22 Avr

La Banque du Canada maintient les taux, mais réduit ses achats d’obligations

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada réduit son rachat d’obligations

La Banque du Canada a annoncé aujourd’hui qu’elle maintient le taux cible du financement à un jour à sa valeur plancher de ¼ %La Banque rajuste aussi son programme d’achat d’actions : elle passera d’achats nets d’obligations du gouvernement du Canada pour 4 milliards de dollars par semaine à 3 milliards de dollars. Cet ajustement du montant qui s’ajoute, chaque semaine, pour stimuler l’économie tient compte des progrès en cours vers la reprise économique.

Enfin, la Banque semble maintenant estimer que la capacité excédentaire restant dans l’économie pourrait être pleinement absorbée d’ici le deuxième semestre de 2002 – plutôt que de 2003, et elle pourrait commencer à augmenter les taux d’intérêt à un jour avant la fin de l’année prochaine. La Banque a aussi indiqué que le moment précis où ces évolutions se produiront est cependant encore plus incertain que d’habitude, du fait de l’incertitude qui pèse sur la production potentielle et des conséquences très inégales de la pandémie.

La Banque du Canada croit maintenant que la croissance du premier trimestre au Canada est beaucoup plus vigoureuse qu’elle ne le prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) de janvier. C’est en partie dû au contexte plus favorable à l’échelle mondiale, surtout aux États-Unis. La reprise américaine est soutenue par une vaccination rapide et des mesures de relance budgétaire substantielles qui ont des retombées bénéfiques au Canada, puisqu’elles font augmenter la demande d’exportations et les prix des produits de base.

« Cependant, selon la Banque, le facteur le plus important qui explique la vigueur économique inattendue a été la résilience et la capacité d’adaptation des entreprises et des ménages canadiens. L’économie a beaucoup moins souffert des confinements durant la deuxième vague que pendant la première. Elle a rebondi rapidement, à mesure que les restrictions étaient allégées, et on a vu de solides gains sur le marché de l’emploi en février et en mars. La troisième vague porte un nouveau coup dur et on peut s’attendre à ce qu’une partie des emplois créés soient perdus. Toutefois, la tenue de l’économie ces derniers mois a renforcé notre confiance dans la robustesse fondamentale de la reprise.

« Comme la vaccination avance, nous nous attendons à une forte croissance tirée par la consommation durant la seconde moitié de l’année. Les mesures de relance budgétaire adoptées par les gouvernements fédéral et provinciaux contribueront aussi de manière importante à l’expansion. La croissance solide de la demande étrangère et les prix plus élevés des produits de base devraient provoquer un net rebond des exportations et des investissements des entreprises. Cela donnerait lieu à une reprise plus généralisée. Globalement, nous nous attendons maintenant à ce que l’économie croisse d’environ 6½ % cette année, pour ensuite ralentir et progresser d’à peu près 3¾ % en 2022 et 3¼ % en 2023.

« Au cours des prochains mois, l’inflation devrait monter temporairement autour de la limite supérieure de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation, qui va de 1 à 3 %. » Ce mouvement est largement attribuable à ce qui s’est produit dans l’année de référence : l’augmentation de l’IPC depuis un an est plus grande parce que les prix de certains biens et services avaient chuté au début de la pandémie. En outre, le renchérissement du pétrole depuis décembre a fait passer les prix de l’essence au‑dessus de leur niveau d’avant la pandémie. La Banque prévoit que l’inflation de l’IPC reviendra vers 2 % au deuxième trimestre de 2021, à mesure que les effets de l’année de référence s’atténuent, puis qu’elle baissera encore, en raison de la capacité excédentaire. Quand ces capacités excédentaires vont se résorber, au cours de la deuxième moitié de 2022, l’inflation devrait retourner à 2 % de manière durable.

La Banque du Canada doit calmer le jeu

Au début de la pandémie, la Banque du Canada a acheté des titres du gouvernement et ainsi fourni des liquidités pour assurer le bon fonctionnement du marché. À mesure que les conditions de liquidité s’amélioraient sur le marché des obligations du gouvernement du Canada, la détente monétaire est devenue le principal objectif des achats d’obligations par la banque centrale. Les achats d’obligations dans le cadre du programme d’assouplissement quantitatif continuent d’exercer des pressions à la baisse sur les taux d’emprunt, ce qui favorise l’activité économique. De plus, l’assouplissement quantitatif renforce la détente monétaire qui découle des indications prospectives de la Banque. La Banque s’est engagée à maintenir le taux directeur (le taux à un jour) à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires de l’économie se résorbent, pour que la cible d’inflation soit atteinte de manière durable.

La proportion de l’encours total de ces titres détenus par la Banque a augmenté et s’élève maintenant à environ 42 %. Depuis mars 2020, la Banque a acheté plus de 35 % de l’encours total des obligations d’État, soit un pourcentage plus élevé que d’autres banques centrales (voir le graphique ci-dessous). Le degré de détente monétaire qu’elle a procuré est donc exceptionnel, compte tenu de la taille du marché obligataire et de l’économie du pays. La Banque du Canada doit continuer de réduire ses achats pour qu’il y ait suffisamment de titres du gouvernement du Canada pour les investisseurs institutionnels de long terme – comme les compagnies d’assurance et les caisses de retraite – qui ont besoin de titres AAA pour compenser leur passif à long terme.

Évaluation du marché du logement par la Banque du Canada

Dans le RPM d’aujourd’hui, la Banque présente une évaluation des moteurs de la vigueur du marché canadien du logement.

  • La demande a été soutenue par un revenu disponible relativement élevé et la faiblesse des taux hypothécaires.
  • Les pertes d’emploi ont augmenté durant la pandémie, mais elles ont surtout concerné les travailleurs faiblement rémunérés, qui ont plus tendance à être locataires que propriétaires.
  • Le télétravail et le fait qu’on passe plus de temps chez soi ont contribué à renforcer la demande de maisons unifamiliales plus grandes et d’habitations situées dans les banlieues et les milieux ruraux.
  • Ce déplacement de la demande entraîne notamment une hausse de la construction de logements neufs dans les régions où il y a moins de contraintes d’offre, comme une disponibilité limitée des terrains.
  • Au cours de la dernière année, le rythme de la construction a été freiné par les mesures de confinement ainsi que les pénuries de matériaux et de travailleurs qualifiés. Ces facteurs exercent aussi des pressions à la hausse sur les coûts de construction.
  • Certains vendeurs potentiels ont été réticents à faire visiter leur habitation en raison de la pandémie.
  • Au fil du temps, l’offre devrait s’ajuster. Un grand nombre de permis de construire ont été délivrés, une part croissante visant des maisons unifamiliales. Les mises en chantier ont aussi enregistré une forte hausse depuis quelques mois, notamment dans les milieux ruraux.

La Banque continue de redouter que des prévisions extrapolatives mènent à surchauffe des prix et de l’activité spéculative (voir le graphique ci-dessous). Elle a bien accueilli les changements à la ligne directrice B-20 proposés par le Bureau du surintendant des institutions financières pour aider à réduire ces risques.

En somme

L’annonce de la Banque du Canada était importante, signalant un virage dans sa réflexion. Le pire de la pandémie est passé, l’économie a été remarquablement résiliente, et la Banque peut maintenant voir la lumière au bout du tunnel. La sortie du tunnel est maintenant prévue au deuxième trimestre de 2022 plutôt que de 2023. Même si le taux directeur restera à sa valeur plancher effective d’ici là, la banque centrale a déjà commencé à réduire ses achats d’obligations du gouvernement du Canada.

En partie, l’optimisme de la Banque reflète la vigueur comparative de l’économie américaine, qui devance nettement le Canada en matière de vaccination*. Les exportations canadiennes en profitent largement. Les mesures de stimulation du budget fédéral de cette semaine apportent aussi de l’air à l’économie. Même si, selon les estimations, 425 000 personnes sont encore sous-employées et même si les mesures face à la troisième vague ainsi que la progression de la vaccination sont imprévisibles, la Banque est plus convaincue qu’elle ne l’a été depuis 13 mois que nous arriverons au plein emploi d’ici la fin de l’année prochaine.

*Au 20 avril, presque 25 % de la population américaine avait été pleinement vaccinée, et 39 % avait reçu au moins une dose. En comparaison, à la même date, seulement 2,5 % de la population était pleinement vaccinée, et 25,4 % avait reçu une dose. 

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
21 Avr

Trudeau ouvre les robinets : dépenses sociales, soutien du revenu, économie verte

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Publié par: Robert Perrier

Le premier budget de Chrystia Freeland est conforme aux attentes

Le premier budget fédéral en plus de deux ans prolonge de quelques mois le secours apporté aux travailleurs et aux entreprises en difficulté face à la COVID-19, en attendant que le Canada échappe pour de bon à la pandémie. Le document budgétaire faisant non moins de 864 pages établit dans le détail la politique du Canada pour l’après-pandémie.

Le plan budgétaire, le premier de la ministre des Finances Chrystia Freeland, est largement perçu comme un programme préélectoral. Il annonce plus de 100 milliards de dollars de nouvelles dépenses sur trois ans, à l’intention d’un large éventail d’électeurs – depuis les aînés et leurs soignants jusqu’aux parents et aux propriétaires d’entreprises.

Le gouvernement devra obtenir l’appui d’au moins un parti de l’opposition pour éviter une élection ce printemps en pleine pandémie. Ce ne sera sans doute pas un problème, puisqu’une bonne part des « investissements » redistributifs et des dépenses sociales sont tout à fait dans les cordes du Nouveau Parti démocratique.

La dette nette du Canada dépasse maintenant pour la première fois les 1000 milliards de dollars, après un déficit de 354 milliards pour l’année de pandémie qui vient de s’achever. Elle augmentera encore, avec des déficits de 155 milliards cette année et de 60 milliards en 2022-2023.

Ces projections s’expliquent en partie par les plus de 100 milliards de dollars de nouvelles dépenses sur trois ans. En font partie les fonds nécessaires au maintien des subventions pour les salaires et pour les loyers ainsi que de l’aide aux travailleurs mis à pied, maintenant prolongées jusqu’en septembre au lieu de prendre fin en juin.

La ministre Freeland prépare aussi le Canada d’après la pandémie tel que les libéraux le conçoivent : avec des services de garderie à 10 $ par jour, la capacité de produire ses propres vaccins, des normes nationales sur les soins de longue durée et des petites et moyennes entreprises dotées des travailleurs et de la technologie dont elles ont besoin pour survivre.

La vision comprend aussi un pays plus écologique et plus propre, avec plus de 17 milliards de dollars pour des programmes face aux changements climatiques. Une bonne part prendra la forme de mesures incitatives pour encourager l’industrie lourde à réduire ses émissions et pour développer le secteur canadien des technologies propres.

Il reste que tout pourrait encore changer au gré de la pandémie, si l’approvisionnement en vaccins ne suit pas ou si les vaccins s’avèrent moins efficaces pour les nouveaux variants du virus. Le budget indique quelles seraient les répercussions si les pires scénarios de pandémie se matérialisaient.
Les risques paraissent d’autant plus réels à l’heure où le pays est aux prises avec la pire vague de la pandémie jusqu’à présent, les hospitalisations et le nombre de patients aux soins intensifs atteignent des records, et médecins comme infirmières préviennent que le système de soins de santé est au bord du gouffre.

Le ratio de la dette au PIB augmentera encore, jusqu’à 51,2 % contre 49,0 % en 2020-2021 et un peu plus de 31 % avant la pandémie. Cependant, il devrait plafonner cette année, puis descendre sous les 50 % d’ici 2025-2026.

De l’aide pour les étudiants et les travailleurs à faible revenu

Le budget vise à créer 500 000 possibilités de formation et d’emploi. Il affecte 2,4 milliards de dollars sur trois ans pour le développement des compétences et les métiers, dont environ 40 % pour la formation dans des secteurs allant des soins de santé à la construction.

Il ajoute 8,9 milliards de dollars pour bonifier l’Allocation canadienne pour les travailleurs afin d’améliorer la situation des travailleurs à faible revenu : le seuil de revenu auquel les prestations commencent à baisser sera rehaussé.

Par ailleurs, le salaire minimum fédéral est augmenté à 15 $ l’heure, 300 millions de dollars sont affectés à des programmes pour l’entrepreneuriat des communautés noires, des femmes et d’autres groupes sous-représentés. Il y a aussi un renouvellement de la volonté de protéger les travailleurs à la demande au moyen de modifications promises au Code canadien du travail.

Environ 300 000 Canadiens qui avaient un emploi avant la pandémie sont encore sans emploi.

De l’aide pour les petites entreprises, le secteur du tourisme et les arts

Le gouvernement a annoncé un prolongement de la Subvention d’urgence du Canada pour le loyer (SUCL) et de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) au-delà de leur échéance actuelle du 5 juin, en précisant toutefois qu’il entend y mettre fin graduellement d’ici la fin de septembre. Le gouvernement a aussi annoncé un nouveau crédit à l’embauche et des programmes d’aide pour les secteurs durement touchés du tourisme et des arts. Les entreprises qui touchent la SSUC devront la rembourser si leurs cadres gagnent davantage en 2021 qu’ils ne le faisaient avant la pandémie. D’aucuns affirment que cette dernière mesure aurait dû être prévue dès que la subvention est entrée en vigueur à la mi-2020.

Le secteur du tourisme, qui a particulièrement souffert, obtient aussi 500 millions de dollars dans un fonds d’aide au tourisme qui sera administré par les agences de développement régional. Le fonds aidera les entreprises locales à se relever de la récession provoquée par la COVID. Il y aura en plus 100 millions de dollars pour une campagne de marketing encourageant les Canadiens à visiter des destinations de vacances au pays – même si elles affichent déjà complet pour le reste de l’année.

Le budget annonce encore 200 millions de dollars de dépenses à l’appui de grands festivals artistiques et culturels, par l’entremise des agences de développement régional.

Le gouvernement Trudeau fait le pari que les mesures augmenteront la productivité et s’autofinanceront

Le budget du gouvernement estime que ses dépenses créeront ou préserveront quelque 330 000 emplois l’an prochain et ajouteront environ deux points de pourcentage à la croissance économique, dans le cadre de la stimulation produite par les nouvelles dépenses de 101,4 milliards de dollars sur trois ans.

