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7 Avr

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
L’économie du Canada continue de générer une croissance du nombre d’emplois en mars, prolongeant une reprise dans les emplois qui est la plus vigoureuse depuis des années, mais les augmentations de salaire poursuivent leur affaiblissement. Le nombre d’emplois canadiens a augmenté de 19 400 en mars, surpassant les attentes des économistes pour le quatrième mois consécutif, alors que le taux de chômage a augmenté de 0,1 point de pourcentage atteignant 6,7 % et que plus de gens sont à la recherche d’un emploi.

Au cours du premier trimestre, la croissance des emplois atteint 83 000 ou 0,5 %, ce qui est comparable à celle du dernier trimestre de 2016 et bien au-dessus de celle du premier trimestre de l’année dernière. Cela révèle également une forte augmentation des activités économiques canadiennes au cours du premier trimestre, alors que la croissance du PIB réel atteindra probablement un rythme de 3,5 %.

Une autre très bonne nouvelle est que la croissance des emplois s’est effectuée dans le travail à temps plein. Le gain net des emplois en mars a reflété une augmentation de 18 400 emplois à temps plein et un gain de 1 000 personnes travaillant à temps partiel. L’augmentation sur 12 mois dans les emplois est de 276 400 (+1,5 %), maintenant surtout dans les emplois à temps plein, alors que le nombre total d’heures travaillées a augmenté de 0,7 %. Le Canada a ajouté 223 100 emplois à temps plein comparativement à l’année dernière et 53 300 emplois à temps partiel.

Cependant, le taux des augmentations de salaire annuelles a chuté à 1,1 % en mars, le taux le plus faible depuis les années 1990. La faiblesse de la croissance des salaires semble être un phénomène que l’on retrouve surtout en Ontario. La province, qui a été le chef de file des augmentations du nombre d’emplois comparativement à l’année dernière, a enregistré une augmentation des salaires annuelle de 0,1 % en mars, ce qui est également l’augmentation la plus faible jamais enregistrée. Sur une note plus positive, le secteur de la fabrication semble faire un retour en mars, avec un gain de 24 400 emplois, le plus élevé depuis 2002.

L’augmentation du nombre d’heures travaillées a contribué à compenser la faiblesse des salaires.

La province chef de file en ce qui a trait à la croissance des emplois est l’Alberta, elle qui avait été durement touchée, et qui affiche des gains de 20 000 emplois, tous étant des postes à temps plein. Plus de personnes ont cherché des emplois dans la province au cours du dernier mois, cela faisant en sorte que le taux de chômage est demeuré inchangé à 8,4 %, à la baisse comparativement au sommet de 9,0 % atteint en novembre dernier. Des gains en matière d’emplois ont également été constatés en Nouvelle-Écosse et au Manitoba. L’emploi a diminué en Saskatchewan en mars, alors qu’il est demeuré relativement stable dans les autres provinces.

Un nombre accru de personnes travaillaient dans le secteur de la fabrication, dans les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien, dans le commerce de gros et de détail, ainsi que dans le secteur de l’information, de la culture et des loisirs. Par ailleurs, des baisses ont été enregistrées dans les services d’enseignement, dans le transport et l’entreposage, dans les « autres services » et dans les administrations publiques. La remontée dans le secteur de la fabrication a été l’augmentation la plus importante enregistrée en un mois depuis août 2002. Cela se produit dans la foulée d’une tendance à la baisse du nombre d’emplois dans le secteur de la fabrication tout au long de l’année 2016.

La vigueur du rapport d’aujourd’hui sur les emplois pour mars donne beaucoup à réfléchir à la Banque du Canada qui se réunit la semaine prochaine. Le PIB réel est sur le point de dépasser les prévisions de la Banque pour un troisième trimestre consécutif et le taux de chômage à 6,7 % demeure sous la moyenne enregistrée avant la récession d’il y a 10 ans, au moment où l’économie était considérée comme étant en plein-emploi. La Banque a minimisé la remontée récente des données économiques et ce rapport alimentera probablement ses inquiétudes, malgré les gains enregistrés dans les emplois. Bien que la croissance économique se soit accélérée et que les employeurs procèdent à des embauches, il est difficile d’être optimiste sans qu’il y ait une remontée dans les salaires. Les taux de salaires augmentent seulement au rythme de la moitié du coût de la vie. La Banque du Canada gardera probablement les taux d’intérêt aux faibles niveaux où ils se situent actuellement malgré les augmentations de taux de la Réserve fédérale américaine.

Taux de chômage provinciaux en octobre en ordre décroissant (en pourcentage) (Mois précédents entre parenthèses)

— Terre-Neuve-et-Labrador           14,9 (14,2)
— Île-du-Prince-Édouard               10,1 (10,0)
— Nouvelle-Écosse                       8,6 (8,1)
— Nouveau-Brunswick                   8,4 (8,9)
— Alberta                                      8,4 (8,3)
— Ontario                                      6,4 (6,2)
— Québec                                     6,4 (6,4)
— Saskatchewan                           6,0 (6,0)
— Manitoba                                   5,5 (5,8)
— Colombie-Britannique                5,4 (5,1)

Aux États-Unis, la croissance dans les emplois ralentit alors que le taux de chômage est à son niveau le plus faible depuis 2007

Aux États-Unis, le nombre d’emplois a augmenté de 98 000 en mars, à la suite d’un gain de 219 000 en février qui a été inférieur à ce qui avait été estimé antérieurement. Ces chiffres sont de beaucoup inférieurs à la prévision médiane observée dans un sondage de la firme Bloomberg effectué auprès d’économistes. La divergence en mars par rapport au mois précédent a probablement reflété, du moins en partie, les perturbations météorologiques; au cours de la semaine de mars où le sondage sur les emplois a été effectué, une tempête a laissé de 25 à 50 centimètres de neige sur une grande bande dans le Nord-Est des États-Unis, après un mois de février anormalement chaud.

Contre toute attente, le taux de chômage a chuté de 4,7 % à 4,5 % et la croissance des salaires a ralenti à un rythme de 2,7 % sur douze mois.

Alors que les données sur les emplois ont été les plus faibles depuis mai et représentent un recul par rapport aux deux premiers mois de l’année, il se peut qu’elles reflètent uniquement à quel point les États-Unis sont près du plein-emploi. Cela a incité la Réserve fédérale à augmenter les taux d’intérêt en mars et on prévoit deux autres augmentations de taux cette année. Les entreprises ont signalé une pénurie de main-d’œuvre et sont confrontées à une baisse du bassin de

personnes sans emploi; elles subissent des pressions pour augmenter les salaires afin d’attirer et de conserver les talents. Cette situation est diamétralement opposée à celle qui prévaut au Canada. Avec une économie qui s’approche plus que jamais du plein-emploi, la politique monétaire des États-Unis sera davantage concentrée à faire marche arrière en ce qui a trait aux liquidités inutiles dans le système. Cela devrait garder la Banque centrale resserrée pour le futur en augmentant le taux des fonds à jour et en diminuant la détention des obligations du gouvernement et des titres adossés à des créances hypothécaires.

Et cela, malgré d’autres preuves démontrant un ralentissement de l’économie américaine, alors que les dépenses de consommation ont peu augmenté en février que la demande d’automobiles a ralenti en mars. Aux États-Unis, on prévoit que la croissance au cours du premier trimestre de cette année sera sous la barre des 2,0 %, ce qui est beaucoup inférieur aux attentes de 3,5 % de la croissance au Canada. Bien qu’une reprise au cours du deuxième trimestre soit prévue, elle dépendra de la vigueur du marché du travail.

Notons qu’aux États-Unis, le secteur du détail a été très faible. Les détaillants ont aboli environ 30 000 emplois pour un deuxième mois, en plus des rapports sur les fermetures de magasins, alors que les gains dans les secteurs de la construction et de la fabrication se sont imposés. Cela se retrouve dans les rapports au Canada sur les mises à pied et le « resserrement de la ceinture » de la Compagnie de la Baie d’Hudson, laquelle détient Saks Fifth Avenue et Lord and Taylor’s aux États-Unis, ainsi que La Baie au Canada.

Le président Trump continue de mettre l’accent sur les indicateurs du marché de l’emploi qui mesurent les mises à pied, y compris le nombre d’Américains qui ont abandonné la recherche d’emploi et qui, par conséquent, ne font plus partie de la main-d’œuvre active. Le nombre de travailleuses et travailleurs découragés a diminué de 62 000 en mars pour atteindre 460 000. Le taux de chômage, une mesure qui comprend les travailleuses et travailleurs à temps partiel qui aimeraient avoir un emploi à temps plein s’ils en trouvaient un, a diminué à 8,9 %, ce qui représente le taux le plus faible depuis décembre 2007, alors qu’il était à 9,2 % en février. Le taux de participation de la main-d’œuvre active a été historiquement faible aux États-Unis, mais il pourrait certainement se maintenir à la baisse en raison du nombre croissant de travailleuses et travailleurs plus âgés qui quittent la main-d’œuvre active.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca