22 Juin

Déclaration préliminaire devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes

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Publié par: Robert Perrier

Déclaration préliminaire devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes

Aucun de nous n’a d’expérience face à une urgence médicale qui est devenue une crise économique. Et aucun de nous ne sait combien ceci durera ni comment cela se terminera. Je crois que nous pouvons tous nous entendre pour dire qu’il s’agit d’un dilemme à nul autre pareil, enrobé d’une profonde incertitude.

La théorie économique et la modélisation économétrique ne fournissent pas de feuille de route précise. Au contraire de récessions précédentes à l’issue d’une guerre, celle d’aujourd’hui n’est pas un choc endogène déclenché par d’énormes déséquilibres.

Évidemment, les considérations médicales devraient l’emporter sur les économiques. Le rôle des responsables des politiques est d’atténuer les fardeaux financiers occasionnés par les mesures qu’il convient de prendre sur le plan médical.

Comment devrions-nous aborder les mois à venir? À mon avis, ce sont d’abord les experts médicaux qui doivent répondre à cette question. Pour évaluer les prochaines étapes sous l’angle de la politique économique, le gouvernement devrait expliquer son point de vue sur la probabilité d’un vaccin et d’antiviraux sur un horizon de six mois, un an et trois ans.

Selon une évaluation lucide des perspectives de croissance au Canada, le deuxième trimestre pourrait être le creux de la vague, mais l’économie ne reviendra que lentement au plein emploi. Ceux qui sont le plus durement touchés seront ceux qui peuvent le moins se permettre de rester sans emploi. Les petites entreprises, qui représentent plus de 40 % des emplois dans le secteur privé, ont subi un coup dur et, dans de nombreux cas, peut-être un coup fatal. Certains des emplois perdus sont perdus à jamais.

Il faut espérer que les mesures successives de stimulation prises par le gouvernement et la Banque du Canada renforceront l’économie et déclencheront une relance de l’embauche.

Le risque, toutefois, est que la pandémie provoque un « choc de redistribution »[1] faisant que certaines entreprises et même des secteurs entiers subiront des dommages durables. Le risque est que les emplois perdus dans ces secteurs ne reviennent pas, et que le chômage reste élevé. Des mesures de stimulation traditionnelles ne suffisent pas face à ce genre de choc.

On estime que 30 % des pertes d’emploi, de février à mai, pourraient être attribuables à ce choc de redistribution irréversible. Le marché du travail récupérera rapidement dans un premier temps, comme l’ont montré les données de mai, mais plafonnera ensuite en laissant de trop nombreux travailleurs sans emploi.

Les travailleurs du secteur de l’hébergement et de la restauration sont parmi les plus exposés, avec ceux des secteurs du commerce de détail non essentiel, des loisirs, du voyage et de l’éducation. La plupart d’entre eux ne peuvent pas travailler à partir de chez eux.

Dans de nombreux cas, la pandémie a augmenté les difficultés pour les entreprises traditionnelles face aux plateformes de cybercommerce comme Amazon. Elle a accentué une crise préexistante, dans laquelle les entreprises canadiennes ont lamentablement échoué à relever le défi.

Le choc exceptionnel du virus signifie que les gouvernements pourraient avoir à en faire davantage pour soutenir les entreprises et protéger les travailleurs que dans une récession typique. Ils ont ainsi à mettre au point des politiques qui aident les entreprises désargentées – mais par ailleurs viables – à survivre, et les travailleurs écartés à trouver des emplois différents. Cependant, ils doivent aussi, idéalement, éviter de soutenir artificiellement des entreprises qui ne sont plus viables. Nous avons déjà vu des indices[2] que des prestations de chômage généreuses pour la COVID peuvent encourager des mises à pied, dissuader le travail et retarder une réaffectation productive.

Nous devons savoir quelle proportion des pertes d’emploi au Canada viennent du confinement et de la demande affaiblie. Ces pertes d’emploi se résorberont rapidement grâce aux mesures de relance, lors de la réouverture. Pour la proportion attribuable aux prestations de chômage généreuses qui encouragent les travailleurs à rester chez eux, il s’agit de réduire graduellement les mesures de soutien du revenu. Le groupe de chômeurs qui pose le problème le plus difficile est celui qui subit les retombées irréversibles du choc de redistribution.

Pour ces derniers, le gouvernement devrait prévoir la formation voulue pour préparer les travailleurs à la phase suivante de la révolution technologique.

La pandémie a accéléré des changements structuraux qui continueront de jouer. Une réponse efficace à ces changements exige – entre autres – un accès général à des services à large bande par ordinateur pour tous les ménages, une réduction des restrictions gouvernementales à l’utilisation des terres, la suppression des obstacles réglementaires à la création d’entreprises et la suppression des restrictions au commerce interprovincial.

Les problèmes étaient présents avant le virus, mais ils sont maintenant exposés, et ils appellent à un nouveau contrat social entre les gouvernements et les citoyens.

[1] Working Paper No. 2020-59, « COVID-19 Is Also a Reallocation Shock, Jose Maria Barrero », Nick Bloom et Steven J. Davis (5 mai 2020), https://bfi.uchicago.edu/wp-content/uploads/BFI_WP_202059.pdf. [Traduction] « … La possibilité que les préoccupations des clients (et du personnel) au sujet de la transmission de maladies infectieuses transforment les modèles de commerce de détail, l’aménagement des restaurants et la prestation de nombreux services médicaux, professionnels, personnels et commerciaux fait que les conséquences redistributives de la pandémie de COVID-19 continueront de se faire sentir pendant de nombreux mois et années (p. 18). »

[2] Ibid., p. 20 [Traduction] « “Quand Equinox a dû commencer à mettre à pied des employés à sa chaîne de centres d’entraînement haut de gamme, le président exécutif Harvey Spevak a adressé un message étonnant aux intéressés : ‘Nous croyons que la plupart s’en tireront mieux en recevant l’aide gouvernementale pendant notre fermeture.’” Ce passage est de Thomas et Cutter (2020), qui disent aussi ceci : “Equinox rejoint de nombreuses entreprises, y compris Macy’s … et [le fabricant de mobilier] Steelcase … qui évoquent les prestations de chômage bonifiées du gouvernement lorsqu’ils mettent à pied ou licencient du personnel face à la pandémie du coronavirus. Les mesures de stimulation changent la donne pour certains employeurs, qui peuvent maintenant réduire les coûts en personnel sans sentir qu’ils abandonnent leurs employés.” »

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Juin

Les ventes et les nouvelles inscriptions résidentielles récupèrent en mai le tiers des pertes dues à la pandémie

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Publié par: Robert Perrier

Gains records des inscriptions et des ventes
résidentielles au Canada en mai

Les nouvelles sont bonnes aujourd’hui pour le marché de l’habitation. Les ventes ont fait un bond record de 56,9 % en mai, après l’effondrement inédit d’avril. Selon les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont récupéré environ le tiers des pertes causées par la COVID entre février et avril (voir le graphique ci-dessous). Par rapport à un an plus tôt, les ventes sont encore presque 40 % plus bas, mais leur envol et la montée encore plus forte des nouvelles inscriptions montrent qu’il y a une demande latente sur le marché, alors que les acheteurs veulent profiter des taux hypothécaires historiquement bas.

Les transactions étaient en hausse d’un mois à l’autre partout au pays. Sur les plus grands marchés canadiens, les ventes ont augmenté de 53 % dans le Grand Toronto, de 92,3 % à Montréal, de 31,5 % dans le Grand Vancouver, de 20,5 % dans la vallée du Fraser, de 68,7 % à Calgary, de 46,5 % à Edmonton, de 45,6 % à Winnipeg, de 69,4 % à Hamilton-Burlington et de 30,5 % à Ottawa. En toute logique, les villes où les gains sont moins marqués avaient aussi connu les déclins les plus faibles ces derniers mois.

Plus encore, selon certaines données, l’activité sur le marché de l’habitation a augmenté constamment depuis la mi-avril jusqu’à la première semaine de juin.

Nouvelles inscriptions

Le nombre de nouvelles inscriptions a fait un bond record de 69 % en mai par rapport au mois précédent. Des gains ont été enregistrés dans tout le pays.

Étant donné que les nouvelles inscriptions ont récupéré davantage que les ventes en mai, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a baissé à 58,8 %, comparativement à 63,3 % en avril. Bien que cet indicateur ait baissé légèrement, l’équilibre du marché est resté remarquablement stable dans son ensemble, compte tenu de l’ampleur des pressions économiques et sociales que subissent les acheteurs et les propriétaires-vendeurs.

On comptait 5,6 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mai 2020, en baisse par rapport aux 9 mois enregistrés en avril. La hausse temporaire de cette mesure enregistrée en avril est attribuable au fait qu’une baisse immédiate des ventes était prévue en raison du confinement, alors qu’une diminution beaucoup plus lente était attendue pour d’autres variables, comme les inscriptions actives. Le rapport de l’ACI indique que bon nombre de propriétaires qui avaient mis leur propriété en vente avant la mi-mars ont gardé l’inscription active, tout en réduisant sensiblement le nombre de visites des maisons organisées durant le confinement. Bon nombre de ces inscriptions disparaissent maintenant du marché, de sorte que les inscriptions actives étaient en baisse d’environ un quart à la fin mai. Leur niveau actuel est ainsi un des plus bas jamais vus pour ce moment de l’année.

Prix des maisons

Les prix des maisons au Canada ont peu évolué en mai par rapport à avril. Sur les 19 marchés suivis par l’Indice des prix des propriétés MLS (IPP), 18 ont connu soit des augmentations depuis un mois, soit des diminutions plus faibles qu’en avril. Dans cinq marchés, les prix ont augmenté en mai après avoir baissé en avril (voir les données par marché dans le tableau ci-dessous).

Règle générale, depuis le début de la pandémie, de légères baisses des prix ont été enregistrées en Colombie-Britannique, et les tendances à la baisse qui étaient déjà présentes en Alberta se sont accentuées. Avec la récente remontée des prix du pétrole toutefois, les ventes ont de fait augmenté dans l’ensemble des Prairies, et les tendances touchant les prix se sont stabilisées.

Malgré la pandémie, les prix des maisons dans la région du Grand Golden Horseshoe, y compris Toronto, ont très peu baissé. Ils restent bien au-dessus du niveau d’un an plus tôt. À Ottawa, Montréal et Moncton, les prix ont continué de grimper, bien que ce soit plus lentement qu’auparavant.

En somme

La SCHL a récemment prédit que le prix moyen des maisons vendues au pays baissera de 9 % à 18 % en 2020, et pourrait ne retrouver le niveau de la fin 2019 qu’en 2022. Je continue de croire que cette prévision est excessivement pessimiste. D’abord, les prix de vente moyens sont trompeurs, surtout à l’échelle nationale, parce que les prix varient tellement selon la région ainsi que selon le type de propriété.

Il n’y a pas de marché national de l’habitation. Tous les marchés de l’habitation sont locaux. Le tableau 1 ci-dessus indique de grands écarts entre les régions dans l’évolution des prix de vente. On peut néanmoins constater que les tendances semblent converger vers une progression modérée des prix. La récession économique d’aujourd’hui ne ressemble à nulle autre. Les mesures de stimulation inédites prises par la Banque du Canada et le gouvernement fédéral préserveront le bon fonctionnement des marchés de l’habitation malgré les directives de distanciation sociale. Ceux qui ont un emploi stable prendront en temps et lieu leurs décisions en matière de logement.

Ceux qui ont perdu leur emploi sans espoir de le retrouver sont ceux qui suscitent des inquiétudes. Une bonne part d’entre eux travaillaient dans les secteurs économiques qui ont été le plus durement touchés et qui seront les plus lents à se rétablir, comme l’hébergement et la restauration, le commerce au détail non essentiel et les loisirs (arts, divertissements, activités récréatives). Les données du recensement de 2016 de Statistique Canada présentées dans le tableau ci-dessous indiquent que le pourcentage de ménages propriétaires de leur maison dans ces secteurs est relativement faible. Malheureusement, la plupart de ceux qui auront été le plus durement touchés par la pandémie sont aussi ceux qui ont le moins les moyens de s’en remettre. Voilà un problème que la politique budgétaire devra aborder, en prévoyant des investissements dans des programmes de recyclage professionnel et de garanties de revenu universelles.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Juin

La SCHL resserre les critères d’admissibilité à un prêt hypothécaire assuré

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Publié par: Robert Perrier

La SCHL resserre les critères d’admissibilité à un prêt hypothécaire assuré

Encore une fois, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) resserre les critères pour l’obtention d’un financement hypothécaire avec une mise de fonds inférieure à 20 %. Tout acheteur d’une maison effectuant une mise de fonds inférieure à 20 % est tenu d’acheter une assurance prêt et de faire une mise de fonds d’au moins 5 %. La SCHL est une société d’État fédérale qui fournit une telle assurance. Elle a pour mandat d’aider les Canadiens à trouver des options abordables en matière de logement. Fournir une assurance prêt hypothécaire lors de l’achat d’une maison est une de ses principales activités. L’assurance prêt hypothécaire protège le prêteur au cas où l’emprunteur cesse de faire les paiements et se trouve en défaut sur son prêt hypothécaire – une situation très rare au Canada.

Il y a également des fournisseurs privés d’assurance prêt hypothécaire : Genworth Canada et Canada Guaranty. La SCHL est le seul assureur de prêts hypothécaires pour les immeubles à logements multiples, y compris les grands immeubles, les résidences d’étudiants, les centres de soins de longue durée et les maisons de retraite. Elle est de loin le plus grand fournisseur d’assurance prêt hypothécaire et le principal dans les petites localités et les milieux ruraux.

Les acheteurs d’immeubles de placement ne sont pas admissibles à l’assurance prêt hypothécaire. Par conséquent, il faut une mise de fonds d’au moins 20 % pour acheter un immeuble de placement. Sont aussi exclus les acheteurs d’une maison de plus de 1 million de dollars. Habituellement, c’est le prêteur qui choisit l’assureur.

Pourquoi est-ce que la SCHL resserre les critères?

Les économistes de la SCHL ont prédit qu’en raison du confinement dû à la pandémie, les prix des habitations pourraient baisser de 9 à 18 % au cours des 12 mois à venir. Ils croient aussi qu’il faudra au moins deux ans avant que les prix ne reviennent à leurs niveaux d’avant la pandémie. Les prévisions de la SCHL pour l’économie sont encore plus pessimistes que de nombreuses autres, en particulier celles de la Banque du Canada. Celle-ci affirmait hier que les perspectives de l’économie étaient plus favorables que ne l’entrevoyaient ses prévisions d’avril. La SCHL reconnaît d’ailleurs la grande incertitude entourant les prévisions actuelles. La société d’État souligne les pertes d’emplois consécutives au confinement, les fermetures d’entreprises et la baisse de l’immigration qui ont nui au marché de l’habitation au Canada.

Elle note aussi que 15 % des prêts hypothécaires sont en situation de report des paiements, et elle croit que 20 % de tous les prêts hypothécaires pourraient être en retard lorsque les reports prendront fin. Elle affirme qu’elle resserre ses critères d’admissibilité afin « de protéger les futurs acheteurs de logements et de réduire les risques ».

Ce qui change dans les politiques de souscription

À partir du 1er juillet, les changements suivants s’appliqueront à toutes les nouvelles demandes d’assurance prêt hypothécaire à l’unité et d’assurance de portefeuille pour propriétaires-occupants :

  • Le rapport d’amortissement brut de la dette (ABD) maximum baisse de 39 à 35.
  • Le rapport d’amortissement total de la dette (ATD) maximum baisse de 44 à 42.
  • Le pointage de crédit minimal exigé d’au moins un emprunteur augmente de 600 à 680.
  • Les sources non traditionnelles de mise de fonds qui augmentent l’endettement ne seront plus considérées comme des fonds propres aux fins de l’assurance prêt.

La SCHL précise comme suit sa politique : « Afin de mieux gérer les risques liés à nos activités d’assurance et, au bout du compte, pour protéger les contribuables, nous avons également suspendu l’assurance des prêts hypothécaires de refinancement pour immeubles collectifs, sauf lorsque les fonds sont utilisés pour des réparations ou un réinvestissement dans le logement. Les consultations sur le repositionnement de nos produits d’assurance prêt hypothécaire pour immeubles collectifs ont débuté. »

Ce que nous savons jusqu’à présent

Selon les indications préliminaires, les fournisseurs privés d’assurance prêt hypothécaire n’adopteront pas les ratios réduits de la SCHL. Ils pourraient toutefois se montrer plus sélectifs dans leurs approbations.

Les autorités fiscales et monétaires du Canada investissent de vastes sommes pour sauver l’économie, amortir l’impact de l’arrêt des activités et assurer une ample offre de crédit. Ces mesures visent à minimiser les cas évitables d’insolvabilité. Il est donc étonnant qu’une société d’État fédérale prenne maintenant de telles mesures procycliques.

Les répercussions exactes des changements ne seront pas connues avant que les choses se précisent. Il reste à voir comment les grandes banques réagiront avec leurs propres règles de souscription de prêts hypothécaires de premier ordre, comment ces nouvelles règles s’appliqueront au marché de la titrisation, et jusqu’où les fournisseurs privés d’assurance prêt suivront les nouvelles règles.

Quoi qu’il en soit, le tout éprouve la confiance des acheteurs et des vendeurs. Toutes autres choses étant égales, l’effet net est négatif sur les perspectives à court terme du marché de l’habitation. Plus encore, à mon avis, ces changements ne sont pas nécessaires pour protéger la prudence des pratiques canadiennes en matière de prêts pour l’habitation.

Les taux de défaillance sur les prêts hypothécaires sont faibles, et même les prévisions de la Banque du Canada restent à moins de 1 % de l’ensemble des prêts hypothécaires. En outre, les acheteurs de maison qui ont un emploi et qui satisfont aux anciens critères ont certainement un horizon d’au-delà de deux ans quand ils achètent leur première maison. Ils étaient déjà admissibles en fonction du taux affiché, qui est plus de 250 points de base plus élevé que le taux contractuel. Or, la récession due à la pandémie fait probablement que les taux d’intérêt resteront très faibles dans les deux années à venir.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Juin

Bonne nouvelle en mai : 10,6 % des emplois perdus à la COVID ont été récupérés

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Publié par: Robert Perrier

Nouveaux signes encourageants : récupération de 10,6 % de l’emploi en mai

Le rapport de mai sur l’emploi et les données de haute fréquence ont donné tort aux prophètes de malheur. Ils indiquent que l’activité économique commence à reprendre au Canada. Voilà quelques semaines que nous signalons des signes encourageants dans l’économie. Ce n’est qu’un début, mais ces signes s’amplifient. Nous sommes optimistes, sans pour autant oublier que presque 5 millions de Canadiens restent sans travail ou avec un horaire de travail sensiblement réduit.

Le marché du travail s’est amélioré de la mi-avril à la mi-mai

Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de mai, publiés ce matin par Statistique Canada, représentent les conditions du marché de l’emploi la semaine du 10 au 16 mai. À ce moment, certaines provinces avaient commencé à alléger graduellement le confinement dû à la pandémie qui a précipité notre économie dans une récession. Dès la mi-mai, le marché de l’emploi révélait une amélioration marquée, et il a certainement continué de remonter la pente par la suite.

Entre février et avril, 5,5 millions de travailleurs canadiens ont été touchés par l’arrêt des activités causé par la pandémie. Ce nombre comprend une baisse de l’emploi de 3,0 millions ainsi qu’une augmentation de 2,5 millions des absences du travail associées à la COVID. Des économistes prévoyaient la perte de 500 000 emplois de plus le mois dernier. Ils se trompaient.

En mai, l’emploi a augmenté de 290 000 (+1,8 %) tandis que le nombre de personnes qui ont fait moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a reculé de 292 000 (-8,6 %). Ensemble, ces changements ont compensé 10,6 % des baisses de l’emploi et des absences du travail liées à la COVID-19 observées au cours des deux mois précédents. Les trois quarts de la croissance de l’emploi observée d’avril à mai ont été enregistrés dans l’emploi à temps plein. La croissance a été constatée dans la plupart des industries et des provinces, bien qu’elle découle surtout de la hausse de l’emploi au Québec, la province la plus durement touchée par la pandémie. 

Cependant, l’emploi à temps plein restait en mai à 11,1 % sous le niveau de février – avant le confinement. L’emploi à temps partiel restait inférieur de 27,6 %.

Le taux de chômage augmente alors que davantage de Canadiens cherchent un emploi

Même si l’emploi a augmenté de la mi-avril à la mi-mai, le taux de chômage a grimpé à 13,7 % – contre 13,0 %. L’allégement des restrictions a amené davantage de travailleurs précédemment découragés à chercher activement un emploi (voir le graphique ci-dessous). Le taux de chômage de 13,7 % est le plus élevé depuis que des données comparables sont publiées, c’est-à-dire depuis 1976. En février, avant la paralysie de l’économie, le chômage était à peine à 5,6 %. Il a bondi à 7,8 % en mars et à 13 % en avril.

Au contraire de ralentissements économiques précédents, celui-ci a entraîné des pertes d’emploi d’abord dans le secteur des services. Les répercussions de la pandémie se sont ensuite étendues dans les secteurs des biens et de la construction en avril. Le mois dernier, l’emploi a repris plus nettement dans le secteur des biens (+5,0 % ou 165 000) que dans le secteur des services (+1,0% ou 125 000). L’industrie de la construction a bénéficié de la plus forte augmentation des heures travaillées entre avril et mai : +19,0 %.

Le Québec représente presque 80 % de la croissance totale de l’emploi en mai

Le gouvernement du Québec a assoupli les restrictions imposées aux activités commerciales avant la semaine de référence du dernier rapport sur l’emploi, notamment dans la construction à partir de la mi-avril et dans le commerce de détail ainsi que la fabrication à l’extérieur de Montréal à partir du 4 mai. La proportion de travailleurs travaillant à un endroit autre que leur domicile a augmenté, passant de 60 % en avril à 65 % en mai.

Les plus fortes hausses d’emploi au Québec ont été enregistrées dans la construction (+58 000), la fabrication (+56 000) ainsi que le commerce de gros et de détail (+54 000). Ces trois secteurs ont une proportion relativement élevée d’emplois qui peuvent difficilement être exercés à domicile.

L’emploi a progressé de 97 000 (+5,3 %) dans la région métropolitaine de recensement de Montréal.

L’emploi a continué de reculer en Ontario, mais à un rythme moins rapide

L’Ontario est la seule province où l’emploi a continué de reculer en mai. Voilà qui est logique vu que la plupart des restrictions de l’activité l’économique étaient encore en vigueur en Ontario durant la semaine du 10 au 16 mai.

Bien que l’emploi ait reculé en Ontario en mai (-65 000), la baisse a été beaucoup moins forte qu’en mars (-403 000) et en avril (-689 000). La totalité de la baisse de l’emploi observée dans la province est survenue dans le secteur des services (-80 000). Parallèlement, l’emploi a progressé de 15 000 dans le secteur des biens, sous l’effet d’une hausse dans la fabrication (+14 000).

La proportion des personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a diminué en Ontario, passant de 22,1 % en avril à 21,2 % en mai.

En Ontario, 55 % des travailleurs ont travaillé à un endroit autre que leur domicile en mai, ce qui est la plus faible proportion de toutes les provinces et une proportion qui a peu varié par rapport à avril.

Comme la plupart des restrictions de l’activité économique sont demeurées en vigueur en Ontario, le nombre de personnes inactives qui voulaient travailler mais qui n’ont pas cherché d’emploi a peu varié. Le taux de chômage a continué d’augmenter, passant de 11,3 % en avril à 13,6 % en mai (voir le tableau ci-dessous).

Situation de l’emploi inégale dans les provinces de l’Ouest

En Colombie-Britannique, l’emploi a progressé de 43 000 en mai, mais le taux de chômage a augmenté de 1,9 point de pourcentage pour atteindre 13,4 %, en raison de l’augmentation du nombre de personnes cherchant un emploi. Presque toute la croissance de l’emploi observée dans la province est survenue dans le secteur des services (+41 000). Les services d’hébergement et de restauration (+12 000), les services d’enseignement (+12 000) et le commerce de gros et de détail (+12 000) ont enregistré les hausses les plus marquées.

La Colombie-Britannique a annoncé la première phase de la reprise des activités le 6 mai. Son plan comprenait la levée des restrictions relatives aux services médicaux non essentiels et à des parties de l’industrie du commerce de détail à compter du 19 mai, après la semaine de référence.

Le nombre de personnes en emploi en Alberta a augmenté de 28 000 en mai, après avoir enregistré une baisse cumulative de 361 000 de février à avril. La croissance de l’emploi dans la province est entièrement attribuable au secteur des services (+33 000). Le taux de chômage a augmenté de 2,1 points de pourcentage pour s’établir à 15,5 %.

L’Alberta a permis à certaines entreprises, comme les restaurants et les boutiques non essentielles, de reprendre leurs activités à compter du 14 mai.

Au Manitoba, l’emploi a progressé de 13 000 en mai. Parallèlement, la proportion de Manitobains en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a reculé de 1,7 point de pourcentage pour s’établir à 12,9 %. En mai, la majeure partie de la hausse de l’emploi enregistrée au Manitoba est survenue dans le secteur des services (+12 000), principalement dans le commerce de gros et de détail (+7 000).

Le 4 mai, le Manitoba a permis à un certain nombre d’entreprises de services de reprendre leurs activités, sous réserve d’une limitation du nombre de personnes à l’intérieur et de mesures de distanciation physique.

L’emploi a globalement peu varié en Saskatchewan. Des augmentations dans le commerce de gros et de détail, dans la fabrication ainsi que dans les services d’hébergement et de restauration ont été contrebalancées par des baisses dans de nombreux secteurs, en particulier dans l’information, la culture et les loisirs ainsi que la construction.

L’emploi progresse dans toutes les provinces de l’Atlantique

À l’exception de la Nouvelle-Écosse, les gouvernements des provinces de l’Atlantique ont commencé à assouplir les restrictions au début de mai. Le Nouveau-Brunswick a libéré la majeure partie de son économie à compter du 8 mai. Le nombre de personnes en emploi a progressé au Nouveau-Brunswick (+17 000), à Terre-Neuve-et-Labrador (+10 000), en Nouvelle-Écosse (+8 600) et à l’Île-du-Prince-Édouard (+2 600).

Des signes encourageants

Les données s’accumulent indiquant que l’économie a touché le fond et remonte graduellement. Le nombre de fermetures d’entreprises diminue, et les premiers signes d’une amélioration apparaissent, même s’il faudra encore quelque temps avant une réouverture complète.

Dans un sondage réalisé pour Bloomberg News à la fin de mai, 30 % des répondants qui avaient perdu leur emploi ou subi une réduction d’heures de travail en raison de la pandémie affirmaient avoir été réembauchés ou travailler davantage. Les résultats de l’enquête menée par la firme Nanos concordent avec des données de haute fréquence d’Indeed Canada et de Google indiquant une stabilisation des conditions du marché du travail et de l’activité économique au cours des quelques dernières semaines.

Le scénario d’une reprise est renforcé par les tendances dans les déplacements des Canadiens. Selon des données sur la mobilité provenant des téléphones intelligents Apple et Google, pendant la deuxième moitié de mai, davantage de personnes se sont rendues dans des magasins et des parcs – ce qui coïncide avec les réouvertures un peu partout au Canada. L’utilisation des transports en commun reste en baisse, mais les déplacements en auto et à pied ont augmenté, ce qui est positif pour le commerce.

Par ailleurs, selon le Bureau du surintendant des faillites Canada, le nombre total de dossiers d’insolvabilité (faillites et propositions) a diminué de 38,7 % en avril par rapport au mois précédent. Le nombre de faillites a diminué de 41,5 % et le nombre de propositions a diminué de 37,2 %. Le nombre total de dossiers d’insolvabilité déposés en avril 2020 était inférieur de 43,5 % au nombre d’avril 2019. Le nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs a diminué de 43,1 %, et le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises, de 54,8 %.

Autre fait positif, les prix des produits de base ont rebondi. En particulier, les prix du pétrole ont fortement augmenté – une excellente nouvelle pour l’Alberta et la Saskatchewan. En outre, le marché boursier canadien a connu un net redressement, et le dollar canadien est en hausse. La Banque du Canada a soutenu cette semaine que le pire du déclin dû à la pandémie est passé.

L’enquête sur les dépenses de consommation menée par les économistes de la Banque Royale indique que la reprise se poursuit, alors que les dépenses discrétionnaires ont recommencé.

  • À mesure que les provinces canadiennes ont pris des mesures pour rouvrir leurs économies, les consommateurs ont commencé à dépenser davantage sur les articles discrétionnaires qu’ils évitaient au début de la pandémie.
  • Les dépenses sur les sorties et les arts ont profité le plus de l’allégement des restrictions.
  • Les dépenses au restaurant continuent de se rétablir, alors que les restaurants proposent des plats à emporter ou la livraison à domicile.
  • Les dépenses affaiblies auprès de commerces d’habillement, de cadeaux et de bijoux ont remonté au début de mai. En particulier, les Canadiens ont dépensé davantage dans les magasins de vêtements.
  • Les dépenses auprès de commerces d’objets ménagers restent solides, grâce aux achats dans les magasins de matériaux de construction pour bricoleurs, d’appareils ménagers et de meubles.
  • Les Canadiens ont commencé à conduire davantage au début de mai, et les dépenses automobiles sur carte de crédit ont continué d’augmenter.
  • À la mi-mai, les dépenses pour les sorties et dans les commerces d’art étaient en baisse de 37 % par rapport à un an plus tôt, contre 58 % à la fin d’avril.
  • Les golfeurs ont dépoussiéré leurs bâtons quand les terrains de golf ont ouvert un peu partout au pays. Ceux qui préfèrent jouer à l’intérieur ont continué de dépenser sur des jeux en ligne ou sur console.

En ce qui concerne le marché du logement, avant la pandémie, nous paraissions devoir connaître un printemps avec une activité record de ventes dans une bonne part du pays. Sauf dans les régions pétrolières – Alberta et Saskatchewan –, tout indiquait que le marché du logement serait florissant. Les bases sont ainsi solides pour le logement en vue du rétablissement de l’économie. Il reste à voir le temps qu’il faudra pour ce rétablissement, ce qui dépendra de l’évolution du virus et de l’apparition ou non d’une deuxième vague à l’automne.

Les chambres immobilières signalent une hausse des ventes de maisons en mai dans le Grand Toronto et le Grand Vancouver.

Les taux d’intérêt ont chuté. Grâce à la baisse de 150 points de base du taux préférentiel, les taux hypothécaires variables ont été réduits pour la première fois depuis la fin de 2018. Une fois que la Banque du Canada a réussi à assurer une liquidité suffisante pour les marchés financiers, même les taux hypothécaires fixes ont baissé.

Le taux hypothécaire affiché a finalement baissé à 4,94 % la semaine passée, mais il reste bien au-dessus des taux contractuels. Avec un peu de chance toutefois, ce taux, qui est utilisé dans les tests de résistance hypothécaire, descendra dans les mois à venir. Par ailleurs, c’est le taux contractuel majoré de 200 points de base qui sera à l’avenir utilisé pour les tests de résistance, ce qui était prévu en avril avant la pandémie.

La Banque du Canada reste extrêmement accommodante. À mon avis, les taux d’intérêt n’augmenteront pas avant 2022.

Il y a tout de même une mauvaise nouvelle pour le marché de l’habitation : l’annonce d’hier de la SCHL. La société d’État va resserrer ses règles déterminant l’admissibilité à un prêt hypothécaire pour les acheteurs effectuant une mise de fonds inférieure à 20 %. Comme je l’ai fait valoir hier, je crois que cette décision va à l’encontre des mesures que la Banque du Canada, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) et le ministère des Finances ont prises pour atténuer le choc de la pandémie et prévenir des cas évitables d’insolvabilité. Le resserrement des règles de la SCHL rendra les maisons moins abordables, surtout pour les acheteurs d’une première maison, par plus de 10 %. Il est au demeurant totalement injustifié du point de vue de la prudence. Pour des détails à ce sujet, voir le rapport d’hier. Bloomberg News abondait dans le même sens dans son article Canadian Housing Agency Draws Fire For Tightening Mortgage Rules (l’agence canadienne du logement critiquée pour avoir resserré les règles hypothécaires).

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
5 Juin

La Banque du Canada maintient les taux

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada adopte un ton plus positif

Face à un déclin dévastateur de l’économie canadienne, la Banque du Canada estime aujourd’hui que le pire des répercussions négatives de la pandémie sur l’économie mondiale est passé. Elle concède toutefois que l’incertitude reste élevée. La Banque a maintenu son taux cible à un jour à 0,25 %. Aucune réduction supplémentaire n’était attendue, puisque la Banque a déjà affirmé que le niveau de 0,25 % est la valeur plancher du taux directeur. Le gouverneur Poloz a pratiquement exclu des taux d’intérêt négatifs à moins que l’économie ne se détériore encore radicalement.

La réunion d’aujourd’hui du Conseil de direction est la dernière de Stephen Poloz en tant que gouverneur. Son successeur Tiff Macklem prend la relève ce même jour. M. Macklem a participé comme observateur aux délibérations du Conseil de direction. Il a adhéré à la décision prise sur le taux et aux mesures annoncées dans le communiqué de presse, assurant ainsi la continuité dans la politique monétaire.

La Banque a pris des mesures très énergiques pour soutenir la liquidité et le bon fonctionnement des marchés financiers, en achetant des titres à court terme et à long terme. Au bilan de la banque centrale, les titres ont augmenté jusqu’à un niveau correspondant à environ 20 % du PIB du Canada, contre 5 % avant la crise. Ce niveau reste bien inférieur à ceux de la Réserve fédérale américaine, de la Banque du Japon et de la Banque centrale européenne, qui ont toutes procédé à des opérations d’assouplissement quantitatif depuis la crise financière d’il y a plus de 10 ans. Cependant, les achats de titres effectués par la Banque du Canada ont été exceptionnels au regard de la taille de notre économie.

« Les mesures budgétaires fermes et ciblées, conjuguées aux taux d’intérêt plus bas, amortissent l’impact des fermetures sur le revenu disponible et aident à jeter les bases de la reprise économique », selon la banque centrale. Celle-ci soutient que l’économie canadienne semble avoir évité le scénario le plus grave évoqué dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’avril.

Au premier trimestre (T1), le niveau du PIB réel était à 2,1 % sous le niveau du T4 de 2019. La Banque du Canada prévoit maintenant que le PIB réel du T2 baissera encore de 10 à 20 %, conséquence des diverses activités qui restent à l’arrêt et de la forte réduction des investissements dans le secteur de l’énergie. Il y aurait ainsi un recul, du pic au creux, de 12 à 22 %, au lieu des 15 à 30 % qu’avait précédemment entrevus la banque centrale. Selon la Banque du Canada, « l’économie canadienne semble avoir évité le scénario le plus pessimiste ».

En somme : Bien que le degré d’incertitude reste élevé, il semble que le pire du ralentissement économique soit passé. Les données préliminaires de mai indiquent que les ventes de maisons ont progressé d’un mois à l’autre en mai dans les régions du Grand Toronto et du Grand Vancouver, même si elles restent sensiblement sous les niveaux d’un an plus tôt.

Certains s’inquiètent de l’inflation que pourrait déclencher les mesures monétaires et fiscales exceptionnelles prises pour stimuler l’économie ces derniers mois. Le gouverneur Poloz a indiqué clairement que sans ces mesures, les résultats désastreux de l’arrêt de l’économie auraient au contraire entraîné une forte déflation. Une déflation, combinée à des niveaux d’endettement élevés, aurait provoqué une dépression. Les modèles économiques sont d’une utilité limitée face aux retombées de la pandémie. Les responsables des politiques doivent faire preuve de souplesse dans leur action. Lorsque l’économie aura été relancée suffisamment et qu’ils commenceront à retirer les mesures spéciales, il leur faudra tout autant de doigté aussi bien sur le plan fiscal que sur le plan monétaire.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca