16 Avr

Les ventes et les inscriptions de maisons chutent en mars alors que la Banque du Canada accroît son soutien économique

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Publié par: Robert Perrier

Les ventes et les inscriptions de maison sont à l’arrêt, comme le reste de l’économie dans la deuxième moitié de mars
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Le marché du logement est une autre victime du virus

Selon les données publiées aujourd’hui par L’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont chuté de 14,3 % d’un mois à l’autre en mars. C’est la première indication nationale des répercussions de l’isolement social. La perturbation économique et les mises à pied massives ont fait que les acheteurs et les propriétaires vendeurs ont de plus en plus battu en retraite dans la deuxième moitié du mois.

La vaste majorité des marchés locaux ont affiché une baisse des transactions d’un mois à l’autre. Ce recul a affecté les plus grands marchés au pays : Grand Toronto (-20,8 %), Montréal (-13,3 %), Grand Vancouver (-2,9 %), vallée du Fraser (-13,6 %), Calgary (-26,3 %), Edmonton (-13,2 %), Winnipeg (-7,3 %), Hamilton-Burlington (-24,9 %) et Ottawa (-7,9 %).

Les ventes réelles (non désaisonnalisées) étaient tout de même en hausse de 7,8 % par rapport à mars 2019, un mois tranquille, mais cette hausse était nettement inférieure à celle de presque 30 % enregistrée en février par rapport à un an plus tôt.

« Le monde n’est pas près d’oublier mars 2020, a dit Jason Stephen, président de l’ACI. Au Canada, les ventes résidentielles et les inscriptions étaient en hausse, ce qui annonçait un printemps chargé pour les courtiers et agents immobiliers. Le vendredi 13, tout a tourné au cauchemar. Les membres de l’ACI respectent les directives et les conseils du gouvernement et adoptent des technologies virtuelles leur permettant de poursuivre les visites de propriétés avec les clients déjà présents sur le marché et de préparer les documents requis. »

« Les statistiques de mars 2020 reflètent deux réalités bien distinctes, explique Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. La forte croissance des ventes et des prix a eu lieu durant la période pré-COVID-19. Pour comprendre ce que nous réservent les prochains mois, il faut regarder les chiffres de la deuxième moitié de mars et ne pas oublier que c’est seulement à la quatrième semaine que le ralentissement le plus important a eu lieu. Les données préliminaires de la première semaine d’avril suggèrent que le nombre de ventes et le nombre de nouvelles inscriptions n’ont atteint que la moitié de leur niveau habituel pour cette période de l’année. »

Nouvelles inscriptions
Le nombre de nouvelles inscriptions était en baisse de 12,5 % en mars par rapport au mois précédent. Comme pour les ventes, la baisse est généralisée dans l’ensemble du pays.

Comme les ventes et les inscriptions affichent des ralentissements assez similaires en mars, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé légèrement, à 64 %, contre 65,4 % en février. L’équilibre du marché est donc très peu affecté, un résultat surprenant compte tenu de l’ampleur des pressions économiques et sociales engendrées par la crise que subissent les acheteurs et les propriétaires vendeurs.

La comparaison du ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions à la moyenne à long terme montre qu’environ les deux tiers de tous les marchés locaux étaient en équilibre en mars 2020. Les autres marchés continuaient presque tous de favoriser les propriétaires vendeurs.

On comptait 4,3 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mars 2020. Bien qu’il s’agisse d’une hausse par rapport aux 3,8 mois en février, le plus bas niveau depuis presque 15 ans, il reste que c’est presque un mois de moins que la moyenne à long terme de 5,2 mois. Comme le nombre total d’inscriptions a poursuivi son recul en mars, la chute d’un mois à l’autre est entièrement attribuable à l’effondrement des ventes.

Le nombre de mois d’inventaire dépasse largement la moyenne à long terme dans les provinces des Prairies et à Terre-Neuve-et-Labrador. En revanche, la mesure demeure bien en deçà des moyennes à long terme en Ontario, au Québec et dans les Maritimes. La mesure demeure bien équilibrée en Colombie-Britannique.

Prix des maisons
Comme cette mesure reste près de sa moyenne récente et que l’impact de la COVID-19 sur les ventes et les inscriptions n’est visible que vers la fin du mois de mars, il faudra sans doute un peu plus de temps avant que le contrecoup sur les prix ne se fasse sentir. Les mesures de prix en mars 2020 reflétaient des marchés bouillonnants et un printemps qui démarrait activement dans bien des régions du Canada, mais c’était avant l’imposition des mesures de distanciation sociale.

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,8 % en mars 2020 comparativement à février. Il s’agit du dixième gain mensuel consécutif de l’Indice.

En mars 2020, les résultats de l’IPP MLS® étaient en hausse par rapport au mois précédent dans 16 des 19 marchés mesurés par l’Indice. (Voir le tableau ci-dessous.)

Dans les grands marchés des Prairies, la tendance des prix était à la baisse à Calgary et à Edmonton en début d’année, mais a été globalement stable depuis le début de l’année passée. À Saskatoon, les prix ont également été stables au cours de l’année dernière, tandis qu’à Regina ils ont poursuivi leur mouvement à la baisse. À Winnipeg, les prix suivent une légère tendance à la hausse depuis le début de 2019.

Entre-temps, le redressement du prix des propriétés va bon train en Colombie-Britannique et dans la région du Grand Golden Horseshoe, en Ontario. Plus à l’est, la croissance des prix à Ottawa, à Montréal et à Moncton se poursuit comme elle le fait depuis un certain temps déjà. À Ottawa et à Montréal, la hausse des prix s’est accélérée au début de 2020.

En somme : De toute évidence, nous n’en sommes qu’au début, mais la chute des ventes et des nouvelles inscriptions dans la deuxième moitié de mars révèle un repli de l’activité immobilière qui durera vraisemblablement jusqu’à ce que la distanciation sociale soit levée et que tous se sentent suffisamment en sécurité pour reprendre leurs activités normales. Il y aura sans doute alors d’amples possibilités d’achat. Pour le moment toutefois, le marché du logement en est un de plus qui contribue à l’effondrement de l’économie.
Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
14 Avr

Le Canada perd plus de 1 million d’emplois en mars

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Publié par: Robert Perrier

Le Canada perd plus de 1 million d’emplois en mars

L’emploi s’est effondré au Canada en mars. Plus de 1 million d’emplois ont été perdus, effaçant en un mois le nombre créé en trois ans. La statistique illustre les ravages que la pandémie de coronavirus a infligés à l’économie. Proportionnellement, le Canada a perdu davantage d’emplois que les États-Unis. La chute exceptionnelle était prévisible dès que les autorités canadiennes ont annoncé que sur un mois, 5 millions de travailleurs, soit environ 20 % de la population active, avaient demandé une prestation d’urgence de soutien du revenu. Il faut y voir une conséquence de la mise en œuvre relativement rapide de vastes mesures de distanciation sociale au Canada.

La hausse marquée du chômage a initialement pris de court les responsables des politiques. Ils ont régi en prévoyant des subventions salariales destinées à éviter des mises à pied massives. Environ 70 % des fonds consacrés directement à la relance visent maintenant à préserver la paie des travailleurs.

Le solde net de nouveaux emplois a plongé de 1,01 million par rapport à février, ce qui est la plus forte baisse depuis 1976, selon ce qu’en disait Statistique Canada jeudi à Ottawa. Le taux de chômage a bondi, passant de 5,6 % en février à 7,8 % en mars.

Le nombre réel d’heures travaillé a baissé de 14 % par rapport à un an plus tôt et de 15 % par rapport au mois précédent. Voilà encore deux nouveaux records.

Les données de l’Enquête sur la population active (EPA) de mars révèlent la situation du marché du travail la semaine du 15 au 21 mars. À ce moment, une séquence d’interventions gouvernementales inusitées provoquées par la COVID-19 – y compris la fermeture des entreprises non essentielles, l’imposition de restrictions aux voyages et les mesures de santé publique exigeant que les Canadiens limitent les interactions en public – avaient été mises en place. Elles ont entraîné un ralentissement radical de l’activité économique et un choc soudain pour le marché du travail canadien. Les données d’aujourd’hui ne sont peut-être qu’un avant-goût. Des jours encore plus sombres sont à prévoir alors que l’économie semble partie pour son plus grand affaissement depuis la Grande Dépression.

Les chiffres sont désastreux, et pourtant Statistique Canada affirme qu’ils ne mesurent pas pleinement l’ampleur et l’étendue des répercussions de la COVID-19 sur les travailleurs et les entreprises du pays. Il faudra encore prendre en compte le nombre de Canadiens qui ont conservé leur emploi mais en travaillant moins d’heures, et le nombre de personnes qui n’ont pas cherché de travail vu les fermetures d’entreprises. Parmi ceux qui avaient un emploi en mars, le nombre qui n’a travaillé aucune heure dans la semaine de référence (15 au 21 mars) a augmenté de 1,3 million, et le nombre qui a travaillé moins de la moitié des heures habituelles a augmenté de 800 000. Ces augmentations dans les absences du travail peuvent être attribuées à la COVID-19. Elles font que le nombre total de Canadiens touchés par une perte d’emploi ou une réduction des heures a atteint 3,1 millions.

Région par région, l’emploi a chuté dans toutes les provinces. L’Ontario (‑403 000 ou ‑5,3 %), le Québec (‑264 000 ou ‑6,0 %), la Colombie-Britannique (‑132 000 ou ‑5,2 %) et l’Alberta (‑117 000 ou ‑5,0 %) ont été le plus touchés.

Le taux de chômage a augmenté dans toutes les provinces sauf à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard. Les plus fortes augmentations ont été constatées au Québec (+3,6 points de pourcentage, à 8,1 %), en Colombie-Britannique (+2,2 points de pourcentage, à 7,2 %) et en Ontario (+2,1 points de pourcentage, à 7,6 %). Le tableau ci-dessous indique le taux de chômage dans chaque province.

En mars, le nombre de personnes exclues de la population active – c’est-à-dire ni employées ni au chômage – a augmenté de 644 000. Parmi elles, 219 000 avaient travaillé récemment et voulaient un emploi mais n’en ont pas cherché. Ce nombre a augmenté de 193 000 (+743 %). Comme ces personnes ne cherchaient pas un emploi et n’étaient pas en mise à pied temporaire, elles ne sont pas comptées comme étant au chômage. Ce groupe est habituellement très petit et stable, donc il est raisonnable d’attribuer entièrement l’augmentation du mois à la COVID-19.

La baisse de l’emploi en mars a été plus prononcée dans le secteur privé (‑830 200 ou ‑6,7 %) que dans le secteur public (‑144 600 ou ‑3,7 %).

Le nombre de travailleurs autonomes a relativement peu baissé en mars (‑1,2 % ou ‑35 900), ressortant pratiquement au même niveau que 12 mois plus tôt. Le nombre de travailleurs autonomes pour leur propre compte sans employés s’est accru de 1,2 % en mars (données non désaisonnalisées). La majeure partie de cette augmentation est attribuable à la hausse observée dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale (+16,7 %), qui a contrebalancé les baisses enregistrées dans plusieurs autres secteurs. Au début d’un choc soudain sur le marché du travail, les travailleurs autonomes sont plus susceptibles de continuer à déclarer un attachement à leur entreprise, alors même que la conjoncture se détériore.

Le secteur des services a le plus souffert, représentant la presque totalité du déclin de 1 million d’emplois. Les plus fortes baisses ont été enregistrées dans des industries traitant avec le public ou offrant peu de possibilités de télétravail, telles que : hébergement et de restauration (‑23,9 %); information, culture et loisirs (‑13,3 %); services d’éducation (‑9,1 %); commerce de gros et de détail (‑7,2 %).

Des baisses plus modestes ont touché la plupart des autres secteurs, y compris dans les services essentiels comme les soins de santé et l’assistance sociale (‑4,0 %). L’emploi a peu changé dans la fonction publique, la construction et les services professionnels, scientifiques et techniques. Fait étonnant, l’emploi dans le domaine des ressources naturelles a augmenté malgré l’effondrement des prix pétroliers en mars.

Les femmes ont été plus susceptibles que les hommes de perdre leur emploi. Parmi le principal groupe d’âge actif, l’emploi des femmes a baissé plus de deux fois autant que l’emploi des hommes, peut-être du fait de la domination des hommes dans les métiers de la construction, considérés en mars comme du travail essentiel. Le secteur privé a subi une majorité des pertes d’emploi : 830 200.

En somme : Le graphique ci-dessous indique l’ampleur sans précédent de la chute de l’emploi le mois dernier en comparaison d’autres périodes de récession. Il est entendu que la situation actuelle n’est pas une récession typique. Elle résulte d’un arrêt de travail imposé par les gouvernements pour protéger la population de la COVID-19 et aplatir la courbe des nouveaux cas afin que le réseau de soins de santé puisse mieux réagir à l’arrivée massive de malades en phase critique. Il est encore tôt pour tirer des conclusions, mais les données indiquent que les mesures précoces et vigoureuses prises à l’échelle du Canada face à la pandémie étaient ce qu’il fallait faire. Il suffit de considérer les États-Unis, où l’arrêt des activités s’est fait à la pièce, timidement et tardivement. Le nombre de cas de COVID-19 est 22 fois plus élevé aux États-Unis qu’au Canada, alors que la population n’est que 10 fois plus importante.

Assurément, la croissance économique sera lamentable au deuxième trimestre. Les économistes de la Banque Royale viennent de publier des prévisions selon lesquelles la croissance accuserait une chute inédite de ‑32 % au deuxième trimestre, avec un taux de chômage de 14,6 %. Ils s’attendent à un rebondissement de +20 % au troisième trimestre, mais ne prévoient pas le retour du PIB canadien aux niveaux d’avant la pandémie avant 2022. Ces prévisions se fondent sur l’hypothèse que l’économie sera à l’arrêt environ 12 semaines, et que l’activité ne reviendra ensuite que graduellement à la normale.

Selon le rapport de la Banque Royale, les reventes de maisons baisseront sans doute de 20 % cette année. Les pertes d’emploi, la réduction des heures travaillées et la baisse du revenu, en même temps que les déclins du marché boursier, réduiront le nombre d’acheteurs. Les gouvernements et les banques ont adopté des politiques pour aider les propriétaires dans cette période difficile, ce qui devrait limiter les cas de ventes forcées et l’afflux de propriétés sur le marché. Pour autant, il n’est pas dit que les prix ne subiront pas des pressions baissières. Comme dans de nombreux autres secteurs, le redressement sera graduel pour le secteur du logement. Les taux d’intérêt réduits auront un effet stabilisateur, mais il faudra une relance du marché du travail et une reprise de l’immigration avant que les ventes n’accélèrent véritablement de nouveau. Les économistes de la Banque Royale pensent que la reprise se fera surtout en 2021.

Les responsables des politiques ont agi décisivement pour soutenir les revenus et les salaires. La Banque du Canada ne réduira sans doute pas les taux d’intérêt sous le niveau actuel de 0,25 % pour le taux à un jour. Cependant, elle continuera d’acheter de grandes quantités d’obligations gouvernementales, de titres hypothécaires (comme le fera aussi la SCHL), d’acceptations bancaires et de papier commercial. Elle réduira ainsi le coût des fonds pour les banques et améliorera la liquidité de tous les marchés. Le rapport de la Banque Royale note qu’au total, le train de mesures gouvernementales de soutien s’élève à 11,5 % du PIB, ce qui en fait un des plus importants parmi les pays développés.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
1 Avr

Pourquoi les taux hypothécaires sont-ils en hausse?

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Publié par: Robert Perrier

Les taux hypothécaires augmentent malgré les fortes réductions de taux de la Banque du Canada. Pourquoi?
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Pourquoi les taux hypothécaires sont-ils en hausse?

Depuis un mois, la Banque du Canada a retranché non moins de 1,5 point de pourcentage de son taux à un jour, qui est maintenant d’à peine 0,25 %. Nombreux sont ceux qui s’attendaient à une baisse équivalente des taux hypothécaires. Les banques ont certes réduit les taux préférentiels dans la même mesure, soit de 150 points de base (pb). Pourtant, depuis la deuxième réduction de taux de la Banque du Canada, le 13 mars, les banques et d’autres prêteurs ont au contraire augmenté les taux hypothécaires, aussi bien fixes que variables. Ce n’est pas ce qui arrive habituellement quand la Banque réduit son taux à un jour. Cependant, la présente période est décidément hors de l’ordinaire.

La pandémie de la COVID-19 a tout bouleversé, paralysant l’économie mondiale et minant la confiance des entreprises et des consommateurs. Personne ne sait quand ce sera fini. Une telle incertitude, avec un tel risque pour notre santé, est profondément troublante.

La plupart des entreprises ont suspendu leurs activités, donc le chômage a explosé. Les travailleurs salariés et bien des travailleurs autonomes se sont retrouvés sans revenu pour une période indéterminée. Hormis les travailleurs essentiels, tous restent à la maison, comme les écoliers et les enfants d’âge préscolaire. Rien de tel ne s’est produit depuis un siècle. Pour la société et pour chaque personne, les répercussions sont énormes. Tous les gouvernements mettent en place des programmes de soutien du revenu pour les particuliers et pour les entreprises, mais ils n’ont pas encore envoyé des chèques.

Par conséquent, l’économie n’a pas seulement ralenti. Elle s’est arrêtée net, et elle se contracte à vue d’œil. Il n’y a plus de voyages. Le commerce international et les transports sont à l’arrêt. Le secteur manufacturier et le commerce sont à l’arrêt. Et c’est pareil dans le monde entier.

Par-dessus le marché, les Saoudiens et les Russes ont profité de la situation pour augmenter leur production pétrolière et faire chuter les prix, dans une tentative à peine voilée d’évincer les producteurs marginaux aux États-Unis et au Canada. Voilà qui a exacerbé les répercussions négatives pour notre économie et radicalement augmenté le fléchissement de notre marché boursier.

De nombreux Canadiens doivent maintenant vivre de leurs économies ou s’endetter en attendant l’assurance-chômage ou autre forme d’aide gouvernementale. Et quand l’aide arrivera, elle ne couvrira pas 100 % des revenus perdus. La majorité de la population a très peu d’économies, donc devra utiliser des marges de crédit hypothécaire ou autres lignes de crédit, ou bien les cartes de crédit. Les entreprises ont le même problème.

La bonne nouvelle est que les particuliers et les entreprises ayant des prêts liés au taux préférentiel profitent d’une réduction considérable de leurs versements mensuels. Toutes les grandes banques ont réduit leurs taux préférentiels de 3,95 % à 2,45 %. Ceux qui ont des prêts à taux variable, que ce soit un prêt hypothécaire, une marge de crédit hypothécaire ou une ligne de crédit d’entreprise, ont vu le coût de leurs emprunts baisser de 1,5 point de pourcentage. Ils ont ainsi d’autant moins à utiliser cette source de fonds pour remplacer des revenus perdus.

Mais pourquoi les taux des nouveaux prêts hypothécaires sont-ils en hausse?

Les perturbations de la COVID-19 ont sensiblement réduit les bénéfices des banques et autres prêteurs, et radicalement augmenté leurs risques. Voilà pourquoi les actions des banques et d’autres prêteurs cotés en bourse ont chuté, ce qui a fait augmenter leur taux de rendement en dividendes bien au-delà du rendement des obligations gouvernementales. Par exemple, l’action de la Banque Royale a chuté de 22 $ jusqu’à présent cette année, ce qui a porté son dividende annuel à 5,31 %. Pour la CIBC, l’action a baissé de 30 % et le rendement en dividende a grimpé à 7,66 %. En comparaison, le rendement des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans est d’à peine 0,64 %. La différence est le reflet de la perception qu’ont les investisseurs du risque pour les banques canadiennes.

Ainsi, le coût des fonds pour les banques et autres prêteurs a augmenté fortement malgré la réduction du taux à un jour de la Banque du Canada. Les dépôts à court terme – surtout les comptes d’épargne et les comptes-chèques – sont la source de fonds la moins coûteuse. Cependant, les consommateurs sans emploi et les entreprises à l’arrêt puisent dans ces dépôts pour payer le loyer ou acheter à manger.

Les dépôts à plus long terme – les certificats de placement garanti (CPG) – sont des sources de fonds plus coûteuses. En revanche, comme les consommateurs doivent payer d’importantes pénalités s’ils les encaissent à l’avance, ils sont aussi une source plus fiable dans une période comme nous vivons. Selon le spécialiste des finances des consommateurs du quotidien Globe and Mail Rob Carrick : « Les taux de CPG devraient être dans la cave pour le moment, parce que c’est ce qui arrive généralement aux taux en période de tensions économiques. Mais les taux des CPG devraient suivre une évolution semblable à celle des taux hypothécaires, qui ont augmenté récemment parce que les prêteurs y intègrent une prime pour le risque de crédit qui est lui-même en hausse. »

Pour obtenir des fonds, certaines des plus petites banques ont augmenté leurs taux pour les comptes d’épargne et les CPG. Par exemple, la Banque Équitable donne 2,45 % sur son compte d’épargne à intérêt élevé et 2,55 % sur son CPG à 5 ans. D’autres petites banques rehaussent aussi leurs taux sur les CPG, augmentant le coût de leurs fonds. Rob McLister a noté que « Des banques comme Home Capital, la Banque Équitable et la Banque canadienne de l’Ouest ont augmenté leurs taux sur des CPG à un an de plus de 65 points de base ces dernières semaines, selon les données de l’analyste du marché du logement Ben Rabidoux. »

Les banques doivent augmenter les fonds réservés pour des pertes sur les prêts, ce qui accentue le déclin de leurs bénéfices. Une part anormalement élevée des pertes sur prêts des banques canadiennes vient du secteur pétrolier. Le risque de crédit est toutefois en forte hausse pour presque toutes les entreprises, petites ou grandes. On peut penser aux compagnies aériennes, aux compagnies maritimes, aux fabricants, aux concessionnaires d’automobiles, aux grands magasins et ainsi de suite.

Les prêteurs ont été inondés de milliers de demandes de report des versements hypothécaires.

Ainsi, face à des coûts en hausse et des revenus en baisse, les banques se serrent la ceinture. Elles ont sabré dans les taux préférentiels tout en supprimant les réductions du taux préférentiel accordées pour les nouveaux prêts hypothécaires à taux variable. Certains prêteurs vont sûrement commencer à demander le taux préférentiel majoré d’une prime pour ces prêts. Les banques ont aussi augmenté les taux des prêts hypothécaires à taux fixe, alors que toutes les pressions réduisant les bénéfices des banques amènent les investisseurs à insister que les banques paient davantage pour les fonds dont elles ont besoin pour assurer leur liquidité.

Autre source de préoccupation, les marchés financiers sont devenus de moins en moins liquides. Les vendeurs ne trouvent pas des acheteurs prêts à payer des prix raisonnables. Les écarts entre les cours acheteur et vendeur s’amplifient. Cela étant, la banque centrale et la SCHL achètent d’énormes quantités d’obligations hypothécaires. Pour la même raison, la Banque du Canada a aussi commencé à effectuer de vastes achats hebdomadaires de titres du gouvernement et de papier commercial. Ces entités gouvernementales sont devenues des acheteurs de dernier recours, apportant de la liquidité aux marchés hypothécaire et obligataire.

Ces marchés sont vitaux pour la stabilité financière du Canada. Les vastes achats de titres constituent ce qu’on appelle « assouplissement quantitatif », une stratégie à laquelle la Banque du Canada n’avait jamais recouru auparavant. Elle a été utilisée à grande échelle par la Réserve fédérale américaine et d’autres banques centrales lors de la crise financière de 2008-2010. Une banque centrale choisit l’assouplissement quantitatif pour préserver le fonctionnement des marchés financiers quand la confiance des entreprises et des consommateurs est si faible qu’elle n’a pas d’autre moyen de stimuler les investissements et les dépenses. Aujourd’hui, les entreprises et les particuliers sont en confinement, et personne ne sait jusqu’à quand. Face à une telle incertitude, la confiance en l’avenir est réduite. La tendance naturelle est à annuler les grandes dépenses et à attendre des jours meilleurs.

Nous vivons une période inédite. Quand l’urgence sanitaire sera passée, nous célébrerons le retour à une nouvelle normalité. Entre-temps, des choses apparemment étranges continueront de se produire sur les marchés financiers.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
30 Mar

La Banque du Canada agit pour rétablir « la fonctionnalité des marchés financiers »

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada a pris une mesure d’urgence non planifiée, réduisant les taux de 50 points de base, jusqu’à 0,25 %. Elle a aussi annoncé des achats à grande échelle de papier commercial et de titres du gouvernement. Elle veut ainsi améliorer la liquidité et assurer la disponibilité de crédit.
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La Banque du Canada agit pour rétablir « la fonctionnalité des marchés financiers »

La Banque du Canada a abaissé aujourd’hui le taux cible du financement à un jour de 50 points de base pour le porter à 0,25 %. Cette décision non planifiée fait passer le taux directeur à sa valeur plancher. Elle a pour objectif de soutenir le système financier canadien et l’économie pendant la pandémie de COVID-19. (Voir le graphique ci-dessous.)

Les tensions sur les marchés du papier commercial et des titres du gouvernement ont mené aux mesures d’aujourd’hui allant dans le sens de l’assouplissement quantitatif. Le Conseil de direction de la Banque se rencontre chaque jour pendant la crise de la pandémie. L’illiquidité du marché est un problème important. La Banque considère qu’il est fondamental. Les vastes achats d’actifs financiers sont destinés à améliorer le fonctionnement des marchés financiers.

Les primes de risque de crédit ont augmenté sensiblement depuis quelques jours. Les gens se tournent vers l’argent liquide. La liquidité s’est évaporée dans tous les marchés financiers, même les marchés garantis par le gouvernement, comme ceux des Obligations hypothécaires du Canada (OHC) et des obligations et bons du gouvernement du Canada. Le marché du papier commercial – utilisé par les entreprises pour du financement à court terme – est devenu non fonctionnel. La Banque effectue de vastes achats d’actifs financiers sur des marchés non liquides, pour améliorer le fonctionnement des marchés sur toute la courbe de rendement. Elle ne tente pas pour le moment de modifier la forme de la courbe, mais elle pourrait le faire à l’avenir.

Ses achats créeront la liquidité dont le système financier a tant besoin, pour que l’intermédiation financière puisse fonctionner. Le risque a augmenté, ce qui engendre la nécessité d’injections de fonds plus importantes.

Lors d’une conférence de presse aujourd’hui, la première sous-gouverneure Carolyn Wilkins a évité de spéculer sur les autres mesures que la Banque pourrait prendre à l’avenir. Interrogée à savoir jusqu’où les choses pourraient aller, elle a répondu que tout dépend de la résolution des enjeux de santé liés à la COVID-19.

La Banque abordera les perspectives économiques de son Rapport sur la politique monétaire lors de sa réunion régulière du 15 avril. En réponse à des questions, le gouverneur Stephen Poloz a affirmé qu’il est difficile d’évaluer les répercussions qu’aura l’arrêt de l’économie. Un cycle négatif de pessimisme est manifestement enclenché. Les réductions de taux de la Banque aident à réduire les versements mensuels sur les dettes à taux variable. Le gouverneur espère préserver la confiance des consommateurs et l’attente d’un retour à la normale.

La chute du prix du pétrole à elle seule justifierait que la Banque du Canada réduise les taux d’intérêt. L’urgence médicale de la COVID-19 et l’arrêt de l’activité aggravent sensiblement la situation. La politique monétaire peut seulement amortir le coup et éviter des problèmes structurels dans l’économie. Le taux à un jour de 0,25 % concorde avec les taux du marché le long de la courbe de rendement.

Des niveaux élevés d’endettement des ménages ont été une source de préoccupation dans le passé. L’assouplissement de la politique monétaire aidera à faire le pont jusqu’à ce que les problèmes de santé soient résolus. Le marché de l’habitation, selon Mme Wilkins, ne suscite plus de crainte d’endettement excessif de la part de ménages à court d’argent.

Pour le moment, la Banque n’envisage pas des taux d’intérêt négatifs. La politique monétaire n’a plus guère de marge de manœuvre, comme les taux d’intérêt sont déjà très faibles. Les entreprises étant à l’arrêt, des taux plus bas n’inciteront pas les consommateurs à dépenser.

La Banque continuera ses vastes achats de dettes pendant une période prolongée afin de fournir de la liquidité. Elle peut le faire pratiquement sans limite, autant que nécessaire. Les responsables des politiques pensent aussi à la période d’après la crise. Ils veulent que l’économie ait de bonnes assises pour la croissance, lorsque l’activité reviendra à la normale.

Des mesures de stimulation financière sont essentielles en ce moment. Le soutien du revenu récemment annoncé pour les personnes qui ne bénéficient pas de l’assurance-emploi est un filet de sécurité particulièrement important pour l’économie. Il y a de nombreux autres éléments de stimulation, et le gouvernement reste prêt à en faire davantage au besoin.

Le dollar canadien a faibli à la suite des plus récentes mesures d’urgence de la Banque. Il a aussi souffert lourdement de la chute des prix du pétrole. Le Canada est doublement frappé : par la pandémie et par la guerre des prix pétroliers entre l’Arabie saoudite et la Russie. La baisse du dollar canadien mène à une hausse des prix des importations. Cependant, la pandémie a perturbé le commerce, et les importations ont baissé.

La Banque du Canada a laissé entendre qu’elle rencontre les dirigeants des six grandes banques deux fois par semaine. Le coût des fonds a grimpé pour les banques. La SCHL leur achète de forts volumes de prêts hypothécaires, ce qui, combiné aux achats d’OHC par la banque centrale, renforcera la liquidité. Les banques sont bien capitalisées et solides. Il existe un niveau très élevé de collaboration entre la Banque du Canada et les six grandes banques.

Le marché boursier connaît trois bonnes journées
Depuis trois jours, comme l’indique le graphique ci-dessous, la Bourse de Toronto a récupéré une partie de ses pertes, alors que le Canada et les États-Unis annonçaient d’énergiques mesures de stimulation financière. En outre, la Banque du Canada a maintenant baissé les taux d’intérêt trois fois depuis un mois, d’en tout 1,5 point de pourcentage. La Réserve fédérale américaine en a fait autant dans la même période. La banque centrale, en plus d’abaisser le coût des emprunts, a annoncé récemment une série de mesures visant à injecter des liquidités dans le système bancaire et les marchés monétaires. Elle veut aussi s’assurer de pouvoir faire face à toute tension dans le système financier qui toucherait l’ensemble du marché.

Les difficultés économiques commencent à peine au Canada, par suite de la flambée du chômage et de l’arrêt de toute activité hormis les services essentiels. La situation est semblable aux États-Unis, où les demandes initiales d’assurance-chômage ont atteint un sommet historique de 3,8 millions. Le record précédent était de 685 000, pendant la crise financière d’il y a une décennie. Voilà qui donne une première indication d’une économie terrassée par le virus, et ce n’est pas fini. Tout ceci est inédit, mais les responsables des politiques continueront assurément de faire tout ce qu’il faut pour amortir le coup de la pandémie pour les consommateurs et les entreprises, et pour faire le pont jusqu’au retour à la normale.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
17 Mar

La Fed réduit le taux à un jour d’un point de pourcentage, mais les marchés plongent

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Publié par: Robert Perrier

La Fed réduit le taux à un jour d’un point de pourcentage, mais les marchés plongent

Lors d’une réunion inédite dimanche après-midi, la Réserve fédérale américaine (Fed) a réduit son taux directeur de 100 points de base, jusqu’à la fourchette de 0 % à 0,25 % (voir le graphique ci-dessous). En outre, son comité a annoncé un accès accru à l’escompte officiel des prêts de la Fed aux banques. La Fed est le prêteur de dernier recours, et elle indique qu’elle fournira des liquidités au besoin. Les taux d’intérêt étant déjà si faibles, la Fed sait que des réductions de taux supplémentaires auront des effets limités. Cela étant, elle en revient à l’assouplissement quantitatif – l’achat de volumes importants de bons et obligations du Trésor américain ainsi que de titres adossés à des créances hypothécaires (TACH), afin d’injecter des liquidités dans le système financier.

Les marchés des titres du Trésor et des TACH américains sont habituellement les plus profonds et les plus liquides au monde. Depuis deux semaines cependant, la liquidité s’est évaporée. L’instabilité financière a grimpé fortement, avec le niveau élevé de volatilité. Les banques ont constaté d’importants retraits, les consommateurs s’assurant des réserves d’argent liquide comme de tout le reste. Le coût des fonds pour les banques a fortement augmenté en raison de la perception accrue du risque. Au vu de l’effondrement des prix du pétrole, les banques exposées au secteur pétrolier se ménagent des réserves pour prêts non productifs. Comme des entreprises cessent leurs activités partout et dans presque tous les secteurs, le risque de défaillance augmente encore. Les consommateurs confinés à la maison dépensent moins. Les travailleurs autonomes et les salariés à l’heure risquent de ne rien gagner. La fermeture des écoles ajoute une charge pour les parents qui n’ont pas d’autre solution de garde pour leurs enfants.

Selon l’organisme Centers for Disease Control and Prevention (CDC), toute cette perturbation pourrait durer des mois. Il a recommandé hier d’éviter les réunions de plus de 50 personnes pendant huit semaines. La situation a suscité des inquiétudes croissantes pour les banques. Les actions bancaires ont chuté, et le rendement des obligations bancaires a grimpé. Les banques et autres prêteurs hypothécaires craignent d’être inondés de demandes de refinancement, surtout aux États-Unis, où les pénalités pour résiliation d’une hypothèque sont sensiblement plus faibles qu’au Canada. En raison de la vague de refinancements aux États-Unis, le prix des TACH a fortement baissé, ce qui a augmenté leur rendement et fortement réduit la liquidité du marché.

La hausse des primes de risque, la probabilité d’une récession et le manque de liquidité font que les banques canadiennes et américaines augmentent certains taux hypothécaires. Les prêteurs rabotent le rabais accordé sur le taux préférentiel pour les prêts hypothécaires à taux variable. Certains taux fixes ont aussi augmenté légèrement. Un tel élargissement de l’écart entre les taux hypothécaires et les rendements des obligations gouvernementales s’était déjà vu lors de la crise financière. Les bilans des banques augmenteront considérablement à mesure qu’entreprises et consommateurs en difficulté puiseront davantage dans leurs lignes de crédit. Nombreux sont ceux qui ne parviendront pas à effectuer les paiements d’intérêts à temps. Les réserves pour pertes sur prêts, qui sont déjà en hausse, seront encore augmentées. Les dépôts liquides diminueront, bien des consommateurs étant contraints de vivre de leurs économies, hésitant à vendre leurs actions vu les cours sensiblement déprimés.

Nous ne sommes pas dans une période normale. Les mesures prises par la Fed n’ont pas calmé les marchés. Les rendements boursiers et obligataires ont croulé du jour au lendemain, et les marchés boursiers ont ouvert en forte baisse en Amérique du Nord. Le S&P 500 était en baisse de 8 % à l’ouverture, et le TSX, de 11 %, ce qui a déclenché le coupe-circuit suspendant les transactions – pour la troisième fois en une semaine. Le TSX est à environ 35 % sous son récent sommet (voir le graphique ci-dessous), et le S&P 500, à plus de 20 %. Le recul relativement plus grand du marché boursier canadien reflète la grande place qu’y tient le secteur de l’énergie. Les deux secteurs les plus faibles du TSX sont l’énergie et la finance.

Le monde entier sait que la Fed et d’autres banques centrales arrivent au bout de leurs munitions. Le gouverneur de la Fed Jerome Powell a affirmé hier qu’il n’irait pas jusqu’à des taux directeurs négatifs, mais recourrait plutôt au « cadrage prospectif » et à l’achat d’actifs (assouplissement quantitatif).

La bonne nouvelle est que les banques sont fortement capitalisées et beaucoup plus résilientes que lors de la crise financière. Depuis cette époque, les banques centrales ont mis en place des mesures pour surveiller la stabilité financière. Vendredi dernier, le Bureau du surintendant des institutions financières (BFSI) du Canada a réduit l’exigence de fonds propres des banques canadiennes, libérant 300 milliards de dollars que les banques pourront utiliser pour soutenir des emprunteurs en difficulté. Le BFSI a mis en garde contre l’utilisation de ces fonds pour racheter des actions ou augmenter les dividendes.

Le BFSI a aussi suspendu la révision proposée du taux admissible pour les prêts hypothécaires, qui devait commencer le 6 avril. Le taux hypothécaire affiché publié chaque semaine par la Banque du Canada restera le taux admissible. Il est actuellement de 5,19 %, mais il devrait baisser cette semaine à environ 4,95 %.

En cette période extraordinaire cependant, il y a une perte de confiance dans le système financier. Certains réclament une fermeture complète des marchés boursiers – mais on peut imaginer la panique s’il devenait impossible de vendre des actifs. C’est alors qu’il y aurait réellement une ruée sur les banques. Ce n’est pas le moment de céder à la panique.

Le marché canadien du logement

L’Association canadienne de l’immeuble (ACI) a annoncé aujourd’hui que les ventes résidentielles enregistrées sur les systèmes MLS® canadiens ont augmenté de 5,9 % en février 2020. Il s’agit d’une des progressions d’un mois à l’autre les plus élevées de la dernière décennie. Les ventes réelles (non désaisonnalisées) ont dépassé de 26,9 % celles de février 2019 – qui étaient toutefois très faibles. De fait, février 2019 a été le mois de février le plus faible en dix ans, ce qui explique en bonne part l’important gain de cette année. Février 2020 a également profité d’un jour supplémentaire en raison de l’année bissextile.

« La hausse du prix des propriétés s’accélère dans les marchés où les inscriptions se raréfient, plus particulièrement en Ontario, au Québec et dans les Maritimes, qui ensemble génèrent à peu près les deux tiers des ventes au pays, a indiqué Jason Stephen, le président de l’ACI. Au même moment, l’abondance de l’offre dans les Prairies et à Terre-Neuve-et-Labrador se traduit par une concurrence accrue entre les propriétaires-vendeurs. »

Le nombre d’habitations nouvellement inscrites a bondi de 7,3 % entre janvier et février, ce qui a plus qu’effacé les baisses de la fin 2019. Des gains ont été enregistrés à ce chapitre dans plusieurs grands marchés, dont la vallée du Fraser, Calgary, Edmonton, le Grand Toronto, Hamilton-Burlington, Kitchener-Waterloo, Windsor-Essex, Ottawa et Montréal.

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,7 % en février 2020 comparativement à janvier. Il s’agit du neuvième gain mensuel consécutif de l’Indice. Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en février 2020 se situait à environ 540 000 $, soit une hausse de 15,2 % comparativement au même mois l’année dernière. (Voir l’évolution des prix selon les régions, dans le tableau ci-dessous.)

Mais il n’y a là rien de surprenant, surtout au vu de tous les événements des deux dernières semaines. Que va-t-il maintenant arriver sur le marché du logement? Tout dépendra de l’évolution de la pandémie. Les taux d’intérêt faibles seraient normalement très favorables pour le marché du logement, surtout pour les acheteurs d’une première maison. Cependant, la distanciation sociale n’est guère compatible avec les maisons portes ouvertes et le magasinage immobilier.

De plus, la volatilité et l’instabilité minent la confiance des consommateurs. Les acheteurs qui avaient placé en bourse leurs économies pour une mise de fonds en ont perdu presque le tiers, sur papier. Par ailleurs, il faut se demander combien de vendeurs d’une maison voudraient voir une succession d’étrangers déambuler dans leur demeure pendant la pandémie. Le marché du logement, comme le reste, va probablement tourner au ralenti à court terme.

La Banque du Canada espère que ses réductions des taux d’intérêt stabiliseront le marché du logement, qui sinon aurait pu essentiellement se fermer. Les taux réduits se traduiront par des mensualités réduites pour les emprunteurs ayant un taux variable. On peut prévoir que la Banque réduira encore les taux, presque à zéro, comme la Fed. Jusqu’à présent, les banques canadiennes n’ont pas réagi à la réduction de taux de vendredi de la Banque du Canada. Le taux préférentiel avait baissé de 50 points de base le 5 mars, après que la Banque avait réduit son taux directeur d’autant le 4 mars. Les six grandes banques n’ont toutefois pas encore donné suite à la réduction de 75 points de base d’il y a trois jours.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Mar

D’extraordinaires mesures coordonnées pour atténuer l’impact économique de la pandémie au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Un ensemble exceptionnel de mesures gouvernementales coordonnées a été annoncé aujourd’hui pour aider à amortir le choc de la pandémie et de la chute des prix du pétrole pour l’économie canadienne.
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D’extraordinaires mesures coordonnées pour atténuer l’impact économique de la pandémie au Canada

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada adoptera un important plan de relance économique, dans le cadre d’un effort coordonné avec d’autres pays du Groupe des Sept pour contrer le ralentissement économique mondial et calmer les marchés. Lors d’une conférence de presse exceptionnelle tenue à 14 h aujourd’hui, le ministre des Finances Bill Morneau a pris place aux côtés du gouverneur de la Banque du Canada et le surintendant des institutions financières pour annoncer des mesures destinées à rassurer les marchés financiers, stimuler la confiance et soutenir l’économie canadienne.

À peine neuf jours après que la Banque du Canada a abaissé le taux directeur à un jour de 50 points de base, à 1,25 %, le gouverneur Stephen Poloz a annoncé une nouvelle réduction de 50 points de base, ramenant le taux directeur à 0,75 %. La Banque du Canada a fait la déclaration officielle suivante :

  • « La Banque du Canada a abaissé aujourd’hui le taux cible du financement à un jour de 50 points de base pour le ramener à ¾ %. Le taux officiel d’escompte s’établit à 1 %, et le taux de rémunération des dépôts, à ½ %. Cette décision non prévue se veut une mesure proactive prise à la lumière des chocs négatifs subis par l’économie canadienne en raison de la pandémie de COVID-19 et de la récente chute des prix du pétrole.
  • Il est clair que la propagation du coronavirus a des conséquences sérieuses pour les familles canadiennes et pour l’économie du pays. De plus, la diminution des prix du pétrole, même depuis notre dernière décision du 4 mars, pèsera grandement sur l’économie, en particulier dans les régions où le secteur de l’énergie est fortement présent.
  • La Banque publiera une nouvelle projection pour les économies canadienne et mondiale le 15 avril. À mesure que la situation évolue, le Conseil de direction se tient prêt à ajuster de nouveau la politique monétaire au besoin pour soutenir la croissance économique et maintenir l’inflation à la cible.
  • La Banque a aussi pris d’autres mesures pour veiller à ce que le système financier canadien dispose de suffisamment de liquidités. Ces mesures additionnelles ont été annoncées dans des avis distincts sur le site Web de la Banque. La Banque suit de près les conditions économiques et financières, en coordination avec les autres banques centrales et les autorités budgétaires du G7. »

À la conférence de presse, un journaliste à demandé à M. Poloz s’il était possible qu’il amène le taux directeur jusqu’à des niveaux négatifs. M. Poloz a répondu qu’il « n’aime pas les taux d’intérêt négatifs » et que le Canada a suffisamment de capacité d’action financière pour que, espère-t-il, des taux d’intérêt négatifs ne risquent pas d’être nécessaires.

Et d’ajouter : « Conjuguée aux autres mesures annoncées aujourd’hui, la baisse des taux d’intérêt aidera à soutenir la confiance des entreprises et des ménages. Par exemple, les coûts d’emprunt seront plus bas pour les nouveaux achats de logements et pour les prêts hypothécaires à taux variable et les renouvellements de prêts hypothécaires. »

Aujourd’hui, la Banque a aussi annoncé l’établissement d’un nouveau mécanisme d’acquisition des acceptations bancaires. Cette mesure soutiendra un marché de financement essentiel pour les petites et moyennes entreprises à un moment où elles pourraient avoir des besoins de financement accrus et où les conditions du crédit se resserrent. Le mécanisme achètera des acceptations bancaires à 1 mois à partir de la semaine du 23 mars. Des précisions suivront. Ceci s’ajoute à l’annonce d’opérations de pension à plus d’un jour à des échéances de 6 et 12 mois. Ces opérations auront lieu toutes les deux semaines.

Le ministre Morneau a annoncé qu’il présenterait un plan de relance économique la semaine prochaine, prévoyant 10 milliards de dollars de fonds nouveaux pour les deux organismes de financement des entreprises du pays : la Banque de développement du Canada et Exportation et développement Canada. Un montant de 1 milliard de dollars a été affecté aux mesures nationales de santé publique annoncées plus tôt cette semaine, accompagnées de quelques mesures modestes de soutien des travailleurs touchés.

Ainsi, d’importantes mesures de relance seront mises en œuvre la semaine prochaine. Leur montant n’a pas été précisé, mais il semble raisonnable de s’attendre à ce qu’il soit de l’ordre de 1 % du PIB. M. Morneau a aussi fait remarquer que le gouvernement envisage de fournir une aide directe aux particuliers et aux familles. Les vannes sont sur le point d’être ouvertes.

Enfin, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSFI) réduit l’exigence de fonds propres pour les six grandes banques canadiennes. Le surintendant Jeremy Rudin, qui dirige l’organisme de réglementation des banques du Canada, a annoncé qu’il réduirait la « réserve pour stabilité financière » du pays de 1,25 point de pourcentage de l’actif pondéré en fonction du risque, avec effet immédiat. La réserve sera de 1 %, contre 2,25 % précédemment. M. Rudin a rappelé que le gouvernement étudie une aide directe aux particuliers et aux familles. La mesure accroîtra la capacité de prêt des grandes banques de quelque 300 milliards de dollars. Elle réconfortera aussi le marché boursier, qui a vu les actions des banques péricliter depuis deux semaines. La santé des bilans des banques canadiennes suscitent toujours des inquiétudes quand les marchés sont sous pression.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé qu’il suspend les consultations sur le changement proposé au test de résistance pour les prêts hypothécaires non assurés. La révision du test pour les prêts hypothécaires assurés commencera le 6 avril comme prévu. Le BSIF veut attendre que les marchés reviennent à la normale avant de prendre une décision finale sur le taux admissible pour les prêts assurés. Il faut espérer que les banques réduiront leurs taux hypothécaires affichés à la suite de la baisse globale de 100 points de base du taux de financement à un jour et de la chute du rendement des obligations du gouvernement à 5 ans (voir le graphique ci-dessous). Le 12 mars, le Sommaire quotidien de la Banque du Canada maintenait encore le taux des prêts hypothécaires ordinaires – 5 ans (c.‑à‑d. le taux affiché) à 5,19 %.

Nous surveillerons maintenant ce que les banques feront en réponse à ces mesures. Réduiront-elles leurs taux préférentiels encore de 50 points de base? En feront-elles bénéficier les emprunteurs ayant un prêt hypothécaire à taux variable? Lundi sera une journée intéressante.

En somme : Voilà un excellent début pour anticiper ce qui sera probablement une période très délicate pour l’économie canadienne. Cependant, il reste à voir les détails. Des mesures de relance supplémentaires seront sans doute annoncées dans les jours et semaines à venir (de la part du gouvernement fédéral et des provinces). Prévoyez aussi que d’ici avril, la Banque du Canada réduira encore les taux de 50 points de base, jusqu’à 0,25 % pour le taux directeur à un jour. Au demeurant, si la situation se détériorait plus que prévu, la Banque du Canada, le gouvernement et le BSIF ont encore de la marge pour en faire davantage.

Le contraste est frappant au regard de la politique inepte et décousue au sud de la frontière. Espérons que les marchés financiers constateront à quel point le Canada est bien mieux préparé, tant financièrement que sur le plan de la santé publique, que ne le donnerait à croire notre récente performance boursière.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
10 Mar

Tourmente sur les marchés mondiaux, chute du cours du pétrole et des rendements

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Publié par: Robert Perrier

Nouveau choc ce lundi matin : le pétrole perd un cinquième de sa valeur du jour au lendemain alors qu’un affrontement entre l’Arabie saoudite et la Russie menace d’inonder de brut un monde déjà secoué par le coronavirus. Les provinces des Praires canadiennes subissent les contrecoups.
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Tourmente sur les marchés mondiaux, chute du cours du pétrole et des rendements

Les marchés tremblent face à une guerre des prix du pétrole et aux répercussions économiques de l’épidémie de coronavirus. Les investisseurs inquiets se sont rués vers des valeurs refuges faisant baisser les rendements jusqu’à des planchers records. Les prix du pétrole ont chuté de 30 % après que l’Arabie saoudite a annoncé son intention de réduire la plupart de ses prix et d’augmenter sa production en réaction au refus de la Russie de s’associer à l’OPEP pour soutenir les prix (voir le graphique ci-dessous). Les marchés de change en ont été secoués : la baisse subite des cours du pétrole et des actions a entraîné une fuite des devises liées aux produits de base, en faveur de la sécurité perçue du yen japonais et du dollar américain. Le dollar canadien a baissé à 0,7362 $US jusqu’à présent. Le rendement à 5 ans des obligations du gouvernement du Canada a baissé jusqu’à 0,284 %, avant de se rétablir jusqu’à environ 0,535 %, ce qui reste bien sous les 0,65 % de la clôture de vendredi (voir deuxième graphique ci-dessous).

Le cours des actions s’est écroulé dans la première heure des transactions en Amérique du Nord. La panique a fait baisser le Dow de 2000 points, et le S&P 500 a perdu 7 %, ce qui a déclenché un coupe-circuit suspendant les transactions pendant 15 minutes. Le TSX a effectué une plongée vertigineuse à l’ouverture, perdant plus de 1400 points ou 9,0 %, entraîné dans sa baisse par les pétrolières et les financières.

La propagation du coronavirus hors de la Chine a triplé dans la dernière semaine. Le département d’État américain a annoncé hier que les personnes âgées devraient éviter les croisières, surtout si elles ont un système immunitaire affaibli. La crainte d’une récession grandit à mesure que l’épidémie progresse.

Aux États-Unis, d’aucuns s’inquiètent de ce que le gouvernement ne gère pas convenablement l’épidémie. Des informations contradictoires circulent, et il manque de trousses de dépistage alors que le nombre de cas de coronavirus a franchi le cap des 500 en fin de semaine. Le président Trump a retweeté un mème de lui-même jouant du violon dimanche, comme l’aurait fait l’empereur romain Néron pendant que Rome brûlait. Or, le leadership revêt une importance capitale en cette période.

Les coûts de l’emprunt sont en forte baisse – ce qui est un aspect positif de la situation pour les acheteurs d’une première maison. Le meilleur conseil pour les investisseurs est de résister à la panique. Tout ceci passera, bien que nul ne sache quand,

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
4 Mar

La Fed sort les gros canons

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Publié par: Robert Perrier

 La Fed sort les gros canons

La Réserve fédérale américaine frappe un grand coup. Avant même sa réunion régulière du 18 mars, elle a réduit son taux cible des fonds à un jour de 50 points de base d’un coup, dans la fourchette de 1 % à 1,25 %. Il est maintenant franchement sous le taux cible de 1,75 % de la Banque du Canada. Quand celle-ci tiendra sa réunion demain, elle pourrait être contrainte de décréter une baisse à son tour, peut-être aussi de 50 points de base.

La Fed n’a pas réduit ses taux en dehors de son cycle normal de réunions depuis le 8 octobre 2008, quand l’effondrement de Lehman Brothers avait secoué les marchés financiers. Cette façon de faire est donc rare, quoique pas inédite.

La Banque du Canada est tiraillée. Une réduction de taux si importante stimulerait l’emprunt des ménages et le marché du logement, que la Banque juge suffisamment robuste.

Le Federal Open Market Committee (FOMC, le groupe d’élaboration des politiques de la Fed) s’est expliqué par voie de déclaration : « Les bases de l’économie américaine restent solides. Cependant, le coronavirus pose de nouveaux risques pour l’activité économique. À la lumière de ces risques, pour soutenir ses objectifs d’un emploi maximum et d’une stabilité des prix, le FOMC a décidé aujourd’hui de réduire la fourchette cible du taux des fonds fédéraux d’un demi-point de pourcentage, le situant entre 1 % et 1,25 %. Le FOMC surveille étroitement les développements et leurs implications pour les perspectives économiques. Il utilisera ses outils et agira de façon à soutenir l’économie. »

Le président de la Fed Jerome Powell a donné une conférence de presse à 11 h (heure de l’Est), affirmant que la propagation du virus pose un risque pour l’économie, que la situation continue d’évoluer et qu’elle exige une action immédiate. Le FOMC a estimé que le risque s’était aggravé. La Fed a agi unilatéralement, par opposition à l’action coordonnée des banques centrales en réponse à la crise financière de 2008.

Cependant, la Fed est en discussion avec d’autres banques centrales, et la Banque centrale européenne a indiqué aujourd’hui qu’elle prendra toute mesure nécessaire. Les banques centrales de la zone euro et du Japon ont moins de marge de manœuvre, ayant déjà des taux négatifs.

Selon les propos tenus aujourd’hui par son gouverneur Mark Carney, la Banque d’Angleterre agira face au choc du virus. M. Carney a évoqué la complexité de la gestion du traumatisme pour les banques centrales. Celles-ci doivent déterminer si les répercussions touchent la demande – auquel cas les banques centrales ont davantage de capacité d’action – ou l’offre – auquel cas il leur est plus difficile d’agir.

Les responsables des finances et des banques centrales du G-7 ont prévu une rare conférence téléphonique aujourd’hui.

Comme les tensions électorales montent aux États-Unis – c’est le Super mardi aujourd’hui, il est facile d’imaginer que la décision de la Fed est autant politique qu’économique. Elle survient alors que le président Trump fait publiquement pression en faveur d’une réduction des taux. Même après la réduction radicale d’aujourd’hui, le président voudrait aller plus loin. Dans un gazouillis, il a réclamé que la Fed augmente encore l’assouplissement et, surtout, s’harmonise avec les autres pays concurrents. Il affirme qu’actuellement, les règles du jeu ne sont pas équitables pour les États-Unis.

Politiser la Fed est dangereux et mine la crédibilité mondiale de la banque centrale américaine.

Les marchés boursiers mondiaux ont déjà effacé une partie des pertes encourues aujourd’hui. Les bourses américaines ont entamé la journée sur un important délestage, après avoir enregistré une hausse la veille. Les rendements obligataires ont continué de décliner.

En somme pour le Canada : Le rendement des obligations du gouvernement du Canada sur 5 ans a baissé fortement aujourd’hui. Il se situait à 0,925 % et restait en baisse au moment d’écrire ces lignes. Avant l’annonce de la Fed, il était à 1,04 %. La Banque du Canada réduira probablement ses taux à un jour demain, pour la première fois depuis octobre 2018. Mais de combien? Je dirais de 25 points de base, sachant que le gouverneur Stephen Poloz s’inquiète de l’endettement des ménages.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
2 Mar

La peur du virus s’empare du Canada

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Publié par: Robert Perrier

 La peur du virus s’empare du Canada

Comme s’il n’y avait pas déjà assez de volatilité dans l’air, une nouvelle vague d’anxiété face à un virus chambarde les marchés financiers mondiaux. Le nouveau coronavirus COVID-19 continue de se propager, semant pour un septième jour la panique sur les marchés boursiers et obligataires du monde entier. Le cours des actions s’est effondré en Asie, en Europe, aux États-Unis et au Canada. Le délestage est motivé principalement par le souci que les mesures prises pour contenir le virus ne pèsent sur les bénéfices des entreprises et n’entravent la croissance économique, sans empêcher que l’épidémie ne s’aggrave.

Les taux d’intérêt sont en forte baisse, jusqu’à des niveaux record reflétant une désaffection des actions et de produits de base comme le pétrole en faveur de refuges comme les obligations gouvernementales et l’or. Au Canada, le rendement obligataire à cinq ans a baissé jusqu’à 1,16 % ce matin, une perte de 50 points de base jusqu’à présent cette année et 65 points plus bas qu’un an plus tôt (voir le graphique ci-dessous). Les taux hypothécaires sont étroitement liés au rendement des obligations gouvernementales sur cinq ans, donc il est probable que les taux hypothécaires continueront de subir une pression baissière. Les prix du pétrole ont fortement diminué, ce qui est particulièrement douloureux pour les provinces des Prairies. Le cours du pétrole brut WTI a chuté à près de 45 $US le baril, contre 62,50 $ plus tôt cette année.

Le dollar canadien a aussi souffert, baissant à 0,7468 $US contre un sommet de 0,7712 cette année.

L’économie canadienne était déjà à la peine, comme l’indiquent les données du PIB au quatrième trimestre, publiées aujourd’hui. Selon Statistique Canada, l’économie était presque à l’arrêt au quatrième trimestre, suite au plus fort déclin des exportations depuis 2017 et à une baisse des investissements des entreprises. Les dépenses des ménages étaient toutefois favorables, reflétant un marché du travail vigoureux et des salaires en hausse.

Les données mensuelles de décembre, également publiées aujourd’hui, sont plus fortes que prévu. L’économie avait donc un bel élan en abordant 2020, avant que le coronavirus ne gâche la situation.

La faible croissance de 0,3 % au quatrième trimestre était prévue en raison d’une série de facteurs temporaires, y compris une grève ferroviaire d’une semaine, des perturbations dans les usines de fabrication et des fermetures de pipelines. Même si une légère progression a été enregistrée en décembre, le premier trimestre sera assurément handicapé par les barricades ferroviaires et les perturbations dans l’approvisionnement et les voyages ainsi que la baisse du tourisme provoquées par le virus.

En somme : Sur les marchés boursiers, il n’est jamais judicieux de vendre sous le coup de la panique. Le TSX était en baisse de 550 points à l’ouverture ce matin, après la fermeture d’hier. Les transactions ont été suspendues jeudi vers 14 h, pour des raisons techniques.

Tout cela n’est favorable ni pour la psychologie, ni pour l’économie.

La Banque du Canada tient une réunion mercredi prochain. À l’évidence, son communiqué abordera ces enjeux. Il est peu probable que la Banque réduise les taux le 4 mars. Cependant, si les perturbations économiques perdurent, les taux pourraient baisser d’ici le milieu de l’année.

Le nouveau test de résistance sera en place le 6 avril. Si les taux sont alors au niveau d’aujourd’hui, le taux admissible pour les emprunteurs hypothécaires serait plus de 40 à 50 points de base sous les 5,19 % d’aujourd’hui. Voilà qui stimulera encore un marché du logement déjà effervescent.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
26 Fév

Le ministre Morneau annonce un nouveau taux de référence pour l’admissibilité à un prêt hypothécaire assuré

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Publié par: Robert Perrier

Le nouveau taux admissible sera soit le taux hypothécaire contractuel, soit un nouveau taux de référence qui en sera très près, plus 200 points de base dans chaque cas. Le communiqué du ministère des Finances affirme que « le gouvernement du Canada a instauré des mesures afin d’aider un plus grand nombre de personnes à répondre à leurs besoins en matière de logement, tout en continuant de prendre des mesures réfléchies pour limiter les risques dans le marché du logement. Un marché du logement stable et sain est un élément clé d’une économie vigoureuse, laquelle est essentielle pour bâtir et appuyer une classe moyenne forte. »

Les changements entreront en vigueur le 6 avril 2020. Le nouveau taux de référence correspondra à la valeur médiane hebdomadaire des taux d’intérêt des prêts hypothécaires assurés de 5 ans à taux fixe indiqués dans les demandes d’assurance traitées, plus 2 %.

Le changement survient à la suite d’un récent examen effectué par des organismes financiers fédéraux. Il concluait que le taux admissible minimal devrait être plus dynamique pour mieux refléter l’évolution des conditions du marché. Dans l’ensemble, l’examen a déterminé que le test de résistance hypothécaire permet de s’assurer que les acheteurs d’une habitation pourront assumer leur achat même si les taux d’intérêt augmentent, si leurs revenus changent ou s’ils doivent engager des dépenses imprévues.

L’ajustement apporté au test de résistance le rendra plus représentatif des taux hypothécaires proposés par les prêteurs et plus sensible aux conditions du marché.

Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a par ailleurs annoncé qu’il envisageait d’utiliser aussi ce nouveau taux de référence pour déterminer le taux admissible minimal s’appliquant aux prêts hypothécaires non assurés.

La règle actuelle sur l’admissibilité, adoptée en 2016 pour les prêts hypothécaires assurés et en 2018 pour les prêts hypothécaires non assurés, n’était pas suffisamment sensible face à la chute récente des taux d’intérêt sur les prêts. Le test de résistance était ainsi trop sévère. La règle retenait comme taux admissible le taux affiché par les six grandes banques, majoré de 2 points de pourcentage. Les banques tardaient de plus en plus à ajuster leurs taux affichés alors que les rendements du marché à 5 ans étaient en baisse. Quand les taux ont chuté ces dernières semaines, en particulier depuis l’apparition du coronavirus, l’écart entre taux hypothécaires affichés et taux contractuels s’est encore agrandi au-delà de ce qui était constaté depuis deux ans.

Le changement du 6 avril devrait réduire le taux admissible d’environ 30 points de base, si les taux contractuels restent plus ou moins aux niveaux actuels. Le 18 février 2020, selon un porte-parole du ministère des Finances, en fonction de la valeur médiane hebdomadaire des taux d’intérêt des prêts hypothécaires assurés de 5 ans à taux fixe indiqués dans les demandes d’assurance reçues par la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le nouveau taux de référence serait d’environ 4,89 %. Voilà qui est 30 points de base de moins que le taux de référence actuel de 5,19 %.

La Banque du Canada calculera le nouveau taux de référence chaque semaine, à partir des taux indiqués dans les demandes d’assurance de prêt hypothécaire traitées par les trois assureurs hypothécaires du Canada.

Le BSIF a confirmé qu’il envisage aussi le nouveau taux de référence comme taux minimum pour le test de résistance à l’égard de prêts hypothécaires non assurés (avec mise de fonds d’au moins 20 %).

« Le nouveau taux de référence proposé pour les prêts non assurés est basé sur les taux consentis par un plus vaste échantillon de prêteurs et serait, de ce fait, plus représentatif du marché en général et plus réactif aux fluctuations des taux contractuels consentis », a déclaré le BSIF dans un communiqué (en anglais seulement).

« Le projet du BSIF intègre non seulement un seuil plus précis, mais il insuffle également une cohérence entre les taux de référence utilisés pour évaluer à la fois les prêts hypothécaires assurés et non assurés », ajoute-t-il. (Heureusement, car le marché hypothécaire n’a certainement pas besoin d’un surcroît de complexité.)

Les nouvelles règles stimuleront sans doute le marché printannier, qui semblait déjà destiné à être porteur. Elles n’augmenteront peut-être le pouvoir d’achat que de 3 % (tout dépendant du niveau réel du nouveau taux de référence le 6 avril), mais elles auront un effet psychologique positif. Les acheteurs – et surtout les acheteurs d’une première maison – s’inquiètent de l’abordabilité, au vu des augmentations de prix d’au-delà de 10 % des 12 derniers mois.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca