15 Juin

Les ventes résidentielles ralentissent encore en mai au Canada; le marché devient favorable aux acheteurs dans le Grand Toronto

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La correction du marché du logement s’accentue en mai
Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), le ralentissement qui a commencé en mars face à des taux d’intérêt majorés s’est confirmé. En avril, les ventes résidentielles nationales ont chuté de 12,6 % d’un mois à l’autre. Les ventes nationales de maisons ont reculé de 8,6 % d’avril à mai 2022, après la baisse d’avril, ramenant les ventes mensuelles aux niveaux pré-COVID du deuxième semestre de 2019 (voir le graphique ci-dessous).

Les ventes ont baissé dans les trois quarts des marchés locaux, notamment dans plusieurs régions métropolitaines de recensement (RMR), comme le Lower Mainland, Calgary, Edmonton, le Grand Toronto et Ottawa. Le nombre de transactions réelles (non désaisonnalisées) en mai 2022 a baissé de 21,7 % par rapport au record pour ce mois. Un peu plus de 50 000 unités ont été vendues en mai 2022, ce qui amène les ventes tout près de la moyenne sur 10 ans pour ce mois.

Nouvelles inscriptions

En mai, le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté de 4,5 % d’un mois à l’autre. Cette augmentation mensuelle de l’offre a été influencée par un bond dans les nouvelles inscriptions à Montréal, alors qu’elles connaissaient un léger recul dans le Grand Toronto.

Étant donné la baisse des ventes et l’augmentation du nombre de nouvelles inscriptions en mai, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a reculé pour s’établir à 57,5 %, son plus bas niveau depuis avril 2019. Ce n’est pas très loin de la moyenne à long terme de 55,1 %.

Selon le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions, près de trois quarts des marchés locaux étaient en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en mai 2022, ce qu’on n’avait pas vu depuis l’automne 2019. Un peu moins d’un quart des marchés étaient favorables aux propriétaires-vendeurs, tandis qu’un petit nombre étaient favorables aux acheteurs.

On comptait 2,7 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mai 2022. Ce résultat demeure faible, mais néanmoins d’un mois supérieur au déficit record d’inventaire enregistré il y a à peine six mois. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois.

Prix des maisons

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé était tout de même en hausse de 23,8 % d’une année à l’autre en avril, bien qu’il s’agisse d’une chute marquée par rapport à l’augmentation record de presque 30 % enregistrée à peine deux mois plus tôt.

En mai 2022, l’Indice des prix des propriétés MLS® global et composé a enregistré une baisse de 0,8 % d’un mois à l’autre, après une baisse de 1,1 % en avril.

Sur le plan régional, la plupart des reculs mensuels ont été observés en Ontario. Si les prix ont baissé dans la majorité des marchés ontariens en mai, ils ont augmenté dans les régions de villégiature.

Les prix ont grimpé sur l’île de Vancouver, mais étaient stables dans le Grand Vancouver. Ils ont baissé légèrement dans la vallée du Fraser et de façon plus marquée à Chilliwack. À l’exception de modestes gains à Saskatoon et à Winnipeg, les prix n’ont guère changé dans les Prairies.

Par contre, le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard ont continué d’enregistrer des gains notables, tandis que la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador ont progressé plus timidement.

En mai, l’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé a affiché une autre hausse, soit 19,8 %, d’une année à l’autre, ce qui représente un ralentissement marqué comparativement aux hausses records de près de 30 % de janvier et février.

En somme

Après trois mois de recul, les ventes de maisons au Canada sont revenues aux niveaux d’avant la COVID; elles étaient quelque 30 % au-dessus de ces niveaux pendant 18 mois jusqu’en février. Le plus grand ralentissement a été constaté en Ontario, surtout à l’extérieur du centre de Toronto. Les nouvelles inscriptions ont augmenté, mais les inventaires restent faibles. Le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a nettement reculé pour s’établir à 57,5 %, son plus bas niveau depuis le début de 2019. Les prix ont baissé modérément, ramenant le gain sur un an à 19,8 %, contre 23,6 % en avril. Le prix moyen est maintenant en hausse de seulement 3,4 % d’une année à l’autre, contre le sommet de 11 % atteint en février.

Le marché de Toronto se calme, mais pas autant que ceux des banlieues proches et surtout des banlieues éloignées (comme London, Woodstock, Barrie). Le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions pour l’ensemble de l’Ontario a plongé sous les 50 %, ce qui ne s’était jamais vu que dans la récession de 2009 et les jours sombres du début des années 1990. Ailleurs, le marché reste relativement serré en Alberta, bien que les prix plafonnent. Vancouver, Ottawa et Montréal se situent entre les extrêmes.

Les taux d’intérêt ont augmenté fortement par rapport aux creux atteints pendant la COVID. Les taux hypothécaires ont fait de même, passant d’aussi peu qu’environ 1,5 % à presque 5 % pour un taux fixe sur cinq ans. Les taux variables sont en voie d’atteindre 4 à 4,5 % d’ici la fin de l’année. D’ici la fin de l’été, les garanties de taux favorables auront expiré et la nouvelle réalité des taux d’intérêts prendra tout son sens. Les tests de résistance au taux contractuel plus 200 points de base se font maintenant à presque 7 %; ils passeront aussi au-delà de 5,25 % pour les taux variables.

De nombreux Canadiens cherchant à acheter une maison prévoient maintenant que les prix continueront de baisser dans certaines régions. L’évolution des attentes contribuera aussi à la correction du marché. Par ailleurs, un rapport de la SCHL indique que les mises en chantier d’habitations ont fortement augmenté en mai. Il se fait davantage de construction que jamais depuis les années 1950. Alors que le taux de chômage est à son plus bas, la construction est entravée par un nombre record de postes vacants dans le secteur, par des pénuries de matériaux et par des taux de salaire en hausse. Les coûts de construction ont fortement augmenté dans la dernière année. Avec des taux hypothécaires qui seront plus hauts, le ralentissement des ventes pourrait mener à une baisse des mises en chantier d’habitations l’année prochaine.

Dernier élément, la Réserve fédérale américaine a haussé les taux de 75 points de base aujourd’hui, intensifiant la lutte contre l’inflation. Voilà qui ouvre la voie à une hausse de 75 points de base de la Banque du Canada lors de sa prochaine réunion, le 13 juillet. On prévoit maintenant que le taux directeur américain, le taux à un jour des fonds fédéraux, dépassera les 4 % d’ici la fin de l’année. La banque centrale du Canada a déjà annoncé son intention de hausser plus vigoureusement le taux à un jour au Canada, laissant entendre qu’il faudra plus de 3 % pour briser l’élan de l’inflation. Il est aujourd’hui à seulement 1,5 %. Une autre correction du marché du logement est probable dans les prochains mois. Étant le secteur de l’économie le plus sensible au taux d’intérêt, le logement est le principal mécanisme de transmission par lequel la politique monétaire peut ralentir l’économie et maîtriser l’inflation.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
12 Juin

Nouveau rapport confirmant la surchauffe du marché du travail au Canada

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien du travail est beaucoup trop serré – ce qui augmente la pression inflationniste
Les données de mai 2022 de l’Enquête sur la population active indiquent que l’embauche a continué d’augmenter rapidement le mois dernier. Le marché du travail est de plus en plus serré, le taux de chômage atteint un nouveau creux, et les gains salariaux accélèrent nettement. L’économie a ajouté 39 000 emplois en mai, surpassant les attentes. Le taux de chômage a baissé à 5,1 %, soit bien en dessous du taux non inflationniste. Le nombre de postes vacants n’a jamais été si élevé, et l’inflation des salaires a accéléré : elle est à 3,9 %, contre 3,2 % en avril.

Autre signe d’un marché du travail surchauffé, l’emploi à temps plein gagne du terrain par rapport au temps partiel. L’emploi à temps plein a progressé de 135 400, alors que le temps partiel baissait de 95 800.

L’offre excédentaire d’emplois continue de faire grimper les salaires et amènera sûrement la Banque du Canada à continuer d’augmenter résolument les taux. Le Conseil de direction de la Banque du Canada prendra sa prochaine décision le 13 juillet, et les opérateurs sur le marché monétaire pensent maintenant que la banque centrale pourrait très bien augmenter le taux directeur de 75 points de base le mois prochain.

Encore plus haut
La croissance de l’emploi continue
Emploi total – Canada
Source : Statistique Canada
Le taux d’emploi – le pourcentage de la population âgée de 15 ans et plus qui est en emploi – était presque à 62 % en mai, contre 59,4 % un an plus tôt.
Le taux de chômage atteint un creux historique de 5,1 %.
​Taux de chômage (%), janvier 1976 à mai 2022
En somme

Également dans l’actualité aujourd’hui, les États-Unis ont publié leur rapport sur l’inflation des prix à la consommation en mai, indiquant un taux de 8,6 %, contre 8,3 % en avril. Les investisseurs continuent de parier sur une hausse de 75 points de base, en réaction aux données indiquant que l’inflation se situe à un nouveau sommet de 40 ans. L’inflation globale et l’inflation sous-jacente ont toutes deux augmenté davantage que prévu.

Les taux du marché ont bondi à la lumière des nouvelles d’aujourd’hui. Le rendement à 5 ans des obligations du Canada est maintenant de 3,3 %.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
1 Juin

La Banque du Canada hausse de nouveau les taux de 50 points de base

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Nouvelle hausse majeure des taux, qui en annonce encore d’autres
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a de nouveau augmenté le taux directeur à un jour de 50 points de base d’un coup aujourd’hui. C’est la troisième hausse cette année. Les deux augmentations successives d’un demi-point sont un fait inédit, mais les réductions radicales du printemps 2020 l’étaient tout autant. De fait, alors que l’inflation a atteint 6,8 % au Canada en avril, la Banque du Canada reste en retard par rapport aux événements. Le graphique ci-dessous montre que l’inflation dépasse largement les prévisions de la Banque. Selon son communiqué d’aujourd’hui, elle estime maintenant que l’inflation a encore progressé en mai et pourrait bien continuer de le faire.

La déclaration de la Banque insiste : « Alors que les pressions généralisées sur les prix des intrants se répercutent sur les prix à la consommation, l’inflation continue de se propager. En effet, les mesures de l’inflation fondamentale se situent entre 3,2 et 5,1 %, et près de 70 % des catégories de l’IPC affichent maintenant une hausse de prix supérieure à 3 %. Le risque que l’inflation élevée s’enracine s’est accru. La Banque va utiliser ses outils de politique monétaire pour ramener l’inflation à la cible et garder les attentes d’inflation bien ancrées.

« La hausse de l’inflation à l’échelle du globe se produit au moment où l’économie mondiale ralentit. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, les confinements liés à la COVID-19 en Chine et la persistance des perturbations de l’offre sont tous des facteurs qui pèsent sur l’activité et accroissent l’inflation. La guerre a accentué l’incertitude et aggrave les pressions à la hausse qui s’exercent sur les prix de l’énergie et des produits agricoles. Cette situation assombrit les perspectives, surtout en Europe. Aux États-Unis, la demande intérieure du secteur privé demeure robuste, même si l’économie s’est contractée au premier trimestre de 2022. »

Selon la Banque : « Au Canada, l’activité économique est forte, et il est clair que l’économie est en situation de demande excédentaire. Les données des comptes nationaux pour le premier trimestre de 2022 montrent que le PIB a progressé de 3,1 %, ce qui cadre avec la projection de la Banque dans le Rapport sur la politique monétaire [RPM] d’avril. Le nombre de postes vacants est élevé, les entreprises font état de pénuries de main-d’œuvre généralisées, et la croissance des salaires s’est mise à augmenter et à s’étendre à plus de secteurs. L’activité sur le marché du logement se modère par rapport aux niveaux exceptionnellement élevés qu’elle avait atteints. Compte tenu des dépenses de consommation qui demeurent robustes au Canada et des exportations qui devraient se raffermir, on s’attend à une croissance solide au deuxième trimestre. »

En somme

La Banque du Canada ne pourrait pas s’exprimer plus clairement. Sa déclaration tire la conclusion suivante : « En raison de la demande excédentaire au sein de l’économie et de l’inflation qui se maintient bien au-dessus de la cible et qui devrait continuer à monter à court terme, le Conseil de direction juge encore que les taux d’intérêt vont devoir augmenter davantage. Le taux directeur demeure le principal instrument de politique monétaire de la Banque, et le resserrement quantitatif est utilisé comme outil complémentaire. Le rythme des hausses subséquentes du taux directeur sera guidé par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et de l’inflation, et le Conseil de direction est prêt à agir avec plus de force s’il le faut pour honorer son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2 %. »

La Banque du Canada nous a dit que nous devrions nous attendre à une nouvelle hausse de 50 points de base lors de sa prochaine réunion, le 13 juillet. Il se pourrait même que ce soit 75 points de base, si l’inflation ne paraît pas se calmer. La Banque estime que le niveau neutre (non inflationniste) du taux à un jour est de 2 à 3 %. Les marchés escomptent un taux à un jour d’environ 3 % à la fin de l’année.

La dernière déclaration de la Banque était résolument tranchante. La banque centrale défend sa crédibilité et continuera certainement de resserrer décisivement la politique monétaire.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
18 Mai

L’inflation canadienne dépasse les attentes

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

L’inflation canadienne ne semble pas s’essouffler
Une inflation de 6,8 % est une calamité. La Banque du Canada a de nouveau l’air impuissante, ayant prévu que l’inflation serait aujourd’hui au moins un point de pourcentage plus bas. Pis encore, il faut redouter une hausse de plus ce mois-ci, vu la flambée des prix de l’essence entre avril et mai.

Le rapport d’aujourd’hui souligne l’urgence à ce que les responsables des politiques suppriment rapidement les mesures de stimulation de l’économie. Il y aura sans doute une nouvelle augmentation de 50 points de base du taux directeur le 1er juin, puis de nouveau en juillet. Les marchés escomptent la possibilité d’un taux à un jour de 3 % d’ici la fin de l’année. Il est actuellement à 1 %.

En avril, les prix à la consommation au Canada ont augmenté de 6,8 % d’une année à l’autre, soit encore un peu plus qu’en mars (+6,7 %), malgré le ralentissement des hausses de l’essence. L’inflation d’avril est principalement attribuable aux prix de l’alimentation et du logement. Sans l’essence, l’IPC a augmenté de 5,8 % d’une année à l’autre en avril, après les 5,5 % de mars. Il s’agit de l’augmentation la plus prononcée de l’agrégat spécial de l’IPC d’ensemble excluant l’essence depuis son introduction en 1999.

Depuis la fin février, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait grimper les prix de l’énergie, des produits de base et, tout particulièrement, des aliments.

La vigueur de l’économie canadienne a encore accru la pression inflationniste. Le taux de chômage a atteint un creux record. Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 % d’une année à l’autre le mois dernier. Comme les prix augmentent plus vite que les salaires, les familles canadiennes voient leur pouvoir d’achat baisser.

En avril, les Canadiens ont payé 9,7 % de plus pour les aliments achetés en magasin, comparativement à avril 2021. L’augmentation, qui dépasse les 5 % pour un cinquième mois consécutif, est la plus marquée depuis septembre 1981.

Après avoir progressé de 6,8 % en mars, les frais de logement ont augmenté de 7,4 % d’une année à l’autre en avril. La majoration des prix des sources d’énergie qui servent à chauffer les maisons, comme le gaz naturel (+22,2 %) et le mazout et autres combustibles (+64,4 %), a contribué à la hausse.

Dans le contexte d’un marché de l’immobilier dynamique au Canada, le coût de remplacement par le propriétaire (+13,0 %) est lié aux prix des nouveaux logements et aux autres dépenses pour le logement en propriété (+17,2 %), qui comprennent les commissions liées à la vente de biens immobiliers. Tous deux ont augmenté en avril.

L’Indice du coût de l’intérêt hypothécaire (+0,2 %) a augmenté d’un mois à l’autre en avril pour la première fois depuis avril 2020.

Les prix du loyer ont augmenté en avril (+4,5 %) comparativement au même mois en 2021. La hausse des prix dans les provinces les plus peuplées du Canada, soit l’Ontario (+5,3 %), le Québec (+4,3 %) et la Colombie-Britannique (+6,4 %), est en partie à l’origine de l’augmentation des prix du loyer.

L’inflation mensuelle a ralenti en avril (0,6 %) par rapport à mars (1,4 %), mais la forte hausse de l’essence en mai laisse entrevoir une inflation restant élevée dans le rapport du moins prochain sur l’IPC.

En somme

Bloomberg News rapportait ce matin que la poussée de l’inflation a exposé la Banque du Canada à des critiques, certains politiciens accusant le gouverneur Macklem d’agir trop lentement. Sitôt les données sur l’inflation diffusées, le candidat à la chefferie du Parti conservateur Pierre Poilievre a publié une déclaration réitérant son intention de renvoyer Macklem s’il prenait le pouvoir.

Une pression s’exerce pour que les taux augmentent encore. Les banques centrales la ressentent dans le monde entier. Leurs mesures de resserrement ralentiront la demande, comme nous l’avons déjà vu dans les données de mars et avril sur l’immobilier au Canada. Elles ne régleront pas les problèmes de perturbation de l’offre qui sont la source d’une bonne part de la pression inflationniste.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
17 Mai

Les ventes de maisons au Canada ralentissent alors que les taux hypothécaires augmentent

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien de l’habitation ressent l’effet des taux plus élevés
Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), le ralentissement qui a commencé en mars face à des taux d’intérêt majorés s’est confirmé. En avril, les ventes résidentielles nationales ont chuté de 12,6 % d’un mois à l’autre. La baisse a amené les ventes mensuelles à leur plus bas niveau depuis l’été 2020 (voir le graphique ci-dessous).

Bien que la baisse nationale soit principalement attribuable au Grand Toronto, simplement en raison de la taille de ce marché, les ventes ont diminué dans 80 % des marchés locaux, et la plupart des autres grands marchés ont affiché des baisses à deux chiffres d’un mois à l’autre en avril. Les exceptions ont été Victoria, Montréal et Halifax-Dartmouth, où les ventes ont légèrement augmenté.

Le nombre de transactions réelles (non désaisonnalisées) en avril 2022 a baissé de 25,7 % par rapport au record pour ce mois établi l’année dernière. Comme on le constate depuis l’été dernier, les ventes d’avril se classent tout de même au troisième rang des ventes d’avril jamais enregistrées, derrière celles de 2021 et de 2016.

« Après environ deux années de résultats records, les marchés de l’habitation dans de nombreuses régions du Canada ont ralenti assez fortement au cours des deux derniers mois, en phase avec une hausse des coûts d’emprunt ainsi qu’une lassitude des acheteurs, a déclaré Jill Oudil, présidente de l’ACI. En ce qui concerne les acheteurs, ce ralentissement pourrait enfin leur donner plus de temps pour examiner les options sur le marché. Du côté des propriétaires-vendeurs, il pourrait entraîner un retour à des stratégies de marketing plus traditionnelles. »

« Après avoir entendu pendant 12 ans que “les taux d’intérêt seront bientôt augmentés”, voilà qu’on y est, a déclaré Shaun Cathcart, économiste principal à l’ACI. Mais, ce qui est important, ce ne sont pas les mesures que la Banque du Canada a prises jusqu’à présent, mais plutôt le resserrement rapide et soutenu attendu dans tous les marchés pour le reste de l’année; ce resserrement a déjà influencé les taux hypothécaires fixes. Certes, pour cette même raison, ces taux sont en hausse depuis le début de 2021. Alors pourquoi le marché réagit-il si fortement maintenant? C’est probablement parce que les taux réduits habituels sur cinq ans sont passés, en à peine un mois, de légèrement supérieurs à 3 % à un peu plus de 4 %. Le taux de la simulation de crise est le plus élevé entre 5,25 % et le taux contractuel majoré de 2 %. Pour les emprunteurs à taux fixe, il vient de passer de 5,25 % à juste au-dessus de 6 %, soit une augmentation de presque 1 % en un mois! La Banque du Canada n’aura pas besoin d’intervenir bien davantage pour que cette situation commence à influencer aussi les taux variables. »

Baisse marquée
Les ventes résidentielles au Canada redescendent vers les niveaux historiques
/ Ventes résidentielles mensuelles au Canada / Moyenne sur 10 ans
Nouvelles inscriptions

En avril, le nombre de nouvelles inscriptions a reculé de 2,2 % d’un mois à l’autre. Cette légère baisse mensuelle est attribuable à une répartition assez égale entre les marchés où ce nombre a augmenté et ceux où il a diminué. Des baisses notables ont été enregistrées dans le Lower Mainland et à Calgary, alors que le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté à Victoria et à Edmonton.

Comme le nombre de ventes a baissé considérablement plus que le nombre de nouvelles inscriptions en avril, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé à 66,5 % – le niveau le plus faible depuis juin 2020. Ce chiffre est le point de basculement entre ce qui constitue un marché favorable aux propriétaires-vendeurs et un marché équilibré. Notons que la moyenne à long terme du ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 55,2 %.

Selon le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions, un peu plus de la moitié des marchés locaux était en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en avril 2022. Un peu moins de la moitié des marchés étaient favorables aux propriétaires-vendeurs.

On comptait 2,2 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin d’avril 2022 – un chiffre toujours très faible d’un point de vue historique, mais une hausse par rapport aux résultats légèrement inférieurs des huit mois précédents. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois.

Prix des maisons

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé était tout de même en hausse de 23,8 % d’une année à l’autre en avril, bien qu’il s’agisse d’une chute marquée par rapport à l’augmentation record de presque 30 % enregistrée à peine deux mois plus tôt.

En somme

Dans le dernier mois, la fièvre est retombée sur le marché canadien de l’habitation. Il n’en reste pas moins, malgré la baisse notable des ventes depuis deux mois, que l’activité est encore à 10 % au-dessus des niveaux d’avant la COVID, et le bilan brut des ventes d’avril est un des plus forts jamais enregistrés.

Les marchés ontariens faiblissent le plus, surtout en s’éloignant du centre de Toronto. Les ventes ont baissé de 21 % dans la province en avril. Elles se situent maintenant aux niveaux d’avant la pandémie. Le marché est passé d’un état extrêmement serré, manquant d’offre, à un état qui ressemble à la période de correction de 2017-2019. Ailleurs, Vancouver et Montréal font meilleure figure. Leurs marchés sont relativement équilibrés. D’autres marchés, comme l’Alberta et certaines régions de l’Atlantique, restent passablement vigoureux.

La Banque du Canada augmentera sans doute encore les taux d’intérêt de 50 points de base le 1er juin.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
9 Mai

Le marché du travail du Canada se resserre, le taux de chômage étant au plus bas

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le marché du travail bute sur des contraintes de capacité
Il y a bien des emplois inoccupés dans de nombreux secteurs, mais les employeurs peinent à trouver des candidats et à même conserver leurs travailleurs vu l’abondance d’options qui s’offrent à eux. Le taux de chômage est à son plus bas, et l’augmentation nette de l’emploi a ralenti. Ce n’est pas très différent du marché de l’habitation, où l’offre ne suffit pas à la demande. Les ventes de maisons baissent par suite d’inventaires très bas, et d’autant plus maintenant que les taux hypothécaires sont en hausse.

Statistique Canada vient de publier les résultats de l’Enquête sur la population active d’avril, indiquant un ralentissement des progrès : il y a eu un gain de 15 300 emplois, une fraction des 72 500 du mois passé et surtout des 337 000 de février. Le chiffre d’avril est aussi sensiblement inférieur aux 40 000 prévus par les économistes.

Après s’être établi à un creux record de 5,3 % en mars, le taux de chômage a encore diminué de 0,1 point de pourcentage pour se chiffrer à 5,2 % en avril. Il était à 5,7 % avant la pandémie. Il y a une forte demande excédentaire de travailleurs, l’économie n’ayant apporté aucune nouvelle croissance du bassin de main-d’œuvre. En avril, les heures travaillées ont baissé de 1,9 %, par suite d’une augmentation des absences et des cas d’incapacité liés à la COVID.

Les hausses de l’emploi observées dans les services professionnels, scientifiques et techniques et dans les administrations publiques ont été contrebalancées par des baisses dans la construction et le commerce de détail. Ces deux secteurs signalent d’importantes pénuries de main-d’œuvre. Le gouvernement fédéral espère doubler l’offre de logements dans la prochaine décennie, mais il faudra pour cela que les constructeurs trouvent beaucoup plus d’ouvriers.

Un plus grand nombre de personnes travaillaient dans la région de l’Atlantique et en Alberta, tandis que l’emploi a reculé au Québec. À l’échelle nationale, la hausse de l’emploi chez les femmes du principal groupe d’âge actif de 25 à 54 ans a été contrebalancée par une baisse chez les hommes du même groupe d’âge.

Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 % par rapport à 12 mois plus tôt (+0,99 $ pour atteindre 31,06 $), ce qui représente une croissance semblable à celle observée en mars (+1,03 $; +3,4 %). Comme les prix à la consommation ont augmenté de 6,7 % sur un an, les salaires ne suivent pas l’inflation.

De nombreux signes semblent indiquer que le marché du travail s’est resserré davantage au cours des derniers mois. En plus des hausses observées dans le travail à temps plein, un aspect de ce resserrement est la baisse de la proportion de travailleurs à temps partiel indiquant qu’ils préféreraient travailler à temps plein. Le taux de travail à temps partiel involontaire a diminué pour s’établir à 15,7 % en avril 2022, le plus bas niveau jamais enregistré. Le taux de travail à temps partiel a été élevé pendant les 18 premiers mois de la pandémie, et il a atteint un sommet de 26,5 % en août 2020, quand de nombreux travailleurs avaient de la difficulté à trouver un emploi à temps plein.

Il semble que l’inflation salariale pourrait s’accentuer en réponse aux taux d’emplois vacants qui restent élevés et au resserrement de l’offre de travailleurs.

L’inflation des salaires va probablement s’accentuer
Les salaires horaires moyens des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration ont fait un bond ces derniers mois.
En somme

La pression inflationniste croissante laisse présager une nouvelle hausse de 50 points de base du taux directeur lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada le 1er juin. Le gouverneur Mackem a affirmé qu’une augmentation d’un demi-point était dans les cartes. Le taux directeur grimperait alors à 1,5 %, contre 1,75 % immédiatement avant la pandémie. La guerre en Ukraine a exacerbé les perturbations de l’offre et entraîné une forte hausse des prix des produits de base. L’économie du Canada reste solide – la plus forte du G7 – grâce à un secteur relativement important des produits de base. Les marchés prévoient que le taux directeur arrivera près de 3 % d’ici la fin de l’année. Cependant, la Banque ajustera son tir en fonction des données à venir. Selon des indications préliminaires, l’activité sur le marché de l’habitation a faibli en avril, par suite d’une hausse des taux hypothécaires et d’une offre insuffisante.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
20 Avr

Ishhhhhhhh

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Ça alors! L’inflation au Canada atteint 6,7 %
Statistique Canada a indiqué aujourd’hui que les prix à la consommation étaient en hausse de 6,7 % sur un an en mars, un plein point de pourcentage de plus que les 5,7 % du mois précédent. Les taux d’intérêt du marché ont flambé en conséquence, alors qu’il paraît probable que la Banque du Canada augmentera de nouveau son taux directeur d’un demi-point lors de sa prochaine réunion le 1er juin.

Il n’y a pas moyen de dorer la pilule. Les obligations ont marqué le coup. Après la publication des dernières données, le rendement des obligations du gouvernement du Canada a bondi, pour 2 ans à 2,6 %, pour 5 ans à 2,75 % et pour 10 ans à 2,825 %. Le rendement à 5 ans – qui est déterminant pour le taux hypothécaire fixe sur 5 ans – a presque quadruplé depuis un an.

Les pressions inflationnistes sont restées très répandues en mars, alors que les prix ont augmenté dans chacune des huit composantes principales. L’augmentation des prix s’est produite dans un contexte de pression soutenue sur les prix du marché canadien du logement, de contraintes importantes d’approvisionnement et de conflits géopolitiques, qui se sont répercutés sur les marchés agricoles, de l’énergie et des produits de base. En outre, l’emploi a continué d’augmenter en mars, alors que le taux de chômage a connu une baisse pour atteindre un creux record. En mars, le salaire horaire moyen des employés a augmenté de 3,4 % d’une année à l’autre, ce qui augmente le risque d’une spirale salaire-prix.

Après avoir connu une hausse de 4,7 % en février, l’Indice des prix à la consommation (IPC) sans l’essence a augmenté de 5,5 % d’une année à l’autre en mars; il s’agit du rythme de croissance le plus rapide depuis l’introduction de l’agrégat spécial d’ensemble sans essence en 1999.

Sur une base mensuelle, l’IPC a augmenté de 1,4 % en mars, après une hausse de 1,0 % en février. Il s’agit de la plus forte hausse depuis janvier 1991, quand la taxe sur les produits et services a été introduite. Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l’IPC a augmenté de 0,9 % en mars, égalant la plus forte augmentation jamais enregistrée.

En mars, les prix de l’essence ont augmenté de 11,8 % d’un mois à l’autre, après avoir progressé de 6,9 % en février. Les prix du pétrole à l’échelle mondiale ont enregistré une forte hausse en mars, en raison de l’incertitude concernant l’approvisionnement à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’augmentation des prix du pétrole brut a fait monter les prix à la pompe. Les consommateurs ont payé 39,8 % de plus d’une année à l’autre pour l’essence en mars.

Les prix du mazout et autres combustibles ont augmenté de 19,9 % d’un mois à l’autre, soit la deuxième plus forte hausse après celle de février 2000. D’une année à l’autre, les prix du mazout et autres combustibles ont augmenté de 61,0 % en mars.

Les prix des aliments ont continué de grimper, tout comme les prix de biens durables tels qu’automobiles et mobilier. Il en coûte sensiblement plus pour les sorties au restaurant, les chambres d’hôtel et les déplacements en avion.

L’inflation pour les biens a atteint 9,2 % en mars, le plus haut niveau depuis 1982. L’inflation pour les services a atteint 4,3 %, le plus haut niveau depuis 2003.

En somme

Les marchés obligataires sont en mode liquidation partout dans le monde aujourd’hui. Les courbes de rendement se sont aplaties, les rendements à court terme augmentant davantage que ceux à long terme suite à la conviction que les banques centrales vont accélérer leurs mesures de resserrement.

Le rapport d’aujourd’hui sur l’IPC indique que les pressions inflationnistes sont plus fortes que ne le prévoyait la Banque du Canada encore la semaine passée, quand elle a augmenté le taux directeur de 50 points de base.

Il se pourrait que nous soyons au sommet de la poussée de l’inflation, mais le retour à la cible d’une inflation de 2 % pourrait être lointain, surtout si les attentes d’inflation s’enracinent. Cela étant, le gouverneur Macklem va probablement procéder à un nouveau resserrement énergique le 1er juin, ce qui amortira l’activité sur le marché de l’habitation.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
19 Avr

Les ventes de maisons au Canada commencent à ralentir en mars

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Les ventes de maisons au Canada connaissent leur plus forte baisse depuis juin
Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), la hausse des taux d’intérêt amortissait déjà l’activité sur le marché de l’habitation avant même la grande augmentation du taux directeur décrétée par la Banque du Canada à la mi-avril. En mars, les ventes résidentielles nationales ont baissé de 5,4 % d’un mois à l’autre. Cette baisse a ramené les ventes au niveau où elles se trouvaient à l’automne dernier (voir le graphique ci-dessous).
Nouvelles inscriptions

En mars, les nouvelles inscriptions ont baissé de 5,5 % d’un mois à l’autre après une hausse en février. La baisse mensuelle des ventes est en grande partie attribuable à des baisses enregistrées dans le Grand Vancouver, dans la vallée du Fraser, à Calgary et dans le Grand Toronto.

Puisque les ventes et les nouvelles inscriptions ont diminué dans les mêmes proportions en mars, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est demeuré sensiblement inchangé, soit 75,3 %, comparativement à 75,2 % en février. Notons que la moyenne à long terme du ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 55,1 %.

Environ deux tiers des marchés locaux étaient favorables aux propriétaires-vendeurs, le rapport ventes-inscriptions étant supérieur de plus d’un écart-type par rapport à sa moyenne à long terme en mars 2022. Le tiers restant des marchés locaux étaient en équilibre.

On comptait 1,8 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mars 2022 – une hausse par rapport au creux historique de 1,6 mois du trimestre précédent. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois.

Prix des maisons

En mars 2022, l’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a connu une hausse de 1 % d’un mois à l’autre. Il s’agit d’une chute marquée par rapport à la hausse record de 3,5 % enregistrée en février.

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé a affiché une hausse de 27,1 % d’une année à l’autre en mars. Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en mars 2022 a atteint 796 000 $, soit une hausse de 11,2 % comparativement au même mois l’an dernier.

En somme

Le rapport de mars sur le marché de l’habitation est déjà chose du passé : de nettes augmentations des taux d’intérêt sur le marché ont modifié la situation. Ce rapport précède d’ailleurs la hausse de 50 points de base du taux directeur de la Banque du Canada. Tout semble indiquer jusqu’à présent en avril que les nouvelles inscriptions ont augmenté et que les surenchères ont presque disparu.

Comme les taux hypothécaires fixes ont augmenté, les acheteurs doivent démontrer leur admissibilité à un prêt hypothécaire non assuré au taux hypothécaire qui leur est proposé, majoré de 200 points de base – soit au-delà du taux d’admissibilité de 5,25 % qui était la règle depuis juin 2021. En conséquence, certains acheteurs seront sans doute exclus des marchés plus chers.

Le budget fédéral a annoncé des initiatives pour aider les acheteurs d’une première maison et pour encourager la construction domiciliaire, mais ces mesures butent sur des obstacles. L’industrie de la construction souffre de pénuries de main-d’œuvre, et le fédéral ne peut rien pour les restrictions liées au zonage et à l’urbanisme, qui relèvent des administrations locales. L’interdiction des achats par des résidents étrangers n’aura sans doute que peu d’effet, donc le problème fondamental de la pénurie de logements reste le plus grand facteur entravant l’accès à un logement abordable au Canada.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
13 Avr

Fallait s’y attendre un jour les amis… :-(

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada hausse les taux de 50 points de base, et laisse entrevoir que ce n’est pas fini
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a augmenté le taux directeur à un jour de 50 points de base d’un coup, pour la première fois depuis 22 ans. Des signes l’avaient laissé entrevoir, et la Réserve fédérale américaine devrait en faire autant le mois prochain. La Banque du Canada est la première banque centrale du G7 à agir aussi décisivement, mais la Banque de Nouvelle-Zélande a aussi haussé ses taux d’un demi-point de pourcentage aujourd’hui. Au vu de la poussée d’inflation et de la vigueur de l’économie canadienne, une autre augmentation semblable reste bien possible.

La Banque constate maintenant qu’une inflation s’annonce, en conséquence non seulement de perturbations de l’offre, mais aussi d’une demande excédentaire : « Au Canada, la croissance est forte et l’économie entre dans une phase de demande excédentaire. Le marché du travail est tendu et la croissance des salaires, qui a retrouvé son rythme d’avant la pandémie, est en hausse. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à déclarer qu’elles ont de la difficulté à répondre à la demande, et qu’elles peuvent répercuter les coûts plus élevés des intrants sur leurs clients en haussant les prix. »

Selon la Banque : « La croissance semble avoir été plus vigoureuse au premier trimestre qu’on le prévoyait en janvier et devrait augmenter au deuxième trimestre. Avec la levée des mesures sanitaires, les dépenses de consommation se raffermissent. La reprise des exportations et des investissements des entreprises se poursuivra, soutenue par la solide demande étrangère et les prix élevés des produits de base. L’activité sur le marché du logement, qui a été exceptionnellement forte, devrait se modérer. »

Le Conseil de direction a de nouveau rehaussé sa prévision de l’inflation. La Banque s’attend maintenant à ce que l’inflation mesurée par l’IPC atteigne presque 6 % en moyenne durant la première moitié de 2022 et reste bien au-dessus de la fourchette de maîtrise de l’inflation tout au long de l’année. Elle devrait ensuite baisser pour s’établir à environ 2½ % au deuxième semestre de 2023 et retourner à la cible de 2 % en 2024. Il y a un risque croissant que les attentes relativement à une inflation élevée s’enracinent.

Puisque l’économie entre dans une phase de demande excédentaire et que l’inflation demeure bien au-dessus de la cible, le Conseil de direction juge que les taux d’intérêt devront encore augmenter. La Banque met aussi fin au réinvestissement et amorcera le resserrement quantitatif le 25 avril. Les obligations du gouvernement du Canada inscrites au bilan de la Banque qui arrivent à échéance ne seront plus remplacées, ce qui fera diminuer la taille du bilan au fil du temps. Les taux d’intérêt seront soumis à une pression haussière d’autant plus forte.

En somme

Les opérateurs boursiers parient que le taux à un jour approchera les 3,0 % d’ici un an. Dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’aujourd’hui, la Banque révise à la hausse son estimation du taux directeur neutre, le situant entre 2,0 % et 3,0 % – soit à 25 points de base de plus que son estimation d’il y a un an. Cette estimation est celle du taux directeur concordant avec la croissance non inflationniste potentielle de l’économie.

D’après certains indices, la hausse des taux d’intérêt a déjà commencé à ralentir le marché canadien de l’habitation. « Les reventes devraient s’affaiblir quelque peu au deuxième trimestre sous l’effet de la hausse des taux d’emprunt, lit-on dans le RPM. Le bas niveau des stocks de logements neufs et existants à vendre devrait soutenir à court terme la construction et les rénovations. »

Les rendements des obligations ont augmenté en prévision de la décision de la Banque du Canada. Le taux d’un prêt hypothécaire à taux fixe est en hausse, entre 3,5 % et 4,0 %. Cette évolution pourrait marquer un point tournant, car les emprunteurs hypothécaires doivent démontrer leur admissibilité en fonction du taux maximum de 5,25 % ou d’un taux supérieur de 2 points de pourcentage au taux contractuel proposé. Nous sommes maintenant au-delà du seuil de 2 points de pourcentage, ce qui réduit le pouvoir d’achat de nombreux acheteurs.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
8 Avr

Nouvelles données positives sur l’emploi au Canada – Nous sommes au plein emploi

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le marché du travail continue à se resserrer
Statistique Canada vient de publier les résultats de l’Enquête sur la population active de mars, indiquant encore un gain de 72 500 emplois après les 337 000 de février. L’emploi a progressé tant dans le secteur des biens que dans le secteur des services. Les hausses sont concentrées en Ontario et au Québec. Le taux de chômage a baissé à 5,3 %, son niveau le plus bas depuis que des données comparables ont commencé à être diffusées en 1976. Il était à 5,5 % en février.

Il semble d’autant plus que la Banque du Canada a du retard à rattraper et qu’elle augmentera probablement le taux directeur à un jour de 50 points de base la semaine prochaine. De fait, le rendement des obligations du gouvernement du Canada de deux ans a bondi jusqu’à 2,49 %, en hausse de 2,38 % à la clôture hier.

Les marchés des swaps escomptent maintenant avec une probabilité de 75 % une hausse d’un demi-point la semaine prochaine, et un taux à un jour de 3 % d’ici un an. Le taux à un jour était à 1,75 % en février 2020 juste avant le début de la pandémie. Depuis lors, l’inflation a grimpé, passant d’à peine plus de 2 % à 5,7 % en février. Les données sur l’inflation de mars seront publiées le 20 avril, et on s’attend généralement à ce qu’elle augmente encore. De fait, l’indicateur clé de l’inflation des prix des aliments est actuellement à un niveau record, aggravé par les perturbations associées à la guerre en Ukraine.

Un autre élément contribue à la pression inflationniste : la hausse des salaires au Canada par suite de la demande excédentaire de main-d’œuvre. Le total des heures travaillées a augmenté de 1,3 % en mars. Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,4 % (+1,03 $) sur 12 mois, contre 3,1 % en février. Un exemple qui illustre les déséquilibres entre l’offre et la demande de main-d’œuvre est que les hausses de l’emploi depuis septembre (+463 000; +2,4 %) ont dépassé la croissance de la taille de la population âgée de 15 ans et plus (+236 000; +0,8 %) au cours de la même période.

Résilience
Le marché du travail canadien se renforce nettement
Emploi total – Canada
Plus serré que jamais
Les données sur le chômage au Canada n’ont jamais été aussi basses depuis 1976
Taux de chômage – Canada
En somme 

La dernière Enquête sur la population active a été menée à la mi-mars, après le début de la guerre en Ukraine (le 24 février). Depuis lors, les prix de nombreux produits de base ont bondi, en particulier le pétrole, l’essence, l’aluminium, le blé et les engrais. L’inflation a ainsi augmenté à l’échelle mondiale, ce qui mine la confiance des consommateurs et des entreprises, et qui réduit le pouvoir d’achat des familles. Selon la récente enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises, les entreprises prévoient maintenant que l’inflation se poursuivra pendant deux ans.

La Banque du Canada vient de publier son Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada, révélant que les attentes quant à l’inflation à court terme n’ont jamais été aussi hautes. Même si l’inflation suscite davantage d’inquiétude aujourd’hui, les attentes quant au long terme sont restées stables, sous les niveaux d’avant la pandémie. Les attentes d’inflation à long terme seraient donc encore bien ancrées, les répondants à l’enquête croyant que la hausse actuelle ne durera pas.

Ce point de vue est fondé sur l’hypothèse que la Banque du Canada resserra sensiblement la politique monétaire. Tous les messages de la Banque confirment qu’elle le fera, en augmentant le taux à un jour jusqu’à environ 3 % dans l’année à venir et en pratiquant un resserrement quantitatif par la réduction de son portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada.

Selon certaines indications, les marchés de l’habitation ont déjà commencé à réagir à la hausse des taux hypothécaires. L’offre a augmenté, et les surenchères ont baissé.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca