L’Enquête sur la population active de novembre tant attendue publiée ce matin par Statistique Canada a surpassé toutes les prévisions en battant des records établis depuis de nombreuses années. Les employeurs ont ajouté 79 500 emplois le mois dernier, établissant la hausse du nombre d’emplois à près de 400 000 au cours des 12 derniers mois. Les données de novembre ont affiché le marché de l’emploi le plus vigoureux depuis la récession de 2008-2009, alors que le taux de chômage avait chuté à 5,9 % en novembre, à la baisse comparativement à 6,3 % en octobre. La croissance moyenne du nombre d’emplois de 32 500 par mois au cours de l’année dernière est le rythme le plus rapide depuis 2007. Le taux de chômage de 5,9 % a été aussi faible pendant un mois seulement avant la récente récession, un moment où l’économie tournait au-delà des limites de ses capacités à plus long terme.
L’emploi a crû dans la plupart des industries, surtout dans les secteurs de la fabrication, du commerce de détail et des services d’enseignement. Dans le secteur de la construction, le nombre d’emplois a augmenté pour le deuxième mois consécutif. L’augmentation du nombre d’emplois en novembre est surtout attribuable aux employés du secteur privé, alors que le nombre d’emplois dans le secteur public et celui des travailleurs autonomes a peu varié.
La hausse des emplois enregistrée en novembre est la douzième de suite, la série la plus longue depuis celle de 14 mois qui a pris fin en mars 2007.
Les gains les plus importants ont été ceux enregistrés dans le centre du Canada, au Québec où le taux de chômage a chuté pour atteindre 5,4 %, le niveau le plus faible enregistré depuis 1976, et en Ontario, où on a atteint le niveau le plus faible depuis 2000 à 5,5 % (voir le tableau ci-dessous). Le taux de chômage national de 5,9 % a diminué de 0,9 point de pourcentage au cours des 12 derniers mois.
Une excellente nouvelle pour les consommateurs concerne l’augmentation de 2,8 % survenue en novembre quant au salaire horaire moyen, à la hausse de 2,4 % par rapport à octobre et l’augmentation la plus rapide depuis avril 2016. La plus grande partie de cette hausse a été enregistrée au cours des quelques derniers mois alors que la croissance des salaires s’est considérablement accélérée; enfin une indication que les conditions resserrées du marché du travail se reflètent dans les salaires. Si cette tendance se maintient, il sera difficile pour la Banque du Canada de rester à l’écart plus longtemps.
Une preuve du contraire a été une chute appréciable de la moyenne des heures travaillées qui a, en grande partie, compensé la plupart des gains effectués au cours des derniers mois. La Banque du Canada a interprété la tendance à la baisse des heures travaillées comme étant un signe du ralentissement du marché du travail, alors que d’autres indicateurs optent plutôt pour des conditions d’emploi très serrées. La vigueur du marché de l’emploi aura sans aucun doute une incidence sur l’évaluation de la Banque du Canada. Selon les informations d’aujourd’hui, la valeur du dollar canadien a bondi.
La croissance du PIB ralentie au troisième trimestre
La vigueur du marché de l’emploi s’est reflétée sur les dépenses de consommation, comme l’a indiqué Statistique Canada dans un autre rapport publié aujourd’hui, contribuant à compenser le ralentissement dans les exportations et le logement. Au cours du troisième trimestre, la croissance du PIB a ralenti de 1,7 %, considérablement à la baisse par rapport à la croissance de 4,3 % enregistrée au cours des trois mois précédents. Ce ralentissement était prévu, car le taux de croissance constaté au T2 était impossible à soutenir. La Banque du Canada estime que le taux de croissance potentielle à plus long terme se situe près de 1,7 %.
La croissance du PIB au cours du troisième trimestre a continué de se concentrer sur les dépenses des ménages, avec une augmentation plus élevée que prévu de l’ordre de 4 % qui s’est ajoutée à une flambée de 5 % survenue au cours du deuxième trimestre. Les dépenses d’investissement du gouvernement ont également bondi davantage et les investissements des entreprises ont augmenté pour un troisième trimestre d’affilée, bien que ce soit à un rythme plus modeste comparativement au premier semestre de l’année. L’équilibre est attribuable à un recul important, mais attendu, de la balance commerciale nette.
Les exportations ont considérablement chuté au cours du troisième trimestre, soustrayant 3,4 points de pourcentage au taux de croissance. Le déclin a surtout été attribuable aux exportations d’automobiles et de pièces (-9,0%), particulièrement de véhicules particuliers et de camions légers. Les importations sont demeurées pratiquement inchangées.
Les dépenses des ménages représentent une portion record de l’économie globale. La rémunération des employés a augmenté de 1,3 % en valeur nominale au cours du troisième trimestre, un rythme plus rapide qu’au cours des 11 trimestres précédents. Les salaires et traitements ont augmenté de 1,9 % dans les industries productrices de biens et de 1,1 % dans les industries productrices de services. Sur le plan régional, l’Ontario et le Québec ont continué d’alimenter la croissance au cours du troisième trimestre.
Les investissements dans le logement ont faibli, affichant pour la première fois des déclins des investissements dans les structures résidentielles au cours de deux trimestres consécutifs depuis le premier trimestre de 2013. Les coûts de transfert des propriétés, qui reflètent l’activité dans le marché de la vente de propriétés, ont chuté considérablement pour le deuxième trimestre de suite.
Les données mensuelles sur le PIB, également publiées ce matin, ont peut-être été plus encourageantes que celles du trimestre en ce qui concerne les perspectives de croissance à brève échéance. Le PIB de septembre a augmenté plus que prévu de 0,2 % (non annualisé), ce qui a plus que compensé une chute de 0,1 % en août. Cela procure un élan légèrement plus vigoureux à la fin du trimestre qu’on aurait pu le présumer antérieurement. Les données laissent encore présager un ralentissement dans la croissance du PIB comparativement au rythme effréné de la mi-2016 à la mi-2017, mais cela correspond encore totalement au point de vue de la Banque du Canada selon lequel la croissance continuera d’être soutenue à un rythme modeste de 2 %, ce qui est supérieur à la tendance.
Taux de chômage provinciaux |
(en pourcentage, en ordre ascendant) |
Province |
Novembre |
Octobre |
Colombie-Britannique |
4,8 |
4,9 |
Manitoba |
5,4 |
5,2 |
Québec |
5,4 |
6,1 |
Ontario |
5,5 |
5,9 |
Saskatchewan |
6,0 |
6,9 |
Île-du-Prince-Édouard |
7,1 |
8,3 |
Alberta |
7,3 |
7,8 |
Nouveau-Brunswick |
8,3 |
7,8 |
Nouvelle-Écosse |
8,8 |
8,7 |
Terre-Neuve-et-Labrador |
14,4 |
14,5 |
|