18 Nov

L’inflation au Canada atteint un sommet de 18 ans

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Publié par: Robert Perrier

La poussée de l’inflation n’est pas une raison de s’affoler

Statistique Canada a indiqué aujourd’hui que l’inflation annuelle des prix à la consommation s’est élevée à 4,7 % en octobre, contre 4,4 % en septembre. Le marché s’attendait à une telle progression, qui reste bien sous les 6,2 % pour la même période aux États-Unis. L’inflation augmente partout dans le monde, en conséquence d’événements météorologiques extrêmes et du chaos provoqué dans les chaînes d’approvisionnement par le réveil des diverses économies. La forte demande refoulée et les retards dans la production et le transport ont fait grimper les prix dans de nombreux secteurs. Des conditions météorologiques extrêmes ont accentué ces pressions sur les prix, influençant les prix des aliments, de l’énergie et de divers produits de base. La pandémie et le changement climatique sont des forces exogènes inédites, faisant que l’inflation d’aujourd’hui ne peut pas être comparée à celle des années 1970. Par ailleurs, il ne faut pas supposer qu’un traditionnel resserrement de la politique monétaire pourrait alléger ces pressions, à moins d’accepter le risque d’une récession.
L’inflation près d’un sommet de 20 ans
Augmentation annuelle de l’indice des prix à la consommation
Le mois passé, les prix ont augmenté d’une année à l’autre dans les huit composantes principales, principalement en conséquence de l’envol des prix de l’essence, 47,1 % plus élevés qu’un an plus tôt. Une sécheresse extrême, surtout en Chine, a entraîné une baisse de la production hydroélectrique et des pénuries d’autres sources d’énergie comme le charbon et le gaz naturel. Le recours accru au pétrole pour la production d’électricité fait augmenter le coût du pétrole et de l’essence. Il y a aussi eu un effet en cascade, avec des pénuries d’autres biens essentiels dont la production est énergivore, comme les engrais et l’aluminium. Ces pénuries se répercutent dans les aliments et les composantes en métal, ce qui fait augmenter le prix de nombreux biens de consommation. En outre, il y a des perturbations dans les ports, dans le camionnage et dans les réseaux ferroviaires. Il ne faut donc pas s’étonner que les coûts en hausse et une demande excédentaire se traduisent par une hausse des prix à la consommation dans le monde entier.

La question est de savoir si des mesures restrictives des banques centrales réduiraient ce genre d’inflation. J’en doute. Au lieu, nous verrons probablement les pressions s’atténuer avec le temps (voir le graphique ci-dessous). Le problème est que nous avons souvent sous-estimé le temps qu’il faudrait pour que la situation se règle. Cela étant, certains souhaitent une réaction plus rapide de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine, entre autres banques centrales, de crainte que l’inflation ne s’enracine.

Une inflation enracinée causée par une hausse des salaires et des anticipations inflationnistes a entraîné une spirale des salaires et des prix dans les années 1970 et au début des années 1980. Au Canada, l’inflation est restée élevée jusqu’au début des années 1990 en raison des fortes dépenses budgétaires fédérales et provinciales. Je ne crois pas nous soyons même proches de cette réalité aujourd’hui. Certes, la politique budgétaire en réaction à la pandémie a engendré des déficits exceptionnels, mais les pressions inflationnistes d’aujourd’hui ne découlent pas des mesures budgétaires.

Au-delà des prévisions
Les pressions inflationnistes sont plus élevées que ne le prévoyait la Banque du Canada
En somme

Les taux d’intérêt du marché ont déjà bondi, comme le montre l’augmentation des taux hypothécaires fixes. Le maintien d’un taux à un jour stable à sa valeur plancher effective a fait que le taux préférentiel et les taux hypothécaires variables sont restés à des niveaux extrêmement bas. Ces taux augmenteront sûrement dans le temps. La Banque du Canada a indiqué clairement que cela se produira plus tôt qu’elle ne le pensait. L’inflation l’inquiète, et elle dit maintenant que le retour à la cible de 2 % ne surviendra pas avant la fin de l’année prochaine.

Cette semaine, des responsables de la Banque se sont exprimés dans les médias en faisant entendre que nous sommes plus près du plein emploi. Les opérateurs boursiers parient maintenant que le taux à un jour augmentera de 1,5 point de pourcentage en 2022, à partir d’avril. Les taux augmenteront, mais nous ne sommes pas au bord d’une inflation galopante.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Nov

Forte poussée des ventes de maisons au Canada en octobre

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Publié par: Robert Perrier

Forte poussée des ventes de maisons en octobre

Selon les statistiques que vient de publier l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), la revente de maisons a bondi de 8,6 % en octobre à l’échelle nationale. C’est la plus forte hausse d’un mois à l’autre depuis juillet 2020, quand les premières mesures de confinement avaient été brièvement relâchées. Une légère augmentation avait déjà été constatée en septembre, pour la première fois depuis mars de cette année.

Les ventes ont augmenté d’un mois à l’autre dans environ trois quarts des marchés locaux et dans toutes les grandes villes.

Le nombre de transactions réelles (données non désaisonnalisées) en octobre 2021 est inférieur de 11,5 % au record de 2020, mais il s’agit tout de même de la deuxième meilleure performance jamais enregistrée pour octobre, et de loin.

Entre janvier et octobre 2021, quelque 581 275 propriétés résidentielles ont changé de propriétaire par l’entremise des systèmes MLS® du Canada, dépassant le record annuel de 552 423 enregistré en 2020.

« L’année 2021 continue de nous surprendre. Les ventes résidentielles ont battu le record de 2020 vers la fin de semaine de l’Action de grâce, donc tout était déjà joué, mais je ne crois pas que beaucoup de gens auraient misé sur une continuation de la tendance jusqu’en début de 2022, explique Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. Il suffit d’une hausse du nombre d’inscriptions durant un mois donné pour stimuler les ventes, car elles trouveront assurément preneur rapidement. Face à la demande écrasante, l’offre continue de se réduire. Puisqu’on a atteint un creux record, il n’est pas étonnant que les prix remontent en flèche. Il faut construire plus de logements. »

La situation n’a guère changé, même si les taux hypothécaires fixes ont monté : La demande de logements reste bien supérieure à l’offre. Le stock de propriétés à vendre est exceptionnellement faible. Le gouvernement Trudeau a promis de s’attaquer à la grave pénurie, mais la construction domiciliaire est en fait du ressort des organismes de planification et de zonage des provinces et des municipalités. Par ailleurs, la remontée de l’immigration va accroître la demande excédentaire de logements à acheter ou à louer.

Nouvelles inscriptions

En octobre, le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté de 3,2 % par rapport à septembre, par suite de hausses dans environ 70 % des marchés locaux. Comme tant de marchés sont en manque d’offre, il n’est pas étonnant de voir les ventes augmenter quand il y a davantage de nouvelles inscriptions.

En octobre, environ les deux tiers des marchés locaux étaient favorables aux propriétaires vendeurs, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions étant à plus d’un écart type au-dessus de sa moyenne à long terme. Ce ratio s’est encore resserré le mois dernier pour s’établir à 79,5 %, comparativement à 75,5 % en septembre et 73,5 % en août. La moyenne à long terme du ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 54,8 % (voir le graphique ci-dessous).

À la fin d’octobre 2021, on comptait à peine 1,9 mois d’inventaire à l’échelle nationale, un recul d’environ un demi-mois par rapport à juillet, ce qui correspond aux creux historiques de février et mars. La moyenne à long terme de cette mesure est de plus de 5 mois.

Prix des maisons

Les marchés étant extrêmement serrés, l’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 2,7 % d’un mois à l’autre en octobre 2021.

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé pour le mois d’octobre a affiché une hausse de 23,4 % par rapport à 2020, la hausse la plus importante en trois mois.

En Colombie-Britannique, la croissance annuelle des prix a de nouveau dépassé 20 %; elle est plus faible à Vancouver, dans la moyenne provinciale à Victoria, et plus élevée dans d’autres régions de la province.

Cette augmentation se situe entre 5 et 10 % en Alberta et en Saskatchewan, et est à environ 10 % au Manitoba.

L’Ontario a pour sa part enregistré une augmentation annuelle des prix de près de 30 %, avec une véritable flambée dans la région du grand Toronto. Le Grand Montréal se maintient légèrement au-dessus de 20 %, et Québec est maintenant à 13 %.

Enfin, la hausse annuelle au Nouveau-Brunswick est d’un peu plus de 30 % (un peu plus dans le Grand Moncton et un peu moins à Fredericton et à Saint John), et de 10 % à Terre-Neuve-et-Labrador (un peu moins à St. John’s).

En somme

Le Canada reste aux prises avec une pénurie de maisons d’un niveau parmi les plus élevés des pays développés. À l’heure où nos frontières s’ouvrent à un retour de l’immigration, l’excès de demande de logements va monter. Les obstacles à une augmentation rapide de l’offre de logements – tant pour la location que pour la vente – relèvent principalement du processus d’urbanisme et d’approbation à l’échelle municipale. Les promesses électorales du Parti libéral n’y font rien.

Les pressions inflationnistes s’accentuent partout. Les États-Unis viennent d’afficher un taux d’inflation de 6,2 % sur un an – surpassant les prévisions. Ce mercredi, les données de l’IPC au Canada seront publiées. Nous avons eu un taux d’inflation annuel de 4,4 % en septembre. Les données d’octobre seront certainement au-delà de ce niveau. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Tiff Macklem a publié aujourd’hui dans le Financial Times une opinion réitérant que la Banque du Canada est plus près d’augmenter les taux d’intérêt alors que les capacités excédentaires de l’économie s’atténuent. Voilà qui concorde avec l’énoncé de politique du mois dernier de la Banque du Canada.

« Pour le taux directeur, écrit M. Macklem, nos indications prospectives ont clairement affirmé que nous n’augmenterons pas les taux d’intérêt avant que les capacités excédentaires de l’économie ne soient résorbées. Nous n’y sommes pas encore, mais nous en approchons. »

D’après Bloomberg News, M. Macklem maintient que selon la Banque du Canada, les récentes pressions inflationnistes vont s’alléger. Pourtant, il a reconnu qu’il reste un haut niveau d’incertitude. « Les perturbations de l’offre semblent persister davantage que nous ne le pensions, et les augmentations des prix de l’énergie accroissent les taux d’inflation actuels », a-t-il dit.

« Notre analyse continue d’indiquer que ces pressions s’atténueront, mais nous les avons prises en compte comme facteurs de la dynamique de l’offre et de la demande, a précisé M. Macklem. Notre détermination signifie que s’il s’avérait que nous nous sommes trompés quant à la persistance des pressions inflationnistes et quant aux capacités excédentaires de l’économie, nous nous ajusterons le tir. »

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Nov

La progression de l’emploi ralentit en octobre, mais le taux de chômage baisse encore

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Publié par: Robert Perrier

Des données sur l’emploi plus normales en octobre

Statistique Canada vient de publier l’édition d’octobre de l’Enquête sur la population active, révélant un ralentissement de la croissance de l’emploi par rapport au taux exceptionnel des mois précédents. Certains commentateurs ont été déçus par les résultats, mais j’ai un point de vue plus positif. Le Canada est revenu en septembre à son niveau d’emploi d’avant la pandémie, devançant les États-Unis et les autres pays du G7. Il était inévitable que le taux de progression de l’emploi redescende à un niveau plus normal à l’approche du plein emploi.

L’emploi a grimpé de 31 200 (+0,2 %) en octobre, contre 157 000 un mois plus tôt. De fait, l’emploi a augmenté en moyenne de 143 000 par mois entre juin et septembre. Une telle progression n’est pas soutenable longtemps; elle reflétait la poussée de l’embauche à la suite des mesures de confinement. À titre indicatif, il y avait en moyenne 23 000 embauches par mois dans les deux ans avant la COVID.

Les hausses de l’emploi observées dans divers secteurs, y compris le commerce de détail, ont été contrebalancées par des baisses ailleurs, y compris dans les services d’hébergement et de restauration. L’emploi a augmenté en Ontario et au Nouveau-Brunswick, tandis qu’il a diminué au Manitoba et en Saskatchewan. Les hausses enregistrées chez les employés rémunérés ont été contrebalancées par les baisses dans le travail autonome.

Le nombre de personnes en emploi ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a diminué de 9,7 % (-100 000) en octobre, restant en hausse de 117 000 (+14,5 %) par rapport à février 2020. Le total des heures travaillées a augmenté de 1,0 % en octobre; il était en baisse de 0,6 % par rapport à son niveau prépandémique.

Chez les personnes du principal groupe d’âge actif (de 25 à 54 ans), l’emploi a progressé de 53 000 (+0,4 %) en octobre, toute la hausse survenant dans le travail à temps plein.

Le taux de chômage diminue pour un cinquième mois consécutif

Le taux de chômage a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 6,7 % en octobre, ce qui représente son plus bas niveau en 20 mois, à 1,0 point de pourcentage du taux (5,7 %) enregistré en février 2020 (voir le graphique ci-dessous).

Le chômage de longue durée – le nombre de personnes ayant été continuellement au chômage depuis 27 semaines ou plus – a peu varié en octobre, s’établissant à 378 000, mais il était en baisse par rapport à son plus récent sommet de 486 000 en avril 2021. Parmi les personnes qui étaient au chômage de longue durée en septembre, 15,2 % avaient trouvé un emploi en octobre, en légère hausse par rapport à la moyenne de 11,6 % observée de 2017 à 2019.

Le taux d’activité – la proportion de la population en emploi ou à la recherche de travail – a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 65,3 % en octobre, le nombre de jeunes âgés de 15 à 24 ans à la recherche de travail ayant diminué. L’ampleur de la baisse d’octobre concorde avec les variations mensuelles typiques observées avant la pandémie de COVID-19. Le taux global d’activité en octobre était pratiquement le même que celui d’avant la pandémie en février 2020 (65,5 %).

Cette reprise du taux d’activité au Canada contraste avec les tendances observées aux États-Unis, où la participation au marché du travail s’est redressée moins rapidement. Lorsque les données canadiennes sont ajustées selon les concepts américains, le taux d’activité au Canada s’est établi à 65,1 % en septembre 2021, en baisse de 0,3 point de pourcentage par rapport à février 2020. Aux États-Unis, le taux d’activité de septembre était en baisse de 1,7 point de pourcentage par rapport à son niveau prépandémique.

En somme

Les nouvelles données sur l’emploi confirment que l’économie canadienne progresse vers le plein emploi, et pourrait bien éliminer l’écart de production vers le milieu de 2022, comme la Banque du Canada l’entrevoyait lors de sa plus récente réunion. Les gains ont été réalisés surtout dans le secteur durement touché du commerce de détail, qui est revenu à ses niveaux prépandémiques le mois dernier. Tous les gains sont dans l’emploi à temps plein, et la rémunération moyenne des employés permanents est en hausse de 2,1 % sur un an. La progression des salaires reste relativement modeste, ce qui conforte la Banque du Canada dans son opinion que les pressions inflationnistes se dissiperont d’ici la fin de l’année prochaine.

L’emploi se situe maintenant légèrement au-dessus des niveaux de février 2020. La reprise de l’emploi a été exceptionnellement rapide à la suite des pertes massives enregistrées dans la foulée des premières mesures de confinement pour la pandémie.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
28 Oct

Décision énergique de la Banque du Canada

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada réagit à la hausse de l’inflation : fin de l’assouplissement quantitatif et devancement d’une augmentation de taux

La Banque du Canada a surpris les marchés aujourd’hui en adoptant une attitude plus énergique sur l’inflation et l’économie. La Banque a publié son très attendu Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’octobre, contenant les messages clés suivants :

  • L’économie canadienne a accéléré vivement au deuxième semestre.
  • Les marchés du travail se sont améliorés, surtout dans les secteurs où la distanciation est difficile. Même s’il reste des capacités excédentaires, de nombreuses entreprises ne parviennent pas à trouver les travailleurs qu’il leur faut assez rapidement pour satisfaire à la demande.
  • Les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales se sont aggravées et limitent la production de certains biens, entraînant une hausse des coûts et des prix.
  • L’écart de production serait moindre que ce qui était projeté en juillet. La Banque prévoit maintenant que la capacité excédentaire sera absorbée d’ici le deuxième ou le troisième trimestre de l’année prochaine, un trimestre plus tôt qu’elle ne le pensait précédemment.
  • Étant donné les contraintes persistantes de l’offre et la hausse des prix de l’énergie, la Banque anticipe que l’inflation restera au-dessus de la fourchette cible plus longtemps que prévu avant de revenir près de 2 % vers la fin de 2022.
  • La Banque juge que les risques entourant la présente projection de l’inflation sont relativement équilibrés.

Compte tenu de ses prévisions révisées, la Banque a annoncé qu’elle met fin à l’assouplissement quantitatif et amorce la phase de réinvestissement, durant laquelle elle achètera des obligations du gouvernement du Canada uniquement pour remplacer celles qui viennent à échéance. La Banque est maintenant propriétaire d’environ 45 % des obligations du gouvernement du Canada en circulation.

La Banque a annoncé aujourd’hui qu’elle maintient le taux cible du financement à un jour à sa valeur plancher de ¼ %. Voilà qui est conforme aux attentes, mais la Banque a revu ses indications prospectives. Elle a devancé le moment envisagé de la première hausse du taux à un jour, qui se ferait dans les trimestres du milieu – entre avril et septembre – plutôt qu’au second semestre de 2022.

Les négociants en obligations canadiens avaient déjà fait le pari qu’une augmentation du taux surviendrait au premier ou au deuxième trimestre. Malgré tout, les rendements obligataires étaient en hausse à 10 h aujourd’hui quand la Banque a annoncé sa décision (voir le graphique ci-dessous).
En somme

Depuis la dernière réunion de la Banque au début de septembre, le rendement des obligations du gouvernement du Canada à cinq ans a grimpé de 60 points de base, passant de 0,80 % à 1,40 %. C’est une augmentation impressionnante de 75 %. Il y a un an, le rendement des obligations à cinq ans était d’à peine 0,37 %.

La Banque croit que la montée de l’inflation est transitoire, mais cela ne signifie pas qu’elle sera brève. L’inflation annuelle mesurée par l’IPC se situait à environ 4,4 % en septembre et devrait augmenter pour avoisiner 4,75 % en moyenne jusqu’à la fin de l’année. Le gouverneur Macklem croit maintenant que l’inflation restera au-delà de la plage cible de la Banque – qui est de 1 à 3 % – jusque vers la fin de l’année prochaine.

Il y a par ailleurs une grande incertitude au sujet de l’ampleur de la capacité excédentaire dans l’économie. Il est toujours difficile de la mesurer, surtout aujourd’hui que le chômage reste élevé, soit 6,9 %, alors que des secteurs comme la restauration et le commerce de détail font face à des pénuries de main-d’œuvre. Des changements structurels sont en cours dans la population active. De nombreux anciens travailleurs de la restauration ont changé de cap ou sont réticents à reprendre des emplois assortis de risques de contagion et de mauvaises conditions de travail. Il y a eu une forte augmentation de retraites anticipées pendant la pandémie, en même temps qu’un manque de nouveaux immigrants.

En ce qui concerne le secteur de l’habitation, le RPM fait le point comme suit : « L’activité sur le marché du logement devrait rester forte en 2022 et 2023, après avoir diminué par rapport aux sommets historiques atteints récemment. Des niveaux plus élevés d’immigration, de solides revenus et des conditions de financement favorables appuieront une vigueur soutenue. La construction étoffera l’offre de logements et devrait contribuer à modérer la progression des prix. »

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
21 Oct

L’inflation remonte encore au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Les prix augmentent partout – Le transitoire peut durer longtemps

L’Indice des prix à la consommation (IPC) en septembre au Canada, publié aujourd’hui, indique une nouvelle hausse de l’inflation d’une année à l’autre : de 4,1 % en août à 4,4 % en septembre – le plus haut niveau depuis février 2003. Sans l’essence, l’IPC a augmenté de 3,5 % d’une année à l’autre en septembre.

L’IPC mensuel a augmenté de 0,2 % d’un mois à l’autre en septembre, comme il l’avait fait le mois précédent. La croissance d’un mois à l’autre de l’IPC a été positive au cours des neuf derniers mois.

L’inflation actuelle est un phénomène mondial. Les prix augmentent partout, surtout en raison de l’interaction entre les perturbations de l’approvisionnement mondial et des conditions météorologiques extrêmes. Aux États-Unis, l’inflation est la plus forte du G7 (voir le graphique ci-dessous). L’économie américaine a rebondi plus tôt qu’ailleurs, à la faveur de restrictions plus légères face à la COVID et de marges plus importantes.

Les banques centrales conviennent généralement que la poussée de l’inflation au-delà des niveaux cibles de 2 % est transitoire, mais toutes reconnaissent maintenant que le transitoire peut durer longtemps. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a reconnu que les perturbations de la chaîne d’approvisionnement se prolongent. Il a dit la semaine passée qu’il faudrait encore un peu de temps avant que les chiffres de l’inflation redescendent.

Les prix ont augmenté d’une année à l’autre dans toutes les catégories principales en septembre. Les prix du transport (+9,1 %) ont contribué le plus à la hausse de l’indice d’ensemble. L’augmentation des coûts du logement (+4,8 %) et des aliments (+3,9 %) a également contribué à la croissance de l’IPC d’ensemble en septembre.

Les prix à la station-service ont progressé de 32,8 % par rapport au mois de septembre de l’année précédente. La croissance d’une année à l’autre s’explique entre autres par la baisse des prix en 2020 et par la production réduite de pétrole brut dans les principaux pays producteurs comparativement aux niveaux observés avant la pandémie.

Les prix de l’essence ont diminué de 0,1 % d’un mois à l’autre en septembre, l’incertitude liée à la demande mondiale en pétrole ayant persisté après la propagation du variant Delta de la COVID-19 (voir les graphiques ci-dessous).

IPC ET IPC EXCLUANT L’ESSENCE
En somme

L’information d’aujourd’hui sur l’IPC est l’ultime indicateur économique notable avant la réunion de la Banque du Canada, mercredi prochain 27 octobre. Personne ne s’attend à ce que la Banque augmente les taux d’intérêt à un jour la semaine prochaine, mais les taux du marché sont nettement en hausse (voir les graphiques ci-dessous). Les taux hypothécaires fixes augmentent tranquillement en même temps que le rendement à 5 ans des obligations du gouvernement du Canada. Le graphique de droite indique la courbe de rendement aujourd’hui par rapport à un an plus tôt. La courbe s’infléchit au taux à un jour de 25 points de base fixé par la Banque du Canada, se redressant fortement alors qu’augmentent les taux d’intérêt à plus long terme déterminés par le marché.

Par ailleurs, de nombreux observateurs des marchés financiers souhaitent que la Banque du Canada relève le taux à un jour plus tôt que ne le laisse entrevoir la Banque – au second semestre de l’année prochaine. Les opérateurs boursiers parient maintenant que la Banque commencera à augmenter les taux au début de l’année prochaine. Le marché des swaps de taux à un jour escompte actuellement trois augmentations au Canada d’ici la fin de 2022, qui porteraient le taux directeur à 1,0 %. Il se peut qu’ils se trompent. Comme les pressions inflationnistes s’exercent à l’échelle mondiale, on imagine mal en quoi le resserrement de la politique monétaire au Canada pourrait les réduire. Il ne parviendrait qu’à ralentir l’activité économique au Canada par rapport au reste du monde, en particulier les États-Unis si la Réserve fédérale américaine s’en tient à son intention d’attendre jusqu’en 2023 avant de commencer à augmenter les taux.

Il faut prévoir que la Banque réduira de nouveau son programme d’achat d’obligations, à 1 milliard de dollars au lieu du niveau actuel de 2 milliards.

La Banque présentera ses prévisions économiques la semaine prochaine dans son Rapport sur la politique monétaire. Elle devra rehausser l’inflation au troisième trimestre, à 4,1 % plutôt que les 3,9 % de ses prévisions précédentes.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
12 Oct

Bonnes nouvelles pour l’emploi au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Les prix des maisons montent encore alors que les ventes baissent en raison d’une offre insuffisante

Statistique Canada a publié l’édition de septembre de l’Enquête sur la population active, apportant de toutes bonnes nouvelles pour l’emploi. L’emploi a augmenté de 157 000 (+0,8 %) en septembre, en hausse pour un quatrième mois consécutif. Le taux de chômage a diminué de 0,2 point de pourcentage, à 6,9 %.

Les hausses de l’emploi observées en septembre sont concentrées dans le travail à temps plein et chez les personnes du principal groupe d’âge actif des 25 à 54 ans. Les augmentations se retrouvent dans de multiples secteurs et provinces.

Elles sont réparties entre le secteur public (+78 000; +1,9 %) et le secteur privé (+98 000; +0,8 %).
L’emploi a augmenté dans six provinces en septembre, à savoir l’Ontario, le Québec, l’Alberta, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick et la Saskatchewan.

Dans le secteur des services (+142 000), les hausses les plus marquées ont été enregistrées dans les administrations publiques (+37 000), dans l’information, la culture et les loisirs (+33 000), et dans les services professionnels, scientifiques et techniques (+30 000).

L’emploi dans les services d’hébergement et de restauration a reculé pour la première fois en cinq mois (-27 000).

L’emploi ait augmenté dans la fabrication (+22 000) et dans les ressources naturelles (+6 600), mais il a globalement peu varié dans le secteur des biens.

Les hausses de septembre ont ramené l’emploi à son niveau de février 2020, juste avant le début de la pandémie. Toutefois, le taux d’emploi – c’est-à-dire la proportion de personnes âgées de 15 ans et plus occupant un emploi – était à 60,9 % en septembre, ce qui est 0,9 point de pourcentage de moins qu’en février 2020, en raison de la croissance démographique de 1,4 % enregistrée au cours des 19 derniers mois.

Le nombre de personnes en emploi ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a peu varié en septembre, restant en hausse de 218 000 (+26,8 %) par rapport à février 2020. Le total des heures travaillées a augmenté de 1,1 % en septembre, mais il était en baisse de 1,5 % par rapport à son niveau prépandémique.

Chez les personnes âgées de 15 à 69 ans qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles, la proportion de personnes ayant travaillé à partir de leur domicile a peu varié en septembre, s’établissant à 23,8 %. Les plus faibles proportions de personnes ayant travaillé à domicile ont été observées en Saskatchewan (12,3 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (12,8 %), et la plus élevée, en Ontario (28,7 %). Dans l’ensemble, à l’échelle nationale, la proportion de travailleurs qui ont travaillé à domicile était plus élevée dans les régions urbaines (25,2 %) que dans les régions rurales (15,9 %).

En septembre 2021, 4,1 millions de Canadiens qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles ont travaillé à partir de leur domicile, un nombre semblable à celui de septembre 2020.

Le taux de chômage a reculé pour un quatrième mois consécutif en septembre, en baisse de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 6,9 %, le taux le plus faible depuis le début de la pandémie. Le taux de chômage a atteint un sommet de 13,7 % en mai 2020 et il ne cesse de diminuer depuis, hormis des hausses à court terme observées à la fin de l’automne 2020 et au printemps 2021, qui ont coïncidé avec le resserrement des restrictions de santé publique. Au cours des mois précédant la pandémie, le taux de chômage se maintenait à des niveaux historiquement faibles; il était à 5,7 % en février 2020.

Le taux de chômage ajusté – comprenant les personnes qui voulaient un emploi, mais n’en ont pas cherché – était de 8,9 % en septembre, en baisse de 0,2 point de pourcentage par rapport à un mois plus tôt.
Le chômage de longue durée – le nombre de personnes ayant été continuellement au chômage depuis 27 semaines ou plus – a peu varié en septembre. On comptait 389 000 chômeurs de longue durée, ce qui représente plus du double du nombre observé en février 2020.

La capacité des chômeurs de longue durée à faire la transition vers l’emploi peut être influencée par divers facteurs, y compris leur niveau de scolarité et les conditions actuelles du marché du travail. Par exemple, les personnes n’ayant pas fait d’études postsecondaires sont confrontées à un marché du travail où l’emploi dans les professions ne nécessitant pas d’études postsecondaires était en baisse de 287 000 en septembre 2021 par rapport à septembre 2019 (données non désaisonnalisées).

En somme 

La Banque du Canada a maintes fois indiqué qu’elle ne commencerait pas à resserrer la politique monétaire avant que l’économie soit revenue à la pleine utilisation de ses capacités, ce qu’elle ne prévoit pas avant au moins le deuxième semestre de l’année prochaine. L’emploi devra surpasser les niveaux d’avant la pandémie avant qu’on puisse déclarer que la reprise est complète, car la population a augmenté depuis le début de la crise, il y a 19 mois.

L’emploi reste sensiblement moindre dans les secteurs les plus durement touchés. Le graphique ci-dessous indique le changement dans l’emploi selon le secteur, en pourcentage, par rapport à février 2020.

Les secteurs où le travail à distance est répandu – comme ceux des services professionnels, scientifiques et techniques, de l’administration publique, de la finance, des assurances et de l’immobilier – ont connu un gain net de l’emploi. Cependant, dans les secteurs de services non essentiels à forte proximité physique, la remontée de l’emploi a été beaucoup plus limitée. C’est le cas en particulier dans l’agriculture, l’hébergement et la restauration ainsi que les loisirs. Ironiquement, ces secteurs connaissent de forts taux d’emplois vacants, de nombreux anciens employés étant réticents à revenir. Une amélioration des salaires et avantages sera utile dans ces secteurs.

Cette semaine, le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem a réitéré que des pressions inflationnistes resteront sans doute très présentes au moins jusqu’à la fin de cette année. Le plus souvent, elles découlent de perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale ainsi que de divers événements météorologiques extrêmes. Il reste à voir combien elles dureront, mais un resserrement de la politique monétaire aurait peu d’effet sur ce genre d’inflation.

Malgré tout, les marchés obligataires sont en mode liquidation partout dans le monde, en réponse aux craintes de l’inflation et aux frasques annuelles autour du plafond de la dette aux États-Unis. L’ultime graphique ci-dessous indique l’accentuation de la courbe de rendement au Canada depuis un an. Le rendement des obligations à 5 ans a augmenté fortement dans cette période, passant de 0,378 % à 1,205 %. Il n’est pas étonnant que les taux soient en hausse pour un prêt hypothécaire à taux fixe sur 5 ans.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
13 Sep

Excellente nouvelle pour l’emploi au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Le rapport d’août sur l’emploi indique que la reprise continue

Statistique Canada vient d’apporter des nouvelles rassurantes pour l’économie après le rapport décevant de la semaine passée sur le PIB au deuxième trimestre. Le marché canadien du travail a poursuivi sa remontée en août, surtout dans les secteurs durement touchés des services de restauration et d’hébergement. Les données de l’Enquête sur la population active (EPA) d’août rendent compte des conditions du marché du travail pendant la semaine allant du 15 au 21 août. Dans cette période, la plupart des régions du Canada avaient fortement allégé les restrictions liées à la COVID. Cependant, il y avait des restrictions à la capacité d’accueil dans des lieux intérieurs tels que restaurants, gymnases, magasins et salles de spectacles. Aussi, pour la première fois depuis mars 2020, les restrictions à la frontière ont été supprimées pour les déplacements non essentiels dès lors que les voyageurs sont pleinement vaccinés.

Cependant, la réouverture de l’économie canadienne a été boiteuse, en raison d’une offre limitée et de la difficulté à doter les postes vacants dans des secteurs exigeant une grande proximité physique, surtout face à la menace croissante d’une quatrième vague avec le variant Delta. Il reste que la plus récente EPA indique une progression de 90 200 emplois le mois dernier. C’était le troisième mois consécutif en hausse, ce qui a encore resserré l’écart causé par la pandémie. L’emploi se situe maintenant à 156 000 (-0,8 %) de son niveau de février, le plus près qu’il en ait été depuis le début de la pandémie de COVID-19. En outre, la plupart des nouveaux emplois nets sont des emplois à temps plein. Les augmentations sont principalement survenues dans les secteurs de services, particulièrement dans les services d’hébergement et de restauration.

Le taux de sans-emploi a baissé, de 7,5 % en juillet à 7,1 % en août. Le taux de chômage a atteint un sommet de 13,7 % en mai 2020, et il diminue depuis, sauf certaines augmentations à court terme observées à l’automne 2020 et au printemps 2021. Au cours des mois précédant la pandémie, le taux de chômage se trouvait à des niveaux historiquement faibles; il était à 5,7 % en février 2020.

Le taux de chômage ajusté – qui comprend les travailleurs découragés, qui voulaient un emploi, mais n’en ont pas cherché un – s’est établi à 9,1 % en août, en baisse de 0,4 point de pourcentage par rapport à un mois plus tôt.

L’emploi a augmenté en Ontario, en Alberta, en Saskatchewan et en Nouvelle-Écosse en août. Les autres provinces ont enregistré peu ou pas de variation à ce chapitre. Pour un troisième mois consécutif, la Colombie-Britannique a été la seule province où l’emploi a dépassé son niveau prépandémique. Par rapport à février 2020, l’écart de l’emploi a été le plus prononcé à l’Île-du-Prince-Édouard (-3,4 %) et au Nouveau-Brunswick (-2,7 %). Le tableau ci-dessous indique le taux de chômage par province.

En somme

Cette semaine, la Banque du Canada a de nouveau indiqué qu’elle ne commencerait pas à resserrer la politique monétaire avant que l’économie soit revenue à la pleine utilisation de ses capacités, ce qu’elle ne prévoit pas avant au moins le deuxième semestre de l’année prochaine. L’emploi devra surpasser les niveaux d’avant la pandémie avant qu’on puisse déclarer que la reprise est complète, car la population a augmenté depuis le début de la crise, il y a 18 mois.

Même si le mois d’août a de nouveau été bon pour le marché du travail, il reste une grande disparité entre les secteurs quant au degré auquel ils se sont rétablis des effets de la pandémie. Le tableau ci-dessous indique le changement dans l’emploi selon le secteur, en pourcentage, par rapport à février 2020.

Les secteurs où le travail à distance est répandu – comme ceux des services professionnels, scientifiques et techniques, de l’administration publique, de la finance, des assurances et de l’immobilier – ont connu un gain net de l’emploi. Cependant, dans les secteurs de services non essentiels à forte proximité physique, la remontée de l’emploi a été beaucoup plus limitée. C’est le cas en particulier dans l’agriculture, l’hébergement et la restauration ainsi que les loisirs.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
10 Sep

La Banque du Canada ne bronche pas!!

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada réagit à la faiblesse de l’économie au T2 – en maintenant le cap

Alors que nous attendons les prévisions économiques trimestrielles dans le Rapport sur la politique monétaire du mois prochain, la Banque du Canada a reconnu que le rapport sur le PIB au deuxième trimestre, publié la semaine passée, l’a prise de court. Dans son énoncé de politique d’aujourd’hui, le Conseil de direction de la Banque a fait ce constat : « Au Canada, le PIB s’est contracté d’environ 1 % au deuxième trimestre. Ce résultat est inférieur à ce que la Banque avait anticipé dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet et reflète surtout la contraction des exportations due en partie aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, particulièrement dans le secteur automobile. L’activité sur le marché du logement a reculé par rapport aux niveaux élevés observés récemment, ce qui concorde essentiellement avec nos prévisions. La consommation, les investissements des entreprises et les dépenses publiques ont contribué à la croissance, comme en témoigne la hausse de la demande intérieure, qui dépasse 3 %. L’emploi a remonté en juin et juillet, l’assouplissement des mesures sanitaires ayant entraîné des embauches dans les secteurs où la distanciation est difficile. Cela réduit les inégalités sur le marché du travail, mais une marge de capacités excédentaires considérable demeure, et certains groupes – particulièrement les travailleurs faiblement rémunérés – sont encore touchés de manière disproportionnée. La Banque continue de s’attendre à ce que l’économie prenne de la vigueur dans la seconde moitié de 2021. Toutefois, la quatrième vague de cas de COVID-19 et les goulots d’étranglement persistants pourraient peser sur la reprise. » (Voir le graphique ci-dessous, ou cliquer ici).
La Banque affirme que la hausse de l’inflation mesurée par l’IPC est attribuable à des facteurs temporaires – peut-être
Les conditions financières restent très accommodantes, partout dans le monde. Et la Banque continue d’affirmer que la hausse de l’inflation au-delà de 3 % est prévue, étant « alimentée par les effets de glissement annuel, les prix de l’essence et les goulots d’étranglement liés à la pandémie du côté de l’offre. Ces facteurs qui font grimper l’inflation devraient être passagers, mais leur persistance ainsi que leur ampleur sont incertaines et seront suivies de près. Les hausses salariales ont été modérées jusqu’à présent, et les attentes d’inflation à moyen terme restent bien ancrées. Les mesures de l’inflation fondamentale ont augmenté, mais moins que l’IPC. »

Le Conseil de direction réitère qu’une marge de capacités excédentaires considérable subsiste dans l’économie canadienne et que la reprise doit continuer d’être appuyée par des mesures de politique monétaire exceptionnelles. Quant aux indications prospectives, la Banque tient bon : « Nous restons engagés à maintenir le taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable. Selon la projection de juillet de la Banque, cela se produirait au cours de la seconde moitié de 2022. » Cette déclaration paraît être transitoire, permettant à la Banque de reconsidérer les perspectives le mois prochain, en retardant peut-être les indications si l’économie continue d’évoluer à un rythme inférieur à ses projections de juillet.

De même, la Banque maintient son programme d’assouplissement quantitatif au niveau actuel de 2 milliards de dollars par semaine d’obligations du gouvernement du Canada, gardant les taux d’intérêt bas sur toute la courbe de rendement. « Les décisions au sujet de tout ajustement futur du rythme des achats nets d’obligations seront guidées par l’évaluation en continu que fait le Conseil de direction de la robustesse et de la durabilité de la reprise. Nous continuerons de procurer le niveau de détente monétaire nécessaire pour soutenir la reprise et atteindre l’objectif d’inflation. »

En somme
Le temps nous dira si la Banque du Canada voit juste en croyant que les pressions inflationnistes sont temporaires. Les marchés financiers resteront sensibles aux nouvelles données, mais les marchés obligataires semblent accepter son point de vue pour le moment. Le rendement des obligations du Canada à 5 ans a baissé légèrement depuis sa récente pointe à 1,0 %, le 28 juin, jusqu’à 0,80 %. En revanche, le dollar canadien s’est affaibli sensiblement depuis la fin juin, quand il dépassait 0,825 $US, étant à 0,787 $US ce matin. De toute évidence, la Banque du Canada tient à garder les taux d’intérêt canadiens bas dans l’avenir prévisible.

La date de la prochaine décision de la Banque du Canada est le 27 octobre. Les données sur l’emploi au Canada arriveront ce vendredi.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
2 Sep

Contraction inattendue de l’économie canadienne au deuxième trimestre

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Publié par: Robert Perrier

Le marché du logement amortit l’économie au deuxième trimestre

Selon le plus récent communiqué de Statistique Canada, l’économie a connu au deuxième trimestre un recul inattendu de 1,1 %, alors qu’elle avait progressé de 5,5 % (révisé) au premier trimestre de l’année. Le dollar a baissé, à 0,7921 $, la propagation du variant Delta suscitant des questions quant à la résilience de l’économie. Selon un sondage Bloomberg, les économistes prévoyaient une expansion de 2,5 %. La déception est d’autant plus grande que la croissance économique a encore reculé de 0,4 % en juillet, d’après une estimation préliminaire.

La faiblesse des données sur le PIB réduit la probabilité que la Banque du Canada décide d’atténuer ses achats d’obligations lors de sa réunion du 8 septembre. Elle met aussi en lumière le degré auquel l’économie reste en deçà de son plein potentiel – ce qui est un problème de taille. La Banque a prévu que cet écart de productivité se résorbera d’ici le milieu de 2022. Cela reste incertain, mais nous continuons de croire que la croissance reprendra au troisième trimestre.

Les augmentations de l’investissement des entreprises en stocks, des dépenses de consommation finale des administrations publiques, de l’investissement des entreprises en machines et matériel et de l’investissement en construction de logements neufs et en rénovations n’ont pas été suffisantes pour faire contrepoids aux diminutions observées au chapitre des exportations (-4,0 %) et des coûts de transfert de propriété (-17,7 %), qui incluent tous les coûts associés au transfert d’un actif résidentiel d’un propriétaire à un autre.

L’investissement en logement refaçonne l’économie

Depuis le troisième trimestre de 2020, l’investissement en logement est devenu le principal facteur qui contribue à l’activité économique et au stock de capital, le stock de capital résidentiel ayant dépassé le stock de capital non résidentiel. De plus, l’investissement moyen en logement pour les quatre trimestres précédents était supérieur de 17 % à la moyenne des cinq dernières années.

Investissement immobilier

La construction de logements neufs et les rénovations – soit les composantes du stock de capital résidentiel – ont enregistré une croissance soutenue depuis le troisième trimestre de 2020. Le travail à domicile, les économies entraînées par une réduction des déplacements et de la participation à d’autres activités, la faiblesse des taux hypothécaires et la croissance des marges de crédit hypothécaires ont continué de faire croître les dépenses en logements neufs (+3,2 %) et en rénovations domiciliaires (+2,4 %).

Les ménages, qui avaient contracté 62,3 milliards de dollars de dette hypothécaire résidentielle au cours de la deuxième moitié de 2020, ont ajouté 84,2 milliards de dollars de dette hypothécaire résidentielle au cours de la première moitié de 2021.

Les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement continuent d’avoir des répercussions sur les véhicules automobiles

Les pénuries de micropuces et d’autres intrants ont réduit les ventes de véhicules automobiles et la consommation intérieure. Les ménages ont acheté moins de voitures automobiles neuves (-7,2 %) et de camions, fourgonnettes et véhicules utilitaires sport neufs (-1,6 %), alors que l’investissement des entreprises en camions lourds et de poids moyen, autobus et autres véhicules automobiles a accusé un recul de 34,2 %. La fermeture prolongée des usines en raison des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement internationale a limité les importations de pièces et a entraîné des diminutions importantes des exportations. La faible production de véhicules automobiles et de pièces a donné lieu à une baisse de 18,9 % des exportations de voitures automobiles et de camions légers et à un recul de 8,7 % des exportations de pneus, de moteurs et de pièces de véhicules automobiles. Une baisse importante des stocks a été observée de nouveau au deuxième trimestre, en réponse aux besoins en matière d’approvisionnement.

Le taux d’épargne des ménages se situe toujours dans les deux chiffres

La croissance du revenu disponible (+2,2 %) a été supérieure à la légère augmentation des dépenses des ménages (+0,7 %, en valeur nominale), ce qui s’est traduit par une croissance de l’épargne nette des ménages par rapport au trimestre précédent. L’augmentation du revenu des ménages est principalement attribuable aux hausses de la rémunération des salariés et des transferts gouvernementaux, lesquelles ont été en partie contrebalancées par une augmentation de 2,8 % de l’impôt sur le revenu des particuliers.

Le taux d’épargne a donc atteint 14,2 % – le cinquième trimestre consécutif pour lequel il se situe à deux chiffres –, les diverses restrictions et l’incertitude découlant de la pandémie ayant continué de limiter la consommation des ménages. Le taux d’épargne des ménages est agrégé sur l’ensemble des classes de revenus; en général, les taux d’épargne sont plus élevés dans les quintiles de revenus supérieurs.

En somme

Les données d’aujourd’hui sont déjà, à certains égards, de l’« histoire ancienne ». Il reste largement prévu que l’économie rebondira au troisième trimestre. Vu la montée de l’épargne des ménages et le revenu personnel disponible qui continue d’augmenter, la demande refoulée stimulera sans doute la consommation pour le reste de cette année. Il reste à voir ce que sera le rapport sur l’emploi en août, qui sera publié le vendredi 10 septembre. La Banque du Canada continuera sans doute d’agir prudemment. Une nouvelle atténuation du programme d’achat d’obligations sera examinée de près, et les indications prospectives continueront de ne prévoir aucune augmentation de taux avant le deuxième trimestre de l’an prochain.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
17 Août

Quatrième mois consécutif de ralentissement des ventes de maisons au Canada

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Publié par: Robert Perrier

Le ralentissement s’est poursuivi en juillet sur le marché canadien du logement

Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), la revente de maisons au Canada a baissé de 3,5 % de juin à juillet 2021. C’est la quatrième baisse mensuelle consécutive. Dans la même période, le nombre de nouvelles propriétés inscrites a baissé de 8,8 %, alors que l’Indice des prix des propriétés MLS® a augmenté de 0,6 %, portant sa hausse à 22,2 % depuis un an.

Même si les ventes ont chuté en tout de 28 % depuis le sommet de mars, les marchés canadiens de l’habitation restent très actifs (voir le graphique ci-dessous). En juillet, la baisse des ventes a été moins généralisée qu’au cours des derniers mois, bien qu’elle ait encore touché environ deux tiers des marchés locaux. Edmonton et Calgary ont le plus faibli, mais ces villes n’avaient pas connu de baisse des ventes jusqu’à récemment. À Montréal par contre, où les ventes avaient commencé à ralentir au début de l’année, l’activité a légèrement augmenté en juillet.

Le nombre de transactions réelles (non désaisonnalisées) en juillet 2021 a baissé de 15,2 % par rapport à un an plus tôt, quand un record avait été établi pour un mois de juillet. Le mois de juillet 2021 est néanmoins au deuxième rang au chapitre des ventes enregistrées durant un mois de juillet.

« Si le ralentissement des ventes continue de faire les manchettes ces jours-ci, c’est toutefois la faiblesse record de l’offre qui devrait retenir notre attention », a déclaré Cliff Stevenson, président de l’ACI. La plupart des marchés sont favorables au vendeur.

Nouvelles inscriptions

De juin à juillet, le nombre de propriétés nouvellement inscrites a diminué de 8,8 %, le déclin étant particulièrement marqué dans les plus grandes villes du pays – le Grand Toronto, Montréal, Vancouver et Calgary. En tout, ce sont près de 75 % des marchés d’un océan à l’autre qui ont connu une baisse des nouvelles inscriptions.

Malgré le ralentissement des ventes, cette baisse est suffisante pour que l’on remarque un resserrement du ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions pour le mois (74 % en juillet comparativement à 69,9 % en juin). La moyenne à long terme du ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions est de 54,7 %.

Si l’on compare le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions aux moyennes à long terme, le resserrement des conditions de juillet a redonné l’avantage aux propriétaires-vendeurs dans une petite majorité des marchés locaux, alors que tout était plutôt équilibré en juin.

Autre signe que nous assistons à une stabilisation des conditions de marché : on comptait 2,3 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de juillet 2021, soit le même chiffre qu’en juin. C’est extrêmement faible, ce qui indique que les conditions sont favorables pour les propriétaires-vendeurs, à l’échelle nationale et dans la plupart des marchés locaux. La moyenne à long terme de cette mesure est près du double de la marque actuelle.

Prix des maisons

L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,6 % d’un mois à l’autre en juillet 2021, ce qui s’inscrit dans la tendance au ralentissement qu’on observe depuis mars. Cette tendance semble toutefois épargner en grande partie la côte Est, où les propriétés sont demeurées plus abordables.

Autre point à noter (et à surveiller) : les prix semblent recommencer à grimper depuis un mois pour certains types de propriétés dans certains marchés de l’Ontario, ce qui pourrait correspondre au resserrement des conditions sur ces marché.

L’IPP MLS® global et composé non désaisonnalisé a affiché en juillet une hausse de 22,2 % d’une année à l’autre. Bien qu’il s’agisse d’un gain important, cette augmentation est, comme prévu, inférieure au record de 24,4 % enregistré en juin. La raison de cette baisse est que nous sommes maintenant à plus d’un an du moment où les prix ont vraiment décollé, de sorte que les niveaux de l’année dernière rattrapent maintenant ceux de cette année, même si les prix continuent à augmenter d’un mois à l’autre.

En Colombie-Britannique, la croissance des prix d’une année à l’autre est d’environ 20 %; elle est plus faible à Vancouver et plus élevée dans d’autres régions de la province. L’augmentation d’une année à l’autre se chiffre autour de 10 % en Alberta et en Saskatchewan, et plus près de 15 % au Manitoba. En Ontario, la progression d’une année à l’autre est d’environ 30 %. Cependant, comme en Colombie-Britannique, la hausse est nettement plus faible dans la région du Grand Toronto et bien plus élevée dans la plupart des autres régions de la province. C’est le contraire au Québec, où Montréal affiche une augmentation de l’ordre de 25 %, et Québec, de l’ordre de 15 %. La hausse des prix est d’un peu plus de 30 % au Nouveau-Brunswick et d’environ 10 % à Terre-Neuve-et-Labrador.

En somme

Les ventes continueront de se calmer graduellement dans l’année à venir, mais il faudra une hausse des taux d’intérêt pour faire véritablement baisser le marché. Les marchés immobiliers locaux connaissent une baisse de l’activité, les acheteurs potentiels se trouvant face à un manque de maisons à vendre. Les taux de vaccination en hausse ont commencé à permettre un retour à la vie normale au Canada, mais la pénurie de maisons y atteint un niveau parmi les plus élevés des pays développés, et aucune augmentation notable de l’offre ne semble prévisible à court terme.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca