Le budget présenté aujourd’hui annonce pour 10 milliards de dollars de propositions visant à réduire le coût du logement au Canada (voir l’encadré ci-dessous). Le problème fondamental est une offre insuffisante pour satisfaire à la demande d’une population en forte hausse. Du fait de la politique fédérale voulant augmenter rapidement l’immigration depuis 2015, la formation de ménages a augmenté bien plus vite que le nombre de maisons terminées, tant à louer qu’à acheter. La demande excédentaire a fait grimper les prix des maisons, au-delà de la portée des Canadiens à revenu moyen.
Les mesures annoncées dans le budget d’aujourd’hui pour augmenter la construction de logements, quoique bienvenues, paraissent timides. Le fédéral peut influencer la construction de logements à faible coût par l’entremise de la SCHL. Cependant, la construction domiciliaire est surtout du ressort des administrations municipales, avec leur lourdeur administrative, leurs restrictions de zonage et leurs délais. Le gouvernement fédéral a augmenté les fonds qui aideront les gouvernements locaux à s’attaquer à ces problèmes, mais le syndrome du « pas dans ma cour » continue de faire obstacle à la densification dans de nombreux quartiers.
L’annonce phare d’une interdiction de deux ans de l’investissement étranger dans les propriétés résidentielles peut paraître raisonnable. Pourtant, selon Phil Soper, président de Royal LePage : « L’effet sur les prix des maisons sera négligeable. Nous savons, d’après la période de la pandémie quand les prix ont grimpé pratiquement sans argent étranger, que notre problème est “fait au Canada”. »
M. Soper estime, comme le rapporte le Financial Post, que des mesures comme un compte d’épargne libre d’impôt aideraient les jeunes Canadiens à réaliser leur rêve d’acheter une maison dans un marché immobilier normal. Par contre, comme l’offre est faible et que les prix ont augmenté pendant la pandémie, de telles mesures ne peuvent qu’ajouter à la demande sans régler la question de l’offre. Du reste, seuls les acheteurs d’une première maison pourraient en profiter.
Une charte des droits des acheteurs de propriétés qui mettrait fin aux offres à l’aveugle et assurerait le droit à une inspection de la propriété et la transparence de l’historique des prix de vente dans les recherches de titres est aussi une bonne nouvelle.
L’Incitatif à l’achat d’une première propriété a été prolongé jusqu’en mars 2025. Ce programme a été un fiasco. Les acheteurs ne veulent pas partager l’avoir net de leur maison avec la SCHL. Le fédéral tente de le relancer, « [explorant] des options pour rendre le programme plus souple et mieux adapté aux besoins des acheteurs d’une première propriété, y compris les ménages monoparentaux ». Jusqu’à présent, les limites du programme l’ont rendu futile dans des marchés coûteux comme ceux de Toronto et de Vancouver. |