18 Mai

L’inflation canadienne dépasse les attentes

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Publié par: Robert Perrier

L’inflation canadienne ne semble pas s’essouffler
Une inflation de 6,8 % est une calamité. La Banque du Canada a de nouveau l’air impuissante, ayant prévu que l’inflation serait aujourd’hui au moins un point de pourcentage plus bas. Pis encore, il faut redouter une hausse de plus ce mois-ci, vu la flambée des prix de l’essence entre avril et mai.

Le rapport d’aujourd’hui souligne l’urgence à ce que les responsables des politiques suppriment rapidement les mesures de stimulation de l’économie. Il y aura sans doute une nouvelle augmentation de 50 points de base du taux directeur le 1er juin, puis de nouveau en juillet. Les marchés escomptent la possibilité d’un taux à un jour de 3 % d’ici la fin de l’année. Il est actuellement à 1 %.

En avril, les prix à la consommation au Canada ont augmenté de 6,8 % d’une année à l’autre, soit encore un peu plus qu’en mars (+6,7 %), malgré le ralentissement des hausses de l’essence. L’inflation d’avril est principalement attribuable aux prix de l’alimentation et du logement. Sans l’essence, l’IPC a augmenté de 5,8 % d’une année à l’autre en avril, après les 5,5 % de mars. Il s’agit de l’augmentation la plus prononcée de l’agrégat spécial de l’IPC d’ensemble excluant l’essence depuis son introduction en 1999.

Depuis la fin février, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait grimper les prix de l’énergie, des produits de base et, tout particulièrement, des aliments.

La vigueur de l’économie canadienne a encore accru la pression inflationniste. Le taux de chômage a atteint un creux record. Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 % d’une année à l’autre le mois dernier. Comme les prix augmentent plus vite que les salaires, les familles canadiennes voient leur pouvoir d’achat baisser.

En avril, les Canadiens ont payé 9,7 % de plus pour les aliments achetés en magasin, comparativement à avril 2021. L’augmentation, qui dépasse les 5 % pour un cinquième mois consécutif, est la plus marquée depuis septembre 1981.

Après avoir progressé de 6,8 % en mars, les frais de logement ont augmenté de 7,4 % d’une année à l’autre en avril. La majoration des prix des sources d’énergie qui servent à chauffer les maisons, comme le gaz naturel (+22,2 %) et le mazout et autres combustibles (+64,4 %), a contribué à la hausse.

Dans le contexte d’un marché de l’immobilier dynamique au Canada, le coût de remplacement par le propriétaire (+13,0 %) est lié aux prix des nouveaux logements et aux autres dépenses pour le logement en propriété (+17,2 %), qui comprennent les commissions liées à la vente de biens immobiliers. Tous deux ont augmenté en avril.

L’Indice du coût de l’intérêt hypothécaire (+0,2 %) a augmenté d’un mois à l’autre en avril pour la première fois depuis avril 2020.

Les prix du loyer ont augmenté en avril (+4,5 %) comparativement au même mois en 2021. La hausse des prix dans les provinces les plus peuplées du Canada, soit l’Ontario (+5,3 %), le Québec (+4,3 %) et la Colombie-Britannique (+6,4 %), est en partie à l’origine de l’augmentation des prix du loyer.

L’inflation mensuelle a ralenti en avril (0,6 %) par rapport à mars (1,4 %), mais la forte hausse de l’essence en mai laisse entrevoir une inflation restant élevée dans le rapport du moins prochain sur l’IPC.

En somme

Bloomberg News rapportait ce matin que la poussée de l’inflation a exposé la Banque du Canada à des critiques, certains politiciens accusant le gouverneur Macklem d’agir trop lentement. Sitôt les données sur l’inflation diffusées, le candidat à la chefferie du Parti conservateur Pierre Poilievre a publié une déclaration réitérant son intention de renvoyer Macklem s’il prenait le pouvoir.

Une pression s’exerce pour que les taux augmentent encore. Les banques centrales la ressentent dans le monde entier. Leurs mesures de resserrement ralentiront la demande, comme nous l’avons déjà vu dans les données de mars et avril sur l’immobilier au Canada. Elles ne régleront pas les problèmes de perturbation de l’offre qui sont la source d’une bonne part de la pression inflationniste.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
17 Mai

Les ventes de maisons au Canada ralentissent alors que les taux hypothécaires augmentent

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Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien de l’habitation ressent l’effet des taux plus élevés
Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), le ralentissement qui a commencé en mars face à des taux d’intérêt majorés s’est confirmé. En avril, les ventes résidentielles nationales ont chuté de 12,6 % d’un mois à l’autre. La baisse a amené les ventes mensuelles à leur plus bas niveau depuis l’été 2020 (voir le graphique ci-dessous).

Bien que la baisse nationale soit principalement attribuable au Grand Toronto, simplement en raison de la taille de ce marché, les ventes ont diminué dans 80 % des marchés locaux, et la plupart des autres grands marchés ont affiché des baisses à deux chiffres d’un mois à l’autre en avril. Les exceptions ont été Victoria, Montréal et Halifax-Dartmouth, où les ventes ont légèrement augmenté.

Le nombre de transactions réelles (non désaisonnalisées) en avril 2022 a baissé de 25,7 % par rapport au record pour ce mois établi l’année dernière. Comme on le constate depuis l’été dernier, les ventes d’avril se classent tout de même au troisième rang des ventes d’avril jamais enregistrées, derrière celles de 2021 et de 2016.

« Après environ deux années de résultats records, les marchés de l’habitation dans de nombreuses régions du Canada ont ralenti assez fortement au cours des deux derniers mois, en phase avec une hausse des coûts d’emprunt ainsi qu’une lassitude des acheteurs, a déclaré Jill Oudil, présidente de l’ACI. En ce qui concerne les acheteurs, ce ralentissement pourrait enfin leur donner plus de temps pour examiner les options sur le marché. Du côté des propriétaires-vendeurs, il pourrait entraîner un retour à des stratégies de marketing plus traditionnelles. »

« Après avoir entendu pendant 12 ans que “les taux d’intérêt seront bientôt augmentés”, voilà qu’on y est, a déclaré Shaun Cathcart, économiste principal à l’ACI. Mais, ce qui est important, ce ne sont pas les mesures que la Banque du Canada a prises jusqu’à présent, mais plutôt le resserrement rapide et soutenu attendu dans tous les marchés pour le reste de l’année; ce resserrement a déjà influencé les taux hypothécaires fixes. Certes, pour cette même raison, ces taux sont en hausse depuis le début de 2021. Alors pourquoi le marché réagit-il si fortement maintenant? C’est probablement parce que les taux réduits habituels sur cinq ans sont passés, en à peine un mois, de légèrement supérieurs à 3 % à un peu plus de 4 %. Le taux de la simulation de crise est le plus élevé entre 5,25 % et le taux contractuel majoré de 2 %. Pour les emprunteurs à taux fixe, il vient de passer de 5,25 % à juste au-dessus de 6 %, soit une augmentation de presque 1 % en un mois! La Banque du Canada n’aura pas besoin d’intervenir bien davantage pour que cette situation commence à influencer aussi les taux variables. »

Baisse marquée
Les ventes résidentielles au Canada redescendent vers les niveaux historiques
/ Ventes résidentielles mensuelles au Canada / Moyenne sur 10 ans
Nouvelles inscriptions

En avril, le nombre de nouvelles inscriptions a reculé de 2,2 % d’un mois à l’autre. Cette légère baisse mensuelle est attribuable à une répartition assez égale entre les marchés où ce nombre a augmenté et ceux où il a diminué. Des baisses notables ont été enregistrées dans le Lower Mainland et à Calgary, alors que le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté à Victoria et à Edmonton.

Comme le nombre de ventes a baissé considérablement plus que le nombre de nouvelles inscriptions en avril, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé à 66,5 % – le niveau le plus faible depuis juin 2020. Ce chiffre est le point de basculement entre ce qui constitue un marché favorable aux propriétaires-vendeurs et un marché équilibré. Notons que la moyenne à long terme du ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 55,2 %.

Selon le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions, un peu plus de la moitié des marchés locaux était en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en avril 2022. Un peu moins de la moitié des marchés étaient favorables aux propriétaires-vendeurs.

On comptait 2,2 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin d’avril 2022 – un chiffre toujours très faible d’un point de vue historique, mais une hausse par rapport aux résultats légèrement inférieurs des huit mois précédents. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois.

Prix des maisons

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé était tout de même en hausse de 23,8 % d’une année à l’autre en avril, bien qu’il s’agisse d’une chute marquée par rapport à l’augmentation record de presque 30 % enregistrée à peine deux mois plus tôt.

En somme

Dans le dernier mois, la fièvre est retombée sur le marché canadien de l’habitation. Il n’en reste pas moins, malgré la baisse notable des ventes depuis deux mois, que l’activité est encore à 10 % au-dessus des niveaux d’avant la COVID, et le bilan brut des ventes d’avril est un des plus forts jamais enregistrés.

Les marchés ontariens faiblissent le plus, surtout en s’éloignant du centre de Toronto. Les ventes ont baissé de 21 % dans la province en avril. Elles se situent maintenant aux niveaux d’avant la pandémie. Le marché est passé d’un état extrêmement serré, manquant d’offre, à un état qui ressemble à la période de correction de 2017-2019. Ailleurs, Vancouver et Montréal font meilleure figure. Leurs marchés sont relativement équilibrés. D’autres marchés, comme l’Alberta et certaines régions de l’Atlantique, restent passablement vigoureux.

La Banque du Canada augmentera sans doute encore les taux d’intérêt de 50 points de base le 1er juin.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
9 Mai

Le marché du travail du Canada se resserre, le taux de chômage étant au plus bas

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Publié par: Robert Perrier

Le marché du travail bute sur des contraintes de capacité
Il y a bien des emplois inoccupés dans de nombreux secteurs, mais les employeurs peinent à trouver des candidats et à même conserver leurs travailleurs vu l’abondance d’options qui s’offrent à eux. Le taux de chômage est à son plus bas, et l’augmentation nette de l’emploi a ralenti. Ce n’est pas très différent du marché de l’habitation, où l’offre ne suffit pas à la demande. Les ventes de maisons baissent par suite d’inventaires très bas, et d’autant plus maintenant que les taux hypothécaires sont en hausse.

Statistique Canada vient de publier les résultats de l’Enquête sur la population active d’avril, indiquant un ralentissement des progrès : il y a eu un gain de 15 300 emplois, une fraction des 72 500 du mois passé et surtout des 337 000 de février. Le chiffre d’avril est aussi sensiblement inférieur aux 40 000 prévus par les économistes.

Après s’être établi à un creux record de 5,3 % en mars, le taux de chômage a encore diminué de 0,1 point de pourcentage pour se chiffrer à 5,2 % en avril. Il était à 5,7 % avant la pandémie. Il y a une forte demande excédentaire de travailleurs, l’économie n’ayant apporté aucune nouvelle croissance du bassin de main-d’œuvre. En avril, les heures travaillées ont baissé de 1,9 %, par suite d’une augmentation des absences et des cas d’incapacité liés à la COVID.

Les hausses de l’emploi observées dans les services professionnels, scientifiques et techniques et dans les administrations publiques ont été contrebalancées par des baisses dans la construction et le commerce de détail. Ces deux secteurs signalent d’importantes pénuries de main-d’œuvre. Le gouvernement fédéral espère doubler l’offre de logements dans la prochaine décennie, mais il faudra pour cela que les constructeurs trouvent beaucoup plus d’ouvriers.

Un plus grand nombre de personnes travaillaient dans la région de l’Atlantique et en Alberta, tandis que l’emploi a reculé au Québec. À l’échelle nationale, la hausse de l’emploi chez les femmes du principal groupe d’âge actif de 25 à 54 ans a été contrebalancée par une baisse chez les hommes du même groupe d’âge.

Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 % par rapport à 12 mois plus tôt (+0,99 $ pour atteindre 31,06 $), ce qui représente une croissance semblable à celle observée en mars (+1,03 $; +3,4 %). Comme les prix à la consommation ont augmenté de 6,7 % sur un an, les salaires ne suivent pas l’inflation.

De nombreux signes semblent indiquer que le marché du travail s’est resserré davantage au cours des derniers mois. En plus des hausses observées dans le travail à temps plein, un aspect de ce resserrement est la baisse de la proportion de travailleurs à temps partiel indiquant qu’ils préféreraient travailler à temps plein. Le taux de travail à temps partiel involontaire a diminué pour s’établir à 15,7 % en avril 2022, le plus bas niveau jamais enregistré. Le taux de travail à temps partiel a été élevé pendant les 18 premiers mois de la pandémie, et il a atteint un sommet de 26,5 % en août 2020, quand de nombreux travailleurs avaient de la difficulté à trouver un emploi à temps plein.

Il semble que l’inflation salariale pourrait s’accentuer en réponse aux taux d’emplois vacants qui restent élevés et au resserrement de l’offre de travailleurs.

L’inflation des salaires va probablement s’accentuer
Les salaires horaires moyens des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration ont fait un bond ces derniers mois.
En somme

La pression inflationniste croissante laisse présager une nouvelle hausse de 50 points de base du taux directeur lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada le 1er juin. Le gouverneur Mackem a affirmé qu’une augmentation d’un demi-point était dans les cartes. Le taux directeur grimperait alors à 1,5 %, contre 1,75 % immédiatement avant la pandémie. La guerre en Ukraine a exacerbé les perturbations de l’offre et entraîné une forte hausse des prix des produits de base. L’économie du Canada reste solide – la plus forte du G7 – grâce à un secteur relativement important des produits de base. Les marchés prévoient que le taux directeur arrivera près de 3 % d’ici la fin de l’année. Cependant, la Banque ajustera son tir en fonction des données à venir. Selon des indications préliminaires, l’activité sur le marché de l’habitation a faibli en avril, par suite d’une hausse des taux hypothécaires et d’une offre insuffisante.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca