18 Nov

L’inflation au Canada atteint un sommet de 18 ans

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Publié par: Robert Perrier

La poussée de l’inflation n’est pas une raison de s’affoler

Statistique Canada a indiqué aujourd’hui que l’inflation annuelle des prix à la consommation s’est élevée à 4,7 % en octobre, contre 4,4 % en septembre. Le marché s’attendait à une telle progression, qui reste bien sous les 6,2 % pour la même période aux États-Unis. L’inflation augmente partout dans le monde, en conséquence d’événements météorologiques extrêmes et du chaos provoqué dans les chaînes d’approvisionnement par le réveil des diverses économies. La forte demande refoulée et les retards dans la production et le transport ont fait grimper les prix dans de nombreux secteurs. Des conditions météorologiques extrêmes ont accentué ces pressions sur les prix, influençant les prix des aliments, de l’énergie et de divers produits de base. La pandémie et le changement climatique sont des forces exogènes inédites, faisant que l’inflation d’aujourd’hui ne peut pas être comparée à celle des années 1970. Par ailleurs, il ne faut pas supposer qu’un traditionnel resserrement de la politique monétaire pourrait alléger ces pressions, à moins d’accepter le risque d’une récession.
L’inflation près d’un sommet de 20 ans
Augmentation annuelle de l’indice des prix à la consommation
Le mois passé, les prix ont augmenté d’une année à l’autre dans les huit composantes principales, principalement en conséquence de l’envol des prix de l’essence, 47,1 % plus élevés qu’un an plus tôt. Une sécheresse extrême, surtout en Chine, a entraîné une baisse de la production hydroélectrique et des pénuries d’autres sources d’énergie comme le charbon et le gaz naturel. Le recours accru au pétrole pour la production d’électricité fait augmenter le coût du pétrole et de l’essence. Il y a aussi eu un effet en cascade, avec des pénuries d’autres biens essentiels dont la production est énergivore, comme les engrais et l’aluminium. Ces pénuries se répercutent dans les aliments et les composantes en métal, ce qui fait augmenter le prix de nombreux biens de consommation. En outre, il y a des perturbations dans les ports, dans le camionnage et dans les réseaux ferroviaires. Il ne faut donc pas s’étonner que les coûts en hausse et une demande excédentaire se traduisent par une hausse des prix à la consommation dans le monde entier.

La question est de savoir si des mesures restrictives des banques centrales réduiraient ce genre d’inflation. J’en doute. Au lieu, nous verrons probablement les pressions s’atténuer avec le temps (voir le graphique ci-dessous). Le problème est que nous avons souvent sous-estimé le temps qu’il faudrait pour que la situation se règle. Cela étant, certains souhaitent une réaction plus rapide de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine, entre autres banques centrales, de crainte que l’inflation ne s’enracine.

Une inflation enracinée causée par une hausse des salaires et des anticipations inflationnistes a entraîné une spirale des salaires et des prix dans les années 1970 et au début des années 1980. Au Canada, l’inflation est restée élevée jusqu’au début des années 1990 en raison des fortes dépenses budgétaires fédérales et provinciales. Je ne crois pas nous soyons même proches de cette réalité aujourd’hui. Certes, la politique budgétaire en réaction à la pandémie a engendré des déficits exceptionnels, mais les pressions inflationnistes d’aujourd’hui ne découlent pas des mesures budgétaires.

Au-delà des prévisions
Les pressions inflationnistes sont plus élevées que ne le prévoyait la Banque du Canada
En somme

Les taux d’intérêt du marché ont déjà bondi, comme le montre l’augmentation des taux hypothécaires fixes. Le maintien d’un taux à un jour stable à sa valeur plancher effective a fait que le taux préférentiel et les taux hypothécaires variables sont restés à des niveaux extrêmement bas. Ces taux augmenteront sûrement dans le temps. La Banque du Canada a indiqué clairement que cela se produira plus tôt qu’elle ne le pensait. L’inflation l’inquiète, et elle dit maintenant que le retour à la cible de 2 % ne surviendra pas avant la fin de l’année prochaine.

Cette semaine, des responsables de la Banque se sont exprimés dans les médias en faisant entendre que nous sommes plus près du plein emploi. Les opérateurs boursiers parient maintenant que le taux à un jour augmentera de 1,5 point de pourcentage en 2022, à partir d’avril. Les taux augmenteront, mais nous ne sommes pas au bord d’une inflation galopante.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Nov

Forte poussée des ventes de maisons au Canada en octobre

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Publié par: Robert Perrier

Forte poussée des ventes de maisons en octobre

Selon les statistiques que vient de publier l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), la revente de maisons a bondi de 8,6 % en octobre à l’échelle nationale. C’est la plus forte hausse d’un mois à l’autre depuis juillet 2020, quand les premières mesures de confinement avaient été brièvement relâchées. Une légère augmentation avait déjà été constatée en septembre, pour la première fois depuis mars de cette année.

Les ventes ont augmenté d’un mois à l’autre dans environ trois quarts des marchés locaux et dans toutes les grandes villes.

Le nombre de transactions réelles (données non désaisonnalisées) en octobre 2021 est inférieur de 11,5 % au record de 2020, mais il s’agit tout de même de la deuxième meilleure performance jamais enregistrée pour octobre, et de loin.

Entre janvier et octobre 2021, quelque 581 275 propriétés résidentielles ont changé de propriétaire par l’entremise des systèmes MLS® du Canada, dépassant le record annuel de 552 423 enregistré en 2020.

« L’année 2021 continue de nous surprendre. Les ventes résidentielles ont battu le record de 2020 vers la fin de semaine de l’Action de grâce, donc tout était déjà joué, mais je ne crois pas que beaucoup de gens auraient misé sur une continuation de la tendance jusqu’en début de 2022, explique Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. Il suffit d’une hausse du nombre d’inscriptions durant un mois donné pour stimuler les ventes, car elles trouveront assurément preneur rapidement. Face à la demande écrasante, l’offre continue de se réduire. Puisqu’on a atteint un creux record, il n’est pas étonnant que les prix remontent en flèche. Il faut construire plus de logements. »

La situation n’a guère changé, même si les taux hypothécaires fixes ont monté : La demande de logements reste bien supérieure à l’offre. Le stock de propriétés à vendre est exceptionnellement faible. Le gouvernement Trudeau a promis de s’attaquer à la grave pénurie, mais la construction domiciliaire est en fait du ressort des organismes de planification et de zonage des provinces et des municipalités. Par ailleurs, la remontée de l’immigration va accroître la demande excédentaire de logements à acheter ou à louer.

Nouvelles inscriptions

En octobre, le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté de 3,2 % par rapport à septembre, par suite de hausses dans environ 70 % des marchés locaux. Comme tant de marchés sont en manque d’offre, il n’est pas étonnant de voir les ventes augmenter quand il y a davantage de nouvelles inscriptions.

En octobre, environ les deux tiers des marchés locaux étaient favorables aux propriétaires vendeurs, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions étant à plus d’un écart type au-dessus de sa moyenne à long terme. Ce ratio s’est encore resserré le mois dernier pour s’établir à 79,5 %, comparativement à 75,5 % en septembre et 73,5 % en août. La moyenne à long terme du ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 54,8 % (voir le graphique ci-dessous).

À la fin d’octobre 2021, on comptait à peine 1,9 mois d’inventaire à l’échelle nationale, un recul d’environ un demi-mois par rapport à juillet, ce qui correspond aux creux historiques de février et mars. La moyenne à long terme de cette mesure est de plus de 5 mois.

Prix des maisons

Les marchés étant extrêmement serrés, l’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 2,7 % d’un mois à l’autre en octobre 2021.

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé pour le mois d’octobre a affiché une hausse de 23,4 % par rapport à 2020, la hausse la plus importante en trois mois.

En Colombie-Britannique, la croissance annuelle des prix a de nouveau dépassé 20 %; elle est plus faible à Vancouver, dans la moyenne provinciale à Victoria, et plus élevée dans d’autres régions de la province.

Cette augmentation se situe entre 5 et 10 % en Alberta et en Saskatchewan, et est à environ 10 % au Manitoba.

L’Ontario a pour sa part enregistré une augmentation annuelle des prix de près de 30 %, avec une véritable flambée dans la région du grand Toronto. Le Grand Montréal se maintient légèrement au-dessus de 20 %, et Québec est maintenant à 13 %.

Enfin, la hausse annuelle au Nouveau-Brunswick est d’un peu plus de 30 % (un peu plus dans le Grand Moncton et un peu moins à Fredericton et à Saint John), et de 10 % à Terre-Neuve-et-Labrador (un peu moins à St. John’s).

En somme

Le Canada reste aux prises avec une pénurie de maisons d’un niveau parmi les plus élevés des pays développés. À l’heure où nos frontières s’ouvrent à un retour de l’immigration, l’excès de demande de logements va monter. Les obstacles à une augmentation rapide de l’offre de logements – tant pour la location que pour la vente – relèvent principalement du processus d’urbanisme et d’approbation à l’échelle municipale. Les promesses électorales du Parti libéral n’y font rien.

Les pressions inflationnistes s’accentuent partout. Les États-Unis viennent d’afficher un taux d’inflation de 6,2 % sur un an – surpassant les prévisions. Ce mercredi, les données de l’IPC au Canada seront publiées. Nous avons eu un taux d’inflation annuel de 4,4 % en septembre. Les données d’octobre seront certainement au-delà de ce niveau. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Tiff Macklem a publié aujourd’hui dans le Financial Times une opinion réitérant que la Banque du Canada est plus près d’augmenter les taux d’intérêt alors que les capacités excédentaires de l’économie s’atténuent. Voilà qui concorde avec l’énoncé de politique du mois dernier de la Banque du Canada.

« Pour le taux directeur, écrit M. Macklem, nos indications prospectives ont clairement affirmé que nous n’augmenterons pas les taux d’intérêt avant que les capacités excédentaires de l’économie ne soient résorbées. Nous n’y sommes pas encore, mais nous en approchons. »

D’après Bloomberg News, M. Macklem maintient que selon la Banque du Canada, les récentes pressions inflationnistes vont s’alléger. Pourtant, il a reconnu qu’il reste un haut niveau d’incertitude. « Les perturbations de l’offre semblent persister davantage que nous ne le pensions, et les augmentations des prix de l’énergie accroissent les taux d’inflation actuels », a-t-il dit.

« Notre analyse continue d’indiquer que ces pressions s’atténueront, mais nous les avons prises en compte comme facteurs de la dynamique de l’offre et de la demande, a précisé M. Macklem. Notre détermination signifie que s’il s’avérait que nous nous sommes trompés quant à la persistance des pressions inflationnistes et quant aux capacités excédentaires de l’économie, nous nous ajusterons le tir. »

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Nov

La progression de l’emploi ralentit en octobre, mais le taux de chômage baisse encore

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Publié par: Robert Perrier

Des données sur l’emploi plus normales en octobre

Statistique Canada vient de publier l’édition d’octobre de l’Enquête sur la population active, révélant un ralentissement de la croissance de l’emploi par rapport au taux exceptionnel des mois précédents. Certains commentateurs ont été déçus par les résultats, mais j’ai un point de vue plus positif. Le Canada est revenu en septembre à son niveau d’emploi d’avant la pandémie, devançant les États-Unis et les autres pays du G7. Il était inévitable que le taux de progression de l’emploi redescende à un niveau plus normal à l’approche du plein emploi.

L’emploi a grimpé de 31 200 (+0,2 %) en octobre, contre 157 000 un mois plus tôt. De fait, l’emploi a augmenté en moyenne de 143 000 par mois entre juin et septembre. Une telle progression n’est pas soutenable longtemps; elle reflétait la poussée de l’embauche à la suite des mesures de confinement. À titre indicatif, il y avait en moyenne 23 000 embauches par mois dans les deux ans avant la COVID.

Les hausses de l’emploi observées dans divers secteurs, y compris le commerce de détail, ont été contrebalancées par des baisses ailleurs, y compris dans les services d’hébergement et de restauration. L’emploi a augmenté en Ontario et au Nouveau-Brunswick, tandis qu’il a diminué au Manitoba et en Saskatchewan. Les hausses enregistrées chez les employés rémunérés ont été contrebalancées par les baisses dans le travail autonome.

Le nombre de personnes en emploi ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a diminué de 9,7 % (-100 000) en octobre, restant en hausse de 117 000 (+14,5 %) par rapport à février 2020. Le total des heures travaillées a augmenté de 1,0 % en octobre; il était en baisse de 0,6 % par rapport à son niveau prépandémique.

Chez les personnes du principal groupe d’âge actif (de 25 à 54 ans), l’emploi a progressé de 53 000 (+0,4 %) en octobre, toute la hausse survenant dans le travail à temps plein.

Le taux de chômage diminue pour un cinquième mois consécutif

Le taux de chômage a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 6,7 % en octobre, ce qui représente son plus bas niveau en 20 mois, à 1,0 point de pourcentage du taux (5,7 %) enregistré en février 2020 (voir le graphique ci-dessous).

Le chômage de longue durée – le nombre de personnes ayant été continuellement au chômage depuis 27 semaines ou plus – a peu varié en octobre, s’établissant à 378 000, mais il était en baisse par rapport à son plus récent sommet de 486 000 en avril 2021. Parmi les personnes qui étaient au chômage de longue durée en septembre, 15,2 % avaient trouvé un emploi en octobre, en légère hausse par rapport à la moyenne de 11,6 % observée de 2017 à 2019.

Le taux d’activité – la proportion de la population en emploi ou à la recherche de travail – a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 65,3 % en octobre, le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans à la recherche de travail ayant diminué. L’ampleur de la baisse d’octobre concorde avec les variations mensuelles typiques observées avant la pandémie de COVID-19. Le taux global d’activité en octobre était pratiquement le même que celui d’avant la pandémie en février 2020 (65,5 %).

Cette reprise du taux d’activité au Canada contraste avec les tendances observées aux États-Unis, où la participation au marché du travail s’est redressée moins rapidement. Lorsque les données canadiennes sont ajustées selon les concepts américains, le taux d’activité au Canada s’est établi à 65,1 % en septembre 2021, en baisse de 0,3 point de pourcentage par rapport à février 2020. Aux États-Unis, le taux d’activité de septembre était en baisse de 1,7 point de pourcentage par rapport à son niveau prépandémique.

En somme

Les nouvelles données sur l’emploi confirment que l’économie canadienne progresse vers le plein emploi, et pourrait bien éliminer l’écart de production vers le milieu de 2022, comme la Banque du Canada l’entrevoyait lors de sa plus récente réunion. Les gains ont été réalisés surtout dans le secteur durement touché du commerce de détail, qui est revenu à ses niveaux prépandémiques le mois dernier. Tous les gains sont dans l’emploi à temps plein, et la rémunération moyenne des employés permanents est en hausse de 2,1 % sur un an. La progression des salaires reste relativement modeste, ce qui conforte la Banque du Canada dans son opinion que les pressions inflationnistes se dissiperont d’ici la fin de l’année prochaine.

L’emploi se situe maintenant légèrement au-dessus des niveaux de février 2020. La reprise de l’emploi a été exceptionnellement rapide à la suite des pertes massives enregistrées dans la foulée des premières mesures de confinement pour la pandémie.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca