15 Juil

La Banque du Canada réduit de nouveau ses achats d’obligations

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada prend les devants dans la réduction des mesures de stimulation

La Banque du Canada a augmenté ses prévisions quant à l’inflation, dans le nouveau Rapport sur la politique monétaire (RPM), se situant ainsi parmi les banques centrales les plus confiantes dans l’économie. Elle a annoncé une troisième réduction de son programme de stimulation par l’achat d’obligations, cette fois d’un tiers. En avril dernier, quand elle avait devancé l’échéance d’une augmentation possible de taux d’intérêt et réduit ses achats d’obligations, la banque centrale était déjà parmi les premières des économies avancées à passer à une politique moins expansionniste. Dans son communiqué d’aujourd’hui, la Banque a annoncé qu’elle allait de nouveau ajuster son programme d’assouplissement quantitatif, fixant l’objectif de 2 milliards de dollars par semaine pour l’achat d’obligations du gouvernement du Canada – soit 1 milliard de moins que l’objectif précédent de 3 milliards de dollars par semaine. Voilà qui crée une pression haussière sur le rendement des obligations, toutes autres choses étant égales. Le financement des énormes déficits budgétaires fédéraux causés par la COVID a assurément été favorisé par les achats d’obligations de la banque centrale.

Les achats d’obligations du gouvernement du Canada ont atteint les 5 milliards de dollars par semaine l’année passée. La banque centrale en a acquis pour un montant net de 320 milliards de dollars depuis le début de la pandémie de COVID-19. Elle est propriétaire d’environ 44 % des obligations du gouvernement du Canada en circulation.

La Banque du Canada affirme vouloir cesser de bonifier son portefeuille d’obligations du gouvernement avant de porter son attention sur la question d’augmentations des taux d’intérêt. Il reste que ses responsables ont choisi de ne pas accélérer immédiatement l’échéancier prévu d’une éventuelle augmentation.

En maintenant le taux à un jour à sa valeur plancher effective de 0,25 %, le Conseil de direction a réaffirmé ses « indications prospectives exceptionnelles » selon lesquelles l’économie canadienne a encore une marge considérable de capacités excédentaires. Des mesures de politique monétaire exceptionnelles restent nécessaires à la reprise. « Nous restons engagés à maintenir le taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable », affirme la Banque dans son énoncé de politique. Selon la projection de juillet de la Banque, cela se produirait au cours de la seconde moitié de 2022.

Au vu de l’évolution des échanges de créances, il semble que les investisseurs escomptent une hausse de taux dans les 12 mois à venir et un total de quatre au cours des deux prochaines années, qui donneraient au Canada un des taux directeurs les plus élevés parmi les économies avancées. La Banque du Canada devancerait ainsi la Réserve fédérale américaine dans la hausse des taux d’intérêt. Le président de la Fed Jerome Powell a dit aujourd’hui au Congrès que l’économie américaine n’est pas prête à une réduction des achats d’obligations. Il a affirmé qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’arriver au critère d’« importants progrès supplémentaires ». Aux États-Unis, les investisseurs n’escomptent aucune hausse de taux dans la prochaine année, et n’en prévoient que deux dans les deux prochaines années.

Rapport sur la politique monétaire de juillet

La Banque a révisé sa prévision de croissance du PIB canadien cette année, passant de 6,5 % dans le RPM d’avril à 6,0 % maintenant, en raison du resserrement des restrictions liées à la pandémie au deuxième trimestre. Selon les nouvelles prévisions, la croissance devrait se redresser fortement au troisième trimestre de cette année. La confiance des consommateurs est revenue aux niveaux d’avant la pandémie, et une part importante de la population admissible est vaccinée. La consommation devrait être le moteur du rebond attendu durant la réouverture de l’économie, avec une augmentation des dépenses en services comme le transport, les loisirs, ainsi que la restauration et l’hébergement.

Les reventes de logements, qui ont atteint des sommets historiques, ont diminué, mais restent élevées (graphique ci-dessous). D’autres domaines du secteur du logement – comme la construction et la rénovation – demeurent vigoureuses, portées par le revenu disponible élevé, les bas taux d’emprunt et la recherche d’habitations plus spacieuses à la suite de la pandémie.

Des facteurs temporaires stimulent l’inflation mesurée par l’IPC

La Banque a rehaussé sa prévision de l’inflation pour l’année, mais réaffirmé qu’elle reviendrait à 2 % en 2022. Cette appréciation controversée concorde avec celle de banques centrales dans le monde entier. « Cette poussée passagère de l’inflation tient à trois séries de facteurs, soutient la Banque du Canada. D’abord, les prix de l’essence, qui étaient très bas il y a un an, ont remonté et dépassent maintenant les niveaux atteints avant la pandémie, ce qui a fait progresser l’inflation. Ensuite, d’autres prix que l’effondrement de la demande avait fait chuter l’an dernier augmentent maintenant à la faveur de la réouverture de l’économie et du déblocage de la demande refoulée. Enfin, des contraintes d’offre, dont les goulots d’étranglement du côté de l’expédition et la pénurie mondiale de semi-conducteurs, font grimper les prix de biens comme les véhicules automobiles. »

La Banque prévoit que l’inflation mesurée par l’IPC diminuera d’ici le début de 2022, à mesure que les facteurs temporaires attribuables à la pandémie s’estomperont. La marge de capacités excédentaires deviendra ensuite le principal facteur influant sur la projection concernant la dynamique de l’inflation. Une grande incertitude continue de planer sur les perspectives entourant l’écart de production et l’inflation. Pour cette raison, l’estimation du moment où les capacités excédentaires se seront résorbées est très imprécise. Selon la projection, cela se produira pendant la deuxième moitié de 2022. Après être descendue à 2 % en 2022, l’inflation devrait augmenter légèrement en 2023, l’économie entrant dans une phase de demande excédentaire. La demande excédentaire et la montée de l’inflation au-dessus de la cible qui en résultera devraient être temporaires. Elles sont la conséquence de la détermination du Conseil de direction à maintenir le taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires de l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable.

L’inflation devrait revenir vers la cible en 2024. La projection cadre avec l’hypothèse que les attentes d’inflation à moyen et à long terme resteront bien ancrées à la cible de 2 %. Tant les entreprises que les consommateurs s’attendent à des pressions plus élevées sur les prix à court terme. La grande majorité des répondants à l’enquête de l’été 2021 sur les perspectives des entreprises estiment maintenant que l’inflation sera supérieure à 2 % en moyenne au cours des deux prochaines années. Néanmoins, pour les entreprises, le renchérissement des produits de base, les goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement, les mesures publiques de relance et le déblocage de la demande refoulée sont essentiellement des facteurs temporaires qui font monter l’inflation à court terme.

En somme

Le temps nous dira si la Banque du Canada voit juste en croyant que les pressions inflationnistes sont temporaires. Les marchés financiers resteront sensibles aux nouvelles données, mais les marchés obligataires semblent accepter son point de vue pour le moment. Le rendement des obligations du Canada à 5 ans a baissé légèrement depuis sa récente pointe à 1,0 %, le 28 juin, jusqu’à 0,936 %. Par ailleurs, le dollar canadien a un peu faibli, à 0,7993 $US, depuis la publication ce matin de l’énoncé de politique de la Banque du Canada. Il reste toutefois parmi les monnaies les plus fortes cette année contre le dollar américain.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
13 Juil

Le marché canadien de l’emploi rebondit en juin alors que les mesures de confinement sont allégées

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La relance de l’emploi au Canada reprend en juin alors que le confinement commence à être allégé

Statistique Canada vient de publier l’édition de juin 2021 de l’Enquête sur la population active. L’emploi a augmenté de 230 700 (1,2 %) en juin, après une baisse cumulative de 275 000 au cours des deux mois précédents. Le total des heures travaillées a peu varié. Le taux de chômage national a diminué de 0,4 point de pourcentage pour s’établir à 7,8 %.

Les emplois ont continué d’aller et venir au gré des confinements et réouvertures selon les vagues de la COVID. Il faut espérer nous en sommes aux ultimes réouvertures. Le secteur des services a procuré l’ensemble des gains. Les emplois ont le plus progressé dans l’hôtellerie, comme prévu. Ils ont augmenté de 101 000, mais restent bien sous les niveaux d’avant le virus. Les restrictions devraient continuer d’être assouplies au cours de l’été, ce qui devrait encore se traduire par des gains importants dans les prochains mois. D’autres secteurs ont bénéficié de la réouverture, comme le commerce de détail ou de gros (+78 000), l’enseignement (+26 000) et les soins de santé (+20 500). Les secteurs des biens étaient tous en baisse, les pertes étant concentrées dans la construction (-23 000) et la fabrication (-12 000).

Au-delà de l’augmentation globale, un des aspects les plus importants de ce rapport est la hausse notable de 0,6 point de pourcentage du taux de participation, qui atteint 65,2 %. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis un an, qui ramène le taux à 3 ou 4 points des niveaux pré-COVID. En comparaison, aux États-Unis, le taux de participation reste 2 points plus bas qu’au début de 2020. La hausse du taux de participation a limité la baisse du taux de chômage : il a diminué de 0,4 point, s’établissant à 7,8 % et devant encore être amélioré. Le taux de participation en hausse devrait atténuer la crainte de vastes pénuries de main-d’œuvre.

Les gains ont été réalisés surtout dans les secteurs plus exposés à la pandémie, comme le commerce de détail, la restauration et l’hébergement, qui ont le plus été touchés par les nouvelles mesures de confinement. L’emploi dans les services d’hébergement et de restauration a grimpé de 101 00. Le commerce de détail a gagné 75 000 emplois.

La hausse des taux de vaccination et la diminution des cas de COVID ont enfin permis la réouverture des restaurants, des bars et des magasins après des mois de fermetures. L’Ontario a commencé à permettre les repas en terrasse au début du mois, et les restrictions ont été allégées dans plusieurs villes du Québec, permettant les repas à l’intérieur pour la première fois cette année.

À la suite des gains de juin, le Canada a retrouvé 2,65 millions de 3 millions d’emplois perdus au plus fort de la pandémie l’an dernier. Le pays a créé 263 900 emplois à temps partiel, les emplois à temps plein étant en baisse de 33 200.

La croissance de l’emploi observée en juin est entièrement survenue dans le travail à temps partiel, et elle était concentrée chez les jeunes de 15 à 24 ans, principalement les jeunes femmes. Les augmentations les plus marquées ont été enregistrées dans les services d’hébergement et de restauration ainsi que dans le commerce de détail, à la suite de la levée ou l’assouplissement des restrictions de santé publique touchant ces secteurs à la fin de mai et au début de juin dans un grand nombre de régions.

Le nombre de personnes qui étaient en emploi, mais qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a diminué de 276 000 (-19,3 %) en juin. Le total des heures travaillées a peu varié et il était en baisse de 4,0 % par rapport à son niveau prépandémique.

La totalité de la hausse de l’emploi observée en juin est survenue dans le travail à temps partiel, qui a augmenté de 264 000 (+8,0 %) après avoir diminué en tout de 132 000 au cours des deux mois précédents. Le niveau global de l’emploi à temps partiel était essentiellement le même qu’en février 2020, avant la pandémie de COVID-19. Les augmentations observées au cours du mois sont principalement attribuables aux services d’hébergement et de restauration ainsi qu’au commerce de détail – deux secteurs où les travailleurs à temps partiel représentent une proportion supérieure à la moyenne de l’emploi –, et elles étaient concentrées chez les jeunes.

Après avoir diminué de 143 000 au cours des deux mois précédents, le travail à temps plein a peu varié en juin et il était en baisse de 336 000 (-2,2 %) par rapport à son niveau prépandémique.

La croissance est principalement attribuable aux employés du secteur privé, tandis que le travail autonome recule.

Le nombre d’employés du secteur privé a augmenté de 251 000 (+2,1 %) en juin, après avoir diminué pendant deux mois. En juin, le nombre d’employés du secteur privé était inférieur de 2,5 % (-313 000) au nombre enregistré en février 2020.

Dans le secteur public, l’emploi a progressé de 43 000 (+1,1 %) en juin, ce qui l’a porté à 180 000 (+4,6 %) au-dessus de son niveau prépandémique. L’emploi dans ce secteur suit une tendance à la hausse depuis la première vague de la pandémie, et la croissance est particulièrement attribuable aux augmentations enregistrées dans les soins de santé et l’assistance sociale, dans les administrations publiques et dans les services d’enseignement.

Le nombre de travailleurs autonomes a reculé de 63 000 (-2,3 %) en juin; il était en baisse de 7,2 % (-207 000) par rapport à février 2020. Le travail autonome est une grande catégorie qui comprend des travailleurs dans une variété de situations, y compris les propriétaires actifs d’entreprises constituées ou non en société et les entrepreneurs indépendants. Par rapport à juin 2019, les baisses du nombre de travailleurs autonomes étaient importantes dans de multiples secteurs, surtout parmi les travailleurs autonomes avec aide rémunérée.

Le taux d’emploi demeure inférieur au niveau d’avant la pandémie.

Pour bien comprendre les tendances actuelles et émergentes sur le marché du travail, il est essentiel d’examiner la variation de l’emploi dans le contexte de la variation de la population, qui a totalisé 1,1 % (+334 000) de février 2020 à juin 2021. Pour suivre le rythme de la croissance de la population et maintenir la stabilité du taux d’emploi – c’est-à-dire, l’emploi en proportion de la population âgée de 15 ans et plus –, il aurait fallu que l’emploi augmente de 203 000. Au lieu, l’emploi total était en baisse de 340 000 en juin par rapport à février 2020, et le taux d’emploi était inférieur de 1,7 point de pourcentage au niveau prépandémique (60,1 % par rapport à 61,8 %).

Le nombre de Canadiens qui travaillent à domicile recule de presque 400 000 

Parmi les Canadiens qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles en juin, le nombre de personnes ayant travaillé à partir de leur domicile a diminué de presque 400 000 pour s’établir à 4,7 millions. Pour 2,6 millions de ces personnes, le travail à domicile était une mesure d’adaptation en réponse à la pandémie de COVID-19, puisqu’il ne s’agissait pas de leur lieu habituel de travail. Parallèlement, le nombre de personnes travaillant à un endroit autre que leur domicile a augmenté d’environ 700 000 pour atteindre 12,3 millions.

Près du tiers (31,4 %) des travailleurs âgés de 25 à 54 ans et plus du quart (27,2 %) de ceux âgés de 55 ans et plus ont travaillé à partir de leur domicile en juin. En raison de leur concentration dans des secteurs où il est moins possible de travailler à domicile, comme dans les services d’hébergement et de restauration, une proportion beaucoup plus faible de jeunes âgés de 15 à 24 ans (12,9 %) a travaillé à partir de son domicile.

Région par région, l’Ontario et le Québec ont le plus progressé, mais la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse ont aussi connu de bonnes augmentations. Fait intéressant, malgré l’assouplissement des restrictions presque partout au pays, seulement cinq provinces ont enregistré des gains de l’emploi.

En somme 

Le rapport sur l’emploi constitue le dernier apport majeur de données économiques avant la prochaine décision de la Banque du Canada, la semaine prochaine. La Banque du Canada est une des premières parmi les économies avancées à passer à une politique moins expansionniste. Elle a déjà réduit ses achats d’obligations du gouvernement du Canada, se limitant à 3 milliards de dollars par semaine, par rapport au sommet de 5 milliards de dollars l’année passée.

Des analystes prévoient que les achats baisseront encore, à 2 milliards de dollars par semaine, après la réunion du 14 juillet. Ils reviendraient à un montant hebdomadaire de 1 milliard de dollars d’ici le début de l’année prochaine. En plus de la réduction des achats d’obligations, le marché a escompté au moins une hausse du taux d’intérêt d’ici un an.

L’économie du Canada reste à 340 000 emplois de moins qu’avant la pandémie. Le taux de chômage était inférieur à 6 % avant la pandémie.

Avec la hausse des taux de vaccination et l’assouplissement des restrictions, les économistes s’attendent à une forte relance au deuxième trimestre. Selon un sondage auprès des économistes de Bloomberg News, au début du mois, l’expansion du Canada devrait accélérer jusqu’à un taux annualisé de 9,1 % au troisième trimestre, et de 6 % pour les trois derniers mois de 2021. La confiance des consommateurs et des entreprises envers les perspectives a récemment atteint des niveaux records.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Juin

Le marché canadien de l’habitation continue de se modérer en mai

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le ralentissement s’est poursuivi en mai sur le marché canadien du logement

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), la revente de maisons au Canada a baissé de 7,4 % d’avril à mai 2021, après l’avoir fait de 11 % en avril. Dans la même période, le nombre de nouvelles propriétés inscrites a baissé de 6,4 %, alors que l’Indice des prix des propriétés MLS® a augmenté de 1,0 %, soit sensiblement moins que les mois précédents.

Les ventes demeurent historiquement élevées, mais elles s’éloignent des nouveaux records établis en mars pour se rapprocher des niveaux observés au second semestre de 2020 (voir le graphique ci-dessous). Les ventes ont baissé d’un mois à l’autre dans près de 80 % de tous les marchés locaux. Les résultats étaient variés, mais on a observé un ralentissement des ventes dans la plupart des grands marchés du Canada.

« Bien que les marchés de l’habitation canadiens demeurent très actifs, on enregistre désormais deux mois de ralentissement tant pour la demande que pour l’offre et les prix, explique Cliff Stevenson, président de l’ACI. De plus en plus, on observe des indices de lassitude de l’offre et de mécontentement chez les acheteurs; de plus, la nécessité de se trouver rapidement un endroit où attendre la fin de la COVID-19 devrait bientôt s’estomper compte tenu de la situation actuelle. »

Nouvelles inscriptions

En mai, les nouvelles inscriptions étaient en baisse de 6,4 % par rapport à avril, ayant diminué dans environ 70 % des marchés locaux.

Le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a accusé un léger recul en mai 2021 (75,4 % comparativement à 76,2 % en avril). La moyenne à long terme du ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 54,6 %, donc il reste historiquement élevé; toutefois, on observe une baisse depuis janvier, où il avait atteint un sommet (90,7 %).

Si l’on compare le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et les moyennes à long terme, on constate qu’environ un quart seulement des marchés locaux était en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en mai. Les trois autres quarts des marchés se situaient au-delà des normes à long terme, largement au-delà dans bien des cas.

Comme l’indique le graphique ci-dessous, le marché d’Edmonton était en équilibre et le marché du Grand Vancouver s’en approchait, mais les autres restent favorables aux vendeurs.

On comptait 2,1 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mai 2021, ce qui représente une hausse par rapport au creux record de 1,7 mois enregistré en mars, mais qui demeure bien en dessous de la moyenne à long terme de plus de 5 mois pour cette mesure.

Prix des maisons

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 1 % d’un mois à l’autre en mai 2021 – un ralentissement notable. Le ralentissement récent de la croissance d’un mois à l’autre des prix a surtout été observée dans le segment des maisons unifamiliales par rapport aux maisons en rangée et aux appartements, dont les prix sont plus abordables.

L’IPP MLS® global et composé (non désaisonnalisé) a affiché une hausse d’une année à l’autre de 24,4 % en mai. Selon les données remontant à 2005, il s’agit d’une autre hausse record d’une année à l’autre; il est toutefois peu probable que ce pourcentage augmente encore de façon importante.

Même si l’Ontario a connu la plus forte augmentation d’une année à l’autre, la province a aussi enregistré le plus fort ralentissement de la croissance des prix d’un mois à l’autre. Toutefois, l’augmentation des prix continue de s’accentuer ailleurs au pays, ce qui réduit l’écart entre l’Ontario et les autres provinces en ce qui concerne l’augmentation d’une année à l’autre.

En somme

Le fait que l’activité sur le marché du logement est pratiquement uniforme (alors que le marché est habituellement très régionalisé) reste un aspect caractéristique du présent cycle. En effet, 22 des 26 marchés suivis par l’ACI ont vu les ventes baisser en mai, alors que tous – sauf un, Thunder Bay – voyaient le prix moyen des transactions grimper de plus de 10 % par rapport à un an plus tôt. Parmi les marchés les plus serrés au pays selon le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions se trouvent Okanagan et Kawartha Lakes : la ruée vers les régions des chalets se poursuit.

Le ralentissement de deux mois sur le marché canadien du logement est une bonne nouvelle. L’OCDE a récemment publié un rapport selon lequel la Nouvelle-Zélande, le Canada et la Suède ont les marchés du logement les plus effervescents au monde. Le Royaume-Uni et les États-Unis sont aussi près du sommet. De toute évidence, la COVID en a amené plusieurs, dans le monde entier, à changer de demeure. Les prix ont ainsi grimpé presque partout.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
11 Juin

La Banque du Canada maintient son taux à un jour

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada maintient le niveau des taux et de l’assouplissement quantitatif – jugeant que la tendance haussière de l’inflation et la tendance baissière du PIB sont temporaires

La Banque du Canada a laissé le taux directeur de financement à un jour à 0,25 % et ses achats d’obligations du gouvernement du Canada à leur niveau actuel. Le Conseil de direction a renouvelé son engagement à éviter d’augmenter les taux avant que les dommages causés par la pandémie ne soient complètement réparés. L’achat d’obligations – pratique qu’on appelle assouplissement quantitatif – à raison de 3 milliards de dollars par semaine baissera à mesure que l’économie se redresse. En avril, à sa dernière réunion, la Banque avait déjà réduit ses achats d’obligations du gouvernement du Canada, de 4 milliards de dollars par semaine à 3 milliards. Elle était une des premières banques centrales d’une économie avancée à passer à une politique moins expansionniste lorsque, en avril, elle a accéléré le calendrier en vue d’une éventuelle augmentation des taux d’intérêt et elle a réduit ses achats d’obligations.

Le point de vue de la Banque sur l’économie intérieure semble avoir peu changé même si le Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’avril avait surestimé la croissance du PIB au premier trimestre de 1,4 point de pourcentage. De fait, l’énoncé de politique d’aujourd’hui note que la croissance du PIB au premier trimestre « a été robuste, à 5,6 % » et que les détails du rapport indiquent que « la confiance est en hausse et la demande résiliente ». Quant au deuxième trimestre, les mesures de confinement liées à la troisième vague de la pandémie « tempèrent l’activité économique […] essentiellement comme nous nous y attendions ». On peut noter que le RPM d’avril projetait une croissance de 3,5 % du PIB au deuxième trimestre, alors qu’elle serait de 0 % selon le consensus, avec un risque de baisse.

La Banque a aussi relevé que : « Des données récentes sur l’emploi montrent que les personnes qui travaillent dans les secteurs à contact étroit ont à nouveau été les plus affectées par la situation. Le taux d’emploi reste bien inférieur à son niveau d’avant la pandémie, et les travailleurs à faible salaire, les jeunes et les femmes sont encore les plus durement touchés par les pertes d’emploi. » Le graphique ci-dessous indique que le marché du travail reste sous la cible de la Banque pour une pleine reprise.

La Banque du Canada est optimiste pour le moyen terme

« Puisque la vaccination se déroule plus vite que prévu et que les restrictions sanitaires provinciales sont en voie de s’assouplir au cours de l’été, l’économie canadienne devrait rebondir avec force, tirée par les dépenses de consommation. Nous nous attendons à ce que l’activité sur le marché du logement se modère, mais reste à un niveau élevé. »

En ce qui concerne l’inflation, il n’y a pas de surprise. L’énoncé note que l’inflation mesurée est montée autour de la limite supérieure de la fourchette de maîtrise de l’inflation, qui va de 1 à 3 %, en raison des effets de glissement annuel et des prix de l’essence. L’augmentation des mesures de l’inflation fondamentale est aussi attribuée à des facteurs temporaires. La Banque prévoit que l’inflation globale restera autour de 3 % tout l’été, puis redescendra vers la fin de l’année.

La Banque souligne aussi un motif de prudence : le marché du travail est encore loin d’être rétabli. En outre, il y a de l’incertitude quant aux variants de la COVID.

Sa conclusion n’a guère changé. Elle réitère qu’il subsiste « une marge de capacités excédentaires considérable » et que les taux directeurs resteront à la limite inférieure jusqu’à ce que « les capacités excédentaires se résorbent », ce que le RPM d’avril entrevoyait au deuxième semestre de 2022. Pour ce qui est de réduire encore les achats d’obligations, « l’évaluation […] de la robustesse et de la durabilité de la reprise » guidera la décision.

Le dollar canadien a de nouveau retenu peu l’attention, l’énoncé soulignant les récents gains et l’augmentation des prix des produits de base. Le marché pourrait considérer l’absence d’inquiétude comme le signal d’une vigueur soutenue.

En somme

La Banque du Canada regarde au-delà des tendances « transitoires » à la hausse de l’inflation et à la baisse du PIB. Comme les taux de vaccination continuent de grimper sensiblement et les provinces commencent graduellement à relancer l’activité, l’économie rebondira fortement à partir de juin.

Les perspectives de croissance à court terme paraissant de plus en plus prometteuses, les inquiétudes concernent maintenant la hausse des prix des intrants de production et le risque que la remontée rapide de la demande des consommateurs augmente les pressions inflationnistes. Pour le moment, la Banque du Canada postule que les augmentations à court terme de l’inflation des prix à la consommation s’avéreront « transitoires ». Cependant, il y a aussi eu des signes d’une poussée plus difficile à balayer dans la plupart des indicateurs sous-jacents d’augmentation des prix, y compris les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque, grimpant vers l’objectif de 2 % d’inflation, voire au-delà.

La réunion de juillet sera sans doute un peu plus intéressante, et la Banque devrait fournir davantage de détails dans un nouveau Rapport sur la politique monétaire. Nous ne voyons pas de raison de réviser radicalement nos prévisions pour le moment. Les indications de la Banque du Canada selon lesquelles les taux devraient peut-être commencer à monter au deuxième trimestre de l’année prochaine restent plausibles. Il semble que la grande question sera de savoir si la Banque du Canada va encore réduire ses achats d’actifs. La Banque n’a pas signalé qu’elle était sur le point de le faire (nous ne pensions pas qu’elle le ferait), mais elle a dit que les décisions sur le niveau des achats seraient guidées par son évaluation de la vigueur et de la durabilité de la reprise. Si les prochaines données concordent avec les prévisions de la Banque, il se pourrait qu’elle réduise à nouveau des achats d’obligations en juillet, à 2 milliards de dollars par semaine au lieu de 3 milliards. Sinon, cela pourrait se faire en septembre, sachant que la Banque veut éviter de prendre trop de place sur le marché obligataire (elle en occupait 44 % à la fin mai). En même temps, elle veut se préparer à passer de l’assouplissement quantitatif au réinvestissement bien avant la première augmentation des taux d’intérêt.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
7 Juin

Les données de mai sur l’emploi au Canada restent faibles

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Les restrictions liées à la troisième vague du virus font dérailler la relance de l’emploi au Canada

Statistique Canada vient de publier l’édition de mai 2021 de l’Enquête sur la population active, révélant une nouvelle contraction de l’emploi, quoique moins prononcée qu’en avril. En mai, alors que davantage de régions étaient soumises à des mesures de confinement, l’emploi a baissé de 68 000 (0,4 %), mais presque entièrement dans le travail à temps partiel.

Le nombre de travailleurs autonomes était pratiquement inchangé en mai, mais il est demeuré 5,0 % (‑144 000) en deçà de son niveau observé avant la pandémie.

Parmi les personnes ayant travaillé à temps partiel en mai, près du quart (22,7 %) voulaient un emploi à temps plein, en hausse par rapport à 18,5 % en février 2020 (données non désaisonnalisées).

Le nombre de Canadiens qui ont travaillé à domicile s’est maintenu à 5,1 millions. Voilà qui est semblable au nombre de télétravailleurs au printemps l’an dernier.

Après avoir reculé en avril, le total des heures travaillées a peu varié en mai.

L’emploi dans le secteur des biens a diminué pour la première fois depuis avril 2020, et des baisses ont été observées dans les secteurs de la fabrication et de la construction. L’Ontario et la Nouvelle-Écosse sont les seules provinces à avoir enregistré une baisse de l’emploi total.

L’emploi a augmenté en Saskatchewan, tandis qu’il a peu varié dans les autres provinces.

Le chômage varie peu

Le taux de chômage a peu varié, s’établissant à 8,2 % en mai, le nombre de personnes à la recherche d’un emploi ou ayant été mises à pied temporairement s’étant maintenu. Le taux de chômage est demeuré inférieur au récent pic de 9,4 % enregistré en janvier 2021, et il était considérablement inférieur au sommet de 13,7 % atteint en mai 2020.

Le taux de chômage des Canadiens âgés de 15 à 69 ans appartenant à une minorité visible a augmenté de 1,5 point de pourcentage pour atteindre 11,4 % en mai (données non désaisonnalisées).

Le chômage de longue durée – le nombre de personnes au chômage depuis 27 semaines ou plus – est demeuré relativement stable en mai, s’établissant à 478 000.

Le travail à temps plein a peu varié en mai, après avoir diminué de 129 000 (-0,8 %) en avril. Avant le mois d’avril, le travail à temps plein avait affiché une tendance à la hausse constante à la suite du creux enregistré en avril 2020. En mai 2021, le nombre de travailleurs à temps plein était en baisse de 1,9 % (-303 000) par rapport à son niveau d’avant la pandémie.

Les employés du secteur privé travaillant dans la vente et les services sont les plus touchés par les restrictions

Le nombre d’employés du secteur privé a diminué de 60 000 en mai (-0,5 %), et cette baisse s’est ajoutée au recul observé en avril (-204 000; -1,7 %). Cela a fait suite aux hausses de l’emploi totalisant 427 000 en février et en mars 2021 et démontre la mesure dans laquelle l’emploi dans ce groupe de travailleurs a été touché par l’assouplissement et le resserrement des mesures de santé publique instaurées pour contrôler la pandémie de COVID-19.

Par rapport à février 2020, le nombre d’employés du secteur privé a reculé de 564 000 (-4,6 %), et l’écart est principalement attribuable à la baisse du nombre de personnes travaillant dans les services d’hébergement et de restauration, en particulier dans la vente et les services (données non désaisonnalisées).

L’emploi dans la construction baisse en raison du resserrement des restrictions de santé publique en Ontario

L’emploi dans la construction a diminué de 16 000 (-1,1 %) en mai, surtout en raison des baisses survenues en Ontario, où des restrictions de santé publique touchant les activités de construction non essentielles ont été imposées le 17 avril. La baisse a ramené le nombre de travailleurs dans la construction à un niveau inférieur de 3,7 % (-55 000) à celui observé avant la COVID-19.

En somme 

Avec l’assouplissement des restrictions liées à la COVID à partir de ce mois-ci, nous prévoyons une nette reprise de la création d’emplois à partir du prochain rapport sur l’emploi. La perspective d’une telle reprise et d’une relance complète plus rapide que prévu a déjà incité la Banque du Canada à commencer à atténuer ses mesures de stimulation, réduisant ses achats d’obligations. Les marchés s’attendent à des hausses de taux de la part de la Banque à partir de l’an prochain.

L’économie du Canada reste à 571 100 emplois de moins qu’avant la pandémie. Le taux de chômage était inférieur à 6 % avant la pandémie.

Le rapport sur l’emploi au Canada a coïncidé avec la publication des données américaines, qui révèlent une augmentation de 559 000 le mois passé – moins que les 675 000 prévus, mais bien davantage que les données étonnamment faibles d’avril.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
3 Juin

Le marché de l’habitation stimule l’économie canadienne

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

L’habitation a propulsé l’expansion économique au premier trimestre

Selon le plus récent communiqué de Statistique Canada, l’économie a progressé de 5,6 % (taux annualisé) au premier trimestre, après l’avoir fait de 9,3 % (révisé) au dernier trimestre de l’année passée. Ces résultats sont un peu inférieurs à ce qu’attendaient les économistes. L’investissement dans le logement a augmenté de 43 % (taux annualisé), ce qui en fait de loin le plus grand facteur d’expansion. L’investissement résidentiel représente maintenant une proportion record du PIB (voir le graphique ci-dessous). Comparativement au premier trimestre de 2020, l’investissement en logement s’est accru de 26,5 %, s’avérant un moteur de la reprise. La croissance à ce chapitre est attribuable au redressement du marché de l’emploi, à l’augmentation de la rémunération des salariés et aux faibles taux hypothécaires. Après avoir ajouté 63,6 milliards de dollars à la dette hypothécaire résidentielle durant la seconde moitié de 2020, les ménages y ont ajouté 29,6 milliards de dollars au premier trimestre de 2021.

L’investissement résidentiel est une composante du produit intérieur brut que Statistique Canada appelle « formation brute de capital fixe en bâtiments résidentiels ». L’investissement dans les bâtiments résidentiels comporte trois composantes : 1) la construction neuve; 2) les rénovations; et 3) les coûts de transfert de propriété. Les deux premiers éléments se passent d’explication.

Les « coûts de transfert de propriété » constituent la contribution du marché de la revente de maisons à l’activité économique. Ils sont composés des éléments suivants :

  • commissions immobilières – y compris les frais des agents immobiliers et des courtiers hypothécaires;
  • taxes de transfert des terrains;
  • frais juridiques (honoraires des notaires ou avocats, arpenteurs, experts, etc.);
  • frais d’étude de dossier (inspection et arpentage).

Le deuxième graphique, ci-dessous, indique le changement par trimestre, en pourcentage, des composantes de l’investissement dans l’habitation après correction pour l’inflation. Ce graphique illustre l’essor des ventes de maisons existantes depuis le deuxième trimestre de l’année passée (barre rouge). Même si le marché de la revente a ralenti depuis le troisième trimestre de l’année passée, il reste une force motrice d’expansion économique.

La croissance de l’investissement en logement a été généralisée. Les nouvelles constructions ont progressé de 8,7 % (d’un trimestre à l’autre), stimulées en grande partie par les logements unifamiliaux en Ontario et au Québec. Les coûts de transfert de propriétés ont affiché une croissance de 13,1 %, attribuable à la hausse des activités de revente. Quant aux rénovations domiciliaires, elles se sont accrues de 7,0 % au premier trimestre, le travail à domicile et les économies découlant de la réduction des déplacements ayant eu pour effet d’accroître la demande à ce chapitre, de même que la portée des travaux.

La croissance du PIB observée au premier trimestre de 2021 rend compte de la robustesse soutenue de l’économie, à laquelle ont contribué les taux hypothécaires avantageux, le maintien des transferts gouvernementaux aux ménages et aux entreprises, et le redressement du marché de l’emploi. Ces facteurs ont contribué à accroître la demande pour l’investissement en logement, alors que l’augmentation du coût des intrants s’est traduite par une hausse des coûts de construction.

L’indice implicite des prix du PIB, qui rend compte du prix global des biens et des services produits au pays, a progressé de 2,9 % au premier trimestre, principalement sous l’effet de la hausse des prix des matériaux de construction et des produits énergétiques utilisés au Canada et exportés. L’augmentation marquée des prix a contribué à la croissance du PIB nominal (+4,3 %). La rémunération des salariés a augmenté de 2,1 %, notamment grâce au secteur de la construction et au secteur des industries de l’information et des industries culturelles, et dépassé le niveau observé à la fin de 2019, avant la pandémie.

La vigueur observée dans les industries de l’extraction de pétrole et de gaz, de la fabrication de produits du pétrole et de la construction a contribué à la croissance de l’excédent d’exploitation brut des sociétés non financières (+11,5 %). Pendant ce temps, la hausse du revenu provenant des commissions et des frais a contribué à l’augmentation de l’excédent d’exploitation des sociétés financières (+3,9 %), ce qui a coïncidé avec d’importantes hausses de la valeur et du volume des actions échangés à la Bourse de Toronto.

La plupart des aspects des ventes étaient robustes au premier trimestre, avec des chiffres un peu meilleurs que prévu pour les consommateurs (2,8 %), un apport des gouvernements (5,8 %) et une contribution des exportations nettes. En revanche, l’investissement des entreprises est une véritable déception, les dépenses en matériel accusant une baisse étonnante. Cependant, le plus grand facteur est une baisse des stocks, réduisant à elle seule la croissance de 1,4 point de pourcentage au T1 alors qu’on en attendait plutôt une légère augmentation. La tendance devrait s’inverser au deuxième trimestre et soutenir l’activité dans le trimestre en cours.

Il y a peu de grandes surprises dans les données mensuelles. L’estimation rapide de mars, +0,9 %, a été légèrement surpassée par l’estimation officielle, +1,1 %, alors que l’économie commençait à se relever de la deuxième vague. Le resserrement des règles de santé publique face à la COVID a freiné l’économie du Canada en avril. Statistique Canada estime que le PIB a baissé de 0,8 % dans le mois – la première contraction depuis un an et un début laborieux pour le deuxième trimestre. Le mois de mai pourrait encore être faible. Malgré tout, nous prévoyons un mois de juin assez vigoureux pour que le deuxième trimestre soit essentiellement stable, puis une bonne croissance au troisième trimestre.

En somme

À bien des égards, les données du premier trimestre sont déjà de l’histoire ancienne. Nous savons qu’avec le retour de confinements, la croissance au troisième trimestre sera au mieux nulle. Il reste l’espoir que la vaccination s’accélérera et que les cas de COVID continueront de baisser partout au pays, auquel cas la croissance remontera sans doute nettement au quatrième trimestre.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
19 Mai

Le marché du logement a ralenti en avril face aux nouvelles mesures de confinement

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Début d’un ralentissement sur le marché canadien du logement

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), la revente de maisons au Canada a baissé de 12,4 % de mars à avril 2021. Dans la même période, le nombre de nouvelles propriétés inscrites a baissé de 5,4 %, alors que l’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) a augmenté de 2,4 %.

Même si les ventes de maisons ont faibli en avril, largement en raison des nouvelles mesures de confinement, elles étaient quand même les plus fortes jamais enregistrées pour un mois d’avril, et bien supérieures à la moyenne mensuelle sur 10 ans.

Les ventes ont baissé d’un mois à l’autre dans près de 85 % de tous les marchés locaux, y compris dans presque toute la Colombie-Britannique et l’Ontario.

Nouvelles inscriptions

Le nombre de nouvelles inscriptions a diminué de 5,4 % en avril par rapport à mars. Dans un marché où l’offre se trouve dans un creux record et où les ventes dépendent d’une offre régulière de nouvelles inscriptions chaque mois, les hausses simultanées au niveau de l’offre et des ventes enregistrées en mars, suivies de baisses simultanées en avril, semblent indiquer que le ralentissement des ventes peut être fonction, en partie, de la disponibilité d’inscriptions plutôt qu’uniquement de la demande. En avril, les nouvelles inscriptions ont diminué dans 70 % des marchés locaux.

Le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a accusé un recul de 75,2 % en avril, alors qu’il avait atteint un sommet de 90,6 % en janvier. Cela dit, la moyenne à long terme du ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 54,5 %; il est donc historiquement encore très élevé. La bonne nouvelle est qu’il évolue dans la bonne direction.

Si l’on compare le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et les moyennes à long terme, on constate qu’environ un quart seulement des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en avril. Les trois autres quarts des marchés se situaient au-delà des normes à long terme, largement au-delà dans bien des cas.

On comptait 2 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin d’avril 2021, ce qui représente une hausse par rapport au creux record de 1,7 mois enregistré en mars, mais qui demeure bien en dessous de la moyenne de cette mesure, soit un peu plus de 5 mois.

Selon d’autres informations, les mises en chantier d’habitations au Canada ont baissé jusqu’à 268 600 (données annualisées) en avril, contre 334 800 en mars. Malgré la forte baisse d’un mois à l’autre, le niveau reste élevé au regard des données historiques du Canada. De fait, la moyenne des mises en chantier (données annualisées) des six derniers mois établit un nouveau record, surpassant les sommets des années 1970 et 1980. Hormis les Prairies et l’Atlantique, toutes les régions ont vu une baisse des mises en chantier en avril.

Prix des maisons

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 2,4 % d’un mois à l’autre en avril 2021 – une hausse historiquement élevée, mais moins importante qu’en février et en mars. Une grande partie du ralentissement récent de la croissance d’un mois à l’autre des prix a été observée dans le segment des maisons unifamiliales par rapport aux maisons en rangée et aux appartements, dont les prix sont plus abordables.

L’IPP MLS® global et composé (non désaisonnalisé) a augmenté de 23,1 % d’une année à l’autre en avril. Selon des données remontant à 2005, il s’agit d’une augmentation record d’une année à l’autre.

L’Ontario enregistre la hausse la plus importante d’une année à l’autre (environ de 20 à 50 %), suivie par la Colombie-Britannique, le Québec et le Nouveau-Brunswick (environ de 10 à 30 %) et enfin les provinces des Prairies et Terre-Neuve-et-Labrador (environ de 5 à 15 %).

L’IPP MLS® est le meilleur moyen d’évaluer les tendances de prix, puisque les moyennes sont sujettes à de fortes distorsions occasionnées par les fluctuations qui surviennent dans la composition des ventes d’un mois à l’autre.

Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en avril 2021 s’établissait à un peu moins de 696 000 $, soit une hausse de 41,9 % comparativement au même mois l’an dernier. Néanmoins, il est important de se rappeler que le prix moyen national a chuté de 10 % d’un mois à l’autre en avril dernier, car les ventes de propriétés de luxe au sein de chaque marché ont connu quelques mois de stagnation. Cela aura pour effet de gonfler la comparaison des prix d’une année à l’autre jusque vers juin.

Par segment : Les ventes de maisons unifamiliales restent extrêmement fortes, mais les signes d’un resserrement des marchés des condos dans les grandes villes se confirment. Les prix des condos étaient 8,5 % plus élevés en avril qu’un an plus tôt, ce qui est la plus grande augmentation depuis le milieu de 2018, et les augmentations mensuelles des prix sont maintenant encore plus fortes dans les plus grandes villes. Nous continuons de prévoir que ces marchés retrouveront plus de vigueur que ne s’y attendent la plupart des observateurs.

Par région : On n’a peut-être jamais vu une telle vigueur généralisée. Des marchés comme Calgary et Edmonton, qui étaient depuis longtemps somnolents, se réveillent et enregistrent des hausses de prix d’environ 9 % sur un an. Toronto, Montréal et Vancouver sont toujours aussi forts. Certains plus petits marchés (comme Halifax, Moncton, le Sud-Est de l’Ontario) surpassent des grandes villes. Les régions de chalets sont en plein essor.

En somme

Les manchettes signaleront peut-être des baisses sur le marché du logement en avril, mais ne vous y laissez pas prendre : le marché d’aujourd’hui reste solide d’une région à l’autre et d’un segment à l’autre, même s’il est vrai que nous avons sans doute franchi le point culminant. L’activité restera vive cet été, surtout si les restrictions liées à la COVID sont allégées et que la population commence à recevoir la deuxième dose de vaccin.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
10 Mai

La faiblesse du rapport d’avril sur l’emploi reflète le confinement au Canada

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La relance de l’emploi au Canada est entravée par les restrictions liées à la troisième vague du virus

Statistique Canada vient de publier l’édition d’avril 2021 de l’Enquête sur la population active, révélant une nette détérioration du marché de l’emploi dans la foulée des mesures de confinement liées à la troisième vague de COVID. L’emploi a diminué de 207 100 (-1,1 %) en avril, et le taux de chômage a augmenté de 0,6 point de pourcentage pour atteindre 8,1 %.

L’emploi a baissé aussi bien dans le travail à temps plein (-129 000; -0,8 %) que dans le travail à temps partiel (-78 000; -2,3 %). Le nombre de personnes qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a augmenté de 288 000 (+27,2 %).

Le nombre de Canadiens travaillant à domicile a augmenté de 100 000 pour atteindre 5,1 millions.

Le total des heures travaillées a reculé de 2,7 % en avril, surtout en raison des baisses enregistrées dans les services d’enseignement, dans les services d’hébergement et de restauration ainsi que dans le commerce de détail.

Le taux de sous-utilisation de la main-d’œuvre, qui saisit l’ensemble des personnes qui veulent travailler et qui sont disponibles pour travailler, a augmenté de 2,3 points de pourcentage pour atteindre 17,0 % en avril.

Le nombre de Canadiens au chômage depuis 27 semaines ou plus – les chômeurs de longue durée – a augmenté pour atteindre 486 000. Ce groupe pourrait bien être celui qui souffrira le plus de la pandémie, sur les plans des perspectives d’emploi et des compétences.

Les plus grandes victimes, par secteur

En avril, l’emploi a diminué dans plusieurs secteurs touchés directement par les restrictions de santé publique, à savoir le commerce de détail (-84 000), les services d’hébergement et de restauration (-59 000), ainsi que l’information, la culture et les loisirs (-26 000).

Les services d’hébergement et de restauration sont à l’origine de plus des deux tiers (70,9 %) de l’écart global de l’emploi (-503 000) par rapport à février 2020.

L’emploi a augmenté dans les administrations publiques (+15 000), dans les services professionnels, scientifiques et techniques (+15 000) et dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail (+15 000), trois secteurs dans lesquels de nombreuses activités peuvent être exécutées à distance.

L’emploi dans le secteur des biens a peu varié en avril.

Moins de personnes au travail en Ontario et en Colombie-Britannique

Après avoir enregistré des hausses au cours des deux mois précédents, l’emploi en Ontario a reculé de 153 000 (-2,1 %) en avril.

L’emploi en Colombie-Britannique a diminué de 43 000 (-1,6 %) en avril. Il s’agit du premier recul depuis les fortes baisses de l’emploi survenues en mars et en avril 2020.

L’emploi a augmenté en Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick, tandis qu’il a peu varié dans les autres provinces.

En somme 

Les restrictions de la troisième vague ont sapé l’emploi au Canada en avril, largement tel que prévu. Cependant, contrairement à la baisse limitée de l’emploi lors de la deuxième vague, la nouvelle chute touche davantage l’ensemble de l’économie, et cette fois-ci, les emplois à temps plein ont également été touchés. Fait à noter, le taux d’emploi (59,6 %) reste non moins de 1 point au-dessus du niveau de janvier. Le taux de participation est aussi plus élevé que lors de la deuxième vague, s’établissant à 64,9 % (ce qui est néanmoins un peu moins que les 65,5 % d’avant la pandémie).

Comme à l’issue de vagues précédentes de propagation du virus, l’emploi rebondira lorsque le gouvernement allégera les mesures de confinement. Le moment tant attendu approche, puisque les taux de vaccination grimpent graduellement. Entre-temps, les programmes gouvernementaux d’appui à ceux qui sont privés de leur travail restent en place et aident à limiter la baisse du pouvoir d’achat des ménages.

L’économie du Canada reste à environ un demi-million d’emplois de moins qu’avant la pandémie. Le dollar canadien a augmenté jusqu’à 0,8236 $US après la publication du rapport. Le rendement sur les obligations du Canada à 5 ans a baissé légèrement, à 0,894 %, soit un peu moins qu’en fin de journée jeudi.

Le département du Travail des États-Unis a aussi publié des données sur l’emploi vendredi, et elles étaient encore plus décevantes. Le nombre d’emplois aux États-Unis a augmenté de seulement 266 000, alors que les prévisions s’élevaient à 1 million.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
22 Avr

La Banque du Canada maintient les taux, mais réduit ses achats d’obligations

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada réduit son rachat d’obligations

La Banque du Canada a annoncé aujourd’hui qu’elle maintient le taux cible du financement à un jour à sa valeur plancher de ¼ %La Banque rajuste aussi son programme d’achat d’actions : elle passera d’achats nets d’obligations du gouvernement du Canada pour 4 milliards de dollars par semaine à 3 milliards de dollars. Cet ajustement du montant qui s’ajoute, chaque semaine, pour stimuler l’économie tient compte des progrès en cours vers la reprise économique.

Enfin, la Banque semble maintenant estimer que la capacité excédentaire restant dans l’économie pourrait être pleinement absorbée d’ici le deuxième semestre de 2002 – plutôt que de 2003, et elle pourrait commencer à augmenter les taux d’intérêt à un jour avant la fin de l’année prochaine. La Banque a aussi indiqué que le moment précis où ces évolutions se produiront est cependant encore plus incertain que d’habitude, du fait de l’incertitude qui pèse sur la production potentielle et des conséquences très inégales de la pandémie.

La Banque du Canada croit maintenant que la croissance du premier trimestre au Canada est beaucoup plus vigoureuse qu’elle ne le prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) de janvier. C’est en partie dû au contexte plus favorable à l’échelle mondiale, surtout aux États-Unis. La reprise américaine est soutenue par une vaccination rapide et des mesures de relance budgétaire substantielles qui ont des retombées bénéfiques au Canada, puisqu’elles font augmenter la demande d’exportations et les prix des produits de base.

« Cependant, selon la Banque, le facteur le plus important qui explique la vigueur économique inattendue a été la résilience et la capacité d’adaptation des entreprises et des ménages canadiens. L’économie a beaucoup moins souffert des confinements durant la deuxième vague que pendant la première. Elle a rebondi rapidement, à mesure que les restrictions étaient allégées, et on a vu de solides gains sur le marché de l’emploi en février et en mars. La troisième vague porte un nouveau coup dur et on peut s’attendre à ce qu’une partie des emplois créés soient perdus. Toutefois, la tenue de l’économie ces derniers mois a renforcé notre confiance dans la robustesse fondamentale de la reprise.

« Comme la vaccination avance, nous nous attendons à une forte croissance tirée par la consommation durant la seconde moitié de l’année. Les mesures de relance budgétaire adoptées par les gouvernements fédéral et provinciaux contribueront aussi de manière importante à l’expansion. La croissance solide de la demande étrangère et les prix plus élevés des produits de base devraient provoquer un net rebond des exportations et des investissements des entreprises. Cela donnerait lieu à une reprise plus généralisée. Globalement, nous nous attendons maintenant à ce que l’économie croisse d’environ 6½ % cette année, pour ensuite ralentir et progresser d’à peu près 3¾ % en 2022 et 3¼ % en 2023.

« Au cours des prochains mois, l’inflation devrait monter temporairement autour de la limite supérieure de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation, qui va de 1 à 3 %. » Ce mouvement est largement attribuable à ce qui s’est produit dans l’année de référence : l’augmentation de l’IPC depuis un an est plus grande parce que les prix de certains biens et services avaient chuté au début de la pandémie. En outre, le renchérissement du pétrole depuis décembre a fait passer les prix de l’essence au‑dessus de leur niveau d’avant la pandémie. La Banque prévoit que l’inflation de l’IPC reviendra vers 2 % au deuxième trimestre de 2021, à mesure que les effets de l’année de référence s’atténuent, puis qu’elle baissera encore, en raison de la capacité excédentaire. Quand ces capacités excédentaires vont se résorber, au cours de la deuxième moitié de 2022, l’inflation devrait retourner à 2 % de manière durable.

La Banque du Canada doit calmer le jeu

Au début de la pandémie, la Banque du Canada a acheté des titres du gouvernement et ainsi fourni des liquidités pour assurer le bon fonctionnement du marché. À mesure que les conditions de liquidité s’amélioraient sur le marché des obligations du gouvernement du Canada, la détente monétaire est devenue le principal objectif des achats d’obligations par la banque centrale. Les achats d’obligations dans le cadre du programme d’assouplissement quantitatif continuent d’exercer des pressions à la baisse sur les taux d’emprunt, ce qui favorise l’activité économique. De plus, l’assouplissement quantitatif renforce la détente monétaire qui découle des indications prospectives de la Banque. La Banque s’est engagée à maintenir le taux directeur (le taux à un jour) à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires de l’économie se résorbent, pour que la cible d’inflation soit atteinte de manière durable.

La proportion de l’encours total de ces titres détenus par la Banque a augmenté et s’élève maintenant à environ 42 %. Depuis mars 2020, la Banque a acheté plus de 35 % de l’encours total des obligations d’État, soit un pourcentage plus élevé que d’autres banques centrales (voir le graphique ci-dessous). Le degré de détente monétaire qu’elle a procuré est donc exceptionnel, compte tenu de la taille du marché obligataire et de l’économie du pays. La Banque du Canada doit continuer de réduire ses achats pour qu’il y ait suffisamment de titres du gouvernement du Canada pour les investisseurs institutionnels de long terme – comme les compagnies d’assurance et les caisses de retraite – qui ont besoin de titres AAA pour compenser leur passif à long terme.

Évaluation du marché du logement par la Banque du Canada

Dans le RPM d’aujourd’hui, la Banque présente une évaluation des moteurs de la vigueur du marché canadien du logement.

  • La demande a été soutenue par un revenu disponible relativement élevé et la faiblesse des taux hypothécaires.
  • Les pertes d’emploi ont augmenté durant la pandémie, mais elles ont surtout concerné les travailleurs faiblement rémunérés, qui ont plus tendance à être locataires que propriétaires.
  • Le télétravail et le fait qu’on passe plus de temps chez soi ont contribué à renforcer la demande de maisons unifamiliales plus grandes et d’habitations situées dans les banlieues et les milieux ruraux.
  • Ce déplacement de la demande entraîne notamment une hausse de la construction de logements neufs dans les régions où il y a moins de contraintes d’offre, comme une disponibilité limitée des terrains.
  • Au cours de la dernière année, le rythme de la construction a été freiné par les mesures de confinement ainsi que les pénuries de matériaux et de travailleurs qualifiés. Ces facteurs exercent aussi des pressions à la hausse sur les coûts de construction.
  • Certains vendeurs potentiels ont été réticents à faire visiter leur habitation en raison de la pandémie.
  • Au fil du temps, l’offre devrait s’ajuster. Un grand nombre de permis de construire ont été délivrés, une part croissante visant des maisons unifamiliales. Les mises en chantier ont aussi enregistré une forte hausse depuis quelques mois, notamment dans les milieux ruraux.

La Banque continue de redouter que des prévisions extrapolatives mènent à surchauffe des prix et de l’activité spéculative (voir le graphique ci-dessous). Elle a bien accueilli les changements à la ligne directrice B-20 proposés par le Bureau du surintendant des institutions financières pour aider à réduire ces risques.

En somme

L’annonce de la Banque du Canada était importante, signalant un virage dans sa réflexion. Le pire de la pandémie est passé, l’économie a été remarquablement résiliente, et la Banque peut maintenant voir la lumière au bout du tunnel. La sortie du tunnel est maintenant prévue au deuxième trimestre de 2022 plutôt que de 2023. Même si le taux directeur restera à sa valeur plancher effective d’ici là, la banque centrale a déjà commencé à réduire ses achats d’obligations du gouvernement du Canada.

En partie, l’optimisme de la Banque reflète la vigueur comparative de l’économie américaine, qui devance nettement le Canada en matière de vaccination*. Les exportations canadiennes en profitent largement. Les mesures de stimulation du budget fédéral de cette semaine apportent aussi de l’air à l’économie. Même si, selon les estimations, 425 000 personnes sont encore sous-employées et même si les mesures face à la troisième vague ainsi que la progression de la vaccination sont imprévisibles, la Banque est plus convaincue qu’elle ne l’a été depuis 13 mois que nous arriverons au plein emploi d’ici la fin de l’année prochaine.

*Au 20 avril, presque 25 % de la population américaine avait été pleinement vaccinée, et 39 % avait reçu au moins une dose. En comparaison, à la même date, seulement 2,5 % de la population était pleinement vaccinée, et 25,4 % avait reçu une dose. 

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
21 Avr

Trudeau ouvre les robinets : dépenses sociales, soutien du revenu, économie verte

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le premier budget de Chrystia Freeland est conforme aux attentes

Le premier budget fédéral en plus de deux ans prolonge de quelques mois le secours apporté aux travailleurs et aux entreprises en difficulté face à la COVID-19, en attendant que le Canada échappe pour de bon à la pandémie. Le document budgétaire faisant non moins de 864 pages établit dans le détail la politique du Canada pour l’après-pandémie.

Le plan budgétaire, le premier de la ministre des Finances Chrystia Freeland, est largement perçu comme un programme préélectoral. Il annonce plus de 100 milliards de dollars de nouvelles dépenses sur trois ans, à l’intention d’un large éventail d’électeurs – depuis les aînés et leurs soignants jusqu’aux parents et aux propriétaires d’entreprises.

Le gouvernement devra obtenir l’appui d’au moins un parti de l’opposition pour éviter une élection ce printemps en pleine pandémie. Ce ne sera sans doute pas un problème, puisqu’une bonne part des « investissements » redistributifs et des dépenses sociales sont tout à fait dans les cordes du Nouveau Parti démocratique.

La dette nette du Canada dépasse maintenant pour la première fois les 1000 milliards de dollars, après un déficit de 354 milliards pour l’année de pandémie qui vient de s’achever. Elle augmentera encore, avec des déficits de 155 milliards cette année et de 60 milliards en 2022-2023.

Ces projections s’expliquent en partie par les plus de 100 milliards de dollars de nouvelles dépenses sur trois ans. En font partie les fonds nécessaires au maintien des subventions pour les salaires et pour les loyers ainsi que de l’aide aux travailleurs mis à pied, maintenant prolongées jusqu’en septembre au lieu de prendre fin en juin.

La ministre Freeland prépare aussi le Canada d’après la pandémie tel que les libéraux le conçoivent : avec des services de garderie à 10 $ par jour, la capacité de produire ses propres vaccins, des normes nationales sur les soins de longue durée et des petites et moyennes entreprises dotées des travailleurs et de la technologie dont elles ont besoin pour survivre.

La vision comprend aussi un pays plus écologique et plus propre, avec plus de 17 milliards de dollars pour des programmes face aux changements climatiques. Une bonne part prendra la forme de mesures incitatives pour encourager l’industrie lourde à réduire ses émissions et pour développer le secteur canadien des technologies propres.

Il reste que tout pourrait encore changer au gré de la pandémie, si l’approvisionnement en vaccins ne suit pas ou si les vaccins s’avèrent moins efficaces pour les nouveaux variants du virus. Le budget indique quelles seraient les répercussions si les pires scénarios de pandémie se matérialisaient.
Les risques paraissent d’autant plus réels à l’heure où le pays est aux prises avec la pire vague de la pandémie jusqu’à présent, les hospitalisations et le nombre de patients aux soins intensifs atteignent des records, et médecins comme infirmières préviennent que le système de soins de santé est au bord du gouffre.

Le ratio de la dette au PIB augmentera encore, jusqu’à 51,2 % contre 49,0 % en 2020-2021 et un peu plus de 31 % avant la pandémie. Cependant, il devrait plafonner cette année, puis descendre sous les 50 % d’ici 2025-2026.

De l’aide pour les étudiants et les travailleurs à faible revenu

Le budget vise à créer 500 000 possibilités de formation et d’emploi. Il affecte 2,4 milliards de dollars sur trois ans pour le développement des compétences et les métiers, dont environ 40 % pour la formation dans des secteurs allant des soins de santé à la construction.

Il ajoute 8,9 milliards de dollars pour bonifier l’Allocation canadienne pour les travailleurs afin d’améliorer la situation des travailleurs à faible revenu : le seuil de revenu auquel les prestations commencent à baisser sera rehaussé.

Par ailleurs, le salaire minimum fédéral est augmenté à 15 $ l’heure, 300 millions de dollars sont affectés à des programmes pour l’entrepreneuriat des communautés noires, des femmes et d’autres groupes sous-représentés. Il y a aussi un renouvellement de la volonté de protéger les travailleurs à la demande au moyen de modifications promises au Code canadien du travail.

Environ 300 000 Canadiens qui avaient un emploi avant la pandémie sont encore sans emploi.

De l’aide pour les petites entreprises, le secteur du tourisme et les arts

Le gouvernement a annoncé un prolongement de la Subvention d’urgence du Canada pour le loyer (SUCL) et de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) au-delà de leur échéance actuelle du 5 juin, en précisant toutefois qu’il entend y mettre fin graduellement d’ici la fin de septembre. Le gouvernement a aussi annoncé un nouveau crédit à l’embauche et des programmes d’aide pour les secteurs durement touchés du tourisme et des arts. Les entreprises qui touchent la SSUC devront la rembourser si leurs cadres gagnent davantage en 2021 qu’ils ne le faisaient avant la pandémie. D’aucuns affirment que cette dernière mesure aurait dû être prévue dès que la subvention est entrée en vigueur à la mi-2020.

Le secteur du tourisme, qui a particulièrement souffert, obtient aussi 500 millions de dollars dans un fonds d’aide au tourisme qui sera administré par les agences de développement régional. Le fonds aidera les entreprises locales à se relever de la récession provoquée par la COVID. Il y aura en plus 100 millions de dollars pour une campagne de marketing encourageant les Canadiens à visiter des destinations de vacances au pays – même si elles affichent déjà complet pour le reste de l’année.

Le budget annonce encore 200 millions de dollars de dépenses à l’appui de grands festivals artistiques et culturels, par l’entremise des agences de développement régional.

Le gouvernement Trudeau fait le pari que les mesures augmenteront la productivité et s’autofinanceront

Le budget du gouvernement estime que ses dépenses créeront ou préserveront quelque 330 000 emplois l’an prochain et ajouteront environ deux points de pourcentage à la croissance économique, dans le cadre de la stimulation produite par les nouvelles dépenses de 101,4 milliards de dollars sur trois ans.

La plus grande part en est les presque 30 milliards de dollars, sur cinq ans, devant faire baisser les frais de garderies de qualité jusqu’à 10 $ par jour d’ici 2026. Ces fonds s’ajoutent aux dépenses déjà prévues pour les garderies. Il y a toutefois le problème que le plan exige l’adhésion des provinces, les dépenses devant être partagées à parts égales. Cette condition pourrait causer des retards.

Des fonds supplémentaires sont aussi prévus pour l’infrastructure à large bande, et il y a 7 milliards de dollars en fonds, en financement et en conseils pour aider les entreprises à adopter et développer de nouvelles technologies afin de réduire le retard du pays en matière de productivité.

Ottawa tente d’accélérer la reprise de l’emploi avec un nouveau programme compensant une partie des frais de main-d’œuvre des employeurs. Le programme d’embauche pour la relance économique du Canada irait du 6 juin au 20 novembre et couvrirait jusqu’à 50 % des coûts supplémentaires découlant d’une augmentation des salaires ou des heures travaillées ou de l’embauche d’un plus grand nombre d’employés. Le coût estimé du programme est de 595 millions de dollars.

Le marché du travail s’est en grand partie rétabli de la pandémie. Le nombre de Canadiens en emploi est en baisse d’environ 300 000, soit 1,5 %, par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. Aujourd’hui, le recul est surtout confiné dans quelques secteurs – comme le secteur hôtelier – dont les activités sont limitées en raison des mesures de santé publique. En même temps, l’emploi a augmenté dans de nombreux secteurs de cols blancs.

Logement et immobilier

Comme dans des budgets précédents, le gouvernement fédéral a proposé une série de mesures sur le logement. Ce n’est toutefois sans doute pas assez pour calmer l’activité et la spéculation de la dernière année.

Le Canada imposera une taxe de 1 % sur la valeur de biens immobiliers appartenant à des étrangers si la propriété est vacante, à partir de 2022. La Colombie-Britannique et l’Ontario imposent déjà une taxe aux acheteurs étrangers. La mesure devrait rapporter 700 millions de dollars de recettes sur quatre ans, à partir de 2022-2023.

Le budget propose aussi d’affecter 2,5 milliards de dollars de plus à la SCHL pour diverses initiatives, y compris la construction d’unités de logement abordable, et de réaffecter 1,3 milliard de dollars pour des initiatives comme la transformation d’immeubles de bureaux inoccupés en logements.

Pour autant, le budget est tout aussi remarquable pour ce qui ne s’y trouve pas : de nouvelles mesures visant directement à calmer le marché immobilier.

Des mesures pour les aînés, l’économie verte, la réduction de l’évasion fiscale, une taxe de luxe sur les yachts, les voitures de luxe…

Si tout va bien, et si la pandémie est essentiellement chose du passé d’ici septembre, le gouvernement prévoit une forte baisse des déficits et de la dette sur un horizon de cinq ans.

  • En tant que part de l’économie, la situation est à peu près où elle en était en novembre, avec des déficits annuels d’en moyenne 5,8 % du PIB sur cinq ans, contre 5,7 %.
  • L’émission d’obligations baissera en 2021, à 286 millions de dollars, contre 374 millions de dollars au cours de l’exercice précédent. Le gouvernement entend émettre plus de 40 % de ses obligations avec des échéances de 10 ans ou plus, contre 15 % avant la pandémie. Il rouvrira les obligations à échéance de 50 ans.
  • Le gouvernement s’engage à réduire la dette fédérale en part de l’économie « à moyen terme », ce qui constitue sa cible budgétaire.
  • Le Canada prévoit mettre en place une taxe sur les services numériques de 3 % des revenus, pour les géants de la technologie. Elle s’appliquerait à compter du 1er janvier 2022, « jusqu’à ce qu’une approche multilatérale acceptable la remplace ». Il est estimé que cette taxe produirait 3,4 milliards de dollars en recettes sur cinq ans.

En somme

Il n’y a pas de plan pour équilibrer le budget, mais les observateurs attendaient de voir si Ottawa allait s’engager à respecter une cible budgétaire précise. Aucun chiffre précis n’a été mentionné, mais le budget précise que : « Le gouvernement est déterminé à combler les déficits liés à la COVID-19 et à réduire la dette fédérale en tant que part de l’économie à moyen terme. » Si l’économie se rétablit plus ou moins selon les prévisions faisant consensus et que les coûts d’emprunt ne grimpent pas radicalement, cet énoncé indique que la cible serait d’un ratio dette/PIB de 50 %. Quant au déficit, ce serait un retour au niveau d’avant la pandémie d’environ 1 % du PIB (ou environ 30 milliards de dollars plus tard dans la décennie). En un sens donc, la pandémie a été « payée » par une majoration ponctuelle du ratio dette/PIB, de 30 % à 50 %.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca