16 Juil

La Banque du Canada maintient les taux et poursuit son programme d’assouplissement quantitatif

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada maintient le taux cible jusqu’à ce que l’inflation se stabilise à 2 %

La Banque du Canada, avec son nouveau gouverneur Tiff Macklem, affirme vouloir être parfaitement claire : les taux d’intérêt resteront bas très longtemps. Dans cette optique, elle communique des « indications prospectives », précisant qu’elle n’augmentera pas les taux avant que la capacité ne soit absorbée et que l’inflation arrive à sa cible de 2 % pour y rester de façon durable. Elle estime qu’il faudra au moins deux ans. En outre, elle indique que dans ses perspectives « intermédiaires », les risques sont baissiers. La période de taux restant extrêmement bas pourrait donc se prolonger. La Banque a aussi clairement indiqué qu’elle n’envisage pas des taux d’intérêt négatifs. Le taux d’intérêt de référence reste à 0,25 %, ce qui semble être sa limite inférieure.

La Banque poursuit aussi son programme d’assouplissement quantitatif, procédant à des achats d’au moins 5 milliards de dollars d’obligations du gouvernement du Canada par semaine. Le programme d’achat d’obligations de provinces et de sociétés continuera tel qu’annoncé. La Banque reste prête à ajuster ses programmes si les conditions du marché le justifient.

Avec le taux de référence effectivement à son niveau plancher, c’est par l’assouplissement quantitatif que la Banque fait baisser les taux d’intérêt à moyen et long terme. Elle réduit ainsi les coûts des emprunts pour les ménages et les entreprises du Canada. La Banque pose l’hypothèse que le virus restera présent toute la période des prévisions, c’est-à-dire deux ans.

La Banque a publié ses nouvelles prévisions économiques dans le numéro de juillet de son Rapport sur la politique monétaire (RPM). Le RPM présente un scénario intermédiaire pour la croissance mondiale et canadienne, plutôt que les projections économiques habituelles. Le scénario intermédiaire est fondé sur les hypothèses énoncées dans le RPM, y compris qu’il n’y aura pas de vaste deuxième vague du virus au Canada ou à l’échelle mondiale.

L’économie canadienne commence à remonter, à l’heure où elle se remet en marche après les fermetures qui étaient nécessaires pour limiter la propagation du virus. Selon les estimations, l’activité économique du deuxième trimestre était inférieure de 15 % à son niveau de la fin 2019. Il s’agit du plus grand déclin depuis la Grande Dépression, qui est toutefois sensiblement moins grave que les pires scénarios évoqués dans le RPM d’avril. Des mesures budgétaires et monétaires aussi décisives que nécessaires ont soutenu les revenus et assuré la disponibilité de crédit, amortissant le choc et jetant les bases de la reprise.

Le RPM reconnaît sans ambages que la pandémie de COVID-19 a causé « une situation d’urgence sanitaire mondiale et une catastrophe économique ». La trajectoire future de la pandémie est impossible à prévoir en soi, et son évolution dans le temps et dans différentes régions reste très incertaine.

Au Canada, le nombre de nouvelles infections a fortement diminué par rapport au sommet d’avril, et la reprise économique s’est amorcée dans l’ensemble des provinces et des territoires ainsi que dans de nombreux secteurs. L’activité économique s’intensifie donc considérablement avec l’assouplissement des mesures visant à maîtriser le virus. La Banque du Canada prévoit un fort rebond de l’activité économique à la phase de réouverture, suivi d’une phase de récupération plus longue, mais aussi inégale d’une région et d’un secteur à l’autre (figure 1 ci-dessous). Par conséquent, la production économique canadienne ne retrouvera probablement pas son niveau d’avant la pandémie avant un certain temps. Bien des travailleurs et des entreprises peuvent s’attendre à connaître une période prolongée de difficultés.

Il y a des indications précoces que la réouverture des entreprises et la demande refoulée mènent à un rebond initial de l’emploi et de la production. Selon le scénario intermédiaire, environ 40 % du recul du premier semestre sera récupéré au troisième trimestre. Par la suite, la Banque prévoit que la récupération de l’économie ralentira et que la pandémie continuera d’influer sur la confiance et le comportement des consommateurs, et que l’économie devra relever des défis de fond. Par conséquent, dans le scénario intermédiaire, le PIB réel baisse de 7,8 % en 2020, puis retrouve la croissance : 5,1 % en 2021 et 3,7 % en 2022. La Banque prévoit qu’il restera des capacités excédentaires dans l’économie car la demande ne se rétablira pas aussi vite que l’offre. Il y aura ainsi d’importantes pressions désinflationnistes.

En somme

Le gouverneur Macklem a dit en conférence de presse vouloir que les Canadiens retiennent, d’après les annonces d’aujourd’hui de la Banque du Canada, que « les taux d’intérêts canadiens sont très bas et resteront très bas pendant une très longue période ». La réouverture de l’économie canadienne est bien en voie. L’activité économique a touché le fond en avril et a commencé à remonter en mai, puis s’est accélérée en juin. Environ 1,5 million d’emplois, sur 3,0 millions perdus en mars-avril, ont été ajoutés en mai et juin.

Certains secteurs, comme la vente de véhicules automobiles, ont déjà connu une forte reprise depuis avril. De même, l’activité dans le secteur du logement a brusquement chuté durant le confinement, mais commence à reprendre rapidement. En revanche, la situation de certains des secteurs les plus durement touchés – comme ceux de la restauration, du voyage et des services de soins personnels – ne s’améliore que depuis quelques semaines, et on s’attend à ce qu’ils continuent d’être confrontés à d’importants défis.

Le graphique ci-dessous, provenant du RPM de juillet, indique que les habitudes de consommation des ménages ont changé depuis l’arrivée de la pandémie. Certains changements pourraient être durables. Dans le scénario intermédiaire, les effets du ralentissement et la baisse de l’immigration font que l’activité des ménages reste réduite sur quelques années. Après un regain d’activité à court terme grâce à la demande refoulée, l’investissement résidentiel augmente lentement à mesure que le revenu et la confiance se redressent.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Juil

Les ventes de maisons augmentent encore en juin

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Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien du logement a poursuivi sa reprise en juin et au début de juillet

Voilà encore des bonnes nouvelles aujourd’hui pour le marché de l’habitation. Les ventes résidentielles ont augmenté de 63 % de plus en juin, revenant aux niveaux normaux pour le mois. Elles sont d’environ 150 % supérieures aux niveaux enregistrés en avril, quand le confinement pour la pandémie paralysait l’économie (voir le graphique ci-dessous). Selon les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), l’activité était vive sur les plus grands marchés immobiliers du Canada. Les ventes ont augmenté de 83,8 % (d’un mois à l’autre) dans le Grand Toronto, de 75,1 % à Montréal, de 60,3 % dans le Grand Vancouver, de 99,7 % dans la vallée du Fraser, de 54,9 % à Calgary, de 59 % à Edmonton, de 22,5 % à Winnipeg, de 34,8 % à Hamilton-Burlington, de 67,9 % à London et St. Thomas, de 55,6 % à Ottawa et de 43,6 % à Québec. Ces gains mensuels révèlent la demande refoulée qui aurait donné un printemps exceptionnel pour l’immobilier.

En comparaison d’un an plus tôt, les ventes nationales de maisons étaient en hausse de 15,2 % en juin.

Des données empiriques indiquent que les ventes continuaient de bien se porter les premières semaines de juillet. Jusqu’à présent ce mois-ci, le suivi quotidien indiquerait que l’activité s’est encore renforcée en juillet. « Les courtiers et agents à l’échelle du pays constatent une reprise de plus en plus marquée des activités », affirme Costa Poulopoulos, président de l’ACI.

Nouvelles inscriptions

Le nombre de nouvelles inscriptions a fait un nouveau bond, de 49,5 %, en juin par rapport au mois précédent. Des gains ont été enregistrés dans tout le pays.

Le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions s’est resserré pour atteindre 63,7 % en juin, par rapport à 58,5 % en mai. On comptait seulement 3,6 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de juin 2020, le plus bas niveau en 16 ans pour cette mesure.

Prix des maisons

En juin 2020, l’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,5 %, comparativement à celui de mai (voir le tableau ci-dessous). Parmi les 20 marchés que l’Indice mesure actuellement, 17 ont affiché des hausses d’un mois à l’autre.

D’une manière générale, la hausse des prix s’accélère de nouveau à l’est du Manitoba, sauf à Toronto pour l’instant. Les prix sont également en hausse en Colombie-Britannique, sauf à Vancouver. Ils sont toutefois en baisse à Calgary, tandis qu’ailleurs dans les Prairies, ils sont soit stables, soit en hausse.

Comme d’habitude, l’évolution des prix annoncée par les chambres immobilières locales (comme la TREB à Toronto) était trompeuse, parce que les types et les tailles des maisons vendues au cours d’un mois varient. L’IPP MLS® est un moyen plus précis d’évaluer les tendances des prix, parce qu’il corrige les distorsions occasionnées par les fluctuations dans la composition des ventes d’un mois à l’autre.

Le prix moyen national réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en juin 2020 se situait à presque 539 000 $, soit 6,5 % de plus qu’au même mois l’année dernière.

Le prix moyen national est fortement influencé par les ventes dans le Grand Vancouver et le Grand Toronto, deux des marchés les plus actifs et les plus chers au Canada. En excluant ces deux marchés du calcul, le prix moyen national baisse de presque 107 000 $. Dans les mois à venir, les fluctuations des ventes dans ces deux marchés en particulier pourraient avoir un effet multiplicateur considérable sur le prix moyen national, que ce soit à la hausse ou à la baisse.

En somme

La SCHL a récemment prédit que le prix moyen des maisons vendues au pays baissera de 9 % à 18 % en 2020, et pourrait ne retrouver le niveau de la fin 2019 qu’en 2022. Je continue de croire que cette prévision est excessivement pessimiste. Nous voici au deuxième semestre de 2020, et le prix moyen national a augmenté de 6,5 % par rapport à un an plus tôt.

La bonne nouvelle est que le marché du logement contribue à la relance de l’économie. Il reste de l’incertitude sur le cours que suivra la pandémie de COVID-19, mais le gouvernement du Canada a très bien géré la situation, tant du point de vue de la santé publique que sur les plans budgétaire et monétaire. Il suffit de constater la débâcle au sud de la frontière pour comprendre que nous nous en tirons bien. La progression de l’économie ici dépendra du virus. Nul ne sait ce qu’elle sera, mais le Canada est sur la voie d’une pleine reprise. Il se peut seulement que le chemin soit long et tortueux.

La Banque du Canada a tenu aujourd’hui sa première réunion avec Tiff Macklem à la barre. Elle a estimé qu’il faudra deux ans pour se remettre pleinement de la pandémie. (Nous y reviendrons dans le prochain courriel.)

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
13 Juil

Bonne progression des emplois au Canada en juin

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Publié par: Robert Perrier

Les données de juin sur l’emploi sont bien meilleures que prévu

Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de juin, publiés aujourd’hui par Statistique Canda, indiquent les conditions du marché du travail durant la semaine du 14 au 20 juin. À ce moment-là, les restrictions de santé publique avaient été assouplies dans la plupart des régions du pays. Des restrictions plus sévères restaient toutefois en vigueur dans une grande partie du sud-ouest de l’Ontario, y compris à Toronto. Même si les entreprises reprenaient leurs activités, les exigences de distanciation physique et autres ont limité les effets du déconfinement sur l’emploi.

De février à avril, 5,5 millions de travailleurs canadiens – 30 % de la population active – ont soit perdu leur emploi ou subi une forte réduction de leurs heures de travail. Pourtant, c’est presque 8,2 millions de Canadiens qui reçoivent les 2000 $ par mois de la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Pour certains, la PCU a un effet dissuasif pour le retour au travail.

La prestation a récemment été prolongée de huit semaines, jusqu’à environ la fin d’août, et le NPD presse Ottawa de les prolonger encore, jusqu’au début d’octobre. Si vous gagnez plus de 1000 $ par mois, vous perdez complètement la prestation de 2000 $, ce qui pourrait de toute évidence inciter certains à éviter de chercher un nouvel emploi ou de retourner chez leur employeur précédent.

La PCU a amorti le choc de la pandémie pour les ménages et aidé à stimuler la confiance des consommateurs. C’est à retenir en considérant la vitesse à laquelle les personnes sans emploi retournent au travail.

Évolution remarquable de l’emploi en juin

Au cours de la semaine du 14 au 20 juin, le nombre de travailleurs touchés par la crise économique liée à la COVID-19 s’est élevé à 3,1 millions, en baisse de 43 % depuis avril.

À la suite de la reprise initiale de 290 000 en mai, l’emploi s’est accru de près de 1 million en juin (+953 000; +5,8 %). Les hausses sont réparties entre le travail à temps plein (+488 000 ou +3,5 %) et le travail à temps partiel (+465 000 ou +17,9 %). Par suite de ces deux hausses mensuelles consécutives, le niveau global de l’emploi en juin était en baisse de 1,8 million (-9,2 %) par rapport à février.

L’emploi a repris beaucoup plus rapidement qu’à la suite de récessions précédentes, de la même façon que la chute de l’emploi due à la pandémie avait été plus soudaine. Dans tous les groupes d’âge, les hommes se rapprochent davantage que les femmes des niveaux d’emploi d’avant le confinement. Les secteurs qui ont le plus souffert – l’hébergement, la restauration, le commerce de détail et les services personnels – comptent une forte proportion de personnel féminin. La garde d’enfants, à la suite de la fermeture des écoles, a sans doute été davantage assumée par les femmes, comme en témoigne le taux de chômage supérieur des femmes ayant de jeunes enfants.

Le taux de chômage baisse en juin après avoir atteint un niveau record en mai

Le taux de chômage était de 12,3 % en juin, soit 1,4 point de pourcentage de moins que le sommet inégalé de 13,7 % de mai. Même s’il s’agit de la plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée, le taux de chômage demeure beaucoup plus élevé qu’en février, quand il était à 5,6 %.

L’emploi augmente dans toutes les provinces

En Ontario, où l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 a commencé à la fin de mai et a été élargi le 12 juin, l’emploi a augmenté de 378 000 (+5,9 %) en juin. Il s’agit de la première hausse depuis le début du confinement lié à la COVID-19. La proportion des personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a diminué de 6,5 points de pourcentage pour se situer à 14,1 % en Ontario. Le taux de chômage a diminué de 1,4 point, jusqu’à 12,2 %, le nombre de personnes mises à pied temporairement ayant reculé (voir le tableau ci-dessous).

À Toronto, où l’assouplissement de certaines restrictions liées à la COVID-19 a été reporté au 24 juin, le taux de reprise a été légèrement inférieur à celui de la province en juin. Le niveau d’emploi à Toronto a atteint 89,6 % du niveau de février, comparativement à 94,5 % pour le reste de la province (données non désaisonnalisées).

Le Québec a enregistré une hausse des emplois de 248 000 (+6,5 %) en juin. Cette hausse s’ajoute à l’augmentation semblable (+231 000) de mai, rapprochant l’emploi à 92,2 % de son niveau de février. En même temps, le nombre de personnes en chômage dans la province a reculé pour un deuxième mois consécutif en juin (-119 000), ce qui a entraîné une baisse de 3,0 points de pourcentage du taux de chômage, jusqu’à 10,7 %. Le recul du chômage au Québec est entièrement attribuable à la baisse du nombre de personnes mises à pied temporairement.

Le nombre de personnes en emploi en Colombie-Britannique s’est accru de 118 000 (+5,4 %) en juin, après avoir augmenté de 43 000 en mai. La proportion de personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a diminué de 2,9 points de pourcentage, jusqu’à 14,6 %. Le nombre de chômeurs dans la province a peu varié en juin, et le taux de chômage a légèrement diminué (-0,4 point de pourcentage), jusqu’à 13,0 %.

Dans les provinces de l’Ouest, l’emploi en Saskatchewan a augmenté (+30 000) pour la première fois depuis le début de la crise économique liée à la COVID-19, et il a enregistré une hausse pour un deuxième mois consécutif en Alberta (+92 000) et au Manitoba (+29 000).

Au Nouveau-Brunswick, la première province à avoir assoupli les restrictions liées à la COVID-19, l’emploi a progressé de 22 000 en juin. Cette hausse, combinée aux augmentations enregistrées en mai, a permis à l’emploi dans la province d’atteindre 97,1 % de son niveau de février avant la COVID-19. Il s’agit de la reprise de l’emploi la plus complète à ce jour parmi toutes les provinces.

L’emploi a augmenté pour un deuxième mois consécutif en Nouvelle-Écosse (+29 000), à Terre-Neuve-et-Labrador (+6 000) et à l’Île-du-Prince-Édouard (+1 700).

Croissance de l’emploi variable selon le secteur

Les secteurs où les travailleurs doivent être proches des clients (services d’hébergement et de restauration, commerce de détail sauf en ligne) sont restés les plus touchés par les pertes d’emplois dues aux mesures sanitaires. Une proportion élevée d’emplois dans les secteurs des soins de santé et de l’assistance sociale ainsi que des services d’enseignement exigent aussi de travailler en proximité physique avec d’autres. L’emploi a augmenté dans tous ces secteurs, mais il reste bien en-deçà des niveaux d’avant la COVID.

L’emploi dans les entreprises dont les activités rassemblent un grand nombre de personnes (secteur de l’information, de la culture et des loisirs) a aussi beaucoup souffert. Ce secteur a été touché par certaines des premières restrictions au nom de la santé publique, c’est-à-dire la limitation de la taille des rassemblements. Toutes les provinces continuent de limiter le nombre de personnes pouvant se rassembler en public.

Dans plusieurs secteurs de services, comme le commerce de gros, les administrations publiques, la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail, moins de 40 % des emplois requièrent de travailler en proximité physique avec d’autres. Dans bon nombre de ces secteurs, l’emploi a retrouvé ou presque retrouvé les niveaux d’avant le confinement lié à la COVID-19.

Des hausses mensuelles de l’emploi ont été enregistrées dans le commerce de gros (+38 000) ainsi que dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail (+17 000). L’emploi a retrouvé les niveaux d’avant la COVID-19 dans le commerce de gros, tandis qu’il restait inférieur de 1,0 % dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail.

Dans la plupart des secteurs où peu d’emplois requièrent de travailler en proximité physique avec d’autres, de nombreux travailleurs ont commencé à travailler à partir de leur domicile. Dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail, 6 travailleurs sur 10 (61,2 %) ont travaillé à domicile pendant la semaine du 14 juin, proportion plus de deux fois supérieure à ce qu’elle était (28,5 %). Un pourcentage plus élevé que d’habitude de travailleurs a aussi continué de travailler à domicile dans les services professionnels, scientifiques et techniques (73,2 %) ainsi que dans les administrations publiques (53,8 %).

Après avoir évité d’importantes pertes d’emplois au cours du premier mois de la paralysie liée à la COVID-19, les secteurs de la construction et de la fabrication ont tous deux enregistré des baisses prononcées en avril, suivies d’un début de reprise en mai.

En juin, l’emploi dans la construction a augmenté de 157 000 par rapport à avril pour atteindre 89,3 % de son niveau de février. Dans le secteur de la fabrication, les hausses de l’emploi enregistrées en mai et en juin ont totalisé 160 000, ce qui a ramené l’emploi à 91,9 % de son niveau de février.

Dans les secteurs de la construction et de la fabrication, tant la proportion de personnes travaillant moins de la moitié de leurs heures habituelles que le nombre de personnes mises à pied temporairement ont reculé de façon marquée en juin. La construction a enregistré une baisse de 53,8 % du nombre de personnes mises à pied temporairement (données non désaisonnalisées).

En somme 

Ces progrès de l’emploi sont indiscutablement positifs, et nous verrons sans doute la reprise de l’emploi continuer tant que l’économie peut continuer de reprendre ses activités. Il est toutefois également évident que l’économie du Canada est tombée bien bas, et que certains emplois auront disparu pour de bon. Par contre, de nouveaux secteurs sont en pleine croissance, la pandémie ayant accéléré des forces technologiques qui étaient déjà en jeu. Je prévois une forte croissance de l’emploi dans les domaines nouveaux ou émergents suivants : télémédecine; mégadonnées; intelligence artificielle; infonuagique, cybersécurité; 5G; transports sans chauffeur; et énergie propre. Le magasinage en ligne continuera aussi de se répandre, les Canadiens ayant appris à utiliser les services de livraison et le commerce en ligne.

Les nouveaux emplois exigent de la formation et une expertise de pointe. Ceux qui ont vu leur emploi disparaître devront s’adapter. Ce que nous ne voulons pas voir, c’est des programmes gouvernementaux qui ralentissent l’adaptation ou qui soutiennent des entreprises qui ne sont plus viables. Une aide restera nécessaire pour ceux qui ont les plus grands besoins mais peu de possibilités d’adaptation.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
9 Juil

Portrait budgétaire : Déficit et dette bien plus importants que prévu

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Publié par: Robert Perrier

Un déficit époustouflant

Le ministre des Finances, Bill Morneau, a présenté son portrait budgétaire aujourd’hui. La plupart des économistes prévoyaient un déficit budgétaire d’environ 260 milliards de dollars. Au lieu, le gouvernement a annoncé pour l’exercice 2020-2021 un déficit de 343,2 milliards de dollars – près de 16 % du PIB. Avant la pandémie, le déficit prévu était de 34,4 milliards de dollars.

Une bonne part de la différence peut être attribuée au 212 milliards de dollars de mesures de soutien direct que le gouvernement fédéral fournit aux particuliers et aux entreprises. Le directeur parlementaire du budget, gardien de la rigueur budgétaire du pays, avait initialement estimé que le déficit s’élèverait à 256,2 milliards de dollars. Entre-temps, les recettes fiscales ont encore baissé, la PCU a été prolongée de huit semaines et la subvention des salaires a été augmentée.

Il n’y a pas que les dépenses des programmes liés à la pandémie. Le ralentissement économique occasionne une part de 81,3 milliards de dollars du déficit de 2020-2021. Les dépenses sont à leur plus haut niveau depuis 1945, et la récession a aussi miné les recettes. Elles baisseront, en part de l’économie, à leur plus bas niveau depuis 1929.

Le premier ministre a soutenu que l’économie serait en bien plus mauvaise posture si ce n’était des mesures prises par le gouvernement, entre autres, pour éviter que les ménages doivent encore davantage s’endetter. « Nous avons fait un choix très précis et délibéré d’aider les Canadiens dans cette pandémie, de reconnaître que des gens ont perdu leur emploi du jour au lendemain, a dit M. Trudeau à des journalistes à Ottawa. Nous avons décidé d’assumer cet endettement pour éviter que les Canadiens ne doivent le faire. »

Le gouvernement peut assurément financer sa dette à bien moindre coût que les ménages. Les taux d’intérêt à long terme pour le gouvernement du Canada n’ont jamais été si bas, sous le taux de l’inflation. Le rendement des obligations de 10 ans du gouvernement du Canada est de 0,56 %, et des obligations de 30 ans, à peine au-dessus de 1,0 %. Par conséquent, les frais d’intérêt de la dette croissante du gouvernement sont très modestes.

En outre, la flambée temporaire de la dette d’Ottawa est très largement absorbée par la Banque du Canada, avec ses achats d’obligations. La part des obligations du gouvernement fédéral dans le portefeuille de titres de la Banque a augmenté fortement, de moins de 14 % au début de l’année à environ 27 % aujourd’hui. Elle est pourtant toujours inférieure à la part des obligations du gouvernement national dans le portefeuille de la banque centrale au Japon, en Allemagne et en Suède, par exemple. La dette nette de l’ensemble du secteur public du Canada reste modérée en comparaison d’autres grandes économies, surtout en comparaison des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la zone euro.

Déclin du PIB

Selon le rapport, l’économie canadienne se contractera de 6,8 % cette année, puis remontera de 5,5 % l’an prochain. Ce sera la plus grande contraction de l’économie depuis la Grande Dépression. Dans l’exercice 2020-2021, elle sera deux fois plus grande qu’en 2009-2010 à la suite de la crise financière mondiale.

Entre février et avril, 5,5 millions de Canadiens ont soit perdu leur emploi, soit subi une réduction importante de leurs heures de travail. Ces pertes ont porté le taux de chômage à 13,7 % en mai, après la plus forte hausse de tous les temps, à partir du faible niveau de 5,5 % de janvier, avant la crise.

Le ministre Morneau a dit que sans les programmes gouvernementaux face à la pandémie, le PIB aurait reculé de plus de 10 %, et le chômage aurait augmenté de 2 points de pourcentage de plus.

Stratégie face à la dette

Le gouvernement prévoit maintenant que la dette arrivera à 49,1 % du PIB dans l’exercice entamé le 1er avril. Elle était à 31,1 % l’année passée. Dans son discours, le ministre Morneau n’a pas fait de prévisions au-delà de 2020, ni indiqué de plans budgétaires futurs sinon pour dire que le Canada continuera de préserver son avantage d’un faible endettement relativement à d’autres grandes économies. La situation est facilitée par le fait que les taux d’intérêt sont à des creux historiques. Les frais de la dette publique sont de fait en baisse, par suite de la chute du coût des emprunts.

« Nous devrons tous assumer collectivement nos emprunts et veiller à ce qu’ils soient viables à long terme pour les générations futures, affirme le ministre des Finances. La structure de la dette du Canada est prudente et échelonnée dans le temps, et elle se compare favorablement à celle des pays membres du G7. Nous continuerons de veiller à maintenir cet avantage dans les mois et les années à venir. »

Les dépenses du gouvernement fédéral, comme le déficit, sont sur le point d’atteindre un sommet de tous les temps en pourcentage du PIB, hormis la période de la Deuxième Guerre mondiale. Les dépenses des programmes augmenteront de 69 %, à 592,6 milliards de dollars ou 27,5 % du PIB – contre en moyenne environ 15 % depuis 50 ans.

Il y a déjà 80 milliards de dollars pour le principal programme de soutien du revenu, la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Un des changements annoncés dans le document de mercredi est un supplément de presque 40 milliards de dollars pour le programme de subvention salariale du gouvernement, le portant à 82,3 milliards de dollars. Ces chiffres indiquent que le gouvernement prévoit une transition, à partir de septembre, délaissant la prestation de 2000 $ par mois pour les Canadiens.

En somme

Le gouvernement se targue d’avoir mis en place le plan d’intervention économique le plus complet du G20 en réponse à la pandémie (voir le graphique ci-dessous).

Selon le document du portrait budgétaire : « La solide situation financière du Canada, lors de l’apparition de la pandémie, a permis au gouvernement de mettre en œuvre un plan d’intervention économique ambitieux selon les normes internationales. Les mesures d’aide financière directe représentaient à elles seules plus de 10 % du PIB du Canada, comparativement à 6,7 % en moyenne pour les pays du G7, la majeure partie de l’aide étant destinée aux particuliers et aux ménages. En comparaison, le plan des États-Unis consacre également une grande partie de son aide directe aux particuliers et aux ménages, mais dans une moindre mesure. Au-delà de sa taille totale, qui est l’une des plus importantes du G7 et du G20, le plan du Canada est aussi l’un des plus complets, couvrant une gamme plus large de mesures que la plupart des plans annoncés dans les pays comparables. Le Canada est notamment l’un des rares pays à avoir annoncé à la fois un programme national d’aide à la location commerciale pour les petites entreprises et un crédit non remboursable pour les petites et moyennes entreprises. »

Espérons que le gouvernement n’envisage pas des mesures de restriction avant d’être certain que la pandémie a été contenue et que la reprise économique est fermement lancée. La dernière chose qu’il nous faudrait aujourd’hui est une augmentation des taxes. Nombreux sont ceux qui craindront que ce soit le résultat de tout cet endettement. Une bonne part des coûts budgétaires ponctuels s’effaceront à mesure que l’économie se rétablira. Il est toutefois essentiel que nous évitions de soutenir des entreprises qui ne sont plus viables dans le monde de l’après-pandémie. Nous voulons aussi nous assurer que la PCU et d’autres mesures de soutien du revenu ne dissuadent pas des personnes de retourner au travail quand des emplois sont disponibles.

Le gouvernement n’a pas fait de prévisions au-delà de l’exercice actuel. Vu l’incertitude quant à une éventuelle deuxième vague du virus et quant au moment où un vaccin sera disponible, de telles prévisions auraient été hautement hypothétiques. Le ministre Morneau présentera une mise à jour à l’automne.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Juil

La confiance des entreprises canadiennes est au plus bas

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Publié par: Robert Perrier

La confiance des entreprises canadiennes est au plus bas 

La Banque du Canada a publié aujourd’hui son Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE)* de l’été. Les entrevues ont été effectuées de la mi-mai au début de juin. Dans toutes les provinces et tous les secteurs, la confiance est résolument minée, en raison des répercussions de la pandémie et de la chute des prix pétroliers.

Depuis l’enquête précédente, menée avant que les préoccupations relatives à la COVID-19 ne se précisent mais après que les prix du pétrole avaient commencé de chuter, la confiance des entreprises s’est effondrée. Fait étonnant toutefois, la confiance des entreprises n’est pas aussi faible que pendant la crise financière mondiale de 2007 à 2009 (voir le graphique 1 ci-dessous). L’explication tient surtout au soutien gouvernemental déployé pour amortir le choc de la pandémie. En outre, de nombreuses entreprises prévoient une reprise relativement rapide après un déclin passager des ventes, alors qu’elles prévoyaient une faiblesse persistante de la demande en 2007-2009.

Points saillants de l’EPE :

  • Les indicateurs avancés des ventes se sont écroulés. De nombreuses entreprises évoquent une incertitude élevée. Il reste qu’environ la moitié des entreprises prévoient que leurs ventes retourneront d’ici un an aux niveaux d’avant la pandémie.
  • Les entreprises de la plupart des régions et secteurs comptent réduire sensiblement leurs investissements. Les intentions d’embauche sont modérées, même si le quart des entreprises entendent rétablir certains postes après les mises à pied récentes.
  • Le nombre d’entreprises qui signalent des pressions sur la capacité de production et des pénuries de main-d’œuvre a fortement diminué. Voilà qui indique un accroissement substantiel de la marge de capacités inutilisées.
  • Les attentes en matière de progression des prix des intrants et des extrants ainsi qu’en matière d’inflation ont considérablement baissé.
  • Les conditions du crédit se sont nettement resserrées, mais les mesures gouvernementales ont un effet modérateur bienvenu.

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* Le bulletin Enquête sur les perspectives des entreprises contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque du Canada auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de cette enquête ont été recueillies par téléphone et par vidéoconférence entre le 12 mai et le 5 juin 2020.

Enquête de la Banque du Canada sur les attentes des consommateurs – T2 2020

Cette enquête a été réalisée entre le 11 mai et le 1er juin, pendant la pandémie. Les consommateurs craignaient surtout de perdre leur emploi. Nombreux sont ceux qui prévoyaient des difficultés à trouver un nouvel emploi. En outre, les attentes des consommateurs quant à l’augmentation des salaires ont baissé sensiblement.

Selon les résultats de l’enquête, les attentes des consommateurs quant aux taux d’intérêt ont baissé fortement, bien qu’ils s’attendent à une hausse modérée des taux à l’horizon de 1 an à 5 ans. En même temps, les attentes quant à la progression du prix moyen des maisons sont tombées à zéro pour l’ensemble du Canada. En Ontario, les répondants prévoient que le prix moyen des maisons augmentera de 1 % dans l’année à venir. En Colombie-Britannique, ils prévoient plutôt une baisse légère, de -0,30 %, et en Alberta, une baisse de -4,3 % (voir le graphique ci-dessous). Il faut noter que les prix du pétrole ont augmenté considérablement après que l’enquête a été terminée. Toutes ces prévisions sont nettement sous celles de l’étude du premier trimestre.

Toutes ces attentes sont bien en deçà de celles de la SCHL, selon laquelle le prix moyen des maisons au Canada baisserait de 9 à 18 % dans l’année à venir. 

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
2 Juil

Le PIB du Canada plonge en avril et remonte légèrement en mai

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

L’économie canadienne a plongé de 11,6 % en avril

Le confinement dû à la pandémie a plongé tous les secteurs de l’économie dans un coma artificiel. Il était donc évident que le premier mois complet de paralysie serait douloureux. Les estimations prévoyaient même une chute de l’activité économique de plus que les 11,6 % rapportés aujourd’hui par Statistique Canada (voir le graphique ci-dessous). La contraction d’avril fait suite à celle de 7,5 % en mars. L’ensemble des 20 secteurs d’activité de l’économie canadienne ont été déprimés, ce qui a entraîné la plus forte baisse mensuelle depuis le début de la série statistique en 1961.

Les secteurs des services ont baissé de 9,7 %, le commerce de détail et les transports étant les plus touchés. Pour les secteurs des biens, le recul est de 17 %. À la fin d’avril, l’économie se situait 18,2 % sous le niveau de février, le mois avant que les mesures liées à la COVID-19 soient prises.

Rien de tel ne s’était produit de notre vivant. Nous sommes en territoire inconnu, et le virus déterminera comment l’économie va évoluer. Les responsables des politiques du Canada ont agi judicieusement pour amortir le coup du confinement et de ses répercussions durables sur l’économie. Fait à noter, le Canada a vu le nombre de cas diminuer constamment grâce aux mesures de confinement imposées. En revanche, il y a eu une flambée désastreuse de cas de COVID dans une vingtaine d’États américains où l’économie a été rouverte prématurément et les mesures de santé publique ont été terriblement mal gérées. Il est toutefois crucial d’éviter de présumer que le pire est passé et de relâcher notre vigilance. L’Organisation mondiale de la santé a prévenu hier que le pire était en fait à venir. Au demeurant, on ignore encore quand un vaccin sera disponible, et le Canada reste exposé à une contamination véhiculée par des camionneurs américains et des voyageurs, et à une propagation du virus si nous retournons trop vite à la normale.

Les points saillants suivants se dégagent au sujet de la contraction économique d’avril :

  • Le transport aérien a chuté de 93,7 %, avec une baisse du volume des mouvements tant de biens que de passagers.
  • Les services d’hébergement et de restauration ont baissé de 42,4 % en avril, après avoir déjà reculé de 37,1 % en mars. Depuis février, le recul atteint non moins de 64 %.
  • L’immobilier a diminué de 3,5 % en avril, après un recul de 1,2 % en mars. Les activités des bureaux d’agents et de courtiers immobiliers ont chuté de 57,2 % en avril alors que l’activité de revente de maisons a cessé dans presque tous les grands centres urbains.
  • Les services personnels et les services de blanchissage (salons de coiffure, salons de beauté, salons funéraires, services de blanchissage, etc.) ont diminué de 39,3 %, tandis que les ménages privés (femmes de chambre, cuisiniers, jardiniers, etc.) ont reculé de plus du tiers.

Heureusement, Statistique Canada a affirmé aujourd’hui que selon les données provisoires, le PIB réel aurait augmenté d’environ 3,0 % en mai. La production dans plusieurs secteurs, y compris la fabrication, le commerce de détail, le commerce de gros et le secteur public (enseignement, soins de santé et administrations publiques), a augmenté en mai. Les activités ont commencé à reprendre graduellement par phases dans différentes régions du pays.

Les consommateurs soutiennent l’économie

Sur une note plus positive, les économistes de la Banque Royale ont affirmé hier que les dépenses personnelles ont connu une forte reprise depuis le début d’avril. C’est ce qu’indiquent les achats par carte de débit ou de crédit (voir le graphique ci-dessous). Le 16 juin, les volumes globaux de transactions étaient remontés à 2 % près aux niveaux d’un an plus tôt. La réouverture en cours au pays a stimulé les dépenses dans des magasins de vêtements et pour des services personnels tels que coiffure et massages. Selon les premières indications, le magasinage en ligne reste populaire malgré l’ouverture des magasins traditionnels.

La réouverture de l’économie, combinée au soutien du revenu fourni par le gouvernement fédéral, a stimulé la confiance des consommateurs et les dépenses. La Prestation canadienne d’urgence (PCU) donne 2000 $ par période de quatre semaines aux consommateurs admissibles qui ont cessé de travailler en raison de la COVID. Le premier ministre Trudeau a récemment annoncé une prolongation de la PCU, de 16 semaines à 20 semaines.

La confiance des consommateurs a grimpé neuf semaines de suite, selon l’Indice de confiance canadienne Bloomberg Nanos, une mesure composite hebdomadaire de la santé financière et des attentes économiques. L’indice est actuellement à 46 points, soit presque 10 de plus qu’au début de mai. Il s’approche graduellement du seuil de 50 points à partir duquel on considère que la situation est globalement positive.

Il reste qu’un problème imprévu est apparu, la PCU ayant un effet de désincitation au travail. Si un bénéficiaire gagne plus de 1000 $ par mois en travaillant, il perd la totalité du paiement de 2000 $. En outre, pour certains, la PCU rapporte davantage que ce qu’ils gagnaient au travail. Ils sont donc réticents à reprendre leur emploi lorsque leur entreprise relance son activité. Les restaurants, les commerces de détail, les services de nettoyage et les services non spécialisés ont d’autant plus de difficulté à récupérer leurs travailleurs. Il faudrait que le gouvernement commence à réduire le soutien financier direct, alors qu’il a au lieu prolongé les paiements jusqu’à la fin d’août.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca