17 Août

Mois record pour le marché canadien du logement en juillet

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Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien du logement montre une belle vigueur en juillet

Les statistiques publiées aujourd’hui par L’Association canadienne de l’immeuble (ACI), révèlent un mois de juillet exceptionnel, avec les ventes et les nouvelles inscriptions à leur plus haut niveau en 40 ans. Voilà qui confirme la reprise entamée il y a trois mois.

Les ventes résidentielles nationales ont augmenté de 26 % d’un mois à l’autre, ce qui donne une augmentation de 30,5 % par rapport à un an plus tôt (voir le graphique ci-dessous). L’activité de juillet a été la plus forte jamais vue dans un mois. Selon Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI« En grande partie, ce qu’on voit en ce moment, c’est la reprise des activités qu’on aurait normalement vue plus tôt cette année. Rappelons-nous qu’avant le confinement, nous nous préparions pour le marché printanier le plus serré depuis près de 20 ans. La tranquillité du marché s’est peut-être prolongée quelques mois, mais, au bout du compte, la situation actuelle est celle que nous voyions venir en mars. Cela dit, il y a tout de même de nouveaux facteurs en jeu. Certaines inscriptions sont directement liées à la COVID-19, alors que l’inscription de nombreuses autres propriétés est retardée pour la même raison. En effet, à certains endroits, le nombre de propriétés à vendre n’a jamais été aussi bas en 16 ans. Certains achats seront sûrement retardés. Cependant, certains éléments du quotidien, comme l’importance d’un chez-soi, l’inutilité pour bien des gens de se déplacer pour aller travailler et le besoin de passer plus de temps dehors, d’avoir son espace personnel et un bureau à la maison, n’ont jamais été aussi importants et créent sur le marché une effervescence qu’on n’aurait pas eue sans la COVID-19. »

Pour le troisième mois de suite, les transactions étaient en hausse d’un mois à l’autre partout au pays. Sur les grands marchés canadiens, les ventes ont augmenté de 49,5 % dans le Grand Toronto, de 43,9 % dans le Grand Vancouver, de 39,1 % à Montréal, de 36,6 % dans la vallée du Fraser, de 31,8 % à Hamilton-Burlington, de 28,7 % à Ottawa, de 16,9 % à London et St. Thomas, de 15,7 % à Calgary, de 12,1 % à Winnipeg, de 9,7 % à Edmonton et de 5,4 % à Québec.

Nouvelles inscriptions

Le nombre de propriétés nouvellement inscrites a encore augmenté de 7,6 % en juillet, jusqu’à 71 879 – le plus haut niveau jamais enregistré pour un mois de juillet. Le nombre de nouvelles inscriptions était à la hausse dans seulement 60 % des marchés locaux, et la reprise des inscriptions semble s’essouffler dans bien des régions au pays. En fait, la hausse nationale de juillet est grandement attribuable au Grand Toronto. L’offre devrait augmenter dans les mois à venir, surtout une fois qu’un vaccin sera largement disponible.

Puisque la reprise des ventes se poursuit et dépasse largement le nombre de nouvelles inscriptions, le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions s’est resserré pour s’établir à 73,9 % en juillet, comparativement à 63,1 % en juin. Il s’agit de l’un des plus hauts taux enregistrés : seuls quelques mois de la fin 2001 et du début 2002 affichent un taux supérieur.

Si l’on compare les ratios des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions et les moyennes à long terme, environ le tiers de l’ensemble des marchés locaux seulement était en équilibre (se situant à l’intérieur d’un écart type de la moyenne à long terme) en juillet 2020. Les deux autres tiers du marché se situaient au-delà des normes à long terme, largement au-delà dans bien des cas.

Le nombre de mois d’inventaire est une autre mesure importante de l’équilibre entre l’offre et la demande. Il représente le temps qu’il faudrait compter pour vendre toutes les propriétés de l’inventaire courant au taux de vente actuel.

Les marchés du logement sont très serrés, surtout en Ontario, la demande ayant largement dépassé l’offre. On comptait 2,8 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de juillet 2020, soit le niveau le plus bas jamais enregistré. À l’échelle locale, certains marchés de l’Ontario qui comptaient des mois d’inventaire avant juillet n’en ont plus que quelques semaines.

Prix des maisons

En juillet 2020, l’Indice des prix des propriétés MLS® global et composé a fait un bond de 2,3 % d’un mois à l’autre. Après la hausse enregistrée en mars 2017, il s’agit de la hausse la plus importante des 15 dernières années. (Voir le tableau ci-dessous.) Chacun des 20 marchés actuellement compris dans l’Indice a affiché une hausse d’un mois à l’autre pour juillet.

Les plus fortes hausses d’un mois à l’autre, de l’ordre de 3 %, ont été enregistrées dans le Grand Toronto à l’extérieur de la ville de Toronto, à Guelph, à Ottawa et à Montréal. Les prix et le nombre de ventes grimpent dans la plupart des marchés à l’est de la Saskatchewan. L’augmentation des prix a été plus modeste sur les marchés de la Colombie-Britannique et de l’Alberta.

L’IPP MLS® global et composé (non désaisonnalisé) a connu une hausse d’une année à l’autre de 7,4 % en juillet. Il s’agit de la plus importante hausse depuis la fin 2017.

L’IPP MLS® est le meilleur moyen d’évaluer les tendances de prix, puisque les moyennes sont sujettes à de fortes distorsions occasionnées par les fluctuations qui surviennent dans la composition des ventes d’un mois à l’autre.

Le prix moyen réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en juillet 2020 se situait à 571 500 $, un prix record qui représente une hausse de 14,3 % comparativement au même mois l’année dernière.

Le prix moyen national est fortement influencé par les ventes dans le Grand Vancouver et le Grand Toronto, deux des marchés les plus actifs et les plus chers au Canada. Si l’on exclut ces deux marchés du calcul, le prix moyen national baisse d’environ 117 000 $. Si les ventes dans ces deux marchés continuent de fluctuer par rapport aux autres marchés, cela pourrait avoir un effet multiplicateur encore plus grand sur le prix moyen national, à la hausse comme à la baisse.

En somme

La SCHL a récemment prédit que le prix moyen des maisons vendues au pays baissera de 9 % à 18 % en 2020, et pourrait ne retrouver le niveau de la fin 2019 qu’en 2022. Je continue de croire que cette prévision est excessivement pessimiste. Nous voici au deuxième semestre de 2020, et le prix moyen national a augmenté de 14,3 % par rapport à un an plus tôt.

La bonne nouvelle est que le marché du logement contribue à la relance de l’économie. Il reste de l’incertitude sur le cours que suivra la pandémie de COVID-19, mais le gouvernement du Canada a très bien géré la situation, tant du point de vue de la santé publique que sur les plans budgétaire et monétaire. La progression future de l’économie dépendra du virus. Nul ne sait ce qu’elle sera, mais le Canada est sur la voie d’une pleine reprise. Il se peut seulement que le chemin soit long et tortueux.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
10 Août

Bonnes nouvelles pour l’emploi en juillet

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Publié par: Robert Perrier

Les données de juillet sur l’emploi surpassent les attentes, témoignant de la résilience de l’économie

Les résultats de l’Enquête sur la population active de juillet, publiés aujourd’hui par Statistique Canda, indiquent les conditions du marché du travail durant la semaine du 12 au 18 juillet. Bien que les restrictions en matière de santé publique aient été assouplies considérablement dans la plupart des régions du pays – à l’exception de certaines régions de l’Ontario, y compris Toronto –, certaines mesures sont demeurées en place, notamment les mesures de distanciation physique et les restrictions relatives aux grands rassemblements.

De février à avril, 5,5 millions de travailleurs canadiens – 30 % de la population active – ont été touchés par la crise économique liée à la COVID-19. Ce nombre comprend une baisse de l’emploi de 3,0 millions ainsi qu’une augmentation de 2,5 millions des absences du travail associées à la COVID. Le rapport de juillet sur l’emploi indique une hausse totale de 418 500 (+2,4 %). Il y avait déjà eu une hausse de 953 000 (5,8 %) en juin et de 290 000 en mai. En tout, l’emploi est revenu à 1,3 million (-7,0 %) de son niveau de février, avant la COVID.

Le nombre de Canadiens qui étaient en emploi, mais qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles pour des raisons probablement liées au virus, a diminué de 418 000 (-18,8 %) en juillet. Combiné aux baisses enregistrées en mai et en juin, ce recul a ramené les absences du travail liées à la COVID juste en deçà de 1 million (+972 000 ou +120,3 %) au-dessus du niveau de février.

Au cours de la semaine du 12 au 18 juillet, le nombre total de travailleurs touchés s’élevait à 2,3 millions, ce qui représente une baisse de 58,0 % depuis avril.

La majeure partie de la croissance de l’emploi en juillet est observée dans le travail à temps partiel

La majeure partie de la croissance de l’emploi observée en juillet a été enregistrée dans le travail à temps partiel, qui a progressé de 345 000 (+11,3 %), comparativement à l’augmentation beaucoup plus faible de 73 000 (+0,5 %) observée dans le travail à temps plein.

Le choc sur le marché du travail provoqué par la COVID-19 a été particulièrement ressenti dans le travail à temps partiel. De février à avril, les baisses enregistrées dans le travail à temps partiel (-29,6 %) ont été nettement plus prononcées que dans le travail à temps plein (-12,5 %). Cela s’explique par divers facteurs, y compris le fait que le travail à temps partiel est plus fréquent dans les secteurs qui ont été les plus touchés par la crise économique liée à la COVID-19, à savoir le commerce de détail ainsi que les services d’hébergement et de restauration.

La croissance de l’emploi à temps partiel a dépassé la croissance de l’emploi à temps plein au cours de chacun des trois derniers mois. À la suite des hausses observées en juillet, l’emploi à temps partiel est maintenant plus près de son niveau observé avant la COVID (-5,0 %) que l’emploi à temps plein (-7,5 %).

La croissance relativement stable enregistrée dans le travail à temps plein au cours des derniers mois se traduit par une hausse de la proportion de travailleurs qui occupent involontairement un emploi à temps partiel. En juillet 2019, 22,2 % des personnes travaillant moins de 30 heures par semaine auraient préféré travailler à temps plein. Un an plus tard, cette proportion a augmenté de 7,6 points de pourcentage pour atteindre 29,7 %, une indication que la crise économique liée à la COVID-19 et la relance subséquente ont entraîné une baisse, du moins temporaire, du nombre d’heures offertes par les employeurs.

Les femmes enregistrent une hausse de l’emploi plus élevée en juillet, mais l’emploi des hommes continue d’être plus près du niveau observé avant la crise économique

En juillet, l’emploi a progressé plus rapidement chez les femmes (+3,4 % ou +275 000) que chez les hommes (+1,5 % ou +144 000). Toutefois, en raison des pertes d’emplois plus importantes enregistrées chez les femmes en mars, l’emploi en juillet s’est situé plus près du niveau observé avant la crise économique chez les hommes que chez les femmes.

L’emploi a peu varié en juillet parmi les travailleurs du principal groupe d’âge actif (tant les hommes que les femmes) ayant des enfants de moins de 18 ans. Comme en juin, l’emploi en juillet a été le plus éloigné des niveaux observés avant la crise économique chez les mères dont les plus jeunes enfants étaient âgés de 6 à 17 ans.

Le nombre de Canadiens travaillant à domicile a continué de diminuer en juillet

Parmi les Canadiens qui étaient occupés et qui n’étaient pas absents du travail, le nombre de personnes travaillant à domicile a diminué de 400 000; à titre de comparaison, le nombre de personnes qui ont travaillé à un endroit autre que leur domicile a augmenté de 300 000. Malgré cette baisse, le nombre de Canadiens qui ont travaillé à domicile en juillet (4,6 millions) est demeuré considérablement plus élevé que le nombre de personnes qui le font habituellement (1,6 million).

Le rythme de l’amélioration baissera probablement à partir de juillet.

Il y avait encore 274 000 bons emplois de moins en juillet qu’en février dans le secteur de la production de biens. Il y avait encore 309 000 travailleurs de moins dans l’hébergement et la restauration, et 109 000 de moins dans l’information, la culture et les loisirs. Il faudra sans doute plus de temps pour retrouver ces emplois dans des secteurs de services, alors que les consommateurs restent plus près de chez eux. La relance dans la production de biens plafonnera un moment donné en raison de la faiblesse persistante du secteur pétrolier et gazier.

Le taux de chômage continue de diminuer par rapport au sommet atteint en mai

Le taux de chômage était à 10,9 % en juillet, en baisse de 1,4 point de pourcentage pour un deuxième mois consécutif et en baisse par rapport au sommet inégalé de 13,7 % en mai. Le taux de chômage était de 5,6 % en février.

Le nombre de chômeurs a reculé pour un deuxième mois consécutif en juillet, en baisse de 269 000 (-11,0 %). Malgré tout, près de 2,2 millions de Canadiens étaient au chômage en juillet, près de deux fois plus (+92,6 %) qu’en février (1,1 million).

En juillet, les mises à pied temporaires ont diminué nettement pour un deuxième mois consécutif, baissant de 384 000 (-45,5 %). Parmi les personnes mises à pied temporairement en juin, environ la moitié ont commencé un emploi en juillet, soit parce qu’elles sont retournées à leur ancien emploi, soit parce qu’elles en ont commencé un nouveau (données non désaisonnalisées). Malgré les fortes baisses enregistrées en juin et en juillet, le nombre de personnes mises à pied temporairement (460 000) était plus de quatre fois plus élevé qu’en février.

En juillet, le nombre de personnes à la recherche d’un emploi a augmenté de 115 000 (+7,1 %), principalement en raison de l’accroissement du nombre de personnes qui sont entrées dans la population active pour chercher du travail.

L’emploi augmente dans la plupart des provinces en juillet, particulièrement en Ontario et au Québec

En Ontario, l’emploi a augmenté de 151 000 (+2,2 %) en juillet, après une hausse de 378 000 en juin. Il est revenu à 91,7 % de son niveau de février, avant la pandémie. L’assouplissement initial des restrictions liées à la COVID-19 est survenu plus tard en Ontario que dans la plupart des autres provinces. Des mesures d’assouplissement supplémentaires ont été prises dans la plupart des régions de la province le 17 juillet, à la fin de la semaine de référence.

L’emploi dans la région métropolitaine de recensement de Toronto a progressé de 2,2 % en juillet. Il s’agit du même taux de croissance que celui de la province, même si l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 a commencé plus tard dans la capitale provinciale que dans la plupart des autres régions. L’emploi à Toronto a atteint 89,9 % de son niveau de février.

L’emploi au Québec a augmenté de 98 000 (+2,4 %) en juillet; cette augmentation s’ajoute aux hausses des deux mois précédents et ramène l’emploi à 94,4 % de son niveau d’avant la COVID. La hausse de l’emploi observée en juillet est entièrement survenue dans le travail à temps partiel. Le taux de chômage a reculé de 1,2 point de pourcentage pour s’établir à 9,5 %; il s’agit de la troisième baisse mensuelle consécutive.

L’emploi s’est accru moins rapidement à Montréal (+28 000 ou +1,3 %) que dans le reste du Québec, et il a atteint 94,4 % de son niveau de février.

Le nombre de Britanno-Colombiens en emploi a augmenté de 70 000 (+3,0 %) en juillet pour atteindre 93,5 % du niveau d’emploi de février. Le taux de chômage a reculé de 1,9 point de pourcentage pour s’établir à 11,1 %.

À Vancouver, l’emploi a progressé de 48 000 (+3,8 %) pour atteindre 89,9 % du niveau de février, une reprise plus faible que dans l’ensemble de la province.

En Alberta, l’emploi a augmenté de 67 000 (+3,2 %) en juillet, enregistrant des hausses tant dans le travail à temps plein que dans le travail à temps partiel. Le taux de chômage pour la province a diminué de 2,7 points de pourcentage en juillet pour s’établir à 12,8 %, la première baisse depuis la crise économique liée à la COVID-19.

En Saskatchewan, l’emploi a progressé de 13 000 (+2,5 %), et le taux de chômage a diminué de 2,8 points de pourcentage pour s’établir à 8,8 %.

L’emploi au Manitoba a augmenté (+12 000) pour un troisième mois consécutif, et le taux de chômage a diminué de 1,9 point de pourcentage pour s’établir à 8,2 %.

L’emploi à Terre-Neuve-et-Labrador a progressé de 4 300 (+2,1 %) en juillet; le taux de chômage a reculé de 0,9 point de pourcentage pour s’établir à 15,6 %.

En Nouvelle-Écosse, l’emploi a augmenté de 3 400 (+0,8 %) en juillet pour atteindre 92,7 % de son niveau de février. Le taux de chômage dans la province a diminué de 2,2 points de pourcentage pour s’établir à 10,8 %.

L’emploi à l’Île-du-Prince-Édouard s’est accru de 1100 en juillet (+1,5 %); cette hausse s’est ajoutée aux augmentations des deux mois précédents. Le taux de chômage a reculé de 3,5 points de pourcentage pour s’établir à 11,7 %.

Au Nouveau-Brunswick, l’emploi a peu varié en juillet, après avoir augmenté de 39 000 d’avril à juin. L’emploi dans la province, qui a été parmi les premières à commencer à assouplir les restrictions liées à la COVID-19, a atteint 96,6 % de son niveau de février, avant la COVID. Il s’agit de la reprise de l’emploi la plus complète de toutes les provinces à ce jour.

En somme

Les plus récentes données sur l’emploi sont très bonnes, mais les progrès faciles ont maintenant été réalisés, et la suite sera plus difficile. Il est évident que l’économie du Canada est tombée bien bas, et que certains emplois ont disparu pour de bon. L’hébergement et la restauration continuent de souffrir, comme les loisirs et le divertissement.

De nombreuses petites entreprises et certaines grandes entreprises ne survivront pas. Par contre, de nouveaux secteurs sont en plein essor, la pandémie ayant accéléré des forces technologiques qui étaient déjà en jeu. Je prévois une forte croissance de l’emploi dans les domaines nouveaux ou émergents suivants : télémédecine; mégadonnées; intelligence artificielle; infonuagique, cybersécurité; 5G; transports sans chauffeur; et énergie propre. Le magasinage en ligne continuera aussi de se répandre, les Canadiens ayant appris à utiliser les services de livraison et le commerce en ligne.

Malheureusement, ceux qui ont été le plus durement touchés par le confinement sont aussi ceux qui ont le moins le moyen d’y faire face. Bon nombre des emplois perdus ne reviendront pas.

Le Canada a bien réussi à aplatir la courbe de la pandémie. Toutefois, comme on le voit aux États-Unis, il ne faut pas baisser la garde. Avec la réouverture des écoles, le risque de propagation du virus augmentera. En outre, nul ne sait ce qu’apportera le retour du temps froid ni quand un vaccin sera largement disponible. Nous devons continuer d’espérer le mieux, mais nous préparer pour le pire. Pour le moment, notre économie démontre sa résilience et nos politiques gouvernementales amortissent le coup pour ceux qui souffrent le plus.

Au sud de la frontière : La situation des États-Unis face à la COVID est désastreuse

Presque tous les pays ont peiné face à la pandémie et ont commis des erreurs. Cependant, les États-Unis se démarquent, parmi les pays riches, par l’échec de sa réaction à la pandémie. Dans le dernier mois, environ 1,9 million d’Américains ont été déclarés positifs au virus. C’est plus de cinq fois autant que le total de l’Europe, du Canada, du Japon, de la Corée du Sud et de l’Australie.

« Même si certains de ces pays ont connu d’inquiétantes nouvelles éclosions depuis un mois, y compris 50 000 nouveaux cas en Espagne, … ce n’est rien à côté de ce qui se voit aux États-Unis, écrivait hier David Leonhardt dans le New York Times. La Floride, avec la moitié autant d’habitants que l’Espagne, a signalé presque 300 000 cas dans la même période. »

En outre, le complément fédéral de 600 $ par semaine aux prestations de chômage cessera à la fin de juillet. Jusqu’à présent, il a pu assurer un revenu minimum aux ménages, stimulant ensuite les dépenses des ménages. Par ailleurs, l’interdiction des expulsions de locataires a pris fin. Et le Congrès continue de se tirailler au sujet d’un nouveau programme d’aide.

Larry Kudlow, principal conseiller économique du président américain, a déclaré la semaine passée que l’économie était toujours sur la voie d’une reprise « en forme de V ». Voilà qui n’est aucunement plausible vu la suspension ou la réduction de l’aide fédérale, l’épuisement des fonds des États et des municipalités à qui la loi interdit des budgets déficitaires, et la montée continue de la maladie.

Les données de juillet sur l’emploi aux États-Unis révèlent que la relance économique continue de progresser. L’emploi a augmenté de 1,76 million dans le mois, davantage que ne le prévoyaient les économistes. Le taux de chômage a baissé jusqu’à 10,2 %. La mesure plus vaste des personnes sans emploi a aussi baissé, à 16,5 %,

Pour les États-Unis, la voie de l’avenir continuera d’être difficile. Les entreprises arrivent au bout de leurs prêts fédéraux, et la réduction des prestations de chômage limitera les dépenses de consommation. La reprise de l’économie américaine est fragile, comme continuent de l’indiquer des données de haute fréquence. La semaine du 31 juillet, les nouveaux cas de COVID ont encore augmenté. Certains États ont dû suspendre la marche vers la réouverture, ou même reculer. Les ventes en magasin sont en baisse, comme le sont les réservations en restaurant, la demande d’électricité, les ventes de billets d’avion et l’achalandage des transports en commun.

Au moment d’écrire ces lignes, les manchettes annoncent qu’aux États-Unis, les discussions sur l’aide face au virus sont près de la rupture, tandis que le président Trump envisage de prendre un décret sur une aide aux chômeurs. La confiance des consommateurs américains ne peut qu’être gravement ébranlée par tant d’incompétence. Le reste du monde en est éberlué.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
4 Août

En mai et juin, l’économie canadienne reprend presque la moitié du chemin perdu à la COVID

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Publié par: Robert Perrier

En mai et juin, l’économie canadienne reprend presque la moitié du chemin perdu à la COVID

L’économie canadienne s’est nettement redressée en mai et juin, avec l’allègement des mesures provinciales de confinement.

Le PIB a progressé de 4,5 % en mai, et l’activité en juin était encore plus vive, avec une hausse estimée de 5 %. Cumulativement, le PIB a augmenté de 10 % en mai et juin, après avoir fondu de plus de 18 % en mars et avril. Ces données sont calculées de mois en mois.

Les chiffres laissent entrevoir un déclin d’environ 40 % du PIB du Canada, à un taux annuel, au deuxième trimestre, ce qui correspond assez bien aux projections des économistes. Au sud de la frontière, les États-Unis affichent une contraction de 33 % du PIB au deuxième trimestre. C’est la plus grande baisse jamais enregistrée (voir ci-dessous). Il n’est pas étonnant que l’économie du Canada ait souffert davantage que celle des États-Unis au T2, car le Canada a imposé plus rapidement des restrictions plus contraignantes que les États-Unis, puis les a allégées plus lentement. Ces restrictions au nom de la santé publique en valaient bien la peine, puisque le Canada a beaucoup mieux réussi à aplatir la courbe des nouvelles infections et des morts. En outre, l’économie canadienne reprendra sans doute plus vite qu’aux États-Unis au T3, démontrant l’avantage d’avoir donné la priorité à la santé publique.

La production canadienne était en hausse dans la plupart des sous-secteurs en mai. Les détaillants ont enregistré des hausses de plus de 10 % lors de la réouverture de nombreux magasins. La construction a aussi connu un net redressement, l’activité progressant de 17,6 % d’un mois à l’autre.

Les activités des services de restauration et des bars ont augmenté de 35,1 % en mai, grâce à l’ouverture des salles à manger et des terrasses dans certaines régions du pays, tandis que d’autres restaurants ont continué à offrir exclusivement des services de mets à emporter et des services de livraison. Par ailleurs, les services d’hébergement ont diminué de 2,3 %; les restrictions sur les voyages internationaux et interprovinciaux qui étaient toujours en vigueur ont poussé la plupart des Canadiens à rester chez eux.

Le secteur des services immobiliers et services de location et de location à bail a augmenté de 1,5 % en mai après avoir diminué de 3,4 % en avril. Les activités des bureaux d’agents et de courtiers immobiliers ont grimpé de 57,1 % au cours du mois. L’activité de revente de maisons a enregistré une hausse dans presque tous les grands centres urbains, et le nombre de nouvelles inscriptions a fortement augmenté. Néanmoins, la production des agents et des courtiers immobiliers est demeurée 44 % en deçà du niveau de février.

Le secteur des arts, spectacles et loisirs a baissé de 2,9 % de plus. Nous prévoyons que certains de ces secteurs de services continueront d’accuser un retard sur la reprise. La demande tardera à augmenter en raison des protocoles de sécurité subsistants et de la crainte d’une propagation du virus.

La production pétrolière est restée faible en mai, perdant encore 2,7 % par rapport à avril. L’activité de forage n’avait pas encore montré de signes de reprise notable au début de l’été.

L’économie américaine enregistre un recul record de 32,9 % au T2

Selon l’estimation initiale du département du Commerce, jeudi dernier, le PIB américain a baissé de 9,5 % au deuxième trimestre par rapport au premier, ce qui équivaut une chute au taux annualisé de 32,9 %. Il s’agit de la plus forte baisse annualisée des données trimestrielles depuis 1947. La chute du PIB dans le trimestre est proche des attentes. Il n’empêche qu’elle se démarque, atteignant plus du double du déclin total sur six trimestres, du sommet au creux, lors de la récession de 2008-2009.

Les dépenses de consommation, qui font environ deux tiers du PIB, ont baissé au taux annualisé de 34,6 %, ce qui est également un record. L’emploi, les dépenses et la production se sont améliorés depuis que les réouvertures ont accéléré en mai et que les Américains ont commencé à bénéficier des vastes mesures fédérales de stimulation. Cependant, une récente flambée des infections a tempéré le rythme de la reprise.

Le chômage aux États-Unis

Selon un autre rapport publié jeudi dernier, le nombre d’Américains demandant des prestations de chômage a augmenté une deuxième semaine de suite. Les demandes initiales en vertu des régimes ordinaires des États se sont élevées à 1,43 million la semaine se terminant le 25 juillet, soit 12 000 de plus que la semaine précédente, a révélé le département du Travail. Il y avait 17 millions d’Américains demandant des prestations de ces programmes dans la période se terminant le 18 juillet, soit 867 000 de plus que la semaine précédente.

Le redémarrage de l’économie a aidé à remettre 7,5 millions d’Américains au travail, au total en mai et juin, mais le total des travailleurs reste inférieur de 14,5 millions à son sommet d’avant la pandémie.

« Nous avons vu ces dernières semaines des signes que l’augmentation des cas du virus et les mesures renouvelées pour y parer commencent à peser sur l’activité économique », a dit mercredi Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, lors d’une conférence de presse après la réunion d’orientation de deux jours de la banque centrale. « Au total, il semble que les données annoncent un ralentissement de la reprise », bien qu’il soit trop tôt pour savoir quelle sera la portée – ou la durée – de cette période, a-t-il estimé. Voilà qui vient rappeler qu’il y a des limites à la mesure dans laquelle l’économie peut retrouver une nouvelle normalité en l’absence d’un vaccin ou de traitements plus efficaces.

D’après Bloomberg News, l’économie américaine est au point mort pour une quatrième semaine consécutive alors que les cas du virus continuent d’augmenter et que certaines mesures de confinement ont été remises en vigueur. Dans la semaine se terminant le 24 juillet, il y a eu une baisse de l’utilisation des transports en commun, du nombre de passagers des compagnies aériennes, du nombre de demandes de prêt hypothécaire, de la confiance des consommateurs et des ventes dans les magasins.

À trois mois à peine de l’élection présidentielle, les Américains devront décider s’ils veulent donner un deuxième mandat à Donald Trump compte tenu de la récession provoquée par le virus et de sa réponse à la crise sanitaire. Sans surprise, le président Trump a lancé hier l’idée, dans un gazouillis, de reporter l’élection. Il invoquait à nouveau le prétexte inexact que le recours massif au vote postal rendrait l’élection « inexacte et frauduleuse ». Le président n’a pas le pouvoir de reporter ou annuler une élection, et son commentaire a suscité une réaction extrêmement négative, tant dans son propre parti que dans le Parti démocrate.

Par ailleurs, un supplément hebdomadaire de 600 $ aux prestations de chômage, qui a été une véritable bouée de sauvetage économique pour des millions d’Américains, prend fin aujourd’hui. Républicains et démocrates continuent de s’opposer sur la voie à suivre maintenant. Pendant ce temps, les morts dues au coronavirus dépassent maintenant les 152 000 aux États-Unis, avec de nouveaux records au Texas et en Floride. Et le Dr Anthony Fauci prévient que la maladie se répand rapidement dans le Midwest.

En somme

L’économie canadienne reprend plus rapidement que l’économie américaine en ce début de relance.

Une partie du rebondissement constaté au Canada – en particulier sur le marché du logement – est probablement attribuable à la demande qui a été refoulée pendant le confinement. Des mesures inédites de soutien du revenu ont aussi aidé à étayer le pouvoir d’achat des ménages à court terme. À eux seuls, les paiements de la Prestation canadienne d’urgence semblaient surpasser les pertes totales de revenu pendant le ralentissement d’avril. Nous prévoyons qu’il en ira de même en mai, dont nous aurons les chiffres sur l’emploi et les salaires dans la semaine à venir.

La menace d’une résurgence du virus continuera de limiter la mesure dans laquelle l’économie peut se rétablir au deuxième semestre de l’année. D’ailleurs, l’activité dans le secteur du pétrole et du gaz reste exceptionnellement faible. Nous prévoyons encore qu’au quatrième trimestre, la croissance du PIB sera inférieure de plus de 5 % à un an plus tôt, et le taux de chômage sera surélevé. Il est toutefois possible que le Canada connaisse une meilleure progression que les États-Unis à très court terme, pourvu que la propagation du virus reste relativement bien contenue.

D’après des chiffres préliminaires de juillet publiés par Recherche économique RBC, le commerce de détail et les activités de loisir continuent de se rétablir plus rapidement au Canada que dans les États américains souffrant d’une flambée des cas de COVID (voir le graphique ci-dessous).

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

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