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8 Juin

En mai, les pertes d’emplois au Canada se sont produites dans les secteurs de la fabrication et de la construction.

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Statistique Canada a annoncé ce matin que l’emploi a peu changé au Canada en mai et que le taux de sans-emploi est demeuré aussi bas que 5,8 % pour le quatrième mois consécutif. Cependant, les grands titres ont souligné la modeste perte de 7 500 emplois du mois dernier, à la suite de la perte de 1 100 emplois enregistrée en avril. Le recul du nombre d’emplois est négligeable pour un pays qui a ajouté 238 200 nouveaux emplois au cours de la dernière année.

Dans le secteur privé, la perte d’emplois est survenue surtout dans les secteurs de la fabrication et de la construction. Le secteur de la fabrication a été faible toute l’année, ayant sans doute été influencé par l’incertitude constante entourant l’ALENA. Les dernières batailles commerciales ont repoussé les décisions relatives à l’ALENA jusqu’en 2019. Non seulement les États-Unis ont imposé des tarifs sur les expéditions canadiennes d’acier et d’aluminium, mais Trump insiste maintenant pour que des négociations bilatérales distinctes aient lieu avec le Canada et avec le Mexique. Cette stratégie qui consiste à diviser pour régner ne fera que prolonger l’incertitude et il n’est pas évident que survivra la vieille entente de l’ALENA qui date de 24 ans.

Des tarifs réciproques imposés par le Canada, le Mexique et de nombreux autres partenaires commerciaux des É.-U. continueront de perturber les activités économiques à l’échelle mondiale.
Dans le secteur de la construction, l’emploi a baissé pour un deuxième mois consécutif en mai, ayant diminué de 13 000. Les emplois dans la construction ont peu changé depuis un an, les récentes baisses ayant contrebalancé les hausses observées vers la fin de 2017. Les activités dans le logement ont beaucoup ralenti au cours des 12 derniers mois en réaction aux mesures gouvernementales et réglementaires visant à ralentir l’activité résidentielle.

La plus grande part du recul dans les emplois peut être attribuable à la Colombie-Britannique, où l’emploi a chuté de 12 400 en mai. Des performances diverses ont été observées ailleurs. En C.-B., les marchés de l’emploi sont exceptionnellement serrés et le taux de chômage a chuté à 4,8 %, le taux le plus faible enregistré au pays. Les pertes d’emplois peuvent refléter une incapacité à trouver les travailleurs appropriés (voir le graphique ci-dessous).

Le marché des emplois demeure très serré au Canada, de plus en plus d’employeurs signalant que des postes sont vacants et qu’ils ont du mal à trouver des travailleurs expérimentés dans certains secteurs. La pénurie de main-d’œuvre et les hausses du salaire minimum provinciales ont fait augmenter les revenus. Le salaire horaire moyen pour les travailleurs permanents a augmenté de 3,9 % comparativement à un an auparavant, correspondant au rythme observé la dernière fois en avril 2009, et le nombre d’heures travaillées s’est accru de 2 %.

L’augmentation des salaires qui atteint un sommet en 9 ans est sans aucun doute attribuable à l’augmentation du salaire minimum au Québec, mais la plus vaste histoire des pressions sur les prix demeure; de 12 à 16 industries majeures ont connu une croissance des salaires supérieure à 3 % en mai, ce qui a également marqué le douzième mois consécutif de hausses salariales réelles.
Dans un rapport séparé, Statistique Canada a révélé que l’utilisation de la capacité industrielle a augmenté pour atteindre 86,1 % au cours du premier trimestre, le niveau le plus marqué depuis 2006. Il s’agissait du septième gain consécutif à ce chapitre.

La Banque du Canada a déclaré qu’elle surveille étroitement la croissance des revenus puisqu’elle évalue actuellement la possibilité d’augmenter encore les taux d’intérêt le mois prochain. On s’attend à ce que le marché de l’emploi demeure vigoureux cette année, le taux de chômage se maintenant près des creux records malgré l’incertitude commerciale et un secteur du logement faible. Jeudi, le gouverneur Poloz a affirmé que les signes d’une « forte » croissance sont visibles.

La Banque du Canada devrait augmenter les taux d’intérêt lors de la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs qui aura lieu en juillet, s’ajoutant aux trois hausses de taux enregistrées au cours de l’année dernière.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca