ont au contraire augmenté les taux hypothécaires, aussi bien fixes que variables. Ce n’est pas ce qui arrive habituellement quand la Banque réduit son taux à un jour. Cependant, la présente période est décidément hors de l’ordinaire.

La pandémie de la COVID-19 a tout bouleversé, paralysant l’économie mondiale et minant la confiance des entreprises et des consommateurs. Personne ne sait quand ce sera fini. Une telle incertitude, avec un tel risque pour notre santé, est profondément troublante.

La plupart des entreprises ont suspendu leurs activités, donc le chômage a explosé. Les travailleurs salariés et bien des travailleurs autonomes se sont retrouvés sans revenu pour une période indéterminée. Hormis les travailleurs essentiels, tous restent à la maison, comme les écoliers et les enfants d’âge préscolaire. Rien de tel ne s’est produit depuis un siècle. Pour la société et pour chaque personne, les répercussions sont énormes. Tous les gouvernements mettent en place des programmes de soutien du revenu pour les particuliers et pour les entreprises, mais ils n’ont pas encore envoyé des chèques.

Par conséquent, l’économie n’a pas seulement ralenti. Elle s’est arrêtée net, et elle se contracte à vue d’œil. Il n’y a plus de voyages. Le commerce international et les transports sont à l’arrêt. Le secteur manufacturier et le commerce sont à l’arrêt. Et c’est pareil dans le monde entier.

Par-dessus le marché, les Saoudiens et les Russes ont profité de la situation pour augmenter leur production pétrolière et faire chuter les prix, dans une tentative à peine voilée d’évincer les producteurs marginaux aux États-Unis et au Canada. Voilà qui a exacerbé les répercussions négatives pour notre économie et radicalement augmenté le fléchissement de notre marché boursier.

De nombreux Canadiens doivent maintenant vivre de leurs économies ou s’endetter en attendant l’assurance-chômage ou autre forme d’aide gouvernementale. Et quand l’aide arrivera, elle ne couvrira pas 100 % des revenus perdus. La majorité de la population a très peu d’économies, donc devra utiliser des marges de crédit hypothécaire ou autres lignes de crédit, ou bien les cartes de crédit. Les entreprises ont le même problème.

La bonne nouvelle est que les particuliers et les entreprises ayant des prêts liés au taux préférentiel profitent d’une réduction considérable de leurs versements mensuels. Toutes les grandes banques ont réduit leurs taux préférentiels de 3,95 % à 2,45 %. Ceux qui ont des prêts à taux variable, que ce soit un prêt hypothécaire, une marge de crédit hypothécaire ou une ligne de crédit d’entreprise, ont vu le coût de leurs emprunts baisser de 1,5 point de pourcentage. Ils ont ainsi d’autant moins à utiliser cette source de fonds pour remplacer des revenus perdus.

Mais pourquoi les taux des nouveaux prêts hypothécaires sont-ils en hausse?

Les perturbations de la COVID-19 ont sensiblement réduit les bénéfices des banques et autres prêteurs, et radicalement augmenté leurs risques. Voilà pourquoi les actions des banques et d’autres prêteurs cotés en bourse ont chuté, ce qui a fait augmenter leur taux de rendement en dividendes bien au-delà du rendement des obligations gouvernementales. Par exemple, l’action de la Banque Royale a chuté de 22 $ jusqu’à présent cette année, ce qui a porté son dividende annuel à 5,31 %. Pour la CIBC, l’action a baissé de 30 % et le rendement en dividende a grimpé à 7,66 %. En comparaison, le rendement des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans est d’à peine 0,64 %. La différence est le reflet de la perception qu’ont les investisseurs du risque pour les banques canadiennes.

Ainsi, le coût des fonds pour les banques et autres prêteurs a augmenté fortement malgré la réduction du taux à un jour de la Banque du Canada. Les dépôts à court terme – surtout les comptes d’épargne et les comptes-chèques – sont la source de fonds la moins coûteuse. Cependant, les consommateurs sans emploi et les entreprises à l’arrêt puisent dans ces dépôts pour payer le loyer ou acheter à manger.

Les dépôts à plus long terme – les certificats de placement garanti (CPG) – sont des sources de fonds plus coûteuses. En revanche, comme les consommateurs doivent payer d’importantes pénalités s’ils les encaissent à l’avance, ils sont aussi une source plus fiable dans une période comme nous vivons. Selon le spécialiste des finances des consommateurs du quotidien Globe and Mail Rob Carrick : « Les taux de CPG devraient être dans la cave pour le moment, parce que c’est ce qui arrive généralement aux taux en période de tensions économiques. Mais les taux des CPG devraient suivre une évolution semblable à celle des taux hypothécaires, qui ont augmenté récemment parce que les prêteurs y intègrent une prime pour le risque de crédit qui est lui-même en hausse. »

Pour obtenir des fonds, certaines des plus petites banques ont augmenté leurs taux pour les comptes d’épargne et les CPG. Par exemple, la Banque Équitable donne 2,45 % sur son compte d’épargne à intérêt élevé et 2,55 % sur son CPG à 5 ans. D’autres petites banques rehaussent aussi leurs taux sur les CPG, augmentant le coût de leurs fonds. Rob McLister a noté que « Des banques comme Home Capital, la Banque Équitable et la Banque canadienne de l’Ouest ont augmenté leurs taux sur des CPG à un an de plus de 65 points de base ces dernières semaines, selon les données de l’analyste du marché du logement Ben Rabidoux. »

Les banques doivent augmenter les fonds réservés pour des pertes sur les prêts, ce qui accentue le déclin de leurs bénéfices. Une part anormalement élevée des pertes sur prêts des banques canadiennes vient du secteur pétrolier. Le risque de crédit est toutefois en forte hausse pour presque toutes les entreprises, petites ou grandes. On peut penser aux compagnies aériennes, aux compagnies maritimes, aux fabricants, aux concessionnaires d’automobiles, aux grands magasins et ainsi de suite.

Les prêteurs ont été inondés de milliers de demandes de report des versements hypothécaires.

Ainsi, face à des coûts en hausse et des revenus en baisse, les banques se serrent la ceinture. Elles ont sabré dans les taux préférentiels tout en supprimant les réductions du taux préférentiel accordées pour les nouveaux prêts hypothécaires à taux variable. Certains prêteurs vont sûrement commencer à demander le taux préférentiel majoré d’une prime pour ces prêts. Les banques ont aussi augmenté les taux des prêts hypothécaires à taux fixe, alors que toutes les pressions réduisant les bénéfices des banques amènent les investisseurs à insister que les banques paient davantage pour les fonds dont elles ont besoin pour assurer leur liquidité.

Autre source de préoccupation, les marchés financiers sont devenus de moins en moins liquides. Les vendeurs ne trouvent pas des acheteurs prêts à payer des prix raisonnables. Les écarts entre les cours acheteur et vendeur s’amplifient. Cela étant, la banque centrale et la SCHL achètent d’énormes quantités d’obligations hypothécaires. Pour la même raison, la Banque du Canada a aussi commencé à effectuer de vastes achats hebdomadaires de titres du gouvernement et de papier commercial. Ces entités gouvernementales sont devenues des acheteurs de dernier recours, apportant de la liquidité aux marchés hypothécaire et obligataire.

Ces marchés sont vitaux pour la stabilité financière du Canada. Les vastes achats de titres constituent ce qu’on appelle « assouplissement quantitatif », une stratégie à laquelle la Banque du Canada n’avait jamais recouru auparavant. Elle a été utilisée à grande échelle par la Réserve fédérale américaine et d’autres banques centrales lors de la crise financière de 2008-2010. Une banque centrale choisit l’assouplissement quantitatif pour préserver le fonctionnement des marchés financiers quand la confiance des entreprises et des consommateurs est si faible qu’elle n’a pas d’autre moyen de stimuler les investissements et les dépenses. Aujourd’hui, les entreprises et les particuliers sont en confinement, et personne ne sait jusqu’à quand. Face à une telle incertitude, la confiance en l’avenir est réduite. La tendance naturelle est à annuler les grandes dépenses et à attendre des jours meilleurs.

Nous vivons une période inédite. Quand l’urgence sanitaire sera passée, nous célébrerons le retour à une nouvelle normalité. Entre-temps, des choses apparemment étranges continueront de se produire sur les marchés financiers.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca