28 Oct

Décision énergique de la Banque du Canada

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada réagit à la hausse de l’inflation : fin de l’assouplissement quantitatif et devancement d’une augmentation de taux

La Banque du Canada a surpris les marchés aujourd’hui en adoptant une attitude plus énergique sur l’inflation et l’économie. La Banque a publié son très attendu Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’octobre, contenant les messages clés suivants :

  • L’économie canadienne a accéléré vivement au deuxième semestre.
  • Les marchés du travail se sont améliorés, surtout dans les secteurs où la distanciation est difficile. Même s’il reste des capacités excédentaires, de nombreuses entreprises ne parviennent pas à trouver les travailleurs qu’il leur faut assez rapidement pour satisfaire à la demande.
  • Les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales se sont aggravées et limitent la production de certains biens, entraînant une hausse des coûts et des prix.
  • L’écart de production serait moindre que ce qui était projeté en juillet. La Banque prévoit maintenant que la capacité excédentaire sera absorbée d’ici le deuxième ou le troisième trimestre de l’année prochaine, un trimestre plus tôt qu’elle ne le pensait précédemment.
  • Étant donné les contraintes persistantes de l’offre et la hausse des prix de l’énergie, la Banque anticipe que l’inflation restera au-dessus de la fourchette cible plus longtemps que prévu avant de revenir près de 2 % vers la fin de 2022.
  • La Banque juge que les risques entourant la présente projection de l’inflation sont relativement équilibrés.

Compte tenu de ses prévisions révisées, la Banque a annoncé qu’elle met fin à l’assouplissement quantitatif et amorce la phase de réinvestissement, durant laquelle elle achètera des obligations du gouvernement du Canada uniquement pour remplacer celles qui viennent à échéance. La Banque est maintenant propriétaire d’environ 45 % des obligations du gouvernement du Canada en circulation.

La Banque a annoncé aujourd’hui qu’elle maintient le taux cible du financement à un jour à sa valeur plancher de ¼ %. Voilà qui est conforme aux attentes, mais la Banque a revu ses indications prospectives. Elle a devancé le moment envisagé de la première hausse du taux à un jour, qui se ferait dans les trimestres du milieu – entre avril et septembre – plutôt qu’au second semestre de 2022.

Les négociants en obligations canadiens avaient déjà fait le pari qu’une augmentation du taux surviendrait au premier ou au deuxième trimestre. Malgré tout, les rendements obligataires étaient en hausse à 10 h aujourd’hui quand la Banque a annoncé sa décision (voir le graphique ci-dessous).
En somme

Depuis la dernière réunion de la Banque au début de septembre, le rendement des obligations du gouvernement du Canada à cinq ans a grimpé de 60 points de base, passant de 0,80 % à 1,40 %. C’est une augmentation impressionnante de 75 %. Il y a un an, le rendement des obligations à cinq ans était d’à peine 0,37 %.

La Banque croit que la montée de l’inflation est transitoire, mais cela ne signifie pas qu’elle sera brève. L’inflation annuelle mesurée par l’IPC se situait à environ 4,4 % en septembre et devrait augmenter pour avoisiner 4,75 % en moyenne jusqu’à la fin de l’année. Le gouverneur Macklem croit maintenant que l’inflation restera au-delà de la plage cible de la Banque – qui est de 1 à 3 % – jusque vers la fin de l’année prochaine.

Il y a par ailleurs une grande incertitude au sujet de l’ampleur de la capacité excédentaire dans l’économie. Il est toujours difficile de la mesurer, surtout aujourd’hui que le chômage reste élevé, soit 6,9 %, alors que des secteurs comme la restauration et le commerce de détail font face à des pénuries de main-d’œuvre. Des changements structurels sont en cours dans la population active. De nombreux anciens travailleurs de la restauration ont changé de cap ou sont réticents à reprendre des emplois assortis de risques de contagion et de mauvaises conditions de travail. Il y a eu une forte augmentation de retraites anticipées pendant la pandémie, en même temps qu’un manque de nouveaux immigrants.

En ce qui concerne le secteur de l’habitation, le RPM fait le point comme suit : « L’activité sur le marché du logement devrait rester forte en 2022 et 2023, après avoir diminué par rapport aux sommets historiques atteints récemment. Des niveaux plus élevés d’immigration, de solides revenus et des conditions de financement favorables appuieront une vigueur soutenue. La construction étoffera l’offre de logements et devrait contribuer à modérer la progression des prix. »

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
21 Oct

L’inflation remonte encore au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Les prix augmentent partout – Le transitoire peut durer longtemps

L’Indice des prix à la consommation (IPC) en septembre au Canada, publié aujourd’hui, indique une nouvelle hausse de l’inflation d’une année à l’autre : de 4,1 % en août à 4,4 % en septembre – le plus haut niveau depuis février 2003. Sans l’essence, l’IPC a augmenté de 3,5 % d’une année à l’autre en septembre.

L’IPC mensuel a augmenté de 0,2 % d’un mois à l’autre en septembre, comme il l’avait fait le mois précédent. La croissance d’un mois à l’autre de l’IPC a été positive au cours des neuf derniers mois.

L’inflation actuelle est un phénomène mondial. Les prix augmentent partout, surtout en raison de l’interaction entre les perturbations de l’approvisionnement mondial et des conditions météorologiques extrêmes. Aux États-Unis, l’inflation est la plus forte du G7 (voir le graphique ci-dessous). L’économie américaine a rebondi plus tôt qu’ailleurs, à la faveur de restrictions plus légères face à la COVID et de marges plus importantes.

Les banques centrales conviennent généralement que la poussée de l’inflation au-delà des niveaux cibles de 2 % est transitoire, mais toutes reconnaissent maintenant que le transitoire peut durer longtemps. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a reconnu que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement se prolongent. Il a dit la semaine passée qu’il faudrait encore un peu de temps avant que les chiffres de l’inflation redescendent.

Les prix ont augmenté d’une année à l’autre dans toutes les catégories principales en septembre. Les prix du transport (+9,1 %) ont contribué le plus à la hausse de l’indice d’ensemble. L’augmentation des coûts du logement (+4,8 %) et des aliments (+3,9 %) a également contribué à la croissance de l’IPC d’ensemble en septembre.

Les prix à la station-service ont progressé de 32,8 % par rapport au mois de septembre de l’année précédente. La croissance d’une année à l’autre s’explique entre autres par la baisse des prix en 2020 et par la production réduite de pétrole brut dans les principaux pays producteurs comparativement aux niveaux observés avant la pandémie.

Les prix de l’essence ont diminué de 0,1 % d’un mois à l’autre en septembre, l’incertitude liée à la demande mondiale en pétrole ayant persisté après la propagation du variant Delta de la COVID-19 (voir les graphiques ci-dessous).

IPC ET IPC EXCLUANT L’ESSENCE
En somme

L’information d’aujourd’hui sur l’IPC est l’ultime indicateur économique notable avant la réunion de la Banque du Canada, mercredi prochain 27 octobre. Personne ne s’attend à ce que la Banque augmente les taux d’intérêt à un jour la semaine prochaine, mais les taux du marché sont nettement en hausse (voir les graphiques ci-dessous). Les taux hypothécaires fixes augmentent tranquillement en même temps que le rendement à 5 ans des obligations du gouvernement du Canada. Le graphique de droite indique la courbe de rendement aujourd’hui par rapport à un an plus tôt. La courbe s’infléchit au taux à un jour de 25 points de base fixé par la Banque du Canada, se redressant fortement alors qu’augmentent les taux d’intérêt à plus long terme déterminés par le marché.

Par ailleurs, de nombreux observateurs des marchés financiers souhaitent que la Banque du Canada relève le taux à un jour plus tôt que ne le laisse entrevoir la Banque – au second semestre de l’année prochaine. Les opérateurs boursiers parient maintenant que la Banque commencera à augmenter les taux au début de l’année prochaine. Le marché des swaps de taux à un jour escompte actuellement trois augmentations au Canada d’ici la fin de 2022, qui porteraient le taux directeur à 1,0 %. Il se peut qu’ils se trompent. Comme les pressions inflationnistes s’exercent à l’échelle mondiale, on imagine mal en quoi le resserrement de la politique monétaire au Canada pourrait les réduire. Il ne parviendrait qu’à ralentir l’activité économique au Canada par rapport au reste du monde, en particulier les États-Unis si la Réserve fédérale américaine s’en tient à son intention d’attendre jusqu’en 2023 avant de commencer à augmenter les taux.

Il faut prévoir que la Banque réduira de nouveau son programme d’achat d’obligations, à 1 milliard de dollars au lieu du niveau actuel de 2 milliards.

La Banque présentera ses prévisions économiques la semaine prochaine dans son Rapport sur la politique monétaire. Elle devra rehausser l’inflation au troisième trimestre, à 4,1 % plutôt que les 3,9 % de ses prévisions précédentes.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
12 Oct

Bonnes nouvelles pour l’emploi au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Les prix des maisons montent encore alors que les ventes baissent en raison d’une offre insuffisante

Statistique Canada a publié l’édition de septembre de l’Enquête sur la population active, apportant de toutes bonnes nouvelles pour l’emploi. L’emploi a augmenté de 157 000 (+0,8 %) en septembre, en hausse pour un quatrième mois consécutif. Le taux de chômage a diminué de 0,2 point de pourcentage, à 6,9 %.

Les hausses de l’emploi observées en septembre sont concentrées dans le travail à temps plein et chez les personnes du principal groupe d’âge actif des 25 à 54 ans. Les augmentations se retrouvent dans de multiples secteurs et provinces.

Elles sont réparties entre le secteur public (+78 000; +1,9 %) et le secteur privé (+98 000; +0,8 %).
L’emploi a augmenté dans six provinces en septembre, à savoir l’Ontario, le Québec, l’Alberta, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick et la Saskatchewan.

Dans le secteur des services (+142 000), les hausses les plus marquées ont été enregistrées dans les administrations publiques (+37 000), dans l’information, la culture et les loisirs (+33 000), et dans les services professionnels, scientifiques et techniques (+30 000).

L’emploi dans les services d’hébergement et de restauration a reculé pour la première fois en cinq mois (-27 000).

L’emploi ait augmenté dans la fabrication (+22 000) et dans les ressources naturelles (+6 600), mais il a globalement peu varié dans le secteur des biens.

Les hausses de septembre ont ramené l’emploi à son niveau de février 2020, juste avant le début de la pandémie. Toutefois, le taux d’emploi – c’est-à-dire la proportion de personnes âgées de 15 ans et plus occupant un emploi – était à 60,9 % en septembre, ce qui est 0,9 point de pourcentage de moins qu’en février 2020, en raison de la croissance démographique de 1,4 % enregistrée au cours des 19 derniers mois.

Le nombre de personnes en emploi ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a peu varié en septembre, restant en hausse de 218 000 (+26,8 %) par rapport à février 2020. Le total des heures travaillées a augmenté de 1,1 % en septembre, mais il était en baisse de 1,5 % par rapport à son niveau prépandémique.

Chez les personnes âgées de 15 à 69 ans qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles, la proportion de personnes ayant travaillé à partir de leur domicile a peu varié en septembre, s’établissant à 23,8 %. Les plus faibles proportions de personnes ayant travaillé à domicile ont été observées en Saskatchewan (12,3 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (12,8 %), et la plus élevée, en Ontario (28,7 %). Dans l’ensemble, à l’échelle nationale, la proportion de travailleurs qui ont travaillé à domicile était plus élevée dans les régions urbaines (25,2 %) que dans les régions rurales (15,9 %).

En septembre 2021, 4,1 millions de Canadiens qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles ont travaillé à partir de leur domicile, un nombre semblable à celui de septembre 2020.

Le taux de chômage a reculé pour un quatrième mois consécutif en septembre, en baisse de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 6,9 %, le taux le plus faible depuis le début de la pandémie. Le taux de chômage a atteint un sommet de 13,7 % en mai 2020 et il ne cesse de diminuer depuis, hormis des hausses à court terme observées à la fin de l’automne 2020 et au printemps 2021, qui ont coïncidé avec le resserrement des restrictions de santé publique. Au cours des mois précédant la pandémie, le taux de chômage se maintenait à des niveaux historiquement faibles; il était à 5,7 % en février 2020.

Le taux de chômage ajusté – comprenant les personnes qui voulaient un emploi, mais n’en ont pas cherché – était de 8,9 % en septembre, en baisse de 0,2 point de pourcentage par rapport à un mois plus tôt.
Le chômage de longue durée – le nombre de personnes ayant été continuellement au chômage depuis 27 semaines ou plus – a peu varié en septembre. On comptait 389 000 chômeurs de longue durée, ce qui représente plus du double du nombre observé en février 2020.

La capacité des chômeurs de longue durée à faire la transition vers l’emploi peut être influencée par divers facteurs, y compris leur niveau de scolarité et les conditions actuelles du marché du travail. Par exemple, les personnes n’ayant pas fait d’études postsecondaires sont confrontées à un marché du travail où l’emploi dans les professions ne nécessitant pas d’études postsecondaires était en baisse de 287 000 en septembre 2021 par rapport à septembre 2019 (données non désaisonnalisées).

En somme 

La Banque du Canada a maintes fois indiqué qu’elle ne commencerait pas à resserrer la politique monétaire avant que l’économie soit revenue à la pleine utilisation de ses capacités, ce qu’elle ne prévoit pas avant au moins le deuxième semestre de l’année prochaine. L’emploi devra surpasser les niveaux d’avant la pandémie avant qu’on puisse déclarer que la reprise est complète, car la population a augmenté depuis le début de la crise, il y a 19 mois.

L’emploi reste sensiblement moindre dans les secteurs les plus durement touchés. Le graphique ci-dessous indique le changement dans l’emploi selon le secteur, en pourcentage, par rapport à février 2020.

Les secteurs où le travail à distance est répandu – comme ceux des services professionnels, scientifiques et techniques, de l’administration publique, de la finance, des assurances et de l’immobilier – ont connu un gain net de l’emploi. Cependant, dans les secteurs de services non essentiels à forte proximité physique, la remontée de l’emploi a été beaucoup plus limitée. C’est le cas en particulier dans l’agriculture, l’hébergement et la restauration ainsi que les loisirs. Ironiquement, ces secteurs connaissent de forts taux d’emplois vacants, de nombreux anciens employés étant réticents à revenir. Une amélioration des salaires et avantages sera utile dans ces secteurs.

Cette semaine, le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem a réitéré que des pressions inflationnistes resteront sans doute très présentes au moins jusqu’à la fin de cette année. Le plus souvent, elles découlent de perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale ainsi que de divers événements météorologiques extrêmes. Il reste à voir combien elles dureront, mais un resserrement de la politique monétaire aurait peu d’effet sur ce genre d’inflation.

Malgré tout, les marchés obligataires sont en mode liquidation partout dans le monde, en réponse aux craintes de l’inflation et aux frasques annuelles autour du plafond de la dette aux États-Unis. L’ultime graphique ci-dessous indique l’accentuation de la courbe de rendement au Canada depuis un an. Le rendement des obligations à 5 ans a augmenté fortement dans cette période, passant de 0,378 % à 1,205 %. Il n’est pas étonnant que les taux soient en hausse pour un prêt hypothécaire à taux fixe sur 5 ans.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca