31 Mai

PIB canadien plus fort que prévu au premier trimestre; la Banque du Canada pourrait hausser les taux

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Publié par: Robert Perrier

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De bonnes nouvelles, mais pas pour la Banque du Canada

 

L’économie canadienne continue de se montrer résiliente face aux taux d’intérêt majorés. Selon les données publiées ce matin par Statistique Canada, le PIB réel a progressé à un taux annuel de 3,1 % au premier trimestre de cette année, soit plus que les prévisions du consensus. L’estimation de la croissance en avril est aussi ferme, ce qui laisse entrevoir une vigueur continue au T2. La combinaison d’une grève dans le secteur public et des feux de forêt en Alberta n’ont guère infléchi la tendance.

La croissance au premier trimestre a bénéficié de la force du commerce international et des dépenses des ménages. Ces facteurs ont été un peu atténués par un ralentissement de l’accumulation des stocks ainsi qu’une baisse dans la construction domiciliaire et dans les investissements des entreprises en machines et matériel.

Après deux trimestres de croissance minimale, les dépenses des ménages ont augmenté pour les biens (+1,5 %) et pour les services (+1,3 %) au premier trimestre de 2023. Les dépenses en biens durables (+3,3 %) ont été portées par les véhicules automobiles, y compris les nouveaux camions, fourgonnettes et véhicules utilitaires sport neufs (+7,8 %). Les dépenses en bien semi-durables (+4,3 %) l’ont été par les vêtements (+4,5 %). Quant aux dépenses en biens non durables (-0,2 %), elles ont diminué légèrement.

Les dépenses en services ont augmenté au premier trimestre de 2023, et ce sont les services de repas et boissons non alcoolisées (+4,4 %) et les services de boissons alcoolisées (+6,5 %) qui ont affiché les plus fortes hausses. Parallèlement, une croissance a été enregistrée au chapitre des voyages, les dépenses des Canadiens à l’étranger ayant progressé de 6,8 % au premier trimestre, alors qu’elles avaient fléchi de 3,3 % au trimestre précédent.

Ces données ne donnent pas à croire que les ménages souffrent excessivement d’une hausse des paiements sur les prêts hypothécaires et sur les comptes de cartes de crédit.

En marge de la hausse des coûts d’emprunt et de la baisse des emprunts hypothécaires, les investissements en logement ont reculé de 3,9 % au premier trimestre de 2023, affichant ainsi leur quatrième baisse trimestrielle consécutive. Le repli des investissements était généralisé : la construction neuve (-6,0 %), les rénovations (-2,1 %) et les coûts de transfert de propriété (-1,5 %), lesquels représentent l’activité de revente, ont tous affiché des baisses.

Nous savons que l’activité dans le secteur du logement a nettement accéléré depuis le premier trimestre, ce qui profitera certainement à la croissance au T2. Autre facteur expansionniste, la rémunération des travailleurs continue d’augmenter, en particulier dans les secteurs des services professionnels et personnels, de la fabrication et de la construction.

En revanche, les taux d’épargne et le revenu disponible des ménages sont en baisse. La persistance des taux d’intérêt élevés a eu un effet surtout négatif sur le revenu net de la propriété, la croissance du revenu tiré d’intérêts (+6,4 %), principalement sous forme de dépôts, n’ayant pas suivi le rythme de l’augmentation des paiements d’intérêts sur la dette hypothécaire (+14,7 %) et sur le crédit à la consommation (+10,9 %).

Alors que le revenu disponible des ménages a diminué au premier trimestre de 2023, les dépenses à la consommation (en termes nominaux) ont augmenté de 2,1 %. Ce rythme de croissance est plus prononcé que celui de 1,4 % enregistré au quatrième trimestre de 2022, en partie du fait des pressions inflationnistes. Conséquence, le taux d’épargne des ménages s’est établi à 2,9 % au premier trimestre de 2023, en baisse par rapport au taux de 5,8 % observé à la fin de 2022. Le taux d’épargne des ménages s’est ainsi rapproché de son niveau prépandémie; il se situait à 2,1 % en moyenne en 2019.

Les revenus d’entreprise ont nettement faibli au T1. À en juger d’après le marché boursier, les bénéfices des sociétés ont aussi déçu dans un éventail de secteurs au T2.

 

 

L’économie canadienne ne ralentit pas assez
Croissance du PIB réel au Canada
(taux annuel désaisonnalisé, %)
Prévision

 

En somme

La vigueur des données d’aujourd’hui et l’inflation plus élevée que prévu en avril incitera la Banque du Canada à envisager sérieusement une hausse de 25 points de base du taux à un jour, pour le porter à 4,75 %, lors de sa réunion de la semaine prochaine. Je crois qu’elle attendra de voir les données de mai sur l’emploi et l’inflation avant d’en décider.

Les marchés ont déjà réagi aux plus récentes données. Les taux d’intérêt à court terme restent bien au-delà des niveaux du début de l’année, bien que ce soit surtout attribuable au problème du plafonnement de la dette aux États-Unis. La Banque adoptera certainement une attitude décisive.

 

Ce script se trouve aussi dans Autopilot.

 

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« PIB canadien plus fort que prévu au premier trimestre; la Banque du Canada pourrait hausser les taux » depuis @DLCCanadaInc Économiste en chef @DrSherryCooper https://hypothecairesdominion.ca/economic-insights/pib-canadien-plus-fort-que-prevu-au-premier-trimestre-la-banque-du-canada-pourrait-hausser-les-taux

 

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Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres Hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca

 

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16 Mai

L’activité se renforce nettement sur le marché canadien de l’habitation en avril

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Publié par: Robert Perrier

La vigueur du marché immobilier du printemps augure bien pour l’économie
L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) rapporte que les ventes d’habitations ont bondi de 11,3 % d’un mois à l’autre en avril. La reprise printanière fait suite aux gains successifs, bien que plus modestes, des deux mois précédents. Comme la Banque du Canada marque une pause dans les hausses de taux d’intérêt et que les prix des maisons ont fléchi dans la plupart des régions, les acheteurs se ruent sur l’offre limitée de maisons disponibles.

Suivant la tendance des derniers mois, la hausse des ventes a été généralisée, mais encore une fois dominée par le Lower Mainland de la Colombie-Britannique et la région du Grand Toronto. À Toronto, par exemple, les ventes ont augmenté de 27 % d’un mois à l’autre. C’est la plus forte hausse mensuelle des deux dernières décennies, hormis la reprise à la suite des confinements pour cause de COVID en 2020.

Le prix de référence d’une maison à Toronto a grimpé à 1,11 million de dollars, une hausse de 2,4 %, en données désaisonnalisées. Les baisses constatées plus tôt cette année sont ainsi effacées, les prix étant en augmentation de 0,5 % sur les quatre premiers mois de 2023.

Nouvelles inscriptions

L’offre n’est pas seulement faible, mais extrêmement faible. Les plus récentes données indiquent toutefois que les nouvelles inscriptions ont augmenté dans la première semaine de mai. Le manque persistant de nouvelles inscriptions nuit à l’abordabilité des maisons.

Le nombre de propriétés nouvellement inscrites a augmenté de 1,6 % d’un mois à l’autre en avril; cependant, l’offre demeure à son plus bas niveau en 20 ans. Avec une progression de 2,8 %, les nouvelles inscriptions sur la marché de Toronto sont bien insuffisantes vu l’augmentation des ventes de 27 %. En conséquence, l’offre de maisons a diminué, après avoir augmenté de 12,3 % au cours de la dernière année. Le rapport entre inscriptions actives et ventes, un indice du caractère concurrentiel du marché pour les acheteurs, est plus serré que la moyenne historique.

Le marché immobilier de Toronto n’est pas le seul à connaître une offre serrée et des prix en hausse. Vancouver, depuis longtemps un des marchés les plus chers au pays, a aussi vu son prix de référence grimper de 2,4 % le mois passé.

Les ventes nationales ayant largement dépassé les nouvelles inscriptions en avril, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a bondi à 70,2 %, contre 64,1 % en mars. La moyenne à long terme de cette mesure est de 55,1 %.

On comptait 3,3 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin d’avril 2023, soit une baisse d’un demi-mois par rapport aux 3,8 mois enregistrés à la fin de mars. La moyenne à long terme de cette mesure est d’environ cinq mois.

Prix des maisons

En avril 2023, l’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a grimpé de 1,6 % d’un mois à l’autre, ce qui représente une forte augmentation pour un seul mois. Cette augmentation était aussi généralisée. De mars à avril, une augmentation mensuelle des prix a été observée dans la plupart des marchés locaux.

Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en avril 2023 s’est établi à 716 000 $, soit une baisse de 3,9 % par rapport à avril 2022, mais une hausse de 103 500 $ par rapport à janvier 2023, un gain attribuable aux rebonds importants des ventes dans la région du Grand Toronto et dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique.

En somme

Le marché canadien de l’habitation a entrepris un virage. L’inventaire reste extrêmement faible, mais les maisons se vendent, et se vendent rapidement. Les acheteurs apprécient les taux hypothécaires fixes à court terme, ce qui est un changement notable par rapport à la période avant que la Banque du Canada commence à augmenter les taux.

Le reste de cette année, la Banque du Canada n’augmentera sans doute pas les taux, mais je ne prévois pas que le gouverneur Macklem les réduira. Il reste toutefois à voir comment l’inflation évoluera. Nous aurons des nouvelles à ce sujet demain.

Le fait que les marchés du travail restent forts et que l’activité reprend dans le domaine de l’habitation doit certainement inquiéter quelque peu la Banque du Canada – si elle veut ramener l’inflation à sa cible de 2 % l’année prochaine.

Autre élément notable, la forte augmentation de la population canadienne – du fait de l’immigration – a aggravé la pénurie de logements. L’offre de nouvelles habitations, et surtout d’habitations abordables, est insuffisante pour une population en forte hausse. Par ailleurs, un récent rapport de Benjamin Dachis, de l’Institut C.D. Howe, signale d’importants obstacles gouvernementaux à une offre adéquate de logements.

L’Institut recommande :

  • de prévoir l’application non politique des politiques municipales en matière de logement;
  • de réformer les frais imposés pour les nouveaux projets domiciliaires;
  • d’alléger les restrictions sur la construction en hauteur et en banlieue.