En mai et juin, l’économie canadienne reprend presque la moitié du chemin perdu à la COVID
L’économie canadienne s’est nettement redressée en mai et juin, avec l’allègement des mesures provinciales de confinement.
Le PIB a progressé de 4,5 % en mai, et l’activité en juin était encore plus vive, avec une hausse estimée de 5 %. Cumulativement, le PIB a augmenté de 10 % en mai et juin, après avoir fondu de plus de 18 % en mars et avril. Ces données sont calculées de mois en mois.
Les chiffres laissent entrevoir un déclin d’environ 40 % du PIB du Canada, à un taux annuel, au deuxième trimestre, ce qui correspond assez bien aux projections des économistes. Au sud de la frontière, les États-Unis affichent une contraction de 33 % du PIB au deuxième trimestre. C’est la plus grande baisse jamais enregistrée (voir ci-dessous). Il n’est pas étonnant que l’économie du Canada ait souffert davantage que celle des États-Unis au T2, car le Canada a imposé plus rapidement des restrictions plus contraignantes que les États-Unis, puis les a allégées plus lentement. Ces restrictions au nom de la santé publique en valaient bien la peine, puisque le Canada a beaucoup mieux réussi à aplatir la courbe des nouvelles infections et des morts. En outre, l’économie canadienne reprendra sans doute plus vite qu’aux États-Unis au T3, démontrant l’avantage d’avoir donné la priorité à la santé publique.
La production canadienne était en hausse dans la plupart des sous-secteurs en mai. Les détaillants ont enregistré des hausses de plus de 10 % lors de la réouverture de nombreux magasins. La construction a aussi connu un net redressement, l’activité progressant de 17,6 % d’un mois à l’autre.
Les activités des services de restauration et des bars ont augmenté de 35,1 % en mai, grâce à l’ouverture des salles à manger et des terrasses dans certaines régions du pays, tandis que d’autres restaurants ont continué à offrir exclusivement des services de mets à emporter et des services de livraison. Par ailleurs, les services d’hébergement ont diminué de 2,3 %; les restrictions sur les voyages internationaux et interprovinciaux qui étaient toujours en vigueur ont poussé la plupart des Canadiens à rester chez eux.
Le secteur des services immobiliers et services de location et de location à bail a augmenté de 1,5 % en mai après avoir diminué de 3,4 % en avril. Les activités des bureaux d’agents et de courtiers immobiliers ont grimpé de 57,1 % au cours du mois. L’activité de revente de maisons a enregistré une hausse dans presque tous les grands centres urbains, et le nombre de nouvelles inscriptions a fortement augmenté. Néanmoins, la production des agents et des courtiers immobiliers est demeurée 44 % en deçà du niveau de février.
Le secteur des arts, spectacles et loisirs a baissé de 2,9 % de plus. Nous prévoyons que certains de ces secteurs de services continueront d’accuser un retard sur la reprise. La demande tardera à augmenter en raison des protocoles de sécurité subsistants et de la crainte d’une propagation du virus.
La production pétrolière est restée faible en mai, perdant encore 2,7 % par rapport à avril. L’activité de forage n’avait pas encore montré de signes de reprise notable au début de l’été.
L’économie américaine enregistre un recul record de 32,9 % au T2
Selon l’estimation initiale du département du Commerce, jeudi dernier, le PIB américain a baissé de 9,5 % au deuxième trimestre par rapport au premier, ce qui équivaut une chute au taux annualisé de 32,9 %. Il s’agit de la plus forte baisse annualisée des données trimestrielles depuis 1947. La chute du PIB dans le trimestre est proche des attentes. Il n’empêche qu’elle se démarque, atteignant plus du double du déclin total sur six trimestres, du sommet au creux, lors de la récession de 2008-2009.
Les dépenses de consommation, qui font environ deux tiers du PIB, ont baissé au taux annualisé de 34,6 %, ce qui est également un record. L’emploi, les dépenses et la production se sont améliorés depuis que les réouvertures ont accéléré en mai et que les Américains ont commencé à bénéficier des vastes mesures fédérales de stimulation. Cependant, une récente flambée des infections a tempéré le rythme de la reprise.
Le chômage aux États-Unis
Selon un autre rapport publié jeudi dernier, le nombre d’Américains demandant des prestations de chômage a augmenté une deuxième semaine de suite. Les demandes initiales en vertu des régimes ordinaires des États se sont élevées à 1,43 million la semaine se terminant le 25 juillet, soit 12 000 de plus que la semaine précédente, a révélé le département du Travail. Il y avait 17 millions d’Américains demandant des prestations de ces programmes dans la période se terminant le 18 juillet, soit 867 000 de plus que la semaine précédente.
Le redémarrage de l’économie a aidé à remettre 7,5 millions d’Américains au travail, au total en mai et juin, mais le total des travailleurs reste inférieur de 14,5 millions à son sommet d’avant la pandémie.
« Nous avons vu ces dernières semaines des signes que l’augmentation des cas du virus et les mesures renouvelées pour y parer commencent à peser sur l’activité économique », a dit mercredi Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, lors d’une conférence de presse après la réunion d’orientation de deux jours de la banque centrale. « Au total, il semble que les données annoncent un ralentissement de la reprise », bien qu’il soit trop tôt pour savoir quelle sera la portée – ou la durée – de cette période, a-t-il estimé. Voilà qui vient rappeler qu’il y a des limites à la mesure dans laquelle l’économie peut retrouver une nouvelle normalité en l’absence d’un vaccin ou de traitements plus efficaces.
D’après Bloomberg News, l’économie américaine est au point mort pour une quatrième semaine consécutive alors que les cas du virus continuent d’augmenter et que certaines mesures de confinement ont été remises en vigueur. Dans la semaine se terminant le 24 juillet, il y a eu une baisse de l’utilisation des transports en commun, du nombre de passagers des compagnies aériennes, du nombre de demandes de prêt hypothécaire, de la confiance des consommateurs et des ventes dans les magasins.
Par ailleurs, un supplément hebdomadaire de 600 $ aux prestations de chômage, qui a été une véritable bouée de sauvetage économique pour des millions d’Américains, prend fin aujourd’hui. Républicains et démocrates continuent de s’opposer sur la voie à suivre maintenant. Pendant ce temps, les morts dues au coronavirus dépassent maintenant les 152 000 aux États-Unis, avec de nouveaux records au Texas et en Floride. Et le Dr Anthony Fauci prévient que la maladie se répand rapidement dans le Midwest.
En somme
L’économie canadienne reprend plus rapidement que l’économie américaine en ce début de relance.
Une partie du rebondissement constaté au Canada – en particulier sur le marché du logement – est probablement attribuable à la demande qui a été refoulée pendant le confinement. Des mesures inédites de soutien du revenu ont aussi aidé à étayer le pouvoir d’achat des ménages à court terme. À eux seuls, les paiements de la Prestation canadienne d’urgence semblaient surpasser les pertes totales de revenu pendant le ralentissement d’avril. Nous prévoyons qu’il en ira de même en mai, dont nous aurons les chiffres sur l’emploi et les salaires dans la semaine à venir.
La menace d’une résurgence du virus continuera de limiter la mesure dans laquelle l’économie peut se rétablir au deuxième semestre de l’année. D’ailleurs, l’activité dans le secteur du pétrole et du gaz reste exceptionnellement faible. Nous prévoyons encore qu’au quatrième trimestre, la croissance du PIB sera inférieure de plus de 5 % à un an plus tôt, et le taux de chômage sera surélevé. Il est toutefois possible que le Canada connaisse une meilleure progression que les États-Unis à très court terme, pourvu que la propagation du virus reste relativement bien contenue.
D’après des chiffres préliminaires de juillet publiés par Recherche économique RBC, le commerce de détail et les activités de loisir continuent de se rétablir plus rapidement au Canada que dans les États américains souffrant d’une flambée des cas de COVID (voir le graphique ci-dessous).