15 Déc

Mise à jour économique et budgétaire du Canada

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Publié par: Robert Perrier

Mise à jour budgétaire fédérale : Le Canada a relativement bien survécu à la pandémie

La ministre des Finances Chrystia Freeland a applaudi aux bons résultats de l’économie canadienne en réponse au soutien inédit assuré par les mesures fédérales et la Banque du Canada depuis 21 mois. La reprise économique est la deuxième plus forte du G7, et le taux de mortalité attribuable à la COVID-19 est le deuxième plus faible. Le gouvernement fédéral a consacré d’énormes sommes à des mesures d’urgence, mais a conservé la cote de crédit triple A. Mardi, le gouvernement canadien a révisé à la baisse le déficit prévu pour l’exercice en cours, grâce à des recettes fiscales plus élevées et des dépenses moindres pour l’aide d’urgence, tout en réservant des fonds pour lutter contre le variant Omicron du coronavirus.

« Alors que nous nous tournons vers le futur, nous sommes conscients de l’inflation élevée, a dit la ministre Freeland en prologue de la mise à jour. Nous savons que l’inflation est un phénomène mondial qui découle du défi sans précédent que représente la réouverture de l’économie mondiale. Il est beaucoup plus compliqué de redémarrer l’économie mondiale que de l’arrêter. À l’instar d’autres pays, nous subissons les conséquences d’une époque unique. »

Voici quelques points saillants de la mise à jour budgétaire :

  • Le déficit budgétaire est de 327,7 milliards de dollars pour 2020-2021 – presque 27 milliards de moins que le budget du printemps ne le prévoyait. Les recettes ont été supérieures de 20 milliards de dollars, et les dépenses ont été inférieures de 6 milliards de dollars.
  • Le déficit prévu de l’exercice actuel est de 144,5 milliards de dollars, au lieu des 154,7 milliards qui étaient prévus en avril.
  • Le ratio de la dette au PIB du Canada, qui était de 47,5 % l’exercice passé, plafonnera à 48 % dans l’exercice actuel au lieu des 51,2 % qui étaient prévus en avril, puis il baissera à 44 % en 2026-2027. Avant la pandémie, il était autour de 31 %.

« Ces 21 mois ont été difficiles, a dit la ministre Freeland. Alors que nous nous préparons à la vague croissante attribuable au variant Omicron, nous savons que personne ne souhaite subir de nouveaux confinements. »

Le gouvernement libéral souligne les améliorations du marché de l’emploi, des revenus personnels et des bénéfices des entreprises, et prévoit des dizaines de milliards de dollars de recettes supplémentaires par année d’ici 2026.

Par rapport au budget, des dépenses supplémentaires de 13 milliards de dollars ont été prévues pour parachever la lutte contre la COVID-19, et 4,5 milliards de dollars de plus ont été prévus pour toute mesure qui serait nécessaire face à Omicron dans l’exercice en cours. La mise à jour budgétaire réserve 1,7 milliard de dollars pour des tests de dépistage rapide de la COVID, et 2 milliards de dollars pour des produits thérapeutiques et des traitements face à la COVID. Reconnaissant la persistance de la COVID, la mise à jour ajoute encore 6,7 milliards de dollars pour le prolongement annoncé précédemment des prestations pour les salaires, les loyers et la relance.

Pour alimenter la croissance économique dans les années à venir, Ottawa insiste sur l’importance de l’immigration afin de remédier aux pénuries de main-d’œuvre. La mise à jour budgétaire affecte 85 millions de dollars en 2022-2023 afin d’accélérer le processus d’entrée de travailleurs étrangers pour d’importantes industries manquant de main-d’œuvre au sortir de la pandémie.

La « taxe sur les logements sous-utilisés »

Dans le budget de 2021, le gouvernement a annoncé son intention de mettre en œuvre une taxe nationale annuelle de 1 % sur la valeur des biens immobiliers résidentiels du Canada qui sont considérés comme vacants ou sous-utilisés et qui appartiennent à des personnes non résidentes et non canadiennes. Il est proposé que la taxe soit en vigueur pour l’année civile 2022.

En somme

La mise à jour budgétaire d’aujourd’hui est peut-être surtout remarquable pour ce qui n’y figure pas. Il ne s’y trouve aucune mention des nombreuses promesses coûteuses qui faisaient partie du programme électoral libéral de l’été dernier. Elles représentaient jusqu’à 78 milliards de dollars sur cinq ans.

Les partis de l’opposition à la Chambre des communes ont insisté sur l’inflation en hausse et ses effets négatifs sur les ménages et les entreprises du Canada. Certes, le gouvernement Trudeau n’est pas responsable de la poussée mondiale d’inflation découlant des perturbations de l’offre, de pénuries de main-d’œuvre et d’une énorme demande refoulée. Néanmoins, alors que la Banque du Canada se prépare à augmenter les taux d’intérêt l’an prochain, les libéraux pourraient bien être accusés d’alimenter l’inflation avec des mesures supplémentaires de stimulation budgétaire. Nous entendrons sûrement reparler des promesses électorales lorsque le gouvernement présentera le budget de 2022, probablement au printemps.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
6 Déc

Bonnes nouvelles pour l’emploi au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Nouveau bond de l’emploi en novembre

Statistique Canada vient de publier l’édition de novembre de l’Enquête sur la population active, rapportant un gain de 153 700 emplois le mois dernier – quatre fois plus que les prévisions. Le taux de chômage a baissé à 6 %, contre 6,7 % en octobre. Il n’est maintenant que 0,3 points de pourcentage de plus que les 5,7 % de février 2020 avant le début de la pandémie. Son évolution, combinée aux solides données du PIB au troisième trimestre publiées cette semaine, conforte les prévisions d’une hausse des taux d’intérêt de la Banque du Canada l’année prochaine.

L’emploi se situe maintenant à 186 000 au-dessus des niveaux d’avant la COVID. Le rapport de novembre indique un sixième mois consécutif d’augmentation de l’emploi. Les marchés escomptent déjà cinq augmentations des taux d’intérêt de la Banque du Canada l’année prochaine.

L’emploi a progressé dans le secteur des services et dans le secteur des biens en novembre. Le travail à temps plein (+80 000; +0,5 %) et le travail à temps partiel (+74 000; +2,1 %) ont augmenté, et la croissance de l’emploi s’est répartie dans six provinces.

Le total des heures travaillées a augmenté de 0,7 %, et il est revenu pour la première fois à son niveau observé en février 2020 avant la pandémie. Les heures travaillées ont augmenté dans la plupart des secteurs, et principalement dans la fabrication, dans le commerce de gros et de détail et dans la construction. Malgré la hausse de novembre, les heures travaillées dans le secteur des biens étaient toujours inférieures à leur niveau prépandémique (-3,6 %). Toute la croissance observée par rapport à février 2020 a été enregistrée dans le secteur des services (+1,3 %), et plus particulièrement dans les services professionnels, scientifiques et techniques (+12,5 %).

Le taux d’emploi chez les femmes du principal groupe d’âge actif atteint un sommet
Plus de 8 femmes sur 10 (80,7 %) du principal groupe d’âge actif (de 25 à 54 ans) occupaient un emploi en novembre. Ce taux, qui est le plus élevé depuis 1976, année où des données comparables ont commencé à être publiées, est supérieur de 1,0 point de pourcentage à celui de février 2020. L’emploi chez les femmes du principal groupe d’âge actif a progressé de 66 000 (+1,1 %) en novembre, principalement dans le travail à temps plein (+47 000; +0,9 %), et la croissance s’est répartie dans plusieurs secteurs.

L’emploi a augmenté de 48 000 (+0,7 %) chez les hommes du principal groupe d’âge actif en novembre, et la hausse est entièrement attribuable au travail à temps plein. Le taux d’emploi des hommes âgés de 25 à 54 ans a progressé de 0,5 point de pourcentage pour atteindre 87,1 %, ce qui correspond au plus récent sommet atteint en septembre 2019 et est en hausse de 0,5 point de pourcentage par rapport à février 2020.

Presque au zénith
L’emploi bondit au Canada en novembre
Le taux de chômage a diminué pour un sixième mois consécutifLe taux de chômage a diminué de 0,7 point de pourcentage pour s’établir à 6,0 % en novembre. C’était le sixième mois consécutif en baisse, avec la plus forte diminution depuis mars 2021. Avant la pandémie, le taux de chômage avait atteint un creux record de 5,4 % en mai 2019, et il était à 5,7 % en février 2020.

Le chômage de longue durée diminue pour la première fois depuis aoûtLe nombre de Canadiens au chômage depuis 27 semaines ou plus a diminué de 62 000 (-16,2 %) en novembre. Il s’agit de la première baisse mensuelle du chômage de longue durée depuis août 2021. Le chômage de longue durée a diminué davantage chez les femmes (-43 000; -24,2 %) que chez les hommes (-19 000; -9,4 %), et la baisse s’est répartie parmi les travailleurs du principal groupe d’âge actif et les travailleurs de 55 ans et plus. Le recul a été particulièrement prononcé pour les personnes qui avaient été au chômage pendant 52 semaines ou plus (-56 000; -23,4 %).

Le chômage de longue durée en proportion du chômage total a diminué de 2,2 points de pourcentage pour s’établir à 25,6 % en novembre, après avoir peu varié pendant quatre mois. La proportion reste élevée par rapport au niveau de 15,6 % observé avant la pandémie.

Le taux de chômage approche de son niveau prépandémique

Taux de chômage selon la province
Les salaires sont en hausse de 5,2 % par rapport à deux ans plut tôt après la prise en compte de la composition de l’emploi

Les salaires horaires étaient plus élevés de 5,2 % (+1,46 $, soit 29,57 $) en novembre 2021 que deux ans plus tôt, en tenant compte des changements inédits survenus dans la composition de l’emploi depuis février 2020. L’IPC d’octobre indique que les prix ont augmenté de 5,3 % par rapport à deux ans plus tôt. À titre de comparaison, les salaires moyens à pondération fixe ont augmenté de 5,1 % d’octobre 2019 à octobre 2021, ou de 7,5 % lorsque l’on ne tient pas compte des variations de la composition de l’emploi.

Sans surprise, les salaires ont augmenté davantage pour les nouvelles recrues que pour les employés d’expérience. Le nombre record de postes vacants en septembre a continué d’attirer l’attention sur la question de savoir si les employeurs de certains secteurs pourraient augmenter les salaires face aux difficultés liées au recrutement et au maintien en poste des employés. Les salaires moyens ont augmenté à un rythme plus rapide pour les nouveaux employés que pour les employés occupant leur emploi actuel depuis 18 mois ou plus.

En somme 

Lorsque la Banque du Canada annoncera sa politique la semaine prochaine, le gouverneur Macklem confirmera sans doute que l’économie s’est relevée de sa faiblesse du deuxième trimestre. Même si le variant Omicron a augmenté l’incertitude quant à la trajectoire de la pandémie, l’économie approche à grands pas du plein emploi. Par ailleurs, alors que l’inflation reste bien au-delà de la cible et que les pressions augmentent sur les salaires, la Banque du Canada songera à son engagement de normaliser les taux d’intérêt l’année prochaine. Les dernières données sur l’emploi auraient bien pour effet d’accroître les attentes d’une hausse des taux de la Banque au premier trimestre de l’année prochaine plutôt qu’au deuxième trimestre.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
2 Déc

Forte croissance au T3 au Canada

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Publié par: Robert Perrier

L’économie canadienne rebondit au T3

Conformément aux prévisions de la Banque du Canada, l’économie canadienne a véritablement rebondi au troisième trimestre après un T2 décevant. Statistique Canada a annoncé ce matin que le PIB a progressé de 5,4 % au T3, contre 3,2 % au T2 (données révisées). Au fur et à mesure que les restrictions liées à la pandémie ont été levées et que les entreprises ont repris leur activité normale, les dépenses de consommation ont accéléré, augmentant à un taux annuel de 17,9 %. Les dépenses en vêtements (+26,8 %) et en chaussures (+30,3 %) ont été supérieures aux niveaux enregistrés avant la pandémie. Les dépenses en services ont augmenté de 27,8 %, à la faveur en particulier d’un bond dans les services d’hébergement et de restauration. Les dépenses en services de transport (+40,3 %), en services récréatifs et culturels (+26,1 %), en services de restauration et d’hébergement (+29,0 %) et en services de soins corporels (+35,8 %) ont toutes connu de fortes hausses.

Les exportations ont rebondi après avoir sensiblement baissé au T2. Les investissements des entreprises ont à peine changé, étant freinés par des perturbations des chaînes d’approvisionnement.

Les consommateurs avaient encore d’amples liquidités : les revenus ont augmenté grâce à des hausses salariales et des paiements de transfert gouvernementaux. Le taux d’épargne des ménages a fléchi pour passer de 14,0 % au deuxième trimestre à 11,0 % au troisième trimestre – ce qui reste élevé d’un point de vue historique. Bien que les dépenses aient excédé le revenu au cours de ce trimestre, le taux d’épargne s’est situé dans les deux chiffres pour un sixième trimestre consécutif, et il était encore supérieur à son niveau d’avant la pandémie. Le taux d’épargne des ménages est agrégé sur l’ensemble des classes de revenu. En général, les taux d’épargne augmentent quand le revenu augmente.

L’investissement en logements diminue

Après avoir enregistré quatre trimestres consécutifs de croissance vigoureuse, l’investissement en nouvelles constructions et en rénovations a diminué au troisième trimestre. Les investissements au chapitre de la construction de logements neufs ont reculé de 5,2 % (taux non annualisé); il s’agit de leur plus forte baisse depuis le deuxième trimestre de 2009. La diminution des investissements dans la construction de logements unifamiliaux et d’immeubles à logements multiples neufs a été prononcée, surtout à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard. À l’échelle nationale, les ajouts au stock de logements se sont chiffrés à 96,3 milliards de dollars au troisième trimestre.

Investissement immobilier en nouvelles constructions et rénovations
Les coûts de transfert de propriété (-10,0 %) se sont repliés pour un deuxième trimestre consécutif, sous l’effet du ralentissement de l’activité sur le marché de la revente. La diminution a touché tout le pays, sauf Terre-Neuve-et-Labrador et le Yukon, qui ont enregistré une hausse.

L’accumulation considérable de dette hypothécaire résidentielle observée au deuxième trimestre s’est poursuivie, les ménages ayant ajouté 38 milliards de dollars au troisième trimestre, un montant plus de deux fois supérieur à celui enregistré deux ans plus tôt.

En somme

Les données d’aujourd’hui sont déjà, à certains égards, de l’« histoire ancienne ». Les données du PIB par industrie en septembre publiées ce matin indiquent une modeste hausse de 0,1 %. En outre, selon des renseignements préliminaires, le PIB réel a rebondi en octobre de 0,8 %, avec des augmentations dans la plupart des secteurs. Le secteur de la fabrication a le mieux progressé, après avoir reculé en septembre en partie par suite de la pénurie de semi-conducteurs. Des augmentations notables ont aussi été enregistrées dans le secteur public, la construction, la finance et les assurances, le transport et l’entreposage.

Tout compte fait, le PIB du Canada reste sous son niveau d’avant la pandémie. Or, l’annonce du nouveau variant Omicron a accru l’incertitude. Les opérateurs boursiers parient que la Banque du Canada commencera à augmenter le taux du financement à un jour d’ici avril prochain, et les marchés escomptent actuellement cinq hausses de taux dans les 12 prochains mois. L’inflation continue d’inquiéter. Le président de la Réserve fédérale américaine Jay Powell, comparaissant devant le Congrès, a affirmé qu’il allait devancer son plan de ralentissement de tous les achats d’obligations. En outre, selon Bloomberg News, le président de la Fed a dit à une réunion du Comité sénatorial des banques qu’il est temps d’arrêter d’appeler l’inflation « transitoire ».

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca