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30 Mai

Le gouverneur Poloz ouvre la voie pour une hausse de taux en juillet

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Comme prévu, la Banque du Canada a maintenu son taux à 1,25 % pour le troisième mois consécutif, mais a indiqué que la croissance observée pendant le premier trimestre a été plus importante que prévu et que les développements constatés depuis avril suggèrent que des taux d’intérêt plus élevés seraient justifiés. Les données sur le PIB du premier trimestre seront publiées demain matin et il est évident que la croissance au cours de ce trimestre sera supérieure au chiffre de 1,3 % que la banque avait projeté dans le Rapport sur la politique monétaire d’avril. Cela ouvre la voie pour une hausse de taux, et ce, peut-être dès la prochaine réunion qui se tiendra le 11 juillet. Le dollar canadien a repris de la vigueur à la suite de cette nouvelle, alors que plusieurs craignaient que la réaction de la banque soit en retard par rapport à une hausse récente de l’inflation globale, d’ailleurs provoquée par le prix du pétrole plus élevé, et à des marchés de l’emploi très serrés.

L’incertitude demeure relativement à l’ALENA, atténuant les investissements globaux des entreprises. Les entreprises canadiennes veulent une résolution claire et stable des conflits commerciaux avec les États-Unis, situation qui demeure problématique. Les investissements des entreprises ont augmenté au cours du premier trimestre et le sondage sur les perspectives commerciales publié à la fin juin donnera à la banque centrale une fenêtre sur les intentions des entreprises avant sa prochaine réunion de politiques.

En ce qui a trait au marché du logement, le communiqué de la banque indiquait que « l’activité de revente dans le secteur du logement est demeurée atone au deuxième trimestre, le marché de l’habitation continuant de s’ajuster aux nouvelles lignes directrices sur les prêts hypothécaires et aux taux d’emprunt plus élevés. Pour la période à venir, la solide croissance du revenu du travail conforte les attentes selon lesquelles l’activité dans le secteur du logement se redressera et la consommation continuera de contribuer de façon importante à la croissance en 2018. »

Tout le monde ne partage pas cet optimisme. La semaine dernière, la publication des bénéfices des banques a démontré que les ventes de prêts hypothécaires ont ralenti considérablement comparativement à douze mois auparavant et certains ont même avancé que cette faiblesse prévaudrait pour le reste de l’année. Le taux hypothécaire publié, lequel est utilisé pour déterminer l’admissibilité des emprunteurs, a augmenté à 5,34 %, ce qui rend encore plus difficile pour certains d’obtenir l’approbation, particulièrement auprès de prêteurs assujettis à la réglementation fédérale. Les taux hypothécaires variables sont beaucoup plus faibles et l’écart entre les taux fixes et les taux flottants ont atteint des sommets historiques.

Conclusion : La déclaration de la banque centrale a été plus sévère que prévu, laissant entrevoir qu’il devrait y avoir une hausse des taux en juillet et une autre est probablement à prévoir pour octobre. La Banque du Canada a augmenté les taux à trois reprises depuis le milieu de l’année dernière alors que l’économie approchait de la pleine capacité. La banque est dans un mode d’attente depuis janvier, attendant prudemment de voir les résultats des négociations commerciales et le degré de ralentissement dans le secteur du logement. Ces facteurs détermineront le rythme des futures hausses de taux, la Banque estimant que le taux neutre est établi à 3 %, ce qui est plus du double du taux courant de financement à un jour. La banque s’approchera seulement très graduellement de ce niveau, en tenant compte de l’impact du surendettement des ménages.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca