En somme
Après trois mois de recul, les ventes de maisons au Canada sont revenues aux niveaux d’avant la COVID; elles étaient quelque 30 % au-dessus de ces niveaux pendant 18 mois jusqu’en février. Le plus grand ralentissement a été constaté en Ontario, surtout à l’extérieur du centre de Toronto. Les nouvelles inscriptions ont augmenté, mais les inventaires restent faibles. Le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a nettement reculé pour s’établir à 57,5 %, son plus bas niveau depuis le début de 2019. Les prix ont baissé modérément, ramenant le gain sur un an à 19,8 %, contre 23,6 % en avril. Le prix moyen est maintenant en hausse de seulement 3,4 % d’une année à l’autre, contre le sommet de 11 % atteint en février.
Le marché de Toronto se calme, mais pas autant que ceux des banlieues proches et surtout des banlieues éloignées (comme London, Woodstock, Barrie). Le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions pour l’ensemble de l’Ontario a plongé sous les 50 %, ce qui ne s’était jamais vu que dans la récession de 2009 et les jours sombres du début des années 1990. Ailleurs, le marché reste relativement serré en Alberta, bien que les prix plafonnent. Vancouver, Ottawa et Montréal se situent entre les extrêmes.
Les taux d’intérêt ont augmenté fortement par rapport aux creux atteints pendant la COVID. Les taux hypothécaires ont fait de même, passant d’aussi peu qu’environ 1,5 % à presque 5 % pour un taux fixe sur cinq ans. Les taux variables sont en voie d’atteindre 4 à 4,5 % d’ici la fin de l’année. D’ici la fin de l’été, les garanties de taux favorables auront expiré et la nouvelle réalité des taux d’intérêts prendra tout son sens. Les tests de résistance au taux contractuel plus 200 points de base se font maintenant à presque 7 %; ils passeront aussi au-delà de 5,25 % pour les taux variables.
De nombreux Canadiens cherchant à acheter une maison prévoient maintenant que les prix continueront de baisser dans certaines régions. L’évolution des attentes contribuera aussi à la correction du marché. Par ailleurs, un rapport de la SCHL indique que les mises en chantier d’habitations ont fortement augmenté en mai. Il se fait davantage de construction que jamais depuis les années 1950. Alors que le taux de chômage est à son plus bas, la construction est entravée par un nombre record de postes vacants dans le secteur, par des pénuries de matériaux et par des taux de salaire en hausse. Les coûts de construction ont fortement augmenté dans la dernière année. Avec des taux hypothécaires qui seront plus hauts, le ralentissement des ventes pourrait mener à une baisse des mises en chantier d’habitations l’année prochaine.
Dernier élément, la Réserve fédérale américaine a haussé les taux de 75 points de base aujourd’hui, intensifiant la lutte contre l’inflation. Voilà qui ouvre la voie à une hausse de 75 points de base de la Banque du Canada lors de sa prochaine réunion, le 13 juillet. On prévoit maintenant que le taux directeur américain, le taux à un jour des fonds fédéraux, dépassera les 4 % d’ici la fin de l’année. La banque centrale du Canada a déjà annoncé son intention de hausser plus vigoureusement le taux à un jour au Canada, laissant entendre qu’il faudra plus de 3 % pour briser l’élan de l’inflation. Il est aujourd’hui à seulement 1,5 %. Une autre correction du marché du logement est probable dans les prochains mois. Étant le secteur de l’économie le plus sensible au taux d’intérêt, le logement est le principal mécanisme de transmission par lequel la politique monétaire peut ralentir l’économie et maîtriser l’inflation. |