La plus grande part en est les presque 30 milliards de dollars, sur cinq ans, devant faire baisser les frais de garderies de qualité jusqu’à 10 $ par jour d’ici 2026. Ces fonds s’ajoutent aux dépenses déjà prévues pour les garderies. Il y a toutefois le problème que le plan exige l’adhésion des provinces, les dépenses devant être partagées à parts égales. Cette condition pourrait causer des retards.

Des fonds supplémentaires sont aussi prévus pour l’infrastructure à large bande, et il y a 7 milliards de dollars en fonds, en financement et en conseils pour aider les entreprises à adopter et développer de nouvelles technologies afin de réduire le retard du pays en matière de productivité.

Ottawa tente d’accélérer la reprise de l’emploi avec un nouveau programme compensant une partie des frais de main-d’œuvre des employeurs. Le programme d’embauche pour la relance économique du Canada irait du 6 juin au 20 novembre et couvrirait jusqu’à 50 % des coûts supplémentaires découlant d’une augmentation des salaires ou des heures travaillées ou de l’embauche d’un plus grand nombre d’employés. Le coût estimé du programme est de 595 millions de dollars.

Le marché du travail s’est en grand partie rétabli de la pandémie. Le nombre de Canadiens en emploi est en baisse d’environ 300 000, soit 1,5 %, par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. Aujourd’hui, le recul est surtout confiné dans quelques secteurs – comme le secteur hôtelier – dont les activités sont limitées en raison des mesures de santé publique. En même temps, l’emploi a augmenté dans de nombreux secteurs de cols blancs.

Logement et immobilier

Comme dans des budgets précédents, le gouvernement fédéral a proposé une série de mesures sur le logement. Ce n’est toutefois sans doute pas assez pour calmer l’activité et la spéculation de la dernière année.

Le Canada imposera une taxe de 1 % sur la valeur de biens immobiliers appartenant à des étrangers si la propriété est vacante, à partir de 2022. La Colombie-Britannique et l’Ontario imposent déjà une taxe aux acheteurs étrangers. La mesure devrait rapporter 700 millions de dollars de recettes sur quatre ans, à partir de 2022-2023.

Le budget propose aussi d’affecter 2,5 milliards de dollars de plus à la SCHL pour diverses initiatives, y compris la construction d’unités de logement abordable, et de réaffecter 1,3 milliard de dollars pour des initiatives comme la transformation d’immeubles de bureaux inoccupés en logements.

Pour autant, le budget est tout aussi remarquable pour ce qui ne s’y trouve pas : de nouvelles mesures visant directement à calmer le marché immobilier.

Des mesures pour les aînés, l’économie verte, la réduction de l’évasion fiscale, une taxe de luxe sur les yachts, les voitures de luxe…

Si tout va bien, et si la pandémie est essentiellement chose du passé d’ici septembre, le gouvernement prévoit une forte baisse des déficits et de la dette sur un horizon de cinq ans.

  • En tant que part de l’économie, la situation est à peu près où elle en était en novembre, avec des déficits annuels d’en moyenne 5,8 % du PIB sur cinq ans, contre 5,7 %.
  • L’émission d’obligations baissera en 2021, à 286 millions de dollars, contre 374 millions de dollars au cours de l’exercice précédent. Le gouvernement entend émettre plus de 40 % de ses obligations avec des échéances de 10 ans ou plus, contre 15 % avant la pandémie. Il rouvrira les obligations à échéance de 50 ans.
  • Le gouvernement s’engage à réduire la dette fédérale en part de l’économie « à moyen terme », ce qui constitue sa cible budgétaire.
  • Le Canada prévoit mettre en place une taxe sur les services numériques de 3 % des revenus, pour les géants de la technologie. Elle s’appliquerait à compter du 1er janvier 2022, « jusqu’à ce qu’une approche multilatérale acceptable la remplace ». Il est estimé que cette taxe produirait 3,4 milliards de dollars en recettes sur cinq ans.

En somme

Il n’y a pas de plan pour équilibrer le budget, mais les observateurs attendaient de voir si Ottawa allait s’engager à respecter une cible budgétaire précise. Aucun chiffre précis n’a été mentionné, mais le budget précise que : « Le gouvernement est déterminé à combler les déficits liés à la COVID-19 et à réduire la dette fédérale en tant que part de l’économie à moyen terme. » Si l’économie se rétablit plus ou moins selon les prévisions faisant consensus et que les coûts d’emprunt ne grimpent pas radicalement, cet énoncé indique que la cible serait d’un ratio dette/PIB de 50 %. Quant au déficit, ce serait un retour au niveau d’avant la pandémie d’environ 1 % du PIB (ou environ 30 milliards de dollars plus tard dans la décennie). En un sens donc, la pandémie a été « payée » par une majoration ponctuelle du ratio dette/PIB, de 30 % à 50 %.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
19 Avr

La revente de maisons atteint un nouveau record en mars alors que les nouvelles inscriptions grimpent à des niveaux inédits

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Publié par: Robert Perrier

Pourquoi tant de questionnements sur les politiques?

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), un nouveau record absolu a été fixé pour la revente de maisons au Canada en mars. Fait plus remarquable encore, les nouvelles inscriptions ont atteint le plus haut niveau de tous les temps, en données désaisonnalisées, en mars. Les prix ont continué de monter, les nouvelles inscriptions n’étant finalement que peu de choses au regard des ventes.

Le nombre de maisons vendues à l’échelle nationale a augmenté de 5,2 %, en données désaisonnalisées. L’activité réelle (non désaisonnalisée) était en hausse de 76,2 % d’une année à l’autre. Les 76 259 maisons vendues représentent 14 000 de plus que le précédent record mensuel, établi en juillet dernier. Le nombre de nouvelles inscriptions a bondi de 7,5 % de février à mars. Les prix de référence des maisons ont augmenté de 3,1 % par rapport au mois précédent et de 20,1 % par rapport à un an plus tôt.

La hausse des ventes résidentielles nationales de février à mars est généralisée et principalement attribuable aux marchés où les nouvelles inscriptions ont augmenté. En mars, les hausses les plus importantes ont été enregistrées dans le Grand Vancouver, à Calgary, à Edmonton, à Hamilton-Burlington et à Ottawa.

« Avec autant de propriétés achetées et vendues en un mois, il n’est pas étonnant que certains parlent de croissance soutenue, et c’est peut-être le cas, en un sens, affirme Cliff Stevenson, président de l’ACI. Mais ce n’est pas la vigueur du marché de l’habitation le problème : c’est son déséquilibre. Dans la majeure partie du Canada, même si la demande est manifeste depuis des mois, l’offre demeure plutôt restreinte, ce qui pousse les prix vers le haut. Bref, l’important regain de nouvelles inscriptions observé en ce début de printemps est la soupape qui permettra à la demande de stimuler davantage les ventes que les prix. Le nombre de nouvelles inscriptions devra rester élevé pendant plusieurs mois, mais il semble que le marché soit enfin prêt à se stabiliser. C’est une bonne nouvelle pour les acheteurs contrariés… »

« Nous avons beaucoup parlé de demande comprimée au cours de la dernière année, mais je pense que le moment est venu de parler d’offre comprimée, pour répondre à la question de l’heure, déclare Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. L’année 2020 a mis en lumière l’importance de la propriété. Avec le recul, il n’est pas surprenant qu’autant de gens aient voulu s’en procurer une pour traverser la pandémie, ou conserver la leur pour la même raison. Il est donc logique qu’à mesure que nous approchons du fil d’arrivée, ou du moins d’un fil d’arrivée, les propriétaires peu disposés à vendre en pleine pandémie se manifestent, et qu’en contrepartie les acheteurs pressés se fassent plus rares. Seul le temps nous le dira, mais mars ne laisse en rien présager le contraire. Cela dit, la troisième vague de la COVID-19 pourrait faire dérailler la reprise de l’offre ce printemps. »

Nouvelles inscriptions

En mars, le nombre de propriétés nouvellement inscrites a grimpé de 7,5 %, établissant ainsi un nouveau record. Cette évolution s’ajoutant à l’important rebond de février, l’offre a augmenté de plus de 25 % au cours des deux derniers mois.

L’augmentation de l’offre ayant dépassé la hausse des ventes récente, le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé à 80,5 % en mars, comparativement au sommet de 90,9 % atteint en janvier. La moyenne à long terme de ce ratio est de 54,4 %, donc le niveau actuel reste très élevé. Toutefois, il semble enfin évoluer dans la bonne direction.

Si l’on compare le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et les moyennes à long terme, on constate que moins de 20 % de l’ensemble des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en mars. Le reste des marchés, soit plus de 80 %, se situaient au-delà des normes à long terme et, dans bien des cas, bien au-dessus. On a observé durant les trois premiers mois de 2021 et la deuxième moitié de 2020 un nombre record de marchés favorables aux propriétaires-vendeurs. Notons que le record établi avant la COVID-19, soit seulement environ 55 % des marchés qui étaient favorables aux propriétaires-vendeurs, datait du début de 2002.

Le nombre de mois d’inventaire est une autre mesure importante de l’équilibre entre l’offre et la demande. Il représente le temps qu’il faudrait pour vendre toutes les propriétés de l’inventaire au taux de vente actuel. On comptait seulement 1,7 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mars 2021, soit le niveau le plus bas jamais enregistré. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois.

Prix des maisons
L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a grimpé de 3,1 % d’un mois à l’autre en mars 2021, une hausse similaire mais légèrement inférieure à la hausse record de février.

Même si la hausse des prix demeure la plus forte dans le secteur des maisons unifamiliales, elle a ralenti en mars contrairement à celle des secteurs des maisons en rangée et des appartements, plus abordables. Sur les 41 marchés que mesure actuellement l’Indice, tous sauf un ont connu une hausse mensuelle.

L’IPP MLS® global et composé (non désaisonnalisé) a affiché une hausse de 20,1 % d’une année à l’autre en mars. Selon les données recueillies depuis 2005, cette hausse d’une année à l’autre bat le record de 18,6 % établi en avril 2017.

Les marchés de l’Ontario continuent d’enregistrer les plus fortes hausses d’une année à l’autre, suivis par ceux de la Colombie-Britannique, du Québec et du Nouveau-Brunswick, puis par ceux des provinces des Prairies et de Terre-Neuve-et-Labrador, avec des hausses inférieures à 10 %.

Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en mars 2021 a atteint un niveau record de 716 828 $, soit une hausse de 31,6 % comparativement au même mois l’an dernier. Cela dit, il faut noter que la plus forte hausse de nouvelles inscriptions et donc de ventes en mars a eu lieu dans le Grand Vancouver, atteignant même un sommet en près de quatre ans dans ce secteur du marché canadien.

Le tableau ci-dessous indique l’évolution des prix région par région.

En somme

Le marché connaît une vigueur soutenue alors que fait rage un débat au Canada quant à l’apparition d’une bulle immobilière et quant aux politiques qu’il faudrait adopter en conséquence. La semaine passée, l’organisme de réglementation des banques du Canada, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), a indiqué qu’il envisageait la possibilité d’adopter un nouveau taux d’intérêt de référence minimum plus élevé, de 5,25 %, pour déterminer l’admissibilité à un prêt hypothécaire non assuré. Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau a quant à lui annoncé qu’il envisageait d’imposer une taxe sur l’achat de maisons par des non-résidents du Canada. Certains économistes ont soutenu que ces mesures ne suffiraient pas, même si l’augmentation de l’offre constatée en mars a un peu atténué les préoccupations.

L’explication la plus simple de la vigueur exceptionnelle du marché immobilier est la baisse radicale des taux hypothécaires découlant de l’assouplissement de la politique monétaire de la Banque du Canada, en mars 2020, au début de la pandémie. La décision de la banque centrale a accompli précisément ce qu’elle visait, bien que cela puisse aujourd’hui paraître contre-productif. Tenter maintenant d’entraver ou modérer la demande par une multitude de nouvelles règles complexes non seulement serait inefficace, mais risquerait d’entraîner des conséquences inattendues.

La chute des taux hypothécaires à des niveaux inédits a augmenté le pouvoir d’achat des ménages. En outre, nombreux sont ceux qui ont pu acheter plus loin des villes avec leurs prix plus élevés, ce qui a encore réduit le fardeau financier que représente l’achat d’une maison. Cela s’est vu partout au Canada, mais aussi dans de nombreux autres pays. L’inflation des prix immobiliers a été d’autant plus grande en s’éloignant des centres-villes.

Je suis du même avis que Beata Caranci, PVP et économiste en chef de la Banque TD, qui a fait remarquer que le Canada a déjà un certain nombre de leviers de sécurité en place face aux risques financiers des ménages. De fait, le Fonds monétaire international estimait en janvier 2020 que la « politique macroprudentielle » du Canada était globalement adéquate et relativement ferme, avec six rondes de resserrement des règles de l’assurance hypothécaire par le ministère des Finances. Au fil des ans, les provinces et les villes ont aussi adopté des mesures pour dissuader la spéculation, en taxant les propriétés inoccupées ou en augmentant les droits de cession immobilière.

Les acheteurs ne sont pas irrationnels quand ils s’inquiètent de ne plus pouvoir payer le prix d’une maison. Depuis 30 ans, même si on a beaucoup parlé de bulles immobilières dans des villes comme Vancouver et Toronto, l’immobilier résidentiel a été un excellent investissement, bien moins volatil que d’autres façons de placer des fonds. La politique du Canada en matière d’immigration y a contribué, menant à la plus forte augmentation de la population parmi les pays du G7. Les impôts fonciers et les droits de cession immobilière sont déjà parmi les plus élevés au monde, et ni les paiements hypothécaires ni les impôts fonciers ne sont déductibles du revenu imposable, comme ils le sont aux États-Unis.

La plus grande part de la nouvelle offre sur le marché se situe dans le secteur des immeubles à logements multiples. La pandémie a mis en valeur la maison unifamiliale, comme le démontre la montée des prix de telles maisons qui restaient abordables dans les marchés jusque-là peu prisés, loin des grandes villes. Pourquoi les ménages à deux revenus d’aujourd’hui n’aspireraient-ils pas aux mêmes rêves immobiliers que leurs parents ont réalisés? Même après le boom actuel de l’immobilier, qui se calmera certainement lorsque la pandémie prendra fin et que les taux d’intérêt retrouveront des niveaux plus normaux, les taux de défaillance sur les prêts hypothécaires resteront faibles. Les garde-fous mis en place par la série de mesures prises depuis 2016 – réduction de l’amortissement, augmentation de la mise de fonds minimum, resserrement des critères d’admissibilité à un prêt hypothécaire – garantissent pratiquement que dans la forte reprise économique après la pandémie, les risques de crédit sont déjà suffisamment faibles.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
12 Avr

Progression fulgurante de l’emploi au Canada en mars

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Publié par: Robert Perrier

Progression fulgurante de l’emploi au Canada en mars

Selon les résultats de l’Enquête sur la population active de mars 2021, qui viennent d’être publiés par Statistique Canada, l’emploi a augmenté beaucoup plus que prévu pour un deuxième mois consécutif. L’augmentation pourrait dépasser les 5,5 % pour le premier trimestre. L’enquête révèle les conditions du marché du travail la semaine du 14 au 20 mars, quand les restrictions sanitaires étaient moins contraignantes que le mois précédent dans plusieurs provinces.

L’emploi a bondi de 303 100 en mars, après le gain de 259 200 en février. Le taux de chômage a chuté à 7,5 %, le plus bas niveau depuis avant la pandémie. Cependant, il reste que de nombreux travailleurs découragés ne cherchent plus activement un emploi alors qu’ils préféreraient en avoir. Souvent, ce sont des mères qui ne peuvent pas payer ou trouver des services de garde de qualité ou qui doivent aider les enfants faisant l’école à distance.

Le taux d’emploi – le pourcentage de la population âgée de 15 ans et plus qui est en emploi – a augmenté de 0,9 point de pourcentage pour atteindre 60,3 %, ce qui reste 1,5 point de pourcentage sous le taux de février 2020.

Les hausses de l’emploi observées en mars sont réparties dans la plupart des provinces, les augmentations les plus marquées ayant été enregistrées en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique et au Québec. Une bonne part de la croissance de l’emploi est attribuable à la reprise soutenue observée dans les secteurs – comme le commerce de détail et les services d’hébergement et de restauration – où l’emploi avait chuté en janvier en raison des restrictions de santé publique. Les augmentations de l’emploi enregistrées dans les soins de santé et l’assistance sociale, dans les services d’enseignement ainsi que dans la construction ont aussi contribué à la croissance nationale en mars.

La pandémie de COVID-19 continue d’avoir des répercussions sur le marché du travail. Comparativement à février 2020, on comptait 296 000 (-1,5 %) personnes en emploi de moins en mars 2021, et 247 000 (+30,4 %) personnes de plus ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles. Le nombre de travailleurs touchés par la crise économique liée à la COVID-19 a atteint un sommet de 5,5 millions en avril 2020. Il y a eu une baisse de l’emploi de 3,0 millions ainsi qu’une augmentation de 2,5 millions des absences du travail en raison de la COVID-19.

Parmi les travailleurs qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles en mars, le nombre de personnes qui ont travaillé à un endroit autre que leur domicile a progressé d’environ 600 000 pour un deuxième mois consécutif. Cette hausse coïncide avec l’assouplissement des restrictions de santé publique dans l’ensemble du pays.

Bien que le nombre de Canadiens travaillant à partir de leur domicile ait reculé de 200 000 en mars, le travail à domicile demeure une importante mesure d’adaptation en réponse à la pandémie de COVID-19. Parmi les 5,0 millions de Canadiens travaillant à domicile en mars 2021, plus de la moitié (2,9 millions) le faisait sur une base temporaire en réponse à la COVID-19.

Le total des heures travaillées a augmenté de 2,0 % en mars, en raison des hausses enregistrées dans plusieurs secteurs, y compris les services d’enseignement, le commerce de détail et la construction. Cette croissance, poursuivant la constante tendance à la hausse observée depuis avril 2020, a porté le total des heures travaillées à 1,2 % près du niveau de février 2020. Les heures travaillées par les travailleurs autonomes ont continué d’être bien inférieures (-7,7 %) aux niveaux de février 2020, tandis que les heures travaillées par les employés sont revenues aux niveaux prépandémiques.

Le taux de chômage diminue pour s’établir à son plus bas niveau depuis le début de la pandémie.

Le taux de chômage a reculé pour un deuxième mois consécutif, en baisse de 0,7 point de pourcentage pour s’établir à 7,5 % en mars, ce qui représente le taux le plus faible depuis février 2020. Cela rend compte de la forte croissance de l’emploi, qui a dépassé le nombre de personnes entrant sur le marché du travail.

Le nombre de chômeurs a diminué de 148 000 (-8,9 %) en mars, et la majorité (59,0 %) des personnes qui sont sorties du chômage ont commencé un emploi. Malgré les fortes diminutions observées en février et en mars, le nombre de chômeurs était de 1,5 million, soit 371 000 (+32,4 %) de plus qu’en février 2020.

Le nombre de chômeurs de longue durée – les personnes qui cherchent du travail ou qui ont été mises à pied temporairement depuis 27 semaines ou plus – est demeuré stable en mars. On comptait 286 000 (+159,5 %) chômeurs de longue durée de plus qu’en février 2020. Ces personnes pourraient être touchées de façon irréversible par la pandémie, et il pourrait leur être utile de recevoir de la formation professionnelle.

En somme

Le rapport sur l’emploi de vendredi a créé une bonne surprise, mais il reste des raisons de s’inquiéter. La reprise est inégale, et le confinement pour la troisième vague touche durement l’économie. Comme le virus devient plus contagieux et mortel, la reprise économique reste fragile, d’autant que la vaccination progresse très lentement. Ainsi, ce nouveau rapport sur l’emploi revêt une importance réduite pour la Banque du Canada, même s’il est l’ultime rapport avant que la banque centrale ne rajuste sa politique en avril. La Banque du Canada tiendra sans doute compte du risque croissant que pose la contagion pour la reprise économique.

Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau présentera son budget 2021 le 19 avril, et il a déjà promis de nouvelles dépenses. La Banque du Canada révisera sa politique le 21 avril. Elle maintiendra le taux à un jour à 25 points de base, et elle évitera de réduire l’assouplissement quantitatif.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
9 Avr

Le BSIF envisage de fixer un taux admissible minimal de 5,25 % pour les prêts hypothécaires non assurés

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Publié par: Robert Perrier

L’organisme de réglementation des banques vise à ce qu’il soit plus difficile d’obtenir un prêt hypothécaire non assuré

Des PDG des cinq grandes banques ont prôné des mesures réglementaires pour calmer le marché surchauffé de l’immobilier, et le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) – qui régit les institutions sous réglementation fédérale – n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué diffusé aujourd’hui, le BSIF propose d’augmenter le taux admissible applicable aux prêts hypothécaires non assurés au plus élevé entre le taux hypothécaire contractuel majoré de 200 points de base, et un taux plancher établi à 5,25 %.

Selon les taux affichés des six plus grands prêteurs au pays, le seuil actuel est de 4,79 %. Avant la pandémie, le taux affiché était généralement considéré comme étant trop élevé par rapport aux taux contractuels, sensiblement inférieurs. Les six plus grands prêteurs canadiens relevant de la compétence du BSIF fixent le taux affiché chaque semaine en soumettant à la Banque du Canada le « taux des hypothèques ordinaires, sur 5 ans ». Or, ce taux s’est de plus en plus détaché des taux contractuels consentis.

Encore une fois, le BSIF se montre attentionné à l’égard de l’oligopole banquier du Canada. On peut noter que les taux de délinquance sur les prêts hypothécaires des banques canadiennes sont très bas – aussi bien en termes historiques qu’en comparaison des institutions financières ailleurs au monde. Le BSIF a justifié sa proposition au titre de « l’importance des saines pratiques de souscription hypothécaire ».

Dans son communiqué, le BSIF soutient que « le taux admissible minimal offre une marge de sécurité supplémentaire qui garantit que les emprunteurs auront la capacité d’effectuer leurs versements hypothécaires si la situation devait évoluer (p. ex., en cas de diminution du revenu ou d’augmentation des taux d’intérêt). Les prêts hypothécaires représentant l’exposition la plus importante pour la majorité des banques, le fait de veiller à ce que les emprunteurs soient en mesure de rembourser leurs prêts contribue largement au maintien de la sûreté et de la solidité du système financier canadien. »

La période des commentaires prend fin le 7 mai. Le BSIF a indiqué qu’il communiquerait la version révisée de la ligne directrice B-20 d’ici le 24 mai 2021, et qu’elle entrerait en vigueur le 1er juin 2021.

Voilà qui garantit pratiquement que le boom actuel d’achat de maisons continuera de s’accélérer au printemps – les emprunteurs étant incités à agir avant l’échéance du 1er juin. Le BSIF déclenchera une surchauffe supplémentaire du marché immobilier, la demande étant devancée comme elle avait été avant la date d’entrée en vigueur de l’actuelle ligne directrice B-20, le 1er janvier 2018.

Les prêteurs qui ne sont pas assujettis à la réglementation fédérale – comme les caisses populaires, les prêteurs spécialisés et les prêteurs privés – ne sont pas touchés, non plus, dans l’immédiat, que les emprunteurs hypothécaires assurés.

Le gouvernement fédéral est responsable de l’admissibilité pour les prêts hypothécaires assurés. La SCHL et le ministère des Finances pourraient suivre l’exemple du BSIF et resserrer les règles sur l’admissibilité pour les prêts assurés.

En somme

On se rappellera que le 24 janvier 2020, le BSIF avait indiqué qu’il reconsidérait le taux de référence (ou taux plancher) utilisé pour l’admissibilité à un prêt hypothécaire non assuré. À l’époque, l’écart croissant entre le taux hypothécaire affiché et le taux contractuel était excessif, et d’aucuns pensaient que le BSIF et la Banque du Canada allaient publier chaque semaine un taux hypothécaire reflétant mieux les taux contractuels. Le nouveau taux admissible serait le taux hypothécaire contractuel, plus 200 points de base. La consultation à ce sujet avait été suspendue le 13 mars 2020, en raison des difficultés posées par la pandémie de COVID-19.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca