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13 Avr

La Banque du Canada augmente ses prévisions, mais garde ses taux inchangés

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Depuis maintenant de nombreuses années, le gouverneur Stephen Poloz et ses collègues de la Banque du Canada ont maintenu le taux cible du financement à un jour inchangé à 1/2 %, alors que la Réserve fédérale américaine a augmenté ses taux plusieurs fois, et d’autres hausses sont à venir. Aux États-Unis, le taux de chômage se situe à peine à 4,5 pour cent, ce qui démontre que le plein-emploi est atteint ou presque, et les responsables de l’élaboration des politiques de la Fed ont suggéré de réduire leurs liquidités cette année et l’an prochain. Une fois encore aujourd’hui, la Banque du Canada a maintenu son taux cible de financement à un jour stable, tout en haussant ses prévisions sur le plan économique.

Les économistes prévoient maintenant que l’économie canadienne progressera d’environ 2,5 pour cent, comparativement à 1,4 pour cent l’année dernière, et à un maigre 0,9 pour cent l’année précédente. En effet, l’activité économique s’est sensiblement accélérée depuis le milieu de l’année dernière, ayant augmenté à un taux annuel de 4,3 pour cent au cours de cette période de sept mois. La création d’emplois a connu une forte croissance depuis l’été. L’enquête sur les perspectives des entreprises suggère que les investissements des entreprises, ayant sous-performé de manière décevante, sont sur le point d’augmenter alors que le secteur pétrolier sort de cette ornière causée par le choc des prix du pétrole au milieu de l’année 2014. La croissance des exportations s’est sensiblement accélérée depuis février, ce qui, espérons-le, n’est pas qu’une aberration d’un mois, et l’activité dans le secteur du logement est demeurée vigoureuse, d’ailleurs trop forte dans la région du Grand Toronto et ses environs, ainsi que dans certaines parties de la Colombie-Britannique.

Personne ne s’attend à ce que la Banque du Canada augmente ses taux simplement en raison du marché du logement puisque les marchés du logement ne sont pas dans une situation de surchauffe dans le reste du Canada.

Dans le Rapport sur la politique monétaire d’aujourd’hui, la Banque a augmenté ses prévisions quant à l’économie canadienne à 2,6 pour cent pour cette année alors qu’elle avait prévu 2,1 pour cent dans le Rapport de janvier. Quant à l’année 2018, on prévoit maintenant une croissance de 1,9 pour cent (soit un peu plus faible que la prévision de janvier). La Banque suggère toutefois que « la composition de la demande globale s’est avérée inégale ». Selon le Rapport sur la politique monétaire d’aujourd’hui, « Dans le secteur pétrolier et gazier, on assiste à une relance de la croissance des dépenses d’investissement sous l’effet d’importants ajustements face à la baisse passée des prix des produits de base. Conjuguée à une activité très soutenue sur le plan de la consommation et de l’investissement résidentiel, cette relance a contribué à une accélération temporaire de la croissance au premier trimestre. En revanche, les investissements des entreprises et exportations hors produits de base restent faibles, ce qui soulève des questions sur la durabilité à moyen terme de la reprise ».

« L’activité économique sera soutenue par la hausse de la demande étrangère, les mesures de relance budgétaire fédérales ainsi que les conditions monétaires et financières expansionnistes. En outre, la composition de la croissance de la demande devrait se diversifier : les dépenses des ménages, surtout l’investissement résidentiel, se modèrent, alors que la part des exportations et des investissements des entreprises augmente, mais à une cadence beaucoup plus lente qu’habituellement, à ce stade du cycle. La persistance des défis sur le plan de la compétitivité et l’incertitude entourant les perspectives d’évolution du commerce international devraient limiter cette diversification de la croissance. Une montée notable du protectionnisme à l’échelle internationale demeure la plus importante source d’incertitude pesant sur l’économie canadienne. »

Les prévisions de la Banque demeurent un peu sous l’opinion générale des économistes de Bay Street. Depuis plusieurs trimestres, la Banque a sous-estimé la croissance. Le Rapport sur la politique monétaire suggère que « si la marge de capacités excédentaires a diminué depuis janvier, la Banque juge qu’au premier trimestre de 2017, elle est restée notable, se situant entre 1 1/4 et 1/4 % ». On prévoit maintenant que l’écart de production se refermera au cours de la première moitié de 2018, soit un peu plus tôt que la Banque l’avait prévu en janvier.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca