L’économie canadienne a crû au taux annuel de 3,7 %, ce qui est plus élevé que ce qui avait été prévu au cours de l’année dernière, entraînant le taux de chômage à son niveau le plus faible depuis près de dix ans. L’économie du Canada étant la plus vigoureuse parmi les pays du G7, Ottawa prévoit maintenant un déficit plus petit qu’il l’avait fait en mars dernier. Le gouvernement libéral réduit la projection de son déficit pour l’exercice financier se terminant le 31 mars à un peu moins de 20 milliards de dollars, comparativement à la prévision de 28,5 milliards de dollars qu’il avait faite dans le budget de mars. Il s’attend maintenant à ce que le déficit cumulatif des cinq prochains exercices financiers s’élève à 86,5 milliards de dollars, comparativement aux 120 milliards de dollars prévus antérieurement.
Le ministre des Finances Bill Morneau a annoncé hier de nouvelles dépenses de l’ordre de 7,7 milliards de dollars sur six ans, ce qui porte le total des nouvelles dépenses depuis le budget de mars à 19,1 milliards de dollars sur six ans. Ces mesures de stimulation supplémentaires sont annoncées alors que l’économie fonctionne à un rythme beaucoup plus rapide que son rythme non inflationniste potentiel à long terme, se rapprochant rapidement de la pleine utilisation de ses capacités. La Banque du Canada a déjà augmenté les taux d’intérêt à deux reprises depuis l’été et se réunit à nouveau mercredi. Bien que nous nous attendions à ce que la Banque ne hausse pas les taux aujourd’hui, il se peut que des mesures fiscales supplémentaires entraînent un resserrement de la politique monétaire, ce qui signifie des taux d’intérêt plus élevés que prévu. Des taux d’intérêt plus élevés ralentissent les dépenses sensibles aux taux d’intérêt et rien n’est plus sensible aux taux d’intérêt que les achats de maisons. Considérant l’inquiétude du gouvernement relativement aux dettes des ménages qui atteignent un niveau record, une politique monétaire plus serrée risque fort d’être bien accueillie.
Les interventions répétées du gouvernement ont déjà contribué à ralentir le marché du logement. Récemment, l’organisme de réglementation fédéral des institutions financières, le BSIF, a resserré les simulations de crise pour les emprunteurs dont les prêts hypothécaires ne sont pas assurés; cette mesure entrera en vigueur en janvier.
Le système de prestations pour enfants amélioré a indéniablement contribué au déficit budgétaire. Le gouvernement a annoncé hier qu’il indexerait l’Allocation canadienne pour enfants à l’inflation à compter de juillet 2018, soit deux ans avant le moment prévu. Il a également élargi la Prestation fiscale pour le revenu de travail, laquelle complète les gains des travailleurs à faible revenu, à compter de 2019. Il a aussi réduit le taux d’imposition des petites entreprises pour le fixer à 10 %, ce qui a été annoncé la semaine dernière, et il a glissé des changements dans le système fiscal faisant en sorte que « les faibles taux d’imposition des sociétés servent à appuyer les entreprises, et non à procurer des avantages fiscaux inéquitables au 1 % des Canadiens les plus riches ». À ce sujet, Ottawa imposera une nouvelle taxe sur les revenus de placement détenus dans des sociétés privées dont il présentera les détails dans son budget de 2018.
L’équipe de Justin Trudeau a fait volte-face sur trois propositions fiscales dévoilées par Bill Morneau en juillet et a présenté de nouveaux détails dans sa mise à jour mardi. Une restriction sera appliquée à ce qu’on appelle la répartition du revenu, c’est-à-dire le fait de rémunérer des membres de la famille qui ne travaillent pas pour l’entreprise, au moyen de nouvelles règles législatives, plus tard cette année. Les libéraux imposeront également une taxe sur les revenus de placement détenus dans des sociétés privées lorsqu’ils excèdent 50 000 $ par année et les nouvelles règles à ce sujet seront connues lors du budget de 2018. Il a abandonné une troisième proposition, laquelle changeaient les règles sur les gains en capital.
Malgré la perspective économique améliorée, il n’y a aucune prévision quant au retour à l’équilibre budgétaire, bien que le ratio de la dette au PIB chute plus rapidement que dans le budget de 2017. |