Le mois passé, les prix ont augmenté d’une année à l’autre dans les huit composantes principales, principalement en conséquence de l’envol des prix de l’essence, 47,1 % plus élevés qu’un an plus tôt. Une sécheresse extrême, surtout en Chine, a entraîné une baisse de la production hydroélectrique et des pénuries d’autres sources d’énergie comme le charbon et le gaz naturel. Le recours accru au pétrole pour la production d’électricité fait augmenter le coût du pétrole et de l’essence. Il y a aussi eu un effet en cascade, avec des pénuries d’autres biens essentiels dont la production est énergivore, comme les engrais et l’aluminium. Ces pénuries se répercutent dans les aliments et les composantes en métal, ce qui fait augmenter le prix de nombreux biens de consommation. En outre, il y a des perturbations dans les ports, dans le camionnage et dans les réseaux ferroviaires. Il ne faut donc pas s’étonner que les coûts en hausse et une demande excédentaire se traduisent par une hausse des prix à la consommation dans le monde entier.
La question est de savoir si des mesures restrictives des banques centrales réduiraient ce genre d’inflation. J’en doute. Au lieu, nous verrons probablement les pressions s’atténuer avec le temps (voir le graphique ci-dessous). Le problème est que nous avons souvent sous-estimé le temps qu’il faudrait pour que la situation se règle. Cela étant, certains souhaitent une réaction plus rapide de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine, entre autres banques centrales, de crainte que l’inflation ne s’enracine.
Une inflation enracinée causée par une hausse des salaires et des anticipations inflationnistes a entraîné une spirale des salaires et des prix dans les années 1970 et au début des années 1980. Au Canada, l’inflation est restée élevée jusqu’au début des années 1990 en raison des fortes dépenses budgétaires fédérales et provinciales. Je ne crois pas nous soyons même proches de cette réalité aujourd’hui. Certes, la politique budgétaire en réaction à la pandémie a engendré des déficits exceptionnels, mais les pressions inflationnistes d’aujourd’hui ne découlent pas des mesures budgétaires. |