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7 Déc

Le taux de chômage canadien a chuté à un creux historique de 42 ans en novembre

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Dans un contexte où tellement de mauvaises nouvelles fusent de partout au sujet de l’économie, Statistique Canada a publié ce matin un rapport fantastique sur les emplois, atténuant les inquiétudes concernant la santé de l’économie.

Le nombre d’emplois a augmenté de 94 100 en novembre, cela étant surtout attribuable aux emplois à temps plein qui ont été enregistrés dans l’ensemble des secteurs. Il s’agit de la hausse mensuelle du nombre d’emplois la plus élevée enregistrée dans les statistiques qui remontent à 1976. Le taux de chômage a chuté à 5,6 %, ce qui est également le plus bas dans les données, alors qu’il atteignait 5,8 % en octobre.

La vigueur de l’emploi était inattendue, les économistes ayant prévu une augmentation de seulement 10 000. Cette semaine, la Banque du Canada a brossé le tableau d’une économie qui fait face à des effets défavorables substantiels, évoquant un avertissement de turbulences dans le secteur pétrolier, le gouvernement ayant imposé des réductions de production de pétrole en Alberta, et une guerre commerciale possible entre les États-Unis et la Chine. Depuis la décision prise mercredi par la banque centrale de laisser inchangé le taux d’intérêt, qui a été annoncée dans un communiqué de presse véritablement pessimiste, les marchés ont établi qu’il n’y aurait qu’une seule hausse en 2019.

Certains analystes vont jusqu’à croire que le cycle de hausses de taux est déjà terminé, après cinq augmentations depuis le milieu de 2017. « À mon avis, la Banque du Canada a terminé, un point c’est tout », a déclaré David Rosenberg, économiste en chef et stratège de Gluskin Sheff + Associates Inc., dans un rapport à l’intention de ses clients cette semaine.

Dans le cadre d’un discours prononcé jeudi, le gouverneur Poloz a réitéré sa vision selon laquelle la banque devra, à un certain moment, ramener le taux directeur actuel de 1,75 % dans une « fourchette neutre » qui se situe entre 2,5 % et 3,5 % – signalant l’environnement où le chômage est faible, l’inflation près de la cible et une économie près de l’utilisation totale de sa capacité.

Le rapport vigoureux de novembre sur la main-d’œuvre fait en sorte qu’une augmentation de taux demeure possible en janvier, mais seulement si cela est confirmé par de nouveaux indicateurs économiques vigoureux et s’il n’y a pas de revirement dans le rapport sur les emplois de décembre.

Le dollar canadien s’est renforcé à la suite de cette nouvelle, ayant considérablement chuté au cours des trois journées précédentes, et les taux d’intérêt du marché ont affiché une tendance à la hausse pour la première fois depuis une semaine et demie. Le rendement des obligations du gouvernement sur cinq ans, un indicateur important des taux hypothécaires fixes sur cinq ans, a augmenté de trois points de base, compensant un peu le recul mensuel.

Même la zone de production pétrolière de l’Alberta a affiché de la vigueur, ajoutant 23 700 emplois au cours du mois et faisant reculer le taux de chômage d’un point de pourcentage pour atteindre 6,3 %, ce qui représente son niveau le plus faible depuis 2015 (voir le graphique et le tableau ci-dessous).

L’emploi a augmenté dans six provinces, notamment au Québec, en Ontario et en Alberta, tandis qu’il a peu varié dans les quatre provinces de l’Atlantique. En Ontario, l’emploi a augmenté de 20 000 comparativement à octobre en raison d’une hausse du travail à temps plein. Le nombre de chômeurs a peu varié et le taux de chômage s’est maintenu à 5,6 %. En Colombie-Britannique, le nombre de personnes en emploi a augmenté de 16 000 en novembre. Le taux de chômage a augmenté de 0,3 point de pourcentage pour s’établir à 4,4 %. Le nombre de personnes en emploi a augmenté de 5 500 en Saskatchewan. Le taux de chômage a diminué de 0,7 point de pourcentage pour s’établir à 5,5 %, ce qui marque une deuxième baisse en trois mois. En novembre, le nombre de Manitobains occupant un emploi a augmenté de 2 600. Le taux de chômage a diminué de 0,4 point de pourcentage pour se fixer à 5,7 %, en raison d’une baisse du nombre de personnes à la recherche de travail.

Le secteur privé a dominé les augmentations dans les emplois le mois dernier, alors que l’emploi a progressé dans les services professionnels, scientifiques et techniques; les soins de santé et l’assistance sociale; la construction; les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien; le transport et l’entreposage ainsi que l’agriculture. Parallèlement, l’emploi a diminué dans le secteur de l’information, de la culture et des loisirs. Dans le secteur de la construction, l’emploi a augmenté de 15 000, sous l’effet de la hausse enregistrée en Colombie-Britannique, laquelle a été en partie contrebalancée par une baisse observée à Terre-Neuve-et-Labrador. Comparativement à 12 mois plus tôt, l’emploi dans le secteur a peu varié.

L’emploi a augmenté tant chez les femmes que chez les hommes du principal groupe d’âge actif (de 25 à 54 ans), de même que chez les personnes plus âgées (55 ans et plus), pour qui la hausse était concentrée chez les hommes.

Emplois dans l’industrie du cannabis

Pour la première fois, Statistique Canada a fait rapport sur les emplois liés au cannabis. La consommation de cannabis à des fins non médicales a été légalisée au Canada le 17 octobre 2018. Le nombre de personnes occupant un emploi lié au cannabis en novembre s’est chiffré à 10 400, ce qui constitue une augmentation de 7 500 (+266 %) par rapport à 12 mois plus tôt. Les emplois liés au cannabis en novembre 2018 se trouvaient principalement dans le secteur agricole (58 %), et consistaient en l’exécution de tâches comme la coupe de bourgeons. Le reste des emplois étaient répartis dans un certain nombre d’autres secteurs, comme les services d’enseignement, les soins de santé et le commerce de détail.

Une plus grande proportion d’hommes que de femmes occupaient ces emplois (79 % comparativement à 21 %). L’âge médian des travailleurs dans ce domaine était de 35 ans, ce qui est inférieur à l’âge médian des travailleurs des autres domaines (40 ans). Pratiquement tous les travailleurs dans le domaine du cannabis travaillaient à temps plein et occupaient des postes permanents. C’est en Ontario que l’emploi dans le domaine du cannabis était le plus élevé, soit environ 5 700, ce qui représente plus de la moitié du total national. L’Ontario est la province qui compte la plus forte concentration de producteurs autorisés.

Affaiblissement des salaires

La seule composante négative observée dans le rapport sur les emplois de novembre a été le ralentissement de la croissance des salaires. Les gains annuels ont considérablement décéléré à 1,7 % en novembre, la croissance la plus lente depuis juillet 2017, comparativement à 2,2 % le mois précédent. La croissance des salaires des travailleurs permanents s’est établie à 1,5 %, également la plus lente en plus d’un an. Cela se compare à la croissance de 3,1 % d’une année à l’autre aux États-Unis.

Les États-Unis ont affiché des emplois et des salaires plus faibles que prévu en novembre

Aux États-Unis, les emplois et les salaires ont moins augmenté que prévu en novembre alors que le taux de chômage a atteint son niveau le plus faible en presque cinquante ans, indiquant que la modération s’installe dans un marché de l’emploi qui demeure en bonne santé.

Le nombre de travailleurs non agricoles a augmenté de 155 000, après un gain révisé à la baisse de 237 000 le mois précédent, dans un rapport du département du Travail publié vendredi. L’estimation médiane, selon un sondage de Bloomberg, a fait état d’une augmentation de 198 000. La moyenne des salaires horaires a augmenté 0,2 % par rapport au mois précédent, comparativement à des prévisions de l’ordre de 0,3 %; les salaires ont donc correspondu aux projections sur une base annuelle, à la hausse de 3,1 % pour un deuxième mois.

L’effet des tarifs a commencé à se faire sentir, les gains en emplois chez les fabricants de métaux de première transformation et de métaux ouvrés étaient à la hausse, mais ceux qui utilisent ces produits de métal, comme les fabricants d’automobiles et de pièces d’automobiles, ont connu des réductions du nombre d’emplois.

Les embauches de Noël n’ont pas égalé le rythme de l’année dernière, le nombre d’emplois au détail ayant augmenté de 18 000, environ 10 000 de moins qu’à la même époque l’an dernier, surtout dans les grands magasins. Ces hausses ont été en partie contrebalancées par les baisses d’emploi dans les magasins de meubles, de vêtements et d’accessoires, les magasins d’appareils électroniques et d’électroménagers, et les librairies. Cela a peut-être quelque chose à voir avec la tendance à la hausse du magasinage en ligne, le nombre d’emplois dans les services de courrier et messagerie ayant considérablement augmenté.

La mesure élargie du chômage appelée U-6, ou le taux de sous-emploi, a augmenté de 7,4 % à 7,6 %. Cette mesure comprend les travailleurs à temps partiel qui veulent un emploi à temps plein et les gens qui sont moins actifs dans la recherche d’un emploi.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca