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6 Avr

Le taux de chômage du Canada demeure à son plus faible niveau depuis 40 ans

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Statistique Canada a annoncé ce matin que le nombre d’emplois a augmenté de 32 000 en mars, ce qui est plus élevé que prévu, surtout en raison des emplois à temps plein. À 5,8 %, le taux de chômage est demeuré inchangé et il est toujours à son niveau le plus bas en 40 ans, ce qui indique que l’économie est à plein-emploi ou presque.
Au premier trimestre de 2018, l’emploi a légèrement diminué (-40 000 ou -0,2 %) par suite de la baisse observée en janvier. Si on regarde à plus long terme, les emplois ont été sur une pente ascendante depuis le deuxième semestre de 2016, malgré une faiblesse des prix dans le secteur du pétrole. Au cours de l’année dernière, l’emploi total a augmenté de près de 300 000 (+1,6 %), poussé par une augmentation du travail à temps plein et un déclin net des emplois à temps partiel; il s’agit d’une excellente nouvelle pour l’économie. Pendant la même période, le total des heures travaillées a augmenté de 2,2 %.

Le nombre d’emplois a augmenté au Québec et en Saskatchewan, alors qu’il y a eu peu de variation dans le reste du pays. Comme le tableau ci-dessous le démontre, la Colombie-Britannique continue d’afficher le taux de chômage le plus faible au Canada, ce dernier étant stable à 4,7 %, et elle est suivie par l’Ontario, à 5,5 %. Le Québec est au troisième rang avec un taux de chômage quelque peu inférieur à celui de l’Ontario, sa meilleure performance relative depuis de nombreuses années. En Saskatchewan, le taux de chômage a un peu augmenté le mois dernier pour s’établir à 5,8 % et celui du Manitoba a également augmenté. Une hausse marquée de l’emploi a été enregistrée en Alberta, alors que le taux a chuté de 6,7 % à 6,3 %, poursuivant ainsi la tendance des derniers mois. La région atlantique a, quant à elle, continué d’afficher la proportion de sans-emplois la plus élevée au Canada. Bien que le taux de chômage ait affiché un recul en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, il a augmenté à l’Île-du-Prince-Édouard, ainsi qu’à Terre-Neuve-et-Labrador.

Du point de vue sectoriel, les gains en emplois sont surtout attribuables au secteur de la construction (+18 300), ce qui représente plus de la moitié de la croissance des emplois le mois dernier. Il s’agit de la performance la plus solide en ce qui concerne les emplois dans le secteur de la construction depuis février 2016. Comparativement aux 12 mois précédents, l’emploi dans ce secteur a augmenté de 54 000 (+3,8 %), et la plupart des gains ont été enregistrés dans le deuxième semestre de l’année dernière. On a aussi constaté des augmentations dans les secteurs des administrations publiques et de l’agriculture. Le nombre d’employés du secteur public a augmenté, tandis que le nombre d’employés du secteur privé et de travailleurs autonomes était stable. Le nombre de personnes travaillant dans la finance, les assurances, l’immobilier et le crédit-bail a légèrement diminué de 0,4 % le mois dernier par rapport à 12 mois plus tôt. La fabrication a pesé sur l’économie, le secteur perdant 8 300 emplois en mars, reflétant peut-être l’incertitude liée à l’ALENA.

Une autre bonne nouvelle pour les Canadiens est que la moyenne des augmentations de salaire annuelles a été établie à 3,2 % au cours du premier trimestre de 2018, la hausse trimestrielle la plus importante depuis 2015.
Le rapport sur l’emploi du mois de mars réaffirme que l’économie canadienne est très près du plein-emploi avec peu de marge laissée par la forte performance économique du Canada, l’an dernier. Des niveaux de croissance mensuelle des emplois « normaux » sont de 15 000 à 20 000.

Les salaires ont montré des signes encourageants au cours des derniers mois, alors que les marchés de l’emploi se sont resserrés. Les augmentations de salaire annuelles ont atteint 3,3 % en mars, comparativement à 3,1% en février.

La Banque du Canada devra tenir compte de nombreux éléments lors de sa prochaine réunion de politiques, le 18 avril prochain. L’optimisme grandissant à l’égard d’une entente préliminaire sur l’ALENA n’a pas encore déclenché d’attentes par rapport à une hausse du taux d’intérêt de la Banque du Canada plus rapide, particulièrement en raison des tensions commerciales qui s’accentuent entre les États-Unis et la Chine. Les investisseurs estiment maintenant que la probabilité qu’il y ait une hausse du taux d’intérêt lors de la réunion du 18 avril est de l’ordre de 20 %, en se basant sur le volume d’échanges qui a diminué de 40 %, il y a deux semaines. Une augmentation du taux d’intérêt par la Banque du Canada est peu probable avant juillet.

Même si un ALENA provisoire était conclu, la banque centrale aimerait attendre pour constater des augmentations concrètes dans les exportations canadiennes, les investissements des entreprises et la pression inflationniste avant de prendre la décision d’augmenter à nouveau après les trois hausses de taux depuis juillet dernier. Les données commerciales de février publiées cette semaine ont été décevantes, particulièrement en ce qui concerne les exportations hors énergie. Les retards dans les chemins de fer ont mené à une chute record des exportations d’aliments. Le Canada a connu des déficits commerciaux depuis janvier 2017, amplifiant les inquiétudes quant à un déclin de la compétitivité.

Avant sa rencontre d’avril, la Banque analysera également sa propre enquête sur les dirigeants d’entreprises qui a été publiée lundi afin de savoir de quelle façon les dirigeants ont réagi à l’incertitude commerciale et aux marchés de l’emploi serrés. Les indicateurs de la perspective commerciale de la Banque du Canada ont été à la hausse de manière constante depuis les creux atteints en 2015 et ils se maintiennent aux niveaux les plus élevés depuis les 17 dernières années. Il sera intéressant de voir si l’augmentation des tensions commerciales mondiales aura atténué l’optimisme commercial au Canada.

Aux États-Unis, l’augmentation des emplois est sous les 103 000 prévus alors que les salaires ont augmenté

Sur le plan des salaires, les gains ont ralenti après un mois de février vigoureux, faisant en sorte que la croissance du marché de l’emploi américain est revenue à un rythme plus soutenable.

Les emplois non agricoles ont augmenté de 103 000 après que le chiffre de 326 000 révisé à la hausse ait été avancé en février. Les marchés s’attendaient à des gains d’emplois de l’ordre de 185 000 et à une baisse du taux de chômage. Le taux de chômage s’est plutôt maintenu à 4,1 % pour le sixième mois consécutif, alors que la moyenne des salaires horaires a augmenté de 2,75 % comparativement à 12 mois auparavant.

Les gains d’emplois mensuels correspondent à d’autres baisses du taux de chômage aux États-Unis, lequel demeure sous les estimations de la Réserve fédérale en ce qui concerne les niveaux soutenables à long terme. Les décideurs de la Fed ont récemment prévu que le taux de chômage chuterait à environ 3,6 % à la fin de l’année prochaine.

Il est probable que la Fed continue de resserrer la politique monétaire en augmentant le taux des fonds fédéraux et en se départissant graduellement de ses bons du Trésor et de ses titres adossés à des créances hypothécaires. Mais la perspective du déclenchement d’une guerre commerciale avec la Chine est une « frime » en ce qui a trait aux prévisions, notamment après que le président Trump ait fait augmenter les tensions en ordonnant à son administration de considérer d’imposer des tarifs de 100 milliards de dollars additionnels sur les importations chinoises.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca