30 Mar

La Banque du Canada agit pour rétablir « la fonctionnalité des marchés financiers »

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada a pris une mesure d’urgence non planifiée, réduisant les taux de 50 points de base, jusqu’à 0,25 %. Elle a aussi annoncé des achats à grande échelle de papier commercial et de titres du gouvernement. Elle veut ainsi améliorer la liquidité et assurer la disponibilité de crédit.
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La Banque du Canada agit pour rétablir « la fonctionnalité des marchés financiers »

La Banque du Canada a abaissé aujourd’hui le taux cible du financement à un jour de 50 points de base pour le porter à 0,25 %. Cette décision non planifiée fait passer le taux directeur à sa valeur plancher. Elle a pour objectif de soutenir le système financier canadien et l’économie pendant la pandémie de COVID-19. (Voir le graphique ci-dessous.)

Les tensions sur les marchés du papier commercial et des titres du gouvernement ont mené aux mesures d’aujourd’hui allant dans le sens de l’assouplissement quantitatif. Le Conseil de direction de la Banque se rencontre chaque jour pendant la crise de la pandémie. L’illiquidité du marché est un problème important. La Banque considère qu’il est fondamental. Les vastes achats d’actifs financiers sont destinés à améliorer le fonctionnement des marchés financiers.

Les primes de risque de crédit ont augmenté sensiblement depuis quelques jours. Les gens se tournent vers l’argent liquide. La liquidité s’est évaporée dans tous les marchés financiers, même les marchés garantis par le gouvernement, comme ceux des Obligations hypothécaires du Canada (OHC) et des obligations et bons du gouvernement du Canada. Le marché du papier commercial – utilisé par les entreprises pour du financement à court terme – est devenu non fonctionnel. La Banque effectue de vastes achats d’actifs financiers sur des marchés non liquides, pour améliorer le fonctionnement des marchés sur toute la courbe de rendement. Elle ne tente pas pour le moment de modifier la forme de la courbe, mais elle pourrait le faire à l’avenir.

Ses achats créeront la liquidité dont le système financier a tant besoin, pour que l’intermédiation financière puisse fonctionner. Le risque a augmenté, ce qui engendre la nécessité d’injections de fonds plus importantes.

Lors d’une conférence de presse aujourd’hui, la première sous-gouverneure Carolyn Wilkins a évité de spéculer sur les autres mesures que la Banque pourrait prendre à l’avenir. Interrogée à savoir jusqu’où les choses pourraient aller, elle a répondu que tout dépend de la résolution des enjeux de santé liés à la COVID-19.

La Banque abordera les perspectives économiques de son Rapport sur la politique monétaire lors de sa réunion régulière du 15 avril. En réponse à des questions, le gouverneur Stephen Poloz a affirmé qu’il est difficile d’évaluer les répercussions qu’aura l’arrêt de l’économie. Un cycle négatif de pessimisme est manifestement enclenché. Les réductions de taux de la Banque aident à réduire les versements mensuels sur les dettes à taux variable. Le gouverneur espère préserver la confiance des consommateurs et l’attente d’un retour à la normale.

La chute du prix du pétrole à elle seule justifierait que la Banque du Canada réduise les taux d’intérêt. L’urgence médicale de la COVID-19 et l’arrêt de l’activité aggravent sensiblement la situation. La politique monétaire peut seulement amortir le coup et éviter des problèmes structurels dans l’économie. Le taux à un jour de 0,25 % concorde avec les taux du marché le long de la courbe de rendement.

Des niveaux élevés d’endettement des ménages ont été une source de préoccupation dans le passé. L’assouplissement de la politique monétaire aidera à faire le pont jusqu’à ce que les problèmes de santé soient résolus. Le marché de l’habitation, selon Mme Wilkins, ne suscite plus de crainte d’endettement excessif de la part de ménages à court d’argent.

Pour le moment, la Banque n’envisage pas des taux d’intérêt négatifs. La politique monétaire n’a plus guère de marge de manœuvre, comme les taux d’intérêt sont déjà très faibles. Les entreprises étant à l’arrêt, des taux plus bas n’inciteront pas les consommateurs à dépenser.

La Banque continuera ses vastes achats de dettes pendant une période prolongée afin de fournir de la liquidité. Elle peut le faire pratiquement sans limite, autant que nécessaire. Les responsables des politiques pensent aussi à la période d’après la crise. Ils veulent que l’économie ait de bonnes assises pour la croissance, lorsque l’activité reviendra à la normale.

Des mesures de stimulation financière sont essentielles en ce moment. Le soutien du revenu récemment annoncé pour les personnes qui ne bénéficient pas de l’assurance-emploi est un filet de sécurité particulièrement important pour l’économie. Il y a de nombreux autres éléments de stimulation, et le gouvernement reste prêt à en faire davantage au besoin.

Le dollar canadien a faibli à la suite des plus récentes mesures d’urgence de la Banque. Il a aussi souffert lourdement de la chute des prix du pétrole. Le Canada est doublement frappé : par la pandémie et par la guerre des prix pétroliers entre l’Arabie saoudite et la Russie. La baisse du dollar canadien mène à une hausse des prix des importations. Cependant, la pandémie a perturbé le commerce, et les importations ont baissé.

La Banque du Canada a laissé entendre qu’elle rencontre les dirigeants des six grandes banques deux fois par semaine. Le coût des fonds a grimpé pour les banques. La SCHL leur achète de forts volumes de prêts hypothécaires, ce qui, combiné aux achats d’OHC par la banque centrale, renforcera la liquidité. Les banques sont bien capitalisées et solides. Il existe un niveau très élevé de collaboration entre la Banque du Canada et les six grandes banques.

Le marché boursier connaît trois bonnes journées
Depuis trois jours, comme l’indique le graphique ci-dessous, la Bourse de Toronto a récupéré une partie de ses pertes, alors que le Canada et les États-Unis annonçaient d’énergiques mesures de stimulation financière. En outre, la Banque du Canada a maintenant baissé les taux d’intérêt trois fois depuis un mois, d’en tout 1,5 point de pourcentage. La Réserve fédérale américaine en a fait autant dans la même période. La banque centrale, en plus d’abaisser le coût des emprunts, a annoncé récemment une série de mesures visant à injecter des liquidités dans le système bancaire et les marchés monétaires. Elle veut aussi s’assurer de pouvoir faire face à toute tension dans le système financier qui toucherait l’ensemble du marché.

Les difficultés économiques commencent à peine au Canada, par suite de la flambée du chômage et de l’arrêt de toute activité hormis les services essentiels. La situation est semblable aux États-Unis, où les demandes initiales d’assurance-chômage ont atteint un sommet historique de 3,8 millions. Le record précédent était de 685 000, pendant la crise financière d’il y a une décennie. Voilà qui donne une première indication d’une économie terrassée par le virus, et ce n’est pas fini. Tout ceci est inédit, mais les responsables des politiques continueront assurément de faire tout ce qu’il faut pour amortir le coup de la pandémie pour les consommateurs et les entreprises, et pour faire le pont jusqu’au retour à la normale.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
17 Mar

La Fed réduit le taux à un jour d’un point de pourcentage, mais les marchés plongent

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Publié par: Robert Perrier

La Fed réduit le taux à un jour d’un point de pourcentage, mais les marchés plongent

Lors d’une réunion inédite dimanche après-midi, la Réserve fédérale américaine (Fed) a réduit son taux directeur de 100 points de base, jusqu’à la fourchette de 0 % à 0,25 % (voir le graphique ci-dessous). En outre, son comité a annoncé un accès accru à l’escompte officiel des prêts de la Fed aux banques. La Fed est le prêteur de dernier recours, et elle indique qu’elle fournira des liquidités au besoin. Les taux d’intérêt étant déjà si faibles, la Fed sait que des réductions de taux supplémentaires auront des effets limités. Cela étant, elle en revient à l’assouplissement quantitatif – l’achat de volumes importants de bons et obligations du Trésor américain ainsi que de titres adossés à des créances hypothécaires (TACH), afin d’injecter des liquidités dans le système financier.

Les marchés des titres du Trésor et des TACH américains sont habituellement les plus profonds et les plus liquides au monde. Depuis deux semaines cependant, la liquidité s’est évaporée. L’instabilité financière a grimpé fortement, avec le niveau élevé de volatilité. Les banques ont constaté d’importants retraits, les consommateurs s’assurant des réserves d’argent liquide comme de tout le reste. Le coût des fonds pour les banques a fortement augmenté en raison de la perception accrue du risque. Au vu de l’effondrement des prix du pétrole, les banques exposées au secteur pétrolier se ménagent des réserves pour prêts non productifs. Comme des entreprises cessent leurs activités partout et dans presque tous les secteurs, le risque de défaillance augmente encore. Les consommateurs confinés à la maison dépensent moins. Les travailleurs autonomes et les salariés à l’heure risquent de ne rien gagner. La fermeture des écoles ajoute une charge pour les parents qui n’ont pas d’autre solution de garde pour leurs enfants.

Selon l’organisme Centers for Disease Control and Prevention (CDC), toute cette perturbation pourrait durer des mois. Il a recommandé hier d’éviter les réunions de plus de 50 personnes pendant huit semaines. La situation a suscité des inquiétudes croissantes pour les banques. Les actions bancaires ont chuté, et le rendement des obligations bancaires a grimpé. Les banques et autres prêteurs hypothécaires craignent d’être inondés de demandes de refinancement, surtout aux États-Unis, où les pénalités pour résiliation d’une hypothèque sont sensiblement plus faibles qu’au Canada. En raison de la vague de refinancements aux États-Unis, le prix des TACH a fortement baissé, ce qui a augmenté leur rendement et fortement réduit la liquidité du marché.

La hausse des primes de risque, la probabilité d’une récession et le manque de liquidité font que les banques canadiennes et américaines augmentent certains taux hypothécaires. Les prêteurs rabotent le rabais accordé sur le taux préférentiel pour les prêts hypothécaires à taux variable. Certains taux fixes ont aussi augmenté légèrement. Un tel élargissement de l’écart entre les taux hypothécaires et les rendements des obligations gouvernementales s’était déjà vu lors de la crise financière. Les bilans des banques augmenteront considérablement à mesure qu’entreprises et consommateurs en difficulté puiseront davantage dans leurs lignes de crédit. Nombreux sont ceux qui ne parviendront pas à effectuer les paiements d’intérêts à temps. Les réserves pour pertes sur prêts, qui sont déjà en hausse, seront encore augmentées. Les dépôts liquides diminueront, bien des consommateurs étant contraints de vivre de leurs économies, hésitant à vendre leurs actions vu les cours sensiblement déprimés.

Nous ne sommes pas dans une période normale. Les mesures prises par la Fed n’ont pas calmé les marchés. Les rendements boursiers et obligataires ont croulé du jour au lendemain, et les marchés boursiers ont ouvert en forte baisse en Amérique du Nord. Le S&P 500 était en baisse de 8 % à l’ouverture, et le TSX, de 11 %, ce qui a déclenché le coupe-circuit suspendant les transactions – pour la troisième fois en une semaine. Le TSX est à environ 35 % sous son récent sommet (voir le graphique ci-dessous), et le S&P 500, à plus de 20 %. Le recul relativement plus grand du marché boursier canadien reflète la grande place qu’y tient le secteur de l’énergie. Les deux secteurs les plus faibles du TSX sont l’énergie et la finance.

Le monde entier sait que la Fed et d’autres banques centrales arrivent au bout de leurs munitions. Le gouverneur de la Fed Jerome Powell a affirmé hier qu’il n’irait pas jusqu’à des taux directeurs négatifs, mais recourrait plutôt au « cadrage prospectif » et à l’achat d’actifs (assouplissement quantitatif).

La bonne nouvelle est que les banques sont fortement capitalisées et beaucoup plus résilientes que lors de la crise financière. Depuis cette époque, les banques centrales ont mis en place des mesures pour surveiller la stabilité financière. Vendredi dernier, le Bureau du surintendant des institutions financières (BFSI) du Canada a réduit l’exigence de fonds propres des banques canadiennes, libérant 300 milliards de dollars que les banques pourront utiliser pour soutenir des emprunteurs en difficulté. Le BFSI a mis en garde contre l’utilisation de ces fonds pour racheter des actions ou augmenter les dividendes.

Le BFSI a aussi suspendu la révision proposée du taux admissible pour les prêts hypothécaires, qui devait commencer le 6 avril. Le taux hypothécaire affiché publié chaque semaine par la Banque du Canada restera le taux admissible. Il est actuellement de 5,19 %, mais il devrait baisser cette semaine à environ 4,95 %.

En cette période extraordinaire cependant, il y a une perte de confiance dans le système financier. Certains réclament une fermeture complète des marchés boursiers – mais on peut imaginer la panique s’il devenait impossible de vendre des actifs. C’est alors qu’il y aurait réellement une ruée sur les banques. Ce n’est pas le moment de céder à la panique.

Le marché canadien du logement

L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) a annoncé aujourd’hui que les ventes résidentielles enregistrées sur les systèmes MLS® canadiens ont augmenté de 5,9 % en février 2020. Il s’agit d’une des progressions d’un mois à l’autre les plus élevées de la dernière décennie. Les ventes réelles (non désaisonnalisées) ont dépassé de 26,9 % celles de février 2019 – qui étaient toutefois très faibles. De fait, février 2019 a été le mois de février le plus faible en dix ans, ce qui explique en bonne part l’important gain de cette année. Février 2020 a également profité d’un jour supplémentaire en raison de l’année bissextile.

« La hausse du prix des propriétés s’accélère dans les marchés où les inscriptions se raréfient, plus particulièrement en Ontario, au Québec et dans les Maritimes, qui ensemble génèrent à peu près les deux tiers des ventes au pays, a indiqué Jason Stephen, le président de l’ACI. Au même moment, l’abondance de l’offre dans les Prairies et à Terre-Neuve-et-Labrador se traduit par une concurrence accrue entre les propriétaires-vendeurs. »

Le nombre d’habitations nouvellement inscrites a bondi de 7,3 % entre janvier et février, ce qui a plus qu’effacé les baisses de la fin 2019. Des gains ont été enregistrés à ce chapitre dans plusieurs grands marchés, dont la vallée du Fraser, Calgary, Edmonton, le Grand Toronto, Hamilton-Burlington, Kitchener-Waterloo, Windsor-Essex, Ottawa et Montréal.

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,7 % en février 2020 comparativement à janvier. Il s’agit du neuvième gain mensuel consécutif de l’Indice. Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en février 2020 se situait à environ 540 000 $, soit une hausse de 15,2 % comparativement au même mois l’année dernière. (Voir l’évolution des prix selon les régions, dans le tableau ci-dessous.)

Mais il n’y a là rien de surprenant, surtout au vu de tous les événements des deux dernières semaines. Que va-t-il maintenant arriver sur le marché du logement? Tout dépendra de l’évolution de la pandémie. Les taux d’intérêt faibles seraient normalement très favorables pour le marché du logement, surtout pour les acheteurs d’une première maison. Cependant, la distanciation sociale n’est guère compatible avec les maisons portes ouvertes et le magasinage immobilier.

De plus, la volatilité et l’instabilité minent la confiance des consommateurs. Les acheteurs qui avaient placé en bourse leurs économies pour une mise de fonds en ont perdu presque le tiers, sur papier. Par ailleurs, il faut se demander combien de vendeurs d’une maison voudraient voir une succession d’étrangers déambuler dans leur demeure pendant la pandémie. Le marché du logement, comme le reste, va probablement tourner au ralenti à court terme.

La Banque du Canada espère que ses réductions des taux d’intérêt stabiliseront le marché du logement, qui sinon aurait pu essentiellement se fermer. Les taux réduits se traduiront par des mensualités réduites pour les emprunteurs ayant un taux variable. On peut prévoir que la Banque réduira encore les taux, presque à zéro, comme la Fed. Jusqu’à présent, les banques canadiennes n’ont pas réagi à la réduction de taux de vendredi de la Banque du Canada. Le taux préférentiel avait baissé de 50 points de base le 5 mars, après que la Banque avait réduit son taux directeur d’autant le 4 mars. Les six grandes banques n’ont toutefois pas encore donné suite à la réduction de 75 points de base d’il y a trois jours.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Mar

D’extraordinaires mesures coordonnées pour atténuer l’impact économique de la pandémie au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Un ensemble exceptionnel de mesures gouvernementales coordonnées a été annoncé aujourd’hui pour aider à amortir le choc de la pandémie et de la chute des prix du pétrole pour l’économie canadienne.
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D’extraordinaires mesures coordonnées pour atténuer l’impact économique de la pandémie au Canada

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada adoptera un important plan de relance économique, dans le cadre d’un effort coordonné avec d’autres pays du Groupe des Sept pour contrer le ralentissement économique mondial et calmer les marchés. Lors d’une conférence de presse exceptionnelle tenue à 14 h aujourd’hui, le ministre des Finances Bill Morneau a pris place aux côtés du gouverneur de la Banque du Canada et le surintendant des institutions financières pour annoncer des mesures destinées à rassurer les marchés financiers, stimuler la confiance et soutenir l’économie canadienne.

À peine neuf jours après que la Banque du Canada a abaissé le taux directeur à un jour de 50 points de base, à 1,25 %, le gouverneur Stephen Poloz a annoncé une nouvelle réduction de 50 points de base, ramenant le taux directeur à 0,75 %. La Banque du Canada a fait la déclaration officielle suivante :

  • « La Banque du Canada a abaissé aujourd’hui le taux cible du financement à un jour de 50 points de base pour le ramener à ¾ %. Le taux officiel d’escompte s’établit à 1 %, et le taux de rémunération des dépôts, à ½ %. Cette décision non prévue se veut une mesure proactive prise à la lumière des chocs négatifs subis par l’économie canadienne en raison de la pandémie de COVID-19 et de la récente chute des prix du pétrole.
  • Il est clair que la propagation du coronavirus a des conséquences sérieuses pour les familles canadiennes et pour l’économie du pays. De plus, la diminution des prix du pétrole, même depuis notre dernière décision du 4 mars, pèsera grandement sur l’économie, en particulier dans les régions où le secteur de l’énergie est fortement présent.
  • La Banque publiera une nouvelle projection pour les économies canadienne et mondiale le 15 avril. À mesure que la situation évolue, le Conseil de direction se tient prêt à ajuster de nouveau la politique monétaire au besoin pour soutenir la croissance économique et maintenir l’inflation à la cible.
  • La Banque a aussi pris d’autres mesures pour veiller à ce que le système financier canadien dispose de suffisamment de liquidités. Ces mesures additionnelles ont été annoncées dans des avis distincts sur le site Web de la Banque. La Banque suit de près les conditions économiques et financières, en coordination avec les autres banques centrales et les autorités budgétaires du G7. »

À la conférence de presse, un journaliste à demandé à M. Poloz s’il était possible qu’il amène le taux directeur jusqu’à des niveaux négatifs. M. Poloz a répondu qu’il « n’aime pas les taux d’intérêt négatifs » et que le Canada a suffisamment de capacité d’action financière pour que, espère-t-il, des taux d’intérêt négatifs ne risquent pas d’être nécessaires.

Et d’ajouter : « Conjuguée aux autres mesures annoncées aujourd’hui, la baisse des taux d’intérêt aidera à soutenir la confiance des entreprises et des ménages. Par exemple, les coûts d’emprunt seront plus bas pour les nouveaux achats de logements et pour les prêts hypothécaires à taux variable et les renouvellements de prêts hypothécaires. »

Aujourd’hui, la Banque a aussi annoncé l’établissement d’un nouveau mécanisme d’acquisition des acceptations bancaires. Cette mesure soutiendra un marché de financement essentiel pour les petites et moyennes entreprises à un moment où elles pourraient avoir des besoins de financement accrus et où les conditions du crédit se resserrent. Le mécanisme achètera des acceptations bancaires à 1 mois à partir de la semaine du 23 mars. Des précisions suivront. Ceci s’ajoute à l’annonce d’opérations de pension à plus d’un jour à des échéances de 6 et 12 mois. Ces opérations auront lieu toutes les deux semaines.

Le ministre Morneau a annoncé qu’il présenterait un plan de relance économique la semaine prochaine, prévoyant 10 milliards de dollars de fonds nouveaux pour les deux organismes de financement des entreprises du pays : la Banque de développement du Canada et Exportation et développement Canada. Un montant de 1 milliard de dollars a été affecté aux mesures nationales de santé publique annoncées plus tôt cette semaine, accompagnées de quelques mesures modestes de soutien des travailleurs touchés.

Ainsi, d’importantes mesures de relance seront mises en œuvre la semaine prochaine. Leur montant n’a pas été précisé, mais il semble raisonnable de s’attendre à ce qu’il soit de l’ordre de 1 % du PIB. M. Morneau a aussi fait remarquer que le gouvernement envisage de fournir une aide directe aux particuliers et aux familles. Les vannes sont sur le point d’être ouvertes.

Enfin, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSFI) réduit l’exigence de fonds propres pour les six grandes banques canadiennes. Le surintendant Jeremy Rudin, qui dirige l’organisme de réglementation des banques du Canada, a annoncé qu’il réduirait la « réserve pour stabilité financière » du pays de 1,25 point de pourcentage de l’actif pondéré en fonction du risque, avec effet immédiat. La réserve sera de 1 %, contre 2,25 % précédemment. M. Rudin a rappelé que le gouvernement étudie une aide directe aux particuliers et aux familles. La mesure accroîtra la capacité de prêt des grandes banques de quelque 300 milliards de dollars. Elle réconfortera aussi le marché boursier, qui a vu les actions des banques péricliter depuis deux semaines. La santé des bilans des banques canadiennes suscitent toujours des inquiétudes quand les marchés sont sous pression.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé qu’il suspend les consultations sur le changement proposé au test de résistance pour les prêts hypothécaires non assurés. La révision du test pour les prêts hypothécaires assurés commencera le 6 avril comme prévu. Le BSIF veut attendre que les marchés reviennent à la normale avant de prendre une décision finale sur le taux admissible pour les prêts assurés. Il faut espérer que les banques réduiront leurs taux hypothécaires affichés à la suite de la baisse globale de 100 points de base du taux de financement à un jour et de la chute du rendement des obligations du gouvernement à 5 ans (voir le graphique ci-dessous). Le 12 mars, le Sommaire quotidien de la Banque du Canada maintenait encore le taux des prêts hypothécaires ordinaires – 5 ans (c.‑à‑d. le taux affiché) à 5,19 %.

Nous surveillerons maintenant ce que les banques feront en réponse à ces mesures. Réduiront-elles leurs taux préférentiels encore de 50 points de base? En feront-elles bénéficier les emprunteurs ayant un prêt hypothécaire à taux variable? Lundi sera une journée intéressante.

En somme : Voilà un excellent début pour anticiper ce qui sera probablement une période très délicate pour l’économie canadienne. Cependant, il reste à voir les détails. Des mesures de relance supplémentaires seront sans doute annoncées dans les jours et semaines à venir (de la part du gouvernement fédéral et des provinces). Prévoyez aussi que d’ici avril, la Banque du Canada réduira encore les taux de 50 points de base, jusqu’à 0,25 % pour le taux directeur à un jour. Au demeurant, si la situation se détériorait plus que prévu, la Banque du Canada, le gouvernement et le BSIF ont encore de la marge pour en faire davantage.

Le contraste est frappant au regard de la politique inepte et décousue au sud de la frontière. Espérons que les marchés financiers constateront à quel point le Canada est bien mieux préparé, tant financièrement que sur le plan de la santé publique, que ne le donnerait à croire notre récente performance boursière.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
10 Mar

Tourmente sur les marchés mondiaux, chute du cours du pétrole et des rendements

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Publié par: Robert Perrier

Nouveau choc ce lundi matin : le pétrole perd un cinquième de sa valeur du jour au lendemain alors qu’un affrontement entre l’Arabie saoudite et la Russie menace d’inonder de brut un monde déjà secoué par le coronavirus. Les provinces des Praires canadiennes subissent les contrecoups.
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Tourmente sur les marchés mondiaux, chute du cours du pétrole et des rendements

Les marchés tremblent face à une guerre des prix du pétrole et aux répercussions économiques de l’épidémie de coronavirus. Les investisseurs inquiets se sont rués vers des valeurs refuges faisant baisser les rendements jusqu’à des planchers records. Les prix du pétrole ont chuté de 30 % après que l’Arabie saoudite a annoncé son intention de réduire la plupart de ses prix et d’augmenter sa production en réaction au refus de la Russie de s’associer à l’OPEP pour soutenir les prix (voir le graphique ci-dessous). Les marchés de change en ont été secoués : la baisse subite des cours du pétrole et des actions a entraîné une fuite des devises liées aux produits de base, en faveur de la sécurité perçue du yen japonais et du dollar américain. Le dollar canadien a baissé à 0,7362 $US jusqu’à présent. Le rendement à 5 ans des obligations du gouvernement du Canada a baissé jusqu’à 0,284 %, avant de se rétablir jusqu’à environ 0,535 %, ce qui reste bien sous les 0,65 % de la clôture de vendredi (voir deuxième graphique ci-dessous).

Le cours des actions s’est écroulé dans la première heure des transactions en Amérique du Nord. La panique a fait baisser le Dow de 2000 points, et le S&P 500 a perdu 7 %, ce qui a déclenché un coupe-circuit suspendant les transactions pendant 15 minutes. Le TSX a effectué une plongée vertigineuse à l’ouverture, perdant plus de 1400 points ou 9,0 %, entraîné dans sa baisse par les pétrolières et les financières.

La propagation du coronavirus hors de la Chine a triplé dans la dernière semaine. Le département d’État américain a annoncé hier que les personnes âgées devraient éviter les croisières, surtout si elles ont un système immunitaire affaibli. La crainte d’une récession grandit à mesure que l’épidémie progresse.

Aux États-Unis, d’aucuns s’inquiètent de ce que le gouvernement ne gère pas convenablement l’épidémie. Des informations contradictoires circulent, et il manque de trousses de dépistage alors que le nombre de cas de coronavirus a franchi le cap des 500 en fin de semaine. Le président Trump a retweeté un mème de lui-même jouant du violon dimanche, comme l’aurait fait l’empereur romain Néron pendant que Rome brûlait. Or, le leadership revêt une importance capitale en cette période.

Les coûts de l’emprunt sont en forte baisse – ce qui est un aspect positif de la situation pour les acheteurs d’une première maison. Le meilleur conseil pour les investisseurs est de résister à la panique. Tout ceci passera, bien que nul ne sache quand,

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
4 Mar

La Fed sort les gros canons

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Publié par: Robert Perrier

 La Fed sort les gros canons

La Réserve fédérale américaine frappe un grand coup. Avant même sa réunion régulière du 18 mars, elle a réduit son taux cible des fonds à un jour de 50 points de base d’un coup, dans la fourchette de 1 % à 1,25 %. Il est maintenant franchement sous le taux cible de 1,75 % de la Banque du Canada. Quand celle-ci tiendra sa réunion demain, elle pourrait être contrainte de décréter une baisse à son tour, peut-être aussi de 50 points de base.

La Fed n’a pas réduit ses taux en dehors de son cycle normal de réunions depuis le 8 octobre 2008, quand l’effondrement de Lehman Brothers avait secoué les marchés financiers. Cette façon de faire est donc rare, quoique pas inédite.

La Banque du Canada est tiraillée. Une réduction de taux si importante stimulerait l’emprunt des ménages et le marché du logement, que la Banque juge suffisamment robuste.

Le Federal Open Market Committee (FOMC, le groupe d’élaboration des politiques de la Fed) s’est expliqué par voie de déclaration : « Les bases de l’économie américaine restent solides. Cependant, le coronavirus pose de nouveaux risques pour l’activité économique. À la lumière de ces risques, pour soutenir ses objectifs d’un emploi maximum et d’une stabilité des prix, le FOMC a décidé aujourd’hui de réduire la fourchette cible du taux des fonds fédéraux d’un demi-point de pourcentage, le situant entre 1 % et 1,25 %. Le FOMC surveille étroitement les développements et leurs implications pour les perspectives économiques. Il utilisera ses outils et agira de façon à soutenir l’économie. »

Le président de la Fed Jerome Powell a donné une conférence de presse à 11 h (heure de l’Est), affirmant que la propagation du virus pose un risque pour l’économie, que la situation continue d’évoluer et qu’elle exige une action immédiate. Le FOMC a estimé que le risque s’était aggravé. La Fed a agi unilatéralement, par opposition à l’action coordonnée des banques centrales en réponse à la crise financière de 2008.

Cependant, la Fed est en discussion avec d’autres banques centrales, et la Banque centrale européenne a indiqué aujourd’hui qu’elle prendra toute mesure nécessaire. Les banques centrales de la zone euro et du Japon ont moins de marge de manœuvre, ayant déjà des taux négatifs.

Selon les propos tenus aujourd’hui par son gouverneur Mark Carney, la Banque d’Angleterre agira face au choc du virus. M. Carney a évoqué la complexité de la gestion du traumatisme pour les banques centrales. Celles-ci doivent déterminer si les répercussions touchent la demande – auquel cas les banques centrales ont davantage de capacité d’action – ou l’offre – auquel cas il leur est plus difficile d’agir.

Les responsables des finances et des banques centrales du G-7 ont prévu une rare conférence téléphonique aujourd’hui.

Comme les tensions électorales montent aux États-Unis – c’est le Super mardi aujourd’hui, il est facile d’imaginer que la décision de la Fed est autant politique qu’économique. Elle survient alors que le président Trump fait publiquement pression en faveur d’une réduction des taux. Même après la réduction radicale d’aujourd’hui, le président voudrait aller plus loin. Dans un gazouillis, il a réclamé que la Fed augmente encore l’assouplissement et, surtout, s’harmonise avec les autres pays concurrents. Il affirme qu’actuellement, les règles du jeu ne sont pas équitables pour les États-Unis.

Politiser la Fed est dangereux et mine la crédibilité mondiale de la banque centrale américaine.

Les marchés boursiers mondiaux ont déjà effacé une partie des pertes encourues aujourd’hui. Les bourses américaines ont entamé la journée sur un important délestage, après avoir enregistré une hausse la veille. Les rendements obligataires ont continué de décliner.

En somme pour le Canada : Le rendement des obligations du gouvernement du Canada sur 5 ans a baissé fortement aujourd’hui. Il se situait à 0,925 % et restait en baisse au moment d’écrire ces lignes. Avant l’annonce de la Fed, il était à 1,04 %. La Banque du Canada réduira probablement ses taux à un jour demain, pour la première fois depuis octobre 2018. Mais de combien? Je dirais de 25 points de base, sachant que le gouverneur Stephen Poloz s’inquiète de l’endettement des ménages.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
2 Mar

La peur du virus s’empare du Canada

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Publié par: Robert Perrier

 La peur du virus s’empare du Canada

Comme s’il n’y avait pas déjà assez de volatilité dans l’air, une nouvelle vague d’anxiété face à un virus chambarde les marchés financiers mondiaux. Le nouveau coronavirus COVID-19 continue de se propager, semant pour un septième jour la panique sur les marchés boursiers et obligataires du monde entier. Le cours des actions s’est effondré en Asie, en Europe, aux États-Unis et au Canada. Le délestage est motivé principalement par le souci que les mesures prises pour contenir le virus ne pèsent sur les bénéfices des entreprises et n’entravent la croissance économique, sans empêcher que l’épidémie ne s’aggrave.

Les taux d’intérêt sont en forte baisse, jusqu’à des niveaux record reflétant une désaffection des actions et de produits de base comme le pétrole en faveur de refuges comme les obligations gouvernementales et l’or. Au Canada, le rendement obligataire à cinq ans a baissé jusqu’à 1,16 % ce matin, une perte de 50 points de base jusqu’à présent cette année et 65 points plus bas qu’un an plus tôt (voir le graphique ci-dessous). Les taux hypothécaires sont étroitement liés au rendement des obligations gouvernementales sur cinq ans, donc il est probable que les taux hypothécaires continueront de subir une pression baissière. Les prix du pétrole ont fortement diminué, ce qui est particulièrement douloureux pour les provinces des Prairies. Le cours du pétrole brut WTI a chuté à près de 45 $US le baril, contre 62,50 $ plus tôt cette année.

Le dollar canadien a aussi souffert, baissant à 0,7468 $US contre un sommet de 0,7712 cette année.

L’économie canadienne était déjà à la peine, comme l’indiquent les données du PIB au quatrième trimestre, publiées aujourd’hui. Selon Statistique Canada, l’économie était presque à l’arrêt au quatrième trimestre, suite au plus fort déclin des exportations depuis 2017 et à une baisse des investissements des entreprises. Les dépenses des ménages étaient toutefois favorables, reflétant un marché du travail vigoureux et des salaires en hausse.

Les données mensuelles de décembre, également publiées aujourd’hui, sont plus fortes que prévu. L’économie avait donc un bel élan en abordant 2020, avant que le coronavirus ne gâche la situation.

La faible croissance de 0,3 % au quatrième trimestre était prévue en raison d’une série de facteurs temporaires, y compris une grève ferroviaire d’une semaine, des perturbations dans les usines de fabrication et des fermetures de pipelines. Même si une légère progression a été enregistrée en décembre, le premier trimestre sera assurément handicapé par les barricades ferroviaires et les perturbations dans l’approvisionnement et les voyages ainsi que la baisse du tourisme provoquées par le virus.

En somme : Sur les marchés boursiers, il n’est jamais judicieux de vendre sous le coup de la panique. Le TSX était en baisse de 550 points à l’ouverture ce matin, après la fermeture d’hier. Les transactions ont été suspendues jeudi vers 14 h, pour des raisons techniques.

Tout cela n’est favorable ni pour la psychologie, ni pour l’économie.

La Banque du Canada tient une réunion mercredi prochain. À l’évidence, son communiqué abordera ces enjeux. Il est peu probable que la Banque réduise les taux le 4 mars. Cependant, si les perturbations économiques perdurent, les taux pourraient baisser d’ici le milieu de l’année.

Le nouveau test de résistance sera en place le 6 avril. Si les taux sont alors au niveau d’aujourd’hui, le taux admissible pour les emprunteurs hypothécaires serait plus de 40 à 50 points de base sous les 5,19 % d’aujourd’hui. Voilà qui stimulera encore un marché du logement déjà effervescent.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
26 Fév

Le ministre Morneau annonce un nouveau taux de référence pour l’admissibilité à un prêt hypothécaire assuré

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Publié par: Robert Perrier

Le nouveau taux admissible sera soit le taux hypothécaire contractuel, soit un nouveau taux de référence qui en sera très près, plus 200 points de base dans chaque cas. Le communiqué du ministère des Finances affirme que « le gouvernement du Canada a instauré des mesures afin d’aider un plus grand nombre de personnes à répondre à leurs besoins en matière de logement, tout en continuant de prendre des mesures réfléchies pour limiter les risques dans le marché du logement. Un marché du logement stable et sain est un élément clé d’une économie vigoureuse, laquelle est essentielle pour bâtir et appuyer une classe moyenne forte. »

Les changements entreront en vigueur le 6 avril 2020. Le nouveau taux de référence correspondra à la valeur médiane hebdomadaire des taux d’intérêt des prêts hypothécaires assurés de 5 ans à taux fixe indiqués dans les demandes d’assurance traitées, plus 2 %.

Le changement survient à la suite d’un récent examen effectué par des organismes financiers fédéraux. Il concluait que le taux admissible minimal devrait être plus dynamique pour mieux refléter l’évolution des conditions du marché. Dans l’ensemble, l’examen a déterminé que le test de résistance hypothécaire permet de s’assurer que les acheteurs d’une habitation pourront assumer leur achat même si les taux d’intérêt augmentent, si leurs revenus changent ou s’ils doivent engager des dépenses imprévues.

L’ajustement apporté au test de résistance le rendra plus représentatif des taux hypothécaires proposés par les prêteurs et plus sensible aux conditions du marché.

Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a par ailleurs annoncé qu’il envisageait d’utiliser aussi ce nouveau taux de référence pour déterminer le taux admissible minimal s’appliquant aux prêts hypothécaires non assurés.

La règle actuelle sur l’admissibilité, adoptée en 2016 pour les prêts hypothécaires assurés et en 2018 pour les prêts hypothécaires non assurés, n’était pas suffisamment sensible face à la chute récente des taux d’intérêt sur les prêts. Le test de résistance était ainsi trop sévère. La règle retenait comme taux admissible le taux affiché par les six grandes banques, majoré de 2 points de pourcentage. Les banques tardaient de plus en plus à ajuster leurs taux affichés alors que les rendements du marché à 5 ans étaient en baisse. Quand les taux ont chuté ces dernières semaines, en particulier depuis l’apparition du coronavirus, l’écart entre taux hypothécaires affichés et taux contractuels s’est encore agrandi au-delà de ce qui était constaté depuis deux ans.

Le changement du 6 avril devrait réduire le taux admissible d’environ 30 points de base, si les taux contractuels restent plus ou moins aux niveaux actuels. Le 18 février 2020, selon un porte-parole du ministère des Finances, en fonction de la valeur médiane hebdomadaire des taux d’intérêt des prêts hypothécaires assurés de 5 ans à taux fixe indiqués dans les demandes d’assurance reçues par la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le nouveau taux de référence serait d’environ 4,89 %. Voilà qui est 30 points de base de moins que le taux de référence actuel de 5,19 %.

La Banque du Canada calculera le nouveau taux de référence chaque semaine, à partir des taux indiqués dans les demandes d’assurance de prêt hypothécaire traitées par les trois assureurs hypothécaires du Canada.

Le BSIF a confirmé qu’il envisage aussi le nouveau taux de référence comme taux minimum pour le test de résistance à l’égard de prêts hypothécaires non assurés (avec mise de fonds d’au moins 20 %).

« Le nouveau taux de référence proposé pour les prêts non assurés est basé sur les taux consentis par un plus vaste échantillon de prêteurs et serait, de ce fait, plus représentatif du marché en général et plus réactif aux fluctuations des taux contractuels consentis », a déclaré le BSIF dans un communiqué (en anglais seulement).

« Le projet du BSIF intègre non seulement un seuil plus précis, mais il insuffle également une cohérence entre les taux de référence utilisés pour évaluer à la fois les prêts hypothécaires assurés et non assurés », ajoute-t-il. (Heureusement, car le marché hypothécaire n’a certainement pas besoin d’un surcroît de complexité.)

Les nouvelles règles stimuleront sans doute le marché printannier, qui semblait déjà destiné à être porteur. Elles n’augmenteront peut-être le pouvoir d’achat que de 3 % (tout dépendant du niveau réel du nouveau taux de référence le 6 avril), mais elles auront un effet psychologique positif. Les acheteurs – et surtout les acheteurs d’une première maison – s’inquiètent de l’abordabilité, au vu des augmentations de prix d’au-delà de 10 % des 12 derniers mois.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca
26 Fév

Le peu de nouvelles inscriptions ralentit les ventes de logements en janvier

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Publié par: Robert Perrier

Le peu de nouvelles inscriptions ralentit les ventes de logements en janvier

Les reventes de maisons augmentent à Vancouver et Montréal, mais baissent à Toronto et Ottawa en raison du peu de nouvelles inscriptions. Les prix continuent d’augmenter en même temps que le marché du logement se redresse.

Bon début en 2020 : forte augmentation des emplois en janvier

Les ventes de logements baissent légèrement en janvier, alors qu’une offre limitée fait grimper les prix

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes nationales de maisons existantes ont baissé légèrement entre décembre et janvier, en raison d’un faible nombre de nouvelles inscriptions, surtout dans la région du Grand Toronto. Comme l’indique le graphique ci-dessous, les ventes mensuelles de maisons restent néanmoins solides.

Les ventes résidentielles canadiennes enregistrées par les systèmes MLS® ont reculé de 2,9 % en janvier 2020; elles demeurent néanmoins parmi les plus fortes ventes mensuelles des dernières années.

Le nombre de transactions a diminué sur un peu plus de la moitié des marchés locaux en janvier. Un ralentissement de plus de 18 % dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique a eu le plus gros impact sur le nombre de transactions à l’échelle nationale. Selon l’ACI, « Malgré quelques gains importants réalisés en janvier, il faut noter qu’un bon nombre des résultats plus faibles sont attribuables à la pénurie de nouvelles propriétés à vendre sur des marchés où l’offre est déjà très serrée. »

Les ventes réelles (non désaisonnalisées) ont tout de même affiché une hausse de 11,5 % comparativement à janvier 2019. Il s’agit des meilleures ventes mensuelles pour ce mois enregistrées depuis 12 ans. Les transactions ont surpassé celles de l’an dernier sur environ les deux tiers de l’ensemble des marchés locaux, y compris sur la plupart des plus grands marchés urbains. Certains des plus grands marchés où les ventes ont baissé, comme Ottawa et Windsor-Essex, sont parmi les marchés où l’offre est la plus serrée au Canada actuellement.

« La croissance des prix des propriétés se poursuit sur les marchés où il y a une pénurie d’inscriptions, surtout dans les régions du sud, du centre et de l’est de l’Ontario, tandis que l’abondance de l’offre dans les Prairies et à Terre-Neuve-et-Labrador entraîne une concurrence parmi les propriétaires-vendeurs », déclare Jason Stephen, président de l’ACI. »

Dans de nombreux marchés serrés, les vendeurs potentiels semblent attendre le printemps pour inscrire leur propriété, quand la météo est plus douce et que les acheteurs sont plus nombreux à chercher activement.

Nouvelles inscriptions
Le nombre de nouvelles inscriptions demeure quasi inchangé en janvier. Il a augmenté d’à peine 0,2 %, après une série de reculs qui l’avaient laissé à son niveau le plus bas en presque 10 ans. En janvier, il a encore baissé sur plusieurs grands marchés, notamment à Calgary, à Edmonton et à Montréal. Les régions de York et Durham du Grand Toronto ont compensé grâce à des gains attribuables à une reprise de l’offre au début de 2020, après un ralentissement marqué à la fin de l’an dernier.

Étant donné la baisse des ventes et la légère augmentation du nombre de nouvelles inscriptions en janvier, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a accusé un recul à 65,1 % en janvier, comparativement à 67,2 % en décembre 2019. La moyenne à long terme de cette mesure de l’équilibre du marché se situe tout de même à 53,8 %. Le ratio est nettement supérieur à la moyenne à long terme depuis quatre mois. Sauf changement imprévu aux tendances récentes en matière d’équilibre entre l’offre et la demande, on peut s’attendre à une accélération de la hausse des prix en 2020.

En effet, d’aucuns s’inquiètent que le plus grand marché du logement au Canada serait sur le point de connaître une nouvelle période d’effervescence, comme en 2016. Selon l’avis de l’économiste principal de Recherche économique RBC Robert Hogue, il paraît de plus en plus probable que nous allons revivre le début de 2016 à Toronto. L’économiste n’y voit pas un bon signe, estimant que c’est à ce moment que les choses ont commencé à surchauffer, propulsant les valeurs des propriétés à des niveaux excessifs dans l’année suivante.

La comparaison entre le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et la moyenne à long terme, révèle que près des deux tiers de l’ensemble des marchés locaux étaient en équilibre en janvier 2020. À l’exception de quelques régions de l’Alberta et de la Saskatchewan, les autres marchés ont tous favorisé les propriétaires-vendeurs. Comme l’indique le graphique ci-dessous, le marché du logement du Grand Toronto est favorable aux vendeurs.

On comptait 4,2 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin janvier 2020, niveau inchangé depuis novembre et décembre et le plus bas depuis l’été 2007. Cette mesure de l’équilibre du marché se situe maintenant un mois entier en dessous de sa moyenne à long terme de 5,2 mois.

Les mesures nationales de l’équilibre du marché continuent de masquer des variations importantes et croissantes à l’échelle régionale. Le nombre de mois d’inventaire dépasse largement la moyenne à long terme dans les provinces des Prairies, ainsi qu’à Terre-Neuve-et-Labrador, ce qui donne amplement de choix aux acheteurs dans ces régions. En revanche, la mesure demeure bien en deçà des moyennes à long terme en Ontario, au Québec et dans les Maritimes, ce qui entraîne une forte concurrence parmi les acheteurs et crée un contexte favorable à une hausse des prix. La mesure reste bien équilibrée en Colombie-Britannique dans son ensemble, mais elle se resserre dans la région de Vancouver, comme l’indique le graphique ci-dessous.

Prix des maisons
L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,8 % en janvier 2020 comparativement à décembre. Il s’agit du huitième gain mensuel consécutif de l’Indice. Il se chiffre à 5,5 % de plus que le niveau le plus bas atteint en mai l’an dernier. Il a surpassé les records antérieurs à chacun des six derniers mois (voir le graphique de l’ACI ci-dessous). En janvier, les résultats de l’IPP MLS® étaient en hausse par rapport au mois précédent, et ce, sur 14 des 18 marchés mesurés par l’Indice. (Voir le tableau de l’ACI ci-dessous.)

Suivant un déclin prolongé, la tendance des prix des propriétés s’est généralement stabilisée dans les Prairies au cours des derniers mois. Cependant, elle est clairement en hausse en Colombie-Britannique et dans le Grand Golden Horseshoe en Ontario. Plus à l’est, la croissance des prix à Ottawa, à Montréal et à Moncton se poursuit comme elle le fait depuis un certain temps déjà. Montréal et surtout Ottawa ont enregistré des hausses notables au cours des derniers mois.

Bien qu’une comparaison des prix des propriétés à ceux de l’année dernière révèle d’importantes variations à l’échelle du pays, une distinction régionale semble se dessiner à l’est et à l’ouest. En effet, des hausses sont observées dans l’est de l’Ontario, et une combinaison de gains et de baisses modestes est enregistrée en Colombie-Britannique et dans les Prairies.

Les prix des propriétés dans le Grand Vancouver (-1,2 %) demeurent légèrement inférieurs à ceux de l’année précédente, cependant les baisses deviennent de moins en moins marquées. D’ailleurs, les prix d’une année à l’autre ont remonté et ont atteint un résultat positif dans la vallée du Fraser (+0,3 %) en janvier. Ailleurs en Colombie Britannique, les prix des propriétés ont enregistré des hausses d’une année à l’autre dans la vallée de l’Okanagan (+3,5 %), à Victoria (+3,4 %) et ailleurs sur l’île de Vancouver (+4,0 %).

Calgary, Edmonton et Saskatoon ont continué d’enregistrer des baisses d’une année à l’autre, tandis qu’à Regina, l’écart s’est creusé pour s’établir à -6,9 %.

En Ontario, la croissance des prix des propriétés d’une année à l’autre s’est accélérée de nouveau dans la majeure partie du Grand Golden Horseshoe, et plusieurs marchés frisent les gains à deux chiffres. Parallèlement, la croissance des prix s’est poursuivie sans interruption au cours des dernières années à Ottawa (+13,7 %), à Montréal (+9,8 %) et à Moncton (+6,4 %).

Les prix d’une année à l’autre de toutes les catégories de propriétés de référence suivies par l’Indice ont continué d’accélérer vers des résultats positifs. Chaque type de propriété a enregistré des gains similaires. Les condos ont affiché les plus importantes augmentations de prix d’une année à l’autre (+5,0 %), suivis de près par les maisons unifamiliales à deux étages (+4,8 %), les maisons unifamiliales à un étage (+4,4 %) puis les maisons en rangée (+4,2 %). Plus tôt dans le présent cycle, les prix des condos ont progressé nettement plus que ceux des maisons unifamiliales. Depuis un an toutefois, les unifamiliales ont fait mieux que se rattraper.

Par ailleurs, le tableau ci-dessous indique que le prix de référence d’une maison à Oakville-Milton, dans la région de Toronto, est maintenant plus élevé que dans le Grand Vancouver : 1,05 million de dollars contre 1,026 million de dollars. Le Grand Toronto a un marché beaucoup plus vaste et plus diversifié; son prix de référence est de 840 900 $.

Pour les consommateurs, les dettes non garanties sont un plus grand problème que les dettes hypothécaires

En somme : Les marchés du logement du Canada se renforcent alors que les taux d’intérêt continuent de baisser, la croissance de l’emploi se maintient, les gains salariaux sont appréciables et l’immigration étrangère stimule la demande. Le taux utilisé pour le test de résistance reste fixé à 5,19 %, mais l’épidémie de coronavirus fait que les forces du marché exercent une pression baissière sur les taux. La Banque TD a réduit son taux affiché à 4,99 %. Si la pression continue d’agir, ce qui est probable au vu des nouvelles émanant de Chine, d’autres grandes banques pourraient suivre TD, ce qui ferait baisser le taux admissible. Quoi qu’il en soit, les taux hypothécaires contractuels sont encore une fois susceptibles de baisser.

Il est peu probable que la Banque du Canada réduise son taux directeur à un jour lors de sa prochaine réunion, le 4 mars. Ce sera un signe de la résilience de l’économie canadienne et de l’endettement des ménages canadiens. Les cas d’insolvabilité de consommateurs ont augmenté de 9,5 % en 2019, la plus forte augmentation annuelle depuis la récession de 2008-2009. Il faut toutefois noter que cette évolution est attribuable à des excès de créances sur carte de crédit et de prêts automobiles, pas de dettes hypothécaires.

Les cas d’insolvabilité de consommateurs comprennent les faillites de ménages et les propositions (voir le graphique ci-dessous). Les faillites sont en baisse depuis la reprise économique qui a commencé en 2009. L’augmentation de l’année passée découle d’une hausse du nombre de « propositions » – offres de payer aux créanciers un pourcentage des montants dus et de prolonger le calendrier de remboursement, recours accessible aux personnes ayant jusqu’à 250 000 $ en dettes non garanties.

La dette hypothécaire, pour sa part, a été solide comme le roc. Les plus récentes données de l’Association des banquiers canadiens indiquent qu’à peine 0,23 % des prêts hypothécaires accusaient un retard supérieur à 90 jours en août 2019, le taux le plus bas depuis 1990. Ce n’est pas dire que la dette hypothécaire n’est pas source de préoccupation pour certains ménages. L’hypothèque représente 45 % du service de la dette pour le ménage moyen. Cependant, ceux qui peinent à effectuer les versements sur leurs emprunts accordent sans doute la priorité à leurs prêts hypothécaires par rapport à leurs cartes de crédit ou leurs prêts automobiles. L’insolvabilité a aussi augmenté chez les personnes sans dette hypothécaire.

La Banque du Canada et les organismes de réglementation auraient intérêt à s’attaquer à l’excès de dettes non garanties des ménages plutôt que de faire une fixation sur le seul test de résistance hypothécaire.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
26 Fév

Bon début en 2020 : forte augmentation des emplois en janvier

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Publié par: Robert Perrier

Bon début en 2020 : forte augmentation des emplois en janvier

En janvier comme en décembre, les données sur l’emploi redressent la barre après les résultats décevants de novembre, apportant de bonnes nouvelles pour l’économie canadienne. Le secteur manufacturier en tête, le taux de chômage baisse et l’augmentation des salaires s’accélère notablement. Le solide marché du travail et la bonne tenue de la confiance des consommateurs, à peu près au niveau des moyennes historiques en janvier, rassurent quant à la résilience de l’économie.

L’économie canadienne a gagné 34 500 emplois à temps plein au net en janvier, surpassant les attentes des économistes. Le taux de chômage a baissé légèrement, jusqu’à 5,5 %, la croissance des salaires s’est accélérée jusqu’à 4,4 % et les heures travaillées ont augmenté de 0,5 %. Ce deuxième bilan positif du marché du travail au Canada renforcera l’opinion de la Banque du Canada sur la santé sous-jacente de l’économie canadienne.

Le ralentissement de l’activité au deuxième semestre de l’an passé était davantage le résultat de perturbations et de tensions géopolitiques temporaires. Certains des facteurs restent présents, et s’y ajoute le coronavirus, qui a entravé les voyages et le commerce, et entraîné une chute des prix de l’énergie et d’autres produits de base.

Le secteur manufacturier et le secteur de la construction ont connu les plus fortes progressions, et l’agriculture a aussi augmenté. Le Québec, le Manitoba et le Nouveau-Brunswick ont enregistré des gains. Il y avait moins de personnes au travail en Alberta, et le taux de chômage a augmenté en Saskatchewan. Les deux provinces des Prairies ont été durement touchées par la baisse des prix du pétrole et d’autres produits de base.

La Colombie-Britannique a continué d’afficher le plus faible taux de chômage, suivie du Manitoba, du Québec et de l’Ontario (voir le tableau ci-dessous).

En somme : L’économie du Canada a été renforcée par le taux d’immigration le plus élevé des pays du G7, ce qui a suscité un boom sur le marché du logement. En résulte une demande accrue pour tous les travailleurs, depuis les plombiers jusqu’aux électriciens. De fait, Bloomberg News a récemment souligné la poussée des emplois chez les hommes, plus forte au Canada qu’aux États-Unis, où les femmes ont récemment dépassé les hommes parmi les détenteurs d’un emploi.

L’augmentation de l’emploi chez les femmes est forte au Canada aussi, et les taux de participation au marché du travail y sont plus élevés qu’aux États-Unis. Au Canada, le taux de chômage des femmes de 25 ans ou plus est de 4,6 %, contre 4,9 % pour les hommes.

Selon Bloomberg News:

  • Jared Menkes, vice-président exécutif de l’entreprise torontoise Menkes Developments Ltd., affirme que la recherche d’une main-d’œuvre suffisante est une constante source d’anxiété. Le centre de Toronto a connu le plus grand taux de croissance de la population en Amérique du Nord l’an dernier (voir le graphique ci-dessous). Il s’y est construit une douzaine d’immeubles de bureaux et d’innombrables condos ainsi que 25 stations de train léger, des hôpitaux et toutes sortes d’ouvrages d’infrastructure. « Nous sommes à court d’ouvriers, qu’il s’agisse de grutiers, de poseurs de panneaux muraux, d’électriciens, de plombiers, de conducteurs, dit M. Menkes. Nous sommes à court de conducteurs de camion, d’architectes, de consultants. »

Environ la moitié de tous les immigrants au Canada s’établissent en Ontario. Cependant, comme l’illustre le second graphique ci-dessous, le Québec et la Colombie-Britannique ont aussi attiré une bonne part des nouveaux résidents. La Banque du Canada s’appuie sur ce facteur pour estimer que l’économie continuera de croître en 2020 et 2021. À coup sûr, il s’agit d’un élément nettement positif pour les marchés du logement dans ces provinces.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca
9 Fév

Le taux de référence pour l’admissibilité à un prêt hypothécaire au Canada a baissé à 4,99 %

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Publié par: Robert Perrier

Les taux d’intérêt du marché ont chuté depuis que le coronavirus a incité les investisseurs à rechercher la sécurité des obligations du gouvernement. Le rendement des obligations du gouvernement à 5 ans – un précurseur des taux hypothécaires conventionnels – est maintenant de 1,34 %. Il était de 1,60 % ou plus avant que le virus ne fasse la manchette à l’échelle mondiale (voir le graphique ci-dessous).

Ce matin, une des six grandes banques canadiennes a finalement réagi. TD a réduit son taux fixe sur 5 ans à 4,99 %. Le taux affiché de TD était précédemment de 5,34 %, donc la baisse est de 36 points de base. D’autres banques ont réduit leur taux admissible à 5,19 %, en juillet dernier, ce qui a amené la Banque du Canada à ramener son taux hypothécaire conventionnel sur 5 ans à 5,19 %. Ce taux est celui qui sert à déterminer l’admissibilité en vertu de la ligne directrice B-20 entrée en vigueur le 1er janvier 2018.

Même les organismes de réglementation ont remis en question l’efficacité et l’équité de l’utilisation du taux affiché par les grandes banques pour fixer le taux servant au test de résistance hypothécaire.

Le 24 janvier, Ben Gully, surintendant auxiliaire, Secteur de la réglementation du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), a prononcé une allocution à l’Institut C.D. Howe. À son avis, le taux du test de résistance B-20 ne serait pas plus de 200 points de base au-dessus des taux contractuels. Il a dit que le BSIF a choisi « le meilleur taux disponible à ce moment-là ».

Il a ajouté que pendant des années, l’écart entre le taux de référence et le taux contractuel moyen était de 200 points. « Toutefois, a-t-il avancé, cet écart s’est récemment élargi, ce qui suggère que le taux de référence est moins réactif à l’évolution des marchés qu’au moment où il a été proposé. Nous sommes en train de revoir cet aspect de notre taux admissible, puisque le taux affiché ne joue pas le rôle que nous attendions. Comme toujours, nous communiquerons nos résultats à nos partenaires fédéraux, ce qui aidera le BSIF à bien étayer l’avis à formuler au ministre, comme en fait mention sa lettre de mandat. »

En maintenant les taux affichés à un niveau trop élevé, les six grandes banques ont fait gonfler le taux admissible. Il a ainsi été plus difficile que nécessaire de réussir le test de résistance et d’obtenir une hypothèque.

La réduction de taux de TD est une bonne nouvelle, mais le taux affiché reste trop élevé au regard des normes historiques. Au vu des taux contractuels moyens d’aujourd’hui, le taux affiché devrait être plus bas d’au moins 20 points de plus.

Les banques ont un intérêt à gonfler leurs taux hypothécaires affichés. D’abord, ils servent de base au calcul des pénalités hypothécaires des grandes banques. Ils sont aussi le taux admissible minimum.

Le taux affiché ne reflète pas convenablement l’état du marché hypothécaire, car peu d’emprunteurs paient ce taux. Fait intéressant, les banques modulent souvent ce taux de concert, ou presque. Voilà qui est signe d’une position oligopolistique dominante sur le marché.

Si une ou deux des autres grandes banques suivent TD, le taux de référence de la Banque du Canada sera sous les 5 % pour une première fois depuis janvier 2018, quand la ligne directrice B-20 a été adoptée. L’abaissement de 20 points du taux servant au test de résistance, de 5,19 % à 4,99 %, ferait qu’il faudrait 1,8 % de revenu en moins pour être admissible à une hypothèque sur une maison au prix moyen au Canada (en supposant une mise de fonds de 20 %), ce qui augmenterait le pouvoir d’achat de 2 %. Cela ne semble pas énorme, mais l’effet psychologique pourrait être important sur des marchés immobiliers qui sont déjà sur une pente ascendante. Selon les plus récentes données de l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), le prix moyen national d’une maison a progressé de 9,6 % d’une année à l’autre, en décembre. Un taux admissible plus bas stimulerait encore un marché déjà bien actif ce printemps.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca