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11 Mar

La Banque du Canada maintient son taux directeur à 0,25 % et poursuit son programme d’assouplissement quantitatif au rythme actuel

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada maintient les taux et poursuit son programme d’achat d’obligations

Beaucoup de choses ont changé depuis la dernière décision de la Banque du Canada, le 20 janvier. La deuxième vague de la pandémie a déferlé, et au vu des nouvelles mesures de confinement imposées à la fin 2020, la croissance économique estimée de 4,8 % au quatrième trimestre semblait destinée à se transformer en contraction au premier trimestre. Au lieu, les mesures sanitaires ont été moins perturbatrices qu’on ne le redoutait, et la croissance a atteint un étonnant taux annualisé de 9,6 %, le double de ce qu’attendait la Banque.

Plutôt qu’une contraction au premier trimestre de cette année, l’estimation préliminaire de Statistique Canada situe la croissance en janvier à 0,5 % (taux non annualisé). En janvier, la vigueur économique a été favorisée par les ressources, le logement et les dépenses gouvernementales, et la météo clémente y a sans doute contribué. Dans une déclaration publiée aujourd’hui, la banque centrale a souligné le fait que « l’économie se montre plus résiliente que prévu face à la deuxième vague du virus et aux mesures sanitaires connexes ». La Banque du Canada prévoit maintenant une croissance économique positive au premier trimestre : « Les consommateurs et les entreprises s’adaptent aux mesures sanitaires, et l’activité sur le marché du logement a été beaucoup plus vigoureuse qu’attendu. L’augmentation de la demande étrangère et les prix plus élevés des produits de base ont aussi amélioré les perspectives pour les exportations et les investissements des entreprises. »

Aux États-Unis, un plan de relance de 1900 milliards de dollars est sur le point d’éperonner l’économie du plus grand partenaire commercial du Canada. Ce sera un énorme ballon d’oxygène pour l’économie mondiale, ce qui a entraîné une forte hausse des prix des produits de base ainsi que des rendements obligataires ces derniers mois. Le dollar canadien est resté relativement stable par rapport au dollar américain, mais s’est apprécié par rapport à la plupart des autres devises.

Les économistes s’attendent maintenant à ce que le Canada connaisse une expansion de 5,5 % cette année, au lieu de 4 % comme l’avançait la Banque du Canada en janvier. En arrivant à la réunion d’aujourd’hui, nul ne croyait que la Banque augmenterait le taux cible à un jour. Cependant, les marchés escomptent actuellement une probabilité de 50 % qu’il y ait une augmentation d’ici un an, contre une probabilité de 25 % en janvier.

Pour sa part, la Banque du Canada continue d’insister sur les risques que recèlent les perspectives et l’énorme capacité excédentaire de l’économie. « Le marché du travail est loin d’être rétabli, car l’emploi est encore bien en deçà des niveaux d’avant la pandémie. Les travailleurs à faible salaire, les jeunes et les femmes ont été les plus durement touchés par les pertes d’emploi. La propagation des variants plus facilement transmissibles du virus représente le plus grand risque à la baisse pour l’activité économique, du fait que les éclosions et les restrictions localisées pourraient limiter la croissance et la rendre plus variable. »

La Banque a aussi attribué la récente hausse de l’inflation à des facteurs temporaires. Il y a un an, de nombreux prix ont chuté, victimes de la pandémie. Ainsi, les comparaisons d’une année à l’autre montreront une augmentation pendant un certain temps en raison de cet effet dans l’année de référence combiné à une hausse des prix de l’essence par suite de la montée du cours du pétrole. Le Conseil de direction prévoit que l’inflation mesurée par l’IPC s’atténuera à mesure que ces effets se dissipent et que les capacités excédentaires continuent d’exercer des pressions à la baisse.

Selon l’énoncé de politique de la Banque : « Même si les perspectives économiques se sont améliorées, le Conseil de direction juge que la reprise doit continuer d’être appuyée par des mesures de politique monétaire exceptionnelles. Nous restons engagés à maintenir le taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable. Dans la projection de janvier de la Banque, cela ne se produit qu’au cours de 2023. » La Banque poursuivra son programme d’assouplissement quantitatif pour renforcer cet engagement et garder les taux d’intérêt bas sur toute la courbe de rendement jusqu’à ce que la reprise soit bien amorcée. À mesure que sa confiance à l’égard de la vigueur de la reprise continuera d’augmenter, le Conseil de direction ajustera le rythme des achats nets d’obligations du gouvernement du Canada au besoin. La banque centrale « [continuera] de procurer le niveau de détente monétaire nécessaire pour soutenir la reprise et atteindre l’objectif d’inflation ».
En somme

La Banque n’a donné aucune indication du moment où elle pourrait réduire ses achats d’obligations. Sa prochaine décision est attendue le 21 avril, lorsque son Rapport sur la politique monétaire d’avril présentera des prévisions économiques complètes. Le gouverneur Macklem est plus réservé que de nombreux observateurs ne s’y attendaient, et il pêchera plutôt par excès de prudence. Lorsque la banque centrale commencera à réduire ses achats d’actifs, ce sera davantage pour légèrement lever le pied que pour enfoncer les freins. La Banque du Canada a acheté pour au moins 4 milliards de dollars d’obligations du gouvernement fédéral par semaine pour aider à contenir le coût de l’emprunt. Il se peut qu’elle ne doive plus en faire autant alors que l’économie semble prête à absorber la capacité excédentaire d’ici l’an prochain, au lieu de le faire seulement en 2023 comme le prévoyait la Banque du Canada.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca