6 Juin

La faiblesse de l’emploi au Canada en mai laisse entrevoir un assouplissement de la Banque du Canada

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Publié par: Robert Perrier

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Le marché du travail est resté faible en mai, ce qui augmente la probabilité d’une réduction de taux d’intérêt à la prochaine réunion de la Banque du Canada

 

 

Le taux de chômage au Canada a grimpé à 7,0 % en mai

 

Les données de l’Enquête sur la population active de mai révèlent un fort effet négatif des tarifs douaniers sur l’économie canadienne. L’emploi est resté stable pour un deuxième mois consécutif, affichant une augmentation modeste de 8800 emplois, ce qui est inférieur aux attentes.

La croissance du travail à temps plein (+58 000; +0,3 %) a été contrebalancée par la baisse du travail à temps partiel (-49 000; -1,3 %). Il n’y a eu pratiquement aucune croissance de l’emploi depuis janvier, après les fortes hausses enregistrées d’octobre 2024 à janvier 2025 (+211 000; +1,0 %).

Le taux d’emploi – la proportion de la population âgée de 15 ans et plus qui occupe un emploi – s’est maintenu à 60,8 % en mai, ce qui correspond au creux récent observé en octobre 2024. Le taux d’emploi avait diminué pendant deux mois consécutifs : en mars (-0,2 point de pourcentage) et en avril 2025 (-0,1 point de pourcentage).

Le nombre d’employés dans le secteur privé a augmenté de 61 000 (+0,4 %) en mai. C’est la première hausse depuis janvier. L’emploi dans le secteur public a reculé de 21 000 (-0,5 %) au cours du mois, après avoir progressé en avril, en raison en partie de l’embauche de travailleurs temporaires pour l’élection générale fédérale. Le travail autonome a aussi diminué (-30 000; -1,1 %) en mai, sa première baisse significative depuis mai 2023.

 

 

Nouveau rapport décevant sur l’emploi en mai

 

Le taux de chômage a augmenté de 0,1 point de pourcentage pour atteindre 7,0 % en mai. Il s’agit du taux le plus élevé depuis septembre 2016 (à l’exception des années 2020 et 2021, pendant la pandémie). L’augmentation de mai est la troisième hausse mensuelle consécutive; depuis février, le taux de chômage a augmenté en tout de 0,4 point de pourcentage.

Il y avait 1,6 million de chômeurs en mai, en hausse de 13,8 % (+191 000) par rapport à 12 mois plus tôt. Une proportion moins élevée de personnes qui étaient au chômage en avril ont effectué une transition vers un emploi en mai (22,6 %) par rapport à un an plus tôt (24,0 %) et par rapport à la moyenne prépandémie pour les mêmes mois en 2017, 2018 et 2019 (31,5 %) (données non désaisonnalisées). Cela indique que les personnes éprouvent davantage de difficultés à se trouver un emploi dans le marché du travail actuel.

La durée moyenne de la période de chômage a également augmenté : les chômeurs avaient passé en moyenne 21,8 semaines à chercher un emploi en mai, en hausse par rapport à 18,4 semaines en mai 2024. En outre, près de la moitié (46,5 %) des personnes au chômage en mai 2025 n’avaient pas travaillé au cours des 12 mois précédents ou n’avaient jamais travaillé, en hausse par rapport à 40,7 % en mai 2024 (données non désaisonnalisées).

Le taux de mise à pied – c’est-à-dire la proportion de personnes qui étaient en emploi en avril, mais qui sont devenues chômeuses en mai en raison d’une mise à pied – s’est établi à 0,6 %, tout comme en mai 2024 (données non désaisonnalisées).

 

 

Le taux de chômage a atteint 7,0 % en mai

 

Le total des heures travaillées a peu varié en mai, mais il était en hausse de 0,9 % par rapport à 12 mois plus tôt.

En mai, le salaire horaire moyen des employés a augmenté de 3,4 % (+1,20 $, pour atteindre 36,14 $) par rapport à un an plus tôt. Il s’agit du même taux de croissance qu’en avril (données non désaisonnalisées).

L’emploi a augmenté dans le secteur du commerce de gros et de détail (+43 000; +1,5 %) en mai, en particulier dans le commerce de gros. Cette augmentation a contrebalancé en partie les baisses mensuelles observées en mars et en avril 2025 qui totalisaient 55 000 (-1,8 %).

En mai, l’emploi a progressé dans le secteur de l’information, de la culture et des loisirs (+19 000; +2,3 %) et dans celui de la finance, des assurances, des services immobiliers et des services de location et de location à bail (+12 000; +0,8 %). L’emploi a suivi une tendance à la hausse dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail depuis octobre 2024, affichant une augmentation nette de 79 000 (+5,6 %) au cours de la période.

Parallèlement, l’emploi a diminué dans le secteur des administrations publiques (-32 000; -2,5 %) en mai, ce qui a contrebalancé la hausse enregistrée en avril en lien avec l’embauche de travailleurs temporaires pour l’élection générale fédérale. Avant ces variations compensatoires, l’emploi dans les administrations publiques avait peu varié depuis juillet 2024.

Graphique 5
Variation de l’emploi selon le secteur, mai 2025

 

 

En mai, l’emploi a aussi reculé dans le secteur du transport et de l’entreposage (-16 000; -1,4 %); dans le secteur des services d’hébergement et de restauration (-16 000; -1,4 %) et dans le secteur des services aux entreprises, des services relatifs aux bâtiments et des autres services de soutien (-15 000; -2,1 %).

 

 

L’inflation salariale baisse légèrement, à 3,4 %

 

En somme

Les données sur l’emploi non agricole aux États-Unis, publiées aujourd’hui, montrent que l’économie reste résiliente alors que les tarifs douaniers commencent à laisser leur marque. Les États-Unis ont ajouté 139 000 emplois en mai, surpassant les estimations, mais laissant le taux de chômage à 4,2 %. Une baisse de la participation au marché du travail a modéré l’évolution du taux de chômage américain en mai, même si le nombre de chômeurs a progressé pour un quatrième mois, la plus longue séquence depuis 2009. Les données sur l’emploi des deux mois précédents ont été révisées à la baisse. Les gains salariaux ont surpassé l’inflation, ce qui a aidé à augmenter les dépenses des consommateurs.

D’autres indicateurs du marché du travail donnent des signes d’une pression croissante. L’emploi ménager a chuté de 669 000 en mai. La population active a baissé de 625 000. Le taux de chômage est resté relativement stable, à 4,244 %, mais ce n’est pas réellement le signe d’un marché du travail vigoureux et résilient.

L’emploi dans le secteur manufacturier a reculé de 8000, le pire résultat du secteur depuis janvier. La croissance de l’emploi dans la construction a aussi ralenti, à 4000 contre 7000 en avril, ce qui est inhabituel dans la saison immobilière du printemps. Il y a aussi eu de douloureuses pertes d’emploi dans les entreprises d’aide temporaire, dans le commerce de détail et au gouvernement fédéral. Ces secteurs souffrent sans doute des effets combinés des tarifs douaniers et des compressions fédérales voulues par le département de l’efficacité gouvernementale.

Le rapport sur l’emploi en mai ne contient rien qui inciterait la Réserve fédérale à agir plus tôt que ne le prévoient les marchés. La stabilité du taux de chômage et l’amélioration des gains trimestriels dans l’emploi l’inciteront plutôt à continuer d’attendre de voir. Cela dit, la façade de résilience du marché du travail commence à s’effriter. Plus longtemps dureront l’incertitude liée aux tarifs douaniers et les compressions budgétaires gouvernementales, plus les rapports sur le marché du travail se dégraderont. Les signes d’une perte nette d’emplois dans le secteur manufacturier, dans l’aide temporaire, dans le commerce de détail et au gouvernement sont révélateurs de ce dommage.

Au Canada, les tarifs douaniers ont déjà produit un effet important sur le marché du travail. Le taux de chômage est à son plus haut niveau depuis 2016, hormis la pandémie, alors que les industries touchées par les tarifs mettent des travailleurs à pied. Le doublement des tarifs sur l’acier et l’aluminium est particulièrement délétère. Les secteurs faisant du commerce international sont à la peine, tandis que les industries axées sur le marché intérieur compensent partiellement.

Le rapport sur l’emploi en mai aurait pu être pire, sachant qu’il y avait déjà la perte de plus de 30 000 travailleurs électoraux. Toute augmentation est la bienvenue, et les gains dans le secteur privé et en emplois à temps plein sont encourageants. Le grand problème est que le secteur manufacturier subit une pression intense du fait de la profonde incertitude liée au commerce international. Dans l’ensemble, le marché du travail continue de faiblir, comme l’illustre la progression du taux de chômage. En plus de deux ans, le taux de chômage a augmenté de 2 points de pourcentage. Nous sommes passés d’une période où il était difficile de trouver des travailleurs, en 2022-2023, à la situation d’aujourd’hui où il est difficile de trouver du travail. Le rapport mitigé de mai ne donne pas de signal clair à la Banque du Canada, mais la tendance générale d’une augmentation du chômage l’amènera à rester en mode assouplissement au deuxième semestre de l’année.

 

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Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres Hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca

 

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4 Juin

La Banque du Canada maintient les taux tels quels pour sa deuxième réunion de suite

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Publié par: Robert Perrier

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La Banque du Canada maintient les taux tels quels pour sa deuxième réunion de suite – Mais deux nouvelles réductions de taux sont probables cette année

 

Comme prévu, la Banque du Canada a laissé son taux directeur inchangé à 2,75 % lors de sa réunion d’aujourd’hui. C’est la deuxième fois de suite qu’elle le fait, après avoir décrété sept réductions dans la dernière année. Le Conseil de direction a noté que le caractère imprévisible de l’ampleur et de la durée des tarifs douaniers pose des risques de baisse de la croissance et de hausse des attentes d’inflation. Cela étant, la prudence s’impose quant à la poursuite de l’assouplissement monétaire.

L’écart entre les 2,75 % du taux directeur au Canada et les 4,25 à 4,50 % du taux américain prend des proportions historiques. Une autre cause d’incertitude est la politique budgétaire face aux défis économiques d’aujourd’hui. Si le « Big Beautiful Bill » qu’étudie actuellement le Sénat survit, le déficit budgétaire des États-Unis atteindra des sommets inédits. Le Congressional Budget Office estime que le projet de loi ajouterait quelque 4000 milliards de dollars américains au déficit déjà vertigineux du gouvernement fédéral. Dans cette perspective, les rendements des obligations à plus long terme ont grimpé jusqu’à présent cette année, raidissant la courbe de rendement.

L’incertitude reste grande, et le président américain vient de doubler les droits de douane sur l’acier et l’aluminium à 50 %, ce qui pourrait paralyser les exportations canadiennes de ces métaux aux États-Unis. La semaine passée, les données du PIB au premier trimestre indiquant une croissance annualisée de 2,2 % étaient meilleures que prévu, par suite d’un essor des exportations et d’une augmentation des stocks visant à devancer la hausse des tarifs douaniers. La demande intérieure finale au Canada était stable. Des données plus récentes ont révélé une importante faiblesse, surtout dans les marchés du travail et du logement. Les dépenses de consommation ont aussi nettement ralenti.

« L’extrême turbulence observée sur les marchés financiers en avril s’est modérée, et les pertes affichées sur les bourses ont été récupérées, a noté le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem aujourd’hui en conférence de presse. Cependant, l’issue des négociations commerciales est très incertaine. Les taux tarifaires se situent bien au-dessus des niveaux du début de 2025, et il y a encore des menaces de nouvelles mesures commerciales. Les hausses tarifaires supplémentaires imposées récemment par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium mettent en évidence l’imprévisibilité de la politique commerciale américaine. »

Jusqu’ici, l’économie américaine s’est montrée résiliente. Les entreprises ayant agi en anticipation de l’entrée en vigueur des droits de douane, les importations aux États-Unis ont été fortes, ce qui a pesé sur le produit intérieur brut du pays au premier trimestre. Mais la demande intérieure est demeurée relativement élevée. Des premiers indicateurs pour le deuxième trimestre laissent entrevoir un rebond de la croissance, du fait que les importations redescendent et que la demande intérieure continue d’augmenter.

Les importations américaines élevées ont profité au Canada, entraînant une hausse de ses exportations. Cela a stimulé la croissance du PIB canadien au premier trimestre, qui s’est établie à 2,2 % – soit un taux légèrement plus élevé que ne l’anticipait la Banque.

Le marché du travail s’est affaibli, les pertes d’emploi étant concentrées dans les secteurs axés sur le commerce extérieur. Le taux de chômage est monté à 6,9 % en avril. Jusqu’à présent, l’emploi a tenu le coup dans les secteurs qui dépendent moins des exportations. Toutefois, les entreprises disent généralement à la banque centrale qu’elles prévoient réduire leurs embauches.

L’activité économique ayant profité du devancement des exportations et de l’accumulation de stocks au premier trimestre, elle devrait être beaucoup plus faible au deuxième trimestre. Face aux droits de douane américains et à l’incertitude accrue, il y a eu une certaine résilience du côté des dépenses des familles et des entreprises canadiennes. Mais celles-ci resteront probablement prudentes, ce qui laisse présager que les dépenses intérieures resteront modestes.

Abstraction faite des taxes, l’inflation est passée de 2,1 % en mars à 2,3 % en avril, ce qui est légèrement plus que la Banque ne l’avait prévu. Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque, ainsi que d’autres mesures de l’inflation sous-jacente, ont augmenté en avril. Bien que l’inflation montre une certaine volatilité inhabituelle, ces mesures semblent indiquer que l’inflation sous-jacente pourrait être plus forte que nous le pensions. La hausse de l’inflation fondamentale s’explique en partie par la montée des prix des biens, y compris des aliments, et pourrait refléter les effets des perturbations commerciales. Beaucoup d’entreprises disent qu’elles font déjà face à des coûts plus élevés du fait qu’elles doivent trouver de nouveaux fournisseurs et de nouveaux marchés. La Banque surveillera de près les mesures de l’inflation sous-jacente pour analyser l’évolution des pressions inflationnistes.

La Banque suit aussi attentivement les attentes d’inflation. En avril, nous avions rapporté que les consommateurs et les entreprises s’attendaient à une hausse des prix en raison des droits de douane, tandis que les attentes d’inflation à long terme demeuraient bien ancrées. De récentes enquêtes indiquent encore que les consommateurs se préparent à une montée des prix et que de nombreuses entreprises ont l’intention de répercuter sur leurs clients les coûts liés aux droits de douane.

Le Conseil de direction va continuer d’analyser l’évolution et la force des pressions sur l’inflation – celles à la baisse dues à l’affaiblissement de l’économie et celles à la hausse découlant de la montée des coûts.

Pour cette décision, il y avait un consensus pour laisser le taux directeur inchangé en attendant d’amasser plus d’information. La Banque du Canada a aussi discuté de la trajectoire future du taux directeur. À ce sujet, les opinions étaient plus partagées. Dans l’ensemble, les membres du Conseil étaient d’avis qu’il pourrait être nécessaire de baisser le taux directeur si les droits de douane américains et l’incertitude font ralentir l’économie et si les pressions sur l’inflation découlant des coûts sont maîtrisées.

 

 

La Banque du Canada maintient le taux directeur à 2,75 %

 

En somme

Nous prévoyons que l’économie canadienne connaîtra un léger recul (-0,5 %) au T2 et au T3, ramenant la croissance pour l’année à 1,2 %, une fraction de plus que selon la récente prévision de l’OCDE pour le Canada. Le Conseil de direction de la Banque du Canada prendra sa prochaine décision le 30 juillet, ce qui laissera le temps d’évaluer les tendances sous-jacentes de l’inflation et l’effet des tarifs douaniers sur l’activité économique.

Il y aura deux relevés de l’IPC et deux rapports sur l’emploi d’ici la prochaine réunion de la Banque. Si l’inflation ralentit les mois prochains et si l’économie ralentit aux T2 et T3 comme on s’y attend largement, la Banque réduira probablement le taux d’intérêt encore deux fois cette année, le ramenant à 2,25 %.

 

 

Dates de décisions en 2025
29 janvier ––> 3,0 %
12 mars ––> 2,75 %
16 avril
4 juin
30 juillet ––> 2,50 %
17 septembre ––––>
29 octobre ––––>     2.0%
10 décembre ––––>

Le taux à un jour en voie de baisser à 2,25 % d’ici l’été/automne 2025.
Ce sera plus que le taux de 1,75 % d’avant la COVID.

 

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« La Banque du Canada maintient les taux tels quels pour sa deuxième réunion de suite, alors que le PIB du T1 était étonnamment fort et qu’il reste un risque d’inflation liée aux tarifs douaniers » depuis @DLCCanadaInc Économiste en chef @DrSherryCooper
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Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres Hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca

 

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