9 Mai

Le marché du travail du Canada se resserre, le taux de chômage étant au plus bas

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le marché du travail bute sur des contraintes de capacité
Il y a bien des emplois inoccupés dans de nombreux secteurs, mais les employeurs peinent à trouver des candidats et à même conserver leurs travailleurs vu l’abondance d’options qui s’offrent à eux. Le taux de chômage est à son plus bas, et l’augmentation nette de l’emploi a ralenti. Ce n’est pas très différent du marché de l’habitation, où l’offre ne suffit pas à la demande. Les ventes de maisons baissent par suite d’inventaires très bas, et d’autant plus maintenant que les taux hypothécaires sont en hausse.

Statistique Canada vient de publier les résultats de l’Enquête sur la population active d’avril, indiquant un ralentissement des progrès : il y a eu un gain de 15 300 emplois, une fraction des 72 500 du mois passé et surtout des 337 000 de février. Le chiffre d’avril est aussi sensiblement inférieur aux 40 000 prévus par les économistes.

Après s’être établi à un creux record de 5,3 % en mars, le taux de chômage a encore diminué de 0,1 point de pourcentage pour se chiffrer à 5,2 % en avril. Il était à 5,7 % avant la pandémie. Il y a une forte demande excédentaire de travailleurs, l’économie n’ayant apporté aucune nouvelle croissance du bassin de main-d’œuvre. En avril, les heures travaillées ont baissé de 1,9 %, par suite d’une augmentation des absences et des cas d’incapacité liés à la COVID.

Les hausses de l’emploi observées dans les services professionnels, scientifiques et techniques et dans les administrations publiques ont été contrebalancées par des baisses dans la construction et le commerce de détail. Ces deux secteurs signalent d’importantes pénuries de main-d’œuvre. Le gouvernement fédéral espère doubler l’offre de logements dans la prochaine décennie, mais il faudra pour cela que les constructeurs trouvent beaucoup plus d’ouvriers.

Un plus grand nombre de personnes travaillaient dans la région de l’Atlantique et en Alberta, tandis que l’emploi a reculé au Québec. À l’échelle nationale, la hausse de l’emploi chez les femmes du principal groupe d’âge actif de 25 à 54 ans a été contrebalancée par une baisse chez les hommes du même groupe d’âge.

Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,3 % par rapport à 12 mois plus tôt (+0,99 $ pour atteindre 31,06 $), ce qui représente une croissance semblable à celle observée en mars (+1,03 $; +3,4 %). Comme les prix à la consommation ont augmenté de 6,7 % sur un an, les salaires ne suivent pas l’inflation.

De nombreux signes semblent indiquer que le marché du travail s’est resserré davantage au cours des derniers mois. En plus des hausses observées dans le travail à temps plein, un aspect de ce resserrement est la baisse de la proportion de travailleurs à temps partiel indiquant qu’ils préféreraient travailler à temps plein. Le taux de travail à temps partiel involontaire a diminué pour s’établir à 15,7 % en avril 2022, le plus bas niveau jamais enregistré. Le taux de travail à temps partiel a été élevé pendant les 18 premiers mois de la pandémie, et il a atteint un sommet de 26,5 % en août 2020, quand de nombreux travailleurs avaient de la difficulté à trouver un emploi à temps plein.

Il semble que l’inflation salariale pourrait s’accentuer en réponse aux taux d’emplois vacants qui restent élevés et au resserrement de l’offre de travailleurs.

L’inflation des salaires va probablement s’accentuer
Les salaires horaires moyens des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration ont fait un bond ces derniers mois.
En somme

La pression inflationniste croissante laisse présager une nouvelle hausse de 50 points de base du taux directeur lors de la prochaine réunion de la Banque du Canada le 1er juin. Le gouverneur Mackem a affirmé qu’une augmentation d’un demi-point était dans les cartes. Le taux directeur grimperait alors à 1,5 %, contre 1,75 % immédiatement avant la pandémie. La guerre en Ukraine a exacerbé les perturbations de l’offre et entraîné une forte hausse des prix des produits de base. L’économie du Canada reste solide – la plus forte du G7 – grâce à un secteur relativement important des produits de base. Les marchés prévoient que le taux directeur arrivera près de 3 % d’ici la fin de l’année. Cependant, la Banque ajustera son tir en fonction des données à venir. Selon des indications préliminaires, l’activité sur le marché de l’habitation a faibli en avril, par suite d’une hausse des taux hypothécaires et d’une offre insuffisante.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
20 Avr

Ishhhhhhhh

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Ça alors! L’inflation au Canada atteint 6,7 %
Statistique Canada a indiqué aujourd’hui que les prix à la consommation étaient en hausse de 6,7 % sur un an en mars, un plein point de pourcentage de plus que les 5,7 % du mois précédent. Les taux d’intérêt du marché ont flambé en conséquence, alors qu’il paraît probable que la Banque du Canada augmentera de nouveau son taux directeur d’un demi-point lors de sa prochaine réunion le 1er juin.

Il n’y a pas moyen de dorer la pilule. Les obligations ont marqué le coup. Après la publication des dernières données, le rendement des obligations du gouvernement du Canada a bondi, pour 2 ans à 2,6 %, pour 5 ans à 2,75 % et pour 10 ans à 2,825 %. Le rendement à 5 ans – qui est déterminant pour le taux hypothécaire fixe sur 5 ans – a presque quadruplé depuis un an.

Les pressions inflationnistes sont restées très répandues en mars, alors que les prix ont augmenté dans chacune des huit composantes principales. L’augmentation des prix s’est produite dans un contexte de pression soutenue sur les prix du marché canadien du logement, de contraintes importantes d’approvisionnement et de conflits géopolitiques, qui se sont répercutés sur les marchés agricoles, de l’énergie et des produits de base. En outre, l’emploi a continué d’augmenter en mars, alors que le taux de chômage a connu une baisse pour atteindre un creux record. En mars, le salaire horaire moyen des employés a augmenté de 3,4 % d’une année à l’autre, ce qui augmente le risque d’une spirale salaire-prix.

Après avoir connu une hausse de 4,7 % en février, l’Indice des prix à la consommation (IPC) sans l’essence a augmenté de 5,5 % d’une année à l’autre en mars; il s’agit du rythme de croissance le plus rapide depuis l’introduction de l’agrégat spécial d’ensemble sans essence en 1999.

Sur une base mensuelle, l’IPC a augmenté de 1,4 % en mars, après une hausse de 1,0 % en février. Il s’agit de la plus forte hausse depuis janvier 1991, quand la taxe sur les produits et services a été introduite. Sur une base mensuelle désaisonnalisée, l’IPC a augmenté de 0,9 % en mars, égalant la plus forte augmentation jamais enregistrée.

En mars, les prix de l’essence ont augmenté de 11,8 % d’un mois à l’autre, après avoir progressé de 6,9 % en février. Les prix du pétrole à l’échelle mondiale ont enregistré une forte hausse en mars, en raison de l’incertitude concernant l’approvisionnement à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’augmentation des prix du pétrole brut a fait monter les prix à la pompe. Les consommateurs ont payé 39,8 % de plus d’une année à l’autre pour l’essence en mars.

Les prix du mazout et autres combustibles ont augmenté de 19,9 % d’un mois à l’autre, soit la deuxième plus forte hausse après celle de février 2000. D’une année à l’autre, les prix du mazout et autres combustibles ont augmenté de 61,0 % en mars.

Les prix des aliments ont continué de grimper, tout comme les prix de biens durables tels qu’automobiles et mobilier. Il en coûte sensiblement plus pour les sorties au restaurant, les chambres d’hôtel et les déplacements en avion.

L’inflation pour les biens a atteint 9,2 % en mars, le plus haut niveau depuis 1982. L’inflation pour les services a atteint 4,3 %, le plus haut niveau depuis 2003.

En somme

Les marchés obligataires sont en mode liquidation partout dans le monde aujourd’hui. Les courbes de rendement se sont aplaties, les rendements à court terme augmentant davantage que ceux à long terme suite à la conviction que les banques centrales vont accélérer leurs mesures de resserrement.

Le rapport d’aujourd’hui sur l’IPC indique que les pressions inflationnistes sont plus fortes que ne le prévoyait la Banque du Canada encore la semaine passée, quand elle a augmenté le taux directeur de 50 points de base.

Il se pourrait que nous soyons au sommet de la poussée de l’inflation, mais le retour à la cible d’une inflation de 2 % pourrait être lointain, surtout si les attentes d’inflation s’enracinent. Cela étant, le gouverneur Macklem va probablement procéder à un nouveau resserrement énergique le 1er juin, ce qui amortira l’activité sur le marché de l’habitation.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
19 Avr

Les ventes de maisons au Canada commencent à ralentir en mars

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Les ventes de maisons au Canada connaissent leur plus forte baisse depuis juin
Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), la hausse des taux d’intérêt amortissait déjà l’activité sur le marché de l’habitation avant même la grande augmentation du taux directeur décrétée par la Banque du Canada à la mi-avril. En mars, les ventes résidentielles nationales ont baissé de 5,4 % d’un mois à l’autre. Cette baisse a ramené les ventes au niveau où elles se trouvaient à l’automne dernier (voir le graphique ci-dessous).
Nouvelles inscriptions

En mars, les nouvelles inscriptions ont baissé de 5,5 % d’un mois à l’autre après une hausse en février. La baisse mensuelle des ventes est en grande partie attribuable à des baisses enregistrées dans le Grand Vancouver, dans la vallée du Fraser, à Calgary et dans le Grand Toronto.

Puisque les ventes et les nouvelles inscriptions ont diminué dans les mêmes proportions en mars, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est demeuré sensiblement inchangé, soit 75,3 %, comparativement à 75,2 % en février. Notons que la moyenne à long terme du ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 55,1 %.

Environ deux tiers des marchés locaux étaient favorables aux propriétaires-vendeurs, le rapport ventes-inscriptions étant supérieur de plus d’un écart-type par rapport à sa moyenne à long terme en mars 2022. Le tiers restant des marchés locaux étaient en équilibre.

On comptait 1,8 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mars 2022 – une hausse par rapport au creux historique de 1,6 mois du trimestre précédent. La moyenne à long terme de cette mesure est d’un peu plus de cinq mois.

Prix des maisons

En mars 2022, l’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a connu une hausse de 1 % d’un mois à l’autre. Il s’agit d’une chute marquée par rapport à la hausse record de 3,5 % enregistrée en février.

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé a affiché une hausse de 27,1 % d’une année à l’autre en mars. Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en mars 2022 a atteint 796 000 $, soit une hausse de 11,2 % comparativement au même mois l’an dernier.

En somme

Le rapport de mars sur le marché de l’habitation est déjà chose du passé : de nettes augmentations des taux d’intérêt sur le marché ont modifié la situation. Ce rapport précède d’ailleurs la hausse de 50 points de base du taux directeur de la Banque du Canada. Tout semble indiquer jusqu’à présent en avril que les nouvelles inscriptions ont augmenté et que les surenchères ont presque disparu.

Comme les taux hypothécaires fixes ont augmenté, les acheteurs doivent démontrer leur admissibilité à un prêt hypothécaire non assuré au taux hypothécaire qui leur est proposé, majoré de 200 points de base – soit au-delà du taux d’admissibilité de 5,25 % qui était la règle depuis juin 2021. En conséquence, certains acheteurs seront sans doute exclus des marchés plus chers.

Le budget fédéral a annoncé des initiatives pour aider les acheteurs d’une première maison et pour encourager la construction domiciliaire, mais ces mesures butent sur des obstacles. L’industrie de la construction souffre de pénuries de main-d’œuvre, et le fédéral ne peut rien pour les restrictions liées au zonage et à l’urbanisme, qui relèvent des administrations locales. L’interdiction des achats par des résidents étrangers n’aura sans doute que peu d’effet, donc le problème fondamental de la pénurie de logements reste le plus grand facteur entravant l’accès à un logement abordable au Canada.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
13 Avr

Fallait s’y attendre un jour les amis… :-(

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada hausse les taux de 50 points de base, et laisse entrevoir que ce n’est pas fini
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a augmenté le taux directeur à un jour de 50 points de base d’un coup, pour la première fois depuis 22 ans. Des signes l’avaient laissé entrevoir, et la Réserve fédérale américaine devrait en faire autant le mois prochain. La Banque du Canada est la première banque centrale du G7 à agir aussi décisivement, mais la Banque de Nouvelle-Zélande a aussi haussé ses taux d’un demi-point de pourcentage aujourd’hui. Au vu de la poussée d’inflation et de la vigueur de l’économie canadienne, une autre augmentation semblable reste bien possible.

La Banque constate maintenant qu’une inflation s’annonce, en conséquence non seulement de perturbations de l’offre, mais aussi d’une demande excédentaire : « Au Canada, la croissance est forte et l’économie entre dans une phase de demande excédentaire. Le marché du travail est tendu et la croissance des salaires, qui a retrouvé son rythme d’avant la pandémie, est en hausse. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à déclarer qu’elles ont de la difficulté à répondre à la demande, et qu’elles peuvent répercuter les coûts plus élevés des intrants sur leurs clients en haussant les prix. »

Selon la Banque : « La croissance semble avoir été plus vigoureuse au premier trimestre qu’on le prévoyait en janvier et devrait augmenter au deuxième trimestre. Avec la levée des mesures sanitaires, les dépenses de consommation se raffermissent. La reprise des exportations et des investissements des entreprises se poursuivra, soutenue par la solide demande étrangère et les prix élevés des produits de base. L’activité sur le marché du logement, qui a été exceptionnellement forte, devrait se modérer. »

Le Conseil de direction a de nouveau rehaussé sa prévision de l’inflation. La Banque s’attend maintenant à ce que l’inflation mesurée par l’IPC atteigne presque 6 % en moyenne durant la première moitié de 2022 et reste bien au-dessus de la fourchette de maîtrise de l’inflation tout au long de l’année. Elle devrait ensuite baisser pour s’établir à environ 2½ % au deuxième semestre de 2023 et retourner à la cible de 2 % en 2024. Il y a un risque croissant que les attentes relativement à une inflation élevée s’enracinent.

Puisque l’économie entre dans une phase de demande excédentaire et que l’inflation demeure bien au-dessus de la cible, le Conseil de direction juge que les taux d’intérêt devront encore augmenter. La Banque met aussi fin au réinvestissement et amorcera le resserrement quantitatif le 25 avril. Les obligations du gouvernement du Canada inscrites au bilan de la Banque qui arrivent à échéance ne seront plus remplacées, ce qui fera diminuer la taille du bilan au fil du temps. Les taux d’intérêt seront soumis à une pression haussière d’autant plus forte.

En somme

Les opérateurs boursiers parient que le taux à un jour approchera les 3,0 % d’ici un an. Dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’aujourd’hui, la Banque révise à la hausse son estimation du taux directeur neutre, le situant entre 2,0 % et 3,0 % – soit à 25 points de base de plus que son estimation d’il y a un an. Cette estimation est celle du taux directeur concordant avec la croissance non inflationniste potentielle de l’économie.

D’après certains indices, la hausse des taux d’intérêt a déjà commencé à ralentir le marché canadien de l’habitation. « Les reventes devraient s’affaiblir quelque peu au deuxième trimestre sous l’effet de la hausse des taux d’emprunt, lit-on dans le RPM. Le bas niveau des stocks de logements neufs et existants à vendre devrait soutenir à court terme la construction et les rénovations. »

Les rendements des obligations ont augmenté en prévision de la décision de la Banque du Canada. Le taux d’un prêt hypothécaire à taux fixe est en hausse, entre 3,5 % et 4,0 %. Cette évolution pourrait marquer un point tournant, car les emprunteurs hypothécaires doivent démontrer leur admissibilité en fonction du taux maximum de 5,25 % ou d’un taux supérieur de 2 points de pourcentage au taux contractuel proposé. Nous sommes maintenant au-delà du seuil de 2 points de pourcentage, ce qui réduit le pouvoir d’achat de nombreux acheteurs.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
8 Avr

Nouvelles données positives sur l’emploi au Canada – Nous sommes au plein emploi

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le marché du travail continue à se resserrer
Statistique Canada vient de publier les résultats de l’Enquête sur la population active de mars, indiquant encore un gain de 72 500 emplois après les 337 000 de février. L’emploi a progressé tant dans le secteur des biens que dans le secteur des services. Les hausses sont concentrées en Ontario et au Québec. Le taux de chômage a baissé à 5,3 %, son niveau le plus bas depuis que des données comparables ont commencé à être diffusées en 1976. Il était à 5,5 % en février.

Il semble d’autant plus que la Banque du Canada a du retard à rattraper et qu’elle augmentera probablement le taux directeur à un jour de 50 points de base la semaine prochaine. De fait, le rendement des obligations du gouvernement du Canada de deux ans a bondi jusqu’à 2,49 %, en hausse de 2,38 % à la clôture hier.

Les marchés des swaps escomptent maintenant avec une probabilité de 75 % une hausse d’un demi-point la semaine prochaine, et un taux à un jour de 3 % d’ici un an. Le taux à un jour était à 1,75 % en février 2020 juste avant le début de la pandémie. Depuis lors, l’inflation a grimpé, passant d’à peine plus de 2 % à 5,7 % en février. Les données sur l’inflation de mars seront publiées le 20 avril, et on s’attend généralement à ce qu’elle augmente encore. De fait, l’indicateur clé de l’inflation des prix des aliments est actuellement à un niveau record, aggravé par les perturbations associées à la guerre en Ukraine.

Un autre élément contribue à la pression inflationniste : la hausse des salaires au Canada par suite de la demande excédentaire de main-d’œuvre. Le total des heures travaillées a augmenté de 1,3 % en mars. Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,4 % (+1,03 $) sur 12 mois, contre 3,1 % en février. Un exemple qui illustre les déséquilibres entre l’offre et la demande de main-d’œuvre est que les hausses de l’emploi depuis septembre (+463 000; +2,4 %) ont dépassé la croissance de la taille de la population âgée de 15 ans et plus (+236 000; +0,8 %) au cours de la même période.

Résilience
Le marché du travail canadien se renforce nettement
Emploi total – Canada
Plus serré que jamais
Les données sur le chômage au Canada n’ont jamais été aussi basses depuis 1976
Taux de chômage – Canada
En somme 

La dernière Enquête sur la population active a été menée à la mi-mars, après le début de la guerre en Ukraine (le 24 février). Depuis lors, les prix de nombreux produits de base ont bondi, en particulier le pétrole, l’essence, l’aluminium, le blé et les engrais. L’inflation a ainsi augmenté à l’échelle mondiale, ce qui mine la confiance des consommateurs et des entreprises, et qui réduit le pouvoir d’achat des familles. Selon la récente enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises, les entreprises prévoient maintenant que l’inflation se poursuivra pendant deux ans.

La Banque du Canada vient de publier son Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada, révélant que les attentes quant à l’inflation à court terme n’ont jamais été aussi hautes. Même si l’inflation suscite davantage d’inquiétude aujourd’hui, les attentes quant au long terme sont restées stables, sous les niveaux d’avant la pandémie. Les attentes d’inflation à long terme seraient donc encore bien ancrées, les répondants à l’enquête croyant que la hausse actuelle ne durera pas.

Ce point de vue est fondé sur l’hypothèse que la Banque du Canada resserra sensiblement la politique monétaire. Tous les messages de la Banque confirment qu’elle le fera, en augmentant le taux à un jour jusqu’à environ 3 % dans l’année à venir et en pratiquant un resserrement quantitatif par la réduction de son portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada.

Selon certaines indications, les marchés de l’habitation ont déjà commencé à réagir à la hausse des taux hypothécaires. L’offre a augmenté, et les surenchères ont baissé.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
8 Avr

Le logement ressort comme thème majeur du budget fédéral

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le logement abordable, un thème clé du budget fédéral 2022
Le budget présenté aujourd’hui annonce pour 10 milliards de dollars de propositions visant à réduire le coût du logement au Canada (voir l’encadré ci-dessous). Le problème fondamental est une offre insuffisante pour satisfaire à la demande d’une population en forte hausse. Du fait de la politique fédérale voulant augmenter rapidement l’immigration depuis 2015, la formation de ménages a augmenté bien plus vite que le nombre de maisons terminées, tant à louer qu’à acheter. La demande excédentaire a fait grimper les prix des maisons, au-delà de la portée des Canadiens à revenu moyen.

Les mesures annoncées dans le budget d’aujourd’hui pour augmenter la construction de logements, quoique bienvenues, paraissent timides. Le fédéral peut influencer la construction de logements à faible coût par l’entremise de la SCHL. Cependant, la construction domiciliaire est surtout du ressort des administrations municipales, avec leur lourdeur administrative, leurs restrictions de zonage et leurs délais. Le gouvernement fédéral a augmenté les fonds qui aideront les gouvernements locaux à s’attaquer à ces problèmes, mais le syndrome du « pas dans ma cour » continue de faire obstacle à la densification dans de nombreux quartiers.

L’annonce phare d’une interdiction de deux ans de l’investissement étranger dans les propriétés résidentielles peut paraître raisonnable. Pourtant, selon Phil Soper, président de Royal LePage : « L’effet sur les prix des maisons sera négligeable. Nous savons, d’après la période de la pandémie quand les prix ont grimpé pratiquement sans argent étranger, que notre problème est “fait au Canada”. »

M. Soper estime, comme le rapporte le Financial Post, que des mesures comme un compte d’épargne libre d’impôt aideraient les jeunes Canadiens à réaliser leur rêve d’acheter une maison dans un marché immobilier normal. Par contre, comme l’offre est faible et que les prix ont augmenté pendant la pandémie, de telles mesures ne peuvent qu’ajouter à la demande sans régler la question de l’offre. Du reste, seuls les acheteurs d’une première maison pourraient en profiter.

Une charte des droits des acheteurs de propriétés qui mettrait fin aux offres à l’aveugle et assurerait le droit à une inspection de la propriété et la transparence de l’historique des prix de vente dans les recherches de titres est aussi une bonne nouvelle.

L’Incitatif à l’achat d’une première propriété a été prolongé jusqu’en mars 2025. Ce programme a été un fiasco. Les acheteurs ne veulent pas partager l’avoir net de leur maison avec la SCHL. Le fédéral tente de le relancer, « [explorant] des options pour rendre le programme plus souple et mieux adapté aux besoins des acheteurs d’une première propriété, y compris les ménages monoparentaux ». Jusqu’à présent, les limites du programme l’ont rendu futile dans des marchés coûteux comme ceux de Toronto et de Vancouver.

Mesures du budget 2022 pour rendre les maisons plus abordables

Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une propriété

  • Le compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété offrirait aux éventuels acheteurs d’une première maison la possibilité d’épargner jusqu’à 40 000 $. Comme avec un REER, les cotisations seraient déductibles d’impôt, et les retraits pour l’achat d’une première maison, y compris le revenu de placement, seraient non imposables, comme c’est le cas pour le CELI.
Nouveau fonds pour accélérer la construction de logements
  • Dans le but de créer au net 100 000 nouveaux logements, il y aurait 4 milliards de dollars sur cinq ans à partir de 2022-2023 pour lancer un nouveau fonds pour accélérer la construction de logements qui soit assez souple pour tenir compte des besoins et des réalités des villes et des communautés. Le programme pourrait offrir du soutien comme un incitatif annuel « par porte », ou un soutien initial pour les investissements dans les processus municipaux de planification et d’exécution des programmes de logement qui accéléreront la construction de logements.
 Création de logements abordables
  • Pour que des logements plus abordables puissent être construits rapidement, le budget 2022 propose de fournir 1,5 milliard de dollars sur deux ans, à compter de 2022-2023, pour prolonger l’Initiative pour la création rapide de logements. Ce nouveau financement devrait permettre de créer au moins 6000 nouveaux logements abordables, et au moins 25 % de ces fonds seront destinés à des projets de logements axés sur les femmes.
Incitatif à l’achat d’une première propriété prolongé et plus souple
  •  L’Incitatif à l’achat d’une première propriété – qui permet à l’acheteur d’une première maison d’abaisser ses coûts d’emprunt en partageant le coût d’achat d’une maison avec le gouvernement – est prolongé jusqu’au 31 mars 2025. Le fédéral explorera des options pour rendre le programme plus souple et mieux adapté aux besoins des acheteurs d’une première propriété, y compris les ménages monoparentaux.
Interdire l’investissement étranger dans le logement au Canada
  •  Des restrictions interdiraient aux entreprises commerciales étrangères et aux particuliers qui ne sont pas citoyens canadiens ou résidents permanents d’acquérir des propriétés résidentielles non récréatives au Canada pour une période de deux ans.
 Faire payer leur juste part à ceux qui procèdent à la revente précipitée de propriétés
  • Selon de nouvelles règles, à partir du 1er janvier 2023, toute personne qui vend un immeuble résidentiel qu’elle détient depuis moins de 12 mois serait assujettie à une imposition complète sur ses bénéfices à titre de revenu d’entreprise. Des exemptions s’appliqueraient pour les Canadiens qui vendent leur maison en raison de certaines circonstances de la vie, comme un décès, une invalidité, la naissance d’un enfant, un nouvel emploi ou un divorce.
Programmes de location avec option d’achat
  • Un financement réservé de 200 millions de dollars, dans le cadre du Fonds d’innovation pour le logement abordable, appuiera les programmes de location avec option d’achat. Cette somme comprendra 100 millions de dollars pour soutenir les organismes à but non lucratif, les coopératives, les promoteurs et les sociétés qui construisent de nouveaux logements à louer avec option d’achat.
Charte des droits des acheteurs de propriété
  • Un plan national visera à mettre fin aux offres à l’aveugle. La charte des droits des acheteurs de propriétés pourrait également comprendre, entre autres choses, l’assurance d’un droit légal à une inspection de la propriété et assurer la transparence de l’historique des prix de vente dans les recherches de titres.
Crédit d’impôt pour la rénovation d’habitations multigénérationnelles
  • Il y aura jusqu’à 7500 $ pour la construction d’un logement secondaire pour une personne âgée ou un adulte en situation de handicap, à partir de 2023.
Doubler le crédit d’impôt pour l’achat d’une première habitation 
  • Le crédit d’impôt pour l’achat d’une première habitation sera doublé pour le porter à 10 000 $, fournissant jusqu’à 1500 $ en appui direct à l’acheteur d’une maison, pour une maison achetée le 1er janvier 2022 ou après.
Développement des coopératives d’habitation
  • Un financement de 500 millions de dollars sera réaffecté à un nouveau programme de développement de coopératives d’habitation pour augmenter le nombre de coopératives d’habitation au Canada. De plus, 1 milliard de dollars de prêts supplémentaires seront réaffectés de l’Initiative Financement de la construction de logements locatifs afin d’appuyer les projets de coopératives d’habitation.
Il y a aussi une liste d’autres programmes pour créer des logements abordables à l’intention des Autochtones, des communautés du Nord et des Canadiens vulnérables. Il y aura des crédits d’impôt majorés pour les rénovations nécessaires afin de pouvoir partager un logement avec des aînés ou des parents handicapés et pour que les aînés puissent rendre leur maison plus accessible. En outre, des fonds sont prévus pour des efforts à long terme visant à mettre fin à l’itinérance.

Pour lutter contre le blanchiment d’argent, le gouvernement dit qu’il étendra les exigences en matière de lutte contre le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes à toutes les entreprises qui consentent des prêts hypothécaires au Canada, au cours de la prochaine année.

Pour les initiatives de logements plus écologiques, le gouvernement prévoit 150 millions de dollars sur cinq ans à partir de cette année afin de favoriser une réforme du code du bâtiment qui mette l’accent sur la construction à faibles émissions de carbone, et 200 millions de dollars sur la même période pour de grands projets de rénovations.

En somme

Rien de ce que le gouvernement fédéral a fait dans le budget d’aujourd’hui ne changera grand-chose sur le marché de l’habitation. Ce qui entraînera un changement est la poussée des taux d’intérêts qui a déjà commencé. Les taux hypothécaires fixes sont à environ 4 %, et les taux variables ont entamé leur ascension. Il reste encore un écart inédit entre les deux, mais la Banque du Canada haussera sans doute le taux directeur de 50 points de base la semaine prochaine. Elle l’augmentera probablement encore à chacune de ses réunions d’ici la fin de l’année et au premier semestre de l’année prochaine.

Il vaut la peine de noter ce que le budget 2022 n’a pas fait. Il n’a rien fait au sujet des fiducies de placement immobilier ou des investissements des acheteurs canadiens autres que pour la revente précipitée. Certains s’attendaient à une hausse de la mise de fonds exigée pour les achats par des investisseurs, ou à des restrictions sur l’utilisation d’une marge de crédit hypothécaire.

Le budget 2022 n’a pas augmenté le plafond de 1 million de dollars pour les hypothèques assurables. Il n’a pas rétabli l’amortissement sur 30 ans, un souhait du NPD. Il n’a pas non plus suivi l’exemple du gouvernement de la Colombie-Britannique en permettant une période de réflexion après qu’une offre a été acceptée, donnant techniquement aux acheteurs plus de temps pour obtenir du financement.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
11 Mar

Progression fulgurante de l’emploi au Canada en février

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Le Canadien est parvenu au plein emploi en février
Statistique Canada vient de publier les résultats de l’Enquête sur la population active de février, indiquant l’ajout net de 336 000 emplois, soit bien plus que prévu. Le taux de chômage a baissé d’un plein point de pourcentage, à 5,5 %. Le chômage a ainsi baissé pour la première fois sous le niveau d’avant la pandémie, ce qui renforce les prévisions voulant que la Banque du Canada hausse de nouveau les taux en avril et jusqu’à cinq fois de plus cette année. La reprise du mois dernier dépasse les baisses constatées en janvier pendant les mesures de confinement décrétées face à Omicron, et elle témoigne de la résilience persistante de l’économie canadienne.

Les bonnes nouvelles ont fait grimper le dollar canadien et le rendement des obligations du gouvernement du Canada.

D’autres indicateurs témoignent d’un resserrement croissant du marché du travail en février. Le total des heures travaillées a augmenté de 3,6 %, alors que le taux d’emploi s’est accru de 1,0 point de pourcentage pour s’établir à 61,8 %. Les hausses de l’emploi les plus notables en février ont été observées dans le secteur très éprouvé des services d’hébergement et de restauration (+114 000; +12,6 %) et dans celui de l’information, de la culture et des loisirs (+73 000; +9,9 %). Les augmentations de l’emploi sont largement réparties dans l’ensemble des provinces et des groupes démographiques.

Les salaires moyens ont augmenté de 3,1 % par rapport à février 2020, sensiblement plus que les 2,4 % de janvier. Cette évolution pourrait indiquer que les pressions inflationnistes continuent de s’accroître.

Forte hausse de l’emploi en février, après une baisse en janvier
Le taux de chômage est plus bas qu’avant la pandémie
La croissance des salaires augmente, mais elle demeure inférieure à la croissance de l’Indice des prix à la consommation
En somme 

La dernière Enquête sur la population active a été menée à la mi-février, avant le début de la guerre en Ukraine. Depuis lors, les prix de nombreux produits de base ont bondi, en particulier le pétrole, l’essence, l’aluminium, le blé et les engrais. L’inflation des prix à la consommation en sera accélérée dans le monde entier, ce qui mine la confiance des consommateurs et des entreprises, et qui réduit le pouvoir d’achat des familles. La guerre a aussi contribué aux perturbations persistantes de l’approvisionnement. Le tout laisse entrevoir une hausse de l’incertitude et éventuellement une croissance plus lente.

La Banque du Canada augmentera sans doute les taux d’intérêt de 25 points de base lors de sa prochaine réunion, le 13 avril. Toute hausse supérieure à ce niveau serait imprudente vu le risque d’un ralentissement de l’économie. Les perspectives sont plus incertaines pour le reste de l’année. Il y aura sans doute de la volatilité, plus ou moins selon la durée de la guerre. Pour le moment, il faut prévoir encore cinq ou six hausses de taux cette année, et quelques-unes de plus l’an prochain. Cependant, les choses pourraient toujours changer.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
2 Mar

Le taux directeur vient d’être augmenté

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada relève le taux directeur

La Banque du Canada a annoncé aujourd’hui qu’elle augmente le taux cible du financement à un jour pour le faire passer à ½ %. Le taux officiel d’escompte s’établit à ¾ %, et le taux de rémunération des dépôts, à ½ %. La Banque poursuit sa phase de réinvestissement, gardant le portefeuille global d’obligations du gouvernement du Canada inscrites à son bilan assez stable jusqu’à ce qu’il devienne approprié de laisser la taille de son bilan diminuer.

L’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie est une nouvelle source majeure d’incertitude. Les prix du pétrole et d’autres produits de base ont connu une hausse marquée. Cela fera monter l’inflation partout dans le monde, et les effets néfastes sur la confiance ainsi que les nouvelles perturbations de l’approvisionnement pourraient peser sur la croissance mondiale. La volatilité des marchés financiers s’est accrue. La situation reste fluide et nous suivons son évolution de près.

Les données sur l’économie mondiale cadrent généralement avec les projections du Rapport sur la politique monétaire (RPM) publié en janvier par la Banque. Les effets du variant omicron de la COVID-19 sur l’économie s’estompent plus rapidement qu’on s’y attendait, mais le virus continue de circuler et la possibilité que de nouveaux variants apparaissent reste préoccupante. La demande est robuste, surtout aux États-Unis. L’engorgement des chaînes d’approvisionnement mondiales reste problématique, même s’il y a des indications que certaines contraintes se sont atténuées.

Au Canada, la croissance économique a été très forte au quatrième trimestre de 2021, atteignant 6,7 %. Cette progression est supérieure à la projection de la Banque et confirme sa perception que les capacités excédentaires de l’économie se sont résorbées. Les exportations et les importations se sont redressées, ce qui reflète la vigueur de la demande mondiale. En janvier, la reprise du marché du travail canadien a été entravée par le variant omicron, qui a entraîné des mises à pied temporaires dans les secteurs des services et un fort absentéisme des employés. Cependant, la reprise au sortir de la vague omicron paraît maintenant bien entamée : les dépenses des ménages s’avèrent résilientes et devraient se renforcer davantage avec la levée des restrictions sanitaires. L’activité sur le marché du logement est plus élevée, ce qui amplifie les pressions sur les prix des logements. Dans l’ensemble, la croissance au premier trimestre s’annonce à présent plus solide qu’on l’avait anticipé.

L’inflation mesurée par l’IPC s’établit actuellement à 5,1 %, comme on s’y attendait en janvier, et elle reste bien au-dessus de la fourchette cible de la Banque. Les hausses de prix se sont généralisées et les mesures de l’inflation fondamentale ont toutes augmenté. Les mauvaises récoltes et les coûts de transport plus élevés ont fait monter les prix des aliments. L’invasion de l’Ukraine exerce des pressions à la hausse supplémentaires sur les prix de l’énergie et des produits de base alimentaires. Tout compte fait, on s’attend désormais à ce que l’inflation à court terme dépasse la projection de janvier. Une inflation qui demeure élevée accroît le risque que les attentes d’inflation à plus long terme se mettent à augmenter. La Banque utilisera ses outils de politique monétaire pour ramener l’inflation à la cible de 2 % et garder les attentes d’inflation bien ancrées.

Le taux directeur est le principal instrument de politique monétaire de la Banque. Dans la mesure où la croissance de l’économie se poursuit et où les pressions inflationnistes restent fortes, le Conseil de direction s’attend à ce que les taux d’intérêt doivent encore augmenter. Il évaluera aussi à quel moment il mettra fin à la phase de réinvestissement et laissera son portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada commencer à décroître. Le resserrement quantitatif découlant de cette mesure viendra s’ajouter aux hausses du taux directeur. Le moment et le rythme des hausses subséquentes de ce taux, et le début du resserrement quantitatif, seront guidés par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et par son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2 %.

4 Fév

Le rapport de janvier sur l’emploi au Canada indique un recul majeur

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Rien d’étonnant à ce que la Banque du Canada n’ait pas augmenté les taux d’intérêt le mois passé

Statistique Canada vient de publier les résultats de l’Enquête sur la population active de janvier, indiquant une baisse de l’emploi beaucoup plus importante que prévu le mois dernier. Les restrictions imposées face au variant Omicron ont fait bien plus de ravages qu’on ne s’y attendait : l’emploi a diminué de 200 100 (-1,0 %) en janvier, et le taux de chômage a augmenté de 0,5 point de pourcentage pour atteindre 6,5 %.

Les reculs de l’emploi observés en janvier sont largement attribuables à l’Ontario et au Québec, et le secteur des services d’hébergement et de restauration a été le plus durement touché. En janvier, les jeunes et les femmes du principal groupe d’âge actif, qui sont plus susceptibles que les autres groupes démographiques de travailler dans les secteurs touchés par les mesures de santé publique, ont subi les répercussions les plus importantes. Les secteurs de production de biens, et en particulier la construction, ont enregistré un gain.

Nous ne pensions pas que la Banque du Canada augmenterait les taux en janvier, vu le risque que les restrictions face à Omicron secouent – du moins temporairement – l’économie. Si l’économie reprend de l’élan en février, les augmentations de taux pourraient bien commencer. La Banque du Canada annoncera sa prochaine décision au sujet des taux le 2 mars. Cependant, nous ne recevrons pas l’Enquête sur la population active de février avant le 11 mars. Cela étant, la Banque du Canada pourrait reporter toute augmentation de taux jusqu’à sa réunion suivante, le 13 avril, quand nous aurons les rapports sur l’emploi de février et de mars. La première augmentation de taux surviendrait ainsi en avril, soit exactement au moment que les indications prospectives de la Banque avaient initialement annoncé.

Le début des augmentations dépendra des nouvelles données. Il faut noter que le rapport sur l’emploi en janvier aux États-Unis, également dévoilé aujourd’hui, était étonnamment positif. Certes, les États-Unis n’ont pas imposé les mêmes restrictions que le Canada face à Omicron, mais la propagation du variant a déprimé l’activité économique américaine. Selon les prévisions, cette faiblesse se répercuterait dans l’emploi. Cela n’a pas été le cas, puisque 467 000 emplois ont été créés aux États-Unis. Les importantes révisions à la hausse témoignent d’une économie américaine foncièrement très forte. Comme les entreprises américaines cherchent désespérément à embaucher et que le plus grand problème est le manque de personnel qualifié, les salaires augmentent plus vivement au sud de la frontière.

L’emploi au Canada reste à un peu plus de 30 000 au-dessus des niveaux prépandémiques, et le pays a bien rebondi après les vagues précédentes du virus. Pourtant, les données d’aujourd’hui sur l’emploi signalent un démarrage laborieux de l’économie canadienne au premier trimestre. Les heures travaillées – donnée étroitement liée à la production – ont baissé de 2,2 % en janvier, et le nombre d’employés ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a grimpé de 620 000. En janvier, l’emploi à temps plein – en baisse de 82 700 – a aussi subi son premier recul depuis juin.

Le salaire horaire moyen a augmenté de 2,4 % (+0,72 $) sur 12 mois en janvier, en baisse par rapport à la hausse de 2,7 % enregistrée en novembre et en décembre 2021 (données non désaisonnalisées). La variation sur 12 mois observée en janvier 2022 est semblable à la croissance annuelle moyenne des salaires de 2,5 % enregistrée au cours de la période de cinq ans allant de 2015 à 2019.

La concentration des baisses de l’emploi de janvier 2022 dans les secteurs à faible rémunération n’a pas eu d’incidence importante sur la variation sur 12 mois, en partie parce que l’emploi dans ces secteurs a enregistré des baisses semblables en janvier 2021 à la suite de la troisième vague de la COVID-19.

En somme 

Il reste à voir quand (pas si) la Banque du Canada commencera à ramener les taux d’intérêt à la normale. Selon les échanges de créances au Canada, les marchés prévoient encore une hausse le 2 mars, puis cinq hausses de plus au fil de l’année à venir. Ceux qui veulent acheter une maison chercheront certainement à devancer cette éventualité.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca
27 Jan

Aucune augmentation de taux avant mars – La Banque du Canada assure que l’inflation reviendra à 2 % en 2023-2024

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La Banque augmentera les taux à sa prochaine réunion

Les marchés étaient sûrs à 70 % que la Banque du Canada augmenterait son taux cible à un jour aujourd’hui, mais nous étions toujours d’avis que son Conseil de direction attendrait jusqu’en mars ou avril en raison du ralentissement de la croissance au premier trimestre par suite des restrictions liées au variant Omicron. La Banque a annoncé aujourd’hui que les capacités excédentaires de l’économie avaient été absorbées plus rapidement que ce n’était prévu à la fin octobre, lors de sa dernière réunion. « L’emploi dépasse les niveaux prépandémie, les entreprises peinent à pourvoir leurs postes vacants et les hausses salariales s’accentuent, a constaté le gouverneur Tiff Macklem. Il reste des inégalités entre les secteurs, mais le Conseil de direction juge que l’économie tourne désormais près des limites de sa capacité. »

Par conséquent, la Banque croit maintenant que les mesures d’urgence découlant de la pandémie ne sont plus nécessaires. Elle indique clairement que les taux d’intérêt devront suivre une trajectoire à la hausse pour modérer la progression des dépenses au pays et ramener l’inflation à la cible. Prévoyant que la propagation d’Omicron atténuera les dépenses au premier trimestre, elle a décidé de ne pas changer le taux directeur aujourd’hui, tout en signalant que les taux monteront dans l’avenir. « Le moment et le rythme de ces hausses seront guidés par l’engagement de la Banque à atteindre la cible d’inflation de 2 % », a dit M. Macklem.

Fait à noter, la Banque a aussi indiqué qu’il y a une autre mesure politique vitale permettant de réduire la demande et ainsi maîtriser l’inflation, soit le « resserrement quantitatif » – la réduction du portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada détenues par la banque centrale. La vente d’obligations a aussi pour effet d’augmenter les taux d’intérêt. Or, de dire M. Macklem, « Nous allons garder notre portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada assez stable au moins jusqu’à ce que nous commencions à relever le taux directeur. À ce moment-là, nous évaluerons la possibilité de mettre fin à la phase de réinvestissement et de réduire la taille du bilan de la Banque en ne remplaçant pas les obligations du gouvernement du Canada qui arrivent à échéance. Comme nous l’avons fait dans le passé, avant de changer quoi que ce soit dans la façon de gérer notre bilan, nous expliquerons ce que nous entendons faire. »

La Banque du Canada tient manifestement à préserver sa crédibilité durement acquise en matière de lutte contre l’inflation. L’inflation a certes atteint son plus haut niveau en 30 ans au Canada – comme elle l’a fait dans le reste du monde –, mais à 4,8 %, elle reste bien modérée en comparaison des 7,0 % des États-Unis et des 6,8 % du Royaume-Uni (voir le graphique ci-dessous). Elle est aussi inférieure à l’inflation dans la zone euro. La Banque a fait le point comme suit : « L’inflation mesurée par l’IPC reste bien au-dessus de la fourchette cible et les mesures de l’inflation fondamentale sont en légère hausse depuis octobre. Les contraintes d’offre persistantes se répercutent sur les prix d’une plus grande variété de biens. De pair avec les prix plus élevés des aliments et de l’énergie, ces contraintes devraient garder l’inflation mesurée par l’IPC près de 5 % dans la première moitié de 2022. À mesure que les ruptures d’approvisionnement diminueront, l’inflation devrait baisser à un rythme raisonnablement rapide pour atteindre environ 3 % d’ici la fin de l’année, puis se rapprocher graduellement de la cible pendant le reste de la période de projection. Les attentes d’inflation à court terme ont augmenté, mais les attentes à long terme demeurent ancrées à la cible de 2 %. La Banque utilisera ses outils de politique monétaire pour veiller à ce que ces attentes plus élevées à court terme n’aient pas une influence durable sur l’inflation. »

En somme

Je m’étonne que des économistes canadiens prévoiraient que la Banque hausse les taux d’intérêt pendant un confinement COVID sans l’avoir signalé convenablement à l’avance. L’hystérie des milieux financiers au sujet de l’inflation semble avoir embrouillé les esprits. La Banque sortira l’artillerie lourde pour mater l’inflation. Les augmentations du taux à un jour commenceront à la prochaine réunion sur la politique monétaire le 2 mars, puis ce sera le resserrement quantitatif peu après. La réduction du bilan de la Banque pourrait avoir des effets encore plus radicaux sur la forme de la courbe de rendement, faisant grimper les taux d’intérêt à plus long terme.

Dans son énoncé de politique et son Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’aujourd’hui, la Banque insiste sur la vigueur du marché de l’habitation et l’effet inflationniste de l’augmentation de plus de 20 % des prix des maisons au Canada l’année passée. Selon le RPM, l’activité sur le marché de l’habitation s’est encore renforcée ces derniers mois, avec une remontée des reventes de maisons. « Les bas taux d’emprunt et le revenu disponible élevé continuent de contribuer à de hauts niveaux d’activité sur ce marché au premier trimestre, lit-on dans le RPM. Parallèlement, d’autres facteurs soutenant la demande, comme la croissance démographique, amorcent également un redressement. »

Les opérateurs boursiers continuent de parier que la Banque du Canada augmentera les taux d’intérêt de 25 points de base cinq ou six fois cette année. Le taux à un jour passerait ainsi de 0,25 % à 1,5 %, puis 1,75 %. Il était à 1,75 % en février 2020 avant le début de l’assouplissement lié à la pandémie. Les marchés prévoient aussi deux hausses de taux supplémentaires en 2023, ce qui porterait le taux à un jour à 2,25 %.

La volatilité a fortement augmenté cette année dans les marchés financiers. Le FOMC, qui établit la politique en la matière aux États-Unis, annoncera sa décision à 14 h aujourd’hui. Aucune hausse des taux n’est encore prévue, mais la Réserve fédérale va certainement s’engager résolument dans le sens de hausses de taux et d’une contraction du bilan dans les prochains mois.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca