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9 Mar

Le taux de chômage du Canada atteint son plus faible niveau depuis 40 ans

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Statistique Canada a annoncé ce matin que le taux de chômage du Canada se situe à son plus faible niveau depuis quarante ans alors que la croissance sur le plan de l’emploi a rebondi, confirmant que le marché du travail est à son plein emploi, ou tout près. Le Canada a ajouté 15 400 nouveaux emplois nets le mois dernier et le taux de chômage a connu une légère baisse pour se situer à 5,8 %, son niveau le plus faible enregistré depuis 1976. Cette situation survient après la perte de 88 000 emplois en janvier. Cependant, les gains reflètent une montée du nombre d’emplois à temps partiel, lesquels ont augmenté de 54 700. Le nombre d’emplois à temps plein a diminué de 39 300, ce qui est un retournement par rapport à ce qui s’est produit en janvier et, pour la première fois en cinq mois, le nombre d’emplois à temps plein a chuté. La plus grande partie de l’augmentation du nombre d’emplois au cours de la dernière année et demie est attribuable aux postes à temps plein, ces derniers ayant bondi de près de 500 000 emplois nets pendant cette période.

La croissance des salaires a décéléré à 3,1 % en février, après avoir atteint 3,3 % le mois précédent, son rythme le plus rapide depuis 2015. Les gains sur le plan des salaires ont été accentués par la hausse du salaire minimum en Ontario, le mois dernier.

L’Ontario a enregistré la chute mensuelle du nombre d’emplois la plus importante en janvier (à la baisse de 50 900) qui s’inscrit dans la foulée de la hausse des salaires. La province a été en tête de la croissance des emplois en février, mais n’a compensé qu’une petite partie des pertes de janvier avec seulement 15 700 nouveaux emplois. L’emploi a également été à la hausse au Nouveau-Brunswick et en  Nouvelle-Écosse, alors qu’il a pris du recul en Saskatchewan et est demeuré plutôt stable en Colombie-Britannique. Il convient de noter qu’en Alberta, le taux de chômage a chuté à 6,7 %, un point et demi de pourcentage de moins que l’année dernière, alors que le taux de participation provincial a un peu ralenti en février.

La majeure partie des gains est attribuable au secteur public (+50 300), bien que le secteur privé ait ajouté 8 400 emplois nets. Ce qui a empêché une augmentation globale du nombre d’emplois a été le recul du nombre de travailleurs autonomes, à la baisse de 43 000 en février après quatre mois d’augmentations nettes.
L’augmentation du mois dernier est surtout due aux industries productrices de services, particulièrement les secteurs des soins de santé et de l’éducation. Le secteur de la fabrication a enregistré une perte de 16 500 travailleurs au cours du mois. Le nombre de personnes travaillant dans le secteur des ressources naturelles a augmenté de 7 600 en février, ce qui représente une croissance de l’emploi de 3,4 % par rapport à 12 mois plus tôt. L’emploi dans ce secteur connaît une tendance à la hausse depuis le deuxième semestre de 2016.

Les secteurs de la finance, des assurances, des services immobiliers et des services de location et de location à bail, qui ont été durement touchés par le ralentissement dans le secteur du logement, ont connu une chute des emplois de 12 000 le mois dernier, n’affichant aucune croissance par rapport à 12 mois plus tôt. 

Les données sur l’emploi publiées aujourd’hui correspondent à la croissance canadienne qui se situe autour de 2,0 %. Le gain net de février de 15 400 emplois est probablement ce à quoi nous pouvons nous attendre en moyenne cette année puisque l’économie atteint presque sa pleine capacité. À 3,1 % en février, la croissance des salaires s’est avérée au dessus de sa moyenne à plus long terme de 2,6 % pour le quatrième mois consécutif. Cela ne déclenchera pas d’avertissements inflationnistes de la part de la banque centrale puisque la Banque du Canada a souligné cette semaine qu’elle estime toujours que la croissance des salaires se situera sous ce qui est normal dans une économie sans ralentissement du marché du travail. Cela laisse croire que la banque maintiendra sa position prudente.

Croissance des emplois aux États-Unis alors que l’augmentation des salaires diminue

Aux États-Unis, les emplois non agricoles ont augmenté de 313 000 en février, comparativement à une attente de gains nets de l’ordre de 200 000. Les gains ont été faits essentiellement dans le secteur privé et ont été révisés à la hausse comparativement aux deux mois précédents, en ajoutant un autre 54 000 emplois. Le taux de chômage est demeuré à 4,1 % pour le cinquième mois d’affilée, alors qu’un nombre grandissant de nouveaux travailleurs se sont joints au marché du travail. Le taux d’activité à la hausse reflétant le retour des travailleurs découragés peut être un facteur qui empêche la hausse des salaires.

La croissance des salaires, qui a affiché une augmentation modeste de 0,2 % d’un mois à l’autre en février, a fléchi à 2,6 % d’une année à l’autre comparativement à un niveau de 2,8 % le mois précédent. Les salaires ont tout de même augmenté à un rythme annualisé de 3,0 % au cours des trois derniers mois. La croissance considérable des salaires a effrayé le marché le mois dernier, mais il semblerait qu’elle ne se fasse plus sentir.

Les données sur les emplois publiées aujourd’hui indiquent que le marché de l’emploi américain demeure vigoureux et qu’il continuera de contribuer à la croissance économique, alors que les chiffres sur les salaires affichent un certain refroidissement à la suite d’un rythme qui a stimulé la turbulence financière le mois dernier, craignant que la Réserve fédérale augmente les taux d’intérêt plus rapidement. Le taux de chômage demeure considérablement sous les estimations de la Fed en ce qui concerne les niveaux viables à long terme.

Le nouveau président de la Réserve fédérale Jerome Powell présidera sa première réunion du Federal Open Market Committee les 20 et 21 mars. La question que les acteurs du marché se posent est à savoir si les dirigeants de la banque centrale maintiendront leurs projections de trois hausses de taux cette année, ou s’ils augmenteront leur perspective à quatre.

Le président Donald Trump a déclaré que la loi sur les baisses d’impôt qu’il a signée en décembre favoriserait la croissance économique et stimulerait les emplois et les salaires. En même temps, ses tarifs sur les importations d’acier et d’aluminium peuvent entraîner l’effet contraire selon l’ampleur de leur mise en œuvre et la façon dont les autres pays répliqueront. Le Canada peut pousser un soupir de soulagement pour le moment puisque Donald Trump a fait un revirement de dernière minute pour exempter des tarifs les partenaires des États-Unis dans l’ALENA. Le président a fait preuve d’un optimisme inhabituel sur le sort de l’ALENA, mais a répété sa menace de résilier l’entente si les pourparlers ne sont pas concluants.

« Aujourd’hui, nous faisons des progrès », a indiqué Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères du Canada, à Toronto, jeudi, selon Bloomberg News. Elle a dit que le Canada poursuivrait jusqu’au moment où « la perspective de ces droits de douane disparaisse totalement et de manière permanente », ajoutant qu’il serait inconcevable d’appliquer des tarifs à un proche allié militaire comme le Canada pour des raisons de sécurité nationale.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca