La Banque du Canada a relevé le taux cible de financement à un jour d’un autre 25 points de base pour le fixer à 1,0 %. Il s’agit de la deuxième hausse consécutive après sept années d’augmentation des mesures de stimulation monétaire. La croissance impressionnante de 4,5 % du PIB au cours du deuxième trimestre a précipité cette décision malgré deux facteurs compensatoires : la flambée récente du dollar canadien, qui a augmenté de plus de 8 % au cours des trois derniers mois pour atteindre 81 cents américains, ainsi que le taux d’inflation qui demeure sous la cible.
Le resserrement monétaire d’aujourd’hui se produit en même temps que les dirigeants de la Réserve fédérale américaine laissent croire qu’une autre hausse du taux aux États-Unis la semaine prochaine est injustifiée, cela ajoutant ainsi davantage de pression à la hausse sur le dollar. L’incertitude économique et politique qui prévaut aux États-Unis a contribué à exercer une pression considérable à la baisse sur les rendements obligataires américains, alors qu’au Canada, les taux d’intérêt augmentent.
L’économie canadienne est en effervescence, surpassant considérablement celle des États-Unis, et les assauts des ouragans Harvey et Irma ne feront qu’accroître la disparité. Au Canada, la croissance devient « plus généralisée et autonome », selon le communiqué de presse diffusé par la Banque. Le communiqué de presse de la semaine dernière concernant le PIB du deuxième trimestre a révélé que les dépenses de consommation sont robustes, étant soutenues par l’« expansion continue de l’emploi et du revenu. » Les investissements des entreprises et la croissance des exportations ont également démontré de la vigueur. La banque centrale s’attend cependant à ce que le rythme de la croissance économique soit plus modéré au cours du deuxième semestre de l’année.
Le secteur du logement a ralenti dans certains marchés, particulièrement autour de la région du Grand Toronto, en réaction aux changements récents sur le plan des taxes et des règlements touchant le logement en Ontario. Il s’agit d’un changement bien accueilli par la Banque et les autorités gouvernementales sont préoccupées par l’augmentation constante de la dette des ménages. Une politique monétaire plus serrée laisse présager d’autres augmentations des taux hypothécaires et des autres taux de prêt. La Banque laisse entendre que « compte tenu de l’endettement élevé des ménages, elle suivra de près la sensibilité de l’économie aux taux d’intérêt plus élevés. » On ne peut être plus transparent que cela. La Banque du Canada accueille favorablement un ralentissement dans le secteur du logement et des activités d’emprunt.
Des questions demeurent en ce qui a trait à la croissance potentielle de l’économie, laquelle a été estimée plus tôt par les économistes de la Banque à environ 1,7 %. Alors que l’économie se situe plus près du plein emploi que ce qu’on avait prévu antérieurement, la Banque est d’avis qu’une capacité excédentaire dans le marché de l’emploi demeure. Cette déclaration suggère peut-être que l’économie peut croître à un rythme plus rapide que la Banque l’avait cru initialement sans engendrer d’inflation.
L’inflation ne semble pas être une préoccupation de premier plan actuellement. Tandis que l’inflation demeure sous le taux cible de 2 % et que les pressions sur les salaires sont contenues, il y a eu une légère augmentation de l’indice des prix à la consommation et des mesures de l’inflation fondamentale, ce qui « cadre avec le fait que l’incidence négative des chocs de prix temporaires se dissipe et que les capacités excédentaires se résorbent dans l’économie. »
Encore une fois, la Banque du Canada nous rappelle que les décisions futures sur le plan des politiques ne sont pas prédéterminées, mais elles seront tributaires des nouvelles données économiques et financières. Cette mise en garde correspond « aux risques géopolitiques importants ainsi qu’aux incertitudes considérables entourant les politiques de commerce international et les politiques budgétaires. |
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