5 Juin

La Banque du Canada maintient les taux

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada adopte un ton plus positif

Face à un déclin dévastateur de l’économie canadienne, la Banque du Canada estime aujourd’hui que le pire des répercussions négatives de la pandémie sur l’économie mondiale est passé. Elle concède toutefois que l’incertitude reste élevée. La Banque a maintenu son taux cible à un jour à 0,25 %. Aucune réduction supplémentaire n’était attendue, puisque la Banque a déjà affirmé que le niveau de 0,25 % est la valeur plancher du taux directeur. Le gouverneur Poloz a pratiquement exclu des taux d’intérêt négatifs à moins que l’économie ne se détériore encore radicalement.

La réunion d’aujourd’hui du Conseil de direction est la dernière de Stephen Poloz en tant que gouverneur. Son successeur Tiff Macklem prend la relève ce même jour. M. Macklem a participé comme observateur aux délibérations du Conseil de direction. Il a adhéré à la décision prise sur le taux et aux mesures annoncées dans le communiqué de presse, assurant ainsi la continuité dans la politique monétaire.

La Banque a pris des mesures très énergiques pour soutenir la liquidité et le bon fonctionnement des marchés financiers, en achetant des titres à court terme et à long terme. Au bilan de la banque centrale, les titres ont augmenté jusqu’à un niveau correspondant à environ 20 % du PIB du Canada, contre 5 % avant la crise. Ce niveau reste bien inférieur à ceux de la Réserve fédérale américaine, de la Banque du Japon et de la Banque centrale européenne, qui ont toutes procédé à des opérations d’assouplissement quantitatif depuis la crise financière d’il y a plus de 10 ans. Cependant, les achats de titres effectués par la Banque du Canada ont été exceptionnels au regard de la taille de notre économie.

« Les mesures budgétaires fermes et ciblées, conjuguées aux taux d’intérêt plus bas, amortissent l’impact des fermetures sur le revenu disponible et aident à jeter les bases de la reprise économique », selon la banque centrale. Celle-ci soutient que l’économie canadienne semble avoir évité le scénario le plus grave évoqué dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’avril.

Au premier trimestre (T1), le niveau du PIB réel était à 2,1 % sous le niveau du T4 de 2019. La Banque du Canada prévoit maintenant que le PIB réel du T2 baissera encore de 10 à 20 %, conséquence des diverses activités qui restent à l’arrêt et de la forte réduction des investissements dans le secteur de l’énergie. Il y aurait ainsi un recul, du pic au creux, de 12 à 22 %, au lieu des 15 à 30 % qu’avait précédemment entrevus la banque centrale. Selon la Banque du Canada, « l’économie canadienne semble avoir évité le scénario le plus pessimiste ».

En somme : Bien que le degré d’incertitude reste élevé, il semble que le pire du ralentissement économique soit passé. Les données préliminaires de mai indiquent que les ventes de maisons ont progressé d’un mois à l’autre en mai dans les régions du Grand Toronto et du Grand Vancouver, même si elles restent sensiblement sous les niveaux d’un an plus tôt.

Certains s’inquiètent de l’inflation que pourrait déclencher les mesures monétaires et fiscales exceptionnelles prises pour stimuler l’économie ces derniers mois. Le gouverneur Poloz a indiqué clairement que sans ces mesures, les résultats désastreux de l’arrêt de l’économie auraient au contraire entraîné une forte déflation. Une déflation, combinée à des niveaux d’endettement élevés, aurait provoqué une dépression. Les modèles économiques sont d’une utilité limitée face aux retombées de la pandémie. Les responsables des politiques doivent faire preuve de souplesse dans leur action. Lorsque l’économie aura été relancée suffisamment et qu’ils commenceront à retirer les mesures spéciales, il leur faudra tout autant de doigté aussi bien sur le plan fiscal que sur le plan monétaire.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
19 Mai

Baisses records des inscriptions et des ventes résidentielles au Canada en avril

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Publié par: Robert Perrier

Les ventes et les inscriptions de maison ont chuté en avril, le premier mois complet de confinement, mais les prix baissent relativement peu.
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Baisses records des inscriptions et des ventes résidentielles au Canada en avril

Le confinement dû à la pandémie a plongé tous les secteurs de l’économie dans un coma artificiel. Le secteur du logement ne fait pas exception. Selon les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont connu une chute record en avril, premier mois complet de confinement pour cause de COVID-19. Elles ont baissé de 56,8 % par rapport aux données de mars, qui étaient déjà affaiblies. Les transactions ont diminué partout au pays.

Sur les grands marchés canadiens, les ventes ont reculé de 66,2 % dans le Grand Toronto, de 64,4 % à Montréal, de 57,9 % dans le Grand Vancouver, de 54,8 % dans la vallée du Fraser, de 53,1 % à Calgary, de 46,6 % à Edmonton, de 42 % à Winnipeg, de 59,8 % à Hamilton-Burlington et de 51,5 % à Ottawa.

L’industrie de l’immobilier résidentiel ne reste pas inactive pour autant. L’innovation technologique crée de nouvelles façons d’acheter et de vendre des maisons. D’après Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI : « On décèle des signes de reprise dans les premiers chiffres de mai, tant au niveau des ventes que des inscriptions, ce qui porte à croire que les technologies virtuelles nouvelles et existantes ont été adoptées par nos membres et leurs clients. Ces outils ont permis de poursuivre plusieurs activités essentielles de façon sécuritaire. Elles demeureront vraisemblablement indispensables pendant un certain temps. »

J’ai entendu des agents discuter d’un logiciel qui présente les propriétés aux acheteurs potentiels en leur permettant de voir les possibilités avec ou sans rénovations, et de choisir des options en matière de décor et d’aménagement. Avec le logiciel, il n’est plus nécessaire de procéder à une coûteuse mise en valeur matérielle, et il est possible d’être beaucoup plus créatif. C’est dire que quand il y a une difficulté, il y a une occasion d’imaginer une solution qui représente un progrès. Ceux qui créent et qui adoptent des innovations virtuelles apportant une telle solution pourraient gagner gros.

La pression sur les prix est restée modérée du fait que le nombre de nouvelles inscriptions était en baisse de 55,7 % en avril par rapport à mars. L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a diminué d’à peine 0,6 % le mois dernier. C’était la première baisse depuis mai dernier. Une certaine pression à la baisse des prix n’est pas étonnante. Le recul relativement modeste indique que l’activité est en suspens aussi bien chez les acheteurs que chez les vendeurs.

Baisse à prévoir du taux hypothécaire de référence

Le taux utilisé pour déterminer l’admissibilité d’un emprunteur hypothécaire, fondé sur le taux affiché par les grandes banques, est à plus de 5 % depuis que le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a instauré le test de résistance le 1er janvier 2018. Malgré la baisse radicale du rendement des obligations du gouvernement du Canada, qui tourne actuellement près d’à peine 0,388 %, et la chute des taux hypothécaires contractuels, les banques ont maintenu leurs taux affichés à un niveau élevé. Le taux du test de résistance hypothécaire a débuté en 2018 à 5,34 %, a fini par baisser à 5,19 %, puis plus récemment à 5,04 %, restant bien au-dessus des taux du marché.

Dans la dernière semaine, les banques RBC et BMO ont encore réduit leurs taux affiché sur cinq ans, à 4,94 %. Si aucune autre banque n’emboîte le pas, le taux de la Banque du Canada pour le test du BSIF baissera à 4,99 %. Si une autre banque passe à 4,94 %, le taux du test baissera à 4,94 %. Ce sera toujours autant de gagné.

Points saillants de la Revue du système financier (RSF) de la Banque du Canada

Dès qu’est apparue la menace de pandémie de COVID-19, le rapport de la Banque du Canada signalait que « l’incertitude concernant la gravité éventuelle de la situation a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers, ce qui a causé une ruée généralisée vers la liquidité et rendu difficile la vente d’actifs. Les mesures prises par les autorités publiques contribuent à :

  • restaurer le fonctionnement des marchés;
  • s’assurer que les institutions financières disposent de suffisamment de liquidités;
  • donner aux entreprises et aux ménages canadiens accès au crédit dont ils ont besoin. »

Les mesures prises par la Banque du Canada ont permis de soutenir l’économie. De concert avec les initiatives de dépenses gouvernementales et le programme de report des versements hypothécaires, elles ont amorti le choc pour les ménages et les entreprises. De déclarer le gouverneur Stephen Poloz : « Notre objectif à court terme est d’aider les ménages et les entreprises du pays à traverser cette période. Notre objectif à long terme est de jeter des bases solides pour une reprise de l’emploi et de la croissance. »

Alors que les perspectives économiques restent extrêmement incertaines, la Banque du Canada a préféré pécher par excès de prudence en prévoyant des arriérés hypothécaires et des prêts improductifs aux entreprises en fonction du scénario économique le plus sombre présenté dans le numéro d’avril de son Rapport sur la politique monétaire. Selon le point de vue pessimiste, malgré les mesures exceptionnelles prises par les instances publiques, les arriérés sur les prêts hypothécaires et sur les prêts aux entreprises éclipseront les sommets précédents. Selon un point de vue plus optimiste, le soutien public a évité un résultat encore bien pire, et un système financier résilient parviendra à absorber les pertes en préservant les bases d’une relance de l’économie. Comme le gouverneur Poloz l’a soutenu, un scénario économique plus favorable reste possible, étant entendu que de nombreuses provinces commencent à déconfiner graduellement leur économie.

Les projections figurant dans la RSF d’aujourd’hui sont fondées sur un scénario où le PIB canadien est 30 % plus faible au deuxième trimestre, puis se rétablit lentement par la suite. Dans ce scénario, les arriérés hypothécaires augmenteraient jusqu’à 0,8 % d’ici la mi-2021 contre 0,25 % à la fin de 2019. Ce serait presque le double du sommet des arriérés constaté en 2009. Entre-temps, les prêts improductifs aux entreprises atteindraient 6,4 % à la fin de l’année contre 1 % à la fin de l’année passée. Ce serait sensiblement plus que les sommets antérieurs, inférieurs à 5 %, de 2003 et 2010.

Ce qu’il faut retenir est que même si nous risquons de voir une forte augmentation des arriérés hypothécaires et des prêts problématiques dans les deux prochaines années selon le scénario économique pessimiste, les résultats auraient été bien plus graves sans les programmes d’exception mis en place pour soutenir les entreprises et les ménages. Les implications sont importantes pour le secteur bancaire. Selon l’analyse de la Banque du Canada, avec ces mesures gouvernementales, les réserves de fonds propres des grandes banques devraient suffire à absorber les pertes. Sans ces interventions, « les banques se porteraient beaucoup moins bien, ce qui entraînerait des effets négatifs notables sur l’offre de crédit aux ménages et aux entreprises ».

Ménages

  • 1 ménage sur 5 n’a pas assez de comptant ou d’actifs liquides pour couvrir deux mois de versements hypothécaires.
  • Les programmes de soutien gouvernemental (PCU et subvention salariale d’urgence) couvriront une bonne part des dépenses de base des ménages (alimentation, logement et télécommunications).
  • Le report de versements de prêts (les banques ont autorisé plus de 700 000 ménages à reporter leurs versements hypothécaires) et de nouveaux emprunts peuvent aider à compenser des baisses de revenu.
  • Il reste que certains ménages accuseront sans doute des retards dans leurs remboursements de dettes (d’abord les cartes de crédit et les prêts automobiles, puis les prêts hypothécaires). C’est ce qui se voit déjà en Alberta et en Saskatchewan.

Entreprises

  • Il y a eu certains signes d’une réduction des difficultés financières en avril. Le recours au programme des acceptations bancaires de la Banque du Canada est en baisse, l’utilisation des marges de crédit a ralenti et certains emprunteurs effectuent des remboursements, et l’émission d’obligations de sociétés a augmenté sensiblement en avril, après avoir marqué un arrêt en mars.
  • Des sondages indiquent un taux de rejet plus élevé que la normale pour les demandes de fonds supplémentaires des petites et moyennes entreprises auprès des institutions financières.
  • Pour la période à venir, les besoins de refinancement des entreprises correspondent aux niveaux récents. Cependant, de nombreux emprunteurs devront composer avec une augmentation du coût des fonds en raison d’une majoration des primes de risque.
  • Presque trois quarts des obligations de qualité de sociétés ont maintenant une cote de BBB (la plus faible). Si elles étaient déclassées, la valeur des obligations à rendement élevé doublerait, ce qui augmenterait sensiblement les coûts de financement de ces emprunteurs.
  • Les entreprises des secteurs les plus touchés par la COVID-19 ont souvent peu de réserves de liquidités. Avec une chute des revenus, il leur sera difficile de payer les coûts fixes, y compris les remboursements de dettes. Ce qui était au départ un problème de trésorerie pourrait devenir un problème de solvabilité pour certaines entreprises.
  • Les entreprises du secteur de l’énergie font face à des difficultés particulières : elles ont dû puiser davantage dans des marges de crédit, elles ont les plus grands besoins de refinancement au cours des six prochains mois et elles risquent le plus d’être déclassées.

Banques

  • Les opérations de pension à terme de la Banque du Canada ont apporté une ample liquidité au système bancaire et réduit les coûts de financement. En conséquence, les taux hypothécaires affichés et contractuels de certaines banques ont été réduits.
  • Le succès des opérations de pension a terme a faibli ces dernières semaines, une indication que le fonctionnement des marchés s’est amélioré.
  • Les organismes de réglementation ont allégé les exigences en matière de fonds propres et de liquidités.

Administrations publiques

  • Les achats d’actifs par la Banque du Canada ont aidé à améliorer la liquidité sur l’important marché des titres du gouvernement du Canada (la référence pour de nombreux autres marchés obligataires).
  • La RSF ne s’est pas attardé sur la viabilité de la dette publique. En conférence de presse toutefois, le gouverneur Poloz a noté que le niveau d’endettement public global est semblable à ce qu’il était il y a 20 ans, et la dette fédérale est sensiblement inférieure. Le gouvernement fédéral dispose donc d’une bonne marge de manœuvre.

En somme
Évidemment, le confinement dû à la COVID-19 a mis à rude épreuve les ressources financières de nombreux ménages et entreprises. Tel était le prix à payer pour atténuer la grave menace pour la santé et endiguer sa propagation. Le rapport de la Banque du Canada reconnaît les répercussions économiques des mesures qu’il a fallu prendre, et elle promet d’en prendre encore pour s’assurer que l’économie revienne à son plein potentiel de croissance aussitôt que possible. Il s’agit d’amortir le choc pour les plus démunis.

Il n’empêche que des entreprises fermeront définitivement leurs portes, alors que d’autres absorberont des concurrents en difficulté. Certains profiteront des nouvelles possibilités créées par la distanciation sociale, les mesures sanitaires, le télétravail, de nouvelles formes de divertissement et des progrès dans les soins de santé. D’autres succomberont sans doute, bien que ce sera souvent des entreprises qui étaient déjà à l’agonie avant la pandémie. La destruction créatrice est toujours douloureuse pour les perdants, mais elle ouvre la voie à de nombreux nouveaux gagnants, des entreprises et des particuliers qui sont suffisamment créatifs pour s’adapter rapidement à un nouvel environnement.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
11 Mai

La pandémie saccage le marché de l’emploi au Canada

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Publié par: Robert Perrier

La pandémie saccage le marché de l’emploi au Canada

Une récession à nulle autre pareille

L’économie canadienne a été plongée dans un coma artificiel. Rien de tel n’était jamais survenu dans l’histoire moderne à l’échelle mondiale. Il ne faut donc pas se surprendre : les données économiques d’avril seront terribles. Il y a toutefois lieu de croire que l’activité économique touchera le fond en avril, vu que des régions commencent à alléger les restrictions.

L’économie reprendra, mais le choc psychologique est peut-être ce qui reste le plus inquiétant. Aussi grave que soit la situation, elle recèle de véritables possibilités en même temps que des difficultés. Il y aura des gagnants dans l’économie, pas seulement des perdants. Nous y reviendrons.

L’emploi s’est effondré au Canada en avril. Il y a eu 2 millions d’emplois perdus, ce qui a porté le taux de chômage à 13,0 %, à peine moins que le précédent record d’après-guerre de 13,2 %, en 1982 (voir le graphique ci-dessous). La chute record de l’emploi survient après la perte de 1 million d’emplois en mars, de sorte que le total pour les deux mois s’élève à 15,7 % de la population active d’avant le virus.

Les économistes prévoyaient deux fois plus de pertes d’emplois en avril – soit 4 millions –, sachant que plus de 7 millions de Canadiens ont demandé la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Les chiffres révélés aujourd’hui tiennent compte de la situation du marché du travail la semaine du 12 au 18 avril. Les demandes de la PCU sont plus récentes, donc nous pourrions bien voir des pertes additionnelles dans le rapport de mai.

Le taux de chômage de 13 % sous-estime le nombre réel de personnes sans emploi. En avril, le taux de chômage aurait été de 17,8 % si le taux de participation au marché du travail n’avait pas baissé. En comparaison de la situation un an plus tôt, il y avait 1,5 million de travailleurs de plus mis à pied de façon permanente mais ne cherchant pas un emploi, donc non comptés comme chômeurs.

Par ailleurs, le nombre de personnes ayant un emploi mais ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles pour cause de COVID-19 a augmenté de 2,5 millions de février à avril. La semaine du 12 avril, l’effet cumulatif de la paralysie économique due à la COVID-19, en termes de nombre de Canadiens soit sans emploi ou travaillant sensiblement moins d’heures, s’élevait à 5,5 millions. Voilà qui est plus du quart du niveau des emplois de février.

En avril, l’emploi a baissé aussi bien dans le temps plein (-1 472 000; -9,7 %) que dans le temps partiel (-522 000; -17,1 %). Les pertes cumulatives depuis février s’élèvent à 1 946 000 (-12,5 %) pour les emplois à temps plein, et à 1 059 000 (-29,6 %) pour les emplois à temps partiel.

La baisse de l’emploi est sans précédent

L’ampleur de la baisse de l’emploi depuis février (-15,7 %) dépasse de loin les baisses constatées lors de ralentissements précédents du marché du travail. Par exemple, dans la profonde récession de 1981-1982, l’emploi a baissé en tout de 612 000 unités (-5,4 %), et ce, sur environ 17 mois.

Une plus grande part de la chute de l’emploi d’aujourd’hui découle de mises à pied temporaires. En avril, presque tous les nouveaux chômeurs (97 %) étaient en mise à pied temporaire. Dans les récessions précédentes, la plupart des mises à pied étaient permanentes.

En avril, plus du tiers (36,7 %) de la population active potentielle ne travaillait pas, ou travaillait moins de la moitié des heures habituelles. Tel est l’impact persistant de la paralysie économique due à la COVID-19. Il faut noter que les emplois perdus étaient encore davantage des emplois à faible rémunération. Pour ceux qui conservent un emploi, la rémunération moyenne a par conséquent fait un bon de 11 % par rapport à un an plus tôt.

Toutes les provinces ont été durement touchées

L’emploi a baissé dans toutes les provinces pour un deuxième mois de suite. Par rapport à février, la baisse est supérieure à 10 % partout, et le plus élevée au Québec (-18,7 % ou -821 000). Le Québec a aussi le plus grand nombre de cas de COVID-19 et de morts au Canada.

Le taux de chômage a augmenté sensiblement dans toutes les provinces en avril. Au Québec, il a atteint 17,0 %, le plus haut niveau depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 1976 et le plus haut niveau de toutes les provinces (voir le tableau ci-dessous). Le nombre de personnes sans emploi a augmenté plus vite au Québec (+101,0 % ou +367 000) que dans toute autre région.

L’emploi a chuté de février à avril dans chacune des trois plus grandes régions métropolitaines de recensement (RMR). En proportion de l’emploi de février, Montréal a enregistré la plus forte diminution (-18,0 %; -404 000); viennent ensuite Vancouver (-17,4 %; -256 000) et Toronto (-15,2 %; -539 000).

À Montréal, le taux de chômage s’établissait à 18,2 % en avril, 13,4 points de pourcentage de plus qu’en février; il avait plafonné à 10,2 % dans la récession de 2008-2009. À Toronto, le taux de chômage était de 11,1 % en avril (5,6 points de pourcentage de plus qu’en février); à Vancouver, il était de 10,8 % (6,2 points de pourcentage de plus).

Les pertes d’emplois par secteur

En mars, presque toutes les pertes d’emplois se situaient dans le secteur de services. En avril par contre, elles étaient proportionnellement plus grandes dans le secteur des biens (-15,8 %; -621 000) que dans le secteur des services (-9,6 %; -1,4 million). Dans le secteur de production de biens, les plus grands perdants étaient le secteur de la construction (-314 000; -21,1 %) et le secteur manufacturier (-267 000; -15,7 %).

Dans le secteur des services, les pertes d’emplois se sont poursuivies dans diverses industries, à commencer par le commerce de gros et de détail (-375 000; -14,0 %) et les services d’hébergement et de restauration (-321 000; -34,3 %).

Certains secteurs continuent d’être moins touchés par l’arrêt des activités dû à la COVID-19 : les services publics; les administrations publiques; et le secteur finance, assurances et immobilier.

Dans les secteurs tant des services que des biens, les baisses de l’emploi constatées en deux mois depuis février sont proportionnellement plus grandes que celles enregistrées dans chacun des trois grands ralentissements du marché du travail depuis 1980.

À la relance graduelle de l’activité économique à la suite de l’interruption due à la COVID-19, la question cruciale sera de voir combien de temps il faudra pour le rétablissement.

Après les ralentissements précédents, l’emploi dans les services s’est redressé assez rapidement, revenant aux niveaux d’avant le ralentissement en quatre mois en moyenne. Par contre dans le secteur des biens, à la suite des récessions de 1981-1982 et de 1990-1992, il a fallu en moyenne plus de six ans pour que l’emploi revienne aux niveaux d’avant la récession. Et après la crise financière mondiale de 2008-2009, il a fallu 10 ans.

Des signes encourageantsLa situation est assurément désastreuse, mais il y a des signes que l’économie est près de toucher le fond. Le nombre de fermetures d’entreprises diminue dans la plupart des provinces, et les premiers signes d’une amélioration apparaissent, même s’il faudra encore quelque temps avant une réouverture complète. La confiance des entreprises semble s’être quelque peu améliorée vers la fin d’avril, selon des données de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Également à la fin d’avril, les économistes de la Banque Royale indiquent que les dépenses par carte de crédit semblent moins faibles. Dans le logement, les mises en chantier étaient à un meilleur niveau que prévu en avril. Plus encore, la propagation du coronavirus s’est atténuée, et diverses régions commencent à alléger les règles imposées pour aplatir la courbe.

En ce qui concerne le marché du logement, avant la pandémie, nous paraissions devoir connaître un printemps avec une activité record de ventes dans une bonne part du pays. Sauf dans les régions pétrolières – Alberta et Saskatchewan –, tout indiquait que le marché du logement serait florissant. Les bases sont ainsi solides pour le logement en vue du rétablissement de l’économie. Il reste à voir le temps qu’il faudra pour ce rétablissement, ce qui dépendra de l’évolution du virus et de l’apparition ou non d’une deuxième vague à la fin de l’automne.

Les taux d’intérêt ont chuté. Grâce à la baisse de 150 points de base du taux préférentiel, les taux hypothécaires variables ont été réduits pour la première fois depuis la fin de 2018. Une fois que la Banque a réussi à assurer une liquidité suffisante pour les marchés financiers, même les taux hypothécaires fixes ont baissé.

Le taux hypothécaire affiché semble être bloqué à 5,04 %, bien au-dessus des taux contractuels. Avec un peu de chance toutefois, ce taux, qui est utilisé dans les tests de résistance hypothécaire, descendra dans les mois à venir. La Banque du Canada reste extrêmement accommodante. À mon avis, les taux d’intérêt n’augmenteront pas avant 2022.

Il y aura des gagnants

Déjà maintenant, il y a des entreprises qui bénéficient d’une hausse de revenus et de bénéfices. Pour discerner un côté positif de cette période de bouleversements, j’ai dressé une liste d’entreprises qui ont connu un bel essor. Au sommet figure Shopify, une entreprise canadienne qui aide les entreprises à fournir des services de magasinage en ligne. Elle est maintenant l’entreprise ayant la plus forte valeur en bourse au Canada, surpassant la Banque Royale.

De nombreux réfractaires aux achats en ligne s’y sont convertis pendant le confinement. Amazon en profite aussi, mais il lui faudrait davantage de concurrence, et de nombreux Canadiens seraient heureux que des rivaux nationaux émergent.

Loblaws, avec ses épiceries et ses pharmacies, est florissante. C’est le cas également de fabricants de produits de nettoyage comme Clorox et de produits de papier comme Kimberly Clark. Le confinement a stimulé les ventes de Wayfair, qui vend en ligne des meubles et des produits pour la maison. À l’heure où les gymnases et clubs santé sont fermés, les adeptes de la mise en forme cherchent des solutions de rechange, et des entreprises comme Peloton et autres fournisseurs de matériel d’exercice ont vu leurs revenus grimper.

La demande de services d’infonuagique a gonflé le chiffre d’affaires de Microsoft et de Dropbox. Le divertissement à domicile a la cote, ce dont profitent Netflix et YouTube. Zoom et Cisco (Webex) se portent très bien. Qualcomm tirera parti d’un passage accéléré au 5G. Accenture et Booz Allen, entre autres consultants auprès des entreprises et des gouvernements, redoublent d’efforts pour aider les uns et les autres à réinventer leurs opérations dans l’après-pandémie.

Lorsque règnent l’incertitude et la volatilité, les gens ont besoin de conseils et de coups de main d’experts, en particulier pour ce qui concerne leurs finances. Voilà où les professionnels hypothécaires viennent bien à point, au même titre que les planificateurs financiers, les courtiers immobiliers, les comptables et les fiscalistes.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Avr

La Banque du Canada agit pour la survie de l’économie

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada accroît ses achats de titres financiers, ajoutant des obligations provinciales et des obligations d’entreprise à cote élevée à la liste.
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La Banque du Canada est prête à faire tout ce qu’il faut

Face à un déclin dévastateur de l’économie canadienne, la Banque du Canada prend des mesures inédites. À la suite de pertes d’emploi records, d’une confiance en chute libre et de la mise à l’arrêt de la plupart des entreprises, le nouveau Rapport sur la politique monétaire (RPM) fait état d’une pression financière extrême et d’une contraction marquée et subite à l’échelle mondiale. La COVID-19 et l’effondrement des cours pétroliers provoquent des impacts économiques et des mesures publiques sans précédent.

« Une part substantielle de l’activité économique sera affaiblie tant que la pandémie ne sera pas maîtrisée, peut-on lire dans le RPM. Ces effets soudains ont provoqué une onde de choc sur les marchés financiers, et se traduisent par une ruée généralisée vers les valeurs sûres, une réévaluation marquée des actifs risqués et le fonctionnement déficient de bon nombre de marchés. […] Les économies mondiale et canadienne devraient se redresser lorsque l’urgence médicale prendra fin, mais le moment et la vigueur du redressement dépendront fortement de l’évolution de la pandémie et des mesures à prendre pour la contenir. Le redressement dépendra aussi de la réaction des ménages et des entreprises à la situation. Or ces facteurs sont impossibles à prévoir avec certitude. »

« L’économie canadienne était en bonne posture avant l’épidémie de COVID-19, mais depuis, elle a été frappée par des fermetures généralisées et une baisse des prix du pétrole, affirme par ailleurs la Banque du Canada dans un communiqué. L’une des premières mesures de l’ampleur des dommages a été une chute sans précédent de l’emploi en mars, avec la perte de plus d’un million d’emplois au pays. Un nombre encore plus grand de travailleurs ont signalé une réduction de leurs heures, et au début d’avril, environ six millions de Canadiens avaient demandé la Prestation canadienne d’urgence. »

« L’arrêt soudain de l’activité mondiale sera suivi de reprises régionales à différents moments, selon la durée et la gravité de l’épidémie dans chaque région, affirme encore la Banque du Canada. Par conséquent, la reprise économique mondiale, lorsqu’elle viendra, pourrait être prolongée et inégale. »

Le plus récent RPM rompt avec la tradition. Il ne présente pas de prévisions économiques détaillées. Des prévisions seraient inutiles au vu du degré d’incertitude et de l’absence de précédents pertinents. Cependant, l’analyse de différents scénarios faite par la Banque donne à penser que le niveau de l’activité réelle a diminué de 1 à 3 % au premier trimestre de 2020, et qu’il sera de 15 à 30 % plus bas au deuxième trimestre qu’au quatrième trimestre de 2019. Une inflation de 0 % est prévue, principalement en raison de la chute de prix de l’essence.

D’ajouter la Banque : « Les programmes budgétaires, conçus pour s’accroître selon l’ampleur du choc, aideront les particuliers et les entreprises à traverser cette phase de fermetures liées à la pandémie et appuieront les revenus et la confiance jusqu’à la reprise. À ces programmes se sont ajoutées les actions menées par d’autres organismes fédéraux et les provinces. »

La Banque du Canada et toutes les banques centrales ont pris des mesures pour soutenir le fonctionnement des marchés financiers essentiels et fournir des liquidités aux institutions financières. Elles ont notamment procédé à des achats massifs d’actifs et nettement réduit les taux d’intérêt. La Banque a abaissé le taux à un jour de 150 points de base en trois étapes le mois dernier, jusqu’au taux de 0,25 % qu’elle considère comme sa « valeur plancher ». Elle s’est gardée de réduire ce taux directeur à nouveau aujourd’hui, estimant que des taux d’intérêt négatifs n’étaient pas opportuns. La Banque a aussi effectué des opérations de prêt destinées aux institutions financières et des achats d’actifs sur les marchés de financement essentiels totalisant environ 200 milliards de dollars.

« Ces actions ont eu pour effet d’atténuer le dysfonctionnement des marchés et de contribuer à maintenir les canaux du crédit ouverts, bien que ceux-ci restent tendus. Le prochain défi pour les marchés sera de gérer la demande accrue de financement à court terme provenant des gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que des entreprises et des ménages. Cette situation nécessite des actions particulières de la banque centrale. »

La Banque du Canada, s’efforçant d’apporter de la liquidité à tous les marchés financiers tendus, est effectivement devenue l’acheteur de dernier recours. Dans le cadre de son programme annoncé précédemment, la Banque continuera d’acheter au moins 5 milliards de dollars de titres du gouvernement du Canada par semaine sur le marché secondaire. Elle augmentera le niveau des achats au besoin pour maintenir le bon fonctionnement du marché des obligations d’État. De plus, elle augmente temporairement la quantité de bons du Trésor qu’elle acquiert aux adjudications pour la porter à 40 %, et ce, dès maintenant.

La Banque a également annoncé de nouvelles mesures pour soutenir davantage le système financier canadien. Elle lancera un nouveau programme d’achat d’obligations provinciales jusqu’à concurrence 50 milliards de dollars, pour compléter son Programme d’achat de titres provinciaux sur les marchés monétaires. De plus, elle a annoncé un nouveau Programme d’achat d’obligations de sociétés, dans le cadre duquel elle achètera sur le marché secondaire jusqu’à 10 milliards de dollars d’obligations de sociétés bien cotées. Ces deux programmes seront mis en place dans les semaines à venir. Enfin, la Banque élargit encore son mécanisme de prise en pension à plus d’un jour afin de permettre un financement sur une période pouvant atteindre 24 mois.

La Banque soutiendra tous les marchés financiers canadiens à l’exception du marché boursier, et son Conseil de direction « se tient prêt à ajuster l’ampleur ou la durée des programmes de la Banque si nécessaire ». La Banque affirme que toutes ses actions « visent à aider à traverser la période de confinement actuelle et à créer les conditions d’une reprise durable et de l’atteinte de la cible d’inflation au fil du temps ».

Voilà précisément ce que la banque centrale doit faire pour convaincre que les marchés financiers canadiens resteront viables. Ses mesures sont un moyen justifié de contrebalancer la vente sous le coup de la panique. De trop nombreux investisseurs sont portés à la panique en pareilles circonstances, risquant de produire un effet d’entraînement qu’il importe d’éviter. Tant que la Banque du Canada convainc qu’elle est un rempart, la panique peut être atténuée. La Banque du Canada doit être louée pour sa réaction efficace et sa vigilance face à cette crise. Son gouverneur Stephen Poloz et son Conseil de direction ont rapidement constaté qu’il s’agissait d’une situation extrême de proportion énorme.

Par conséquent, le Canada non seulement survivra à l’orage de la pandémie mieux que bien d’autres pays, mais en outre émergera de ce tsunami économique et financier en meilleure posture.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Avr

Les ventes et les inscriptions de maisons chutent en mars alors que la Banque du Canada accroît son soutien économique

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Publié par: Robert Perrier

Les ventes et les inscriptions de maison sont à l’arrêt, comme le reste de l’économie dans la deuxième moitié de mars
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Le marché du logement est une autre victime du virus

Selon les données publiées aujourd’hui par L’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont chuté de 14,3 % d’un mois à l’autre en mars. C’est la première indication nationale des répercussions de l’isolement social. La perturbation économique et les mises à pied massives ont fait que les acheteurs et les propriétaires vendeurs ont de plus en plus battu en retraite dans la deuxième moitié du mois.

La vaste majorité des marchés locaux ont affiché une baisse des transactions d’un mois à l’autre. Ce recul a affecté les plus grands marchés au pays : Grand Toronto (-20,8 %), Montréal (-13,3 %), Grand Vancouver (-2,9 %), vallée du Fraser (-13,6 %), Calgary (-26,3 %), Edmonton (-13,2 %), Winnipeg (-7,3 %), Hamilton-Burlington (-24,9 %) et Ottawa (-7,9 %).

Les ventes réelles (non désaisonnalisées) étaient tout de même en hausse de 7,8 % par rapport à mars 2019, un mois tranquille, mais cette hausse était nettement inférieure à celle de presque 30 % enregistrée en février par rapport à un an plus tôt.

« Le monde n’est pas près d’oublier mars 2020, a dit Jason Stephen, président de l’ACI. Au Canada, les ventes résidentielles et les inscriptions étaient en hausse, ce qui annonçait un printemps chargé pour les courtiers et agents immobiliers. Le vendredi 13, tout a tourné au cauchemar. Les membres de l’ACI respectent les directives et les conseils du gouvernement et adoptent des technologies virtuelles leur permettant de poursuivre les visites de propriétés avec les clients déjà présents sur le marché et de préparer les documents requis. »

« Les statistiques de mars 2020 reflètent deux réalités bien distinctes, explique Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. La forte croissance des ventes et des prix a eu lieu durant la période pré-COVID-19. Pour comprendre ce que nous réservent les prochains mois, il faut regarder les chiffres de la deuxième moitié de mars et ne pas oublier que c’est seulement à la quatrième semaine que le ralentissement le plus important a eu lieu. Les données préliminaires de la première semaine d’avril suggèrent que le nombre de ventes et le nombre de nouvelles inscriptions n’ont atteint que la moitié de leur niveau habituel pour cette période de l’année. »

Nouvelles inscriptions
Le nombre de nouvelles inscriptions était en baisse de 12,5 % en mars par rapport au mois précédent. Comme pour les ventes, la baisse est généralisée dans l’ensemble du pays.

Comme les ventes et les inscriptions affichent des ralentissements assez similaires en mars, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé légèrement, à 64 %, contre 65,4 % en février. L’équilibre du marché est donc très peu affecté, un résultat surprenant compte tenu de l’ampleur des pressions économiques et sociales engendrées par la crise que subissent les acheteurs et les propriétaires vendeurs.

La comparaison du ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions à la moyenne à long terme montre qu’environ les deux tiers de tous les marchés locaux étaient en équilibre en mars 2020. Les autres marchés continuaient presque tous de favoriser les propriétaires vendeurs.

On comptait 4,3 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mars 2020. Bien qu’il s’agisse d’une hausse par rapport aux 3,8 mois en février, le plus bas niveau depuis presque 15 ans, il reste que c’est presque un mois de moins que la moyenne à long terme de 5,2 mois. Comme le nombre total d’inscriptions a poursuivi son recul en mars, la chute d’un mois à l’autre est entièrement attribuable à l’effondrement des ventes.

Le nombre de mois d’inventaire dépasse largement la moyenne à long terme dans les provinces des Prairies et à Terre-Neuve-et-Labrador. En revanche, la mesure demeure bien en deçà des moyennes à long terme en Ontario, au Québec et dans les Maritimes. La mesure demeure bien équilibrée en Colombie-Britannique.

Prix des maisons
Comme cette mesure reste près de sa moyenne récente et que l’impact de la COVID-19 sur les ventes et les inscriptions n’est visible que vers la fin du mois de mars, il faudra sans doute un peu plus de temps avant que le contrecoup sur les prix ne se fasse sentir. Les mesures de prix en mars 2020 reflétaient des marchés bouillonnants et un printemps qui démarrait activement dans bien des régions du Canada, mais c’était avant l’imposition des mesures de distanciation sociale.

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,8 % en mars 2020 comparativement à février. Il s’agit du dixième gain mensuel consécutif de l’Indice.

En mars 2020, les résultats de l’IPP MLS® étaient en hausse par rapport au mois précédent dans 16 des 19 marchés mesurés par l’Indice. (Voir le tableau ci-dessous.)

Dans les grands marchés des Prairies, la tendance des prix était à la baisse à Calgary et à Edmonton en début d’année, mais a été globalement stable depuis le début de l’année passée. À Saskatoon, les prix ont également été stables au cours de l’année dernière, tandis qu’à Regina ils ont poursuivi leur mouvement à la baisse. À Winnipeg, les prix suivent une légère tendance à la hausse depuis le début de 2019.

Entre-temps, le redressement du prix des propriétés va bon train en Colombie-Britannique et dans la région du Grand Golden Horseshoe, en Ontario. Plus à l’est, la croissance des prix à Ottawa, à Montréal et à Moncton se poursuit comme elle le fait depuis un certain temps déjà. À Ottawa et à Montréal, la hausse des prix s’est accélérée au début de 2020.

En somme : De toute évidence, nous n’en sommes qu’au début, mais la chute des ventes et des nouvelles inscriptions dans la deuxième moitié de mars révèle un repli de l’activité immobilière qui durera vraisemblablement jusqu’à ce que la distanciation sociale soit levée et que tous se sentent suffisamment en sécurité pour reprendre leurs activités normales. Il y aura sans doute alors d’amples possibilités d’achat. Pour le moment toutefois, le marché du logement en est un de plus qui contribue à l’effondrement de l’économie.
Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
14 Avr

Le Canada perd plus de 1 million d’emplois en mars

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Publié par: Robert Perrier

Le Canada perd plus de 1 million d’emplois en mars

L’emploi s’est effondré au Canada en mars. Plus de 1 million d’emplois ont été perdus, effaçant en un mois le nombre créé en trois ans. La statistique illustre les ravages que la pandémie de coronavirus a infligés à l’économie. Proportionnellement, le Canada a perdu davantage d’emplois que les États-Unis. La chute exceptionnelle était prévisible dès que les autorités canadiennes ont annoncé que sur un mois, 5 millions de travailleurs, soit environ 20 % de la population active, avaient demandé une prestation d’urgence de soutien du revenu. Il faut y voir une conséquence de la mise en œuvre relativement rapide de vastes mesures de distanciation sociale au Canada.

La hausse marquée du chômage a initialement pris de court les responsables des politiques. Ils ont régi en prévoyant des subventions salariales destinées à éviter des mises à pied massives. Environ 70 % des fonds consacrés directement à la relance visent maintenant à préserver la paie des travailleurs.

Le solde net de nouveaux emplois a plongé de 1,01 million par rapport à février, ce qui est la plus forte baisse depuis 1976, selon ce qu’en disait Statistique Canada jeudi à Ottawa. Le taux de chômage a bondi, passant de 5,6 % en février à 7,8 % en mars.

Le nombre réel d’heures travaillé a baissé de 14 % par rapport à un an plus tôt et de 15 % par rapport au mois précédent. Voilà encore deux nouveaux records.

Les données de l’Enquête sur la population active (EPA) de mars révèlent la situation du marché du travail la semaine du 15 au 21 mars. À ce moment, une séquence d’interventions gouvernementales inusitées provoquées par la COVID-19 – y compris la fermeture des entreprises non essentielles, l’imposition de restrictions aux voyages et les mesures de santé publique exigeant que les Canadiens limitent les interactions en public – avaient été mises en place. Elles ont entraîné un ralentissement radical de l’activité économique et un choc soudain pour le marché du travail canadien. Les données d’aujourd’hui ne sont peut-être qu’un avant-goût. Des jours encore plus sombres sont à prévoir alors que l’économie semble partie pour son plus grand affaissement depuis la Grande Dépression.

Les chiffres sont désastreux, et pourtant Statistique Canada affirme qu’ils ne mesurent pas pleinement l’ampleur et l’étendue des répercussions de la COVID-19 sur les travailleurs et les entreprises du pays. Il faudra encore prendre en compte le nombre de Canadiens qui ont conservé leur emploi mais en travaillant moins d’heures, et le nombre de personnes qui n’ont pas cherché de travail vu les fermetures d’entreprises. Parmi ceux qui avaient un emploi en mars, le nombre qui n’a travaillé aucune heure dans la semaine de référence (15 au 21 mars) a augmenté de 1,3 million, et le nombre qui a travaillé moins de la moitié des heures habituelles a augmenté de 800 000. Ces augmentations dans les absences du travail peuvent être attribuées à la COVID-19. Elles font que le nombre total de Canadiens touchés par une perte d’emploi ou une réduction des heures a atteint 3,1 millions.

Région par région, l’emploi a chuté dans toutes les provinces. L’Ontario (‑403 000 ou ‑5,3 %), le Québec (‑264 000 ou ‑6,0 %), la Colombie-Britannique (‑132 000 ou ‑5,2 %) et l’Alberta (‑117 000 ou ‑5,0 %) ont été le plus touchés.

Le taux de chômage a augmenté dans toutes les provinces sauf à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard. Les plus fortes augmentations ont été constatées au Québec (+3,6 points de pourcentage, à 8,1 %), en Colombie-Britannique (+2,2 points de pourcentage, à 7,2 %) et en Ontario (+2,1 points de pourcentage, à 7,6 %). Le tableau ci-dessous indique le taux de chômage dans chaque province.

En mars, le nombre de personnes exclues de la population active – c’est-à-dire ni employées ni au chômage – a augmenté de 644 000. Parmi elles, 219 000 avaient travaillé récemment et voulaient un emploi mais n’en ont pas cherché. Ce nombre a augmenté de 193 000 (+743 %). Comme ces personnes ne cherchaient pas un emploi et n’étaient pas en mise à pied temporaire, elles ne sont pas comptées comme étant au chômage. Ce groupe est habituellement très petit et stable, donc il est raisonnable d’attribuer entièrement l’augmentation du mois à la COVID-19.

La baisse de l’emploi en mars a été plus prononcée dans le secteur privé (‑830 200 ou ‑6,7 %) que dans le secteur public (‑144 600 ou ‑3,7 %).

Le nombre de travailleurs autonomes a relativement peu baissé en mars (‑1,2 % ou ‑35 900), ressortant pratiquement au même niveau que 12 mois plus tôt. Le nombre de travailleurs autonomes pour leur propre compte sans employés s’est accru de 1,2 % en mars (données non désaisonnalisées). La majeure partie de cette augmentation est attribuable à la hausse observée dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale (+16,7 %), qui a contrebalancé les baisses enregistrées dans plusieurs autres secteurs. Au début d’un choc soudain sur le marché du travail, les travailleurs autonomes sont plus susceptibles de continuer à déclarer un attachement à leur entreprise, alors même que la conjoncture se détériore.

Le secteur des services a le plus souffert, représentant la presque totalité du déclin de 1 million d’emplois. Les plus fortes baisses ont été enregistrées dans des industries traitant avec le public ou offrant peu de possibilités de télétravail, telles que : hébergement et de restauration (‑23,9 %); information, culture et loisirs (‑13,3 %); services d’éducation (‑9,1 %); commerce de gros et de détail (‑7,2 %).

Des baisses plus modestes ont touché la plupart des autres secteurs, y compris dans les services essentiels comme les soins de santé et l’assistance sociale (‑4,0 %). L’emploi a peu changé dans la fonction publique, la construction et les services professionnels, scientifiques et techniques. Fait étonnant, l’emploi dans le domaine des ressources naturelles a augmenté malgré l’effondrement des prix pétroliers en mars.

Les femmes ont été plus susceptibles que les hommes de perdre leur emploi. Parmi le principal groupe d’âge actif, l’emploi des femmes a baissé plus de deux fois autant que l’emploi des hommes, peut-être du fait de la domination des hommes dans les métiers de la construction, considérés en mars comme du travail essentiel. Le secteur privé a subi une majorité des pertes d’emploi : 830 200.

En somme : Le graphique ci-dessous indique l’ampleur sans précédent de la chute de l’emploi le mois dernier en comparaison d’autres périodes de récession. Il est entendu que la situation actuelle n’est pas une récession typique. Elle résulte d’un arrêt de travail imposé par les gouvernements pour protéger la population de la COVID-19 et aplatir la courbe des nouveaux cas afin que le réseau de soins de santé puisse mieux réagir à l’arrivée massive de malades en phase critique. Il est encore tôt pour tirer des conclusions, mais les données indiquent que les mesures précoces et vigoureuses prises à l’échelle du Canada face à la pandémie étaient ce qu’il fallait faire. Il suffit de considérer les États-Unis, où l’arrêt des activités s’est fait à la pièce, timidement et tardivement. Le nombre de cas de COVID-19 est 22 fois plus élevé aux États-Unis qu’au Canada, alors que la population n’est que 10 fois plus importante.

Assurément, la croissance économique sera lamentable au deuxième trimestre. Les économistes de la Banque Royale viennent de publier des prévisions selon lesquelles la croissance accuserait une chute inédite de ‑32 % au deuxième trimestre, avec un taux de chômage de 14,6 %. Ils s’attendent à un rebondissement de +20 % au troisième trimestre, mais ne prévoient pas le retour du PIB canadien aux niveaux d’avant la pandémie avant 2022. Ces prévisions se fondent sur l’hypothèse que l’économie sera à l’arrêt environ 12 semaines, et que l’activité ne reviendra ensuite que graduellement à la normale.

Selon le rapport de la Banque Royale, les reventes de maisons baisseront sans doute de 20 % cette année. Les pertes d’emploi, la réduction des heures travaillées et la baisse du revenu, en même temps que les déclins du marché boursier, réduiront le nombre d’acheteurs. Les gouvernements et les banques ont adopté des politiques pour aider les propriétaires dans cette période difficile, ce qui devrait limiter les cas de ventes forcées et l’afflux de propriétés sur le marché. Pour autant, il n’est pas dit que les prix ne subiront pas des pressions baissières. Comme dans de nombreux autres secteurs, le redressement sera graduel pour le secteur du logement. Les taux d’intérêt réduits auront un effet stabilisateur, mais il faudra une relance du marché du travail et une reprise de l’immigration avant que les ventes n’accélèrent véritablement de nouveau. Les économistes de la Banque Royale pensent que la reprise se fera surtout en 2021.

Les responsables des politiques ont agi décisivement pour soutenir les revenus et les salaires. La Banque du Canada ne réduira sans doute pas les taux d’intérêt sous le niveau actuel de 0,25 % pour le taux à un jour. Cependant, elle continuera d’acheter de grandes quantités d’obligations gouvernementales, de titres hypothécaires (comme le fera aussi la SCHL), d’acceptations bancaires et de papier commercial. Elle réduira ainsi le coût des fonds pour les banques et améliorera la liquidité de tous les marchés. Le rapport de la Banque Royale note qu’au total, le train de mesures gouvernementales de soutien s’élève à 11,5 % du PIB, ce qui en fait un des plus importants parmi les pays développés.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
1 Avr

Pourquoi les taux hypothécaires sont-ils en hausse?

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Publié par: Robert Perrier

Les taux hypothécaires augmentent malgré les fortes réductions de taux de la Banque du Canada. Pourquoi?
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Pourquoi les taux hypothécaires sont-ils en hausse?

Depuis un mois, la Banque du Canada a retranché non moins de 1,5 point de pourcentage de son taux à un jour, qui est maintenant d’à peine 0,25 %. Nombreux sont ceux qui s’attendaient à une baisse équivalente des taux hypothécaires. Les banques ont certes réduit les taux préférentiels dans la même mesure, soit de 150 points de base (pb). Pourtant, depuis la deuxième réduction de taux de la Banque du Canada, le 13 mars, les banques et d’autres prêteurs ont au contraire augmenté les taux hypothécaires, aussi bien fixes que variables. Ce n’est pas ce qui arrive habituellement quand la Banque réduit son taux à un jour. Cependant, la présente période est décidément hors de l’ordinaire.

La pandémie de la COVID-19 a tout bouleversé, paralysant l’économie mondiale et minant la confiance des entreprises et des consommateurs. Personne ne sait quand ce sera fini. Une telle incertitude, avec un tel risque pour notre santé, est profondément troublante.

La plupart des entreprises ont suspendu leurs activités, donc le chômage a explosé. Les travailleurs salariés et bien des travailleurs autonomes se sont retrouvés sans revenu pour une période indéterminée. Hormis les travailleurs essentiels, tous restent à la maison, comme les écoliers et les enfants d’âge préscolaire. Rien de tel ne s’est produit depuis un siècle. Pour la société et pour chaque personne, les répercussions sont énormes. Tous les gouvernements mettent en place des programmes de soutien du revenu pour les particuliers et pour les entreprises, mais ils n’ont pas encore envoyé des chèques.

Par conséquent, l’économie n’a pas seulement ralenti. Elle s’est arrêtée net, et elle se contracte à vue d’œil. Il n’y a plus de voyages. Le commerce international et les transports sont à l’arrêt. Le secteur manufacturier et le commerce sont à l’arrêt. Et c’est pareil dans le monde entier.

Par-dessus le marché, les Saoudiens et les Russes ont profité de la situation pour augmenter leur production pétrolière et faire chuter les prix, dans une tentative à peine voilée d’évincer les producteurs marginaux aux États-Unis et au Canada. Voilà qui a exacerbé les répercussions négatives pour notre économie et radicalement augmenté le fléchissement de notre marché boursier.

De nombreux Canadiens doivent maintenant vivre de leurs économies ou s’endetter en attendant l’assurance-chômage ou autre forme d’aide gouvernementale. Et quand l’aide arrivera, elle ne couvrira pas 100 % des revenus perdus. La majorité de la population a très peu d’économies, donc devra utiliser des marges de crédit hypothécaire ou autres lignes de crédit, ou bien les cartes de crédit. Les entreprises ont le même problème.

La bonne nouvelle est que les particuliers et les entreprises ayant des prêts liés au taux préférentiel profitent d’une réduction considérable de leurs versements mensuels. Toutes les grandes banques ont réduit leurs taux préférentiels de 3,95 % à 2,45 %. Ceux qui ont des prêts à taux variable, que ce soit un prêt hypothécaire, une marge de crédit hypothécaire ou une ligne de crédit d’entreprise, ont vu le coût de leurs emprunts baisser de 1,5 point de pourcentage. Ils ont ainsi d’autant moins à utiliser cette source de fonds pour remplacer des revenus perdus.

Mais pourquoi les taux des nouveaux prêts hypothécaires sont-ils en hausse?

Les perturbations de la COVID-19 ont sensiblement réduit les bénéfices des banques et autres prêteurs, et radicalement augmenté leurs risques. Voilà pourquoi les actions des banques et d’autres prêteurs cotés en bourse ont chuté, ce qui a fait augmenter leur taux de rendement en dividendes bien au-delà du rendement des obligations gouvernementales. Par exemple, l’action de la Banque Royale a chuté de 22 $ jusqu’à présent cette année, ce qui a porté son dividende annuel à 5,31 %. Pour la CIBC, l’action a baissé de 30 % et le rendement en dividende a grimpé à 7,66 %. En comparaison, le rendement des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans est d’à peine 0,64 %. La différence est le reflet de la perception qu’ont les investisseurs du risque pour les banques canadiennes.

Ainsi, le coût des fonds pour les banques et autres prêteurs a augmenté fortement malgré la réduction du taux à un jour de la Banque du Canada. Les dépôts à court terme – surtout les comptes d’épargne et les comptes-chèques – sont la source de fonds la moins coûteuse. Cependant, les consommateurs sans emploi et les entreprises à l’arrêt puisent dans ces dépôts pour payer le loyer ou acheter à manger.

Les dépôts à plus long terme – les certificats de placement garanti (CPG) – sont des sources de fonds plus coûteuses. En revanche, comme les consommateurs doivent payer d’importantes pénalités s’ils les encaissent à l’avance, ils sont aussi une source plus fiable dans une période comme nous vivons. Selon le spécialiste des finances des consommateurs du quotidien Globe and Mail Rob Carrick : « Les taux de CPG devraient être dans la cave pour le moment, parce que c’est ce qui arrive généralement aux taux en période de tensions économiques. Mais les taux des CPG devraient suivre une évolution semblable à celle des taux hypothécaires, qui ont augmenté récemment parce que les prêteurs y intègrent une prime pour le risque de crédit qui est lui-même en hausse. »

Pour obtenir des fonds, certaines des plus petites banques ont augmenté leurs taux pour les comptes d’épargne et les CPG. Par exemple, la Banque Équitable donne 2,45 % sur son compte d’épargne à intérêt élevé et 2,55 % sur son CPG à 5 ans. D’autres petites banques rehaussent aussi leurs taux sur les CPG, augmentant le coût de leurs fonds. Rob McLister a noté que « Des banques comme Home Capital, la Banque Équitable et la Banque canadienne de l’Ouest ont augmenté leurs taux sur des CPG à un an de plus de 65 points de base ces dernières semaines, selon les données de l’analyste du marché du logement Ben Rabidoux. »

Les banques doivent augmenter les fonds réservés pour des pertes sur les prêts, ce qui accentue le déclin de leurs bénéfices. Une part anormalement élevée des pertes sur prêts des banques canadiennes vient du secteur pétrolier. Le risque de crédit est toutefois en forte hausse pour presque toutes les entreprises, petites ou grandes. On peut penser aux compagnies aériennes, aux compagnies maritimes, aux fabricants, aux concessionnaires d’automobiles, aux grands magasins et ainsi de suite.

Les prêteurs ont été inondés de milliers de demandes de report des versements hypothécaires.

Ainsi, face à des coûts en hausse et des revenus en baisse, les banques se serrent la ceinture. Elles ont sabré dans les taux préférentiels tout en supprimant les réductions du taux préférentiel accordées pour les nouveaux prêts hypothécaires à taux variable. Certains prêteurs vont sûrement commencer à demander le taux préférentiel majoré d’une prime pour ces prêts. Les banques ont aussi augmenté les taux des prêts hypothécaires à taux fixe, alors que toutes les pressions réduisant les bénéfices des banques amènent les investisseurs à insister que les banques paient davantage pour les fonds dont elles ont besoin pour assurer leur liquidité.

Autre source de préoccupation, les marchés financiers sont devenus de moins en moins liquides. Les vendeurs ne trouvent pas des acheteurs prêts à payer des prix raisonnables. Les écarts entre les cours acheteur et vendeur s’amplifient. Cela étant, la banque centrale et la SCHL achètent d’énormes quantités d’obligations hypothécaires. Pour la même raison, la Banque du Canada a aussi commencé à effectuer de vastes achats hebdomadaires de titres du gouvernement et de papier commercial. Ces entités gouvernementales sont devenues des acheteurs de dernier recours, apportant de la liquidité aux marchés hypothécaire et obligataire.

Ces marchés sont vitaux pour la stabilité financière du Canada. Les vastes achats de titres constituent ce qu’on appelle « assouplissement quantitatif », une stratégie à laquelle la Banque du Canada n’avait jamais recouru auparavant. Elle a été utilisée à grande échelle par la Réserve fédérale américaine et d’autres banques centrales lors de la crise financière de 2008-2010. Une banque centrale choisit l’assouplissement quantitatif pour préserver le fonctionnement des marchés financiers quand la confiance des entreprises et des consommateurs est si faible qu’elle n’a pas d’autre moyen de stimuler les investissements et les dépenses. Aujourd’hui, les entreprises et les particuliers sont en confinement, et personne ne sait jusqu’à quand. Face à une telle incertitude, la confiance en l’avenir est réduite. La tendance naturelle est à annuler les grandes dépenses et à attendre des jours meilleurs.

Nous vivons une période inédite. Quand l’urgence sanitaire sera passée, nous célébrerons le retour à une nouvelle normalité. Entre-temps, des choses apparemment étranges continueront de se produire sur les marchés financiers.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
30 Mar

La Banque du Canada agit pour rétablir « la fonctionnalité des marchés financiers »

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada a pris une mesure d’urgence non planifiée, réduisant les taux de 50 points de base, jusqu’à 0,25 %. Elle a aussi annoncé des achats à grande échelle de papier commercial et de titres du gouvernement. Elle veut ainsi améliorer la liquidité et assurer la disponibilité de crédit.
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La Banque du Canada agit pour rétablir « la fonctionnalité des marchés financiers »

La Banque du Canada a abaissé aujourd’hui le taux cible du financement à un jour de 50 points de base pour le porter à 0,25 %. Cette décision non planifiée fait passer le taux directeur à sa valeur plancher. Elle a pour objectif de soutenir le système financier canadien et l’économie pendant la pandémie de COVID-19. (Voir le graphique ci-dessous.)

Les tensions sur les marchés du papier commercial et des titres du gouvernement ont mené aux mesures d’aujourd’hui allant dans le sens de l’assouplissement quantitatif. Le Conseil de direction de la Banque se rencontre chaque jour pendant la crise de la pandémie. L’illiquidité du marché est un problème important. La Banque considère qu’il est fondamental. Les vastes achats d’actifs financiers sont destinés à améliorer le fonctionnement des marchés financiers.

Les primes de risque de crédit ont augmenté sensiblement depuis quelques jours. Les gens se tournent vers l’argent liquide. La liquidité s’est évaporée dans tous les marchés financiers, même les marchés garantis par le gouvernement, comme ceux des Obligations hypothécaires du Canada (OHC) et des obligations et bons du gouvernement du Canada. Le marché du papier commercial – utilisé par les entreprises pour du financement à court terme – est devenu non fonctionnel. La Banque effectue de vastes achats d’actifs financiers sur des marchés non liquides, pour améliorer le fonctionnement des marchés sur toute la courbe de rendement. Elle ne tente pas pour le moment de modifier la forme de la courbe, mais elle pourrait le faire à l’avenir.

Ses achats créeront la liquidité dont le système financier a tant besoin, pour que l’intermédiation financière puisse fonctionner. Le risque a augmenté, ce qui engendre la nécessité d’injections de fonds plus importantes.

Lors d’une conférence de presse aujourd’hui, la première sous-gouverneure Carolyn Wilkins a évité de spéculer sur les autres mesures que la Banque pourrait prendre à l’avenir. Interrogée à savoir jusqu’où les choses pourraient aller, elle a répondu que tout dépend de la résolution des enjeux de santé liés à la COVID-19.

La Banque abordera les perspectives économiques de son Rapport sur la politique monétaire lors de sa réunion régulière du 15 avril. En réponse à des questions, le gouverneur Stephen Poloz a affirmé qu’il est difficile d’évaluer les répercussions qu’aura l’arrêt de l’économie. Un cycle négatif de pessimisme est manifestement enclenché. Les réductions de taux de la Banque aident à réduire les versements mensuels sur les dettes à taux variable. Le gouverneur espère préserver la confiance des consommateurs et l’attente d’un retour à la normale.

La chute du prix du pétrole à elle seule justifierait que la Banque du Canada réduise les taux d’intérêt. L’urgence médicale de la COVID-19 et l’arrêt de l’activité aggravent sensiblement la situation. La politique monétaire peut seulement amortir le coup et éviter des problèmes structurels dans l’économie. Le taux à un jour de 0,25 % concorde avec les taux du marché le long de la courbe de rendement.

Des niveaux élevés d’endettement des ménages ont été une source de préoccupation dans le passé. L’assouplissement de la politique monétaire aidera à faire le pont jusqu’à ce que les problèmes de santé soient résolus. Le marché de l’habitation, selon Mme Wilkins, ne suscite plus de crainte d’endettement excessif de la part de ménages à court d’argent.

Pour le moment, la Banque n’envisage pas des taux d’intérêt négatifs. La politique monétaire n’a plus guère de marge de manœuvre, comme les taux d’intérêt sont déjà très faibles. Les entreprises étant à l’arrêt, des taux plus bas n’inciteront pas les consommateurs à dépenser.

La Banque continuera ses vastes achats de dettes pendant une période prolongée afin de fournir de la liquidité. Elle peut le faire pratiquement sans limite, autant que nécessaire. Les responsables des politiques pensent aussi à la période d’après la crise. Ils veulent que l’économie ait de bonnes assises pour la croissance, lorsque l’activité reviendra à la normale.

Des mesures de stimulation financière sont essentielles en ce moment. Le soutien du revenu récemment annoncé pour les personnes qui ne bénéficient pas de l’assurance-emploi est un filet de sécurité particulièrement important pour l’économie. Il y a de nombreux autres éléments de stimulation, et le gouvernement reste prêt à en faire davantage au besoin.

Le dollar canadien a faibli à la suite des plus récentes mesures d’urgence de la Banque. Il a aussi souffert lourdement de la chute des prix du pétrole. Le Canada est doublement frappé : par la pandémie et par la guerre des prix pétroliers entre l’Arabie saoudite et la Russie. La baisse du dollar canadien mène à une hausse des prix des importations. Cependant, la pandémie a perturbé le commerce, et les importations ont baissé.

La Banque du Canada a laissé entendre qu’elle rencontre les dirigeants des six grandes banques deux fois par semaine. Le coût des fonds a grimpé pour les banques. La SCHL leur achète de forts volumes de prêts hypothécaires, ce qui, combiné aux achats d’OHC par la banque centrale, renforcera la liquidité. Les banques sont bien capitalisées et solides. Il existe un niveau très élevé de collaboration entre la Banque du Canada et les six grandes banques.

Le marché boursier connaît trois bonnes journées
Depuis trois jours, comme l’indique le graphique ci-dessous, la Bourse de Toronto a récupéré une partie de ses pertes, alors que le Canada et les États-Unis annonçaient d’énergiques mesures de stimulation financière. En outre, la Banque du Canada a maintenant baissé les taux d’intérêt trois fois depuis un mois, d’en tout 1,5 point de pourcentage. La Réserve fédérale américaine en a fait autant dans la même période. La banque centrale, en plus d’abaisser le coût des emprunts, a annoncé récemment une série de mesures visant à injecter des liquidités dans le système bancaire et les marchés monétaires. Elle veut aussi s’assurer de pouvoir faire face à toute tension dans le système financier qui toucherait l’ensemble du marché.

Les difficultés économiques commencent à peine au Canada, par suite de la flambée du chômage et de l’arrêt de toute activité hormis les services essentiels. La situation est semblable aux États-Unis, où les demandes initiales d’assurance-chômage ont atteint un sommet historique de 3,8 millions. Le record précédent était de 685 000, pendant la crise financière d’il y a une décennie. Voilà qui donne une première indication d’une économie terrassée par le virus, et ce n’est pas fini. Tout ceci est inédit, mais les responsables des politiques continueront assurément de faire tout ce qu’il faut pour amortir le coup de la pandémie pour les consommateurs et les entreprises, et pour faire le pont jusqu’au retour à la normale.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
17 Mar

La Fed réduit le taux à un jour d’un point de pourcentage, mais les marchés plongent

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Publié par: Robert Perrier

La Fed réduit le taux à un jour d’un point de pourcentage, mais les marchés plongent

Lors d’une réunion inédite dimanche après-midi, la Réserve fédérale américaine (Fed) a réduit son taux directeur de 100 points de base, jusqu’à la fourchette de 0 % à 0,25 % (voir le graphique ci-dessous). En outre, son comité a annoncé un accès accru à l’escompte officiel des prêts de la Fed aux banques. La Fed est le prêteur de dernier recours, et elle indique qu’elle fournira des liquidités au besoin. Les taux d’intérêt étant déjà si faibles, la Fed sait que des réductions de taux supplémentaires auront des effets limités. Cela étant, elle en revient à l’assouplissement quantitatif – l’achat de volumes importants de bons et obligations du Trésor américain ainsi que de titres adossés à des créances hypothécaires (TACH), afin d’injecter des liquidités dans le système financier.

Les marchés des titres du Trésor et des TACH américains sont habituellement les plus profonds et les plus liquides au monde. Depuis deux semaines cependant, la liquidité s’est évaporée. L’instabilité financière a grimpé fortement, avec le niveau élevé de volatilité. Les banques ont constaté d’importants retraits, les consommateurs s’assurant des réserves d’argent liquide comme de tout le reste. Le coût des fonds pour les banques a fortement augmenté en raison de la perception accrue du risque. Au vu de l’effondrement des prix du pétrole, les banques exposées au secteur pétrolier se ménagent des réserves pour prêts non productifs. Comme des entreprises cessent leurs activités partout et dans presque tous les secteurs, le risque de défaillance augmente encore. Les consommateurs confinés à la maison dépensent moins. Les travailleurs autonomes et les salariés à l’heure risquent de ne rien gagner. La fermeture des écoles ajoute une charge pour les parents qui n’ont pas d’autre solution de garde pour leurs enfants.

Selon l’organisme Centers for Disease Control and Prevention (CDC), toute cette perturbation pourrait durer des mois. Il a recommandé hier d’éviter les réunions de plus de 50 personnes pendant huit semaines. La situation a suscité des inquiétudes croissantes pour les banques. Les actions bancaires ont chuté, et le rendement des obligations bancaires a grimpé. Les banques et autres prêteurs hypothécaires craignent d’être inondés de demandes de refinancement, surtout aux États-Unis, où les pénalités pour résiliation d’une hypothèque sont sensiblement plus faibles qu’au Canada. En raison de la vague de refinancements aux États-Unis, le prix des TACH a fortement baissé, ce qui a augmenté leur rendement et fortement réduit la liquidité du marché.

La hausse des primes de risque, la probabilité d’une récession et le manque de liquidité font que les banques canadiennes et américaines augmentent certains taux hypothécaires. Les prêteurs rabotent le rabais accordé sur le taux préférentiel pour les prêts hypothécaires à taux variable. Certains taux fixes ont aussi augmenté légèrement. Un tel élargissement de l’écart entre les taux hypothécaires et les rendements des obligations gouvernementales s’était déjà vu lors de la crise financière. Les bilans des banques augmenteront considérablement à mesure qu’entreprises et consommateurs en difficulté puiseront davantage dans leurs lignes de crédit. Nombreux sont ceux qui ne parviendront pas à effectuer les paiements d’intérêts à temps. Les réserves pour pertes sur prêts, qui sont déjà en hausse, seront encore augmentées. Les dépôts liquides diminueront, bien des consommateurs étant contraints de vivre de leurs économies, hésitant à vendre leurs actions vu les cours sensiblement déprimés.

Nous ne sommes pas dans une période normale. Les mesures prises par la Fed n’ont pas calmé les marchés. Les rendements boursiers et obligataires ont croulé du jour au lendemain, et les marchés boursiers ont ouvert en forte baisse en Amérique du Nord. Le S&P 500 était en baisse de 8 % à l’ouverture, et le TSX, de 11 %, ce qui a déclenché le coupe-circuit suspendant les transactions – pour la troisième fois en une semaine. Le TSX est à environ 35 % sous son récent sommet (voir le graphique ci-dessous), et le S&P 500, à plus de 20 %. Le recul relativement plus grand du marché boursier canadien reflète la grande place qu’y tient le secteur de l’énergie. Les deux secteurs les plus faibles du TSX sont l’énergie et la finance.

Le monde entier sait que la Fed et d’autres banques centrales arrivent au bout de leurs munitions. Le gouverneur de la Fed Jerome Powell a affirmé hier qu’il n’irait pas jusqu’à des taux directeurs négatifs, mais recourrait plutôt au « cadrage prospectif » et à l’achat d’actifs (assouplissement quantitatif).

La bonne nouvelle est que les banques sont fortement capitalisées et beaucoup plus résilientes que lors de la crise financière. Depuis cette époque, les banques centrales ont mis en place des mesures pour surveiller la stabilité financière. Vendredi dernier, le Bureau du surintendant des institutions financières (BFSI) du Canada a réduit l’exigence de fonds propres des banques canadiennes, libérant 300 milliards de dollars que les banques pourront utiliser pour soutenir des emprunteurs en difficulté. Le BFSI a mis en garde contre l’utilisation de ces fonds pour racheter des actions ou augmenter les dividendes.

Le BFSI a aussi suspendu la révision proposée du taux admissible pour les prêts hypothécaires, qui devait commencer le 6 avril. Le taux hypothécaire affiché publié chaque semaine par la Banque du Canada restera le taux admissible. Il est actuellement de 5,19 %, mais il devrait baisser cette semaine à environ 4,95 %.

En cette période extraordinaire cependant, il y a une perte de confiance dans le système financier. Certains réclament une fermeture complète des marchés boursiers – mais on peut imaginer la panique s’il devenait impossible de vendre des actifs. C’est alors qu’il y aurait réellement une ruée sur les banques. Ce n’est pas le moment de céder à la panique.

Le marché canadien du logement

L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) a annoncé aujourd’hui que les ventes résidentielles enregistrées sur les systèmes MLS® canadiens ont augmenté de 5,9 % en février 2020. Il s’agit d’une des progressions d’un mois à l’autre les plus élevées de la dernière décennie. Les ventes réelles (non désaisonnalisées) ont dépassé de 26,9 % celles de février 2019 – qui étaient toutefois très faibles. De fait, février 2019 a été le mois de février le plus faible en dix ans, ce qui explique en bonne part l’important gain de cette année. Février 2020 a également profité d’un jour supplémentaire en raison de l’année bissextile.

« La hausse du prix des propriétés s’accélère dans les marchés où les inscriptions se raréfient, plus particulièrement en Ontario, au Québec et dans les Maritimes, qui ensemble génèrent à peu près les deux tiers des ventes au pays, a indiqué Jason Stephen, le président de l’ACI. Au même moment, l’abondance de l’offre dans les Prairies et à Terre-Neuve-et-Labrador se traduit par une concurrence accrue entre les propriétaires-vendeurs. »

Le nombre d’habitations nouvellement inscrites a bondi de 7,3 % entre janvier et février, ce qui a plus qu’effacé les baisses de la fin 2019. Des gains ont été enregistrés à ce chapitre dans plusieurs grands marchés, dont la vallée du Fraser, Calgary, Edmonton, le Grand Toronto, Hamilton-Burlington, Kitchener-Waterloo, Windsor-Essex, Ottawa et Montréal.

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,7 % en février 2020 comparativement à janvier. Il s’agit du neuvième gain mensuel consécutif de l’Indice. Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en février 2020 se situait à environ 540 000 $, soit une hausse de 15,2 % comparativement au même mois l’année dernière. (Voir l’évolution des prix selon les régions, dans le tableau ci-dessous.)

Mais il n’y a là rien de surprenant, surtout au vu de tous les événements des deux dernières semaines. Que va-t-il maintenant arriver sur le marché du logement? Tout dépendra de l’évolution de la pandémie. Les taux d’intérêt faibles seraient normalement très favorables pour le marché du logement, surtout pour les acheteurs d’une première maison. Cependant, la distanciation sociale n’est guère compatible avec les maisons portes ouvertes et le magasinage immobilier.

De plus, la volatilité et l’instabilité minent la confiance des consommateurs. Les acheteurs qui avaient placé en bourse leurs économies pour une mise de fonds en ont perdu presque le tiers, sur papier. Par ailleurs, il faut se demander combien de vendeurs d’une maison voudraient voir une succession d’étrangers déambuler dans leur demeure pendant la pandémie. Le marché du logement, comme le reste, va probablement tourner au ralenti à court terme.

La Banque du Canada espère que ses réductions des taux d’intérêt stabiliseront le marché du logement, qui sinon aurait pu essentiellement se fermer. Les taux réduits se traduiront par des mensualités réduites pour les emprunteurs ayant un taux variable. On peut prévoir que la Banque réduira encore les taux, presque à zéro, comme la Fed. Jusqu’à présent, les banques canadiennes n’ont pas réagi à la réduction de taux de vendredi de la Banque du Canada. Le taux préférentiel avait baissé de 50 points de base le 5 mars, après que la Banque avait réduit son taux directeur d’autant le 4 mars. Les six grandes banques n’ont toutefois pas encore donné suite à la réduction de 75 points de base d’il y a trois jours.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Mar

D’extraordinaires mesures coordonnées pour atténuer l’impact économique de la pandémie au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Un ensemble exceptionnel de mesures gouvernementales coordonnées a été annoncé aujourd’hui pour aider à amortir le choc de la pandémie et de la chute des prix du pétrole pour l’économie canadienne.
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D’extraordinaires mesures coordonnées pour atténuer l’impact économique de la pandémie au Canada

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada adoptera un important plan de relance économique, dans le cadre d’un effort coordonné avec d’autres pays du Groupe des Sept pour contrer le ralentissement économique mondial et calmer les marchés. Lors d’une conférence de presse exceptionnelle tenue à 14 h aujourd’hui, le ministre des Finances Bill Morneau a pris place aux côtés du gouverneur de la Banque du Canada et le surintendant des institutions financières pour annoncer des mesures destinées à rassurer les marchés financiers, stimuler la confiance et soutenir l’économie canadienne.

À peine neuf jours après que la Banque du Canada a abaissé le taux directeur à un jour de 50 points de base, à 1,25 %, le gouverneur Stephen Poloz a annoncé une nouvelle réduction de 50 points de base, ramenant le taux directeur à 0,75 %. La Banque du Canada a fait la déclaration officielle suivante :

  • « La Banque du Canada a abaissé aujourd’hui le taux cible du financement à un jour de 50 points de base pour le ramener à ¾ %. Le taux officiel d’escompte s’établit à 1 %, et le taux de rémunération des dépôts, à ½ %. Cette décision non prévue se veut une mesure proactive prise à la lumière des chocs négatifs subis par l’économie canadienne en raison de la pandémie de COVID-19 et de la récente chute des prix du pétrole.
  • Il est clair que la propagation du coronavirus a des conséquences sérieuses pour les familles canadiennes et pour l’économie du pays. De plus, la diminution des prix du pétrole, même depuis notre dernière décision du 4 mars, pèsera grandement sur l’économie, en particulier dans les régions où le secteur de l’énergie est fortement présent.
  • La Banque publiera une nouvelle projection pour les économies canadienne et mondiale le 15 avril. À mesure que la situation évolue, le Conseil de direction se tient prêt à ajuster de nouveau la politique monétaire au besoin pour soutenir la croissance économique et maintenir l’inflation à la cible.
  • La Banque a aussi pris d’autres mesures pour veiller à ce que le système financier canadien dispose de suffisamment de liquidités. Ces mesures additionnelles ont été annoncées dans des avis distincts sur le site Web de la Banque. La Banque suit de près les conditions économiques et financières, en coordination avec les autres banques centrales et les autorités budgétaires du G7. »

À la conférence de presse, un journaliste à demandé à M. Poloz s’il était possible qu’il amène le taux directeur jusqu’à des niveaux négatifs. M. Poloz a répondu qu’il « n’aime pas les taux d’intérêt négatifs » et que le Canada a suffisamment de capacité d’action financière pour que, espère-t-il, des taux d’intérêt négatifs ne risquent pas d’être nécessaires.

Et d’ajouter : « Conjuguée aux autres mesures annoncées aujourd’hui, la baisse des taux d’intérêt aidera à soutenir la confiance des entreprises et des ménages. Par exemple, les coûts d’emprunt seront plus bas pour les nouveaux achats de logements et pour les prêts hypothécaires à taux variable et les renouvellements de prêts hypothécaires. »

Aujourd’hui, la Banque a aussi annoncé l’établissement d’un nouveau mécanisme d’acquisition des acceptations bancaires. Cette mesure soutiendra un marché de financement essentiel pour les petites et moyennes entreprises à un moment où elles pourraient avoir des besoins de financement accrus et où les conditions du crédit se resserrent. Le mécanisme achètera des acceptations bancaires à 1 mois à partir de la semaine du 23 mars. Des précisions suivront. Ceci s’ajoute à l’annonce d’opérations de pension à plus d’un jour à des échéances de 6 et 12 mois. Ces opérations auront lieu toutes les deux semaines.

Le ministre Morneau a annoncé qu’il présenterait un plan de relance économique la semaine prochaine, prévoyant 10 milliards de dollars de fonds nouveaux pour les deux organismes de financement des entreprises du pays : la Banque de développement du Canada et Exportation et développement Canada. Un montant de 1 milliard de dollars a été affecté aux mesures nationales de santé publique annoncées plus tôt cette semaine, accompagnées de quelques mesures modestes de soutien des travailleurs touchés.

Ainsi, d’importantes mesures de relance seront mises en œuvre la semaine prochaine. Leur montant n’a pas été précisé, mais il semble raisonnable de s’attendre à ce qu’il soit de l’ordre de 1 % du PIB. M. Morneau a aussi fait remarquer que le gouvernement envisage de fournir une aide directe aux particuliers et aux familles. Les vannes sont sur le point d’être ouvertes.

Enfin, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSFI) réduit l’exigence de fonds propres pour les six grandes banques canadiennes. Le surintendant Jeremy Rudin, qui dirige l’organisme de réglementation des banques du Canada, a annoncé qu’il réduirait la « réserve pour stabilité financière » du pays de 1,25 point de pourcentage de l’actif pondéré en fonction du risque, avec effet immédiat. La réserve sera de 1 %, contre 2,25 % précédemment. M. Rudin a rappelé que le gouvernement étudie une aide directe aux particuliers et aux familles. La mesure accroîtra la capacité de prêt des grandes banques de quelque 300 milliards de dollars. Elle réconfortera aussi le marché boursier, qui a vu les actions des banques péricliter depuis deux semaines. La santé des bilans des banques canadiennes suscitent toujours des inquiétudes quand les marchés sont sous pression.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé qu’il suspend les consultations sur le changement proposé au test de résistance pour les prêts hypothécaires non assurés. La révision du test pour les prêts hypothécaires assurés commencera le 6 avril comme prévu. Le BSIF veut attendre que les marchés reviennent à la normale avant de prendre une décision finale sur le taux admissible pour les prêts assurés. Il faut espérer que les banques réduiront leurs taux hypothécaires affichés à la suite de la baisse globale de 100 points de base du taux de financement à un jour et de la chute du rendement des obligations du gouvernement à 5 ans (voir le graphique ci-dessous). Le 12 mars, le Sommaire quotidien de la Banque du Canada maintenait encore le taux des prêts hypothécaires ordinaires – 5 ans (c.‑à‑d. le taux affiché) à 5,19 %.

Nous surveillerons maintenant ce que les banques feront en réponse à ces mesures. Réduiront-elles leurs taux préférentiels encore de 50 points de base? En feront-elles bénéficier les emprunteurs ayant un prêt hypothécaire à taux variable? Lundi sera une journée intéressante.

En somme : Voilà un excellent début pour anticiper ce qui sera probablement une période très délicate pour l’économie canadienne. Cependant, il reste à voir les détails. Des mesures de relance supplémentaires seront sans doute annoncées dans les jours et semaines à venir (de la part du gouvernement fédéral et des provinces). Prévoyez aussi que d’ici avril, la Banque du Canada réduira encore les taux de 50 points de base, jusqu’à 0,25 % pour le taux directeur à un jour. Au demeurant, si la situation se détériorait plus que prévu, la Banque du Canada, le gouvernement et le BSIF ont encore de la marge pour en faire davantage.

Le contraste est frappant au regard de la politique inepte et décousue au sud de la frontière. Espérons que les marchés financiers constateront à quel point le Canada est bien mieux préparé, tant financièrement que sur le plan de la santé publique, que ne le donnerait à croire notre récente performance boursière.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca