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11 Sep

La Banque du Canada maintient le taux à 25 points de base

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada mise sur l’assouplissement quantitatif

Tel que promis, la Banque du Canada a maintenu son taux cible du financement à un jour à sa valeur plancher effective de 25 points de base, étant clairement entendu que des taux directeurs négatifs ne sont pas envisagés. Au lieu, la banque centrale misera sur de vastes achats d’actifs – assouplissement quantitatif (AQ) –, à raison d’au moins 5 milliards de dollars par semaine d’obligations du gouvernement du Canada. L’AQ ajoute de la liquidité dans le système financier et maintient les rendements du marché à un niveau faible. La Banque a entamé un programme énergique d’AQ au début de la pandémie, et y renoncera seulement quand l’économie aura récupéré et que l’inflation sera stable à 2 %. Il faudra peut-être des années. Par exemple, l’Ontario a suspendu les réouvertures face à une remontée des cas d’infection. De nombreux responsables de la santé publique prévoient que les infections augmenteront avec l’ouverture des écoles et l’arrivée du temps froid. Le gouvernement se prépare à une possible deuxième vague. Les responsables des politiques ont toutefois atténué le discours quant à des mesures les plus contraignantes.

« De façon générale, a déclaré la Banque, les économies mondiale et canadienne évoluent conformément au scénario présenté dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM) de juillet, l’activité se redressant en phase avec la levée des mesures de confinement dans chaque pays. La Banque s’attend toujours à ce que cette phase de réouverture vigoureuse soit suivie d’une période de récupération prolongée et inégale, pendant laquelle l’économie s’appuiera fortement sur des mesures de relance. Le rythme de la reprise reste étroitement lié à l’évolution de la pandémie de COVID-19 et des mesures de distanciation sociale nécessaires pour contenir la propagation du virus. »

Au Canada, le PIB réel a chuté de 11,5 % (39 % en taux annualisé) au deuxième trimestre; la première moitié de l’année s’est donc conclue avec une baisse d’un peu plus de 13 %, ce qui correspond essentiellement au scénario intermédiaire évoqué dans le RPM de juillet. Comme prévu, toutes les composantes de la demande globale se sont affaiblies. Les conditions financières mondiales sont demeurées expansionnistes. Même si les prix de certains produits de base se sont raffermis, les cours du pétrole restent faibles.

Avec la réouverture de l’économie, la reprise de l’activité au troisième trimestre semble plus rapide qu’on le prévoyait en juillet. L’activité économique est soutenue par les programmes gouvernementaux de remplacement du revenu et de subvention des salaires. Les marchés de financement essentiels fonctionnant bien, l’utilisation des programmes de liquidité à court terme offerts par la Banque a diminué. La politique monétaire contribue à soutenir les dépenses des ménages et les investissements des entreprises en rendant le crédit plus abordable.

L’activité dans le secteur de l’habitation a été particulièrement forte, avec un volume important de revente de maisons en juillet et août. Avec des taux hypothécaires à un niveau plus bas que jamais, les acheteurs satisfont leur aspiration à disposer d’un logement plus spacieux et à échapper à la congestion des centres-villes. Cet exode urbain n’est pas simplement anecdotique. Il permet d’en obtenir davantage pour le même prix, et pour ceux, nombreux, qui travaillent désormais à domicile, le problème des longues navettes quotidiennes ne se pose pas. Le graphique ci-dessous indique que les banlieues éloignées de Toronto ont vu la plus grande augmentation des ventes depuis la relance du marché au début de juin.

Par ailleurs, la construction de nouvelles maisons a grimpé à son plus haut niveau en plus d’une décennie en août, après avoir déjà fortement augmenté en juillet. Les marchés de Toronto et de Vancouver étaient les plus vigoureux, surtout pour les multilogements.

Les dépenses des ménages ont nettement rebondi au cours de l’été, la consommation de biens et l’activité dans le secteur du logement ayant été plus fortes que prévu. Un rebond fort, mais inégal, de l’emploi a aussi été constaté. Les exportations se redressent étant donné le renforcement de la demande étrangère, mais elles sont encore largement inférieures à leurs niveaux d’avant la pandémie. La confiance et les investissements des entreprises restent modérés. Bien que les récentes données recueillies pendant la phase de réouverture soient encourageantes, la Banque s’attend toujours à une récupération lente et en dents de scie, l’économie subissant les effets de l’incertitude et de défis structurels.

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation est près de zéro – les prix de l’énergie et les services de voyage exerçant des pressions à la baisse –, et devrait demeurer bien en deçà de la cible à court terme. Les mesures de l’inflation fondamentale se situent entre 1,3 et 1,9 %, compte tenu des capacités excédentaires considérables de l’économie, et la mesure qui est la plus influencée par les prix des services affiche la plus faible croissance.

En somme

La Banque a fait valoir que « pendant la transition de la réouverture à la récupération, des mesures de politique monétaire exceptionnelles devront continuer de soutenir l’économie. Le Conseil de direction maintiendra le taux directeur à sa valeur plancher jusqu’à ce que les capacités excédentaires de l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable. Pour renforcer cet engagement et garder les taux d’intérêt bas sur toute la courbe de rendement, la Banque poursuit ses achats à grande échelle d’actifs au rythme actuel. Ce programme d’assouplissement quantitatif sera maintenu jusqu’à ce que la reprise soit bien engagée, et sera modulé de façon à procurer le niveau de détente monétaire nécessaire pour soutenir la reprise et atteindre l’objectif d’inflation. »

La Banque tiendra sa prochaine réunion sur les taux le 28 octobre, quand elle publiera ses prochaines prévisions dans le RPM. Une hausse des taux est improbable cette année ou en 2021.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca