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15 Mar

Le marché du logement du Canada continue de ralentir

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Publié par: Robert Perrier

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Les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI) révèlent un deuxième recul consécutif dans les ventes de maisons dans une grande partie du pays. La hausse des taux hypothécaires et les règles d’admissibilité plus serrées ont durement touché les acheteurs d’une première maison, les ventes ayant été devancées l’année dernière en raison de l’entrée en vigueur des nouvelles règles du BSIF.

En février, les ventes de maisons existantes ont chuté de 6,5 % à l’échelle nationale, poursuivant le déclin amorcé en janvier. Les chiffres des ventes de février ont affiché le total mensuel le plus bas en près de cinq ans. Au cours des deux premiers mois de 2018, les ventes de maisons ont chuté de 19,4 %. Les ventes ont subi un recul dans près des trois quarts des marchés locaux, des chutes mensuelles marquées ayant été constatées dans le Grand Vancouver et le Grand Toronto, de même que leurs environs.

En comparant les ventes d’une année à l’autre, nous constatons que l’activité s’est effondrée de 16,9 % par rapport au sommet du début de 2017 et que les ventes ont atteint leur niveau le plus bas en cinq ans pour les mois de février. Le mois dernier, les ventes ont affiché un recul de 7 % par rapport à la moyenne des mois de février des dix dernières années.

À Toronto, les ventes de maisons existantes ont reculé de près de 35 % comparativement au rythme record atteint en février 2017. Dans la région du Grand Vancouver, les ventes ont chuté de 9 % d’une année à l’autre, soit 14,4 % sous la moyenne des ventes des mois de février au cours des dix dernières années. Un porte-parole de l’ACI a déclaré que « l’élan des ventes à l’amorce du deuxième trimestre risque aussi de s’essouffler en raison de l’incertitude du marché immobilier en Colombie-Britannique, où de nouvelles politiques en matière de logement ont été mises en œuvre à la fin de février. »

Selon les tendances des prix expliquées ci-dessous, le déclin dans les prix, tant à Toronto qu’à Vancouver, semble s’appliquer presque entièrement aux maisons individuelles non attenantes de haut de gamme, alors que la tranche du niveau intermédiaire du marché, surtout des appartements en copropriété et des maisons en rangée, demeure active.

À Ottawa et à Montréal, on a mieux fait que la plupart des autres endroits, les ventes ayant peu changé comparativement à il y a un an. Ailleurs, les ventes à Calgary et à Edmonton ont été inférieures à celles du mois précédent et modestes par rapport à il y a un an. Par contre, la plupart des estimations indiquent un marché faible et relativement stable, ignorant les changements attribuables au BSIF.

D’un mois à l’autre, les trois quarts des marchés du logement ont connu un déclin des ventes, alors que seules deux provinces, l’Î.-P.-É. (+2,98 %) et le N.-B. (+0,79 %) ont enregistré des augmentations. La C.-B. est en tête des reculs, à la baisse de 12,7 % d’un mois à l’autre, alors que la région du Grand Vancouver affiche une baisse de 15,8 % et la vallée du Fraser une chute de 16,3 %. Calgary (-8,6 %), la région du Grand Toronto (-8,2 %) et plusieurs marchés du Grand Golden Horseshoe, dont Hamilton (-12,1 %) et Oakville (-8,8 %) ont également accusé un recul considérable au cours du mois.

Nouvelles inscriptions 
Le nombre de nouvelles inscriptions a grimpé de 8,1 % en février après une chute vertigineuse de plus de 20 % en janvier. Malgré l’augmentation mensuelle en février, les nouvelles inscriptions à l’échelle nationale ont tout de même affiché un résultat inférieur aux niveaux mensuels enregistrés chaque mois de l’année dernière, mis à part janvier. Elles se situaient à 6,4 % en deçà de la moyenne mensuelle sur 10 ans, et à 14,6 % en deçà du sommet atteint en décembre 2017.
Les nouvelles inscriptions étaient en hausse dans près des trois quarts des marchés locaux. Le Lower Mainland de la Colombie-Britannique, le Grand Toronto, Ottawa et Montréal étaient en tête de l’augmentation mensuelle. Malgré la hausse mensuelle des nouvelles inscriptions, ces marchés demeurent en terrain d’équilibre ou continuent de favoriser les propriétaires-vendeurs.

Les ventes étant en baisse et les nouvelles inscriptions ayant affiché une hausse en février, le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions a reculé à 55 % par rapport aux 63,7 % de janvier. Si l’on effectue une comparaison entre le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et sa moyenne à long terme, près des trois quarts de tous les marchés locaux étaient en équilibre en février 2018.

On comptait 5,3 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de février 2018, soit le niveau le plus élevé en deux ans et demi, qui correspond également à la moyenne à long terme des 5,2 mois.

Les prix des maisons
À l’échelle nationale, l’Indice des prix des propriétés (IPP) MLS global et composé a grimpé de 6,9 % d’une année à l’autre en février, affichant la dixième décélération consécutive dans les gains d’une année à l’autre. Cela a poursuivi la tendance amorcée en avril dernier lorsque la province de l’Ontario a annoncé ses nouvelles mesures en matière de logement qui comportaient une taxe de 15 % imposée aux acheteurs de maisons étrangers qui ne sont pas résidents. Le ralentissement d’une année à l’autre constaté dans la croissance des prix des maisons reflète surtout la tendance qui prévaut dans le marché du Grand Golden Horseshoe. Dans cette région, les prix se sont stabilisés ou ont montré des signes modestes de regain au cours des derniers mois; toutefois, les résultats des comparaisons d’une année à l’autre risquent de continuer à se détériorer en raison de la montée rapide des prix il y a un an.

À l’échelle nationale, les appartements en copropriété ont encore affiché les hausses de prix les plus importantes d’une année à l’autre en février (+20,1 %), suivis des maisons en rangée (+11,8 %), des maisons unifamiliales à un étage (3,5 %) et des maisons unifamiliales à deux étages (+1,0 %).
Dans la région du Grand Toronto, l’IPP MLS composé a augmenté de 3,2 % d’une année à l’autre, ce qui est attribuable à une hausse de 18,8 % des prix des appartements en copropriété d’une année à l’autre et à une croissance de 7,5 % des prix des maisons en rangée. Les prix de maisons unifamiliales non attenantes ont un peu diminué comparativement à ceux de février 2017.

En février, les prix des propriétés de référence ont affiché une hausse par rapport à l’an dernier dans 10 des 13 marchés suivis par l’IPP MLS® (voir le tableau ci-dessous). Les prix des propriétés de référence composés dans le Lower Mainland, en Colombie-Britannique, ont continué de grimper après avoir connu une courte baisse au cours du deuxième semestre de 2016 (Grand Vancouver : +16,9 % d’une année à l’autre; vallée du Fraser : +24,1 % d’une année à l’autre). Les prix des propriétés de référence des maisons ont affiché une hausse d’environ 14 % d’une année à l’autre à Victoria et d’environ 20 % ailleurs sur l’île de Vancouver.
Dans la région du Grand Toronto, les augmentations des prix de référence ont considérablement ralenti, mais demeurent 3,2 % au-dessus des niveaux de l’année précédente. Même si les prix des maisons à Oakville-Milton ont affiché une légère baisse comparativement à l’an passé (-1,9 %), les tendances mensuelles de ces prix ont commencé à montrer des signes de stabilisation ou de légère augmentation au cours des derniers mois.
Les prix des propriétés de référence n’ont pratiquement pas bougé à Calgary d’une année à l’autre (+0,1 %), alors que ceux de Regina et de Saskatoon ont affiché une baisse par rapport à février 2017 (‑4,8 % d’une année à l’autre et -3,8 % d’une année à l’autre, respectivement).
Les prix des propriétés de référence ont augmenté de 7,7 % d’une année à l’autre à Ottawa (poussés par une hausse de 8,9 % du prix des maisons unifamiliales à deux étages). Le Grand Montréal a connu une augmentation de 6,1 % d’une année à l’autre (surtout en raison de l’augmentation de 8,8 % des prix des maisons en rangée). Les prix de référence ont augmenté de 5 % dans le Grand Moncton (cela étant surtout attribuable à une augmentation de 6,4 % des prix des maisons unifamiliales à un étage).

Conclusion
Les marchés du logement continuent de s’ajuster aux resserrements réglementaires du gouvernement et aux taux hypothécaires plus élevés. La frénésie spéculative s’est calmée et les nombreuses situations d’enchérissement à Toronto et dans les environs ne sont plus monnaie courante. Les prix des maisons unifamiliales non attenantes demeureront faibles pendant quelque temps et les marchés résidentiels sont maintenant équilibrés ou en faveur des acheteurs partout au pays. Le secteur le plus chaud demeure celui des appartements en copropriété à Toronto et à Vancouver où les acheteurs font face à une offre limitée. En raison du ralentissement dans le secteur du logement, du ralentissement généralisé de l’économie canadienne et de l’incertitude commerciale importante, la Banque du Canada demeurera prudente.

Comme la Banque du Canada l’a indiqué la semaine dernière, la croissance du crédit aux ménages a ralenti au cours des derniers mois en raison du ralentissement du crédit hypothécaire résidentiel. L’augmentation des taux d’intérêt risque de créer un effet défavorable relativement aux dépenses de consommation et une politique monétaire plus serrée pourrait faire dérailler une économie déjà fragile. Il ne faudrait pas s’attendre à ce que la Banque du Canada augmente son taux à court terme.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca