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5 Sep

Le gouverneur Poloz maintient les taux

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Comme prévu, la Banque du Canada a maintenu son taux de financement à un jour à 1,5 % ce matin, affirmant que la flambée surprise de l’inflation mesurée par l’IPC en juillet, qui a atteint 3 %, est grandement attribuable à une hausse soudaine des tarifs aériens. La Banque s’attend à ce que l’inflation redescende autour de 2 % au début de 2019, à mesure que les effets des hausses passées des prix de l’essence se dissiperont. Les mesures de l’inflation fondamentale utilisées par la Banque demeurent fermement autour de 2%, ce qui cadre avec une économie qui se heurte à une pleine capacité depuis quelque temps. La croissance des salaires demeure également modérée.

Les informations récentes sur l’économie mondiale correspondent aux prévisions de la Banque énoncées dans le Rapport sur la politique monétaire de juillet (RPM). Aux États-Unis, l’économie a été particulièrement vigoureuse, augmentant au rythme de 4,2 % au deuxième trimestre. Cela se compare au taux de croissance du Canada de 2,9 % au trimestre dernier, lequel suit un rythme d’expansion économique de 1,4 % au premier trimestre. La croissance enregistrée au cours du deuxième trimestre aux États-Unis a témoigné de la vigueur des dépenses de consommation et des investissements des entreprises. Au Canada, on s’attend à ce que la croissance au troisième trimestre ralentisse temporairement, surtout en raison des fluctuations de la production et des exportations d’énergie.

En fait, Statistique Canada a indiqué ce matin que le déficit commercial du Canada a presque complètement disparu. Une hausse considérable des exportations aux États-Unis, combinée à une baisse des importations, a fait en sorte que le déficit sur marchandises global du Canada est à son niveau le plus faible depuis décembre 2016.

L’excédent du commerce des marchandises du Canada par rapport aux États-Unis, ciblé par le président Donald Trump dans le cadre des négociations de l’ALENA, a augmenté à son niveau le plus élevé de la décennie. Statistique Canada affirme que les gains dans les exportations mondiales sont surtout attribuables aux automobiles et à l’énergie, dont la plupart étaient en route vers les États-Unis. Le pétrole brut a été responsable des gains sur le plan énergétique, les prix ayant augmenté de 9,4 % en juillet. Quant au recul dans les importations, il est attribuable aux aéronefs et aux minerais métalliques.

Ces chiffres sont susceptibles d’influer sur le redémarrage des pourparlers bilatéraux à Washington sur l’ALENA, alors que l’administration Trump a négocié une nouvelle entente avec le Mexique et a menacé d’exclure le Canada, et d’imposer des tarifs sur l’automobile, si le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau ne fait pas de concessions, particulièrement sur la gestion de l’offre des produits laitiers et les mécanismes de règlement des différends.

La Banque du Canada a souligné que « les tensions commerciales élevées restent un des principaux risques qui pèsent sur les perspectives mondiales, et elles exercent des pressions à la baisse sur le prix de certains produits de base… Elle surveille également de près le déroulement des négociations concernant l’ALENA et l’évolution d’autres politiques commerciales, ainsi que leur incidence sur les perspectives d’inflation ».

En maintenant le taux, la Banque du Canada a fait preuve de sagesse lors de la réunion de politiques de ce matin compte tenu de l’incertitude persistante sur le plan de l’ALENA. Une entente sur l’ALENA offrirait à la banque centrale davantage d’aisance pour envisager un cycle à la hausse qui a déjà fait augmenter le taux cible de financement à un jour quatre fois depuis le milieu de 2017.

Faisant remarquer que « l’activité sur le marché du logement commence à se stabiliser, du fait que les ménages sont en train de s’ajuster aux taux d’intérêt plus élevés et aux changements apportés aux politiques en matière de logement », la Banque a réaffirmé que l’économie se porte suffisamment bien pour justifier des taux d’intérêt plus élevés dans le futur afin d’atteindre la cible de l’inflation. Une autre hausse du taux pourrait survenir dès la prochaine réunion de politiques qui aura lieu le 24 octobre prochain.

On s’attend généralement à ce que l’entente sur l’ALENA soit conclue d’ici là, ouvrant la voie à la Banque pour poursuivre le resserrement de la politique monétaire. Selon Bloomberg News, « Les investisseurs ont la quasi-certitude que, d’ici octobre, la Banque du Canada aura augmenté les coûts d’emprunt pour la cinquième fois depuis le début du cycle de hausse en juillet 2017, et que deux augmentations supplémentaires sont à prévoir d’ici le milieu de 2019. »

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca