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21 Sep

Pas de hausse de taux de la Fed aujourd’hui, mais elle commencera à réduire son bilan le mois prochain

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Publié par: Robert Perrier

Les emplois surpassent les attentes au Canada en mars, mais la croissance des salaires stagne
Bien que les décideurs de la Réserve fédérale aient laissé les taux inchangés aujourd’hui, comme prévu, ils ont annoncé qu’il y aurait une autre hausse de taux cette année et trois au cours de la prochaine année. Au moins un décideur de la Fed s’est joint à Jim Bullard, président de la Fed de Saint-Louis et partisan d’une attitude conciliante relativement à l’inflation, en ne prédisant aucune hausse de taux cette année; mais la prévision médiane des décideurs de la Fed comporte une autre décision cette année et trois hausses de taux l’an prochain. La Réserve fédérale a révisé à la baisse son estimation médiane de l’inflation de base de 1,7 % à 1,5 % cette année, tout en augmentant sa projection médiane quant à la croissance économique cette année de 2,2 % à 2,4 %. Leur prédiction à long terme quant à la croissance de l’économie américaine demeure inchangée à 1,8 %, ce qui est aussi similaire à l’estimation de la Banque du Canada.

Les décideurs de la Fed ont également réduit l’estimation à long terme quant au taux « neutre » des fonds fédéraux, le taux auquel l’offre et la demande s’équilibrent, à une médiane de 2,75 % alors qu’elle se situait à 3 % lors des prévisions de juin. Le taux cible de financement à un jour se situe actuellement dans la fourchette de 1 % à 1,25 %, considérablement à la hausse comparativement à ses faibles niveaux de 0 % à 0,25 % avant que la Fed amorce un resserrement en décembre 2015.

Les dirigeants de la banque centrale américaine comptent sur une croissance soutenue et un faible taux de chômage pour faire augmenter l’inflation plus près de leur objectif de 2 %, lequel soutient leur politique de resserrement graduel par des augmentations du taux d’intérêt et le renversement de l’assouplissement quantitatif. La Fed a invariablement surestimé les prévisions relatives à l’inflation pendant une période prolongée.

Les dirigeants de la Fed ont maintenu leur estimation du niveau non inflationniste du chômage à 4,6 %, tout en réduisant leurs projections du taux de chômage en 2018 et en 2019 à 4,1 %. Aux États-Unis, le taux de chômage actuel demeure à 4,4 % et la pénurie de travailleurs émerge alors qu’on constate le maintien d’un faible niveau de participation de la main d’œuvre chez les travailleurs d’âge très actif, particulièrement les hommes.

La décision de la Fed de retirer du bilan, pour la première fois, les obligations à échéance en octobre correspond aux attentes. La réduction du bilan suivra le cadre de travail publié en juin : 6 milliards de dollars en bons du Trésor et 4 milliards de dollars en titres hypothécaires par mois, augmentant tous les trois mois jusqu’à ce que les montants atteignent 30 milliards de dollars en bons du Trésor et 20 milliards de dollars par mois en titres hypothécaires. La Fed ajustera ce plan au besoin selon la réaction du marché et les données économiques qui prévaudront. La banque centrale prévoit mettre fin à l’écoulement des bons à un certain moment, mais elle n’a pas précisé quand.

La Banque du Japon et la Banque centrale européenne procèdent également à un assouplissement quantitatif, mais la Fed est la première à amorcer le renversement de la politique. Les ventes des bons de la banque centrale réduisent la liquidité du marché et resserrent les conditions de crédit. Quelle est la pression vers la hausse que cela exercera sur les taux d’emprunt est un élément inconnu; la Fed procèdera donc à son resserrement des conditions de crédit de manière graduelle et prudente.

La Banque du Canada n’a pas effectué d’assouplissement quantitatif, car la récession générée par la crise financière a été relativement faible et de courte durée, au Canada. Mais la Banque avait déjà augmenté le taux cible de financement à un jour deux fois pour atteindre 1,0 %, et avec la situation créée par le resserrement de la Fed, la Banque a annoncé cette semaine qu’elle sera plus modérée dans ses hausses de taux futures. Comme d’habitude, la Banque considérera les nouvelles données sur la situation économique canadienne, américaine et mondiale.

La proposition du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) dans cet environnement

Nous pouvons uniquement souhaiter que l’organisme de réglementation canadien, le BSIF, soit également prudent et modéré dans ses décisions visant à resserrer le marché du logement. Dans le but de réduire davantage l’activité hypothécaire, le BSIF a annoncé, en juillet, qu’il propose d’exiger que les emprunteurs qui versent une mise de fonds initiale supérieure à 20 % se qualifient à deux points de pourcentage au-dessus du taux hypothécaire contractuel. Cette catégorie d’emprunteurs est typiquement composée d’acheteurs d’un cran supérieurs dont les versements initiaux sont importants et ils représentent apparemment jusqu’à 80 % des achats de propriétés. Par conséquent, cette action, dans le contexte de la hausse déjà existante des taux hypothécaires, pourrait vraisemblablement être plus importante que les mesures antérieures. La proposition du BSIF pourrait fort bien être déstabilisante à un moment où le marché du logement à Toronto est déjà au ralenti. Compte tenu de l’importance élevée du marché du logement dans l’économie canadienne, une décision aussi agressive pourrait s’ajouter en trop à une myriade d’efforts de resserrement déjà mise en place par les organismes de réglementation, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux de la Colombie-Britannique et de l’Ontario.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion
drcooper@dominionlending.ca