Le Canada a récupéré trois quarts des emplois perdus à cause de la pandémie
Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de septembre, qui viennent d’être publiés par Statistique Canada, rendent compte de la situation du marché du travail pendant la semaine allant du 13 au 19 septembre, six mois après le début de la crise économique liée à la COVID-19. Au début de septembre, au moment où les familles canadiennes s’adaptaient aux nouvelles routines de la rentrée scolaire, les restrictions au nom de la santé publique avaient été considérablement assouplies partout au pays, et bon nombre d’entreprises et de lieux de travail avaient rouvert. Tout au long du mois cependant, certaines restrictions ont été imposées de nouveau en réponse à des augmentations du nombre de cas de COVID-19. En Colombie-Britannique, de nouvelles règles et directives concernant les bars et les restaurants sont entrées en vigueur le 8 septembre. En Ontario, les limites imposées relativement aux rassemblements ont été resserrées dans les zones chaudes de Toronto, de Peel et d’Ottawa le 17 septembre et, pour le reste de la province, le 19 septembre.
L’augmentation de l’emploi s’est accélérée de façon inattendue en septembre. La progression de 378 200 emplois, fruit d’une vaste reprise, représente presque le double des prévisions de consensus. C’était le cinquième mois consécutif d’augmentation de l’emploi, faisant que trois quarts des 3 millions d’emplois perdus en mars et avril ont maintenant été récupérés. Le taux de chômage a diminué, de 10,2 % en août à 9,0 % en septembre. La plupart des économistes avaient prévu une augmentation de 150 000 emplois et un taux de chômage de 9,8 %.
Autre bonne nouvelle, la plupart des nouveaux emplois nets dont des emplois à temps plein. Le nombre de Canadiens qui étaient en emploi mais qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles pour des raisons probablement liées à la COVID-19 a diminué de 108 000 (-7,1 %) en septembre.
La hausse enregistrée en septembre a ramené l’emploi à 720 000 (-3,7 %) de son niveau de février, avant la COVID-19. Les secteurs des services d’hébergement et de restauration (-188 000) et du commerce de détail (-146 000) sont demeurés les plus éloignés de leurs niveaux d’avant la pandémie, tandis que l’emploi chez les jeunes était 263 000 (-10,3 %) en deçà du niveau de février.
Parmi les Canadiens qui ont travaillé la majorité de leurs heures habituelles, la proportion travaillant à partir de leur domicile a légèrement diminué d’août à septembre, passant de 26,4 % à 25,6 %.
L’emploi a augmenté dans toutes les provinces en septembre, sauf au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard. Les hausses les plus marquées ont été enregistrées en Ontario et au Québec.
À la suite de la crise économique liée à la COVID-19, le taux de chômage a plus que doublé, passant de 5,6 % en février à un sommet inégalé de 13,7 % en mai. Le taux de chômage de 9,0 % de septembre témoigne d’une amélioration rapide. À titre de comparaison, pendant la récession de 2008-2009, le taux de chômage est passé de 6,2 % en octobre 2008 à un sommet de 8,7 % en juin 2009. Il a alors fallu environ neuf ans pour qu’il revienne à son niveau d’avant la récession.
En septembre, l’emploi s’est accru de 72 000 (+7,4 %) dans les services d’hébergement et de restauration. Il s’agit de la cinquième hausse mensuelle consécutive, laquelle a porté les augmentations totales à 427 000 depuis le début de l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 en mai. Néanmoins, en septembre, l’emploi dans ce secteur était le plus éloigné des niveaux d’avant la crise économique, restant en baisse de 15,3 % (-188 000) par rapport à son niveau de février, avant la pandémie.
Le secteur des services d’hébergement et de restauration devra vraisemblablement continuer de faire face à de nombreux défis au cours des prochains mois. Il deviendra sans doute difficile de manger à l’extérieur pendant l’hiver, et certaines restrictions liées à la COVID-19 sont imposées de nouveau. De fait, les Canadiens prévoient réduire leurs dépenses au restaurant, d’après une étude récente.
Après quatre mois de hausse, l’emploi dans le commerce de détail est demeuré stable en septembre. Par rapport à février, l’emploi dans ce secteur a reculé de 146 000 (-6,4 %). Après avoir fortement progressé en mai et en juin après l’assouplissement initial des restrictions liées à la COVID-19, le commerce de détail a ralenti de façon marquée en juillet.
La route de la reprise sera encore longue dans le secteur de la construction
En septembre, l’emploi dans le secteur de la construction est demeuré à peu près inchangé pour un deuxième mois consécutif, étant en baisse de 120 000 (-8,1 %) par rapport à son niveau d’avant la COVID-19. Comparativement à février, l’emploi dans la construction a diminué le plus en Ontario (-54 000; -9,5 %) et en Colombie-Britannique (-39 000; -16,3 %).
Le secteur de la construction comprend trois sous-secteurs : la construction de bâtiments, les travaux de génie civil et les entrepreneurs spécialisés. Selon les derniers résultats de l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH), l’emploi a reculé de février à juillet dans chacun des sous-secteurs dans la construction. La baisse la plus prononcée a été observée chez les entrepreneurs spécialisés. Les statistiques de juillet sur l’investissement en construction de bâtiments montrent que l’investissement en construction de bâtiments était légèrement plus faible en juillet qu’en février.
L’emploi dans la fabrication s’est presque entièrement redressé, mais il est à la traîne en Alberta
Dans certains secteurs, la route sera longue avant de retrouver les niveaux d’emploi d’avant la COVID-19, alors que dans d’autres secteurs, y compris la fabrication, l’emploi s’est presque entièrement redressé.
Le rythme de la croissance de l’emploi dans le secteur de la fabrication s’est accéléré en septembre (+68 000; +4,1 %), après avoir enregistré deux mois de croissance modeste au cours de l’été. La hausse de septembre a porté la variation totale de l’emploi dans ce secteur à un niveau semblable à celui observé en février. Bien que l’emploi dans la fabrication soit demeuré nettement en deçà des niveaux observés avant la pandémie en Alberta (-17 000; -12,1 %) et, dans une moindre mesure, au Québec (-15 000; -3,1 %), l’emploi était au-dessus du niveau d’avant la COVID-19 en Ontario (+17 000; +2,3 %).
L’emploi dans les services d’enseignement augmente en septembre, surpassant le niveau d’avant la COVID-19
L’emploi dans les services d’enseignement a progressé de 68 000 (+5,0 %) en septembre, et l’Ontario et le Québec ont enregistré les hausses les plus marquées. Après avoir diminué de 11,5 % de février à avril, l’emploi dans ce secteur a progressé pendant cinq mois consécutifs, et se situe maintenant à un niveau 2,6 % au-dessus du niveau de février.
Au moment de la rentrée scolaire en août et en septembre, certains secteurs de compétence ont augmenté leurs effectifs pour soutenir les adaptations apportées aux salles de classe. Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans les services d’enseignement a progressé de 32 000 (+2,3 %) en septembre, principalement en raison de la hausse du nombre de conseillers pédagogiques et d’enseignants aux niveaux primaire et secondaire (données non désaisonnalisées).
En somme
La crise économique liée à la COVID-19 et ses répercussions sur le marché du travail ont été particulièrement éprouvantes pour les travailleurs faiblement rémunérés (définis comme étant ceux touchant moins de 16,03 $ l’heure, ou deux tiers du salaire médian annuel de 2019 qui était de 24,04 $ l’heure). De février à avril, l’emploi chez les travailleurs faiblement rémunérés a diminué de 38,1 % comparativement à la baisse de 12,7 % observée chez tous les autres employés rémunérés (données non désaisonnalisées).
Près de la moitié de la baisse sur 12 mois du nombre d’employés faiblement rémunérés est attribuable à trois secteurs : le commerce de détail; les services d’hébergement et de restauration; les services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien. La pandémie a plus durement touché les travailleurs à faible revenu et les jeunes, ce qui explique pourquoi l’activité a malgré tout été si forte sur le marché du logement. Les travailleurs à faible revenu et les jeunes ne sont en général ni propriétaires ni vendeurs de maisons.
Par ailleurs, d’après le rapport COVID Consumer Spending Tracker de RBC pour la semaine du 5 octobre, les inquiétudes face à une deuxième vague n’influent guère sur les tendances des dépenses de consommation jusqu’à présent.
Selon RBC :
Parmi les diverses catégories du commerce de détail, les dépenses consacrées aux vêtements ont continué de grimper, revenant aux niveaux d’un an plus tôt.
Les dépenses sur l’habillement, les cadeaux et la bijouterie étaient en hausse de 1,5 % par rapport à l’année passée.
Les autres catégories du commerce de détail ont préservé les progrès réalisés ces quelques derniers mois.
Les dépenses sur le divertissement ont plafonné en termes absolus, mais étaient un peu plus élevées que l’année passée.
Les fortes dépenses sur le golf constatées pendant l’été se poursuivront probablement au début de l’automne, plutôt que de baisser comme elles le feraient une année normale.
Un ralentissement des dépenses sur l’hébergement et la location d’autos a accéléré une tendance baissière dans les achats liés aux voyages qui ont dominé pendant les quelques dernières semaines.
Les dépenses de voyage ont partiellement remonté après les creux dus à la pandémie; elles restaient inférieures de 60 % au plus fort de l’été. Elles se sont de nouveau dégradées à l’arrivée du temps plus frais.
En même temps, les dépenses dans le secteur automobile ont baissé légèrement, suivant les tendances saisonnières, après l’été propice aux voyages en auto.
À la fête du Travail, les dépenses dans les restaurants ont atteint leur plus haut niveau depuis le début de la pandémie, mais cette embellie était fugace.
Les dépenses sur les sorties au restaurant sont rapidement retombées à -6 % par rapport à un an plus tôt, soit à peu près le même niveau que depuis juillet.
Les données récemment publiées par les chambres immobilières de Toronto et de Vancouver révèlent une forte activité de vente et une pression haussière persistante sur les prix. Dans le Grand Toronto, les nouvelles inscriptions de condos dans des immeubles en hauteur ont connu une forte augmentation; la pression haussière sur les prix des habitations a été le fait des segments de marché plus près du sol, y compris ceux des maisons unifamiliales, des duplex et des maisons en rangée. Les ventes et les inscriptions de maisons ont atteint des niveaux record le mois dernier à Vancouver. Vu la demande accrue d’acheteurs de maisons, le niveau de l’offre reste faible. Il y a ainsi une pression à la hausse des prix, qui ont effectivement grimpé graduellement depuis le printemps.
Les données de l’Association canadienne de l’immeuble pour l’ensemble du pays seront publiées le 15 octobre. Elles ajustent les données sur les prix en fonction des types de maisons vendues, ce qui permet de mieux comprendre l’importance des pressions sur les prix, selon les secteurs. Nous y reviendrons la semaine prochaine.