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13 Juil

Bonne progression des emplois au Canada en juin

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Publié par: Robert Perrier

Les données de juin sur l’emploi sont bien meilleures que prévu

Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de juin, publiés aujourd’hui par Statistique Canda, indiquent les conditions du marché du travail durant la semaine du 14 au 20 juin. À ce moment-là, les restrictions de santé publique avaient été assouplies dans la plupart des régions du pays. Des restrictions plus sévères restaient toutefois en vigueur dans une grande partie du sud-ouest de l’Ontario, y compris à Toronto. Même si les entreprises reprenaient leurs activités, les exigences de distanciation physique et autres ont limité les effets du déconfinement sur l’emploi.

De février à avril, 5,5 millions de travailleurs canadiens – 30 % de la population active – ont soit perdu leur emploi ou subi une forte réduction de leurs heures de travail. Pourtant, c’est presque 8,2 millions de Canadiens qui reçoivent les 2000 $ par mois de la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Pour certains, la PCU a un effet dissuasif pour le retour au travail.

La prestation a récemment été prolongée de huit semaines, jusqu’à environ la fin d’août, et le NPD presse Ottawa de les prolonger encore, jusqu’au début d’octobre. Si vous gagnez plus de 1000 $ par mois, vous perdez complètement la prestation de 2000 $, ce qui pourrait de toute évidence inciter certains à éviter de chercher un nouvel emploi ou de retourner chez leur employeur précédent.

La PCU a amorti le choc de la pandémie pour les ménages et aidé à stimuler la confiance des consommateurs. C’est à retenir en considérant la vitesse à laquelle les personnes sans emploi retournent au travail.

Évolution remarquable de l’emploi en juin

Au cours de la semaine du 14 au 20 juin, le nombre de travailleurs touchés par la crise économique liée à la COVID-19 s’est élevé à 3,1 millions, en baisse de 43 % depuis avril.

À la suite de la reprise initiale de 290 000 en mai, l’emploi s’est accru de près de 1 million en juin (+953 000; +5,8 %). Les hausses sont réparties entre le travail à temps plein (+488 000 ou +3,5 %) et le travail à temps partiel (+465 000 ou +17,9 %). Par suite de ces deux hausses mensuelles consécutives, le niveau global de l’emploi en juin était en baisse de 1,8 million (-9,2 %) par rapport à février.

L’emploi a repris beaucoup plus rapidement qu’à la suite de récessions précédentes, de la même façon que la chute de l’emploi due à la pandémie avait été plus soudaine. Dans tous les groupes d’âge, les hommes se rapprochent davantage que les femmes des niveaux d’emploi d’avant le confinement. Les secteurs qui ont le plus souffert – l’hébergement, la restauration, le commerce de détail et les services personnels – comptent une forte proportion de personnel féminin. La garde d’enfants, à la suite de la fermeture des écoles, a sans doute été davantage assumée par les femmes, comme en témoigne le taux de chômage supérieur des femmes ayant de jeunes enfants.

Le taux de chômage baisse en juin après avoir atteint un niveau record en mai

Le taux de chômage était de 12,3 % en juin, soit 1,4 point de pourcentage de moins que le sommet inégalé de 13,7 % de mai. Même s’il s’agit de la plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée, le taux de chômage demeure beaucoup plus élevé qu’en février, quand il était à 5,6 %.

L’emploi augmente dans toutes les provinces

En Ontario, où l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 a commencé à la fin de mai et a été élargi le 12 juin, l’emploi a augmenté de 378 000 (+5,9 %) en juin. Il s’agit de la première hausse depuis le début du confinement lié à la COVID-19. La proportion des personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a diminué de 6,5 points de pourcentage pour se situer à 14,1 % en Ontario. Le taux de chômage a diminué de 1,4 point, jusqu’à 12,2 %, le nombre de personnes mises à pied temporairement ayant reculé (voir le tableau ci-dessous).

À Toronto, où l’assouplissement de certaines restrictions liées à la COVID-19 a été reporté au 24 juin, le taux de reprise a été légèrement inférieur à celui de la province en juin. Le niveau d’emploi à Toronto a atteint 89,6 % du niveau de février, comparativement à 94,5 % pour le reste de la province (données non désaisonnalisées).

Le Québec a enregistré une hausse des emplois de 248 000 (+6,5 %) en juin. Cette hausse s’ajoute à l’augmentation semblable (+231 000) de mai, rapprochant l’emploi à 92,2 % de son niveau de février. En même temps, le nombre de personnes en chômage dans la province a reculé pour un deuxième mois consécutif en juin (-119 000), ce qui a entraîné une baisse de 3,0 points de pourcentage du taux de chômage, jusqu’à 10,7 %. Le recul du chômage au Québec est entièrement attribuable à la baisse du nombre de personnes mises à pied temporairement.

Le nombre de personnes en emploi en Colombie-Britannique s’est accru de 118 000 (+5,4 %) en juin, après avoir augmenté de 43 000 en mai. La proportion de personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a diminué de 2,9 points de pourcentage, jusqu’à 14,6 %. Le nombre de chômeurs dans la province a peu varié en juin, et le taux de chômage a légèrement diminué (-0,4 point de pourcentage), jusqu’à 13,0 %.

Dans les provinces de l’Ouest, l’emploi en Saskatchewan a augmenté (+30 000) pour la première fois depuis le début de la crise économique liée à la COVID-19, et il a enregistré une hausse pour un deuxième mois consécutif en Alberta (+92 000) et au Manitoba (+29 000).

Au Nouveau-Brunswick, la première province à avoir assoupli les restrictions liées à la COVID-19, l’emploi a progressé de 22 000 en juin. Cette hausse, combinée aux augmentations enregistrées en mai, a permis à l’emploi dans la province d’atteindre 97,1 % de son niveau de février avant la COVID-19. Il s’agit de la reprise de l’emploi la plus complète à ce jour parmi toutes les provinces.

L’emploi a augmenté pour un deuxième mois consécutif en Nouvelle-Écosse (+29 000), à Terre-Neuve-et-Labrador (+6 000) et à l’Île-du-Prince-Édouard (+1 700).

Croissance de l’emploi variable selon le secteur

Les secteurs où les travailleurs doivent être proches des clients (services d’hébergement et de restauration, commerce de détail sauf en ligne) sont restés les plus touchés par les pertes d’emplois dues aux mesures sanitaires. Une proportion élevée d’emplois dans les secteurs des soins de santé et de l’assistance sociale ainsi que des services d’enseignement exigent aussi de travailler en proximité physique avec d’autres. L’emploi a augmenté dans tous ces secteurs, mais il reste bien en-deçà des niveaux d’avant la COVID.

L’emploi dans les entreprises dont les activités rassemblent un grand nombre de personnes (secteur de l’information, de la culture et des loisirs) a aussi beaucoup souffert. Ce secteur a été touché par certaines des premières restrictions au nom de la santé publique, c’est-à-dire la limitation de la taille des rassemblements. Toutes les provinces continuent de limiter le nombre de personnes pouvant se rassembler en public.

Dans plusieurs secteurs de services, comme le commerce de gros, les administrations publiques, la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail, moins de 40 % des emplois requièrent de travailler en proximité physique avec d’autres. Dans bon nombre de ces secteurs, l’emploi a retrouvé ou presque retrouvé les niveaux d’avant le confinement lié à la COVID-19.

Des hausses mensuelles de l’emploi ont été enregistrées dans le commerce de gros (+38 000) ainsi que dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail (+17 000). L’emploi a retrouvé les niveaux d’avant la COVID-19 dans le commerce de gros, tandis qu’il restait inférieur de 1,0 % dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail.

Dans la plupart des secteurs où peu d’emplois requièrent de travailler en proximité physique avec d’autres, de nombreux travailleurs ont commencé à travailler à partir de leur domicile. Dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail, 6 travailleurs sur 10 (61,2 %) ont travaillé à domicile pendant la semaine du 14 juin, proportion plus de deux fois supérieure à ce qu’elle était (28,5 %). Un pourcentage plus élevé que d’habitude de travailleurs a aussi continué de travailler à domicile dans les services professionnels, scientifiques et techniques (73,2 %) ainsi que dans les administrations publiques (53,8 %).

Après avoir évité d’importantes pertes d’emplois au cours du premier mois de la paralysie liée à la COVID-19, les secteurs de la construction et de la fabrication ont tous deux enregistré des baisses prononcées en avril, suivies d’un début de reprise en mai.

En juin, l’emploi dans la construction a augmenté de 157 000 par rapport à avril pour atteindre 89,3 % de son niveau de février. Dans le secteur de la fabrication, les hausses de l’emploi enregistrées en mai et en juin ont totalisé 160 000, ce qui a ramené l’emploi à 91,9 % de son niveau de février.

Dans les secteurs de la construction et de la fabrication, tant la proportion de personnes travaillant moins de la moitié de leurs heures habituelles que le nombre de personnes mises à pied temporairement ont reculé de façon marquée en juin. La construction a enregistré une baisse de 53,8 % du nombre de personnes mises à pied temporairement (données non désaisonnalisées).

En somme 

Ces progrès de l’emploi sont indiscutablement positifs, et nous verrons sans doute la reprise de l’emploi continuer tant que l’économie peut continuer de reprendre ses activités. Il est toutefois également évident que l’économie du Canada est tombée bien bas, et que certains emplois auront disparu pour de bon. Par contre, de nouveaux secteurs sont en pleine croissance, la pandémie ayant accéléré des forces technologiques qui étaient déjà en jeu. Je prévois une forte croissance de l’emploi dans les domaines nouveaux ou émergents suivants : télémédecine; mégadonnées; intelligence artificielle; infonuagique, cybersécurité; 5G; transports sans chauffeur; et énergie propre. Le magasinage en ligne continuera aussi de se répandre, les Canadiens ayant appris à utiliser les services de livraison et le commerce en ligne.

Les nouveaux emplois exigent de la formation et une expertise de pointe. Ceux qui ont vu leur emploi disparaître devront s’adapter. Ce que nous ne voulons pas voir, c’est des programmes gouvernementaux qui ralentissent l’adaptation ou qui soutiennent des entreprises qui ne sont plus viables. Une aide restera nécessaire pour ceux qui ont les plus grands besoins mais peu de possibilités d’adaptation.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca