19 Avr

La revente de maisons atteint un nouveau record en mars alors que les nouvelles inscriptions grimpent à des niveaux inédits

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Publié par: Robert Perrier

Pourquoi tant de questionnements sur les politiques?

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), un nouveau record absolu a été fixé pour la revente de maisons au Canada en mars. Fait plus remarquable encore, les nouvelles inscriptions ont atteint le plus haut niveau de tous les temps, en données désaisonnalisées, en mars. Les prix ont continué de monter, les nouvelles inscriptions n’étant finalement que peu de choses au regard des ventes.

Le nombre de maisons vendues à l’échelle nationale a augmenté de 5,2 %, en données désaisonnalisées. L’activité réelle (non désaisonnalisée) était en hausse de 76,2 % d’une année à l’autre. Les 76 259 maisons vendues représentent 14 000 de plus que le précédent record mensuel, établi en juillet dernier. Le nombre de nouvelles inscriptions a bondi de 7,5 % de février à mars. Les prix de référence des maisons ont augmenté de 3,1 % par rapport au mois précédent et de 20,1 % par rapport à un an plus tôt.

La hausse des ventes résidentielles nationales de février à mars est généralisée et principalement attribuable aux marchés où les nouvelles inscriptions ont augmenté. En mars, les hausses les plus importantes ont été enregistrées dans le Grand Vancouver, à Calgary, à Edmonton, à Hamilton-Burlington et à Ottawa.

« Avec autant de propriétés achetées et vendues en un mois, il n’est pas étonnant que certains parlent de croissance soutenue, et c’est peut-être le cas, en un sens, affirme Cliff Stevenson, président de l’ACI. Mais ce n’est pas la vigueur du marché de l’habitation le problème : c’est son déséquilibre. Dans la majeure partie du Canada, même si la demande est manifeste depuis des mois, l’offre demeure plutôt restreinte, ce qui pousse les prix vers le haut. Bref, l’important regain de nouvelles inscriptions observé en ce début de printemps est la soupape qui permettra à la demande de stimuler davantage les ventes que les prix. Le nombre de nouvelles inscriptions devra rester élevé pendant plusieurs mois, mais il semble que le marché soit enfin prêt à se stabiliser. C’est une bonne nouvelle pour les acheteurs contrariés… »

« Nous avons beaucoup parlé de demande comprimée au cours de la dernière année, mais je pense que le moment est venu de parler d’offre comprimée, pour répondre à la question de l’heure, déclare Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. L’année 2020 a mis en lumière l’importance de la propriété. Avec le recul, il n’est pas surprenant qu’autant de gens aient voulu s’en procurer une pour traverser la pandémie, ou conserver la leur pour la même raison. Il est donc logique qu’à mesure que nous approchons du fil d’arrivée, ou du moins d’un fil d’arrivée, les propriétaires peu disposés à vendre en pleine pandémie se manifestent, et qu’en contrepartie les acheteurs pressés se fassent plus rares. Seul le temps nous le dira, mais mars ne laisse en rien présager le contraire. Cela dit, la troisième vague de la COVID-19 pourrait faire dérailler la reprise de l’offre ce printemps. »

Nouvelles inscriptions

En mars, le nombre de propriétés nouvellement inscrites a grimpé de 7,5 %, établissant ainsi un nouveau record. Cette évolution s’ajoutant à l’important rebond de février, l’offre a augmenté de plus de 25 % au cours des deux derniers mois.

L’augmentation de l’offre ayant dépassé la hausse des ventes récente, le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé à 80,5 % en mars, comparativement au sommet de 90,9 % atteint en janvier. La moyenne à long terme de ce ratio est de 54,4 %, donc le niveau actuel reste très élevé. Toutefois, il semble enfin évoluer dans la bonne direction.

Si l’on compare le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et les moyennes à long terme, on constate que moins de 20 % de l’ensemble des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en mars. Le reste des marchés, soit plus de 80 %, se situaient au-delà des normes à long terme et, dans bien des cas, bien au-dessus. On a observé durant les trois premiers mois de 2021 et la deuxième moitié de 2020 un nombre record de marchés favorables aux propriétaires-vendeurs. Notons que le record établi avant la COVID-19, soit seulement environ 55 % des marchés qui étaient favorables aux propriétaires-vendeurs, datait du début de 2002.

Le nombre de mois d’inventaire est une autre mesure importante de l’équilibre entre l’offre et la demande. Il représente le temps qu’il faudrait pour vendre toutes les propriétés de l’inventaire au taux de vente actuel. On comptait seulement 1,7 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mars 2021, soit le niveau le plus bas jamais enregistré. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois.

Prix des maisons
L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a grimpé de 3,1 % d’un mois à l’autre en mars 2021, une hausse similaire mais légèrement inférieure à la hausse record de février.

Même si la hausse des prix demeure la plus forte dans le secteur des maisons unifamiliales, elle a ralenti en mars contrairement à celle des secteurs des maisons en rangée et des appartements, plus abordables. Sur les 41 marchés que mesure actuellement l’Indice, tous sauf un ont connu une hausse mensuelle.

L’IPP MLS® global et composé (non désaisonnalisé) a affiché une hausse de 20,1 % d’une année à l’autre en mars. Selon les données recueillies depuis 2005, cette hausse d’une année à l’autre bat le record de 18,6 % établi en avril 2017.

Les marchés de l’Ontario continuent d’enregistrer les plus fortes hausses d’une année à l’autre, suivis par ceux de la Colombie-Britannique, du Québec et du Nouveau-Brunswick, puis par ceux des provinces des Prairies et de Terre-Neuve-et-Labrador, avec des hausses inférieures à 10 %.

Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en mars 2021 a atteint un niveau record de 716 828 $, soit une hausse de 31,6 % comparativement au même mois l’an dernier. Cela dit, il faut noter que la plus forte hausse de nouvelles inscriptions et donc de ventes en mars a eu lieu dans le Grand Vancouver, atteignant même un sommet en près de quatre ans dans ce secteur du marché canadien.

Le tableau ci-dessous indique l’évolution des prix région par région.

En somme

Le marché connaît une vigueur soutenue alors que fait rage un débat au Canada quant à l’apparition d’une bulle immobilière et quant aux politiques qu’il faudrait adopter en conséquence. La semaine passée, l’organisme de réglementation des banques du Canada, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), a indiqué qu’il envisageait la possibilité d’adopter un nouveau taux d’intérêt de référence minimum plus élevé, de 5,25 %, pour déterminer l’admissibilité à un prêt hypothécaire non assuré. Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau a quant à lui annoncé qu’il envisageait d’imposer une taxe sur l’achat de maisons par des non-résidents du Canada. Certains économistes ont soutenu que ces mesures ne suffiraient pas, même si l’augmentation de l’offre constatée en mars a un peu atténué les préoccupations.

L’explication la plus simple de la vigueur exceptionnelle du marché immobilier est la baisse radicale des taux hypothécaires découlant de l’assouplissement de la politique monétaire de la Banque du Canada, en mars 2020, au début de la pandémie. La décision de la banque centrale a accompli précisément ce qu’elle visait, bien que cela puisse aujourd’hui paraître contre-productif. Tenter maintenant d’entraver ou modérer la demande par une multitude de nouvelles règles complexes non seulement serait inefficace, mais risquerait d’entraîner des conséquences inattendues.

La chute des taux hypothécaires à des niveaux inédits a augmenté le pouvoir d’achat des ménages. En outre, nombreux sont ceux qui ont pu acheter plus loin des villes avec leurs prix plus élevés, ce qui a encore réduit le fardeau financier que représente l’achat d’une maison. Cela s’est vu partout au Canada, mais aussi dans de nombreux autres pays. L’inflation des prix immobiliers a été d’autant plus grande en s’éloignant des centres-villes.

Je suis du même avis que Beata Caranci, PVP et économiste en chef de la Banque TD, qui a fait remarquer que le Canada a déjà un certain nombre de leviers de sécurité en place face aux risques financiers des ménages. De fait, le Fonds monétaire international estimait en janvier 2020 que la « politique macroprudentielle » du Canada était globalement adéquate et relativement ferme, avec six rondes de resserrement des règles de l’assurance hypothécaire par le ministère des Finances. Au fil des ans, les provinces et les villes ont aussi adopté des mesures pour dissuader la spéculation, en taxant les propriétés inoccupées ou en augmentant les droits de cession immobilière.

Les acheteurs ne sont pas irrationnels quand ils s’inquiètent de ne plus pouvoir payer le prix d’une maison. Depuis 30 ans, même si on a beaucoup parlé de bulles immobilières dans des villes comme Vancouver et Toronto, l’immobilier résidentiel a été un excellent investissement, bien moins volatil que d’autres façons de placer des fonds. La politique du Canada en matière d’immigration y a contribué, menant à la plus forte augmentation de la population parmi les pays du G7. Les impôts fonciers et les droits de cession immobilière sont déjà parmi les plus élevés au monde, et ni les paiements hypothécaires ni les impôts fonciers ne sont déductibles du revenu imposable, comme ils le sont aux États-Unis.

La plus grande part de la nouvelle offre sur le marché se situe dans le secteur des immeubles à logements multiples. La pandémie a mis en valeur la maison unifamiliale, comme le démontre la montée des prix de telles maisons qui restaient abordables dans les marchés jusque-là peu prisés, loin des grandes villes. Pourquoi les ménages à deux revenus d’aujourd’hui n’aspireraient-ils pas aux mêmes rêves immobiliers que leurs parents ont réalisés? Même après le boom actuel de l’immobilier, qui se calmera certainement lorsque la pandémie prendra fin et que les taux d’intérêt retrouveront des niveaux plus normaux, les taux de défaillance sur les prêts hypothécaires resteront faibles. Les garde-fous mis en place par la série de mesures prises depuis 2016 – réduction de l’amortissement, augmentation de la mise de fonds minimum, resserrement des critères d’admissibilité à un prêt hypothécaire – garantissent pratiquement que dans la forte reprise économique après la pandémie, les risques de crédit sont déjà suffisamment faibles.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
12 Avr

Progression fulgurante de l’emploi au Canada en mars

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Publié par: Robert Perrier

Progression fulgurante de l’emploi au Canada en mars

Selon les résultats de l’Enquête sur la population active de mars 2021, qui viennent d’être publiés par Statistique Canada, l’emploi a augmenté beaucoup plus que prévu pour un deuxième mois consécutif. L’augmentation pourrait dépasser les 5,5 % pour le premier trimestre. L’enquête révèle les conditions du marché du travail la semaine du 14 au 20 mars, quand les restrictions sanitaires étaient moins contraignantes que le mois précédent dans plusieurs provinces.

L’emploi a bondi de 303 100 en mars, après le gain de 259 200 en février. Le taux de chômage a chuté à 7,5 %, le plus bas niveau depuis avant la pandémie. Cependant, il reste que de nombreux travailleurs découragés ne cherchent plus activement un emploi alors qu’ils préféreraient en avoir. Souvent, ce sont des mères qui ne peuvent pas payer ou trouver des services de garde de qualité ou qui doivent aider les enfants faisant l’école à distance.

Le taux d’emploi – le pourcentage de la population âgée de 15 ans et plus qui est en emploi – a augmenté de 0,9 point de pourcentage pour atteindre 60,3 %, ce qui reste 1,5 point de pourcentage sous le taux de février 2020.

Les hausses de l’emploi observées en mars sont réparties dans la plupart des provinces, les augmentations les plus marquées ayant été enregistrées en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique et au Québec. Une bonne part de la croissance de l’emploi est attribuable à la reprise soutenue observée dans les secteurs – comme le commerce de détail et les services d’hébergement et de restauration – où l’emploi avait chuté en janvier en raison des restrictions de santé publique. Les augmentations de l’emploi enregistrées dans les soins de santé et l’assistance sociale, dans les services d’enseignement ainsi que dans la construction ont aussi contribué à la croissance nationale en mars.

La pandémie de COVID-19 continue d’avoir des répercussions sur le marché du travail. Comparativement à février 2020, on comptait 296 000 (-1,5 %) personnes en emploi de moins en mars 2021, et 247 000 (+30,4 %) personnes de plus ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles. Le nombre de travailleurs touchés par la crise économique liée à la COVID-19 a atteint un sommet de 5,5 millions en avril 2020. Il y a eu une baisse de l’emploi de 3,0 millions ainsi qu’une augmentation de 2,5 millions des absences du travail en raison de la COVID-19.

Parmi les travailleurs qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles en mars, le nombre de personnes qui ont travaillé à un endroit autre que leur domicile a progressé d’environ 600 000 pour un deuxième mois consécutif. Cette hausse coïncide avec l’assouplissement des restrictions de santé publique dans l’ensemble du pays.

Bien que le nombre de Canadiens travaillant à partir de leur domicile ait reculé de 200 000 en mars, le travail à domicile demeure une importante mesure d’adaptation en réponse à la pandémie de COVID-19. Parmi les 5,0 millions de Canadiens travaillant à domicile en mars 2021, plus de la moitié (2,9 millions) le faisait sur une base temporaire en réponse à la COVID-19.

Le total des heures travaillées a augmenté de 2,0 % en mars, en raison des hausses enregistrées dans plusieurs secteurs, y compris les services d’enseignement, le commerce de détail et la construction. Cette croissance, poursuivant la constante tendance à la hausse observée depuis avril 2020, a porté le total des heures travaillées à 1,2 % près du niveau de février 2020. Les heures travaillées par les travailleurs autonomes ont continué d’être bien inférieures (-7,7 %) aux niveaux de février 2020, tandis que les heures travaillées par les employés sont revenues aux niveaux prépandémiques.

Le taux de chômage diminue pour s’établir à son plus bas niveau depuis le début de la pandémie.

Le taux de chômage a reculé pour un deuxième mois consécutif, en baisse de 0,7 point de pourcentage pour s’établir à 7,5 % en mars, ce qui représente le taux le plus faible depuis février 2020. Cela rend compte de la forte croissance de l’emploi, qui a dépassé le nombre de personnes entrant sur le marché du travail.

Le nombre de chômeurs a diminué de 148 000 (-8,9 %) en mars, et la majorité (59,0 %) des personnes qui sont sorties du chômage ont commencé un emploi. Malgré les fortes diminutions observées en février et en mars, le nombre de chômeurs était de 1,5 million, soit 371 000 (+32,4 %) de plus qu’en février 2020.

Le nombre de chômeurs de longue durée – les personnes qui cherchent du travail ou qui ont été mises à pied temporairement depuis 27 semaines ou plus – est demeuré stable en mars. On comptait 286 000 (+159,5 %) chômeurs de longue durée de plus qu’en février 2020. Ces personnes pourraient être touchées de façon irréversible par la pandémie, et il pourrait leur être utile de recevoir de la formation professionnelle.

En somme

Le rapport sur l’emploi de vendredi a créé une bonne surprise, mais il reste des raisons de s’inquiéter. La reprise est inégale, et le confinement pour la troisième vague touche durement l’économie. Comme le virus devient plus contagieux et mortel, la reprise économique reste fragile, d’autant que la vaccination progresse très lentement. Ainsi, ce nouveau rapport sur l’emploi revêt une importance réduite pour la Banque du Canada, même s’il est l’ultime rapport avant que la banque centrale ne rajuste sa politique en avril. La Banque du Canada tiendra sans doute compte du risque croissant que pose la contagion pour la reprise économique.

Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau présentera son budget 2021 le 19 avril, et il a déjà promis de nouvelles dépenses. La Banque du Canada révisera sa politique le 21 avril. Elle maintiendra le taux à un jour à 25 points de base, et elle évitera de réduire l’assouplissement quantitatif.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
9 Avr

Le BSIF envisage de fixer un taux admissible minimal de 5,25 % pour les prêts hypothécaires non assurés

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Publié par: Robert Perrier

L’organisme de réglementation des banques vise à ce qu’il soit plus difficile d’obtenir un prêt hypothécaire non assuré

Des PDG des cinq grandes banques ont prôné des mesures réglementaires pour calmer le marché surchauffé de l’immobilier, et le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) – qui régit les institutions sous réglementation fédérale – n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué diffusé aujourd’hui, le BSIF propose d’augmenter le taux admissible applicable aux prêts hypothécaires non assurés au plus élevé entre le taux hypothécaire contractuel majoré de 200 points de base, et un taux plancher établi à 5,25 %.

Selon les taux affichés des six plus grands prêteurs au pays, le seuil actuel est de 4,79 %. Avant la pandémie, le taux affiché était généralement considéré comme étant trop élevé par rapport aux taux contractuels, sensiblement inférieurs. Les six plus grands prêteurs canadiens relevant de la compétence du BSIF fixent le taux affiché chaque semaine en soumettant à la Banque du Canada le « taux des hypothèques ordinaires, sur 5 ans ». Or, ce taux s’est de plus en plus détaché des taux contractuels consentis.

Encore une fois, le BSIF se montre attentionné à l’égard de l’oligopole banquier du Canada. On peut noter que les taux de délinquance sur les prêts hypothécaires des banques canadiennes sont très bas – aussi bien en termes historiques qu’en comparaison des institutions financières ailleurs au monde. Le BSIF a justifié sa proposition au titre de « l’importance des saines pratiques de souscription hypothécaire ».

Dans son communiqué, le BSIF soutient que « le taux admissible minimal offre une marge de sécurité supplémentaire qui garantit que les emprunteurs auront la capacité d’effectuer leurs versements hypothécaires si la situation devait évoluer (p. ex., en cas de diminution du revenu ou d’augmentation des taux d’intérêt). Les prêts hypothécaires représentant l’exposition la plus importante pour la majorité des banques, le fait de veiller à ce que les emprunteurs soient en mesure de rembourser leurs prêts contribue largement au maintien de la sûreté et de la solidité du système financier canadien. »

La période des commentaires prend fin le 7 mai. Le BSIF a indiqué qu’il communiquerait la version révisée de la ligne directrice B-20 d’ici le 24 mai 2021, et qu’elle entrerait en vigueur le 1er juin 2021.

Voilà qui garantit pratiquement que le boom actuel d’achat de maisons continuera de s’accélérer au printemps – les emprunteurs étant incités à agir avant l’échéance du 1er juin. Le BSIF déclenchera une surchauffe supplémentaire du marché immobilier, la demande étant devancée comme elle avait été avant la date d’entrée en vigueur de l’actuelle ligne directrice B-20, le 1er janvier 2018.

Les prêteurs qui ne sont pas assujettis à la réglementation fédérale – comme les caisses populaires, les prêteurs spécialisés et les prêteurs privés – ne sont pas touchés, non plus, dans l’immédiat, que les emprunteurs hypothécaires assurés.

Le gouvernement fédéral est responsable de l’admissibilité pour les prêts hypothécaires assurés. La SCHL et le ministère des Finances pourraient suivre l’exemple du BSIF et resserrer les règles sur l’admissibilité pour les prêts assurés.

En somme

On se rappellera que le 24 janvier 2020, le BSIF avait indiqué qu’il reconsidérait le taux de référence (ou taux plancher) utilisé pour l’admissibilité à un prêt hypothécaire non assuré. À l’époque, l’écart croissant entre le taux hypothécaire affiché et le taux contractuel était excessif, et d’aucuns pensaient que le BSIF et la Banque du Canada allaient publier chaque semaine un taux hypothécaire reflétant mieux les taux contractuels. Le nouveau taux admissible serait le taux hypothécaire contractuel, plus 200 points de base. La consultation à ce sujet avait été suspendue le 13 mars 2020, en raison des difficultés posées par la pandémie de COVID-19.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Mar

Le marché canadien du logement reste florissant

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Publié par: Robert Perrier

Le logement poursuit son essor en février

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont atteint un nouveau record absolu en février 2021. Les ventes résidentielles canadiennes ont encore grimpé de 6,6 % d’un mois à l’autre, après la plus forte progression qu’on ait jamais enregistrée en hiver. En comparaison d’un an plus tôt, la revente de maisons a bondi de 39,2 %. Comme l’indique le graphique ci-dessous, l’activité de février oblitère tous les records précédents du mois. Le niveau annuel désaisonnalisé des ventes s’est établi à 783 636 unités en février. Les prévisions révisées de l’ACI pour 2021 font état de quelque 700 000 ventes résidentielles. Malgré la vigueur de la demande, il sera difficile de maintenir le niveau d’activité actuel pendant les mois printaniers, qui sont habituellement plus actifs, à moins que se manifeste une bien nécessaire augmentation de l’offre. Cette augmentation pourrait se matérialiser à la faveur de l’assouplissement des restrictions liées à la COVID et du retour du beau temps.

La hausse d’un mois à l’autre des ventes nationales de janvier à février est surtout attribuable au Grand Toronto et à d’autres marchés ontariens, ainsi qu’à Calgary et à certains marchés de la Colombie-Britannique. Ces gains pallient un déclin considérable des ventes à Montréal, où les nouvelles inscriptions au début de 2021 étaient inférieures à celles de la seconde moitié de l’an dernier.

S’inscrivant dans une tendance observée depuis l’été dernier, la hausse de février établit un nouveau record pour le mois, et ce, par une marge considérable (plus de 13 000 transactions). Pour le huitième mois consécutif, les ventes étaient en hausse dans presque tous les marchés de l’habitation canadiens par rapport au même mois en 2020. Sur les huit marchés qui ont enregistré une baisse des ventes d’une année à l’autre en février, l’offre minimale était probablement la cause du recul.

« Nous sommes au tout début du premier marché printanier non perturbé (par des politiques ou par un confinement) depuis des années, alors que le déséquilibre de l’offre et de la demande n’a jamais atteint des proportions aussi extrêmes, dit Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. Alors, que se passe-t-il? Je crois que la situation s’explique d’une part par la demande refoulée par les changements réglementaires qui ont été apportés dans les années précédant la COVID-19. On observe d’autre part un certain devancement de la demande, soit parce que les acheteurs veulent trouver une propriété pour traverser la pandémie, soit parce qu’ils veulent éviter la flambée des prix tout en profitant d’un taux d’intérêt hypothécaire record. Mais le principal facteur est peut-être l’émergence de propriétaires existants qui disposent d’un avoir considérable et qui sont motivés à déménager en raison du grand bouleversement qu’est la COVID-19. Les nombreux acheteurs d’une première propriété doivent maintenant leur faire concurrence. »

Nouvelles inscriptions

Le nombre de nouvelles inscriptions a fait un bond de 15,7 % en février, rattrapant la baisse enregistrée en janvier. Le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est particulièrement élevé, ce qui indique que presque toutes les propriétés inscrites trouvent preneurs. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup des marchés où l’offre a rebondi en février soient ceux où les ventes ont augmenté pendant le même mois.

L’augmentation de l’offre ayant dépassé la hausse des ventes en février, le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a légèrement diminué, s’établissant à 84 %, comparativement au record de 91,2 % enregistré en janvier. Cela dit, le ratio de février est le plus élevé jamais observé après ce record. La moyenne à long terme du ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 54,4 %.

Si l’on compare le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et les moyennes à long terme, on constate que seulement environ 15 % de l’ensemble des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en février. Le reste des marchés, soit 85 %, se situaient au-dessus des normes à long terme et, dans bien des cas, bien au-dessus. On a observé durant les deux premiers mois de 2021 et la deuxième moitié de 2020 un nombre record de marchés favorables aux propriétaires-vendeurs. Notons que le record établi avant la COVID-19, soit seulement environ 55 % des marchés qui étaient favorables aux propriétaires-vendeurs, datait du début de 2002.

On comptait seulement 1,8 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de février 2021, soit le niveau le plus bas jamais enregistré. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois. À l’échelle locale, environ 40 marchés de l’Ontario comptaient moins d’un mois d’inventaire à la fin de février.

Prix des maisons

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 3,3 % d’un mois à l’autre en février 2021, ce qui représente une hausse record. Sur les 40 marchés que mesure actuellement l’Indice, tous sauf un ont connu une hausse d’un mois à l’autre.

L’IPP MLS® global et composé (non désaisonnalisé) a connu en février une hausse d’une année à l’autre de 17,3 %. Cette augmentation, la plus importante depuis avril 2017, atteint presque un sommet.

Les hausses d’une année à l’autre les plus importantes – plus de 35 % – ont été enregistrées dans les Lakelands, une région de villégiature de l’Ontario, à Tillsonburg et à Woodstock-Ingersoll.

Des augmentations des prix de l’ordre de 30 à 35 % d’une année à l’autre ont été observées à Barrie, à Niagara, à Bancroft, à Grey-Bruce-Owen Sound, à Kawartha Lakes, à London-St. Thomas, à North Bay, à Northumberland Hills, à Quinte, à Simcoe et dans la région de la baie Géorgienne Sud.

Des augmentations des prix de l’ordre de 25 à 30 % d’une année à l’autre ont été enregistrées aux endroits suivants : Hamilton, Guelph, Cambridge, Brantford, Huron-Perth, Kitchener-Waterloo, Peterborough-Kawarthas et le Grand Moncton.

Comparativement à février 2020, une hausse des prix de 20 à 25 % a été enregistrée à Oakville-Milton et à Ottawa, de 18,8 % à Montréal, de 16,1 % à Chilliwack, de 10 à 15 % sur l’île de Vancouver, dans la vallée du Fraser, dans la vallée de l’Okanagan, à Winnipeg, dans le Grand Toronto, à Mississauga et à Québec, de 5 à 10 % dans le Grand Vancouver, à Victoria, à Regina et à Saskatoon, de quelque 3,5 % à Calgary et à Edmonton, et de 2,6 % à St. John’s.

Le tableau ci-dessous indique l’évolution des prix région par région.

En somme

Nous savons tous pourquoi le marché de l’habitation est en plein essor.

  • L’emploi dans les industries offrant les plus forts salaires a en fait augmenté malgré la pandémie, renforçant le revenu d’acheteurs potentiels.
  • Les taux hypothécaires ont plongé jusqu’à des niveaux inédits, et même s’ils remontent maintenant, ils restent sous les niveaux d’avant la COVID, et de nombreux acheteurs bénéficient probablement encore de taux plus bas garantis par une préapprobatioon.
  • Il y a un changement radical dans les préférences, les acheteurs cherchant plus de place, plus loin des grands centres urbains (la nécessité de se rendre chaque jour au bureau étant en baisse, et sans doute destinée à le rester).
  • La limitation des voyages a créé une demande historique de résidences secondaires (de vacances), et les ménages ont le moyen d’utiliser le capital qu’ils ont dans leurs propriétés actuelles.
  • Les ménages plus jeunes devancent sans doute ce qu’ils auraient autrement fait des années plus tard.
  • Il y a sans doute une crainte de rater de bonnes occasions et une activité spéculative sur le marché. Selon le courtage Realosophy, en janvier, 6 % de toutes les maisons en vente dans les banlieues de Toronto avaient été achetées moins d’un an plus tôt; en janvier 2020, c’était 4 %.

D’un autre côté, il y a très peu d’offre pour satisfaire à la demande, du moins dans les segments privilégiés par le marché.

Par ailleurs, les mises en chantier d’habitations au Canada ont baissé en février : il y en avait 245 900 en février (données annualisées), ce qui reste élevé, après un niveau presque record le mois précédent. Il ne s’agit pas d’un miracle hivernal. En moyenne sur 12 mois, les mises en chantier se situent à 227 000 (données annualisées), le plus haut niveau depuis 2008, et depuis six mois, elles sont en moyenne à 242 000, un sommet depuis au moins 1990. Ce mois-ci, les chiffres ont baissé tant pour les maisons unifamiliales que pour les multilogements, et ce, dans toutes les provinces sauf en Colombie-Britannique.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
15 Mar

La vigueur du marché canadien de l’emploi annonce une relance économique

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Publié par: Robert Perrier

L’allègement des restrictions enflamme le marché canadien de l’emploi en février

Selon les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de février 2021, qui viennent d’être publiés par Statistique Canada, l’emploi a augmenté beaucoup plus que prévu. Le plus récent allègement des restrictions liées à la COVID a d’emblée revigoré le marché de l’emploi. Les économistes ont été agréablement surpris par la remontée rapide. Il reste certes des risques à l’horizon, avec une éventuelle augmentation des cas d’infection en raison de la prévalence des nouveaux variants, mais l’économie canadienne affiche une remarquable résilience.

L’emploi a augmenté de 259 000 (+1,4 %) en février, après avoir reculé de 266 000 au cours des deux mois précédents. Le taux de chômage national a diminué de 1,2 point de pourcentage pour s’établir à 8,2 %, ce qui est le taux le plus faible depuis mars 2020.

Les hausses de l’emploi observées en février sont concentrées au Québec et en Ontario. La majeure partie des gains réalisés dans ces provinces est attribuable à la reprise observée dans des secteurs – particulièrement le commerce de détail et les services d’hébergement et de restauration – qui avaient le plus souffert des mesures de confinement. Globalement, les augmentations de l’emploi en février se situent dans des emplois à faible salaire. Les secteurs de services à contact élevé restent parmi les plus durement touchés par la crise (voir le graphique ci-dessous).

En février, le marché canadien du travail a franchi le cap d’une année complète de changements inédits attribuables à la pandémie. Par rapport à 12 mois plus tôt, on comptait 599 000 (-3,1 %) personnes occupées de moins en février, et 406 000 (+50,0 %) personnes de plus travaillant moins de la moitié de leurs heures habituelles. Le nombre de travailleurs touchés par la crise économique liée à la COVID-19 a culminé à 5,5 millions en avril 2020, avec une baisse de l’emploi de 3,0 millions et une augmentation de 2,5 millions des absences du travail. Depuis le début de la pandémie il y a un an, il reste plus de 1 million de Canadiens qui ont subi une perte de revenu d’emploi.

Les changements liés à la pandémie qui sont survenus sur le marché du travail ont touché de manière disproportionnée les jeunes femmes, particulièrement les adolescentes. Comparativement à février 2020, les pertes d’emploi parmi les femmes âgées de 15 à 24 ans (-181 000; -14,1 %) étaient à l’origine de près du tiers (30,2 %) de la baisse de l’emploi total.

En février, le nombre de personnes mises à pied temporairement a diminué de 103 000 (-28,6 %), ce qui s’explique par un redressement de l’emploi après deux mois de baisses. Le nombre de chômeurs de longue durée (les personnes qui cherchent du travail ou qui ont été mises à pied temporairement depuis 27 semaines ou plus) a diminué de 49 000 (-9,7 %) par rapport au sommet de 512 000 atteint en janvier.

Le nombre de personnes qui voulaient travailler, mais qui n’ont pas cherché activement un emploi et qui, par conséquent, ne correspondaient pas à la définition de « chômeurs », a diminué de 33 000 (-5,7 %) en février. Si les personnes de ce groupe étaient comptées parmi les chômeurs, le taux de chômage ajusté se serait établi à 10,7 % en février (en baisse de 1,3 point de pourcentage par rapport à janvier).

La COVID-19 a augmenté l’inégalité des revenus au Canada, comme dans le reste du monde. Les travailleurs gagnant les plus faibles salaires ont été de loin les plus durement touchés par la pandémie. Il y a de fait eu une augmentation nette de l’emploi dans la dernière année pour les travailleurs à revenu plus élevé. Le graphique ci-dessus illustre la raison pour laquelle le marché de l’habitation se porte si bien.

Selon l’énoncé de politique de la Banque : « Même si les perspectives économiques se sont améliorées, le Conseil de direction juge que la reprise doit continuer d’être appuyée par des mesures de politique monétaire exceptionnelles. Nous restons engagés à maintenir le taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable. Dans la projection de janvier de la Banque, cela ne se produit qu’au cours de 2023. » La Banque poursuivra son programme d’assouplissement quantitatif pour renforcer cet engagement et garder les taux d’intérêt bas sur toute la courbe de rendement jusqu’à ce que la reprise soit bien amorcée. À mesure que sa confiance à l’égard de la vigueur de la reprise continuera d’augmenter, le Conseil de direction ajustera le rythme des achats nets d’obligations du gouvernement du Canada au besoin. La banque centrale « [continuera] de procurer le niveau de détente monétaire nécessaire pour soutenir la reprise et atteindre l’objectif d’inflation ».

Le taux de chômage a plongé partout, sauf dans le Canada atlantique.
En somme 

Le rapport sur l’emploi de vendredi a créé une bonne surprise, mais il reste des raisons de s’inquiéter. La reprise est inégale, la plupart des pertes d’emploi étant concentrées dans trois secteurs : l’hébergement et la restauration, la culture et les loisirs, et les services divers, comme les soins personnels. Le rapport sur l’emploi de mars pourrait être particulièrement important pour la Banque du Canada, car il présentera les ultimes données avant que la banque centrale ne rajuste sa politique en avril. L’accélération de la vaccination, après des débuts lents, soutiendrait l’augmentation de l’emploi.

Un nouveau rapport sur l’emploi présentant des résultats positifs, combiné aux données récentes indiquant une croissance étonnamment forte de l’économie au T4 et au T1, pourrait amener la Banque du Canada à réduire ses achats d’obligations.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
11 Mar

La Banque du Canada maintient son taux directeur à 0,25 % et poursuit son programme d’assouplissement quantitatif au rythme actuel

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada maintient les taux et poursuit son programme d’achat d’obligations

Beaucoup de choses ont changé depuis la dernière décision de la Banque du Canada, le 20 janvier. La deuxième vague de la pandémie a déferlé, et au vu des nouvelles mesures de confinement imposées à la fin 2020, la croissance économique estimée de 4,8 % au quatrième trimestre semblait destinée à se transformer en contraction au premier trimestre. Au lieu, les mesures sanitaires ont été moins perturbatrices qu’on ne le redoutait, et la croissance a atteint un étonnant taux annualisé de 9,6 %, le double de ce qu’attendait la Banque.

Plutôt qu’une contraction au premier trimestre de cette année, l’estimation préliminaire de Statistique Canada situe la croissance en janvier à 0,5 % (taux non annualisé). En janvier, la vigueur économique a été favorisée par les ressources, le logement et les dépenses gouvernementales, et la météo clémente y a sans doute contribué. Dans une déclaration publiée aujourd’hui, la banque centrale a souligné le fait que « l’économie se montre plus résiliente que prévu face à la deuxième vague du virus et aux mesures sanitaires connexes ». La Banque du Canada prévoit maintenant une croissance économique positive au premier trimestre : « Les consommateurs et les entreprises s’adaptent aux mesures sanitaires, et l’activité sur le marché du logement a été beaucoup plus vigoureuse qu’attendu. L’augmentation de la demande étrangère et les prix plus élevés des produits de base ont aussi amélioré les perspectives pour les exportations et les investissements des entreprises. »

Aux États-Unis, un plan de relance de 1900 milliards de dollars est sur le point d’éperonner l’économie du plus grand partenaire commercial du Canada. Ce sera un énorme ballon d’oxygène pour l’économie mondiale, ce qui a entraîné une forte hausse des prix des produits de base ainsi que des rendements obligataires ces derniers mois. Le dollar canadien est resté relativement stable par rapport au dollar américain, mais s’est apprécié par rapport à la plupart des autres devises.

Les économistes s’attendent maintenant à ce que le Canada connaisse une expansion de 5,5 % cette année, au lieu de 4 % comme l’avançait la Banque du Canada en janvier. En arrivant à la réunion d’aujourd’hui, nul ne croyait que la Banque augmenterait le taux cible à un jour. Cependant, les marchés escomptent actuellement une probabilité de 50 % qu’il y ait une augmentation d’ici un an, contre une probabilité de 25 % en janvier.

Pour sa part, la Banque du Canada continue d’insister sur les risques que recèlent les perspectives et l’énorme capacité excédentaire de l’économie. « Le marché du travail est loin d’être rétabli, car l’emploi est encore bien en deçà des niveaux d’avant la pandémie. Les travailleurs à faible salaire, les jeunes et les femmes ont été les plus durement touchés par les pertes d’emploi. La propagation des variants plus facilement transmissibles du virus représente le plus grand risque à la baisse pour l’activité économique, du fait que les éclosions et les restrictions localisées pourraient limiter la croissance et la rendre plus variable. »

La Banque a aussi attribué la récente hausse de l’inflation à des facteurs temporaires. Il y a un an, de nombreux prix ont chuté, victimes de la pandémie. Ainsi, les comparaisons d’une année à l’autre montreront une augmentation pendant un certain temps en raison de cet effet dans l’année de référence combiné à une hausse des prix de l’essence par suite de la montée du cours du pétrole. Le Conseil de direction prévoit que l’inflation mesurée par l’IPC s’atténuera à mesure que ces effets se dissipent et que les capacités excédentaires continuent d’exercer des pressions à la baisse.

Selon l’énoncé de politique de la Banque : « Même si les perspectives économiques se sont améliorées, le Conseil de direction juge que la reprise doit continuer d’être appuyée par des mesures de politique monétaire exceptionnelles. Nous restons engagés à maintenir le taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable. Dans la projection de janvier de la Banque, cela ne se produit qu’au cours de 2023. » La Banque poursuivra son programme d’assouplissement quantitatif pour renforcer cet engagement et garder les taux d’intérêt bas sur toute la courbe de rendement jusqu’à ce que la reprise soit bien amorcée. À mesure que sa confiance à l’égard de la vigueur de la reprise continuera d’augmenter, le Conseil de direction ajustera le rythme des achats nets d’obligations du gouvernement du Canada au besoin. La banque centrale « [continuera] de procurer le niveau de détente monétaire nécessaire pour soutenir la reprise et atteindre l’objectif d’inflation ».
En somme

La Banque n’a donné aucune indication du moment où elle pourrait réduire ses achats d’obligations. Sa prochaine décision est attendue le 21 avril, lorsque son Rapport sur la politique monétaire d’avril présentera des prévisions économiques complètes. Le gouverneur Macklem est plus réservé que de nombreux observateurs ne s’y attendaient, et il pêchera plutôt par excès de prudence. Lorsque la banque centrale commencera à réduire ses achats d’actifs, ce sera davantage pour légèrement lever le pied que pour enfoncer les freins. La Banque du Canada a acheté pour au moins 4 milliards de dollars d’obligations du gouvernement fédéral par semaine pour aider à contenir le coût de l’emprunt. Il se peut qu’elle ne doive plus en faire autant alors que l’économie semble prête à absorber la capacité excédentaire d’ici l’an prochain, au lieu de le faire seulement en 2023 comme le prévoyait la Banque du Canada.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
3 Mar

L’économie canadienne a bouclé 2020 sur une note extrêmement positive

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Publié par: Robert Perrier

Forte croissance économique au Canada au T4 et en janvier

Le communiqué d’aujourd’hui de Statistique Canada indique qu’au dernier trimestre de 2020, la croissance économique a atteint un taux étonnamment fort de 9,6 % (annualisé). En janvier, la poussée de la croissance a été encore plus intéressante, s’établissant à 0,5 % (taux non annualisé). Si ces chiffres se confirment, le Canada n’aura pas souffert de contraction pendant la deuxième vague de la pandémie et le confinement en découlant.

Les données de janvier sont intéressantes du fait que les ventes au détail ont chuté vu la fermeture des commerces non essentiels dans des régions clés du pays face à la flambée des cas de COVID. La vigueur économique est venue des ressources, du logement et des dépenses gouvernementales, et la météo clémente y a sans doute contribué.

À sa dernière réunion en janvier, la Banque du Canada estimait que la croissance serait de 4,8 % au quatrième trimestre (la moitié du taux réel de 9,6 %), et qu’il y aurait une contraction au premier trimestre de cette année. Les bons résultats du quatrième trimestre découlent d’une activité exceptionnelle dans le secteur du logement, d’investissement des entreprises dans les machines, des dépenses gouvernementales et d’une résurgence de l’accumulation des stocks. L’accumulation de stocks est souvent considérée comme un signe négatif, conséquence d’une faiblesse des dépenses de consommation. Cependant, il se peut que les entreprises se préparent à une forte reprise de la demande.

Les économistes de Bay Street révisent leurs prévisions de croissance à la hausse pour cette année, et la Banque du Canada fera sans doute de même à nouveau lors de sa réunion de mercredi prochain. De toute évidence, l’économie est plus résiliente que prévu. Cela changera-t-il l’évaluation que fait la Banque de la nécessité de poursuivre la stimulation monétaire? Probablement pas. Il est toutefois probable qu’elle reconsidérera son opinion que la prochaine hausse des taux ne surviendra pas avant 2023, comme elle l’a affirmé plusieurs fois.

Les dépenses de consommation étaient faibles à la fin de l’année passée. Ce n’est pas surprenant puisque de nombreux magasins étaient fermés et des mesures de confinement étaient en place dans de nombreux centres de population. Les ménages ont accumulé de l’argent. Le taux d’épargne a certes baissé à 12,7 % au quatrième trimestre, contre 27,8 % plus tôt dans l’année, mais il reste largement au-dessus de la normale. Les économies accumulées assureront une forte capacité de relancer les dépenses de consommation une fois que l’économie rouvrira.

Sur l’ensemble de 2020, l’économie canadienne s’est contractée de 5,4 % – sensiblement plus que la baisse de 3,5 % aux États-Unis.

En somme

Comme l’économie se porte mieux que prévu, il se peut qu’il y ait maintenant suffisamment de mesures de relance. Le gouvernement Trudeau semble être déterminé à accroître sensiblement les dépenses gouvernementales dans le prochain budget fédéral (qui sera probablement présenté au printemps). Nous savons que le gouvernement serait porté à stimuler l’économie encore un an ou deux, mais il y aurait peut-être lieu de reconsidérer la situation.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
1 Mar

Les taux d’intérêt et les prix des produits de base grimpent en même temps que l’optimisme en vue de la relance de l’économie

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Publié par: Robert Perrier

Flambée du rendement des obligations canadiennes à 5 ans

Fait sans précédent, les rendements des obligations grimpent partout dans le monde. À l’échelle mondiale, les rendements obligataires sont maintenant à des niveaux qui n’avaient plus été vus depuis la propagation mondiale du coronavirus. En même temps, les prix des produits de base s’emballent, y compris dans les secteurs de l’énergie, des métaux et minéraux, des produits agricoles et du bois d’œuvre. Le programme de stimulation économique de 1900 milliards de dollars du gouvernement Biden a engendré la crainte qu’un retour trop rapide au plein emploi aux États-Unis pourrait créer de l’inflation.

Les banques centrales ont tenté d’apaiser les marchés. L’économiste en chef de la Banque centrale européenne, Philip Lane, affirme que son institution est prête à acheter des obligations de façon flexible. Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a affirmé que la récente montée des rendements est un témoignage de confiance dans les perspectives économiques. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, nous a dit cette semaine qu’il y a encore un long chemin à parcourir pour rétablir l’économie du Canada. La Banque du Canada continuera d’offrir son soutien jusqu’au bout. De nombreux économistes de Bay Street y voient la confirmation de l’engagement de la Banque du Canada à maintenir le taux directeur à sa valeur plancher effective de 25 points de base jusqu’en 2023.

Tout ceci a eu des répercussions au Canada. Mardi, j’ai fait remarquer que le rendement des obligations gouvernementales sur cinq ans avait grimpé de 27 points, jusqu’à 0,69 %, depuis le début du mois (voir le premier graphique ci-dessous). Aujourd’hui, l’augmentation est devenue exponentielle, atteignant 1,00 % (voir le deuxième graphique).

Il faut retenir que l’économie du Canada dispose d’amples capacités excédentaires. Le chômage a augmenté ces derniers mois, et le confinement continuera au moins encore quelques semaines dans le Grand Toronto. Par ailleurs, le Canada a pris un retard considérable sur d’autres pays en matière de vaccination. Cependant, il reste qu’il y a une forte demande refoulée au Canada. Les ventes de maisons ont fracassé des records, et les ventes d’autos ainsi que tout ce qui concerne l’habitation – comme les revenus de Home Depot – ont connu une hausse spectaculaire.

Les taux d’épargne sont élevés, et les grandes banques ont fait état d’une forte augmentation des dépôts où les consommateurs accumulent leurs économies. On peut rappeler que l’effervescence des années 1920 était par-dessus tout une réponse à la pandémie de 1918.

L’indice des prix des matières premières CRB (voir ci-dessous) s’est envolé, grâce à des gains dans tous les secteurs, sauf l’or et le jus d’orange. Par conséquent, les coûts de construction de maisons augmentent aussi, alors que les ventes restent bien supérieures aux nouvelles

En somme

C’est le moment de profiter des taux hypothécaires actuels. Pour ceux qui sont en voie d’acheter, il est judicieux d’obtenir une préapprobation. Des hausses des taux entraîneront sans doute davantage d’activité sur le marché. Ceux qui hésitaient d’acheter pourraient se décider, ce qui fera encore grimper les prix au cours du premier semestre.

La montée des taux d’intérêt serait certainement plafonnée ou inversée s’il arrive une troisième vague de cas de COVID, avec de nouveaux variants, avant que la vaccination soit complétée au Canada. Cependant, il y a tant de mesures monétaires et budgétaires de stimulation sur les marchés mondiaux, et les prix pétroliers devraient si bien continuer de remonter qu’une hausse des taux d’intérêt ne peut pas être très lointaine. Signe avant-coureur, le dollar canadien s’approche de son niveau le plus élevé en trois ans.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
26 Fév

Les taux d’intérêt du marché augmentent presque partout

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Publié par: Robert Perrier

Les rendements à long terme augmentent malgré l’inaction des banques centrales

Les banques centrales maintiennent les taux à un jour à des niveaux plus bas que jamais, limitant les taux d’intérêt à court terme et le taux directeur. Cependant, les rendements des obligations gouvernementales à moyen ou long terme sont en augmentation depuis le début du mois. Comme l’indique le graphique ci-dessous, les obligations du gouvernement du Canada à cinq ans, auxquelles sont habituellement liés les taux hypothécaires, donnent actuellement 0,69 %, 27 points de base de plus que le 29 janvier. Il s’agit du plus haut rendement sur cinq ans depuis la fin mars 2020. Les rendements des obligations canadiennes ont augmenté davantage qu’aux États-Unis, peut-être en raison de la montée des cours des produits de base, notamment le pétrole, en hausse de 16,9 % dans le dernier mois et de 27 % jusqu’à présent cette année.

L’augmentation de la dette gouvernementale découlant des mesures budgétaires destinées à amortir le choc de la pandémie et à stimuler l’économie a préparé le terrain à une majoration des rendements sur les obligations d’État dans une bonne part des pays industrialisés.

L’inflation suscite des inquiétudes croissantes. Fait rare, Statistique Canada vient de réviser à la hausse son estimation de l’inflation de base qu’elle avait révélée à peine cinq jours plus tôt, la faisant passer de 1,5 % à 1,77 %. Résultat, l’inflation paraît destinée à monter davantage que ce n’était le cas la semaine passée, alors que les investisseurs s’inquiètent de plus en plus de pressions sur les prix mondiaux. L’indice des prix à la consommation (IPC) de base est pour la Banque du Canada l’indicateur de référence de l’inflation sous-jacente. Les marchés ont été secoués de le voir apparemment atteindre presque 1,8 % sur un an.

Même s’il semble que l’inflation augmentera encore dans les prochains mois du fait d’une progression des coûts de l’énergie, les responsables des politiques et en particulier le gouverneur Tiff Macklem ne discernent guère de menace d’une hausse des prix même avec les niveaux exceptionnels de mesures de stimulation économique. Malgré une montée temporaire au début de l’année, la Banque du Canada ne prévoit pas que l’inflation retourne durablement à sa cible de 2 % avant 2023. Macklem prend la parole à Calgary aujourd’hui, et il soutiendra probablement que l’économie canadienne est encore loin d’un seuil inflationniste.

Il faut retenir que l’économie du Canada dispose d’amples capacités excédentaires. Le chômage a augmenté ces derniers mois, et le confinement continuera au moins encore quelques semaines dans le Grand Toronto. Par ailleurs, le Canada a pris un retard considérable sur d’autres pays en matière de vaccination.

La plus grande campagne de vaccination de tous les temps est actuellement en cours. Plus de 209 millions de doses ont été administrées dans 92 pays, selon des données recueillies par Bloomberg News. C’est actuellement 6,24 millions de doses qui sont administrées par jour. Israël a administré plus de 82 doses par 100 habitants, le Royaume-Uni, 27,5, et les États-Unis, 19,3. Le Canada, pour sa part, n’a administré que 4,1 doses par 100 habitants, ce qui le classe au 43e rang mondial (voir le graphique ci-dessous).

La lenteur initiale de la vaccination annonce sans doute une plus longue période d’anémie économique.

En somme

Il se pourrait que les taux hypothécaires fixes subissent une pression haussière, bien que les cinq grandes banques n’aient pas encore réagi et que le taux des tests de résistance hypothécaire reste à 4,79 %, largement au-delà des taux contractuels. Comme la Banque du Canada ne semble pas se préparer à resserrer ses mesures, les taux hypothécaires variables – évoluant normalement avec le taux directeur – resteraient stables. Cependant, les taux hypothécaires ont augmenté chez certains prêteurs non bancaires. Assurément, la trajectoire de l’économie et des taux d’intérêt sera liée au retour à une « nouvelle normalité » après la pandémie. De bonnes nouvelles face à la pandémie mèneront inévitablement à des taux hypothécaires plus élevés en 2022-2023, sinon plus tôt.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
17 Fév

Record absolu des ventes de maisons en janvier au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Le marché de l’habitation continue son essor en janvier

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont atteint un nouveau record absolu en janvier 2021. Les ventes résidentielles canadiennes ont augmenté de 2,0 % d’un mois à l’autre, après le gain de 7,0 % enregistré en décembre. En comparaison d’un an plus tôt, la revente de maisons a bondi de 35,2 %. Comme l’indique le graphique ci-dessous, l’activité de janvier a surpassé tous les records précédents du mois.

Le taux annuel désaisonnalisé des ventes s’est établi à 736 452 unités en janvier, ce qui est nettement supérieur aux prévisions des ventes actuelles de l’ACI pour 2021 de 583 635 propriétés. Il sera difficile de maintenir le niveau d’activité actuel au cours des mois plus actifs à venir, à moins d’une augmentation de l’offre dont le marché a grand besoin. Cette augmentation pourrait toutefois se matérialiser à la faveur de l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 et du retour du beau temps.

La hausse des ventes nationales de décembre à janvier repose sur des gains sous-jacents variables, y compris à Edmonton, dans le Grand Toronto, à Chilliwack (Colombie-Britannique), à Calgary, à Montréal et à Winnipeg. Les baisses enregistrées en janvier s’inscrivent davantage dans une tendance. Plusieurs d’entre elles se sont produites sur les marchés de l’Ontario, confirmant les prévisions selon lesquelles les ventes dans cette région pourraient baisser au début de l’année puisqu’il y a très peu de propriétés sur le marché et que plusieurs personnes envisageant de vendre cette année attendront au printemps.

En janvier, les ventes réelles (non désaisonnalisées) ont affiché une hausse de 35,2 % d’une année à l’autre. Cette hausse suit la tendance observée depuis l’été dernier et établit un nouveau record pour le mois de janvier, et ce, par une marge considérable. Pour le septième mois consécutif, les ventes étaient en hausse dans presque tous les marchés de l’habitation canadiens par rapport au même mois en 2020. Parmi les 11 marchés qui ont enregistré une baisse des ventes d’une année à l’autre, neuf se trouvent en Ontario où l’offre est extrêmement limitée en ce moment.

« Les deux plus importants défis auxquels les marchés de l’habitation font face cette année, dit le président de l’ACI Costa Poulopoulos, sont les mêmes que l’année dernière : la COVID-19 et la pénurie de l’offre. Les efforts que nous déployons collectivement depuis un mois et demi pour faire baisser le nombre de nouveaux cas de COVID-19 semblent porter leurs fruits. Avec un peu de chance, des propriétaires-vendeurs qui hésitaient à se lancer sur le marché l’année dernière se sentiront plus à l’aise de le faire cette année. »

Nouvelles inscriptions

Le manque de nouvelles inscriptions continue d’être le plus grand problème sur le marché de l’habitation. Alors que nous arrivons au marché du printemps et continuons de voir les cas de COVID diminuer, il est probable que l’offre augmentera. Pour le moment toutefois, le nombre de nouvelles propriétés inscrites a chuté de 13,3 % en janvier, sous l’effet des baisses à deux chiffres observées dans le Grand Toronto, à Hamilton-Burlington, à London-St. Thomas, à Ottawa, à Montréal, à Québec et à Halifax-Dartmouth.

Comme les ventes ont augmenté et que l’offre a baissé considérablement en janvier, le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions s’est resserré pour s’établir à 90,7 % – le pourcentage le plus élevé jamais enregistré pour cette mesure, et ce, par une marge considérable. Le record mensuel précédent, 81,5 %, avait été établi il y a 19 ans. La moyenne à long terme du ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 54,3 %.

Si l’on compare le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et les moyennes à long terme, on constate que seulement environ 20 % de l’ensemble des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en janvier. Le reste des marchés, soit 80 %, se situaient au-dessus des normes à long terme, et souvent bien au-dessus. Il s’agit d’un record quant au nombre de marchés favorables aux propriétaires-vendeurs.

On comptait seulement 1,9 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de janvier 2021, soit le niveau le plus bas jamais enregistré. À l’échelle locale, quelque 35 marchés de l’Ontario comptaient moins d’un mois d’inventaire à la fin de janvier.

Le manque d’offre est la raison pour laquelle les valeurs des propriétés continuent d’augmenter. Vu la forte demande d’avant la pandémie et la remontée historique du marché depuis l’été, les stocks de maisons à vendre ont été épuisés dans de nombreuses régions du pays. Vers la fin de 2020, par rapport à la moyenne sur 10 ans, les inscriptions actives avaient chuté de 50 à 61 % en Ontario, au Québec et dans la plus grande part du Canada atlantique, et de 29 % en Colombie-Britannique. Pourtant, les inscriptions de condos urbains ont fortement augmenté depuis le printemps dans les plus grandes villes du Canada. Le choix étant à ce point limité (sauf pour les condos urbains), les acheteurs continueront de se livrer une vive concurrence. Dans les provinces des Prairies et à Terre-Neuve-et-Labrador par contre, les acheteurs auront moins de raisons de faire des surenchères car l’offre n’y est pas aussi limitée.

Prix des maisons

La situation, sous un autre angle, est que les vendeurs abordent 2021 avec la main haute pour ce qui est de fixer les prix dans la plupart des marchés du Canada. Nous pensons que cela restera le cas une bonne part de 2021. Nous prévoyons en effet que les ratios provinciaux des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions – un bon indicateur de la pression sur les prix – resteront généralement au-dessus du niveau (0,60) où les vendeurs ont habituellement plus de pouvoir sur les prix. Dans de nombreux cas (y compris en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec), les ratios sont bien au-delà de ce niveau, ce qui laisse une ample marge avant que les conditions de l’offre et de la demande ne basculent en faveur des acheteurs.

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 1,9 % d’un mois à l’autre en janvier 2021. Des hausses de prix d’un mois à l’autre ont été observées sur 36 des 40 marchés que mesure actuellement l’Indice.

L’IPP MLS® global et composé (non désaisonnalisé) a connu en janvier une hausse d’une année à l’autre de 13,5 %, soit la plus forte augmentation depuis juin 2017.

Les hausses d’une année à l’autre les plus importantes – plus de 30 % – ont été enregistrées dans les Lakelands, une région de villégiature de l’Ontario, à Northumberland Hills, à Quinte, à Tillsonburg et à Woodstock-Ingersoll.

Des augmentations des prix d’une année à l’autre de l’ordre de 25 à 30 % ont été observées à Barrie, à Niagara, à Grey-Bruce-Owen Sound, à Huron-Perth, à Kawartha Lakes, à London-St. Thomas, à North Bay, à Simcoe et dans la région de la Baie Géorgienne Sud.

Des augmentations des prix d’une année à l’autre de l’ordre de 20 à 25 % ont été enregistrées aux endroits suivants : Hamilton, Guelph, Oakville-Milton, Bancroft, Brantford, Cambridge, Kitchener-Waterloo, Peterborough-Kawarthas, Ottawa et Grand Moncton.

Une hausse des prix de 16,6 % comparativement à janvier 2020 a été enregistrée à Montréal. Parallèlement, on a observé des augmentations d’une année à l’autre de 10 à 15 % sur l’île de Vancouver, à Chilliwack, dans la vallée de l’Okanagan, à Winnipeg, dans le Grand Toronto et à Mississauga. Une hausse des prix de l’ordre de 5 à 10 % a été observée à Victoria, dans le Grand Vancouver, à Regina et à Saskatoon. Enfin, les prix des propriétés ont augmenté de 2 % et de 2,2 % à Calgary et à Edmonton, respectivement

En somme

Après une année tourmentée, le marché canadien de l’habitation est revenu plus ou moins là où il en était au début de 2020 : guerres d’enchères, prix en hausse et acheteurs exaspérés incapables de trouver une maison abordable. La pandémie a changé certaines tendances. Elle a poussé de nombreux acheteurs vers les banlieues proches ou lointaines et au-delà, elle a entraîné un arrêt presque complet de l’immigration, elle a déclenché une baisse des marchés locatifs urbains et elle a amené les ménages à accumuler des économies – mais elle n’a pas calmé le marché immobilier.

La vigueur du marché est passée résolument des centres urbains – Toronto, Vancouver, Montréal – à des villes en périphérie, et cette tendance se poursuit. Par exemple, les prix on augmenté de « seulement » 11,9 % d’une année à l’autre à Toronto, mais bien davantage à Barrie (+27 %) et à London (+26 %).

La hausse des prix des condos a ralenti, ressortant à 3,1 % d’une année à l’autre, soit 14,3 points de pourcentage de moins que la hausse des prix de maisons unifamiliales. Cet écart est de loin le plus grand vu en 20 ans, conséquence du fait que les acheteurs privilégient l’espace et la distanciation sociale.

Les mises en chantier d’habitations (selon les données publiées hier par la SCHL) ont grimpé à 282 428 unités (données annualisées) en janvier, deuxième plus haut chiffre mensuel depuis 1990. Il se peut que ce résultat ait été favorisé par la météo inhabituellement douce en janvier dans une bonne part du pays. Il reste toutefois qu’il s’inscrit dans la même tendance que le record de ventes et le nombre de permis de construire.

Pour les responsables des politiques, il ne semble pas y avoir d’intérêt à entraver un secteur qui aide à soutenir l’économie, surtout que les règles hypothécaires ont déjà été resserrées ces dernières années.

On ne voit guère ce qui pourrait empêcher les ventes ou les prix d’atteindre de nouveaux sommets en 2021. Pourtant, des signes d’une accalmie émergeront au fil de l’année, et ils se préciseront l’année prochaine. Les principaux facteurs limitatifs seront une augmentation des nouvelles inscriptions, une baisse des transactions induites par la pandémie, une modeste augmentation des taux d’intérêt et une érosion de l’accessibilité financière. Disons que ce sera un atterrissage en douceur en 2022.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca