La valeur du dollar canadien a subi un fort repli immédiatement après la diffusion de l’annonce officielle de la Banque du Canada qui faisait part de prévisions plus optimistes relativement à l’économie, tout en maintenant son taux inchangé. La banque a augmenté son estimation quant à la croissance potentielle non inflationniste, insinuant qu’il y a plus de possibilités de croissance sans déclencher des hausses de taux.
La banque centrale suggère maintenant que l’économie a une limite de vitesse non inflationniste de 1,8 % cette année et l’an prochain, qui s’accélérera à 1,9 % en 2020. Précédemment, la banque avait estimé que la croissance potentielle moyenne serait autour de 1,6 % pour les deux prochaines années.
De nombreux intervenants sur le marché s’attendaient à une annonce plus sévère, alors que l’inflation a augmenté pour s’approcher de la cible de 2 % de la banque au cours des derniers mois. La banque centrale semble être à cheval sur la clôture, suggérant que les hausses de taux ne tarderont pas, mais que l’économie a encore besoin de stimulation. La bonne nouvelle est que la demande croissante génère une nouvelle capacité pendant que les entreprises investissent pour suffire aux ventes, un développement qui, selon le gouverneur Poloz, doit être encouragé par la banque centrale dont c’est l’« obligation ».
Le Rapport sur la politique monétaire (RPM) révèle que les trois quarts des industries ont un taux d’utilisation de la capacité qui se situe dans les cinq points de pourcentage de leur sommet affiché après 2003. Pendant ce temps, le sondage sur les perspectives commerciales indique que les attentes relatives aux ventes se sont confirmées. Ensemble, cela signifie qu’il y a un réel besoin d’investissements pour répondre à une demande plus forte.
La principale préoccupation est que le protectionnisme (qui demeure le risque le plus élevé de la banque centrale en ce qui a trait aux perspectives) combiné à la refonte fiscale américaine fasse en sorte que les entreprises choisiront de développer leur capacité à l’extérieur du Canada. Des « résultats fort variés » demeurent possibles quant à l’ALENA, selon le RPM, qui n’a pas reconnu que des progrès aient été récemment rapportés concernant les discussions entre le Canada, le Mexique et les États-Unis.
La banque centrale prévoit maintenant que la croissance au cours du premier trimestre se situera à 1,3 %, à la baisse comparativement aux prévisions de janvier qui étaient à 2,5 %. Les prévisions pour 2018 ont été également révisées à la baisse à 2 %, par rapport à 2,2 %. Par contre, la croissance prévue pour 2019 a été revue à la hausse à 2,1 % plutôt qu’à 1,6 %. Cette plus forte croissance reflète les révisions à la hausse de l’expansion américaine attribuable aux nouvelles règles fiscales.
Le ralentissement de la croissance économique au premier trimestre tient surtout à la faiblesse enregistrée dans deux secteurs. Les marchés du logement ont ralenti dans la foulée des nouvelles lignes directrices sur les prêts hypothécaires. Les exportations ont également fléchi, en partie en raison de la congestion des infrastructures de transport.
En ce qui concerne le logement, le Rapport sur la politique monétaire présente un graphique intéressant (ci-dessous) illustrant le changement cumulatif dans les reventes de logements depuis janvier 2017 qui est suivi du commentaire : « Selon les estimations de la Banque, l’activité sur le marché de l’habitation se serait nettement contractée au premier trimestre à la suite de l’entrée en vigueur de la version révisée de la ligne directrice B-20. Cette contraction a été accentuée par le fait que certains acheteurs se sont empressés, au quatrième trimestre de 2017, d’acquérir un logement avant d’être assujettis à la nouvelle mesure. Au deuxième trimestre de 2018, l’activité sur le marché de l’habitation devrait se redresser, les reventes amorçant une reprise. »
Conclusion : malgré que les prévisions de l’inflation aient été revues à la hausse, l’évaluation de la banque semble être relativement optimiste. Je m’attends à ce qu’il y ait deux autres hausses d’un quart de point du taux cette année, probablement à l’été et à l’automne. |