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16 Juil

La Banque du Canada maintient les taux et poursuit son programme d’assouplissement quantitatif

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada maintient le taux cible jusqu’à ce que l’inflation se stabilise à 2 %

La Banque du Canada, avec son nouveau gouverneur Tiff Macklem, affirme vouloir être parfaitement claire : les taux d’intérêt resteront bas très longtemps. Dans cette optique, elle communique des « indications prospectives », précisant qu’elle n’augmentera pas les taux avant que la capacité ne soit absorbée et que l’inflation arrive à sa cible de 2 % pour y rester de façon durable. Elle estime qu’il faudra au moins deux ans. En outre, elle indique que dans ses perspectives « intermédiaires », les risques sont baissiers. La période de taux restant extrêmement bas pourrait donc se prolonger. La Banque a aussi clairement indiqué qu’elle n’envisage pas des taux d’intérêt négatifs. Le taux d’intérêt de référence reste à 0,25 %, ce qui semble être sa limite inférieure.

La Banque poursuit aussi son programme d’assouplissement quantitatif, procédant à des achats d’au moins 5 milliards de dollars d’obligations du gouvernement du Canada par semaine. Le programme d’achat d’obligations de provinces et de sociétés continuera tel qu’annoncé. La Banque reste prête à ajuster ses programmes si les conditions du marché le justifient.

Avec le taux de référence effectivement à son niveau plancher, c’est par l’assouplissement quantitatif que la Banque fait baisser les taux d’intérêt à moyen et long terme. Elle réduit ainsi les coûts des emprunts pour les ménages et les entreprises du Canada. La Banque pose l’hypothèse que le virus restera présent toute la période des prévisions, c’est-à-dire deux ans.

La Banque a publié ses nouvelles prévisions économiques dans le numéro de juillet de son Rapport sur la politique monétaire (RPM). Le RPM présente un scénario intermédiaire pour la croissance mondiale et canadienne, plutôt que les projections économiques habituelles. Le scénario intermédiaire est fondé sur les hypothèses énoncées dans le RPM, y compris qu’il n’y aura pas de vaste deuxième vague du virus au Canada ou à l’échelle mondiale.

L’économie canadienne commence à remonter, à l’heure où elle se remet en marche après les fermetures qui étaient nécessaires pour limiter la propagation du virus. Selon les estimations, l’activité économique du deuxième trimestre était inférieure de 15 % à son niveau de la fin 2019. Il s’agit du plus grand déclin depuis la Grande Dépression, qui est toutefois sensiblement moins grave que les pires scénarios évoqués dans le RPM d’avril. Des mesures budgétaires et monétaires aussi décisives que nécessaires ont soutenu les revenus et assuré la disponibilité de crédit, amortissant le choc et jetant les bases de la reprise.

Le RPM reconnaît sans ambages que la pandémie de COVID-19 a causé « une situation d’urgence sanitaire mondiale et une catastrophe économique ». La trajectoire future de la pandémie est impossible à prévoir en soi, et son évolution dans le temps et dans différentes régions reste très incertaine.

Au Canada, le nombre de nouvelles infections a fortement diminué par rapport au sommet d’avril, et la reprise économique s’est amorcée dans l’ensemble des provinces et des territoires ainsi que dans de nombreux secteurs. L’activité économique s’intensifie donc considérablement avec l’assouplissement des mesures visant à maîtriser le virus. La Banque du Canada prévoit un fort rebond de l’activité économique à la phase de réouverture, suivi d’une phase de récupération plus longue, mais aussi inégale d’une région et d’un secteur à l’autre (figure 1 ci-dessous). Par conséquent, la production économique canadienne ne retrouvera probablement pas son niveau d’avant la pandémie avant un certain temps. Bien des travailleurs et des entreprises peuvent s’attendre à connaître une période prolongée de difficultés.

Il y a des indications précoces que la réouverture des entreprises et la demande refoulée mènent à un rebond initial de l’emploi et de la production. Selon le scénario intermédiaire, environ 40 % du recul du premier semestre sera récupéré au troisième trimestre. Par la suite, la Banque prévoit que la récupération de l’économie ralentira et que la pandémie continuera d’influer sur la confiance et le comportement des consommateurs, et que l’économie devra relever des défis de fond. Par conséquent, dans le scénario intermédiaire, le PIB réel baisse de 7,8 % en 2020, puis retrouve la croissance : 5,1 % en 2021 et 3,7 % en 2022. La Banque prévoit qu’il restera des capacités excédentaires dans l’économie car la demande ne se rétablira pas aussi vite que l’offre. Il y aura ainsi d’importantes pressions désinflationnistes.

En somme

Le gouverneur Macklem a dit en conférence de presse vouloir que les Canadiens retiennent, d’après les annonces d’aujourd’hui de la Banque du Canada, que « les taux d’intérêts canadiens sont très bas et resteront très bas pendant une très longue période ». La réouverture de l’économie canadienne est bien en voie. L’activité économique a touché le fond en avril et a commencé à remonter en mai, puis s’est accélérée en juin. Environ 1,5 million d’emplois, sur 3,0 millions perdus en mars-avril, ont été ajoutés en mai et juin.

Certains secteurs, comme la vente de véhicules automobiles, ont déjà connu une forte reprise depuis avril. De même, l’activité dans le secteur du logement a brusquement chuté durant le confinement, mais commence à reprendre rapidement. En revanche, la situation de certains des secteurs les plus durement touchés – comme ceux de la restauration, du voyage et des services de soins personnels – ne s’améliore que depuis quelques semaines, et on s’attend à ce qu’ils continuent d’être confrontés à d’importants défis.

Le graphique ci-dessous, provenant du RPM de juillet, indique que les habitudes de consommation des ménages ont changé depuis l’arrivée de la pandémie. Certains changements pourraient être durables. Dans le scénario intermédiaire, les effets du ralentissement et la baisse de l’immigration font que l’activité des ménages reste réduite sur quelques années. Après un regain d’activité à court terme grâce à la demande refoulée, l’investissement résidentiel augmente lentement à mesure que le revenu et la confiance se redressent.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca