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10 Août

Bonnes nouvelles pour l’emploi en juillet

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Publié par: Robert Perrier

Les données de juillet sur l’emploi surpassent les attentes, témoignant de la résilience de l’économie

Les résultats de l’Enquête sur la population active de juillet, publiés aujourd’hui par Statistique Canda, indiquent les conditions du marché du travail durant la semaine du 12 au 18 juillet. Bien que les restrictions en matière de santé publique aient été assouplies considérablement dans la plupart des régions du pays – à l’exception de certaines régions de l’Ontario, y compris Toronto –, certaines mesures sont demeurées en place, notamment les mesures de distanciation physique et les restrictions relatives aux grands rassemblements.

De février à avril, 5,5 millions de travailleurs canadiens – 30 % de la population active – ont été touchés par la crise économique liée à la COVID-19. Ce nombre comprend une baisse de l’emploi de 3,0 millions ainsi qu’une augmentation de 2,5 millions des absences du travail associées à la COVID. Le rapport de juillet sur l’emploi indique une hausse totale de 418 500 (+2,4 %). Il y avait déjà eu une hausse de 953 000 (5,8 %) en juin et de 290 000 en mai. En tout, l’emploi est revenu à 1,3 million (-7,0 %) de son niveau de février, avant la COVID.

Le nombre de Canadiens qui étaient en emploi, mais qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles pour des raisons probablement liées au virus, a diminué de 418 000 (-18,8 %) en juillet. Combiné aux baisses enregistrées en mai et en juin, ce recul a ramené les absences du travail liées à la COVID juste en deçà de 1 million (+972 000 ou +120,3 %) au-dessus du niveau de février.

Au cours de la semaine du 12 au 18 juillet, le nombre total de travailleurs touchés s’élevait à 2,3 millions, ce qui représente une baisse de 58,0 % depuis avril.

La majeure partie de la croissance de l’emploi en juillet est observée dans le travail à temps partiel

La majeure partie de la croissance de l’emploi observée en juillet a été enregistrée dans le travail à temps partiel, qui a progressé de 345 000 (+11,3 %), comparativement à l’augmentation beaucoup plus faible de 73 000 (+0,5 %) observée dans le travail à temps plein.

Le choc sur le marché du travail provoqué par la COVID-19 a été particulièrement ressenti dans le travail à temps partiel. De février à avril, les baisses enregistrées dans le travail à temps partiel (-29,6 %) ont été nettement plus prononcées que dans le travail à temps plein (-12,5 %). Cela s’explique par divers facteurs, y compris le fait que le travail à temps partiel est plus fréquent dans les secteurs qui ont été les plus touchés par la crise économique liée à la COVID-19, à savoir le commerce de détail ainsi que les services d’hébergement et de restauration.

La croissance de l’emploi à temps partiel a dépassé la croissance de l’emploi à temps plein au cours de chacun des trois derniers mois. À la suite des hausses observées en juillet, l’emploi à temps partiel est maintenant plus près de son niveau observé avant la COVID (-5,0 %) que l’emploi à temps plein (-7,5 %).

La croissance relativement stable enregistrée dans le travail à temps plein au cours des derniers mois se traduit par une hausse de la proportion de travailleurs qui occupent involontairement un emploi à temps partiel. En juillet 2019, 22,2 % des personnes travaillant moins de 30 heures par semaine auraient préféré travailler à temps plein. Un an plus tard, cette proportion a augmenté de 7,6 points de pourcentage pour atteindre 29,7 %, une indication que la crise économique liée à la COVID-19 et la relance subséquente ont entraîné une baisse, du moins temporaire, du nombre d’heures offertes par les employeurs.

Les femmes enregistrent une hausse de l’emploi plus élevée en juillet, mais l’emploi des hommes continue d’être plus près du niveau observé avant la crise économique

En juillet, l’emploi a progressé plus rapidement chez les femmes (+3,4 % ou +275 000) que chez les hommes (+1,5 % ou +144 000). Toutefois, en raison des pertes d’emplois plus importantes enregistrées chez les femmes en mars, l’emploi en juillet s’est situé plus près du niveau observé avant la crise économique chez les hommes que chez les femmes.

L’emploi a peu varié en juillet parmi les travailleurs du principal groupe d’âge actif (tant les hommes que les femmes) ayant des enfants de moins de 18 ans. Comme en juin, l’emploi en juillet a été le plus éloigné des niveaux observés avant la crise économique chez les mères dont les plus jeunes enfants étaient âgés de 6 à 17 ans.

Le nombre de Canadiens travaillant à domicile a continué de diminuer en juillet

Parmi les Canadiens qui étaient occupés et qui n’étaient pas absents du travail, le nombre de personnes travaillant à domicile a diminué de 400 000; à titre de comparaison, le nombre de personnes qui ont travaillé à un endroit autre que leur domicile a augmenté de 300 000. Malgré cette baisse, le nombre de Canadiens qui ont travaillé à domicile en juillet (4,6 millions) est demeuré considérablement plus élevé que le nombre de personnes qui le font habituellement (1,6 million).

Le rythme de l’amélioration baissera probablement à partir de juillet.

Il y avait encore 274 000 bons emplois de moins en juillet qu’en février dans le secteur de la production de biens. Il y avait encore 309 000 travailleurs de moins dans l’hébergement et la restauration, et 109 000 de moins dans l’information, la culture et les loisirs. Il faudra sans doute plus de temps pour retrouver ces emplois dans des secteurs de services, alors que les consommateurs restent plus près de chez eux. La relance dans la production de biens plafonnera un moment donné en raison de la faiblesse persistante du secteur pétrolier et gazier.

Le taux de chômage continue de diminuer par rapport au sommet atteint en mai

Le taux de chômage était à 10,9 % en juillet, en baisse de 1,4 point de pourcentage pour un deuxième mois consécutif et en baisse par rapport au sommet inégalé de 13,7 % en mai. Le taux de chômage était de 5,6 % en février.

Le nombre de chômeurs a reculé pour un deuxième mois consécutif en juillet, en baisse de 269 000 (-11,0 %). Malgré tout, près de 2,2 millions de Canadiens étaient au chômage en juillet, près de deux fois plus (+92,6 %) qu’en février (1,1 million).

En juillet, les mises à pied temporaires ont diminué nettement pour un deuxième mois consécutif, baissant de 384 000 (-45,5 %). Parmi les personnes mises à pied temporairement en juin, environ la moitié ont commencé un emploi en juillet, soit parce qu’elles sont retournées à leur ancien emploi, soit parce qu’elles en ont commencé un nouveau (données non désaisonnalisées). Malgré les fortes baisses enregistrées en juin et en juillet, le nombre de personnes mises à pied temporairement (460 000) était plus de quatre fois plus élevé qu’en février.

En juillet, le nombre de personnes à la recherche d’un emploi a augmenté de 115 000 (+7,1 %), principalement en raison de l’accroissement du nombre de personnes qui sont entrées dans la population active pour chercher du travail.

L’emploi augmente dans la plupart des provinces en juillet, particulièrement en Ontario et au Québec

En Ontario, l’emploi a augmenté de 151 000 (+2,2 %) en juillet, après une hausse de 378 000 en juin. Il est revenu à 91,7 % de son niveau de février, avant la pandémie. L’assouplissement initial des restrictions liées à la COVID-19 est survenu plus tard en Ontario que dans la plupart des autres provinces. Des mesures d’assouplissement supplémentaires ont été prises dans la plupart des régions de la province le 17 juillet, à la fin de la semaine de référence.

L’emploi dans la région métropolitaine de recensement de Toronto a progressé de 2,2 % en juillet. Il s’agit du même taux de croissance que celui de la province, même si l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 a commencé plus tard dans la capitale provinciale que dans la plupart des autres régions. L’emploi à Toronto a atteint 89,9 % de son niveau de février.

L’emploi au Québec a augmenté de 98 000 (+2,4 %) en juillet; cette augmentation s’ajoute aux hausses des deux mois précédents et ramène l’emploi à 94,4 % de son niveau d’avant la COVID. La hausse de l’emploi observée en juillet est entièrement survenue dans le travail à temps partiel. Le taux de chômage a reculé de 1,2 point de pourcentage pour s’établir à 9,5 %; il s’agit de la troisième baisse mensuelle consécutive.

L’emploi s’est accru moins rapidement à Montréal (+28 000 ou +1,3 %) que dans le reste du Québec, et il a atteint 94,4 % de son niveau de février.

Le nombre de Britanno-Colombiens en emploi a augmenté de 70 000 (+3,0 %) en juillet pour atteindre 93,5 % du niveau d’emploi de février. Le taux de chômage a reculé de 1,9 point de pourcentage pour s’établir à 11,1 %.

À Vancouver, l’emploi a progressé de 48 000 (+3,8 %) pour atteindre 89,9 % du niveau de février, une reprise plus faible que dans l’ensemble de la province.

En Alberta, l’emploi a augmenté de 67 000 (+3,2 %) en juillet, enregistrant des hausses tant dans le travail à temps plein que dans le travail à temps partiel. Le taux de chômage pour la province a diminué de 2,7 points de pourcentage en juillet pour s’établir à 12,8 %, la première baisse depuis la crise économique liée à la COVID-19.

En Saskatchewan, l’emploi a progressé de 13 000 (+2,5 %), et le taux de chômage a diminué de 2,8 points de pourcentage pour s’établir à 8,8 %.

L’emploi au Manitoba a augmenté (+12 000) pour un troisième mois consécutif, et le taux de chômage a diminué de 1,9 point de pourcentage pour s’établir à 8,2 %.

L’emploi à Terre-Neuve-et-Labrador a progressé de 4 300 (+2,1 %) en juillet; le taux de chômage a reculé de 0,9 point de pourcentage pour s’établir à 15,6 %.

En Nouvelle-Écosse, l’emploi a augmenté de 3 400 (+0,8 %) en juillet pour atteindre 92,7 % de son niveau de février. Le taux de chômage dans la province a diminué de 2,2 points de pourcentage pour s’établir à 10,8 %.

L’emploi à l’Île-du-Prince-Édouard s’est accru de 1100 en juillet (+1,5 %); cette hausse s’est ajoutée aux augmentations des deux mois précédents. Le taux de chômage a reculé de 3,5 points de pourcentage pour s’établir à 11,7 %.

Au Nouveau-Brunswick, l’emploi a peu varié en juillet, après avoir augmenté de 39 000 d’avril à juin. L’emploi dans la province, qui a été parmi les premières à commencer à assouplir les restrictions liées à la COVID-19, a atteint 96,6 % de son niveau de février, avant la COVID. Il s’agit de la reprise de l’emploi la plus complète de toutes les provinces à ce jour.

En somme

Les plus récentes données sur l’emploi sont très bonnes, mais les progrès faciles ont maintenant été réalisés, et la suite sera plus difficile. Il est évident que l’économie du Canada est tombée bien bas, et que certains emplois ont disparu pour de bon. L’hébergement et la restauration continuent de souffrir, comme les loisirs et le divertissement.

De nombreuses petites entreprises et certaines grandes entreprises ne survivront pas. Par contre, de nouveaux secteurs sont en plein essor, la pandémie ayant accéléré des forces technologiques qui étaient déjà en jeu. Je prévois une forte croissance de l’emploi dans les domaines nouveaux ou émergents suivants : télémédecine; mégadonnées; intelligence artificielle; infonuagique, cybersécurité; 5G; transports sans chauffeur; et énergie propre. Le magasinage en ligne continuera aussi de se répandre, les Canadiens ayant appris à utiliser les services de livraison et le commerce en ligne.

Malheureusement, ceux qui ont été le plus durement touchés par le confinement sont aussi ceux qui ont le moins le moyen d’y faire face. Bon nombre des emplois perdus ne reviendront pas.

Le Canada a bien réussi à aplatir la courbe de la pandémie. Toutefois, comme on le voit aux États-Unis, il ne faut pas baisser la garde. Avec la réouverture des écoles, le risque de propagation du virus augmentera. En outre, nul ne sait ce qu’apportera le retour du temps froid ni quand un vaccin sera largement disponible. Nous devons continuer d’espérer le mieux, mais nous préparer pour le pire. Pour le moment, notre économie démontre sa résilience et nos politiques gouvernementales amortissent le coup pour ceux qui souffrent le plus.

Au sud de la frontière : La situation des États-Unis face à la COVID est désastreuse

Presque tous les pays ont peiné face à la pandémie et ont commis des erreurs. Cependant, les États-Unis se démarquent, parmi les pays riches, par l’échec de sa réaction à la pandémie. Dans le dernier mois, environ 1,9 million d’Américains ont été déclarés positifs au virus. C’est plus de cinq fois autant que le total de l’Europe, du Canada, du Japon, de la Corée du Sud et de l’Australie.

« Même si certains de ces pays ont connu d’inquiétantes nouvelles éclosions depuis un mois, y compris 50 000 nouveaux cas en Espagne, … ce n’est rien à côté de ce qui se voit aux États-Unis, écrivait hier David Leonhardt dans le New York Times. La Floride, avec la moitié autant d’habitants que l’Espagne, a signalé presque 300 000 cas dans la même période. »

En outre, le complément fédéral de 600 $ par semaine aux prestations de chômage cessera à la fin de juillet. Jusqu’à présent, il a pu assurer un revenu minimum aux ménages, stimulant ensuite les dépenses des ménages. Par ailleurs, l’interdiction des expulsions de locataires a pris fin. Et le Congrès continue de se tirailler au sujet d’un nouveau programme d’aide.

Larry Kudlow, principal conseiller économique du président américain, a déclaré la semaine passée que l’économie était toujours sur la voie d’une reprise « en forme de V ». Voilà qui n’est aucunement plausible vu la suspension ou la réduction de l’aide fédérale, l’épuisement des fonds des États et des municipalités à qui la loi interdit des budgets déficitaires, et la montée continue de la maladie.

Les données de juillet sur l’emploi aux États-Unis révèlent que la relance économique continue de progresser. L’emploi a augmenté de 1,76 million dans le mois, davantage que ne le prévoyaient les économistes. Le taux de chômage a baissé jusqu’à 10,2 %. La mesure plus vaste des personnes sans emploi a aussi baissé, à 16,5 %,

Pour les États-Unis, la voie de l’avenir continuera d’être difficile. Les entreprises arrivent au bout de leurs prêts fédéraux, et la réduction des prestations de chômage limitera les dépenses de consommation. La reprise de l’économie américaine est fragile, comme continuent de l’indiquer des données de haute fréquence. La semaine du 31 juillet, les nouveaux cas de COVID ont encore augmenté. Certains États ont dû suspendre la marche vers la réouverture, ou même reculer. Les ventes en magasin sont en baisse, comme le sont les réservations en restaurant, la demande d’électricité, les ventes de billets d’avion et l’achalandage des transports en commun.

Au moment d’écrire ces lignes, les manchettes annoncent qu’aux États-Unis, les discussions sur l’aide face au virus sont près de la rupture, tandis que le président Trump envisage de prendre un décret sur une aide aux chômeurs. La confiance des consommateurs américains ne peut qu’être gravement ébranlée par tant d’incompétence. Le reste du monde en est éberlué.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca