20 Juil

L’inflation continue de monter au Canada en juin

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Publié par: Robert Perrier

L’inflation canadienne grimpe à 8,1 % en juin
Un nouveau taux d’inflation pénible a été publié aujourd’hui. Le taux d’inflation à la consommation a continué d’augmenter pour atteindre 8,1 % d’une année à l’autre en juin, après avoir enregistré une hausse de 7,7 % en mai. Il s’agit de la plus forte progression annuelle observée depuis janvier 1983. L’accélération de juin est principalement attribuable à la majoration des prix de l’essence. Cependant, les hausses de prix sont demeurées généralisées : sept des huit principales composantes ont augmenté de 3 % ou plus.

Sans l’essence, l’IPC a progressé de 6,5 % d’une année à l’autre en juin, après avoir augmenté de 6,3 % en mai (voir le graphique ci-dessous).

Sur une base mensuelle, l’IPC a augmenté de 0,7 % en juin, après avoir progressé de 1,4 % en mai. Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l’IPC s’est accru de 0,6 %.

En moyenne, les prix ont augmenté plus rapidement que les salaires horaires, lesquels ont progressé de 5,2 % au cours de la période de 12 mois se terminant en juin, selon les données de l’Enquête sur la population active.

Les prix de l’essence retiennent beaucoup d’attention. Ils ont bondi de 54,6 % sur un an en juin, contre 48 % en mai. Il pourrait y avoir un répit pour cette composante de l’inflation, car les prix de l’essence suivent globalement les prix du pétrole brut, or ils ont plafonné au début de juin et ont baissé jusqu’à présent en juillet. Voilà qui pourrait être une bonne nouvelle pour la Banque du Canada.

En somme

Toutes les banques centrales (sauf celle du Japon) font face à une inflation bien supérieure à ce qui était prévu. L’augmentation de l’inflation annuelle au-delà de 8 % fera que la Banque du Canada continuera de resserrer sa politique, bien que les chiffres indiquent un certain relâchement. Par exemple, les prix des aliments semblent s’atténuer, et l’inflation des prix de l’essence a peut-être dépassé son sommet. Les prix des aliments étaient en hausse de 0,1 % en juin, la plus faible augmentation depuis un an. Les coûts du logement ont augmenté de 0,4 %, la plus faible marge depuis novembre. Statistique Canada l’attribue à une baisse des commissions immobilières à la suite d’un ralentissement du marché.

Avec un peu de chance, les pressions sur les prix seraient à leur sommet. Le graphique ci-dessous indique les plus récentes prévisions d’inflation de la Banque du Canada, publiées la semaine passée dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet. La Banque du Canada a estimé que l’inflation sera en moyenne de 8 % jusqu’au troisième trimestre de 2022, puis ralentira.

D’après le marché des swaps, les opérateurs boursiers parient que la banque centrale augmentera encore son taux directeur de 75 points de base lors de sa prochaine réunion, le 7 septembre, après la hausse d’un plein point de pourcentage de la semaine passée. Le taux à un jour passerait ainsi de 2,25 % à 3,25 %, soit au-dessus de la plage que la Banque considère comme neutre. Le taux préférentiel passerait alors de 4,7 % à 5,45 %, entraînant une hausse de 75 points de base des taux hypothécaires variables. La décision de la semaine passée a porté les taux hypothécaires variables à environ 4,25 %, et le taux d’admissibilité correspondant à 6,25 % – au lieu des 5,25 % d’avant la décision. Par conséquent, l’écart entre le taux d’admissibilité pour un prêt hypothécaire à taux fixe et un prêt à taux variable s’est réduit à seulement 100 points de base. C’est son plus bas niveau depuis des années. Cette situation continue certainement de ralentir l’activité immobilière, réduisant la croissance économique au Canada.

La question reste posée : est-ce que la Banque du Canada réussira à réduire l’inflation sans déclencher une récession? Restez à l’écoute!

Au-delà des prévisions
L’inflation atteint 8,1 % au Canada, son plus haut niveau depuis janvier 1983.
/ Variation annuelle réelle de l’IPC / Prévision d’oct. / Prévision de janvier / Prévision d’avril / Prévision de juillet / Cible
Source : Statistique Canada, Banque du Canada, calculs de Bloomberg
Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
16 Juil

Les prix des maisons au Canada ont fortement baissé en juin

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Publié par: Robert Perrier

La baisse des prix des maisons s’est accélérée en juin

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), le ralentissement qui a commencé en mars face à des taux d’intérêt majorés s’est confirmé. Les ventes résidentielles enregistrées sur les systèmes MLS® canadiens ont reculé de 5,6 % de mai à juin 2022, entraînant une forte baisse des ventes au deuxième trimestre (voir le graphique ci-dessous). Le nombre réel (non désaisonnalisé) de transactions en juin 2022 était inférieur de 23,9 % par rapport au record pour ce mois (établi en 2021) et inférieur à moyenne mensuelle mobile sur 10 ans.

« Les ventes résidentielles continuent de fléchir en raison de la hausse des taux d’intérêt et de l’incertitude qui plane, indique Jill Oudil, présidente de l’ACI. Bien que les coûts d’emprunt aient remplacé l’offre comme facteur principal influençant le marché de l’habitation en ce moment, l’insuffisance de l’offre n’est pas comblée pour autant. »

L’augmentation surprise de 100 points de base du taux directeur de la Banque du Canada accentuera le ralentissement dans les mois à venir. « Un facteur important en ce moment qui n’obtient pas suffisamment d’attention est la différence entre les critères d’admissibilité des prêts hypothécaires à taux fixe et à taux variable, explique Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. Les taux variables évoluent en temps réel, mais les taux fixes tiennent déjà compte de la plupart des hausses prévues par la Banque du Canada en 2022. Il n’est donc pas surprenant de voir une hausse record de prêts hypothécaires à taux variable, bien que pour des raisons différentes qu’auparavant. En raison des 200 points de base de la simulation de crise qui s’ajoute au taux contractuel, il est beaucoup plus difficile de se qualifier pour un prêt hypothécaire à taux fixe, et ce tout juste depuis avril. Une simulation de crise très rigoureuse était logique lorsque les taux atteignaient des creux records, mais les décideurs politiques ont peut-être avantage à évaluer si elle atteint toujours les objectifs visés maintenant que les taux fixes sont de retour à des niveaux normaux. »

Nouvelles inscriptions
En juin, le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté de 4,1 % d’un mois à l’autre. Cette augmentation mensuelle de l’offre a été influencée par un bond dans les nouvelles inscriptions à Montréal, alors que celles de la région du Grand Toronto et du Grand Vancouver accusaient un petit recul.

Étant donné la baisse des ventes et l’augmentation du nombre de nouvelles inscriptions en juin, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé pour s’établir à 51,7 %, son plus bas niveau depuis janvier 2015. Ce ratio se situe également sous la moyenne à long terme nationale de 55,1 %. Selon le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions, près de trois quarts des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en juin 2022.

On comptait 3,1 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de juin 2022. Ce résultat demeure historiquement faible, mais augmente lentement par rapport au déficit record d’inventaire enregistré il y a à peine six mois. La moyenne à long terme de cette mesure dépasse cinq mois.

Prix des maisons
En juin 2022, l’IPP MLS® global et composé a enregistré une baisse de 1,9 % d’un mois à l’autre.
Sur le plan régional, la plupart des reculs mensuels ont été observés sur les marchés de l’Ontario. Les prix des propriétés dans certaines régions de la Colombie-Britannique ont aussi légèrement fléchi, mais les totaux pour cette province sont influencés par une stabilité des prix dans le Grand Vancouver.

Dans les Prairies, les prix demeurent plus ou moins stables, alors qu’ils commencent tout juste à baisser au Québec.

Sur la côte Est, les prix continuent de grimper dans la plupart des régions, sauf à Halifax-Dartmouth où l’on observe une stagnation des prix.

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé affiche toujours une hausse de 14,9 % d’une année à l’autre en juin, mais ce n’est que la moitié des hausses records de près de 30 % d’une année à l’autre enregistrées en janvier et février derniers (voir le graphique et les tableaux ci-dessous).

En somme
À bien des égards, les tendances révélées par les données d’aujourd’hui sur le logement sont déjà dépassées. Tout a changé lorsqu’une hausse exceptionnelle des taux a été annoncée il y a quelques jours. La demande excédentaire est essentiellement résorbée, et nous abordons une période plus fragile pour les volumes de reventes et les prix. Le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a baissé à 51,7 % en juin, ce qui est considéré comme une situation d’équilibre, mais il s’agit du ratio le plus bas depuis 2015, et il semble destiné à baisser encore. Des marchés sont déjà favorables aux acheteurs, surtout dans les banlieues proches ou lointaines en Ontario et dans certaines régions de Colombie-Britannique. Ces régions sont celles qui avaient connu des hausses de prix extrêmes l’année passée. D’autres marchés, comme ceux de villes d’Alberta et du Canada atlantique, restent encore solides.

Avec le récent resserrement des politiques de la Banque du Canada, les taux d’admissibilité grimpent – pour les prêts hypothécaires tant à taux variable qu’à taux fixe. Avant l’augmentation de 1 point de pourcentage du taux directeur, l’admissibilité pour les prêts à taux variable était déterminée à 5,25 %, mais c’est maintenant autour de 6 %. Les emprunteurs à taux fixe doivent être admissibles à environ 7 %. Le taux préférentiel canadien a bondi cette année, faisant augmenter les taux hypothécaires variables d’environ 300 points de base. Robert Kavcic, de BMO, a calculé que si le taux passe 1,5 % à 4,5 % pour un prêt d’une valeur donnée, le paiement mensuel d’un prêt hypothécaire à taux variable grimpera de presque 40 %. La situation actuelle représente ainsi un changement encore plus abrupt qu’à la fin des années 1980, en tenant compte de l’évolution des niveaux de revenu.

Selon M. Kavcic : « Pour la grande majorité des emprunteurs à taux variable, les paiements restent inchangés, mais les répercussions restent importantes. Par exemple, si un taux variable passe de 1,5 % à 4 % alors que les paiements sont fixes, la période d’amortissement passe de 25 ans à 45 ans. Si les taux augmentent encore de 50 points de base de plus en septembre, ce serait plus de 60 ans. Dans bien des cas, les paiements ne serviront plus à faire baisser le solde du capital. Chaque prêt hypothécaire a ses propres conditions déterminant quand les paiements commencent à augmenter, mais pour ceux qui ont bénéficié des taux variables les plus bas, le moment arrivera bientôt. Évidemment, les paiements des MCBI [marges de crédit adossées à un bien immobilier] utilisées pour financer l’achat de propriétés multiples grimpent en temps réel. »

Il y a aussi le risque que l’organisme de réglementation des institutions financières fédérales, le BSIF, intervienne pour protéger les grandes banques à charte et éviter qu’elles assument trop de risque plutôt que pour faire en sorte qu’il soit plus facile pour les emprunteurs de se qualifier ou d’emprunter à taux variable, dans le présent contexte.

Les renouvellements de prêts hypothécaires posent problème aussi. Les prêts hypothécaires à taux fixe étaient à environ 3 % il y a cinq ans. À 4,5 %, les paiements mensuels augmenteront d’environ 15 %, toutes autres choses étant égales.

À la suite de la dernière décision de la Banque du Canada, davantage d’acheteurs potentiels vont croire que les prix des maisons devraient baisser et ne craindront plus de rater de bonnes occasions. Voilà qui supprimera le facteur clé qui a fait grimper les prix rapidement depuis le début de la pandémie.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
13 Juil

La Banque du Canada hausse le taux de 100 points de base

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Publié par: Robert Perrier

Hausse exceptionnelle des taux, qui en annonce encore d’autres
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a augmenté le taux directeur à un jour d’un plein point de pourcentage, le portant à 2½ %. La Banque poursuit aussi sa politique de resserrement quantitatif, réduisant son portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada et augmentant ainsi encore la pression à la hausse des taux d’intérêt à plus long terme.

Dans un communiqué publié ce matin, la Banque affirme que « [l]’inflation au Canada est plus élevée et persistante que la Banque le prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire [RPM] d’avril, et restera probablement autour de 8 % au cours des prochains mois. […] Même si des facteurs mondiaux comme la guerre en Ukraine et les perturbations continues de l’approvisionnement ont été les principaux moteurs de l’inflation, les pressions intérieures sur les prix attribuables à la demande excédentaire gagnent en importance. Plus de la moitié des composantes de l’indice des prix à la consommation affichent maintenant une hausse supérieure à 5 %. »

La Banque s’inquiète surtout du risque que les pressions inflationnistes s’enracinent. Les récentes enquêtes auprès des consommateurs et des entreprises indiquent une augmentation des attentes d’inflation, et d’une inflation plus élevée pendant plus longtemps. L’inflation salariale s’est accélérée, atteignant 5,2 % selon l’Enquête sur la population active de juin. Le taux de chômage a baissé à un niveau inédit de 4,9 %, le taux de postes vacants atteignant un sommet record en Ontario et en Alberta.

Dans le monde entier, les banques centrales augmentent décisivement les taux d’intérêt, et la croissance ralentit. « Aux États-Unis, l’inflation élevée et les taux d’intérêt en hausse contribuent à un ralentissement de la demande intérieure. L’économie chinoise est plombée par des vagues de restrictions visant à contenir les éclosions de COVID-19. Les prix du pétrole restent élevés et volatils. La Banque s’attend à ce que la croissance économique mondiale ralentisse pour s’établir à environ 3½ % cette année et 2 % en 2023, avant de se raffermir pour atteindre 3 % en 2024. »

La demande excédentaire a manifestement continué d’augmenter au Canada. « La demande étant forte, les entreprises répercutent sur les consommateurs les coûts plus élevés des intrants et de la main-d’œuvre en montant les prix. La consommation est robuste, tirée par un rebond des dépenses en services pour lesquels la distanciation est difficile. Les investissements des entreprises sont solides et les exportations sont stimulées par les prix élevés des produits de base. La Banque estime que le PIB a progressé d’environ 4 % au deuxième trimestre. La progression devrait ralentir pour s’établir autour de 2 % au troisième trimestre, à mesure que la croissance de la consommation se modérera et que l’activité sur le marché du logement reculera après avoir affiché, durant la pandémie, une vigueur qui ne peut pas être maintenue. »

Dans le RPM de juillet, publié aujourd’hui, la Banque indique sa prévision que l’économie du Canada progressera de 3,4 % en 2022 – ce qui correspond au consensus des prévisions –, de 1,75 % en 2023 et de 2,5 % en 2024. Certains économistes prévoient déjà une croissance plus faible l’an prochain, correspondant à une légère récession. La Banque n’est pas encore allée si loin.

« L’activité ralentira à mesure que la croissance mondiale s’essoufflera et que le resserrement de la politique monétaire fera sentir ses effets dans l’économie, affirme la Banque du Canada. Ces facteurs, conjugués à la résolution des perturbations de l’approvisionnement, rétabliront l’équilibre entre l’offre et la demande et atténueront les pressions inflationnistes. Les prix mondiaux de l’énergie devraient aussi reculer. Selon la projection de juillet, l’inflation commencera à redescendre plus tard cette année pour se situer autour de 3 % à la fin de l’année prochaine et retournera à la cible de 2 % à la fin de 2024. »

En somme
Les communications d’aujourd’hui de la Banque du Canada ont confirmé que le Conseil de direction juge encore que les taux d’intérêt vont devoir augmenter davantage, et « le rythme des hausses sera guidé par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et de l’inflation ». Encore une fois, la Banque a affirmé qu’elle est « est déterminé[e] à tenir son engagement à assurer la stabilité des prix et continuera de prendre les mesures nécessaires en vue de l’atteinte de la cible d’inflation de 2 % ».

À 2,5 %, le taux directeur est au milieu de sa plage « neutre ». Ce niveau est celui auquel la politique monétaire est réputée n’être ni expansionniste ni restrictive. Le gouverneur Macklem a dit prévoir que la Banque augmentera la cible à 3 % ou un peu plus. Avant les annonces d’aujourd’hui, les marchés s’attendaient à ce que le taux à un jour se situe à 3,5 % à la fin de l’année.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
22 Juin

L’inflation de l’IPC canadien bondit à 7,7 %

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Publié par: Robert Perrier

L’inflation canadienne bondit à 7,7 % en mai
L’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 7,7 % d’une année à l’autre en mai, contre 6,8 % en avril, ce qui est la plus forte augmentation de l’inflation depuis janvier 1983. La nouvelle confirme que la Banque du Canada fait face à la plus dangereuse poussée d’inflation depuis qu’elle a commencé à cibler l’IPC au début des années 1990.

Sans l’essence, l’IPC a augmenté de 6,3 % d’une année à l’autre en mai, après avoir augmenté de 5,8 % en avril. Les hausses des prix ont continué d’être généralisées, ce qui a exercé une pression sur les portefeuilles des Canadiens et qui, dans certains cas, a eu une incidence sur leur capacité à assumer leurs dépenses quotidiennes.

L’accélération de la croissance en mai est principalement attribuable à la hausse des prix de l’essence, lesquels ont augmenté de 12,0 % par rapport à avril 2022 (-0,7 %). L’augmentation des prix pour les services, comme les hôtels et les restaurants, a aussi contribué à la hausse. Les prix des aliments et du logement sont restés élevés en mai, leur taux de croissance d’une année à l’autre étant le même.

Sur une base mensuelle, l’IPC a augmenté de 1,4 % en mai, après avoir progressé de 0,6 % en avril. Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l’IPC a augmenté de 1,1 %. Il s’agit de la croissance la plus marquée depuis l’introduction de la série en 1992.

Selon les données sur les salaires tirées de l’Enquête sur la population active, les salaires horaires moyens ont augmenté de 3,9 % d’une année à l’autre en mai, ce qui signifie que, en moyenne, la hausse des prix a dépassé celle des salaires au cours des 12 mois précédents.
Les prix de l’énergie ont augmenté de 34,8 % d’une année à l’autre en mai, principalement en raison de la plus forte hausse mensuelle des prix observée depuis janvier 2003.

Comparativement à mai 2021, les consommateurs ont payé 48,0 % de plus pour l’essence en mai à cause de la majoration des prix du pétrole brut, qui s’est aussi traduite par une hausse des prix du mazout (+95,1 %).

L’augmentation des prix du brut est attribuable à l’incertitude à l’égard de l’offre dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de même qu’à la hausse de la demande sous l’effet de l’augmentation continue du nombre de voyages par suite de l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19.

Les prix dans les épiceries sont restés élevés en mai, les prix des aliments achetés en magasin ayant augmenté de 9,7 %, ce qui correspond à la hausse enregistrée en avril. Les prix de presque tous les produits alimentaires ont augmenté et les Canadiens ont déclaré que la hausse des prix des aliments est celle qui a eu la plus grande incidence sur eux. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, ainsi que la hausse des prix du transport et des intrants, ont continué d’exercer une pression à la hausse sur les prix.

En mai, les frais de logement ont augmenté de 7,4 % d’une année à l’autre, soit d’autant qu’en avril. D’une année à l’autre, la hausse du coût de remplacement par le propriétaire a été inférieure en mai (+11,1 %) à celle enregistrée en avril (+13,0 %), et les prix des logements neufs ont montré des signes de ralentissement.

Même si le coût de l’intérêt hypothécaire a continué de reculer d’une année à l’autre, la baisse des prix a été inférieure en mai (-2,7 %) à celle d’avril (-4,4 %), ce qui a exercé une pression à la hausse sur l’IPC global.

Au-delà des prévisions
L’inflation atteint 7,7 %, largement plus que ne le prévoyait la Banque du Canada
/ Variation annuelle réelle de l’IPC / Prévision de juillet / Prévision d’oct.
/ Prévision de janvier / Prévision d’avril / Cible
Source : Statistique Canada, Banque du Canada, calculs de Bloomberg
En somme

Toutes les banques centrales (sauf celle du Japon) font face à une inflation bien supérieure à ce qui était prévu. Au vu des données d’aujourd’hui indiquant une inflation de 7,7 % en mai, il est encore plus urgent que la Banque du Canada retire rapidement les mesures de stimulation d’une économie en surchauffe, de crainte que les pressions inflationnistes s’enracinent dans les attentes et dans l’économie. Un petit coup de frein ne suffira pas. La Banque doit rapidement revenir à un niveau neutre des taux d’intérêt, qui est sans doute au sommet de la plage neutre, à 3 % pour le taux à un jour. Il est actuellement à seulement 1,5 %.

Nous nous attendons à une hausse de 75 points de base le 13 juillet, ce qui portera le taux directeur à 2,25 %. Les marchés prévoient actuellement que le taux parviendra à 3,5 % d’ici la fin de l’année. Voilà qui pourrait bien être trop élevé, mais pour le moment, il faut que la Banque démontre sa crédibilité en matière de lutte contre l’inflation, même s’il faut que l’économie passe en récession. Tout ceci continuera de ralentir le marché de l’habitation, qui perdra une partie de l’augmentation de 50 % des prix des maisons à l’échelle nationale depuis trois ans.

Selon Bloomberg News, la première sous-gouverneure Carolyn Rogers a été interrogée aujourd’hui au sujet de la possibilité d’un changement majeur. « Nous avons indiqué clairement que l’économie est en situation de demande excédentaire, que l’inflation est trop élevée et que les taux doivent monter, a-t-elle dit. Nous allons y arriver. » Il y aurait donc la possibilité d’une hausse même supérieure à 75 points de base.

L’inflation annuelle de 7,7 % n’est peut-être pas un sommet, étant donné que les prix de l’essence ont encore grimpé en juin.

Toutes les mesures de l’inflation fondamentale ont bondi en mai, ce qui donne à croire que les pressions à la hausse des prix vont bien au-delà de l’alimentation et de l’énergie. Le graphique ci-dessus démontre que la Banque du Canada a constamment sous-estimé l’inflation. D’autres banques centrales ont fait de même. C’est maintenant l’heure des grands moyens, et le marché de l’habitation va toujours être le plus durement touché.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
15 Juin

Les ventes résidentielles ralentissent encore en mai au Canada; le marché devient favorable aux acheteurs dans le Grand Toronto

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Publié par: Robert Perrier

La correction du marché du logement s’accentue en mai
Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), le ralentissement qui a commencé en mars face à des taux d’intérêt majorés s’est confirmé. En avril, les ventes résidentielles nationales ont chuté de 12,6 % d’un mois à l’autre. Les ventes nationales de maisons ont reculé de 8,6 % d’avril à mai 2022, après la baisse d’avril, ramenant les ventes mensuelles aux niveaux pré-COVID du deuxième semestre de 2019 (voir le graphique ci-dessous).

Les ventes ont baissé dans les trois quarts des marchés locaux, notamment dans plusieurs régions métropolitaines de recensement (RMR), comme le Lower Mainland, Calgary, Edmonton, le Grand Toronto et Ottawa. Le nombre de transactions réelles (non désaisonnalisées) en mai 2022 a baissé de 21,7 % par rapport au record pour ce mois. Un peu plus de 50 000 unités ont été vendues en mai 2022, ce qui amène les ventes tout près de la moyenne sur 10 ans pour ce mois.

Nouvelles inscriptions

En mai, le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté de 4,5 % d’un mois à l’autre. Cette augmentation mensuelle de l’offre a été influencée par un bond dans les nouvelles inscriptions à Montréal, alors qu’elles connaissaient un léger recul dans le Grand Toronto.

Étant donné la baisse des ventes et l’augmentation du nombre de nouvelles inscriptions en mai, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a reculé pour s’établir à 57,5 %, son plus bas niveau depuis avril 2019. Ce n’est pas très loin de la moyenne à long terme de 55,1 %.

Selon le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions, près de trois quarts des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en mai 2022, ce qu’on n’avait pas vu depuis l’automne 2019. Un peu moins d’un quart des marchés étaient favorables aux propriétaires-vendeurs, tandis qu’un petit nombre étaient favorables aux acheteurs.

On comptait 2,7 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mai 2022. Ce résultat demeure faible, mais néanmoins d’un mois supérieur au déficit record d’inventaire enregistré il y a à peine six mois. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois.

Prix des maisons

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé était tout de même en hausse de 23,8 % d’une année à l’autre en avril, bien qu’il s’agisse d’une chute marquée par rapport à l’augmentation record de presque 30 % enregistrée à peine deux mois plus tôt.

En mai 2022, l’Indice des prix des propriétés MLS® global et composé a enregistré une baisse de 0,8 % d’un mois à l’autre, après une baisse de 1,1 % en avril.

Sur le plan régional, la plupart des reculs mensuels ont été observés en Ontario. Si les prix ont baissé dans la majorité des marchés ontariens en mai, ils ont augmenté dans les régions de villégiature.

Les prix ont grimpé sur l’île de Vancouver, mais étaient stables dans le Grand Vancouver. Ils ont baissé légèrement dans la vallée du Fraser et de façon plus marquée à Chilliwack. À l’exception de modestes gains à Saskatoon et à Winnipeg, les prix n’ont guère changé dans les Prairies.

Par contre, le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard ont continué d’enregistrer des gains notables, tandis que la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador ont progressé plus timidement.

En mai, l’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé a affiché une autre hausse, soit 19,8 %, d’une année à l’autre, ce qui représente un ralentissement marqué comparativement aux hausses records de près de 30 % de janvier et février.

En somme

Après trois mois de recul, les ventes de maisons au Canada sont revenues aux niveaux d’avant la COVID; elles étaient quelque 30 % au-dessus de ces niveaux pendant 18 mois jusqu’en février. Le plus grand ralentissement a été constaté en Ontario, surtout à l’extérieur du centre de Toronto. Les nouvelles inscriptions ont augmenté, mais les inventaires restent faibles. Le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a nettement reculé pour s’établir à 57,5 %, son plus bas niveau depuis le début de 2019. Les prix ont baissé modérément, ramenant le gain sur un an à 19,8 %, contre 23,6 % en avril. Le prix moyen est maintenant en hausse de seulement 3,4 % d’une année à l’autre, contre le sommet de 11 % atteint en février.

Le marché de Toronto se calme, mais pas autant que ceux des banlieues proches et surtout des banlieues éloignées (comme London, Woodstock, Barrie). Le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions pour l’ensemble de l’Ontario a plongé sous les 50 %, ce qui ne s’était jamais vu que dans la récession de 2009 et les jours sombres du début des années 1990. Ailleurs, le marché reste relativement serré en Alberta, bien que les prix plafonnent. Vancouver, Ottawa et Montréal se situent entre les extrêmes.

Les taux d’intérêt ont augmenté fortement par rapport aux creux atteints pendant la COVID. Les taux hypothécaires ont fait de même, passant d’aussi peu qu’environ 1,5 % à presque 5 % pour un taux fixe sur cinq ans. Les taux variables sont en voie d’atteindre 4 à 4,5 % d’ici la fin de l’année. D’ici la fin de l’été, les garanties de taux favorables auront expiré et la nouvelle réalité des taux d’intérêts prendra tout son sens. Les tests de résistance au taux contractuel plus 200 points de base se font maintenant à presque 7 %; ils passeront aussi au-delà de 5,25 % pour les taux variables.

De nombreux Canadiens cherchant à acheter une maison prévoient maintenant que les prix continueront de baisser dans certaines régions. L’évolution des attentes contribuera aussi à la correction du marché. Par ailleurs, un rapport de la SCHL indique que les mises en chantier d’habitations ont fortement augmenté en mai. Il se fait davantage de construction que jamais depuis les années 1950. Alors que le taux de chômage est à son plus bas, la construction est entravée par un nombre record de postes vacants dans le secteur, par des pénuries de matériaux et par des taux de salaire en hausse. Les coûts de construction ont fortement augmenté dans la dernière année. Avec des taux hypothécaires qui seront plus hauts, le ralentissement des ventes pourrait mener à une baisse des mises en chantier d’habitations l’année prochaine.

Dernier élément, la Réserve fédérale américaine a haussé les taux de 75 points de base aujourd’hui, intensifiant la lutte contre l’inflation. Voilà qui ouvre la voie à une hausse de 75 points de base de la Banque du Canada lors de sa prochaine réunion, le 13 juillet. On prévoit maintenant que le taux directeur américain, le taux à un jour des fonds fédéraux, dépassera les 4 % d’ici la fin de l’année. La banque centrale du Canada a déjà annoncé son intention de hausser plus vigoureusement le taux à un jour au Canada, laissant entendre qu’il faudra plus de 3 % pour briser l’élan de l’inflation. Il est aujourd’hui à seulement 1,5 %. Une autre correction du marché du logement est probable dans les prochains mois. Étant le secteur de l’économie le plus sensible au taux d’intérêt, le logement est le principal mécanisme de transmission par lequel la politique monétaire peut ralentir l’économie et maîtriser l’inflation.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
12 Juin

Nouveau rapport confirmant la surchauffe du marché du travail au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien du travail est beaucoup trop serré – ce qui augmente la pression inflationniste
Les données de mai 2022 de l’Enquête sur la population active indiquent que l’embauche a continué d’augmenter rapidement le mois dernier. Le marché du travail est de plus en plus serré, le taux de chômage atteint un nouveau creux, et les gains salariaux accélèrent nettement. L’économie a ajouté 39 000 emplois en mai, surpassant les attentes. Le taux de chômage a baissé à 5,1 %, soit bien en dessous du taux non inflationniste. Le nombre de postes vacants n’a jamais été si élevé, et l’inflation des salaires a accéléré : elle est à 3,9 %, contre 3,2 % en avril.

Autre signe d’un marché du travail surchauffé, l’emploi à temps plein gagne du terrain par rapport au temps partiel. L’emploi à temps plein a progressé de 135 400, alors que le temps partiel baissait de 95 800.

L’offre excédentaire d’emplois continue de faire grimper les salaires et amènera sûrement la Banque du Canada à continuer d’augmenter résolument les taux. Le Conseil de direction de la Banque du Canada prendra sa prochaine décision le 13 juillet, et les opérateurs sur le marché monétaire pensent maintenant que la banque centrale pourrait très bien augmenter le taux directeur de 75 points de base le mois prochain.

Encore plus haut
La croissance de l’emploi continue
Emploi total – Canada
Source : Statistique Canada
Le taux d’emploi – le pourcentage de la population âgée de 15 ans et plus qui est en emploi – était presque à 62 % en mai, contre 59,4 % un an plus tôt.
Le taux de chômage atteint un creux historique de 5,1 %.
​Taux de chômage (%), janvier 1976 à mai 2022
En somme

Également dans l’actualité aujourd’hui, les États-Unis ont publié leur rapport sur l’inflation des prix à la consommation en mai, indiquant un taux de 8,6 %, contre 8,3 % en avril. Les investisseurs continuent de parier sur une hausse de 75 points de base, en réaction aux données indiquant que l’inflation se situe à un nouveau sommet de 40 ans. L’inflation globale et l’inflation sous-jacente ont toutes deux augmenté davantage que prévu.

Les taux du marché ont bondi à la lumière des nouvelles d’aujourd’hui. Le rendement à 5 ans des obligations du Canada est maintenant de 3,3 %.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
1 Juin

La Banque du Canada hausse de nouveau les taux de 50 points de base

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Publié par: Robert Perrier

Nouvelle hausse majeure des taux, qui en annonce encore d’autres
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a de nouveau augmenté le taux directeur à un jour de 50 points de base d’un coup aujourd’hui. C’est la troisième hausse cette année. Les deux augmentations successives d’un demi-point sont un fait inédit, mais les réductions radicales du printemps 2020 l’étaient tout autant. De fait, alors que l’inflation a atteint 6,8 % au Canada en avril, la Banque du Canada reste en retard par rapport aux événements. Le graphique ci-dessous montre que l’inflation dépasse largement les prévisions de la Banque. Selon son communiqué d’aujourd’hui, elle estime maintenant que l’inflation a encore progressé en mai et pourrait bien continuer de le faire.

La déclaration de la Banque insiste : « Alors que les pressions généralisées sur les prix des intrants se répercutent sur les prix à la consommation, l’inflation continue de se propager. En effet, les mesures de l’inflation fondamentale se situent entre 3,2 et 5,1 %, et près de 70 % des catégories de l’IPC affichent maintenant une hausse de prix supérieure à 3 %. Le risque que l’inflation élevée s’enracine s’est accru. La Banque va utiliser ses outils de politique monétaire pour ramener l’inflation à la cible et garder les attentes d’inflation bien ancrées.

« La hausse de l’inflation à l’échelle du globe se produit au moment où l’économie mondiale ralentit. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, les confinements liés à la COVID-19 en Chine et la persistance des perturbations de l’offre sont tous des facteurs qui pèsent sur l’activité et accroissent l’inflation. La guerre a accentué l’incertitude et aggrave les pressions à la hausse qui s’exercent sur les prix de l’énergie et des produits agricoles. Cette situation assombrit les perspectives, surtout en Europe. Aux États-Unis, la demande intérieure du secteur privé demeure robuste, même si l’économie s’est contractée au premier trimestre de 2022. »

Selon la Banque : « Au Canada, l’activité économique est forte, et il est clair que l’économie est en situation de demande excédentaire. Les données des comptes nationaux pour le premier trimestre de 2022 montrent que le PIB a progressé de 3,1 %, ce qui cadre avec la projection de la Banque dans le Rapport sur la politique monétaire [RPM] d’avril. Le nombre de postes vacants est élevé, les entreprises font état de pénuries de main-d’œuvre généralisées, et la croissance des salaires s’est mise à augmenter et à s’étendre à plus de secteurs. L’activité sur le marché du logement se modère par rapport aux niveaux exceptionnellement élevés qu’elle avait atteints. Compte tenu des dépenses de consommation qui demeurent robustes au Canada et des exportations qui devraient se raffermir, on s’attend à une croissance solide au deuxième trimestre. »

En somme

La Banque du Canada ne pourrait pas s’exprimer plus clairement. Sa déclaration tire la conclusion suivante : « En raison de la demande excédentaire au sein de l’économie et de l’inflation qui se maintient bien au-dessus de la cible et qui devrait continuer à monter à court terme, le Conseil de direction juge encore que les taux d’intérêt vont devoir augmenter davantage. Le taux directeur demeure le principal instrument de politique monétaire de la Banque, et le resserrement quantitatif est utilisé comme outil complémentaire. Le rythme des hausses subséquentes du taux directeur sera guidé par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et de l’inflation, et le Conseil de direction est prêt à agir avec plus de force s’il le faut pour honorer son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2 %. »

La Banque du Canada nous a dit que nous devrions nous attendre à une nouvelle hausse de 50 points de base lors de sa prochaine réunion, le 13 juillet. Il se pourrait même que ce soit 75 points de base, si l’inflation ne paraît pas se calmer. La Banque estime que le niveau neutre (non inflationniste) du taux à un jour est de 2 à 3 %. Les marchés escomptent un taux à un jour d’environ 3 % à la fin de l’année.

La dernière déclaration de la Banque était résolument tranchante. La banque centrale défend sa crédibilité et continuera certainement de resserrer décisivement la politique monétaire.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
18 Mai

L’inflation canadienne dépasse les attentes

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Publié par: Robert Perrier

L’inflation canadienne ne semble pas s’essouffler
Une inflation de 6,8 % est une calamité. La Banque du Canada a de nouveau l’air impuissante, ayant prévu que l’inflation serait aujourd’hui au moins un point de pourcentage plus bas. Pis encore, il faut redouter une hausse de plus ce mois-ci, vu la flambée des prix de l’essence entre avril et mai.

Le rapport d’aujourd’hui souligne l’urgence à ce que les responsables des politiques suppriment rapidement les mesures de stimulation de l’économie. Il y aura sans doute une nouvelle augmentation de 50 points de base du taux directeur le 1er juin, puis de nouveau en juillet. Les marchés escomptent la possibilité d’un taux à un jour de 3 % d’ici la fin de l’année. Il est actuellement à 1 %.

En avril, les prix à la consommation au Canada ont augmenté de 6,8 % d’une année à l’autre, soit encore un peu plus qu’en mars (+6,7 %), malgré le ralentissement des hausses de l’essence. L’inflation d’avril est principalement attribuable aux prix de l’alimentation et du logement. Sans l’essence, l’IPC a augmenté de 5,8 % d’une année à l’autre en avril, après les 5,5 % de mars. Il s’agit de l’augmentation la plus prononcée de l’agrégat spécial de l’IPC d’ensemble excluant l’essence depuis son introduction en 1999.

Depuis la fin février, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait grimper les prix de l’énergie, des produits de base et, tout particulièrement, des aliments.

La vigueur de l’économie canadienne a encore accru la pression inflationniste. Le taux de chômage a atteint un creux record. Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 % d’une année à l’autre le mois dernier. Comme les prix augmentent plus vite que les salaires, les familles canadiennes voient leur pouvoir d’achat baisser.

En avril, les Canadiens ont payé 9,7 % de plus pour les aliments achetés en magasin, comparativement à avril 2021. L’augmentation, qui dépasse les 5 % pour un cinquième mois consécutif, est la plus marquée depuis septembre 1981.

Après avoir progressé de 6,8 % en mars, les frais de logement ont augmenté de 7,4 % d’une année à l’autre en avril. La majoration des prix des sources d’énergie qui servent à chauffer les maisons, comme le gaz naturel (+22,2 %) et le mazout et autres combustibles (+64,4 %), a contribué à la hausse.

Dans le contexte d’un marché de l’immobilier dynamique au Canada, le coût de remplacement par le propriétaire (+13,0 %) est lié aux prix des nouveaux logements et aux autres dépenses pour le logement en propriété (+17,2 %), qui comprennent les commissions liées à la vente de biens immobiliers. Tous deux ont augmenté en avril.

L’Indice du coût de l’intérêt hypothécaire (+0,2 %) a augmenté d’un mois à l’autre en avril pour la première fois depuis avril 2020.

Les prix du loyer ont augmenté en avril (+4,5 %) comparativement au même mois en 2021. La hausse des prix dans les provinces les plus peuplées du Canada, soit l’Ontario (+5,3 %), le Québec (+4,3 %) et la Colombie-Britannique (+6,4 %), est en partie à l’origine de l’augmentation des prix du loyer.

L’inflation mensuelle a ralenti en avril (0,6 %) par rapport à mars (1,4 %), mais la forte hausse de l’essence en mai laisse entrevoir une inflation restant élevée dans le rapport du moins prochain sur l’IPC.

En somme

Bloomberg News rapportait ce matin que la poussée de l’inflation a exposé la Banque du Canada à des critiques, certains politiciens accusant le gouverneur Macklem d’agir trop lentement. Sitôt les données sur l’inflation diffusées, le candidat à la chefferie du Parti conservateur Pierre Poilievre a publié une déclaration réitérant son intention de renvoyer Macklem s’il prenait le pouvoir.

Une pression s’exerce pour que les taux augmentent encore. Les banques centrales la ressentent dans le monde entier. Leurs mesures de resserrement ralentiront la demande, comme nous l’avons déjà vu dans les données de mars et avril sur l’immobilier au Canada. Elles ne régleront pas les problèmes de perturbation de l’offre qui sont la source d’une bonne part de la pression inflationniste.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
17 Mai

Les ventes de maisons au Canada ralentissent alors que les taux hypothécaires augmentent

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Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien de l’habitation ressent l’effet des taux plus élevés
Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), le ralentissement qui a commencé en mars face à des taux d’intérêt majorés s’est confirmé. En avril, les ventes résidentielles nationales ont chuté de 12,6 % d’un mois à l’autre. La baisse a amené les ventes mensuelles à leur plus bas niveau depuis l’été 2020 (voir le graphique ci-dessous).

Bien que la baisse nationale soit principalement attribuable au Grand Toronto, simplement en raison de la taille de ce marché, les ventes ont diminué dans 80 % des marchés locaux, et la plupart des autres grands marchés ont affiché des baisses à deux chiffres d’un mois à l’autre en avril. Les exceptions ont été Victoria, Montréal et Halifax-Dartmouth, où les ventes ont légèrement augmenté.

Le nombre de transactions réelles (non désaisonnalisées) en avril 2022 a baissé de 25,7 % par rapport au record pour ce mois établi l’année dernière. Comme on le constate depuis l’été dernier, les ventes d’avril se classent tout de même au troisième rang des ventes d’avril jamais enregistrées, derrière celles de 2021 et de 2016.

« Après environ deux années de résultats records, les marchés de l’habitation dans de nombreuses régions du Canada ont ralenti assez fortement au cours des deux derniers mois, en phase avec une hausse des coûts d’emprunt ainsi qu’une lassitude des acheteurs, a déclaré Jill Oudil, présidente de l’ACI. En ce qui concerne les acheteurs, ce ralentissement pourrait enfin leur donner plus de temps pour examiner les options sur le marché. Du côté des propriétaires-vendeurs, il pourrait entraîner un retour à des stratégies de marketing plus traditionnelles. »

« Après avoir entendu pendant 12 ans que “les taux d’intérêt seront bientôt augmentés”, voilà qu’on y est, a déclaré Shaun Cathcart, économiste principal à l’ACI. Mais, ce qui est important, ce ne sont pas les mesures que la Banque du Canada a prises jusqu’à présent, mais plutôt le resserrement rapide et soutenu attendu dans tous les marchés pour le reste de l’année; ce resserrement a déjà influencé les taux hypothécaires fixes. Certes, pour cette même raison, ces taux sont en hausse depuis le début de 2021. Alors pourquoi le marché réagit-il si fortement maintenant? C’est probablement parce que les taux réduits habituels sur cinq ans sont passés, en à peine un mois, de légèrement supérieurs à 3 % à un peu plus de 4 %. Le taux de la simulation de crise est le plus élevé entre 5,25 % et le taux contractuel majoré de 2 %. Pour les emprunteurs à taux fixe, il vient de passer de 5,25 % à juste au-dessus de 6 %, soit une augmentation de presque 1 % en un mois! La Banque du Canada n’aura pas besoin d’intervenir bien davantage pour que cette situation commence à influencer aussi les taux variables. »

Baisse marquée
Les ventes résidentielles au Canada redescendent vers les niveaux historiques
/ Ventes résidentielles mensuelles au Canada / Moyenne sur 10 ans
Nouvelles inscriptions

En avril, le nombre de nouvelles inscriptions a reculé de 2,2 % d’un mois à l’autre. Cette légère baisse mensuelle est attribuable à une répartition assez égale entre les marchés où ce nombre a augmenté et ceux où il a diminué. Des baisses notables ont été enregistrées dans le Lower Mainland et à Calgary, alors que le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté à Victoria et à Edmonton.

Comme le nombre de ventes a baissé considérablement plus que le nombre de nouvelles inscriptions en avril, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé à 66,5 % – le niveau le plus faible depuis juin 2020. Ce chiffre est le point de basculement entre ce qui constitue un marché favorable aux propriétaires-vendeurs et un marché équilibré. Notons que la moyenne à long terme du ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 55,2 %.

Selon le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions, un peu plus de la moitié des marchés locaux était en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en avril 2022. Un peu moins de la moitié des marchés étaient favorables aux propriétaires-vendeurs.

On comptait 2,2 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin d’avril 2022 – un chiffre toujours très faible d’un point de vue historique, mais une hausse par rapport aux résultats légèrement inférieurs des huit mois précédents. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois.

Prix des maisons

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé était tout de même en hausse de 23,8 % d’une année à l’autre en avril, bien qu’il s’agisse d’une chute marquée par rapport à l’augmentation record de presque 30 % enregistrée à peine deux mois plus tôt.

En somme

Dans le dernier mois, la fièvre est retombée sur le marché canadien de l’habitation. Il n’en reste pas moins, malgré la baisse notable des ventes depuis deux mois, que l’activité est encore à 10 % au-dessus des niveaux d’avant la COVID, et le bilan brut des ventes d’avril est un des plus forts jamais enregistrés.

Les marchés ontariens faiblissent le plus, surtout en s’éloignant du centre de Toronto. Les ventes ont baissé de 21 % dans la province en avril. Elles se situent maintenant aux niveaux d’avant la pandémie. Le marché est passé d’un état extrêmement serré, manquant d’offre, à un état qui ressemble à la période de correction de 2017-2019. Ailleurs, Vancouver et Montréal font meilleure figure. Leurs marchés sont relativement équilibrés. D’autres marchés, comme l’Alberta et certaines régions de l’Atlantique, restent passablement vigoureux.

La Banque du Canada augmentera sans doute encore les taux d’intérêt de 50 points de base le 1er juin.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
9 Mai

Le marché du travail du Canada se resserre, le taux de chômage étant au plus bas

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Publié par: Robert Perrier

Le marché du travail bute sur des contraintes de capacité
Il y a bien des emplois inoccupés dans de nombreux secteurs, mais les employeurs peinent à trouver des candidats et à même conserver leurs travailleurs vu l’abondance d’options qui s’offrent à eux. Le taux de chômage est à son plus bas, et l’augmentation nette de l’emploi a ralenti. Ce n’est pas très différent du marché de l’habitation, où l’offre ne suffit pas à la demande. Les ventes de maisons baissent par suite d’inventaires très bas, et d’autant plus maintenant que les taux hypothécaires sont en hausse.

Statistique Canada vient de publier les résultats de l’Enquête sur la population active d’avril, indiquant un ralentissement des progrès : il y a eu un gain de 15 300 emplois, une fraction des 72 500 du mois passé et surtout des 337 000 de février. Le chiffre d’avril est aussi sensiblement inférieur aux 40 000 prévus par les économistes.

Après s’être établi à un creux record de 5,3 % en mars, le taux de chômage a encore diminué de 0,1 point de pourcentage pour se chiffrer à 5,2 % en avril. Il était à 5,7 % avant la pandémie. Il y a une forte demande excédentaire de travailleurs, l’économie n’ayant apporté aucune nouvelle croissance du bassin de main-d’œuvre. En avril, les heures travaillées ont baissé de 1,9 %, par suite d’une augmentation des absences et des cas d’incapacité liés à la COVID.

Les hausses de l’emploi observées dans les services professionnels, scientifiques et techniques et dans les administrations publiques ont été contrebalancées par des baisses dans la construction et le commerce de détail. Ces deux secteurs signalent d’importantes pénuries de main-d’œuvre. Le gouvernement fédéral espère doubler l’offre de logements dans la prochaine décennie, mais il faudra pour cela que les constructeurs trouvent beaucoup plus d’ouvriers.

Un plus grand nombre de personnes travaillaient dans la région de l’Atlantique et en Alberta, tandis que l’emploi a reculé au Québec. À l’échelle nationale, la hausse de l’emploi chez les femmes du principal groupe d’âge actif de 25 à 54 ans a été contrebalancée par une baisse chez les hommes du même groupe d’âge.

Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 % par rapport à 12 mois plus tôt (+0,99 $ pour atteindre 31,06 $), ce qui représente une croissance semblable à celle observée en mars (+1,03 $; +3,4 %). Comme les prix à la consommation ont augmenté de 6,7 % sur un an, les salaires ne suivent pas l’inflation.

De nombreux signes semblent indiquer que le marché du travail s’est resserré davantage au cours des derniers mois. En plus des hausses observées dans le travail à temps plein, un aspect de ce resserrement est la baisse de la proportion de travailleurs à temps partiel indiquant qu’ils préféreraient travailler à temps plein. Le taux de travail à temps partiel involontaire a diminué pour s’établir à 15,7 % en avril 2022, le plus bas niveau jamais enregistré. Le taux de travail à temps partiel a été élevé pendant les 18 premiers mois de la pandémie, et il a atteint un sommet de 26,5 % en août 2020, quand de nombreux travailleurs avaient de la difficulté à trouver un emploi à temps plein.

Il semble que l’inflation salariale pourrait s’accentuer en réponse aux taux d’emplois vacants qui restent élevés et au resserrement de l’offre de travailleurs.

L’inflation des salaires va probablement s’accentuer
Les salaires horaires moyens des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration ont fait un bond ces derniers mois.
En somme

La pression inflationniste croissante laisse présager une nouvelle hausse de 50 points de base du taux directeur lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada le 1er juin. Le gouverneur Mackem a affirmé qu’une augmentation d’un demi-point était dans les cartes. Le taux directeur grimperait alors à 1,5 %, contre 1,75 % immédiatement avant la pandémie. La guerre en Ukraine a exacerbé les perturbations de l’offre et entraîné une forte hausse des prix des produits de base. L’économie du Canada reste solide – la plus forte du G7 – grâce à un secteur relativement important des produits de base. Les marchés prévoient que le taux directeur arrivera près de 3 % d’ici la fin de l’année. Cependant, la Banque ajustera son tir en fonction des données à venir. Selon des indications préliminaires, l’activité sur le marché de l’habitation a faibli en avril, par suite d’une hausse des taux hypothécaires et d’une offre insuffisante.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca