19 Mai

Baisses records des inscriptions et des ventes résidentielles au Canada en avril

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Publié par: Robert Perrier

Les ventes et les inscriptions de maison ont chuté en avril, le premier mois complet de confinement, mais les prix baissent relativement peu.
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Baisses records des inscriptions et des ventes résidentielles au Canada en avril

Le confinement dû à la pandémie a plongé tous les secteurs de l’économie dans un coma artificiel. Le secteur du logement ne fait pas exception. Selon les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont connu une chute record en avril, premier mois complet de confinement pour cause de COVID-19. Elles ont baissé de 56,8 % par rapport aux données de mars, qui étaient déjà affaiblies. Les transactions ont diminué partout au pays.

Sur les grands marchés canadiens, les ventes ont reculé de 66,2 % dans le Grand Toronto, de 64,4 % à Montréal, de 57,9 % dans le Grand Vancouver, de 54,8 % dans la vallée du Fraser, de 53,1 % à Calgary, de 46,6 % à Edmonton, de 42 % à Winnipeg, de 59,8 % à Hamilton-Burlington et de 51,5 % à Ottawa.

L’industrie de l’immobilier résidentiel ne reste pas inactive pour autant. L’innovation technologique crée de nouvelles façons d’acheter et de vendre des maisons. D’après Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI : « On décèle des signes de reprise dans les premiers chiffres de mai, tant au niveau des ventes que des inscriptions, ce qui porte à croire que les technologies virtuelles nouvelles et existantes ont été adoptées par nos membres et leurs clients. Ces outils ont permis de poursuivre plusieurs activités essentielles de façon sécuritaire. Elles demeureront vraisemblablement indispensables pendant un certain temps. »

J’ai entendu des agents discuter d’un logiciel qui présente les propriétés aux acheteurs potentiels en leur permettant de voir les possibilités avec ou sans rénovations, et de choisir des options en matière de décor et d’aménagement. Avec le logiciel, il n’est plus nécessaire de procéder à une coûteuse mise en valeur matérielle, et il est possible d’être beaucoup plus créatif. C’est dire que quand il y a une difficulté, il y a une occasion d’imaginer une solution qui représente un progrès. Ceux qui créent et qui adoptent des innovations virtuelles apportant une telle solution pourraient gagner gros.

La pression sur les prix est restée modérée du fait que le nombre de nouvelles inscriptions était en baisse de 55,7 % en avril par rapport à mars. L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a diminué d’à peine 0,6 % le mois dernier. C’était la première baisse depuis mai dernier. Une certaine pression à la baisse des prix n’est pas étonnante. Le recul relativement modeste indique que l’activité est en suspens aussi bien chez les acheteurs que chez les vendeurs.

Baisse à prévoir du taux hypothécaire de référence

Le taux utilisé pour déterminer l’admissibilité d’un emprunteur hypothécaire, fondé sur le taux affiché par les grandes banques, est à plus de 5 % depuis que le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a instauré le test de résistance le 1er janvier 2018. Malgré la baisse radicale du rendement des obligations du gouvernement du Canada, qui tourne actuellement près d’à peine 0,388 %, et la chute des taux hypothécaires contractuels, les banques ont maintenu leurs taux affichés à un niveau élevé. Le taux du test de résistance hypothécaire a débuté en 2018 à 5,34 %, a fini par baisser à 5,19 %, puis plus récemment à 5,04 %, restant bien au-dessus des taux du marché.

Dans la dernière semaine, les banques RBC et BMO ont encore réduit leurs taux affiché sur cinq ans, à 4,94 %. Si aucune autre banque n’emboîte le pas, le taux de la Banque du Canada pour le test du BSIF baissera à 4,99 %. Si une autre banque passe à 4,94 %, le taux du test baissera à 4,94 %. Ce sera toujours autant de gagné.

Points saillants de la Revue du système financier (RSF) de la Banque du Canada

Dès qu’est apparue la menace de pandémie de COVID-19, le rapport de la Banque du Canada signalait que « l’incertitude concernant la gravité éventuelle de la situation a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers, ce qui a causé une ruée généralisée vers la liquidité et rendu difficile la vente d’actifs. Les mesures prises par les autorités publiques contribuent à :

  • restaurer le fonctionnement des marchés;
  • s’assurer que les institutions financières disposent de suffisamment de liquidités;
  • donner aux entreprises et aux ménages canadiens accès au crédit dont ils ont besoin. »

Les mesures prises par la Banque du Canada ont permis de soutenir l’économie. De concert avec les initiatives de dépenses gouvernementales et le programme de report des versements hypothécaires, elles ont amorti le choc pour les ménages et les entreprises. De déclarer le gouverneur Stephen Poloz : « Notre objectif à court terme est d’aider les ménages et les entreprises du pays à traverser cette période. Notre objectif à long terme est de jeter des bases solides pour une reprise de l’emploi et de la croissance. »

Alors que les perspectives économiques restent extrêmement incertaines, la Banque du Canada a préféré pécher par excès de prudence en prévoyant des arriérés hypothécaires et des prêts improductifs aux entreprises en fonction du scénario économique le plus sombre présenté dans le numéro d’avril de son Rapport sur la politique monétaire. Selon le point de vue pessimiste, malgré les mesures exceptionnelles prises par les instances publiques, les arriérés sur les prêts hypothécaires et sur les prêts aux entreprises éclipseront les sommets précédents. Selon un point de vue plus optimiste, le soutien public a évité un résultat encore bien pire, et un système financier résilient parviendra à absorber les pertes en préservant les bases d’une relance de l’économie. Comme le gouverneur Poloz l’a soutenu, un scénario économique plus favorable reste possible, étant entendu que de nombreuses provinces commencent à déconfiner graduellement leur économie.

Les projections figurant dans la RSF d’aujourd’hui sont fondées sur un scénario où le PIB canadien est 30 % plus faible au deuxième trimestre, puis se rétablit lentement par la suite. Dans ce scénario, les arriérés hypothécaires augmenteraient jusqu’à 0,8 % d’ici la mi-2021 contre 0,25 % à la fin de 2019. Ce serait presque le double du sommet des arriérés constaté en 2009. Entre-temps, les prêts improductifs aux entreprises atteindraient 6,4 % à la fin de l’année contre 1 % à la fin de l’année passée. Ce serait sensiblement plus que les sommets antérieurs, inférieurs à 5 %, de 2003 et 2010.

Ce qu’il faut retenir est que même si nous risquons de voir une forte augmentation des arriérés hypothécaires et des prêts problématiques dans les deux prochaines années selon le scénario économique pessimiste, les résultats auraient été bien plus graves sans les programmes d’exception mis en place pour soutenir les entreprises et les ménages. Les implications sont importantes pour le secteur bancaire. Selon l’analyse de la Banque du Canada, avec ces mesures gouvernementales, les réserves de fonds propres des grandes banques devraient suffire à absorber les pertes. Sans ces interventions, « les banques se porteraient beaucoup moins bien, ce qui entraînerait des effets négatifs notables sur l’offre de crédit aux ménages et aux entreprises ».

Ménages

  • 1 ménage sur 5 n’a pas assez de comptant ou d’actifs liquides pour couvrir deux mois de versements hypothécaires.
  • Les programmes de soutien gouvernemental (PCU et subvention salariale d’urgence) couvriront une bonne part des dépenses de base des ménages (alimentation, logement et télécommunications).
  • Le report de versements de prêts (les banques ont autorisé plus de 700 000 ménages à reporter leurs versements hypothécaires) et de nouveaux emprunts peuvent aider à compenser des baisses de revenu.
  • Il reste que certains ménages accuseront sans doute des retards dans leurs remboursements de dettes (d’abord les cartes de crédit et les prêts automobiles, puis les prêts hypothécaires). C’est ce qui se voit déjà en Alberta et en Saskatchewan.

Entreprises

  • Il y a eu certains signes d’une réduction des difficultés financières en avril. Le recours au programme des acceptations bancaires de la Banque du Canada est en baisse, l’utilisation des marges de crédit a ralenti et certains emprunteurs effectuent des remboursements, et l’émission d’obligations de sociétés a augmenté sensiblement en avril, après avoir marqué un arrêt en mars.
  • Des sondages indiquent un taux de rejet plus élevé que la normale pour les demandes de fonds supplémentaires des petites et moyennes entreprises auprès des institutions financières.
  • Pour la période à venir, les besoins de refinancement des entreprises correspondent aux niveaux récents. Cependant, de nombreux emprunteurs devront composer avec une augmentation du coût des fonds en raison d’une majoration des primes de risque.
  • Presque trois quarts des obligations de qualité de sociétés ont maintenant une cote de BBB (la plus faible). Si elles étaient déclassées, la valeur des obligations à rendement élevé doublerait, ce qui augmenterait sensiblement les coûts de financement de ces emprunteurs.
  • Les entreprises des secteurs les plus touchés par la COVID-19 ont souvent peu de réserves de liquidités. Avec une chute des revenus, il leur sera difficile de payer les coûts fixes, y compris les remboursements de dettes. Ce qui était au départ un problème de trésorerie pourrait devenir un problème de solvabilité pour certaines entreprises.
  • Les entreprises du secteur de l’énergie font face à des difficultés particulières : elles ont dû puiser davantage dans des marges de crédit, elles ont les plus grands besoins de refinancement au cours des six prochains mois et elles risquent le plus d’être déclassées.

Banques

  • Les opérations de pension à terme de la Banque du Canada ont apporté une ample liquidité au système bancaire et réduit les coûts de financement. En conséquence, les taux hypothécaires affichés et contractuels de certaines banques ont été réduits.
  • Le succès des opérations de pension a terme a faibli ces dernières semaines, une indication que le fonctionnement des marchés s’est amélioré.
  • Les organismes de réglementation ont allégé les exigences en matière de fonds propres et de liquidités.

Administrations publiques

  • Les achats d’actifs par la Banque du Canada ont aidé à améliorer la liquidité sur l’important marché des titres du gouvernement du Canada (la référence pour de nombreux autres marchés obligataires).
  • La RSF ne s’est pas attardé sur la viabilité de la dette publique. En conférence de presse toutefois, le gouverneur Poloz a noté que le niveau d’endettement public global est semblable à ce qu’il était il y a 20 ans, et la dette fédérale est sensiblement inférieure. Le gouvernement fédéral dispose donc d’une bonne marge de manœuvre.

En somme
Évidemment, le confinement dû à la COVID-19 a mis à rude épreuve les ressources financières de nombreux ménages et entreprises. Tel était le prix à payer pour atténuer la grave menace pour la santé et endiguer sa propagation. Le rapport de la Banque du Canada reconnaît les répercussions économiques des mesures qu’il a fallu prendre, et elle promet d’en prendre encore pour s’assurer que l’économie revienne à son plein potentiel de croissance aussitôt que possible. Il s’agit d’amortir le choc pour les plus démunis.

Il n’empêche que des entreprises fermeront définitivement leurs portes, alors que d’autres absorberont des concurrents en difficulté. Certains profiteront des nouvelles possibilités créées par la distanciation sociale, les mesures sanitaires, le télétravail, de nouvelles formes de divertissement et des progrès dans les soins de santé. D’autres succomberont sans doute, bien que ce sera souvent des entreprises qui étaient déjà à l’agonie avant la pandémie. La destruction créatrice est toujours douloureuse pour les perdants, mais elle ouvre la voie à de nombreux nouveaux gagnants, des entreprises et des particuliers qui sont suffisamment créatifs pour s’adapter rapidement à un nouvel environnement.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
11 Mai

La pandémie saccage le marché de l’emploi au Canada

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Publié par: Robert Perrier

La pandémie saccage le marché de l’emploi au Canada

Une récession à nulle autre pareille

L’économie canadienne a été plongée dans un coma artificiel. Rien de tel n’était jamais survenu dans l’histoire moderne à l’échelle mondiale. Il ne faut donc pas se surprendre : les données économiques d’avril seront terribles. Il y a toutefois lieu de croire que l’activité économique touchera le fond en avril, vu que des régions commencent à alléger les restrictions.

L’économie reprendra, mais le choc psychologique est peut-être ce qui reste le plus inquiétant. Aussi grave que soit la situation, elle recèle de véritables possibilités en même temps que des difficultés. Il y aura des gagnants dans l’économie, pas seulement des perdants. Nous y reviendrons.

L’emploi s’est effondré au Canada en avril. Il y a eu 2 millions d’emplois perdus, ce qui a porté le taux de chômage à 13,0 %, à peine moins que le précédent record d’après-guerre de 13,2 %, en 1982 (voir le graphique ci-dessous). La chute record de l’emploi survient après la perte de 1 million d’emplois en mars, de sorte que le total pour les deux mois s’élève à 15,7 % de la population active d’avant le virus.

Les économistes prévoyaient deux fois plus de pertes d’emplois en avril – soit 4 millions –, sachant que plus de 7 millions de Canadiens ont demandé la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Les chiffres révélés aujourd’hui tiennent compte de la situation du marché du travail la semaine du 12 au 18 avril. Les demandes de la PCU sont plus récentes, donc nous pourrions bien voir des pertes additionnelles dans le rapport de mai.

Le taux de chômage de 13 % sous-estime le nombre réel de personnes sans emploi. En avril, le taux de chômage aurait été de 17,8 % si le taux de participation au marché du travail n’avait pas baissé. En comparaison de la situation un an plus tôt, il y avait 1,5 million de travailleurs de plus mis à pied de façon permanente mais ne cherchant pas un emploi, donc non comptés comme chômeurs.

Par ailleurs, le nombre de personnes ayant un emploi mais ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles pour cause de COVID-19 a augmenté de 2,5 millions de février à avril. La semaine du 12 avril, l’effet cumulatif de la paralysie économique due à la COVID-19, en termes de nombre de Canadiens soit sans emploi ou travaillant sensiblement moins d’heures, s’élevait à 5,5 millions. Voilà qui est plus du quart du niveau des emplois de février.

En avril, l’emploi a baissé aussi bien dans le temps plein (-1 472 000; -9,7 %) que dans le temps partiel (-522 000; -17,1 %). Les pertes cumulatives depuis février s’élèvent à 1 946 000 (-12,5 %) pour les emplois à temps plein, et à 1 059 000 (-29,6 %) pour les emplois à temps partiel.

La baisse de l’emploi est sans précédent

L’ampleur de la baisse de l’emploi depuis février (-15,7 %) dépasse de loin les baisses constatées lors de ralentissements précédents du marché du travail. Par exemple, dans la profonde récession de 1981-1982, l’emploi a baissé en tout de 612 000 unités (-5,4 %), et ce, sur environ 17 mois.

Une plus grande part de la chute de l’emploi d’aujourd’hui découle de mises à pied temporaires. En avril, presque tous les nouveaux chômeurs (97 %) étaient en mise à pied temporaire. Dans les récessions précédentes, la plupart des mises à pied étaient permanentes.

En avril, plus du tiers (36,7 %) de la population active potentielle ne travaillait pas, ou travaillait moins de la moitié des heures habituelles. Tel est l’impact persistant de la paralysie économique due à la COVID-19. Il faut noter que les emplois perdus étaient encore davantage des emplois à faible rémunération. Pour ceux qui conservent un emploi, la rémunération moyenne a par conséquent fait un bon de 11 % par rapport à un an plus tôt.

Toutes les provinces ont été durement touchées

L’emploi a baissé dans toutes les provinces pour un deuxième mois de suite. Par rapport à février, la baisse est supérieure à 10 % partout, et le plus élevée au Québec (-18,7 % ou -821 000). Le Québec a aussi le plus grand nombre de cas de COVID-19 et de morts au Canada.

Le taux de chômage a augmenté sensiblement dans toutes les provinces en avril. Au Québec, il a atteint 17,0 %, le plus haut niveau depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 1976 et le plus haut niveau de toutes les provinces (voir le tableau ci-dessous). Le nombre de personnes sans emploi a augmenté plus vite au Québec (+101,0 % ou +367 000) que dans toute autre région.

L’emploi a chuté de février à avril dans chacune des trois plus grandes régions métropolitaines de recensement (RMR). En proportion de l’emploi de février, Montréal a enregistré la plus forte diminution (-18,0 %; -404 000); viennent ensuite Vancouver (-17,4 %; -256 000) et Toronto (-15,2 %; -539 000).

À Montréal, le taux de chômage s’établissait à 18,2 % en avril, 13,4 points de pourcentage de plus qu’en février; il avait plafonné à 10,2 % dans la récession de 2008-2009. À Toronto, le taux de chômage était de 11,1 % en avril (5,6 points de pourcentage de plus qu’en février); à Vancouver, il était de 10,8 % (6,2 points de pourcentage de plus).

Les pertes d’emplois par secteur

En mars, presque toutes les pertes d’emplois se situaient dans le secteur de services. En avril par contre, elles étaient proportionnellement plus grandes dans le secteur des biens (-15,8 %; -621 000) que dans le secteur des services (-9,6 %; -1,4 million). Dans le secteur de production de biens, les plus grands perdants étaient le secteur de la construction (-314 000; -21,1 %) et le secteur manufacturier (-267 000; -15,7 %).

Dans le secteur des services, les pertes d’emplois se sont poursuivies dans diverses industries, à commencer par le commerce de gros et de détail (-375 000; -14,0 %) et les services d’hébergement et de restauration (-321 000; -34,3 %).

Certains secteurs continuent d’être moins touchés par l’arrêt des activités dû à la COVID-19 : les services publics; les administrations publiques; et le secteur finance, assurances et immobilier.

Dans les secteurs tant des services que des biens, les baisses de l’emploi constatées en deux mois depuis février sont proportionnellement plus grandes que celles enregistrées dans chacun des trois grands ralentissements du marché du travail depuis 1980.

À la relance graduelle de l’activité économique à la suite de l’interruption due à la COVID-19, la question cruciale sera de voir combien de temps il faudra pour le rétablissement.

Après les ralentissements précédents, l’emploi dans les services s’est redressé assez rapidement, revenant aux niveaux d’avant le ralentissement en quatre mois en moyenne. Par contre dans le secteur des biens, à la suite des récessions de 1981-1982 et de 1990-1992, il a fallu en moyenne plus de six ans pour que l’emploi revienne aux niveaux d’avant la récession. Et après la crise financière mondiale de 2008-2009, il a fallu 10 ans.

Des signes encourageantsLa situation est assurément désastreuse, mais il y a des signes que l’économie est près de toucher le fond. Le nombre de fermetures d’entreprises diminue dans la plupart des provinces, et les premiers signes d’une amélioration apparaissent, même s’il faudra encore quelque temps avant une réouverture complète. La confiance des entreprises semble s’être quelque peu améliorée vers la fin d’avril, selon des données de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Également à la fin d’avril, les économistes de la Banque Royale indiquent que les dépenses par carte de crédit semblent moins faibles. Dans le logement, les mises en chantier étaient à un meilleur niveau que prévu en avril. Plus encore, la propagation du coronavirus s’est atténuée, et diverses régions commencent à alléger les règles imposées pour aplatir la courbe.

En ce qui concerne le marché du logement, avant la pandémie, nous paraissions devoir connaître un printemps avec une activité record de ventes dans une bonne part du pays. Sauf dans les régions pétrolières – Alberta et Saskatchewan –, tout indiquait que le marché du logement serait florissant. Les bases sont ainsi solides pour le logement en vue du rétablissement de l’économie. Il reste à voir le temps qu’il faudra pour ce rétablissement, ce qui dépendra de l’évolution du virus et de l’apparition ou non d’une deuxième vague à la fin de l’automne.

Les taux d’intérêt ont chuté. Grâce à la baisse de 150 points de base du taux préférentiel, les taux hypothécaires variables ont été réduits pour la première fois depuis la fin de 2018. Une fois que la Banque a réussi à assurer une liquidité suffisante pour les marchés financiers, même les taux hypothécaires fixes ont baissé.

Le taux hypothécaire affiché semble être bloqué à 5,04 %, bien au-dessus des taux contractuels. Avec un peu de chance toutefois, ce taux, qui est utilisé dans les tests de résistance hypothécaire, descendra dans les mois à venir. La Banque du Canada reste extrêmement accommodante. À mon avis, les taux d’intérêt n’augmenteront pas avant 2022.

Il y aura des gagnants

Déjà maintenant, il y a des entreprises qui bénéficient d’une hausse de revenus et de bénéfices. Pour discerner un côté positif de cette période de bouleversements, j’ai dressé une liste d’entreprises qui ont connu un bel essor. Au sommet figure Shopify, une entreprise canadienne qui aide les entreprises à fournir des services de magasinage en ligne. Elle est maintenant l’entreprise ayant la plus forte valeur en bourse au Canada, surpassant la Banque Royale.

De nombreux réfractaires aux achats en ligne s’y sont convertis pendant le confinement. Amazon en profite aussi, mais il lui faudrait davantage de concurrence, et de nombreux Canadiens seraient heureux que des rivaux nationaux émergent.

Loblaws, avec ses épiceries et ses pharmacies, est florissante. C’est le cas également de fabricants de produits de nettoyage comme Clorox et de produits de papier comme Kimberly Clark. Le confinement a stimulé les ventes de Wayfair, qui vend en ligne des meubles et des produits pour la maison. À l’heure où les gymnases et clubs santé sont fermés, les adeptes de la mise en forme cherchent des solutions de rechange, et des entreprises comme Peloton et autres fournisseurs de matériel d’exercice ont vu leurs revenus grimper.

La demande de services d’infonuagique a gonflé le chiffre d’affaires de Microsoft et de Dropbox. Le divertissement à domicile a la cote, ce dont profitent Netflix et YouTube. Zoom et Cisco (Webex) se portent très bien. Qualcomm tirera parti d’un passage accéléré au 5G. Accenture et Booz Allen, entre autres consultants auprès des entreprises et des gouvernements, redoublent d’efforts pour aider les uns et les autres à réinventer leurs opérations dans l’après-pandémie.

Lorsque règnent l’incertitude et la volatilité, les gens ont besoin de conseils et de coups de main d’experts, en particulier pour ce qui concerne leurs finances. Voilà où les professionnels hypothécaires viennent bien à point, au même titre que les planificateurs financiers, les courtiers immobiliers, les comptables et les fiscalistes.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca