11 Jan

Le marché canadien de l’emploi a décliné en décembre

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Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien de l’emploi a décliné en décembre

Le Canada a perdu 62 600 emplois le mois dernier, après sept mois de reprise (voir le graphique ci-dessous). L’augmentation rapide des cas de COVID et les mesures de confinement imposées en conséquence dans de nombreuses régions clés ont entraîné le recul net de l’emploi constaté dans les données de la mi-décembre. Le personnel de restaurants et d’hôtels a le plus souffert, perdant 56 700 emplois.

Le taux de chômage a grimpé jusqu’à 8,6 %. Il reste bien sous le sommet de 13,7 % d’avril, mais il est tout de même 3 points de pourcentage au-dessus de son niveau d’avant la pandémie.
Malgré tout, il y a des lueurs d’espoir : plusieurs secteurs ont réussi de modestes gains (voir le deuxième graphique ci-dessous). Parmi eux figurent la finance, l’assurance et l’immobilier, ainsi que les services scientifiques et techniques. La fabrication a gagné 15 400 emplois, et les administrations publiques ont bien progressé.

Bonne nouvelle, les emplois à temps plein ont en fait augmenté de 36 500, et les salaires moyens ont remonté; ils sont maintenant 5,6 % plus élevés qu’un an plus tôt. Ce gain s’explique en partie par la perte de nombreux emplois à faible salaire.

Les emplois à temps partiel ont nettement baissé en décembre, en particulier pour les travailleurs de 24 ans ou moins et ceux de 55 ans ou plus. Le nombre de travailleurs autonomes a baissé de 62 000, descendant à son niveau le plus bas depuis le début de la pandémie.

Avec la baisse de décembre, il y a maintenant 571 600 emplois de moins qu’un an plus tôt (-3,0 %). Il s’agit du plus fort déclin annuel depuis 1982, mais la situation reste sensiblement meilleure que ne le laissait entrevoir le recul de 15 % enregistré en avril. L’évolution de -3,0 % de l’emploi au Canada en 2020 est une dégradation relativement modérée au regard des États-Unis, où les données de décembre indiquent une chute de 6,2 % d’une année à l’autre. Au Canada, les 332 300 emplois perdus depuis un an dans l’hébergement et la restauration comptent à eux seuls pour 58 % du recul.

L’emploi était en baisse dans 9 des 10 provinces le mois dernier. L’exception était la Colombie-Britannique. Aucune des autres provinces ne se démarquait. Le tableau ci-dessous indique le taux de chômage par province. Ce taux monte et descend selon l’évolution du taux de participation au marché du travail. Une personne n’est pas comptée comme étant au chômage si elle n’est pas à la recherche d’un emploi. Le nombre de personnes classées dans les catégories « personnes occupées » ou « chômeurs » a reculé de 42 000 (-0,2 %) en décembre. Il s’agit de la première baisse notable depuis avril. Les femmes du principal groupe d’âge actif et les jeunes hommes ont été en grande partie à l’origine de la diminution.
En somme 
Il ne semble certainement pas que les mesures de confinement seront levées prochainement. Nous ne cessons d’établir de nouveaux records de cas de COVID, et un variant plus contagieux de la COVID est arrivé. De plus, la distribution du vaccin a été désespérément lente. Ainsi, jusqu’à ce que l’hiver soit passé, il est improbable que l’économie puisse réellement être relancée. Tout compte fait, l’économie du Canada a été relativement résiliente. Ce n’est guère étonnant, compte tenu du soutien du revenu assuré par le gouvernement – le plus généreux parmi les pays du G7. En outre, les conditions financières sont extrêmement accommodantes.

Bien que personne ne sortira indemne de la pandémie, ce sont surtout les petits salariés qui ont subi les pertes d’emploi. De nombreux travailleurs à revenu élevé continuent de travailler à domicile. Et même si la pandémie s’aggrave, bon nombre des marchés du logement du Canada ont enregistré leur plus fort mois de décembre de tous les temps. Les taux d’intérêt au plus bas, les taux élevés d’épargne des ménages et les changements dans les besoins en logement ont fait de 2020 une année exceptionnelle pour l’activité immobilière.

Selon les chambres immobilières locales, les ventes de décembre ont été étonnamment fortes dans ce qui est habituellement un mois tranquille. La revente de maisons a bondi de 32 %, d’une année à l’autre, à Montréal, Ottawa et Edmonton, et de 65 % à Toronto, selon des données préliminaires. Des banlieues plus distantes ont attiré des familles à la recherche de plus de place, étant donné que la l’éloignement importe moins quand des emplois permettent le télétravail. La valeur des propriétés a continué de grimper dans la plupart des marchés. Les prix des condos en ville ont continué de faire exception à la tendance, en raison de vastes inventaires dans la plupart des grandes villes du Canada. La faiblesse du marché locatif a incité de nombreux investisseurs dans des condos à vendre. Cela étant, les prix plus faibles des condos attirent maintenant les acheteurs. Les reventes de condos ont monté en flèche presque partout en décembre.

Le marché de l’habitation continue d’amortir le coup porté à l’économie par la pandémie. Ce n’est pas tout le monde qui en profite, mais ce fait aidera à mener à une plus forte reprise de l’emploi au printemps.

Il reste indiscutable que la lumière au bout du très sombre tunnel, c’est un vaccin largement disponible. Le premier ministre Trudeau a réaffirmé cette semaine que le vaccin sera disponible pour tous ceux qui le veulent d’ici septembre 2021. Au rythme où vont les inoculations jusqu’à présent, cela ne se fera pas. À peine plus de 0,6 % de la population canadienne avait été vaccinée au jeudi 7 janvier. En comparaison, les États-Unis avaient vacciné 1,8 % de leur population à la même date, et Israël, presque 20 %, selon les données du projet de recherche sans but lucratif de l’Université d’Oxford Our World in Data. Le Royaume-Uni avait vacciné 1,9 % de sa population au 3 janvier, la dernière date pour laquelle les données sur la vaccination étaient disponibles (voir le graphique ci-dessous).

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Déc

Les ventes de maisons établissent un nouveau record pour le mois de novembre

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Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien du logement reste vigoureux en novembre

Selon les données de novembre publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont continué de se maintenir à des hauteurs historiques. La concurrence entre les acheteurs demeure vive sur le marché des maisons unifamiliales et des maisons en rangée. Cependant, les ventes de condos en pourcentage des nouvelles inscriptions ont ralenti, les inscriptions ayant monté en flèche, surtout à Toronto.

Vu l’arrêt du tourisme et la réduction de l’immigration, les loyers ont baissé à Toronto. Les perspectives économiques de l’investissement dans des condos en ont été altérées. De nombreux logements Airbnb sont passés du marché de la location court terme à la location long terme, alors même que l’offre de condos nouvellement construits continue d’augmenter. Une baisse des loyers a fait que certains investisseurs se trouvent face à un flux de trésorerie négatif et ne demandent qu’à vendre. Le nombre de condos en vente augmente, mais la demande a baissé car de nombreux acheteurs privilégient maintenant des milieux moins densifiés. Tout cela étant, il n’est pas étonnant que le secteur des condos – surtout les plus petits condos – soit le maillon faible du marché immobilier.

Le gouvernement fédéral canadien s’est engagé à augmenter les objectifs de l’immigration des trois prochaines années pour compenser la baisse de 2020. C’est ce qu’affirmait un communiqué du gouvernement du Canada : « La pandémie a mis en évidence la contribution des immigrants au bien-être de nos communautés et dans tous les secteurs de l’économie. Notre système de soins de santé a besoin des immigrants pour assurer la sécurité et la santé des Canadiens. D’autres industries, telles que les entreprises de technologies de l’information ainsi que nos agriculteurs et producteurs, ont également besoin du talent des nouveaux arrivants pour maintenir leurs chaînes d’approvisionnement, développer leurs activités et, ainsi, créer davantage d’emplois pour les Canadiens. » Le Canada vise à accueillir 401 000 immigrants en 2021, 411 000 en 2022 et 421 000 en 2023.

Par ailleurs, l’arrivée d’un vaccin favorisera le retour de locataires à court terme, mais sans doute pas avant 2022 au plus tôt.

Ventes de logements
Les ventes de logements ont ralenti légèrement, mais les niveaux restent extrêmement élevés en octobre et en novembre. L’activité est encore largement au-dessus des niveaux historiques (voir le graphique ci-dessous). Les ventes réelles (non désaisonnalisées) ont augmenté en novembre de 32,1 % d’une année à l’autre, comme en octobre. Il s’agit d’un nouveau record pour novembre, par une marge de plus de 11 000 transactions. Pour le cinquième mois consécutif, les ventes d’une année à l’autre étaient en hausse dans presque tous les marchés au Canada par rapport au même mois en 2019. Parmi les quelques marchés accusant un recul par rapport à l’année précédente, ceux de l’Ontario semblent être aux prises avec un problème d’offre, et non de demande.

Cette année, quelque 511 449 propriétés ont changé de main sur les systèmes MLS® canadiens, soit une hausse de 10,5 % comparativement aux 11 premiers mois de 2019. Pour ce qui est du nombre de ventes de janvier à novembre, c’est le meilleur résultat après celui de 2016, et l’écart est de seulement 0,3 %.

« On ne le saura qu’au fil d’arrivée, mais 2020 s’annonce comme une année record pour les ventes résidentielles au Canada, malgré une offre historiquement faible, dit Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. Nous sommes presque en 2021, et même si les conditions au pays n’ont jamais été aussi serrées, les ventes continuent d’atteindre des sommets. Je ne m’attends pas à ce que cette situation, portée par la pandémie, revienne à la normale la veille du Nouvel An, mais au moins la vaccination offre une lueur d’espoir. L’immigration et la croissance démographique repartiront à la hausse, les taux hypothécaires demeureront sans doute très bas et il sera plus important que jamais d’avoir un chez-soi. De plus, les bouleversements quotidiens engendrés par la COVID continueront probablement d’inciter des gens à déménager. Il se pourrait même que nos prévisions de nouveau record de ventes en 2021 s’avèrent trop modestes. »

Nouvelles inscriptions
Le nombre de nouvelles inscriptions a baissé de 1,6 % en novembre, la région du grand Toronto et Ottawa ayant été particulièrement touchées.

Comme les ventes et l’offre ont subi des baisses du même ordre en novembre, le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est demeuré à 74,8 %; c’est encore un des plus hauts taux enregistrés pour cette mesure. La moyenne à long terme du ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 54,2 %.

Si l’on compare les ratios des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et les moyennes à long terme, seulement environ 30 % de l’ensemble des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en novembre. Le reste des marchés, soit 70 %, se situaient au-delà des normes à long terme, largement au-delà dans bien des cas.

On comptait 2,4 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de novembre 2020, soit le niveau le plus bas jamais enregistré. À l’échelle locale, 21 marchés de l’Ontario comptaient moins d’un mois d’inventaire à la fin du mois.

Prix des maisons
L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 1,2 % d’un mois à l’autre en novembre 2020. Sur les 40 marchés que mesure actuellement l’Indice, tous sauf un ont connu une hausse entre octobre et novembre.

L’IPP MLS® global et composé (non désaisonnalisé) a connu en novembre une hausse d’une année à l’autre de 11,6 %, soit la plus forte augmentation depuis juillet 2017 (voir le graphique ci-dessous).

Le tableau ci-dessous indique l’évolution des préférences des acheteurs, en faveur de secteurs moins densément peuplés, à l’extérieur des centres-villes. Comme davantage de personnes travaillent à domicile, la volonté de s’assurer une navette plus courte ne semble plus aussi pressante qu’avant.

Les gains les plus importants d’une année à l’autre – soit de 25 % à 30 % – ont été enregistrés à Quinte, à Tillsonburg, à Woodstock-Ingersoll et dans diverses régions de villégiature de l’Ontario.

Des augmentations des prix de l’ordre de 20 % à 25 % ont été observées à Barrie, à Bancroft, à Brantford, à Huron-Perth, à London-St. Thomas, à North Bay, à Simcoe, à la baie Georgienne Sud et à Ottawa.

Des augmentations de l’ordre de 15 % à 20 % ont été enregistrées à Hamilton, à Niagara, à Guelph, à Cambridge, à Grey-Bruce-Owen Sound, à Kitchener-Waterloo, à Northumberland Hills, à Peterborough et Kawartha Lakes, à Montréal et dans le Grand Moncton.

Les prix ont augmenté de 10 % à 15 % par rapport à novembre dernier dans le Grand Toronto, à Oakville-Milton et à Mississauga.

On a observé des augmentations d’une année à l’autre de 5 % à 10 % dans le Grand Vancouver, dans la vallée du Fraser, à Chilliwack, à Victoria et sur l’île de Vancouver, dans la vallée de l’Okanagan, à Regina, à Saskatoon, à Winnipeg, à Québec et à St. John’s. Les prix ont aussi augmenté d’environ 1 % à 2 % à Calgary et à Edmonton.

L’IPP MLS® est le meilleur moyen d’évaluer les tendances de prix, puisque les moyennes sont sujettes à de fortes distorsions occasionnées par les fluctuations qui surviennent dans la composition des ventes d’un mois à l’autre.

Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en novembre 2020 s’élevait à un peu plus de 603 000 $, soit une hausse de 13,8 % comparativement au même mois l’année dernière.

En somme
La santé du marché du logement est en bonne partie attribuable aux taux hypothécaires plus bas que jamais et à la forte demande d’habitations plus spacieuses de la part de ménages qui ont maintenu leur niveau de revenu pendant la pandémie. Les ménages les plus durement touchés sont ceux de petits salariés dans les secteurs de l’hébergement, de la restauration, du commerce de détail non essentiel et du tourisme. Ce sont eux qui ont le moins les moyens de faire face aux difficultés, et ils ne sont généralement pas propriétaires de maisons. La bonne nouvelle est que le marché du logement contribue à la relance de l’économie.

Le niveau des ventes est ferme, se portant mieux que la plupart des observateurs ne s’y attendaient. Malgré le choc historique subi par le marché au début de l’année en raison de la pandémie, l’ACI prévoit que les ventes nationales atteindront un record de 544 413 unités en 2020, soit 11,1 % de mieux qu’en 2019, et qu’elles augmenteront encore de 7,2 % l’an prochain, jusqu’à environ 584 000 unités.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
10 Déc

La Banque du Canada maintient les taux à la valeur plancher effective – Le programme d’assouplissement quantitatif se poursuit

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada confirme son engagement à maintenir de faibles taux d’intérêt

Malgré les bonnes nouvelles sur les vaccins depuis la dernière réunion du Conseil de direction à la fin d’octobre, la Banque du Canada a réaffirmé son engagement à prendre des mesures de politique monétaire exceptionnelles pendant encore de nombreux mois. La déclaration d’aujourd’hui réitère la volonté de la Banque de maintenir le taux directeur à sa valeur plancher effective de 0,25 % « jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable ». L’inflation a augmenté en octobre, mais principalement en raison des prix plus élevés pour les fruits et légumes frais. Selon l’énoncé de politique de la Banque, les mesures de l’inflation fondamentale sont toutes en deçà de 2 %, et « les capacités excédentaires considérables devraient continuer de peser sur l’inflation pendant un certain temps ». L’économie continuera d’avoir besoin de stimulation jusqu’en 2023, comme l’indique le plus récent numéro (octobre) du Rapport sur la politique monétaire (RPM).

La banque centrale réévaluera les perspectives lors de sa prochaine réunion, le 20 janvier, quand elle publiera une mise à jour complète de ses prévisions pour l’économie et l’inflation, y compris les risques y afférant, dans le RPM de janvier.

Malgré les progrès en matière de vaccins, d’autres faits nouveaux pèsent lourdement sur l’économie. Le Canada a été fortement touché par la deuxième vague de cas de COVID (voir le graphique ci-dessous). Le nombre moyen de cas quotidiens dépassait les 6000 dans la dernière semaine. Selon l’Agence de la santé publique du Canada, les cas de COVID vont dépasser les 20 000 par jour si la tendance actuelle se poursuit. Partout au pays, les provinces ont imposé des nouvelles restrictions rigoureuses pour ralentir la propagation du virus.

De nouvelles mesures de confinement produisent un effet dévastateur pour les commerces non essentiels et les restaurants dans la période des fêtes qui est cruciale pour eux. Le gouvernement a annoncé la semaine passée d’ambitieuses mesures budgétaires afin d’amortir le coup pour les entreprises et les ménages. De fait, parmi tous les pays du G7, les mesures budgétaires du Canada ont été les plus ambitieuses.

Par ailleurs, selon Bloomberg Newsle Canada a réservé davantage de doses de vaccin par personne que tout autre pays, et le premier ministre Trudeau a accéléré les plans pour commencer les inoculations. Le premier ministre a affirmé à des journalistes à Ottawa que les premiers Canadiens seront vaccinés la semaine prochaine si Santé Canada donne son approbation cette semaine. « Cette nouvelle signifie que nous pourrons prendre de l’avance dans notre plan de vaccination. C’est un développement positif pour pouvoir protéger les Canadiens le plus tôt possible. »

Le dollar canadien a atteint son plus haut niveau depuis deux ans, 0,78 $ US. La Banque estime que cette évolution est largement attribuable à une faiblesse généralisée du dollar américain.

L’assouplissement quantitatif continue

Une hausse des taux d’intérêt du marché consécutive aux bonnes nouvelles sur les vaccins est un autre facteur qui pourrait peser sur l’économie canadienne. En réponse, la Banque du Canada achète pour au moins 4 milliards de dollars par semaine d’obligations à long terme du gouvernement du Canada. Par exemple, le rendement des obligations du Canada à 5 ans est passé d’un creux de 31 points de base dans les six derniers mois à presque 50 points de base. L’assouplissement quantitatif a certainement amorti la tendance haussière, et continuera de le faire.

Si la Banque détermine qu’un soutien monétaire supplémentaire est nécessaire en janvier, il prendra sans doute la forme d’une augmentation des achats d’obligations du Canada plutôt que d’un ajustement du taux à un jour.

Lors de sa comparution devant le Comité des finances de la chambre des communes le 26 novembre, le gouverneur Tiff Macklem a admis qu’il pourrait y avoir des distorsions du marché si la part de la Banque des avoirs en obligations du gouvernement dépassait les 50 %. Comme l’indique le graphique ci-dessous, la Banque détient actuellement environ 34 % du marché. Si les achats continuent au rythme actuel, les économistes de CIBC estiment que la Banque en détiendrait 48 % d’ici la fin de 2021.

En somme : Les taux d’intérêt resteront bas dans l’avenir prévisible. L’évolution de la pandémie déterminera en bonne partie la croissance de l’économie et l’action du gouvernement. Les spécialistes indiquent que la deuxième vague durera tout l’hiver, et qu’un vaccin ne sera largement disponible au mieux qu’au deuxième semestre de 2021.
Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
7 Déc

La deuxième vague ralentit la croissance de l’emploi en novembre

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Publié par: Robert Perrier

 

La deuxième vague ralentit encore la reprise de l’emploi au Canada en novembre

Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de novembre, publiés par Statistique Canada, révèlent une augmentation de 62 000 emplois, contre 83 600 en octobre – soit bien moins que le gain de 378 000 en septembre. Il s’agit de la plus faible augmentation mensuelle depuis six mois, quand l’économie a commencé à se redresser (voir le graphique ci-dessous). L’augmentation rapide des cas de COVID continue d’amortir la reprise.

Presque tous les nouveaux emplois du mois dernier sont à temps plein. Parmi les personnes qui ont travaillé à temps partiel en novembre, plus du cinquième (22,6 %; 808 000) voulaient un emploi à temps plein (30 heures ou plus par semaine), mais n’ont pas pu en trouver. Il s’agit d’une hausse de 5,2 points de pourcentage par rapport à 12 mois plus tôt. Des augmentations supérieures à la moyenne ont été enregistrées chez les hommes âgés de 25 à 54 ans (en hausse de 13,2 points de pourcentage pour atteindre 46,4 %).

Parmi les personnes qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles, 4,6 millions ont travaillé à partir de leur domicile en novembre, ce qui représente une hausse d’environ 250 000 par rapport à octobre. Ce nombre comprend 2,5 millions de personnes qui ne travaillent normalement pas à partir de leur domicile. Dans ce même groupe, le nombre de personnes travaillant à partir d’un endroit autre que leur domicile a diminué d’environ 100 000 pour s’établir à 12,2 millions.

Le taux de chômage était de 8,6 % en novembre, contre 8,9 % en octobre, soit bien en deçà du sommet de 13,7 % en mai.

Les hôpitaux et les écoles nourrissent la croissance de l’emploi dans le secteur public
Le nombre d’employés du secteur public a augmenté de 32 000 (+0,8 %) en novembre et a dépassé de 1,5 % son niveau de février, avant la COVID-19. Par rapport à un an plus tôt, le nombre de travailleurs du secteur public a progressé de 61 000 (+1,6 %), principalement en raison des hausses enregistrées dans les hôpitaux ainsi que dans les écoles primaires et secondaires (données non désaisonnalisées).

Le nombre d’employés du secteur privé a peu varié en novembre, mais il était inférieur de 411 000 (-3,3 %) à son niveau de 12 mois plus tôt. Cette baisse a été surtout prononcée dans les services d’hébergement et de restauration, tandis que l’emploi dans les services professionnels, scientifiques et techniques a augmenté (voir le graphique ci-dessous).

La croissance du nombre de travailleurs autonomes a stagné en novembre et ce groupe est demeuré le plus éloigné du niveau de novembre 2019 (-4,5 %; -131 000) et en février avant la COVID-19 (-4,7 %; -136 000).

L’emploi recule dans les activités de loisir et dans les services d’hébergement et de restauration
En novembre, l’emploi dans l’information, la culture et les loisirs a diminué de 26 000 (-3,5 %), ce qui représente la première baisse notable dans ce secteur depuis avril. L’emploi a reculé pour un deuxième mois consécutif au Québec, où les restrictions relatives aux rassemblements publics avaient été sensiblement resserrées la semaine de référence de l’Enquête sur la population active. À l’échelle nationale, l’emploi dans l’information, la culture et les loisirs était 10,5 % plus faible en novembre qu’il ne l’était en février (voir le graphique ci-dessous).

L’emploi dans les services d’hébergement et de restauration a reculé pour un deuxième mois consécutif, en baisse de 24 000 (-2,4 %) en novembre. La diminution est répartie entre l’Ontario, le Manitoba et le Québec. Dans les services d’hébergement et de restauration, près d’un employé sur dix (8,9 %) a travaillé moins de la moitié de ses heures habituelles en novembre – la troisième proportion en importance parmi l’ensemble des secteurs, derrière les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien (10,3 %) et le transport et l’entreposage (9,2 %) (données non désaisonnalisées).

De la mi-septembre à la fin du mois d’octobre, Statistique Canada a mené l’Enquête canadienne sur la situation des entreprises pour recueillir des renseignements sur les perspectives d’avenir des entreprises. Près du quart des entreprises des services d’hébergement et de restauration (22,5 %) s’attendaient à une réduction de leur nombre d’employés au cours des trois prochains mois, plus du double de la moyenne de l’ensemble des entreprises (10,4 %).

Le commerce de détail enregistre une deuxième hausse consécutive de l’emploi
Dans le commerce de détail, l’emploi a progressé pour un deuxième mois consécutif, en hausse de 1,5 % en novembre (+32 000). La majeure partie de l’augmentation a été enregistrée en Ontario. Une interdiction du magasinage en personne chez les détaillants non essentiels est entrée en vigueur dans les régions de Toronto et de Peel le 23 novembre, après la semaine de référence de l’EPA. Les effets pourraient se refléter dans les résultats de l’EPA de décembre. Les résultats de décembre pourraient également permettre de mieux comprendre les effets du resserrement des restrictions dans d’autres provinces, comme au Manitoba et en Alberta.

À l’échelle nationale, la hausse de l’emploi enregistrée en novembre a porté le commerce de détail à 3,7 % près de son niveau d’emploi d’avant la COVID-19.

La croissance de l’emploi reprend dans la construction ainsi que dans le transport et l’entreposage
L’emploi dans la construction a progressé de 26 000 (+1,9 %) en novembre. Il s’agit de la première augmentation depuis juillet et elle est principalement attribuable à la hausse de 5,5 % (+28 000) enregistrée en Ontario. À l’échelle nationale, l’emploi dans la construction s’est situé 5,7 % en deçà de son niveau de février.

Après avoir fait une pause en octobre, la croissance de l’emploi a repris dans le transport et l’entreposage en novembre (+20 000; +2,1 %). La hausse est en grande partie attribuable aux augmentations enregistrées en Ontario et en Colombie-Britannique. Elle a ramené l’emploi dans ce secteur à 6,4 % de son niveau d’avant la COVID-19.

Les niveaux d’emploi dans la finance, les assurances, les services immobiliers, et les services de location et de location à bail sont maintenant supérieurs à ceux d’avant la COVID-19
L’emploi a augmenté pour un troisième mois consécutif dans la finance, les assurances, les services immobiliers, et les services de location et de location à bail, en hausse de 15 000 (+1,2 %). La récente croissance de l’emploi enregistrée dans ce secteur lui a permis de se redresser complètement, dépassant de 2,3 % son niveau de février.

L’emploi augmente dans les ressources naturelles pour un deuxième mois consécutif
Dans les ressources naturelles, l’emploi a progressé pour un deuxième mois consécutif. Il était en hausse de 3,1 % en novembre (+10 000), revenant à son niveau d’avant la COVID-19. La croissance d’un mois à l’autre s’est répartie presque également entre l’Alberta et la Colombie-Britannique. Les données des prochains mois relatives à ce secteur pourraient révéler les effets de la décision de l’Alberta de cesser de limiter sa production pétrolière en décembre, permettant aux producteurs d’utiliser la capacité disponible des oléoducs et d’augmenter l’emploi.

Les conditions du marché du travail varient selon la province
L’emploi a augmenté dans six provinces : en Ontario, en Colombie-Britannique et dans les quatre provinces de l’Atlantique. Le Manitoba a enregistré sa première baisse de l’emploi depuis avril, tandis que le nombre de personnes ayant un emploi ou une entreprise est demeuré stable au Québec, en Saskatchewan et en Alberta.

En novembre, les niveaux d’emploi à Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick étaient revenus à leurs niveaux d’avant la COVID-19. L’emploi était le plus près des niveaux de février en Colombie-Britannique (-1,5 %), et le plus éloigné, au Manitoba (-4,8 %) et en Alberta (-4,9 %).

La croissance de l’emploi continue de ralentir dans le centre du Canada
Après avoir enregistré une hausse mensuelle moyenne de l’emploi de 3,1 % de juin à septembre, l’Ontario a connu un ralentissement de la croissance en octobre. Ce ralentissement s’est poursuivi en novembre. L’emploi a augmenté de 37 000 (+0,5 %), principalement dans le travail à temps plein. L’emploi dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Toronto a stagné en novembre après avoir progressé pendant cinq mois consécutifs. Le taux de chômage en Ontario a reculé de 0,5 point de pourcentage pour s’établir à 9,1 %.

La hausse de l’emploi la plus marquée a été enregistrée dans la construction, un secteur qui n’a pas été touché par les récentes restrictions. En même temps, des baisses ont été observées dans les services d’hébergement et de restauration dans le contexte du resserrement des mesures de santé publique à Toronto et à Peel.

Au Québec, l’emploi a peu varié pour un deuxième mois consécutif. Dans la RMR de Montréal, l’emploi a été stable pour un deuxième mois consécutif après avoir enregistré une hausse mensuelle moyenne de 3,8 % de mai à septembre. Le taux de chômage au Québec a diminué de 0,5 point de pourcentage pour s’établir à 7,2 %, par suite de la baisse du nombre de personnes mises à pied temporairement.

L’emploi a diminué dans les services d’hébergement et de restauration ainsi que dans l’information, la culture et les loisirs. La baisse a coïncidé avec la mise en place de mesures de santé publique ciblées depuis octobre. L’emploi a progressé dans les services professionnels, scientifiques et techniques.

La croissance de l’emploi se poursuit en Colombie-Britannique
Juste avant le début de la semaine de référence de l’EPA, qui s’est déroulée du 8 au 14 novembre, les autorités sanitaires Vancouver Coastal et Fraser ont imposé de nouvelles restrictions relatives aux rassemblements sociaux, aux voyages et aux gymnases et installations sportives intérieures, de même que de nouvelles exigences en matière de sécurité au travail liées à la COVID-19.

Malgré ces nouvelles restrictions, l’emploi en Colombie-Britannique a progressé de 24 000 (+1,0 %) en novembre. Cette hausse s’est ajoutée aux augmentations des six mois précédents (+335 000). La croissance enregistrée dans l’emploi à temps plein a été contrebalancée en partie par une diminution dans l’emploi à temps partiel. Plusieurs secteurs ont enregistré des hausses, y compris les services d’hébergement et de restauration, le transport et l’entreposage, le commerce de gros et de détail, ainsi que la construction. Le taux de chômage a reculé de 0,9 point de pourcentage pour s’établir à 7,1 %.

L’emploi a progressé (+1,2 %) dans la RMR de Vancouver, mais moins que les deux mois précédents.

Un plus grand nombre de personnes sont en emploi dans les provinces de l’Atlantique
Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick ont tous enregistré des hausses de l’emploi en novembre.

La Nouvelle-Écosse a enregistré la plus forte augmentation parmi les provinces de l’Atlantique, gagnant 10 000 emplois (+2,2 %) et poursuivant sa tendance haussière observée depuis avril. La croissance de novembre est principalement attribuable au travail à temps plein. Le taux de chômage a diminué de 2,3 points de pourcentage pour s’établir à 6,4 %, le taux le plus faible depuis mars 2019 et le plus faible parmi les provinces.

Le Nouveau-Brunswick a connu sa première hausse importante de l’emploi (+4 200; +1,2 %) depuis les augmentations marquées de mai et juin. La hausse de novembre est presque entièrement survenue dans le travail à temps plein. Le taux de chômage a reculé de 0,5 point de pourcentage pour s’établir à 9,6 %.

À Terre-Neuve-et-Labrador, l’emploi a augmenté pour un septième mois consécutif, en hausse de 2300 (+1,0 %) en novembre. Il a récupéré toutes les baisses enregistrées depuis février. Le taux de chômage a peu varié en novembre, s’établissant à 12,2 %. Les secteurs ayant connu des baisses de l’emploi au début de la pandémie, comme les ressources naturelles, la construction et la fabrication, ont enregistré de faibles augmentations au cours des mois suivants. Celles-ci ont contrebalancé les baisses enregistrées en mars et en avril. D’autres secteurs, comme les soins de santé, l’assistance sociale et les administrations publiques ont continué d’enregistrer des hausses de l’emploi au cours des derniers mois, dépassant leurs niveaux d’emploi de février.

Le nombre de personnes en emploi a aussi augmenté à l’Île-du-Prince-Édouard en novembre (+1000; +1,3 %), et le taux de chômage s’y est établi à 10,2 %.

Le Manitoba enregistre une baisse de l’emploi
L’emploi au Manitoba a reculé de 18 000 en novembre, et presque entièrement dans le travail à temps partiel. Il s’agit de la première diminution notable depuis avril. Elle coïncide avec les mesures de santé publique plus sévères qui sont entrées en vigueur au début de novembre pour la région métropolitaine de Winnipeg et au moment de la semaine de référence de l’EPA pour le reste de la province. La plus forte diminution de l’emploi a été observée dans les services d’hébergement et de restauration. Le taux de chômage a peu varié en novembre, s’établissant à 7,4 %, en raison de la baisse du nombre de Manitobains actifs sur le marché du travail.

L’emploi a peu varié en novembre en Saskatchewan et en Alberta. Au moment de la semaine de référence de l’EPA allant du 8 au 14 novembre, les deux provinces avaient largement évité de mettre en place des mesures de santé publique plus sévères. Le taux de chômage en Saskatchewan a augmenté de 0,5 point de pourcentage pour atteindre 6,9 %, en raison du plus grand nombre de personnes à la recherche de travail. Le taux de chômage en Alberta a peu varié, s’établissant à 11,1 %.

En somme 
La reprise économique reste étroitement liée à l’évolution de la pandémie. La meilleure nouvelle du mois dernier est la mise au point de vaccins efficaces. Il reste à voir combien de temps il faudra pour les approbations et la distribution, mais il paraît assuré que la pandémie continuera de sévir cet hiver, puis connaîtra une accalmie saisonnière au printemps et à l’été. D’ici là, il faut espérer que la distribution du vaccin sera bien engagée. C’est dire que 2021 sera une année de transition, et on peut prévoir que l’économie passera de la reprise à l’expansion en 2022.

Ce numéro de l’Enquête sur la population active est encourageant. Même si l’augmentation de l’emploi a ralenti, le nombre total d’heures travaillées a grimpé de 1,2 % d’un mois à l’autre. Comme il avait déjà augmenté de 0,8 % le mois précédent, le gain d’heures travaillées s’élève à 14 % pour les quatre trimestres, en données annualisées. Le nombre d’heures travaillées est un des trois nouveaux « garde-fous » désignés par Ottawa pour décider quand il faut relâcher les mesures de stimulation. Les deux autres se sont aussi améliorés, le nombre de sans-emploi ayant baissé de 81 000, et le taux d’emploi, augmenté légèrement (de 0,1 point, jusqu’à 59,5 %, ce qui reste 2,3 points sous les niveaux d’avant la COVID). Les salaires horaires moyens ont de nouveau baissé légèrement, comme prévu. Ils restent toutefois solides, avec une progression de 5,0 % d’une année à l’autre.

Nous soupçonnons que les réductions d’emplois dans les secteurs de l’hébergement et, peut-être, du commerce de détail produiront davantage d’effet dans le rapport du mois prochain. En effet, les restrictions ont été considérablement resserrées juste après la période de référence de la présente enquête. Dans l’ensemble, le rapport est plus ferme qu’on ne s’y attendait. Il permet de croire que l’économie réagit un peu mieux que prévu aux premiers stades de la deuxième vague.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
3 Déc

L’économie canadienne rebondit au T3, plafonne au T4

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

L’économie canadienne rebondit au T3, plafonne au T4

L’économie du Canada a véritablement rebondi au troisième trimestre, enregistrant sa plus forte expansion de tous les temps. Pourtant, les gains n’étaient pas aussi élevés que prévu. De plus, des données préliminaires indiquent que l’élan s’essouffle rapidement face à la deuxième vague de la pandémie.

Le produit intérieur brut a augmenté de 40,5 % (taux annualisé) au T3, compensant le plongeon historique de 38,1 % du T2 (après révision, au lieu de -37,8 %). Aussi impressionnante qu’ait été la progression du T3, elle est restée inférieure aux attentes largement partagées. Même la mise à jour économique dévoilée hier prévoyait une montée de 47,5 % par suite de la réouverture de l’économie. Il reste que, grâce à des révisions à la hausse de trimestres passés (remontant des années en arrière), il semble que l’économie connaîtra un déclin d’environ 5,7 % cette année. La production totale est revenue à 95 % de son niveau d’avant la pandémie.

L’énorme deuxième vague de cas de COVID a entraîné la mise en place de restrictions partout au pays ces dernières semaines, faisant que le rebond du T3 perdu son élan au T4. Les données d’aujourd’hui indiquant que le PIB a augmenté de 0,8 % en septembre et les estimations d’octobre prévoyant +0,2 % sont modérément encourageantes. Néanmoins, il faut prévoir que l’activité plafonnera en novembre et baissera en décembre. La croissance du T4 devrait ainsi se situer entre 0 et 2 % (taux annualisé).

La forte hausse du T3 a amené le PIB à 5,2 % sous le niveau d’un an plus tôt au même trimestre. Cependant, le gain d’octobre améliore encore le bilan, laissant le mois à 4 % sous le niveau d’un an plus tôt.

Comme l’indique le tableau ci-dessous, la croissance du PIB au T3 a déçu principalement en raison du déclin des stocks. Sinon, tous les indicateurs traduisaient une relance énergique de l’activité après les fermetures du printemps. Il y a eu des taux de remontée à trois chiffres dans les investissements résidentiels, les investissements en matériel et outillage et les importations. Le résidentiel a progressé à un taux annuel record de 187,3 % d’un trimestre à l’autre. Il était le domaine le plus vigoureux de l’économie. Le résidentiel a augmenté de 9,5 % d’une année à l’autre.

Les consommateurs mènent le bal

La consommation, dont la baisse avait entraîné la contraction au deuxième trimestre, a augmenté de 63 % (taux annualisé) quand les consommateurs se sont précipités pour dépenser après avoir été privés de la plupart des magasins pendant le confinement. Les habitudes de dépenses ont changé en raison de préoccupations pour la santé et de restrictions persistantes dans les secteurs les plus touchés par la pandémie (p. ex., restaurants, voyages, tourisme), faisant que les consommateurs ont jeté leur dévolu sur les biens durables (+263 %). Les biens non durables ont aussi bien progressé dans le trimestre (+19 %). Le niveau des dépenses sur les biens durables et les biens non durables était en hausse de 7,7 % et 3,7 %, respectivement, par rapport au niveau d’avant la pandémie. En revanche, comme la pandémie entrave la demande de services à forte proximité physique, les dépenses totales sur les services sont restés largement sous les niveaux d’avant la pandémie (-12,4 %) malgré une forte hausse au troisième trimestre (44,3 %).

Les finances des ménages ont fait l’objet de beaucoup d’attention pendant la pandémie. Le taux d’épargne a reculé au T3, mais il restait très élevé, à 14,6 % (après le record de 27,5 % au T2). Par rapport aux tendances d’avant le virus, les économies des ménages se situent au moins 150 milliards de dollars au-delà de ce qu’elles auraient été normalement. Même si le revenu disponible a baissé au dernier trimestre, il restait non moins de 10,6 % supérieur à ce qu’il était un an plus tôt. Il n’avait augmenté que de 3,8 % en 2019.

Il faut noter que l’ensemble des dépenses de consommation est en en baisse de 3,7 % par rapport à un an plus tôt en termes nominaux, les dépenses sur les services étant largement entravées par la situation. Le grand écart entre la montée du revenu disponible et la restriction des dépenses a fait augmenter l’épargne. On peut y voir l’effet des programmes gouvernementaux destinés à atténuer le choc de la pandémie, y compris reports de prêts hypothécaires et autres ainsi que programmes de soutien du revenu.

La mise à jour économique présentée hier par le gouvernement fédéral a confirmé que les mesures de soutien seront rehaussées. En conséquence, le déficit budgétaire fédéral dépassera les 381 milliards de dollars. Le Canada a déjà fourni les plus importantes mesures de stimulation économique face à la COVID parmi les pays industrialisés. Avant, le Canada avait le plus faible ratio dette gouvernementale-PIB du G7, soit 31 %. Selon les prévisions, le ratio dépassera les 50 % dans le prochain exercice.

Comme la consommation, l’investissement des entreprises a rebondi : +82,4 % (taux annualisé) au troisième trimestre. L’acquisition de matériel et d’outillage (+91,8 %) et de produits de propriété intellectuelle (+30,8 %) a contribué à la hausse. L’investissement dans des structures non résidentielles a par contre baissé (-1,2 %). Cependant, le principal facteur dans l’augmentation est l’investissement résidentiel (+187,3 %). Le marché de l’habitation a connu une activité effrénée : la demande refoulée, les faibles taux d’intérêt et l’évolution des choix de logement par suite de la pandémie ont porté les ventes et les prix à des sommets cet été.

La remontée de l’investissement dans l’habitation doit beaucoup aux transferts de propriété (+109,5 % d’un trimestre à l ‘autre) et, dans une moindre mesure, aux rénovations (+17,7 %). L’augmentation des transferts de propriété a été généralisée, alors que les activités de revente de maisons reprenaient partout au pays, avec de fortes hausses des prix et du nombre d’unités vendues. La nouvelle construction a augmenté de 9,7 % d’un trimestre à l’autre, après avoir baissé de 7,6 % au deuxième trimestre. Les hausses coïncident avec de faibles taux hypothécaires, une amélioration des conditions sur le marché du travail et une rémunération des salariés en hausse au troisième trimestre.

Du côté du commerce international, tant les exportations que les importations ont nettement augmenté (exportations : 71,8 %; importations : 113,7 %). Comme les importations ont progressé davantage que les exportations, la balance commerciale a pesé sur le calcul du PIB pour le trimestre.

Sur le marché du travail, près du tiers des emplois perdus en mars et avril ont été récupérés au troisième trimestre. La rémunération des salariés a augmenté en conséquence pour le trimestre (+35,5 %). Les transferts gouvernementaux sous forme de prestations d’assurance emploi, qui avaient soutenu le revenu au deuxième trimestre, ont baissé de 91,9 % tout en restant à des niveaux historiquement élevés. Dans l’ensemble, le revenu disponible des ménages a baissé de 12 % au troisième trimestre. Le taux d’épargne est toutefois resté à 14,6 %, la reprise de la consommation étant compensée par la remontée de la rémunération et les transferts gouvernementaux demeurant élevés. Enfin, l’excédent brut d’exploitation, indicateur des bénéfices des entreprises, a augmenté de 59,3 % pour le trimestre.

En somme

L’économie canadienne régressera d’environ 5,7 % cette année, avant de remonter de 5,5 % en 2021 (la mise à jour économique d’hier était fondée sur une baisse de 5,8 % en 2020 et une hausse de 4,8 % l’an prochain). La plus forte baisse enregistrée précédemment était de 3,2 %, en 1982. La hausse prévue l’an prochain serait la plus forte depuis 1984. Quiconque douterait de la capacité de l’économie de se rétablir à pareil taux peut considérer ces éléments : a) certains des taux de croissance constatés au T3, qui pourraient annoncer ce qui viendra en 2021; b) les mesures supplémentaires de stimulation de l’économie qui vont être annoncées; et c) le degré auquel les ménages disposent d’un excédent d’épargne qu’ils pourront utiliser dans l’année à venir.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
2 Déc

Les mesures budgétaires du Canada face à la COVID sont les plus importantes dans le monde industrialisé

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Publié par: Robert Perrier

Mise à jour financière fédérale – Les débuts de la ministre Freeland aux Finances

Le gouvernement de Justin Trudeau, qui face à la COVID-19 a pris les mesures budgétaires les plus importantes dans le monde industrialisé, a annoncé un effort supplémentaire de stimulation et s’est engagé à continuer sur cette voie aussi longtemps qu’il le faudra.

La ministre des Finances Chrystia Freeland a dévoilé 51,7 milliards de dollars de nouvelles dépenses sur deux ans, avec en particulier des subventions salariales bonifiées pour les entreprises, dans un mini-budget présenté lundi. La ministre a aussi annoncé, sans donner de détails, 70 à 100 milliards de dollars de mesures de plus sur trois ans pour alimenter la relance.

Cependant, la ministre des Finances a clairement entendu les appels à la prudence. Elle a reporté toute annonce majeure de dépenses structurelles, elle a promis que toute mesure de stimulation supplémentaire sera temporaire et elle a annoncé de nouvelles taxes pour les géants du numérique dont Netflix, Amazon et Airbnb.

« Notre gouvernement fera des investissements judicieux, ciblés et considérables pour créer des emplois et stimuler la croissance », a affirmé Mme Freeland. Ces investissements serviront « à fournir le soutien budgétaire dont l’économie canadienne a besoin pour fonctionner à sa pleine capacité et pour empêcher la COVID-19 d’endommager notre potentiel économique à long terme ».

La ministre a revu à la hausse le déficit fédéral prévu cette année, soit 381,6 milliards de dollars, ou 17,5 % du PIB. L’an passé, le déficit était à 1,7 % du PIB. Selon les estimations du Fonds monétaire international, aucune grande économie ne connaîtra un plus grand revirement budgétaire en 2020.

Pour l’an prochain, le déficit projeté est de 121 milliards de dollars, avant toute mesure de stimulation supplémentaire. Au total, les dépenses liées à la réponse du gouvernement à la COVID représentent 75 milliards de dollars du déficit cette année, et 51 milliards de dollars l’année prochaine.

Selon les projections présentées lundi, le déficit baisserait graduellement, jusqu’à 51 milliards de dollars dans deux ans et 25 milliards de dollars en 2025.

Les mesures de stimulation prévues les trois prochaines années ne feront pas plus de 4 % du PIB, ce qui serait du même ordre que le niveau de capacité excédentaire de l’économie. La ministre Freeland a précisé que des « garde-fous fiscaux » liés au marché du travail aideraient à déterminer l’ampleur des mesures de stimulation supplémentaires.

Parmi les mesures annoncées lundi, Mme Freeland a bonifié le programme de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), qui couvrira jusqu’à 75 % des coûts salariaux des entreprises. Elle a aussi prolongé jusqu’en mars la subvention pour le loyer et le soutien en cas de confinement. Ces deux programmes devaient prendre fin le 20 décembre. Le plafond de la SSUC était de 65 %.

Le gouvernement fédéral entend créer un nouveau programme de financement pour venir en aide aux restaurants, aux entreprises du tourisme et à d’autres entreprises particulièrement éprouvées par la COVID.

Le Programme de crédit pour les secteurs durement touchés (PCSDT), annoncé dans la mise à jour de lundi, fournira aux entreprises admissibles des prêts pouvant atteindre 1 million de dollars, pour 10 ans.

L’argent sera prêté par les banques ou d’autres institutions financières, mais garanti par le gouvernement fédéral.

« Nous savons que les entreprises des secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, des voyages, des arts et de la culture ont été particulièrement touchées par la pandémie, a martelé la ministre Freeland dans son allocution à la Chambre des communes. Nous créons donc des mesures de soutien pour les entreprises qui en ont le plus besoin, à savoir un programme de crédit aux entreprises assorti de prêts garantis à 100 % par l’État et de conditions favorables pour les entreprises qui ont perdu des revenus parce que les gens doivent rester chez eux pour lutter contre la propagation du virus. »

L’établissement d’un programme national de garde d’enfants est un important objectif à long terme, et Mme Freeland a promis un plan détaillé dans le budget de l’année prochaine. Dans son préambule à la mise à jour, elle a affirmé que la stratégie en matière de garde d’enfants est un programme « féministe », mais aussi « logique sur le plan économique ».Pour commencer, le gouvernement libéral propose, dans la mise à jour, de dépenser 420 millions de dollars en subventions et bourses pour aider les provinces et territoires à former et retenir des personnes qualifiées en éducation à la petite enfance.

Le gouvernement propose aussi de consacrer 20 millions de dollars sur cinq ans à l’établissement d’un secrétariat de la garde d’enfants, plus 15 millions par la suite à un secrétariat semblable pour les Autochtones.

Les fonds visent à jeter les bases de ce qui sera sans doute une promesse majeure dans le prochain budget.

Le financement actuel du gouvernement fédéral pour la garde d’enfants arrive à échéance près de la fin de la décennie, mais le gouvernement propose maintenant de le maintenir, en commençant par 870 millions de dollars par année en 2028.

Il y a aussi des fonds pour des mesures face aux changements climatiques. Le gouvernement a affecté 2,6 milliards de dollars en subventions pour aider les propriétaires de maison à accroître leur efficacité économique, et 150 millions de dollars sur trois ans pour des bornes de recharge de véhicules électriques.

Le gouvernement a également donné des détails sur une aide à l’intention du secteur du tourisme durement éprouvé, y compris des fonds pour les aéroports. Cependant, comme le ministre des Transports Marc Garneau poursuit des négociations avec les compagnies aériennes, il n’y a pas de fonds expressément destinés aux transporteurs comme Air Canada et WestJet.

En somme

Les plus grands déficits budgétaires à être enregistrés depuis la Deuxième Guerre mondiale continueront de susciter des inquiétudes. Est-ce que le Canada a réellement besoin des mesures proportionnellement les plus importantes du monde industrialisé face à la COVID? Les perspectives sont un peu moins désastreuses que lorsque le gouvernement avait présenté un portrait économique en juillet. À 8,9 %, le taux de chômage est sensiblement inférieur aux 13,7 % de mai, quoique toujours bien au-dessus des 5,6 % de février. L’économie à regagné du terrain jusqu’au troisième trimestre, bien que la deuxième vague de la pandémie et les restrictions en découlant vont assurément entraver l’activité économique au quatrième trimestre.

Il n’y a guère de doute que le gouvernement puisse assumer un déficit massif cette année. Il est en mesure de le faire parce que le niveau de la dette était faible avant la crise, et les taux d’intérêt sont à un niveau historiquement bas. Cependant, faute de garde-fous budgétaires, il y a un risque que le ratio dette-PIB continue d’augmenter à moyen terme si le gouvernement continue de dépenser largement.

Le gouvernement ajoute une source de revenu en taxant les grandes entreprises numériques. Il n’empêche qu’avec l’actuel niveau des dépenses, il sera ensuite tenté d’augmenter les taxes intérieures, par exemple la TPS et l’impôt sur les gains en capital. Ce serait mal inspiré, vu la fragilité de la reprise.

Il y a un plus grand risque que le gouvernement soit en train d’en faire trop plutôt que trop peu pour stimuler l’économie, étant entendu que des vaccins pointent à l’horizon. Les programmes du Canada ont été généreux et davantage axés sur les ménages, par rapport à nos pairs du G7. Le gouvernement doit agir stratégiquement et veiller à ce que les nouvelles dépenses de programmes servent à la croissance future, au-delà de la pandémie, de sorte que notre ratio dette-PIB retrouve sa tendance à la baisse. Le danger, c’est qu’une fois des dépenses créées, il est difficile de reculer.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
17 Nov

Les ventes de maisons baissent au Canada en octobre, légèrement sous leur niveau record

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Publié par: Robert Perrier

Les ventes de maisons au Canada baissent légèrement, pour la première fois depuis avril

Selon les données d’octobre publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont baissé de 0,7 % d’un mois à l’autre, après le sommet de septembre (voir le graphique ci-dessous). Il s’agit du premier recul en cinq mois, alors que le marché restait serré et que les prix continuaient d’augmenter. La concurrence demeure vive sur le marché des maisons unifamiliales et des maisons en rangée. Pour les condos, les ventes ont baissé tandis que les nouvelles inscriptions montaient en flèche, surtout dans le Grand Toronto.

Environ la moitié des marchés locaux étaient en hausse de septembre à octobre, mais les déclins enregistrés dans l’autre moitié donnent au total une légère diminution. Parmi les grands marchés, Montréal, la vallée du Fraser, Calgary et Edmonton ont connu une hausse. Par contre, les ventes étaient en baisse dans le Grand Toronto, à Hamilton-Burlington, à Ottawa et dans le Grand Vancouver.

En octobre, les ventes réelles (non désaisonnalisées) ont affiché une hausse de 32,1 % d’une année à l’autre. Il s’agit d’un nouveau record pour octobre, par plus de 14 000 transactions. Pour le quatrième mois consécutif, les ventes étaient en hausse dans presque tous les marchés de l’habitation au Canada par rapport au même mois en 2019. Parmi les quelques marchés accusant un recul par rapport à l’année précédente, il se peut que ceux de l’Ontario n’aient tout simplement pas l’offre nécessaire pour soutenir la demande.

Jusqu’à maintenant cette année, quelque 461 818 propriétés ont changé de main sur les systèmes MLS® canadiens, soit 8,6 % de plus que pour les 10 premiers mois de 2019. En fait, c’est le deuxième plus grand nombre de ventes jamais enregistré de janvier à octobre, après le record de 2016. Il se peut que 2020 se révèle une année record pour l’activité immobilière – contrairement à ce qui était largement prévu lorsque la pandémie s’est déclarée en mars. Il ne fait pas de doute que la COVID-19 a amené de nombreux ménages à changer de maison par suite du bouleversement de leur vie et de leur situation professionnelle. Une bonne part de l’activité n’aurait pas eu lieu sans la pandémie.

Nouvelles inscriptions

Le nombre de propriétés nouvellement inscrites a augmenté de 2,9 % en octobre. Cette augmentation globale de l’offre a été portée par les nouvelles inscriptions dans le Grand Toronto, dans le Lower Mainland en Colombie-Britannique et à Ottawa. Comme les ventes, les nouvelles inscriptions réelles (non désaisonnalisées) ont atteint un sommet pour octobre, mais par une marge beaucoup moins importante que les ventes. Les conditions du marché restent très serrées dans bien des régions du pays.

La Chambre immobilière de Toronto indique que l’augmentation des ventes jusqu’à présent cette année a été bien plus forte que l’augmentation des nouvelles inscriptions, dans le segment des maisons unifamiliales. À l’inverse, le segment des condos a vu les inscriptions plus que doubler par rapport à octobre 2019, tandis que les ventes n’augmentaient que de 2,2 % (voir le graphique ci-dessous).

« La concurrence entre acheteurs de maisons unifamiliales, en particulier de maisons isolées, est restée vive le mois dernier, continuant de soutenir une montée des prix dépassant les 10 % dans de nombreux quartiers du Grand Toronto, a dit Lisa Patel, présidente de la Chambre immobilière de Toronto. Par contre, les acheteurs de condos ont profité d’un choix bien plus grand que l’an passé. Déjà avant la COVID, une augmentation des ventes par des investisseurs semblait prévisible en 2020. La pandémie n’a fait qu’accentuer la tendance, la paralysie de l’économie et du tourisme minant le flux de trésorerie de nombreux investisseurs. »

L’absence de touristes a dévasté le marché de la location à court terme de condos, nombreux à être inscrits sur Airbnb. Le déclin radical de l’immigration a sapé la location à long terme de condos. Les loyers ont globalement chuté dans le Grand Toronto, et de nombreux investisseurs tentent de vendre. En même temps, de nombreux acheteurs de nouveaux condos non encore livrés essaient de refiler leurs contrats. Les initiatives du gouvernement fédéral visant à augmenter l’immigration en 2021 aideront à corriger cette situation, si elles sont fructueuses. Cependant, le tourisme ne reviendra pas avant qu’un vaccin soit largement disponible dans le monde entier. Il y a eu des nouvelles encourageantes à ce sujet.

L’offre ayant augmenté en octobre et les ventes, relativement peu changé, le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a diminué pour s’établir à 74,3 % – ce qui reste quand même un des plus hauts taux enregistrés pour cette mesure. La moyenne à long terme du ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 54,1 %.

Si on compare le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et les moyennes à long terme, environ le tiers de l’ensemble des marchés locaux était en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en octobre. Les deux autres tiers des marchés se situaient au-delà des normes à long terme, largement au-delà dans bien des cas.

On comptait 2,5 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin d’octobre 2020, soit le niveau le plus bas jamais enregistré. À l’échelle locale, 18 marchés de l’Ontario comptaient moins d’un mois d’inventaire à la fin d’octobre.

Prix des maisons

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 1 % d’un mois à l’autre en octobre 2020. Sur les 39 marchés que l’Indice mesure actuellement, tous sauf un ont connu une hausse entre septembre et octobre (voir le tableau 1 ci-dessous).

L’IPP MLS® global et composé (non désaisonnalisé) a connu une hausse d’une année à l’autre de 10,9 % en octobre. Il s’agit de la plus importante hausse depuis juillet 2017.

Les gains les plus importants d’une année à l’autre – plus de 25 % – ont été enregistrés à Quinte et à Woodstock-Ingersoll, en Ontario.

Des augmentations de 20 à 25 % d’une année à l’autre ont été observées à Ottawa, à London-St. Thomas, à Tillsonburg et dans certaines régions de villégiature de l’Ontario.

Des augmentations des prix d’une année à l’autre de l’ordre de 15 à 20 % ont été enregistrées aux endroits suivants : Barrie, Hamilton, Niagara, Guelph, Bancroft et sa région, Brantford, Cambridge, Huron-Perth, Kitchener-Waterloo, North Bay, Peterborough-Kawarthas, Simcoe, Montréal et le Grand Moncton.

Les prix ont augmenté de 10 à 15 % par rapport à octobre dernier dans le Grand Toronto, à Oakville-Milton, à Mississauga et à Northumberland Hills.

On a observé des augmentations des prix d’une année à l’autre de 5 à 10 % dans le Grand Vancouver, dans la vallée du Fraser, dans la vallée de l’Okanagan, à Regina, à Saskatoon, à Winnipeg et à Québec. À Victoria et ailleurs sur l’île de Vancouver, ainsi qu’à St. John’s, la hausse des prix était inférieure à 4 %. Les prix se sont tout juste maintenus en territoire positif d’une année à l’autre à Calgary et à Edmonton.

Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés au pays a atteint un autre record en octobre 2020, s’établissant à 607 250 $. Il s’agit d’une hausse de 15,2 % par rapport au même mois l’année dernière.

En somme

La santé du marché du logement est en bonne partie attribuable aux taux hypothécaires plus bas que jamais et à la demande refoulée de ménages qui ont maintenu leur niveau de revenu pendant la pandémie. Les ménages les plus durement touchés sont ceux de petits salariés dans les secteurs de l’hébergement, de la restauration et des voyages. Ce sont eux qui ont le moins les moyens de faire face aux difficultés, et ils ne sont généralement pas propriétaires de maisons. La bonne nouvelle est que le marché du logement contribue à la relance de l’économie.

Depuis l’annonce que Pfizer a un vaccin hautement efficace en préparation, les taux d’intérêt ont légèrement augmenté aux États-Unis. Cet effet a été compensé en partie par la montée radicale des cas de COVID dans le monde entier et par le resserrement des restrictions aux activités. Ce matin, Moderna Inc. a affirmé que son vaccin contre la COVID-19 avait une efficacité de 94,5 % selon l’analyse préliminaire d’un vaste essai clinique en phase finale. Voilà un signe de plus que la recherche effrénée des scientifiques et des entreprises pharmaceutiques produit de puissants outils potentiels pour contrôler une pandémie qui continue de s’aggraver. Ces bonnes nouvelles ont fait grimper le rendement des obligations américaines et canadiennes. Selon de nombreux observateurs, il faudrait donc prévoir une hausse des taux hypothécaires. Les marchés boursiers sont en forte hausse, surtout aux États-Unis, où ils atteignent de nouveaux sommets.

Le rendement à 5 ans des obligations du gouvernement du Canada se situe actuellement à 0,45 %. Il a été d’aussi peu que 0,39 % récemment, et de 0,28 % au cours de l’année écoulée. On fait peut-être trop de cas des bonnes nouvelles en matière de vaccins, puisque les restrictions resserrées et le nombre record de cas de COVID amortiront l’activité économique une bonne part de l’hiver, atténuant les pressions haussières sur les taux. Toute augmentation des taux hypothécaires sera de 10 points de base ou moins, quoique les réductions de taux accordées par les prêteurs pourraient commencer à disparaître.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
9 Nov

De nouvelles restrictions sanitaires ralentissent la reprise de l’emploi au Canada

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Publié par: Robert Perrier

De nouvelles restrictions sanitaires ralentissent la reprise de l’emploi au Canada

Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) d’octobre, qui viennent d’être publiés par Statistique Canada, révèlent une augmentation de 83 600 emplois – contre 378 000 en septembre et en moyenne 395 000 par mois depuis six mois (voir le graphique ci-dessous). Plusieurs provinces ont resserré les restrictions au nom de la santé publique en réponse à une hausse des cas de COVID-19. Ces mesures visent les restaurants et les bars (à l’intérieur) et les gymnases.

La plupart des nouveaux emplois du mois dernier sont à temps plein. Parmi les personnes qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles, le nombre de personnes ayant travaillé à partir de leur domicile a augmenté de 150 000. Le travail à distance a continué d’être une adaptation importante pour mitiger les risques pour la santé liés à la COVID-19, et 2,4 millions de Canadiens qui ne travaillent normalement pas à partir de leur domicile l’ont fait en octobre.

Le taux de chômage, 8,9 %, a peu changé en octobre. Il reste largement sous le sommet de 13,7 % en mai. En plus des chômeurs, 540 000 Canadiens voulaient travailler en octobre, mais n’ont pas cherché d’emploi, ce qui représente une diminution de 39 000 par rapport à septembre. Ce chiffre poursuit sa tendance à la baisse amorcée à la suite du sommet de 1,5 million en avril. Si les personnes de ce groupe étaient comptées parmi les chômeurs, le taux de chômage ajusté serait de 11,3 % en octobre.

Le nombre de chômeurs de longue durée – les personnes au chômage qui ont cherché du travail ou qui ont été mises à pied temporairement pendant 27 semaines ou plus – a encore augmenté en octobre. Sans surprise, plus de la moitié (53,3 %) des chômeurs de longue durée vivaient dans un ménage ayant de la difficulté à assumer ses dépenses nécessaires. En octobre, on comptait 448 000 chômeurs de longue durée, ce qui représente le quart (24,6 %) de tous les chômeurs. Les hausses du chômage de longue durée enregistrées en septembre et en octobre sont de loin les augmentations les plus marquées depuis que des données comparables ont commencé à être publiées, en 1976.

L’augmentation de l’emploi ralentit dans le Canada central
L’emploi a augmenté dans les secteurs du commerce de gros et du commerce de détail en Ontario, deux secteurs peu touchés par les nouvelles restrictions liées à la COVID-19. Après cinq mois de hausses totalisant 154 000, l’emploi dans les services d’hébergement et de restauration en Ontario est resté essentiellement inchangé au cours du mois. Il reste 15,7 % en deçà du niveau de février, avant la COVID. L’emploi a reculé dans le transport et l’entreposage.

Après avoir progressé pendant cinq mois consécutifs, l’emploi a peu varié au Québec en octobre, et le taux de chômage y a légèrement augmenté, de 0,3 point de pourcentage, pour atteindre 7,7 %. Les hausses de l’emploi, qui étaient réparties entre plusieurs industries du secteur des services, ont été en partie contrebalancées par la baisse de 42 000 enregistrée dans le secteur des services d’hébergement et de restauration. Le niveau d’alerte de santé publique a été rehaussé dans les villes de Montréal et de Québec. Il est passé à « rouge » le 1er octobre, ce qui a entraîné la fermeture des restaurants intérieurs et de nombreuses installations culturelles. Les déplacements entre les régions de la province ont été déconseillés. Au cours des deux semaines suivantes, plusieurs autres régions du Québec sont passées au niveau d’alerte rouge, et des mesures supplémentaires sont entrées en vigueur.

L’emploi progresse en Alberta et en Colombie-Britannique
En Colombie-Britannique, l’emploi a augmenté de 34 000 (+1,4 %), ce qui s’ajoute aux gains des cinq mois précédents (+302 000). Le taux de chômage a diminué pour un cinquième mois consécutif, en baisse de 0,4 point de pourcentage pour s’établir à 8,0 % en octobre. À Vancouver, l’emploi a augmenté de 52 000 (+3,8 %), à 4,3 % près de son niveau d’avant la COVID.

En Alberta, l’emploi a progressé de 23 000 (+1,1 %), ce qui représente la cinquième hausse en six mois. Après avoir enregistré de fortes baisses d’emplois plus tôt cette année, Calgary a connu quatre mois consécutifs d’augmentations depuis l’été, totalisant 101 000 (+13,6 %). Les augmentations récentes de l’emploi observées à Edmonton ont été plus modestes, en hausse de 60 000 (+9,0 %) depuis l’été.

Les hausses de l’emploi observées en Alberta en octobre étaient réparties entre plusieurs secteurs, y compris les soins de santé et l’assistance sociale, le transport et l’entreposage, ainsi que le commerce de gros et le commerce de détail. L’emploi dans les ressources naturelles a augmenté légèrement au cours du mois, mais il est en recul de 5,2 % par rapport à un an plus tôt.

L’emploi augmente à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard
À Terre-Neuve-et-Labrador, l’emploi a augmenté (+5 900) en octobre, tandis que le taux de chômage a diminué de 2,0 points de pourcentage pour s’établir à 12,8 %. L’emploi a également augmenté à l’Île-du-Prince-Édouard (+900), tandis que le taux de chômage y était essentiellement inchangé, à 10,0 %.

Secteurs durement touchés de l’économie
Les services d’hébergement et de restauration ont été les plus directement touchés par le récent resserrement des mesures de santé publique. En octobre, l’emploi y a reculé pour la première fois depuis avril. En août, l’emploi dans le secteur des arts, de la culture et des loisirs était parmi tous les secteurs le plus éloigné des niveaux d’avant la COVID. Les prochains mois permettront de faire la lumière sur les répercussions des restrictions en matière de santé publique sur l’emploi dans ce secteur qui dépend étroitement du tourisme et des voyages, tout comme le secteur des services d’hébergement et de restauration.

Les restrictions sur les voyages et les rassemblements étant toujours en vigueur, les répercussions persistantes de la COVID ont été beaucoup plus importantes sur le transport des personnes que sur le transport des marchandises. Par exemple, l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail d’août a révélé que le nombre d’emplois salariés dans le transport en commun et le transport terrestre de voyageurs a diminué de 17,8 % de février à août, tandis que le nombre d’emplois salariés dans le transport par camion, principalement pour les marchandises, a reculé de 7,9 % au cours de la même période. De même, en août, les principaux transporteurs aériens canadiens ont transporté moins de passagers (-86,8 %) que 12 mois plus tôt, et le réseau ferroviaire canadien a transporté moins de marchandises (-14,7 %). Dans la construction, l’emploi a peu varié pour un troisième mois consécutif en octobre, après avoir progressé de 190 000 (+16,2 %) d’avril à juillet. L’emploi dans la construction se situait en octobre à 7,5 % (-112 000) en deçà de son niveau de février. Les données récentes sur les mises en chantier indiquent une baisse de 5,0 % de septembre 2019 à septembre 2020, à la suite de deux mois de fortes hausses d’une année à l’autre.

La croissance de l’emploi reprend dans le commerce de détail
Après avoir marqué une pause en septembre, la croissance de l’emploi a repris dans le commerce de détail, en hausse de 31 000 (+1,4 %) en octobre. La majeure partie de l’augmentation a été enregistrée en Ontario. De février à avril, l’emploi a reculé de plus d’un cinquième (-22,9 %; -517 000), en raison de la fermeture de commerces de détail pendant la première vague de la COVID. En octobre, les mesures de santé publique prises en réponse à la deuxième vague ne comprenaient pas la fermeture de commerces de détail. L’emploi dans ce secteur s’est situé 5,1 % (-115 000) en deçà de son niveau d’avant la COVID et 2,4 % (-54 000) sous son niveau d’octobre 2019.

Les gagnants
L’emploi s’est situé à un niveau supérieur à celui d’avant la COVID dans trois secteurs en octobre : le commerce de gros, les services professionnels, scientifiques et techniques ainsi que les services d’enseignement.

Dans le commerce de gros, l’emploi a augmenté de 15 000 (+2,3 %) en octobre, sous l’effet des hausses enregistrées en Alberta. L’emploi dans ce secteur s’est situé 5,6 % (+35 000) au-dessus de son niveau de février. Les dernières données sur le commerce de gros montrent que les ventes ont augmenté pour un quatrième mois consécutif en août et qu’elles se situaient à un niveau 1,7 % supérieur au niveau d’avant la COVID.

L’emploi a progressé pour un quatrième mois consécutif dans les services professionnels, scientifiques et techniques, en hausse de 42 000 (+2,7 %) en octobre. L’augmentation la plus marquée a été enregistrée en Ontario (+23 000). À la suite de cette progression, l’emploi dans le secteur était 3,3 % (+51 000) au-dessus de son niveau d’avant la COVID. La sécurité d’emploi chez les employés dans ce secteur, qui comprend la conception de systèmes informatiques et les services connexes, l’architecture, le génie et les services connexes ainsi que les services juridiques, a tendance à être plus grande que dans d’autres secteurs.

L’emploi a peu varié dans les services d’enseignement en octobre, mais il était 2,8 % (+39 000) supérieur à son niveau de février. Comparativement à octobre 2019, l’emploi dans ce secteur a augmenté de 32 000, en partie du fait que certaines administrations ont augmenté leurs effectifs pour soutenir les adaptations apportées aux salles de classe en raison de la COVID.

Par rapport aux autres secteurs, une proportion relativement élevée de travailleurs des services d’enseignement (25,8 % en 2019) sont des employés temporaires, une proportion relativement élevée du personnel enseignant étant embauché sur contrat. Bien que le nombre d’employés temporaires ait diminué de façon prononcée à la suite de l’arrêt initial de l’activité économique lié à la COVID-19, il s’est redressé en octobre (peu de variation d’une année à l’autre, données non désaisonnalisées), ce qui a aidé à stimuler l’emploi total dans le secteur. Les employés permanents dans les services d’enseignement ont aussi contribué à la reprise dans ce secteur par rapport à un an plus tôt. En octobre, le nombre d’employés permanents a enregistré une hausse de 5,6 % par rapport à 12 mois plus tôt (données non désaisonnalisées).

En somme 
La reprise économique reste étroitement liée à l’évolution de la pandémie. Il est probable que de vastes mesures de confinement, comme les fermetures du début de la pandémie, ne seront pas de nouveau imposées. Cependant, il y aura çà et là des mesures plus localisées et plus modérées. Selon la Banque du Canada, d’ici la mi-2022, des vaccins et des traitements efficaces seront largement disponibles et les effets directs de la pandémie sur l’activité économique auront cessé. Cependant, le comportement préventif des ménages et les effets de l’incertitude autour de la COVID persisteront sans doute.

La pandémie aura aussi sans doute des effets durables sur les préférences et les comportements des consommateurs et des entreprises. Voilà qui pourrait entraîner des changements dans la structure de l’économie et peser sur son potentiel. L’ampleur de ces effets et le moment où ils se manifesteront sont difficiles à prévoir. Cela étant, les perspectives de l’activité économique canadienne et mondiale restent exceptionnellement incertaines.

Le plus récent rapport COVID Consumer Spending Tracker du groupe Recherche économique RBC indique que les inquiétudes suscitées par la deuxième vague ont augmenté la part des achats faits en ligne. Les dépenses des ménages, les dépenses pour les vêtements et les ventes au détail sont restées stables, tandis que les dépenses de voyage ont continué de baisser. Les dépenses sur les sorties au restaurant ont baissé légèrement le mois dernier, le temps plus frais réduisant l’intérêt des repas en terrasse. Les dépenses consacrées au divertissement ont aussi baissé légèrement.

Les chambres immobilières régionales de Vancouver, Toronto et Montréal ont publié leurs rapports d’octobre montrant que les ventes et les prix continuent d’augmenter sauf dans le domaine des condos – surtout les plus petits condos destinés au marché de la location. Vu l’effondrement du tourisme, le marché de la location à court terme s’est évaporé. De nombreux logements Airbnb ont été mis en vente ou ont été réaffectés au marché de la location à long terme, ce qui fait baisser les prix. Le manque d’immigration cette année a contribué au déclin du marché de la location. Les inscriptions de condos augmentent plus vite que les ventes dans de nombreuses régions. Par contre, dans les immeubles de faible hauteur, l’offre reste très limitée et les prix continuent d’augmenter. Nous reviendrons plus en détail sur les tendances du marché de l’habitation lorsque l’Association canadienne de l’immeuble publiera ses données vers la fin de la semaine prochaine.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
29 Oct

La Banque du Canada maintient son taux à un jour à 0,25 % et module son programme d’achat d’obligations

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada module l’assouplissement quantitatif

Tel que prévu, la Banque du Canada a maintenu son taux cible du financement à un jour à sa valeur plancher effective de 25 points de base, étant clairement entendu que des taux directeurs négatifs ne sont pas envisagés. Au lieu, la banque centrale continuera de miser sur de vastes achats d’actifs – l’assouplissement quantitatif (AQ). La banque centrale module son programme d’AQ tel que promis depuis quelques semaines. À la mi-octobre, elle a annoncé la fin de ses programmes d’opérations de prise en pension, de la facilité d’achat des acceptations bancaires et d’achat d’Obligations hypothécaires du Canada (PAOHC), ceux-ci n’étant plus nécessaires pour assurer la liquidité sur ces marchés. Les volumes des achats ont baissé sensiblement depuis avril. Il n’y aura que des répercussions minimes sur les taux d’intérêt du marché.

Le Conseil de direction a annoncé aujourd’hui qu’il réduirait aussi graduellement les achats d’obligations du gouvernement fédéral, qui passeront d’au moins 5 milliards de dollars par semaine à au moins 4 milliards de dollars. « Le Conseil de direction juge que compte tenu de ces ajustements combinés, le programme d’assouplissement quantitatif fournit une détente monétaire au moins aussi forte qu’avant. »

Le Parti conservateur, dans l’opposition, mettait en garde le gouverneur Macklem quant aux risques de financer les dépenses du gouvernement Trudeau. La Banque n’avait toutefois guère d’autre choix que d’augmenter ses achats de nouvelles obligations de référence – celles que le gouvernement vend actuellement, par opposition à des obligations plus anciennes qui deviennent de plus en plus illiquides. Selon Bloomberg News : « Le programme d’assouplissement quantitatif de la Banque reflétera de plus en plus les ventes d’obligations du gouvernement alors que les députés de l’opposition incitent la Banque à éviter de financer directement le programme de dépenses du premier ministre Trudeau. » (Voir le graphique ci-dessous.) La Banque détient déjà plus du tiers de la dette du gouvernement du Canada, ce qui est proportionnellement plus que n’en font la plupart des banques centrales, parce que le Canada a longtemps enregistré des surplus budgétaires et réduit sa dette.

Pratiquement toutes les grandes banques centrales du monde ont lancé un programme d’AQ d’urgence en réponse à la crise de la COVID-19. La Banque du Canada affirme que son programme d’AQ renforce son engagement à maintenir les taux d’intérêt à des niveaux très bas au cours des quelques prochaines années, jusqu’à ce que l’inflation annuelle soit stabilisée à son niveau cible de 2 %. Le Rapport sur la politique monétaire d’octobre publié aujourd’hui indique qu’elle laissera probablement le taux à un jour à 0,25 % jusqu’en 2023.

La banque centrale n’a pas l’intention de réduire les mesures de stimulation, au vu des risques croissants pour l’économie dans la deuxième vague de la COVID-19. « Pendant la phase de récupération, des mesures de politique monétaire exceptionnelles devront continuer de soutenir l’économie, a soutenu la Banque. Nous sommes déterminés à procurer le niveau de détente monétaire nécessaire pour soutenir la reprise et atteindre l’objectif d’inflation. »
Rapport sur la politique monétaire d’octobre

  • Après la forte reprise de la croissance quand les mesures de confinement ont été levées et que l’économie a redémarré, le Canada est passé dans une phase de récupération plus lente. La relance se poursuit largement comme l’indiquait le rapport de juillet, bien qu’elle ait été initialement plus vigoureuse que prévu. À court terme, le ralentissement de la récupération sera sans doute plus prononcé en raison de la récente augmentation des cas de COVID-19.
  • Il y a une capacité excédentaire persistante et importante dans l’économie canadienne. L’écart entre la production réelle de l’économie et sa production potentielle ne sera probablement pas éliminé avant 2023. L’économie progresse de façon inégale. Certains secteurs et certains travailleurs sont plus durement touchés par le virus – surtout dans les domaines de l’hébergement, de la restauration, des arts, des divertissements et des loisirs, ainsi que dans les transports. Bon nombre des plus durement touchés sont des travailleurs à faible revenu.
  • Les prix du pétrole restent sous les niveaux d’avant la pandémie, et il faut supposer qu’ils demeureront autour des niveaux actuels. L’Alberta en souffrira.
  • Selon les prévisions, la persistance de capacités inutilisées dans l’économie continuera de contenir l’inflation jusqu’en 2023.

Les prévisions de la Banque du Canada pour la croissance canadienne sont indiquées dans le tableau ci-dessous. La reprise économique sera sans doute prolongée, soutenue par des politiques mais grandement influencée par l’évolution du virus, l’incertitude persistante et les changements structurels dans l’économie. Ces changements pourraient entraîner des déplacements durables de travailleurs et de capital entre différentes régions et différents secteurs de l’économie. Ces ajustements conditionnent les estimations de la Banque quant à la croissance potentielle.

Après avoir reculé d’environ 5,5 % en 2020, l’économie progresserait de presque 4 % en moyenne en 2021 et 2022. Deux facteurs feront sans doute que la croissance sera inhabituellement saccadée de trimestre en trimestre : des éclosions et des mesures sanitaires locales; et des taux de reprise variables entre les secteurs de l’économie.

L’inflation resterait sous la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque jusqu’au début de 2021, principalement enraison des effets des bas prix de l’énergie. Par la suite, elle resterait dans la fourchette, mais la capacité excédentaire de l’économie continuera d’exercer une pression baissière sur l’inflation pendant toute la période visée par les projections.

La phase de la réouverture a été forte, mais inégale

On estime que la croissance a fortement rebondi au troisième trimestre, récupérant environ deux tiers du déclin du premier semestre de l’année. Une bonne part de la reprise de l’économie est attribuable à une remontée de la demande étrangère, à la libération de la demande refoulée dans l’habitation et pour certains biens durables ainsi qu’à de solides programmes de soutien.

Dans le secteur de l’habitation, l’activité a remonté en flèche au troisième trimestre, profitant de coûts de financement au plus bas et des revenus préservés chez les ménages à revenu élevé ainsi que de ventes supplémentaires et de construction compensant la suspension de l’activité au printemps (graphique 7). En septembre, le total cumulatif des reventes aurait effacé l’activité perdue au cours de la période habituellement effervescente du printemps. Le secteur de l’habitation profite aussi peut-être d’une évolution des préférences. En particulier, plus d’un quart des répondants à l’Enquête sur les attentes des consommateurs pour le Canada au troisième trimestre de 2020 indiquaient qu’ils souhaiteraient passer à une plus grande maison ou une maison unifamiliale, en raison de la pandémie. La vigueur de la reprise sur le marché de l’habitation, combinée à une offre limitée sur le marché de la revente, a mené à une augmentation rapide des prix des maisons dans certains marchés. Contrairement à ce qui a été observé à Toronto et à Vancouver en 2016, l’augmentation des prix des maisons a cette fois été plus marquée dans des marchés où les ratios prêts-revenus sont modérés, comme Ottawa, Montréal et Halifax.

En somme
Les taux d’intérêt resteront bas dans l’avenir prévisible. L’évolution de la pandémie déterminera en bonne partie la croissance de l’économie et l’action du gouvernement. Les spécialistes indiquent que la seconde vague durera une bonne partie de l’hiver, et qu’un vaccin ne sera largement disponible au mieux qu’au cours de 2021. Aussi pénible que soit la situation, le Canada contient plus efficacement le virus que ne le font les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays de la zone euro. La production restera probablement partout sous les niveaux d’avant la pandémie jusqu’à la fin de 2022, qui est l’horizon prévisionnel de la Banque du Canada.
Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
27 Oct

La Banque du Canada met fin à certaines opérations d’injection de liquidités

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada va cesser d’acheter des Obligations hypothécaires du Canada

Ce mercredi, la Banque du Canada fera son annonce sur les taux d’intérêt et publiera son Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’octobre. La plupart des observateurs prévoient que le taux de financement à un jour restera à 0,25 %, comme il l’a fait depuis l’arrivée de la pandémie. Quelques-uns ont émis l’hypothèse que la Banque suivrait l’Australie et réduirait les taux à un jour de 15 points de base. Je ne crois pas.

L’économie du Canada ne ressemble pas tant à celle de l’Australie qu’on peut le penser. Certes, les deux pays parlent surtout anglais, sont des exportateurs de matières premières et ont un dollar comme monnaie. Mais pour le reste, ils sont très différents. L’Australie est surtout un fournisseur de la Chine et de l’Asie de l’Est, alors que le Canada exporte surtout aux États-Unis. Notre grande ressource est le pétrole, plutôt que les métaux. Et plus encore, la Banque du Canada croit que des taux plus bas ne seraient pas utiles, compte tenu des pressions qu’ils exerceraient sur le fonctionnement du système bancaire.

La Banque s’est engagée à s’en tenir à 0,25 % jusqu’à ce que la conjoncture économique assure un taux d’inflation de 2 %. Avec l’arrivée de la deuxième vague de COVID et de nouvelles restrictions de l’activité, la reprise économique ralentira dans les prochains trimestres. En outre, il est improbable que nous verrons l’inflation moyenne dépasser les 2 % d’ici la fin de 2022. Le scénario de référence de la Banque du Canada pour les taux à un jour prévoit de rester à 0,25 % jusqu’en 2023, à moins que nous constations une fin miraculeuse de la pandémie bien plus tôt que la plupart des spécialistes ne le prédisent.

En revanche, la Banque modifiera ses politiques en ce qui concerne l’assouplissement quantitatif – l’achat d’actifs financiers en vue d’injecter des liquidités dans les marchés financiers. Depuis des mois, le Conseil de direction de la Banque laisse entendre qu’il pourrait être nécessaire de « moduler » la structure du programme d’assouplissement quantitatif. On n’a guère vu de détails à ce sujet, mais nous croyons qu’il faut prévoir un passage d’un programme qui soutient le fonctionnement des marchés à un programme visant à atteindre un objectif de politique monétaire. Dans une certaine mesure, le changement est déjà en cours.

Le 15 octobre, la Banque a annoncé la fin du programme d’opérations de prise en pension, de la facilité d’achat des acceptations bancaires et du programme d’achat d’Obligations hypothécaires du Canada (PAOHC). Les secteurs concernés du marché canadien des titres à revenu fixe fonctionnent convenablement, et la Banque a sans doute estimé qu’il n’était plus nécessaire de les soutenir. La fin du PAOHC a capté l’attention de certains acteurs du marché hypothécaire, qui y ont vu la fin de la baisse des taux hypothécaires. Je crois que c’est mal comprendre les mesures prises par la Banque.

Comme l’indique le graphique ci-dessous, l’utilisation du PAOHC a sensiblement diminué depuis ses débuts mars. Simplement, il n’est plus nécessaire pour assurer la liquidité sur le marché des OHC. Depuis le mois d’août, les prêteurs utilisaient seulement 70 à 190 millions de dollars par semaine de la capacité de 500 millions de dollars de la Banque du Canada. La dernière fois que les prêteurs en ont pleinement tiré parti est en avril, quand le programme d’urgence était manifestement nécessaire. La fin de ce programme ne devrait pas avoir de grandes répercussions sur les taux hypothécaires.

« Étant donné que les conditions générales des marchés financiers continuent de s’améliorer au Canada, le recours à certains programmes offerts par la Banque du Canada pour soutenir le fonctionnement des principaux marchés financiers a nettement diminué », a indiqué la Banque en annonçant les changements. Le programme était destiné à injecter des liquidités dans le système bancaire, qui en avait bien besoin, pour assurer la disponibilité de crédit au pire de la crise. Il a été délaissé quand les tensions causées par la pandémie se sont atténuées et que les marchés sont devenus beaucoup plus autosuffisants. 

Le changement survient un mois après la décision de la Banque de réduire ses achats de bons du Trésor fédéraux et de titres provinciaux semblables. La Banque évoquait alors l’amélioration de la santé des marchés de financement à court terme.

Par ailleurs, le programme d’achat des OHC est éclipsé par le programme d’achat d’obligations du gouvernement mené par la Banque, comme l’indique le graphique ci-dessous. La banque centrale a maintes fois insisté qu’elle préserverait l’ampleur de ses programmes d’urgence d’achat d’actifs – ses achats d’obligations du gouvernement du Canada pour au moins 5 milliards de dollars par semaine – jusqu’à ce que la reprise économique soit bien lancée. Elle a aussi jusqu’à présent maintenu ses deux programmes d’achat d’obligations provinciales et d’obligations de sociétés, même si la demande à l’égard des deux programmes a été bien inférieure aux prévisions.

Les taux hypothécaires au Canada ont une corrélation de 85 % avec le rendement à 5 ans des obligations du gouvernement du Canada, lequel s’est effondré pendant la crise de la pandémie.

En somme
Des trois programmes dont la Banque a annoncé le repli, le plus important est le programme élargi de prise en pension à plus d’un jour, dans le cadre duquel la banque centrale a acheté pour plus de 200 milliards de dollars d’instruments de financement bancaire à court terme depuis la mi-mars. Le programme n’a plus engendré d’achats depuis la mi-septembre.

La facilité d’achat des acceptations bancaires, portant sur des instruments de crédit à court terme servant couramment dans le financement du commerce international, a été fortement utilisée lors de son lancement en mars. Elle ne l’a pas été du tout depuis la fin avril. La banque centrale a fait pour environ 47 milliards de dollars d’achats dans le cadre de ce programme. Cependant, tous les actifs achetés sont depuis arrivés à échéance, de sorte que la banque centrale n’a plus d’acceptations bancaires à son bilan.

Le programme d’achat d’Obligations hypothécaires du Canada date d’avant la pandémie, mais la Banque du Canada a augmenté radicalement ses achats pendant la crise. Depuis la mi-mars, elle a accumulé environ 8 milliards de dollars de ces obligations au titre de ses mesures d’urgence, ayant procédé à des achats deux fois par semaine directement auprès de la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Depuis quelques mois, les achats de la Banque ont généralement été inférieurs au quart de ce qu’ils étaient couramment au printemps.

Ces changements dans le programme d’assouplissement quantitatif auront peu de répercussions sur les taux d’intérêt et les marchés hypothécaires.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca