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2 Mar

La peur du virus s’empare du Canada

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Publié par: Robert Perrier

 La peur du virus s’empare du Canada

Comme s’il n’y avait pas déjà assez de volatilité dans l’air, une nouvelle vague d’anxiété face à un virus chambarde les marchés financiers mondiaux. Le nouveau coronavirus COVID-19 continue de se propager, semant pour un septième jour la panique sur les marchés boursiers et obligataires du monde entier. Le cours des actions s’est effondré en Asie, en Europe, aux États-Unis et au Canada. Le délestage est motivé principalement par le souci que les mesures prises pour contenir le virus ne pèsent sur les bénéfices des entreprises et n’entravent la croissance économique, sans empêcher que l’épidémie ne s’aggrave.

Les taux d’intérêt sont en forte baisse, jusqu’à des niveaux record reflétant une désaffection des actions et de produits de base comme le pétrole en faveur de refuges comme les obligations gouvernementales et l’or. Au Canada, le rendement obligataire à cinq ans a baissé jusqu’à 1,16 % ce matin, une perte de 50 points de base jusqu’à présent cette année et 65 points plus bas qu’un an plus tôt (voir le graphique ci-dessous). Les taux hypothécaires sont étroitement liés au rendement des obligations gouvernementales sur cinq ans, donc il est probable que les taux hypothécaires continueront de subir une pression baissière. Les prix du pétrole ont fortement diminué, ce qui est particulièrement douloureux pour les provinces des Prairies. Le cours du pétrole brut WTI a chuté à près de 45 $US le baril, contre 62,50 $ plus tôt cette année.

Le dollar canadien a aussi souffert, baissant à 0,7468 $US contre un sommet de 0,7712 cette année.

L’économie canadienne était déjà à la peine, comme l’indiquent les données du PIB au quatrième trimestre, publiées aujourd’hui. Selon Statistique Canada, l’économie était presque à l’arrêt au quatrième trimestre, suite au plus fort déclin des exportations depuis 2017 et à une baisse des investissements des entreprises. Les dépenses des ménages étaient toutefois favorables, reflétant un marché du travail vigoureux et des salaires en hausse.

Les données mensuelles de décembre, également publiées aujourd’hui, sont plus fortes que prévu. L’économie avait donc un bel élan en abordant 2020, avant que le coronavirus ne gâche la situation.

La faible croissance de 0,3 % au quatrième trimestre était prévue en raison d’une série de facteurs temporaires, y compris une grève ferroviaire d’une semaine, des perturbations dans les usines de fabrication et des fermetures de pipelines. Même si une légère progression a été enregistrée en décembre, le premier trimestre sera assurément handicapé par les barricades ferroviaires et les perturbations dans l’approvisionnement et les voyages ainsi que la baisse du tourisme provoquées par le virus.

En somme : Sur les marchés boursiers, il n’est jamais judicieux de vendre sous le coup de la panique. Le TSX était en baisse de 550 points à l’ouverture ce matin, après la fermeture d’hier. Les transactions ont été suspendues jeudi vers 14 h, pour des raisons techniques.

Tout cela n’est favorable ni pour la psychologie, ni pour l’économie.

La Banque du Canada tient une réunion mercredi prochain. À l’évidence, son communiqué abordera ces enjeux. Il est peu probable que la Banque réduise les taux le 4 mars. Cependant, si les perturbations économiques perdurent, les taux pourraient baisser d’ici le milieu de l’année.

Le nouveau test de résistance sera en place le 6 avril. Si les taux sont alors au niveau d’aujourd’hui, le taux admissible pour les emprunteurs hypothécaires serait plus de 40 à 50 points de base sous les 5,19 % d’aujourd’hui. Voilà qui stimulera encore un marché du logement déjà effervescent.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca