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13 Juil

La Banque du Canada hausse le taux de 100 points de base

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Publié par: Robert Perrier

Hausse exceptionnelle des taux, qui en annonce encore d’autres
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a augmenté le taux directeur à un jour d’un plein point de pourcentage, le portant à 2½ %. La Banque poursuit aussi sa politique de resserrement quantitatif, réduisant son portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada et augmentant ainsi encore la pression à la hausse des taux d’intérêt à plus long terme.

Dans un communiqué publié ce matin, la Banque affirme que « [l]’inflation au Canada est plus élevée et persistante que la Banque le prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire [RPM] d’avril, et restera probablement autour de 8 % au cours des prochains mois. […] Même si des facteurs mondiaux comme la guerre en Ukraine et les perturbations continues de l’approvisionnement ont été les principaux moteurs de l’inflation, les pressions intérieures sur les prix attribuables à la demande excédentaire gagnent en importance. Plus de la moitié des composantes de l’indice des prix à la consommation affichent maintenant une hausse supérieure à 5 %. »

La Banque s’inquiète surtout du risque que les pressions inflationnistes s’enracinent. Les récentes enquêtes auprès des consommateurs et des entreprises indiquent une augmentation des attentes d’inflation, et d’une inflation plus élevée pendant plus longtemps. L’inflation salariale s’est accélérée, atteignant 5,2 % selon l’Enquête sur la population active de juin. Le taux de chômage a baissé à un niveau inédit de 4,9 %, le taux de postes vacants atteignant un sommet record en Ontario et en Alberta.

Dans le monde entier, les banques centrales augmentent décisivement les taux d’intérêt, et la croissance ralentit. « Aux États-Unis, l’inflation élevée et les taux d’intérêt en hausse contribuent à un ralentissement de la demande intérieure. L’économie chinoise est plombée par des vagues de restrictions visant à contenir les éclosions de COVID-19. Les prix du pétrole restent élevés et volatils. La Banque s’attend à ce que la croissance économique mondiale ralentisse pour s’établir à environ 3½ % cette année et 2 % en 2023, avant de se raffermir pour atteindre 3 % en 2024. »

La demande excédentaire a manifestement continué d’augmenter au Canada. « La demande étant forte, les entreprises répercutent sur les consommateurs les coûts plus élevés des intrants et de la main-d’œuvre en montant les prix. La consommation est robuste, tirée par un rebond des dépenses en services pour lesquels la distanciation est difficile. Les investissements des entreprises sont solides et les exportations sont stimulées par les prix élevés des produits de base. La Banque estime que le PIB a progressé d’environ 4 % au deuxième trimestre. La progression devrait ralentir pour s’établir autour de 2 % au troisième trimestre, à mesure que la croissance de la consommation se modérera et que l’activité sur le marché du logement reculera après avoir affiché, durant la pandémie, une vigueur qui ne peut pas être maintenue. »

Dans le RPM de juillet, publié aujourd’hui, la Banque indique sa prévision que l’économie du Canada progressera de 3,4 % en 2022 – ce qui correspond au consensus des prévisions –, de 1,75 % en 2023 et de 2,5 % en 2024. Certains économistes prévoient déjà une croissance plus faible l’an prochain, correspondant à une légère récession. La Banque n’est pas encore allée si loin.

« L’activité ralentira à mesure que la croissance mondiale s’essoufflera et que le resserrement de la politique monétaire fera sentir ses effets dans l’économie, affirme la Banque du Canada. Ces facteurs, conjugués à la résolution des perturbations de l’approvisionnement, rétabliront l’équilibre entre l’offre et la demande et atténueront les pressions inflationnistes. Les prix mondiaux de l’énergie devraient aussi reculer. Selon la projection de juillet, l’inflation commencera à redescendre plus tard cette année pour se situer autour de 3 % à la fin de l’année prochaine et retournera à la cible de 2 % à la fin de 2024. »

En somme
Les communications d’aujourd’hui de la Banque du Canada ont confirmé que le Conseil de direction juge encore que les taux d’intérêt vont devoir augmenter davantage, et « le rythme des hausses sera guidé par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et de l’inflation ». Encore une fois, la Banque a affirmé qu’elle est « est déterminé[e] à tenir son engagement à assurer la stabilité des prix et continuera de prendre les mesures nécessaires en vue de l’atteinte de la cible d’inflation de 2 % ».

À 2,5 %, le taux directeur est au milieu de sa plage « neutre ». Ce niveau est celui auquel la politique monétaire est réputée n’être ni expansionniste ni restrictive. Le gouverneur Macklem a dit prévoir que la Banque augmentera la cible à 3 % ou un peu plus. Avant les annonces d’aujourd’hui, les marchés s’attendaient à ce que le taux à un jour se situe à 3,5 % à la fin de l’année.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drsherrycooper@dominionlending.ca