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8 Fév

L’emploi au Canada tombe à son plus bas niveau depuis août 2020

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Publié par: Robert Perrier

De nouvelles fermetures sapent le marché de l’emploi

Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de janvier 2021, qui viennent d’être publiés par Statistique Canada, indiquent à quel point les mesures de confinement resserrées en Ontario et au Québec ont nui à l’économie. La fermeture de tout service de restauration sur place, des commerces de détail non essentiels, des installations récréatives et des services de soins personnels, dans ces provinces ainsi qu’en Alberta et au Manitoba, a sapé les marchés du travail.

L’emploi a baissé de 212 800 (-1,2 %) en janvier, ce qui est beaucoup plus faible que ce n’était généralement prévu. La baisse est entièrement attribuable à l’emploi à temps partiel (les emplois à temps plein ont de fait augmenté de 12 600), et elle est concentrée dans les secteurs du commerce de détail du Québec et de l’Ontario. Ainsi, les heures travaillées ont malgré tout augmenté de 0,9 % au courant du mois.

Les derniers résultats effacent des mois de gains, laissant l’emploi à environ 4,5 % sous son niveau de février 2020, avant la COVID.

La baisse de janvier a fait suite au recul (recalculé) de 52 700 (-0,3 %) enregistré en décembre et a ramené l’emploi à son plus bas niveau depuis août 2020.

Encore une fois, les pertes d’emploi étaient fortement concentrées dans le commerce de détail et de gros, les hôtels et les restaurants. Néanmoins, il faut noter que 8 des 16 secteurs industriels ont enregistré des gains de l’emploi le mois passé.

Le taux de chômage a progressé de 0,6 point de pourcentage pour atteindre 9,4 %, le taux le plus élevé depuis août. Ce taux se situe 3,7 points au-dessus du niveau d’avant la COVID; aux États-Unis, le taux est de 6,3 %, 2,8 points plus haut pour cette période. Cette deuxième hausse mensuelle consécutive a porté le taux de chômage à son plus haut niveau depuis août 2020. Le nombre de chômeurs de longue durée (les personnes qui cherchent du travail ou qui ont été mises à pied temporairement depuis 27 semaines ou plus) s’est maintenu à un niveau record (512 000), un rappel qu’étant donné que le chômage a augmenté au cours des derniers mois, bon nombre des personnes touchées par l’arrêt initial de l’activité économique lié à la COVID-19 ne sont pas encore retournées au travail.

Il reste que le marché canadien du travail se porte mieux aujourd’hui que pendant la première vague de restrictions, en avril et mars, quand l’emploi avait baissé de 3 millions.

En avril 2020, un mois après l’arrivée de la pandémie, 5,5 millions de travailleurs canadiens avaient été touchés directement par l’arrêt initial généralisé de l’activité économique lié à la COVID-19, qui a entraîné une baisse de l’emploi de 3,0 millions et une hausse de 2,5 millions des absences du travail en raison de la COVID-19. En janvier, le chiffre correspondant de travailleurs touchés s’est établi à 1,4 million; il comprenait une baisse de l’emploi de 858 000 et une augmentation de 529 000 absences du travail en raison de la COVID-19.

Encore une fois, les baisses de l’emploi ont touché principalement les jeunes et les femmes du principal groupe d’âge actif des 25 à 54 ans. Ces groupes avaient également enregistré de fortes baisses de l’emploi à temps partiel pendant le ralentissement initial de mars et avril 2020, du fait qu’ils sont plus susceptibles de travailler à temps partiel dans des secteurs directement touchés par les mesures de santé publique liées à la COVID-19, y compris le commerce de détail et les services d’hébergement et de restauration.

Certains secteurs comptant une proportion élevée de travailleurs à temps plein, y compris les services professionnels, scientifiques et techniques ainsi que la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail, ont retrouvé leurs niveaux d’emploi d’avant la COVID-19 au cours des derniers mois et n’ont pas connu de variation en janvier.

Parmi les Canadiens qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles, le nombre de personnes ayant travaillé à partir de leur domicile a augmenté de près de 700 000 pour atteindre 5,4 millions en janvier, ce qui a dépassé le sommet précédent de 5,1 millions enregistré en avril pendant la première vague de la pandémie de COVID-19.

Les salaires horaires moyens ont de nouveau grimpé, de 6,2 % d’une année à l’autre. Cependant, cette amélioration est due à la perte d’emplois à faible rémunération dans les secteurs du commerce de détail et de la restauration.

Les baisses de l’emploi se situent entièrement dans les deux provinces qui avaient les restrictions les plus contraignantes, l’Ontario et le Québec. L’emploi a de fait augmenté dans 7 des 10 provinces. Le tableau ci-dessous indique que le taux de chômage a baissé en Alberta, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, au Manitoba, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Saskatchewan.
En somme 

Vu la baisse de cas de COVID ces dernières semaines, il y a lieu d’espérer un allègement des restrictions. Le Québec a déjà annoncé qu’il assouplirait certaines restrictions pour les gymnases, les restaurants et les bars dans les jours à venir, et l’Ontario est en voie de rouvrir davantage d’écoles. Cependant, les responsables de la santé publique préviennent que de nouveaux variants du virus continuent de poser un risque, et ils plaident pour un maintien des mesures de confinement.

Il est indiscutable que la lumière au bout du très sombre tunnel de la pandémie, c’est un vaccin largement disponible. Sur ce plan, le Canada fait pâle figure. Le gouvernement Biden s’efforce d’accélérer la distribution de vaccins, mais il semble que le Canada ait commandé des vaccins bien après les États-Unis et le Royaume-Uni. Des problèmes de production ont sensiblement ralenti l’approvisionnement du Canada. Alors que les États-Unis et le Royaume-Uni ont déjà élargi la vaccination à toutes les personnes de 65 ans et plus, le Canada n’a même pas fini de vacciner les travailleurs de la santé et les résidents de centres de soins de longue durée. Il semble que l’approvisionnement en vaccins n’augmentera guère avant le mois d’avril.

Le tableau ci-dessous décrit la vaccination au Canada. Le pays se classe actuellement 34e au monde pour le total de doses de vaccins administrées par 100 habitants.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca