20 Juil

L’inflation continue de monter au Canada en juin

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Publié par: Robert Perrier

L’inflation canadienne grimpe à 8,1 % en juin
Un nouveau taux d’inflation pénible a été publié aujourd’hui. Le taux d’inflation à la consommation a continué d’augmenter pour atteindre 8,1 % d’une année à l’autre en juin, après avoir enregistré une hausse de 7,7 % en mai. Il s’agit de la plus forte progression annuelle observée depuis janvier 1983. L’accélération de juin est principalement attribuable à la majoration des prix de l’essence. Cependant, les hausses de prix sont demeurées généralisées : sept des huit principales composantes ont augmenté de 3 % ou plus.

Sans l’essence, l’IPC a progressé de 6,5 % d’une année à l’autre en juin, après avoir augmenté de 6,3 % en mai (voir le graphique ci-dessous).

Sur une base mensuelle, l’IPC a augmenté de 0,7 % en juin, après avoir progressé de 1,4 % en mai. Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l’IPC s’est accru de 0,6 %.

En moyenne, les prix ont augmenté plus rapidement que les salaires horaires, lesquels ont progressé de 5,2 % au cours de la période de 12 mois se terminant en juin, selon les données de l’Enquête sur la population active.

Les prix de l’essence retiennent beaucoup d’attention. Ils ont bondi de 54,6 % sur un an en juin, contre 48 % en mai. Il pourrait y avoir un répit pour cette composante de l’inflation, car les prix de l’essence suivent globalement les prix du pétrole brut, or ils ont plafonné au début de juin et ont baissé jusqu’à présent en juillet. Voilà qui pourrait être une bonne nouvelle pour la Banque du Canada.

En somme

Toutes les banques centrales (sauf celle du Japon) font face à une inflation bien supérieure à ce qui était prévu. L’augmentation de l’inflation annuelle au-delà de 8 % fera que la Banque du Canada continuera de resserrer sa politique, bien que les chiffres indiquent un certain relâchement. Par exemple, les prix des aliments semblent s’atténuer, et l’inflation des prix de l’essence a peut-être dépassé son sommet. Les prix des aliments étaient en hausse de 0,1 % en juin, la plus faible augmentation depuis un an. Les coûts du logement ont augmenté de 0,4 %, la plus faible marge depuis novembre. Statistique Canada l’attribue à une baisse des commissions immobilières à la suite d’un ralentissement du marché.

Avec un peu de chance, les pressions sur les prix seraient à leur sommet. Le graphique ci-dessous indique les plus récentes prévisions d’inflation de la Banque du Canada, publiées la semaine passée dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet. La Banque du Canada a estimé que l’inflation sera en moyenne de 8 % jusqu’au troisième trimestre de 2022, puis ralentira.

D’après le marché des swaps, les opérateurs boursiers parient que la banque centrale augmentera encore son taux directeur de 75 points de base lors de sa prochaine réunion, le 7 septembre, après la hausse d’un plein point de pourcentage de la semaine passée. Le taux à un jour passerait ainsi de 2,25 % à 3,25 %, soit au-dessus de la plage que la Banque considère comme neutre. Le taux préférentiel passerait alors de 4,7 % à 5,45 %, entraînant une hausse de 75 points de base des taux hypothécaires variables. La décision de la semaine passée a porté les taux hypothécaires variables à environ 4,25 %, et le taux d’admissibilité correspondant à 6,25 % – au lieu des 5,25 % d’avant la décision. Par conséquent, l’écart entre le taux d’admissibilité pour un prêt hypothécaire à taux fixe et un prêt à taux variable s’est réduit à seulement 100 points de base. C’est son plus bas niveau depuis des années. Cette situation continue certainement de ralentir l’activité immobilière, réduisant la croissance économique au Canada.

La question reste posée : est-ce que la Banque du Canada réussira à réduire l’inflation sans déclencher une récession? Restez à l’écoute!

Au-delà des prévisions
L’inflation atteint 8,1 % au Canada, son plus haut niveau depuis janvier 1983.
/ Variation annuelle réelle de l’IPC / Prévision d’oct. / Prévision de janvier / Prévision d’avril / Prévision de juillet / Cible
Source : Statistique Canada, Banque du Canada, calculs de Bloomberg
Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
16 Juil

Les prix des maisons au Canada ont fortement baissé en juin

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Publié par: Robert Perrier

La baisse des prix des maisons s’est accélérée en juin

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), le ralentissement qui a commencé en mars face à des taux d’intérêt majorés s’est confirmé. Les ventes résidentielles enregistrées sur les systèmes MLS® canadiens ont reculé de 5,6 % de mai à juin 2022, entraînant une forte baisse des ventes au deuxième trimestre (voir le graphique ci-dessous). Le nombre réel (non désaisonnalisé) de transactions en juin 2022 était inférieur de 23,9 % par rapport au record pour ce mois (établi en 2021) et inférieur à moyenne mensuelle mobile sur 10 ans.

« Les ventes résidentielles continuent de fléchir en raison de la hausse des taux d’intérêt et de l’incertitude qui plane, indique Jill Oudil, présidente de l’ACI. Bien que les coûts d’emprunt aient remplacé l’offre comme facteur principal influençant le marché de l’habitation en ce moment, l’insuffisance de l’offre n’est pas comblée pour autant. »

L’augmentation surprise de 100 points de base du taux directeur de la Banque du Canada accentuera le ralentissement dans les mois à venir. « Un facteur important en ce moment qui n’obtient pas suffisamment d’attention est la différence entre les critères d’admissibilité des prêts hypothécaires à taux fixe et à taux variable, explique Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. Les taux variables évoluent en temps réel, mais les taux fixes tiennent déjà compte de la plupart des hausses prévues par la Banque du Canada en 2022. Il n’est donc pas surprenant de voir une hausse record de prêts hypothécaires à taux variable, bien que pour des raisons différentes qu’auparavant. En raison des 200 points de base de la simulation de crise qui s’ajoute au taux contractuel, il est beaucoup plus difficile de se qualifier pour un prêt hypothécaire à taux fixe, et ce tout juste depuis avril. Une simulation de crise très rigoureuse était logique lorsque les taux atteignaient des creux records, mais les décideurs politiques ont peut-être avantage à évaluer si elle atteint toujours les objectifs visés maintenant que les taux fixes sont de retour à des niveaux normaux. »

Nouvelles inscriptions
En juin, le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté de 4,1 % d’un mois à l’autre. Cette augmentation mensuelle de l’offre a été influencée par un bond dans les nouvelles inscriptions à Montréal, alors que celles de la région du Grand Toronto et du Grand Vancouver accusaient un petit recul.

Étant donné la baisse des ventes et l’augmentation du nombre de nouvelles inscriptions en juin, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé pour s’établir à 51,7 %, son plus bas niveau depuis janvier 2015. Ce ratio se situe également sous la moyenne à long terme nationale de 55,1 %. Selon le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions, près de trois quarts des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en juin 2022.

On comptait 3,1 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de juin 2022. Ce résultat demeure historiquement faible, mais augmente lentement par rapport au déficit record d’inventaire enregistré il y a à peine six mois. La moyenne à long terme de cette mesure dépasse cinq mois.

Prix des maisons
En juin 2022, l’IPP MLS® global et composé a enregistré une baisse de 1,9 % d’un mois à l’autre.
Sur le plan régional, la plupart des reculs mensuels ont été observés sur les marchés de l’Ontario. Les prix des propriétés dans certaines régions de la Colombie-Britannique ont aussi légèrement fléchi, mais les totaux pour cette province sont influencés par une stabilité des prix dans le Grand Vancouver.

Dans les Prairies, les prix demeurent plus ou moins stables, alors qu’ils commencent tout juste à baisser au Québec.

Sur la côte Est, les prix continuent de grimper dans la plupart des régions, sauf à Halifax-Dartmouth où l’on observe une stagnation des prix.

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé affiche toujours une hausse de 14,9 % d’une année à l’autre en juin, mais ce n’est que la moitié des hausses records de près de 30 % d’une année à l’autre enregistrées en janvier et février derniers (voir le graphique et les tableaux ci-dessous).

En somme
À bien des égards, les tendances révélées par les données d’aujourd’hui sur le logement sont déjà dépassées. Tout a changé lorsqu’une hausse exceptionnelle des taux a été annoncée il y a quelques jours. La demande excédentaire est essentiellement résorbée, et nous abordons une période plus fragile pour les volumes de reventes et les prix. Le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a baissé à 51,7 % en juin, ce qui est considéré comme une situation d’équilibre, mais il s’agit du ratio le plus bas depuis 2015, et il semble destiné à baisser encore. Des marchés sont déjà favorables aux acheteurs, surtout dans les banlieues proches ou lointaines en Ontario et dans certaines régions de Colombie-Britannique. Ces régions sont celles qui avaient connu des hausses de prix extrêmes l’année passée. D’autres marchés, comme ceux de villes d’Alberta et du Canada atlantique, restent encore solides.

Avec le récent resserrement des politiques de la Banque du Canada, les taux d’admissibilité grimpent – pour les prêts hypothécaires tant à taux variable qu’à taux fixe. Avant l’augmentation de 1 point de pourcentage du taux directeur, l’admissibilité pour les prêts à taux variable était déterminée à 5,25 %, mais c’est maintenant autour de 6 %. Les emprunteurs à taux fixe doivent être admissibles à environ 7 %. Le taux préférentiel canadien a bondi cette année, faisant augmenter les taux hypothécaires variables d’environ 300 points de base. Robert Kavcic, de BMO, a calculé que si le taux passe 1,5 % à 4,5 % pour un prêt d’une valeur donnée, le paiement mensuel d’un prêt hypothécaire à taux variable grimpera de presque 40 %. La situation actuelle représente ainsi un changement encore plus abrupt qu’à la fin des années 1980, en tenant compte de l’évolution des niveaux de revenu.

Selon M. Kavcic : « Pour la grande majorité des emprunteurs à taux variable, les paiements restent inchangés, mais les répercussions restent importantes. Par exemple, si un taux variable passe de 1,5 % à 4 % alors que les paiements sont fixes, la période d’amortissement passe de 25 ans à 45 ans. Si les taux augmentent encore de 50 points de base de plus en septembre, ce serait plus de 60 ans. Dans bien des cas, les paiements ne serviront plus à faire baisser le solde du capital. Chaque prêt hypothécaire a ses propres conditions déterminant quand les paiements commencent à augmenter, mais pour ceux qui ont bénéficié des taux variables les plus bas, le moment arrivera bientôt. Évidemment, les paiements des MCBI [marges de crédit adossées à un bien immobilier] utilisées pour financer l’achat de propriétés multiples grimpent en temps réel. »

Il y a aussi le risque que l’organisme de réglementation des institutions financières fédérales, le BSIF, intervienne pour protéger les grandes banques à charte et éviter qu’elles assument trop de risque plutôt que pour faire en sorte qu’il soit plus facile pour les emprunteurs de se qualifier ou d’emprunter à taux variable, dans le présent contexte.

Les renouvellements de prêts hypothécaires posent problème aussi. Les prêts hypothécaires à taux fixe étaient à environ 3 % il y a cinq ans. À 4,5 %, les paiements mensuels augmenteront d’environ 15 %, toutes autres choses étant égales.

À la suite de la dernière décision de la Banque du Canada, davantage d’acheteurs potentiels vont croire que les prix des maisons devraient baisser et ne craindront plus de rater de bonnes occasions. Voilà qui supprimera le facteur clé qui a fait grimper les prix rapidement depuis le début de la pandémie.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
13 Juil

La Banque du Canada hausse le taux de 100 points de base

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Publié par: Robert Perrier

Hausse exceptionnelle des taux, qui en annonce encore d’autres
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a augmenté le taux directeur à un jour d’un plein point de pourcentage, le portant à 2½ %. La Banque poursuit aussi sa politique de resserrement quantitatif, réduisant son portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada et augmentant ainsi encore la pression à la hausse des taux d’intérêt à plus long terme.

Dans un communiqué publié ce matin, la Banque affirme que « [l]’inflation au Canada est plus élevée et persistante que la Banque le prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire [RPM] d’avril, et restera probablement autour de 8 % au cours des prochains mois. […] Même si des facteurs mondiaux comme la guerre en Ukraine et les perturbations continues de l’approvisionnement ont été les principaux moteurs de l’inflation, les pressions intérieures sur les prix attribuables à la demande excédentaire gagnent en importance. Plus de la moitié des composantes de l’indice des prix à la consommation affichent maintenant une hausse supérieure à 5 %. »

La Banque s’inquiète surtout du risque que les pressions inflationnistes s’enracinent. Les récentes enquêtes auprès des consommateurs et des entreprises indiquent une augmentation des attentes d’inflation, et d’une inflation plus élevée pendant plus longtemps. L’inflation salariale s’est accélérée, atteignant 5,2 % selon l’Enquête sur la population active de juin. Le taux de chômage a baissé à un niveau inédit de 4,9 %, le taux de postes vacants atteignant un sommet record en Ontario et en Alberta.

Dans le monde entier, les banques centrales augmentent décisivement les taux d’intérêt, et la croissance ralentit. « Aux États-Unis, l’inflation élevée et les taux d’intérêt en hausse contribuent à un ralentissement de la demande intérieure. L’économie chinoise est plombée par des vagues de restrictions visant à contenir les éclosions de COVID-19. Les prix du pétrole restent élevés et volatils. La Banque s’attend à ce que la croissance économique mondiale ralentisse pour s’établir à environ 3½ % cette année et 2 % en 2023, avant de se raffermir pour atteindre 3 % en 2024. »

La demande excédentaire a manifestement continué d’augmenter au Canada. « La demande étant forte, les entreprises répercutent sur les consommateurs les coûts plus élevés des intrants et de la main-d’œuvre en montant les prix. La consommation est robuste, tirée par un rebond des dépenses en services pour lesquels la distanciation est difficile. Les investissements des entreprises sont solides et les exportations sont stimulées par les prix élevés des produits de base. La Banque estime que le PIB a progressé d’environ 4 % au deuxième trimestre. La progression devrait ralentir pour s’établir autour de 2 % au troisième trimestre, à mesure que la croissance de la consommation se modérera et que l’activité sur le marché du logement reculera après avoir affiché, durant la pandémie, une vigueur qui ne peut pas être maintenue. »

Dans le RPM de juillet, publié aujourd’hui, la Banque indique sa prévision que l’économie du Canada progressera de 3,4 % en 2022 – ce qui correspond au consensus des prévisions –, de 1,75 % en 2023 et de 2,5 % en 2024. Certains économistes prévoient déjà une croissance plus faible l’an prochain, correspondant à une légère récession. La Banque n’est pas encore allée si loin.

« L’activité ralentira à mesure que la croissance mondiale s’essoufflera et que le resserrement de la politique monétaire fera sentir ses effets dans l’économie, affirme la Banque du Canada. Ces facteurs, conjugués à la résolution des perturbations de l’approvisionnement, rétabliront l’équilibre entre l’offre et la demande et atténueront les pressions inflationnistes. Les prix mondiaux de l’énergie devraient aussi reculer. Selon la projection de juillet, l’inflation commencera à redescendre plus tard cette année pour se situer autour de 3 % à la fin de l’année prochaine et retournera à la cible de 2 % à la fin de 2024. »

En somme
Les communications d’aujourd’hui de la Banque du Canada ont confirmé que le Conseil de direction juge encore que les taux d’intérêt vont devoir augmenter davantage, et « le rythme des hausses sera guidé par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et de l’inflation ». Encore une fois, la Banque a affirmé qu’elle est « est déterminé[e] à tenir son engagement à assurer la stabilité des prix et continuera de prendre les mesures nécessaires en vue de l’atteinte de la cible d’inflation de 2 % ».

À 2,5 %, le taux directeur est au milieu de sa plage « neutre ». Ce niveau est celui auquel la politique monétaire est réputée n’être ni expansionniste ni restrictive. Le gouverneur Macklem a dit prévoir que la Banque augmentera la cible à 3 % ou un peu plus. Avant les annonces d’aujourd’hui, les marchés s’attendaient à ce que le taux à un jour se situe à 3,5 % à la fin de l’année.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca