16 Juil

La Banque du Canada maintient les taux et poursuit son programme d’assouplissement quantitatif

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada maintient le taux cible jusqu’à ce que l’inflation se stabilise à 2 %

La Banque du Canada, avec son nouveau gouverneur Tiff Macklem, affirme vouloir être parfaitement claire : les taux d’intérêt resteront bas très longtemps. Dans cette optique, elle communique des « indications prospectives », précisant qu’elle n’augmentera pas les taux avant que la capacité ne soit absorbée et que l’inflation arrive à sa cible de 2 % pour y rester de façon durable. Elle estime qu’il faudra au moins deux ans. En outre, elle indique que dans ses perspectives « intermédiaires », les risques sont baissiers. La période de taux restant extrêmement bas pourrait donc se prolonger. La Banque a aussi clairement indiqué qu’elle n’envisage pas des taux d’intérêt négatifs. Le taux d’intérêt de référence reste à 0,25 %, ce qui semble être sa limite inférieure.

La Banque poursuit aussi son programme d’assouplissement quantitatif, procédant à des achats d’au moins 5 milliards de dollars d’obligations du gouvernement du Canada par semaine. Le programme d’achat d’obligations de provinces et de sociétés continuera tel qu’annoncé. La Banque reste prête à ajuster ses programmes si les conditions du marché le justifient.

Avec le taux de référence effectivement à son niveau plancher, c’est par l’assouplissement quantitatif que la Banque fait baisser les taux d’intérêt à moyen et long terme. Elle réduit ainsi les coûts des emprunts pour les ménages et les entreprises du Canada. La Banque pose l’hypothèse que le virus restera présent toute la période des prévisions, c’est-à-dire deux ans.

La Banque a publié ses nouvelles prévisions économiques dans le numéro de juillet de son Rapport sur la politique monétaire (RPM). Le RPM présente un scénario intermédiaire pour la croissance mondiale et canadienne, plutôt que les projections économiques habituelles. Le scénario intermédiaire est fondé sur les hypothèses énoncées dans le RPM, y compris qu’il n’y aura pas de vaste deuxième vague du virus au Canada ou à l’échelle mondiale.

L’économie canadienne commence à remonter, à l’heure où elle se remet en marche après les fermetures qui étaient nécessaires pour limiter la propagation du virus. Selon les estimations, l’activité économique du deuxième trimestre était inférieure de 15 % à son niveau de la fin 2019. Il s’agit du plus grand déclin depuis la Grande Dépression, qui est toutefois sensiblement moins grave que les pires scénarios évoqués dans le RPM d’avril. Des mesures budgétaires et monétaires aussi décisives que nécessaires ont soutenu les revenus et assuré la disponibilité de crédit, amortissant le choc et jetant les bases de la reprise.

Le RPM reconnaît sans ambages que la pandémie de COVID-19 a causé « une situation d’urgence sanitaire mondiale et une catastrophe économique ». La trajectoire future de la pandémie est impossible à prévoir en soi, et son évolution dans le temps et dans différentes régions reste très incertaine.

Au Canada, le nombre de nouvelles infections a fortement diminué par rapport au sommet d’avril, et la reprise économique s’est amorcée dans l’ensemble des provinces et des territoires ainsi que dans de nombreux secteurs. L’activité économique s’intensifie donc considérablement avec l’assouplissement des mesures visant à maîtriser le virus. La Banque du Canada prévoit un fort rebond de l’activité économique à la phase de réouverture, suivi d’une phase de récupération plus longue, mais aussi inégale d’une région et d’un secteur à l’autre (figure 1 ci-dessous). Par conséquent, la production économique canadienne ne retrouvera probablement pas son niveau d’avant la pandémie avant un certain temps. Bien des travailleurs et des entreprises peuvent s’attendre à connaître une période prolongée de difficultés.

Il y a des indications précoces que la réouverture des entreprises et la demande refoulée mènent à un rebond initial de l’emploi et de la production. Selon le scénario intermédiaire, environ 40 % du recul du premier semestre sera récupéré au troisième trimestre. Par la suite, la Banque prévoit que la récupération de l’économie ralentira et que la pandémie continuera d’influer sur la confiance et le comportement des consommateurs, et que l’économie devra relever des défis de fond. Par conséquent, dans le scénario intermédiaire, le PIB réel baisse de 7,8 % en 2020, puis retrouve la croissance : 5,1 % en 2021 et 3,7 % en 2022. La Banque prévoit qu’il restera des capacités excédentaires dans l’économie car la demande ne se rétablira pas aussi vite que l’offre. Il y aura ainsi d’importantes pressions désinflationnistes.

En somme

Le gouverneur Macklem a dit en conférence de presse vouloir que les Canadiens retiennent, d’après les annonces d’aujourd’hui de la Banque du Canada, que « les taux d’intérêts canadiens sont très bas et resteront très bas pendant une très longue période ». La réouverture de l’économie canadienne est bien en voie. L’activité économique a touché le fond en avril et a commencé à remonter en mai, puis s’est accélérée en juin. Environ 1,5 million d’emplois, sur 3,0 millions perdus en mars-avril, ont été ajoutés en mai et juin.

Certains secteurs, comme la vente de véhicules automobiles, ont déjà connu une forte reprise depuis avril. De même, l’activité dans le secteur du logement a brusquement chuté durant le confinement, mais commence à reprendre rapidement. En revanche, la situation de certains des secteurs les plus durement touchés – comme ceux de la restauration, du voyage et des services de soins personnels – ne s’améliore que depuis quelques semaines, et on s’attend à ce qu’ils continuent d’être confrontés à d’importants défis.

Le graphique ci-dessous, provenant du RPM de juillet, indique que les habitudes de consommation des ménages ont changé depuis l’arrivée de la pandémie. Certains changements pourraient être durables. Dans le scénario intermédiaire, les effets du ralentissement et la baisse de l’immigration font que l’activité des ménages reste réduite sur quelques années. Après un regain d’activité à court terme grâce à la demande refoulée, l’investissement résidentiel augmente lentement à mesure que le revenu et la confiance se redressent.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Juil

Les ventes de maisons augmentent encore en juin

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Publié par: Robert Perrier

Le marché canadien du logement a poursuivi sa reprise en juin et au début de juillet

Voilà encore des bonnes nouvelles aujourd’hui pour le marché de l’habitation. Les ventes résidentielles ont augmenté de 63 % de plus en juin, revenant aux niveaux normaux pour le mois. Elles sont d’environ 150 % supérieures aux niveaux enregistrés en avril, quand le confinement pour la pandémie paralysait l’économie (voir le graphique ci-dessous). Selon les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), l’activité était vive sur les plus grands marchés immobiliers du Canada. Les ventes ont augmenté de 83,8 % (d’un mois à l’autre) dans le Grand Toronto, de 75,1 % à Montréal, de 60,3 % dans le Grand Vancouver, de 99,7 % dans la vallée du Fraser, de 54,9 % à Calgary, de 59 % à Edmonton, de 22,5 % à Winnipeg, de 34,8 % à Hamilton-Burlington, de 67,9 % à London et St. Thomas, de 55,6 % à Ottawa et de 43,6 % à Québec. Ces gains mensuels révèlent la demande refoulée qui aurait donné un printemps exceptionnel pour l’immobilier.

En comparaison d’un an plus tôt, les ventes nationales de maisons étaient en hausse de 15,2 % en juin.

Des données empiriques indiquent que les ventes continuaient de bien se porter les premières semaines de juillet. Jusqu’à présent ce mois-ci, le suivi quotidien indiquerait que l’activité s’est encore renforcée en juillet. « Les courtiers et agents à l’échelle du pays constatent une reprise de plus en plus marquée des activités », affirme Costa Poulopoulos, président de l’ACI.

Nouvelles inscriptions

Le nombre de nouvelles inscriptions a fait un nouveau bond, de 49,5 %, en juin par rapport au mois précédent. Des gains ont été enregistrés dans tout le pays.

Le ratio national des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions s’est resserré pour atteindre 63,7 % en juin, par rapport à 58,5 % en mai. On comptait seulement 3,6 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de juin 2020, le plus bas niveau en 16 ans pour cette mesure.

Prix des maisons

En juin 2020, l’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a augmenté de 0,5 %, comparativement à celui de mai (voir le tableau ci-dessous). Parmi les 20 marchés que l’Indice mesure actuellement, 17 ont affiché des hausses d’un mois à l’autre.

D’une manière générale, la hausse des prix s’accélère de nouveau à l’est du Manitoba, sauf à Toronto pour l’instant. Les prix sont également en hausse en Colombie-Britannique, sauf à Vancouver. Ils sont toutefois en baisse à Calgary, tandis qu’ailleurs dans les Prairies, ils sont soit stables, soit en hausse.

Comme d’habitude, l’évolution des prix annoncée par les chambres immobilières locales (comme la TREB à Toronto) était trompeuse, parce que les types et les tailles des maisons vendues au cours d’un mois varient. L’IPP MLS® est un moyen plus précis d’évaluer les tendances des prix, parce qu’il corrige les distorsions occasionnées par les fluctuations dans la composition des ventes d’un mois à l’autre.

Le prix moyen national réel (non désaisonnalisé) des propriétés vendues au pays en juin 2020 se situait à presque 539 000 $, soit 6,5 % de plus qu’au même mois l’année dernière.

Le prix moyen national est fortement influencé par les ventes dans le Grand Vancouver et le Grand Toronto, deux des marchés les plus actifs et les plus chers au Canada. En excluant ces deux marchés du calcul, le prix moyen national baisse de presque 107 000 $. Dans les mois à venir, les fluctuations des ventes dans ces deux marchés en particulier pourraient avoir un effet multiplicateur considérable sur le prix moyen national, que ce soit à la hausse ou à la baisse.

En somme

La SCHL a récemment prédit que le prix moyen des maisons vendues au pays baissera de 9 % à 18 % en 2020, et pourrait ne retrouver le niveau de la fin 2019 qu’en 2022. Je continue de croire que cette prévision est excessivement pessimiste. Nous voici au deuxième semestre de 2020, et le prix moyen national a augmenté de 6,5 % par rapport à un an plus tôt.

La bonne nouvelle est que le marché du logement contribue à la relance de l’économie. Il reste de l’incertitude sur le cours que suivra la pandémie de COVID-19, mais le gouvernement du Canada a très bien géré la situation, tant du point de vue de la santé publique que sur les plans budgétaire et monétaire. Il suffit de constater la débâcle au sud de la frontière pour comprendre que nous nous en tirons bien. La progression de l’économie ici dépendra du virus. Nul ne sait ce qu’elle sera, mais le Canada est sur la voie d’une pleine reprise. Il se peut seulement que le chemin soit long et tortueux.

La Banque du Canada a tenu aujourd’hui sa première réunion avec Tiff Macklem à la barre. Elle a estimé qu’il faudra deux ans pour se remettre pleinement de la pandémie. (Nous y reviendrons dans le prochain courriel.)

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
13 Juil

Bonne progression des emplois au Canada en juin

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Publié par: Robert Perrier

Les données de juin sur l’emploi sont bien meilleures que prévu

Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de juin, publiés aujourd’hui par Statistique Canda, indiquent les conditions du marché du travail durant la semaine du 14 au 20 juin. À ce moment-là, les restrictions de santé publique avaient été assouplies dans la plupart des régions du pays. Des restrictions plus sévères restaient toutefois en vigueur dans une grande partie du sud-ouest de l’Ontario, y compris à Toronto. Même si les entreprises reprenaient leurs activités, les exigences de distanciation physique et autres ont limité les effets du déconfinement sur l’emploi.

De février à avril, 5,5 millions de travailleurs canadiens – 30 % de la population active – ont soit perdu leur emploi ou subi une forte réduction de leurs heures de travail. Pourtant, c’est presque 8,2 millions de Canadiens qui reçoivent les 2000 $ par mois de la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Pour certains, la PCU a un effet dissuasif pour le retour au travail.

La prestation a récemment été prolongée de huit semaines, jusqu’à environ la fin d’août, et le NPD presse Ottawa de les prolonger encore, jusqu’au début d’octobre. Si vous gagnez plus de 1000 $ par mois, vous perdez complètement la prestation de 2000 $, ce qui pourrait de toute évidence inciter certains à éviter de chercher un nouvel emploi ou de retourner chez leur employeur précédent.

La PCU a amorti le choc de la pandémie pour les ménages et aidé à stimuler la confiance des consommateurs. C’est à retenir en considérant la vitesse à laquelle les personnes sans emploi retournent au travail.

Évolution remarquable de l’emploi en juin

Au cours de la semaine du 14 au 20 juin, le nombre de travailleurs touchés par la crise économique liée à la COVID-19 s’est élevé à 3,1 millions, en baisse de 43 % depuis avril.

À la suite de la reprise initiale de 290 000 en mai, l’emploi s’est accru de près de 1 million en juin (+953 000; +5,8 %). Les hausses sont réparties entre le travail à temps plein (+488 000 ou +3,5 %) et le travail à temps partiel (+465 000 ou +17,9 %). Par suite de ces deux hausses mensuelles consécutives, le niveau global de l’emploi en juin était en baisse de 1,8 million (-9,2 %) par rapport à février.

L’emploi a repris beaucoup plus rapidement qu’à la suite de récessions précédentes, de la même façon que la chute de l’emploi due à la pandémie avait été plus soudaine. Dans tous les groupes d’âge, les hommes se rapprochent davantage que les femmes des niveaux d’emploi d’avant le confinement. Les secteurs qui ont le plus souffert – l’hébergement, la restauration, le commerce de détail et les services personnels – comptent une forte proportion de personnel féminin. La garde d’enfants, à la suite de la fermeture des écoles, a sans doute été davantage assumée par les femmes, comme en témoigne le taux de chômage supérieur des femmes ayant de jeunes enfants.

Le taux de chômage baisse en juin après avoir atteint un niveau record en mai

Le taux de chômage était de 12,3 % en juin, soit 1,4 point de pourcentage de moins que le sommet inégalé de 13,7 % de mai. Même s’il s’agit de la plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée, le taux de chômage demeure beaucoup plus élevé qu’en février, quand il était à 5,6 %.

L’emploi augmente dans toutes les provinces

En Ontario, où l’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 a commencé à la fin de mai et a été élargi le 12 juin, l’emploi a augmenté de 378 000 (+5,9 %) en juin. Il s’agit de la première hausse depuis le début du confinement lié à la COVID-19. La proportion des personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a diminué de 6,5 points de pourcentage pour se situer à 14,1 % en Ontario. Le taux de chômage a diminué de 1,4 point, jusqu’à 12,2 %, le nombre de personnes mises à pied temporairement ayant reculé (voir le tableau ci-dessous).

À Toronto, où l’assouplissement de certaines restrictions liées à la COVID-19 a été reporté au 24 juin, le taux de reprise a été légèrement inférieur à celui de la province en juin. Le niveau d’emploi à Toronto a atteint 89,6 % du niveau de février, comparativement à 94,5 % pour le reste de la province (données non désaisonnalisées).

Le Québec a enregistré une hausse des emplois de 248 000 (+6,5 %) en juin. Cette hausse s’ajoute à l’augmentation semblable (+231 000) de mai, rapprochant l’emploi à 92,2 % de son niveau de février. En même temps, le nombre de personnes en chômage dans la province a reculé pour un deuxième mois consécutif en juin (-119 000), ce qui a entraîné une baisse de 3,0 points de pourcentage du taux de chômage, jusqu’à 10,7 %. Le recul du chômage au Québec est entièrement attribuable à la baisse du nombre de personnes mises à pied temporairement.

Le nombre de personnes en emploi en Colombie-Britannique s’est accru de 118 000 (+5,4 %) en juin, après avoir augmenté de 43 000 en mai. La proportion de personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a diminué de 2,9 points de pourcentage, jusqu’à 14,6 %. Le nombre de chômeurs dans la province a peu varié en juin, et le taux de chômage a légèrement diminué (-0,4 point de pourcentage), jusqu’à 13,0 %.

Dans les provinces de l’Ouest, l’emploi en Saskatchewan a augmenté (+30 000) pour la première fois depuis le début de la crise économique liée à la COVID-19, et il a enregistré une hausse pour un deuxième mois consécutif en Alberta (+92 000) et au Manitoba (+29 000).

Au Nouveau-Brunswick, la première province à avoir assoupli les restrictions liées à la COVID-19, l’emploi a progressé de 22 000 en juin. Cette hausse, combinée aux augmentations enregistrées en mai, a permis à l’emploi dans la province d’atteindre 97,1 % de son niveau de février avant la COVID-19. Il s’agit de la reprise de l’emploi la plus complète à ce jour parmi toutes les provinces.

L’emploi a augmenté pour un deuxième mois consécutif en Nouvelle-Écosse (+29 000), à Terre-Neuve-et-Labrador (+6 000) et à l’Île-du-Prince-Édouard (+1 700).

Croissance de l’emploi variable selon le secteur

Les secteurs où les travailleurs doivent être proches des clients (services d’hébergement et de restauration, commerce de détail sauf en ligne) sont restés les plus touchés par les pertes d’emplois dues aux mesures sanitaires. Une proportion élevée d’emplois dans les secteurs des soins de santé et de l’assistance sociale ainsi que des services d’enseignement exigent aussi de travailler en proximité physique avec d’autres. L’emploi a augmenté dans tous ces secteurs, mais il reste bien en-deçà des niveaux d’avant la COVID.

L’emploi dans les entreprises dont les activités rassemblent un grand nombre de personnes (secteur de l’information, de la culture et des loisirs) a aussi beaucoup souffert. Ce secteur a été touché par certaines des premières restrictions au nom de la santé publique, c’est-à-dire la limitation de la taille des rassemblements. Toutes les provinces continuent de limiter le nombre de personnes pouvant se rassembler en public.

Dans plusieurs secteurs de services, comme le commerce de gros, les administrations publiques, la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail, moins de 40 % des emplois requièrent de travailler en proximité physique avec d’autres. Dans bon nombre de ces secteurs, l’emploi a retrouvé ou presque retrouvé les niveaux d’avant le confinement lié à la COVID-19.

Des hausses mensuelles de l’emploi ont été enregistrées dans le commerce de gros (+38 000) ainsi que dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail (+17 000). L’emploi a retrouvé les niveaux d’avant la COVID-19 dans le commerce de gros, tandis qu’il restait inférieur de 1,0 % dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail.

Dans la plupart des secteurs où peu d’emplois requièrent de travailler en proximité physique avec d’autres, de nombreux travailleurs ont commencé à travailler à partir de leur domicile. Dans la finance, les assurances, les services immobiliers et les services de location et de location à bail, 6 travailleurs sur 10 (61,2 %) ont travaillé à domicile pendant la semaine du 14 juin, proportion plus de deux fois supérieure à ce qu’elle était (28,5 %). Un pourcentage plus élevé que d’habitude de travailleurs a aussi continué de travailler à domicile dans les services professionnels, scientifiques et techniques (73,2 %) ainsi que dans les administrations publiques (53,8 %).

Après avoir évité d’importantes pertes d’emplois au cours du premier mois de la paralysie liée à la COVID-19, les secteurs de la construction et de la fabrication ont tous deux enregistré des baisses prononcées en avril, suivies d’un début de reprise en mai.

En juin, l’emploi dans la construction a augmenté de 157 000 par rapport à avril pour atteindre 89,3 % de son niveau de février. Dans le secteur de la fabrication, les hausses de l’emploi enregistrées en mai et en juin ont totalisé 160 000, ce qui a ramené l’emploi à 91,9 % de son niveau de février.

Dans les secteurs de la construction et de la fabrication, tant la proportion de personnes travaillant moins de la moitié de leurs heures habituelles que le nombre de personnes mises à pied temporairement ont reculé de façon marquée en juin. La construction a enregistré une baisse de 53,8 % du nombre de personnes mises à pied temporairement (données non désaisonnalisées).

En somme 

Ces progrès de l’emploi sont indiscutablement positifs, et nous verrons sans doute la reprise de l’emploi continuer tant que l’économie peut continuer de reprendre ses activités. Il est toutefois également évident que l’économie du Canada est tombée bien bas, et que certains emplois auront disparu pour de bon. Par contre, de nouveaux secteurs sont en pleine croissance, la pandémie ayant accéléré des forces technologiques qui étaient déjà en jeu. Je prévois une forte croissance de l’emploi dans les domaines nouveaux ou émergents suivants : télémédecine; mégadonnées; intelligence artificielle; infonuagique, cybersécurité; 5G; transports sans chauffeur; et énergie propre. Le magasinage en ligne continuera aussi de se répandre, les Canadiens ayant appris à utiliser les services de livraison et le commerce en ligne.

Les nouveaux emplois exigent de la formation et une expertise de pointe. Ceux qui ont vu leur emploi disparaître devront s’adapter. Ce que nous ne voulons pas voir, c’est des programmes gouvernementaux qui ralentissent l’adaptation ou qui soutiennent des entreprises qui ne sont plus viables. Une aide restera nécessaire pour ceux qui ont les plus grands besoins mais peu de possibilités d’adaptation.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
9 Juil

Portrait budgétaire : Déficit et dette bien plus importants que prévu

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Publié par: Robert Perrier

Un déficit époustouflant

Le ministre des Finances, Bill Morneau, a présenté son portrait budgétaire aujourd’hui. La plupart des économistes prévoyaient un déficit budgétaire d’environ 260 milliards de dollars. Au lieu, le gouvernement a annoncé pour l’exercice 2020-2021 un déficit de 343,2 milliards de dollars – près de 16 % du PIB. Avant la pandémie, le déficit prévu était de 34,4 milliards de dollars.

Une bonne part de la différence peut être attribuée au 212 milliards de dollars de mesures de soutien direct que le gouvernement fédéral fournit aux particuliers et aux entreprises. Le directeur parlementaire du budget, gardien de la rigueur budgétaire du pays, avait initialement estimé que le déficit s’élèverait à 256,2 milliards de dollars. Entre-temps, les recettes fiscales ont encore baissé, la PCU a été prolongée de huit semaines et la subvention des salaires a été augmentée.

Il n’y a pas que les dépenses des programmes liés à la pandémie. Le ralentissement économique occasionne une part de 81,3 milliards de dollars du déficit de 2020-2021. Les dépenses sont à leur plus haut niveau depuis 1945, et la récession a aussi miné les recettes. Elles baisseront, en part de l’économie, à leur plus bas niveau depuis 1929.

Le premier ministre a soutenu que l’économie serait en bien plus mauvaise posture si ce n’était des mesures prises par le gouvernement, entre autres, pour éviter que les ménages doivent encore davantage s’endetter. « Nous avons fait un choix très précis et délibéré d’aider les Canadiens dans cette pandémie, de reconnaître que des gens ont perdu leur emploi du jour au lendemain, a dit M. Trudeau à des journalistes à Ottawa. Nous avons décidé d’assumer cet endettement pour éviter que les Canadiens ne doivent le faire. »

Le gouvernement peut assurément financer sa dette à bien moindre coût que les ménages. Les taux d’intérêt à long terme pour le gouvernement du Canada n’ont jamais été si bas, sous le taux de l’inflation. Le rendement des obligations de 10 ans du gouvernement du Canada est de 0,56 %, et des obligations de 30 ans, à peine au-dessus de 1,0 %. Par conséquent, les frais d’intérêt de la dette croissante du gouvernement sont très modestes.

En outre, la flambée temporaire de la dette d’Ottawa est très largement absorbée par la Banque du Canada, avec ses achats d’obligations. La part des obligations du gouvernement fédéral dans le portefeuille de titres de la Banque a augmenté fortement, de moins de 14 % au début de l’année à environ 27 % aujourd’hui. Elle est pourtant toujours inférieure à la part des obligations du gouvernement national dans le portefeuille de la banque centrale au Japon, en Allemagne et en Suède, par exemple. La dette nette de l’ensemble du secteur public du Canada reste modérée en comparaison d’autres grandes économies, surtout en comparaison des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la zone euro.

Déclin du PIB

Selon le rapport, l’économie canadienne se contractera de 6,8 % cette année, puis remontera de 5,5 % l’an prochain. Ce sera la plus grande contraction de l’économie depuis la Grande Dépression. Dans l’exercice 2020-2021, elle sera deux fois plus grande qu’en 2009-2010 à la suite de la crise financière mondiale.

Entre février et avril, 5,5 millions de Canadiens ont soit perdu leur emploi, soit subi une réduction importante de leurs heures de travail. Ces pertes ont porté le taux de chômage à 13,7 % en mai, après la plus forte hausse de tous les temps, à partir du faible niveau de 5,5 % de janvier, avant la crise.

Le ministre Morneau a dit que sans les programmes gouvernementaux face à la pandémie, le PIB aurait reculé de plus de 10 %, et le chômage aurait augmenté de 2 points de pourcentage de plus.

Stratégie face à la dette

Le gouvernement prévoit maintenant que la dette arrivera à 49,1 % du PIB dans l’exercice entamé le 1er avril. Elle était à 31,1 % l’année passée. Dans son discours, le ministre Morneau n’a pas fait de prévisions au-delà de 2020, ni indiqué de plans budgétaires futurs sinon pour dire que le Canada continuera de préserver son avantage d’un faible endettement relativement à d’autres grandes économies. La situation est facilitée par le fait que les taux d’intérêt sont à des creux historiques. Les frais de la dette publique sont de fait en baisse, par suite de la chute du coût des emprunts.

« Nous devrons tous assumer collectivement nos emprunts et veiller à ce qu’ils soient viables à long terme pour les générations futures, affirme le ministre des Finances. La structure de la dette du Canada est prudente et échelonnée dans le temps, et elle se compare favorablement à celle des pays membres du G7. Nous continuerons de veiller à maintenir cet avantage dans les mois et les années à venir. »

Les dépenses du gouvernement fédéral, comme le déficit, sont sur le point d’atteindre un sommet de tous les temps en pourcentage du PIB, hormis la période de la Deuxième Guerre mondiale. Les dépenses des programmes augmenteront de 69 %, à 592,6 milliards de dollars ou 27,5 % du PIB – contre en moyenne environ 15 % depuis 50 ans.

Il y a déjà 80 milliards de dollars pour le principal programme de soutien du revenu, la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Un des changements annoncés dans le document de mercredi est un supplément de presque 40 milliards de dollars pour le programme de subvention salariale du gouvernement, le portant à 82,3 milliards de dollars. Ces chiffres indiquent que le gouvernement prévoit une transition, à partir de septembre, délaissant la prestation de 2000 $ par mois pour les Canadiens.

En somme

Le gouvernement se targue d’avoir mis en place le plan d’intervention économique le plus complet du G20 en réponse à la pandémie (voir le graphique ci-dessous).

Selon le document du portrait budgétaire : « La solide situation financière du Canada, lors de l’apparition de la pandémie, a permis au gouvernement de mettre en œuvre un plan d’intervention économique ambitieux selon les normes internationales. Les mesures d’aide financière directe représentaient à elles seules plus de 10 % du PIB du Canada, comparativement à 6,7 % en moyenne pour les pays du G7, la majeure partie de l’aide étant destinée aux particuliers et aux ménages. En comparaison, le plan des États-Unis consacre également une grande partie de son aide directe aux particuliers et aux ménages, mais dans une moindre mesure. Au-delà de sa taille totale, qui est l’une des plus importantes du G7 et du G20, le plan du Canada est aussi l’un des plus complets, couvrant une gamme plus large de mesures que la plupart des plans annoncés dans les pays comparables. Le Canada est notamment l’un des rares pays à avoir annoncé à la fois un programme national d’aide à la location commerciale pour les petites entreprises et un crédit non remboursable pour les petites et moyennes entreprises. »

Espérons que le gouvernement n’envisage pas des mesures de restriction avant d’être certain que la pandémie a été contenue et que la reprise économique est fermement lancée. La dernière chose qu’il nous faudrait aujourd’hui est une augmentation des taxes. Nombreux sont ceux qui craindront que ce soit le résultat de tout cet endettement. Une bonne part des coûts budgétaires ponctuels s’effaceront à mesure que l’économie se rétablira. Il est toutefois essentiel que nous évitions de soutenir des entreprises qui ne sont plus viables dans le monde de l’après-pandémie. Nous voulons aussi nous assurer que la PCU et d’autres mesures de soutien du revenu ne dissuadent pas des personnes de retourner au travail quand des emplois sont disponibles.

Le gouvernement n’a pas fait de prévisions au-delà de l’exercice actuel. Vu l’incertitude quant à une éventuelle deuxième vague du virus et quant au moment où un vaccin sera disponible, de telles prévisions auraient été hautement hypothétiques. Le ministre Morneau présentera une mise à jour à l’automne.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Juil

La confiance des entreprises canadiennes est au plus bas

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Publié par: Robert Perrier

La confiance des entreprises canadiennes est au plus bas 

La Banque du Canada a publié aujourd’hui son Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE)* de l’été. Les entrevues ont été effectuées de la mi-mai au début de juin. Dans toutes les provinces et tous les secteurs, la confiance est résolument minée, en raison des répercussions de la pandémie et de la chute des prix pétroliers.

Depuis l’enquête précédente, menée avant que les préoccupations relatives à la COVID-19 ne se précisent mais après que les prix du pétrole avaient commencé de chuter, la confiance des entreprises s’est effondrée. Fait étonnant toutefois, la confiance des entreprises n’est pas aussi faible que pendant la crise financière mondiale de 2007 à 2009 (voir le graphique 1 ci-dessous). L’explication tient surtout au soutien gouvernemental déployé pour amortir le choc de la pandémie. En outre, de nombreuses entreprises prévoient une reprise relativement rapide après un déclin passager des ventes, alors qu’elles prévoyaient une faiblesse persistante de la demande en 2007-2009.

Points saillants de l’EPE :

  • Les indicateurs avancés des ventes se sont écroulés. De nombreuses entreprises évoquent une incertitude élevée. Il reste qu’environ la moitié des entreprises prévoient que leurs ventes retourneront d’ici un an aux niveaux d’avant la pandémie.
  • Les entreprises de la plupart des régions et secteurs comptent réduire sensiblement leurs investissements. Les intentions d’embauche sont modérées, même si le quart des entreprises entendent rétablir certains postes après les mises à pied récentes.
  • Le nombre d’entreprises qui signalent des pressions sur la capacité de production et des pénuries de main-d’œuvre a fortement diminué. Voilà qui indique un accroissement substantiel de la marge de capacités inutilisées.
  • Les attentes en matière de progression des prix des intrants et des extrants ainsi qu’en matière d’inflation ont considérablement baissé.
  • Les conditions du crédit se sont nettement resserrées, mais les mesures gouvernementales ont un effet modérateur bienvenu.

______________________________________________________________________
* Le bulletin Enquête sur les perspectives des entreprises contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque du Canada auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de cette enquête ont été recueillies par téléphone et par vidéoconférence entre le 12 mai et le 5 juin 2020.

Enquête de la Banque du Canada sur les attentes des consommateurs – T2 2020

Cette enquête a été réalisée entre le 11 mai et le 1er juin, pendant la pandémie. Les consommateurs craignaient surtout de perdre leur emploi. Nombreux sont ceux qui prévoyaient des difficultés à trouver un nouvel emploi. En outre, les attentes des consommateurs quant à l’augmentation des salaires ont baissé sensiblement.

Selon les résultats de l’enquête, les attentes des consommateurs quant aux taux d’intérêt ont baissé fortement, bien qu’ils s’attendent à une hausse modérée des taux à l’horizon de 1 an à 5 ans. En même temps, les attentes quant à la progression du prix moyen des maisons sont tombées à zéro pour l’ensemble du Canada. En Ontario, les répondants prévoient que le prix moyen des maisons augmentera de 1 % dans l’année à venir. En Colombie-Britannique, ils prévoient plutôt une baisse légère, de -0,30 %, et en Alberta, une baisse de -4,3 % (voir le graphique ci-dessous). Il faut noter que les prix du pétrole ont augmenté considérablement après que l’enquête a été terminée. Toutes ces prévisions sont nettement sous celles de l’étude du premier trimestre.

Toutes ces attentes sont bien en deçà de celles de la SCHL, selon laquelle le prix moyen des maisons au Canada baisserait de 9 à 18 % dans l’année à venir. 

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
2 Juil

Le PIB du Canada plonge en avril et remonte légèrement en mai

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Publié par: Robert Perrier

L’économie canadienne a plongé de 11,6 % en avril

Le confinement dû à la pandémie a plongé tous les secteurs de l’économie dans un coma artificiel. Il était donc évident que le premier mois complet de paralysie serait douloureux. Les estimations prévoyaient même une chute de l’activité économique de plus que les 11,6 % rapportés aujourd’hui par Statistique Canada (voir le graphique ci-dessous). La contraction d’avril fait suite à celle de 7,5 % en mars. L’ensemble des 20 secteurs d’activité de l’économie canadienne ont été déprimés, ce qui a entraîné la plus forte baisse mensuelle depuis le début de la série statistique en 1961.

Les secteurs des services ont baissé de 9,7 %, le commerce de détail et les transports étant les plus touchés. Pour les secteurs des biens, le recul est de 17 %. À la fin d’avril, l’économie se situait 18,2 % sous le niveau de février, le mois avant que les mesures liées à la COVID-19 soient prises.

Rien de tel ne s’était produit de notre vivant. Nous sommes en territoire inconnu, et le virus déterminera comment l’économie va évoluer. Les responsables des politiques du Canada ont agi judicieusement pour amortir le coup du confinement et de ses répercussions durables sur l’économie. Fait à noter, le Canada a vu le nombre de cas diminuer constamment grâce aux mesures de confinement imposées. En revanche, il y a eu une flambée désastreuse de cas de COVID dans une vingtaine d’États américains où l’économie a été rouverte prématurément et les mesures de santé publique ont été terriblement mal gérées. Il est toutefois crucial d’éviter de présumer que le pire est passé et de relâcher notre vigilance. L’Organisation mondiale de la santé a prévenu hier que le pire était en fait à venir. Au demeurant, on ignore encore quand un vaccin sera disponible, et le Canada reste exposé à une contamination véhiculée par des camionneurs américains et des voyageurs, et à une propagation du virus si nous retournons trop vite à la normale.

Les points saillants suivants se dégagent au sujet de la contraction économique d’avril :

  • Le transport aérien a chuté de 93,7 %, avec une baisse du volume des mouvements tant de biens que de passagers.
  • Les services d’hébergement et de restauration ont baissé de 42,4 % en avril, après avoir déjà reculé de 37,1 % en mars. Depuis février, le recul atteint non moins de 64 %.
  • L’immobilier a diminué de 3,5 % en avril, après un recul de 1,2 % en mars. Les activités des bureaux d’agents et de courtiers immobiliers ont chuté de 57,2 % en avril alors que l’activité de revente de maisons a cessé dans presque tous les grands centres urbains.
  • Les services personnels et les services de blanchissage (salons de coiffure, salons de beauté, salons funéraires, services de blanchissage, etc.) ont diminué de 39,3 %, tandis que les ménages privés (femmes de chambre, cuisiniers, jardiniers, etc.) ont reculé de plus du tiers.

Heureusement, Statistique Canada a affirmé aujourd’hui que selon les données provisoires, le PIB réel aurait augmenté d’environ 3,0 % en mai. La production dans plusieurs secteurs, y compris la fabrication, le commerce de détail, le commerce de gros et le secteur public (enseignement, soins de santé et administrations publiques), a augmenté en mai. Les activités ont commencé à reprendre graduellement par phases dans différentes régions du pays.

Les consommateurs soutiennent l’économie

Sur une note plus positive, les économistes de la Banque Royale ont affirmé hier que les dépenses personnelles ont connu une forte reprise depuis le début d’avril. C’est ce qu’indiquent les achats par carte de débit ou de crédit (voir le graphique ci-dessous). Le 16 juin, les volumes globaux de transactions étaient remontés à 2 % près aux niveaux d’un an plus tôt. La réouverture en cours au pays a stimulé les dépenses dans des magasins de vêtements et pour des services personnels tels que coiffure et massages. Selon les premières indications, le magasinage en ligne reste populaire malgré l’ouverture des magasins traditionnels.

La réouverture de l’économie, combinée au soutien du revenu fourni par le gouvernement fédéral, a stimulé la confiance des consommateurs et les dépenses. La Prestation canadienne d’urgence (PCU) donne 2000 $ par période de quatre semaines aux consommateurs admissibles qui ont cessé de travailler en raison de la COVID. Le premier ministre Trudeau a récemment annoncé une prolongation de la PCU, de 16 semaines à 20 semaines.

La confiance des consommateurs a grimpé neuf semaines de suite, selon l’Indice de confiance canadienne Bloomberg Nanos, une mesure composite hebdomadaire de la santé financière et des attentes économiques. L’indice est actuellement à 46 points, soit presque 10 de plus qu’au début de mai. Il s’approche graduellement du seuil de 50 points à partir duquel on considère que la situation est globalement positive.

Il reste qu’un problème imprévu est apparu, la PCU ayant un effet de désincitation au travail. Si un bénéficiaire gagne plus de 1000 $ par mois en travaillant, il perd la totalité du paiement de 2000 $. En outre, pour certains, la PCU rapporte davantage que ce qu’ils gagnaient au travail. Ils sont donc réticents à reprendre leur emploi lorsque leur entreprise relance son activité. Les restaurants, les commerces de détail, les services de nettoyage et les services non spécialisés ont d’autant plus de difficulté à récupérer leurs travailleurs. Il faudrait que le gouvernement commence à réduire le soutien financier direct, alors qu’il a au lieu prolongé les paiements jusqu’à la fin d’août.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
22 Juin

Déclaration préliminaire devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes

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Publié par: Robert Perrier

Déclaration préliminaire devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes

Aucun de nous n’a d’expérience face à une urgence médicale qui est devenue une crise économique. Et aucun de nous ne sait combien ceci durera ni comment cela se terminera. Je crois que nous pouvons tous nous entendre pour dire qu’il s’agit d’un dilemme à nul autre pareil, enrobé d’une profonde incertitude.

La théorie économique et la modélisation économétrique ne fournissent pas de feuille de route précise. Au contraire de récessions précédentes à l’issue d’une guerre, celle d’aujourd’hui n’est pas un choc endogène déclenché par d’énormes déséquilibres.

Évidemment, les considérations médicales devraient l’emporter sur les économiques. Le rôle des responsables des politiques est d’atténuer les fardeaux financiers occasionnés par les mesures qu’il convient de prendre sur le plan médical.

Comment devrions-nous aborder les mois à venir? À mon avis, ce sont d’abord les experts médicaux qui doivent répondre à cette question. Pour évaluer les prochaines étapes sous l’angle de la politique économique, le gouvernement devrait expliquer son point de vue sur la probabilité d’un vaccin et d’antiviraux sur un horizon de six mois, un an et trois ans.

Selon une évaluation lucide des perspectives de croissance au Canada, le deuxième trimestre pourrait être le creux de la vague, mais l’économie ne reviendra que lentement au plein emploi. Ceux qui sont le plus durement touchés seront ceux qui peuvent le moins se permettre de rester sans emploi. Les petites entreprises, qui représentent plus de 40 % des emplois dans le secteur privé, ont subi un coup dur et, dans de nombreux cas, peut-être un coup fatal. Certains des emplois perdus sont perdus à jamais.

Il faut espérer que les mesures successives de stimulation prises par le gouvernement et la Banque du Canada renforceront l’économie et déclencheront une relance de l’embauche.

Le risque, toutefois, est que la pandémie provoque un « choc de redistribution »[1] faisant que certaines entreprises et même des secteurs entiers subiront des dommages durables. Le risque est que les emplois perdus dans ces secteurs ne reviennent pas, et que le chômage reste élevé. Des mesures de stimulation traditionnelles ne suffisent pas face à ce genre de choc.

On estime que 30 % des pertes d’emploi, de février à mai, pourraient être attribuables à ce choc de redistribution irréversible. Le marché du travail récupérera rapidement dans un premier temps, comme l’ont montré les données de mai, mais plafonnera ensuite en laissant de trop nombreux travailleurs sans emploi.

Les travailleurs du secteur de l’hébergement et de la restauration sont parmi les plus exposés, avec ceux des secteurs du commerce de détail non essentiel, des loisirs, du voyage et de l’éducation. La plupart d’entre eux ne peuvent pas travailler à partir de chez eux.

Dans de nombreux cas, la pandémie a augmenté les difficultés pour les entreprises traditionnelles face aux plateformes de cybercommerce comme Amazon. Elle a accentué une crise préexistante, dans laquelle les entreprises canadiennes ont lamentablement échoué à relever le défi.

Le choc exceptionnel du virus signifie que les gouvernements pourraient avoir à en faire davantage pour soutenir les entreprises et protéger les travailleurs que dans une récession typique. Ils ont ainsi à mettre au point des politiques qui aident les entreprises désargentées – mais par ailleurs viables – à survivre, et les travailleurs écartés à trouver des emplois différents. Cependant, ils doivent aussi, idéalement, éviter de soutenir artificiellement des entreprises qui ne sont plus viables. Nous avons déjà vu des indices[2] que des prestations de chômage généreuses pour la COVID peuvent encourager des mises à pied, dissuader le travail et retarder une réaffectation productive.

Nous devons savoir quelle proportion des pertes d’emploi au Canada viennent du confinement et de la demande affaiblie. Ces pertes d’emploi se résorberont rapidement grâce aux mesures de relance, lors de la réouverture. Pour la proportion attribuable aux prestations de chômage généreuses qui encouragent les travailleurs à rester chez eux, il s’agit de réduire graduellement les mesures de soutien du revenu. Le groupe de chômeurs qui pose le problème le plus difficile est celui qui subit les retombées irréversibles du choc de redistribution.

Pour ces derniers, le gouvernement devrait prévoir la formation voulue pour préparer les travailleurs à la phase suivante de la révolution technologique.

La pandémie a accéléré des changements structuraux qui continueront de jouer. Une réponse efficace à ces changements exige – entre autres – un accès général à des services à large bande par ordinateur pour tous les ménages, une réduction des restrictions gouvernementales à l’utilisation des terres, la suppression des obstacles réglementaires à la création d’entreprises et la suppression des restrictions au commerce interprovincial.

Les problèmes étaient présents avant le virus, mais ils sont maintenant exposés, et ils appellent à un nouveau contrat social entre les gouvernements et les citoyens.

[1] Working Paper No. 2020-59, « COVID-19 Is Also a Reallocation Shock, Jose Maria Barrero », Nick Bloom et Steven J. Davis (5 mai 2020), https://bfi.uchicago.edu/wp-content/uploads/BFI_WP_202059.pdf. [Traduction] « … La possibilité que les préoccupations des clients (et du personnel) au sujet de la transmission de maladies infectieuses transforment les modèles de commerce de détail, l’aménagement des restaurants et la prestation de nombreux services médicaux, professionnels, personnels et commerciaux fait que les conséquences redistributives de la pandémie de COVID-19 continueront de se faire sentir pendant de nombreux mois et années (p. 18). »

[2] Ibid., p. 20 [Traduction] « “Quand Equinox a dû commencer à mettre à pied des employés à sa chaîne de centres d’entraînement haut de gamme, le président exécutif Harvey Spevak a adressé un message étonnant aux intéressés : ‘Nous croyons que la plupart s’en tireront mieux en recevant l’aide gouvernementale pendant notre fermeture.’” Ce passage est de Thomas et Cutter (2020), qui disent aussi ceci : “Equinox rejoint de nombreuses entreprises, y compris Macy’s … et [le fabricant de mobilier] Steelcase … qui évoquent les prestations de chômage bonifiées du gouvernement lorsqu’ils mettent à pied ou licencient du personnel face à la pandémie du coronavirus. Les mesures de stimulation changent la donne pour certains employeurs, qui peuvent maintenant réduire les coûts en personnel sans sentir qu’ils abandonnent leurs employés.” »

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Juin

Les ventes et les nouvelles inscriptions résidentielles récupèrent en mai le tiers des pertes dues à la pandémie

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

Gains records des inscriptions et des ventes
résidentielles au Canada en mai

Les nouvelles sont bonnes aujourd’hui pour le marché de l’habitation. Les ventes ont fait un bond record de 56,9 % en mai, après l’effondrement inédit d’avril. Selon les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont récupéré environ le tiers des pertes causées par la COVID entre février et avril (voir le graphique ci-dessous). Par rapport à un an plus tôt, les ventes sont encore presque 40 % plus bas, mais leur envol et la montée encore plus forte des nouvelles inscriptions montrent qu’il y a une demande latente sur le marché, alors que les acheteurs veulent profiter des taux hypothécaires historiquement bas.

Les transactions étaient en hausse d’un mois à l’autre partout au pays. Sur les plus grands marchés canadiens, les ventes ont augmenté de 53 % dans le Grand Toronto, de 92,3 % à Montréal, de 31,5 % dans le Grand Vancouver, de 20,5 % dans la vallée du Fraser, de 68,7 % à Calgary, de 46,5 % à Edmonton, de 45,6 % à Winnipeg, de 69,4 % à Hamilton-Burlington et de 30,5 % à Ottawa. En toute logique, les villes où les gains sont moins marqués avaient aussi connu les déclins les plus faibles ces derniers mois.

Plus encore, selon certaines données, l’activité sur le marché de l’habitation a augmenté constamment depuis la mi-avril jusqu’à la première semaine de juin.

Nouvelles inscriptions

Le nombre de nouvelles inscriptions a fait un bond record de 69 % en mai par rapport au mois précédent. Des gains ont été enregistrés dans tout le pays.

Étant donné que les nouvelles inscriptions ont récupéré davantage que les ventes en mai, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a baissé à 58,8 %, comparativement à 63,3 % en avril. Bien que cet indicateur ait baissé légèrement, l’équilibre du marché est resté remarquablement stable dans son ensemble, compte tenu de l’ampleur des pressions économiques et sociales que subissent les acheteurs et les propriétaires-vendeurs.

On comptait 5,6 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mai 2020, en baisse par rapport aux 9 mois enregistrés en avril. La hausse temporaire de cette mesure enregistrée en avril est attribuable au fait qu’une baisse immédiate des ventes était prévue en raison du confinement, alors qu’une diminution beaucoup plus lente était attendue pour d’autres variables, comme les inscriptions actives. Le rapport de l’ACI indique que bon nombre de propriétaires qui avaient mis leur propriété en vente avant la mi-mars ont gardé l’inscription active, tout en réduisant sensiblement le nombre de visites des maisons organisées durant le confinement. Bon nombre de ces inscriptions disparaissent maintenant du marché, de sorte que les inscriptions actives étaient en baisse d’environ un quart à la fin mai. Leur niveau actuel est ainsi un des plus bas jamais vus pour ce moment de l’année.

Prix des maisons

Les prix des maisons au Canada ont peu évolué en mai par rapport à avril. Sur les 19 marchés suivis par l’Indice des prix des propriétés MLS (IPP), 18 ont connu soit des augmentations depuis un mois, soit des diminutions plus faibles qu’en avril. Dans cinq marchés, les prix ont augmenté en mai après avoir baissé en avril (voir les données par marché dans le tableau ci-dessous).

Règle générale, depuis le début de la pandémie, de légères baisses des prix ont été enregistrées en Colombie-Britannique, et les tendances à la baisse qui étaient déjà présentes en Alberta se sont accentuées. Avec la récente remontée des prix du pétrole toutefois, les ventes ont de fait augmenté dans l’ensemble des Prairies, et les tendances touchant les prix se sont stabilisées.

Malgré la pandémie, les prix des maisons dans la région du Grand Golden Horseshoe, y compris Toronto, ont très peu baissé. Ils restent bien au-dessus du niveau d’un an plus tôt. À Ottawa, Montréal et Moncton, les prix ont continué de grimper, bien que ce soit plus lentement qu’auparavant.

En somme

La SCHL a récemment prédit que le prix moyen des maisons vendues au pays baissera de 9 % à 18 % en 2020, et pourrait ne retrouver le niveau de la fin 2019 qu’en 2022. Je continue de croire que cette prévision est excessivement pessimiste. D’abord, les prix de vente moyens sont trompeurs, surtout à l’échelle nationale, parce que les prix varient tellement selon la région ainsi que selon le type de propriété.

Il n’y a pas de marché national de l’habitation. Tous les marchés de l’habitation sont locaux. Le tableau 1 ci-dessus indique de grands écarts entre les régions dans l’évolution des prix de vente. On peut néanmoins constater que les tendances semblent converger vers une progression modérée des prix. La récession économique d’aujourd’hui ne ressemble à nulle autre. Les mesures de stimulation inédites prises par la Banque du Canada et le gouvernement fédéral préserveront le bon fonctionnement des marchés de l’habitation malgré les directives de distanciation sociale. Ceux qui ont un emploi stable prendront en temps et lieu leurs décisions en matière de logement.

Ceux qui ont perdu leur emploi sans espoir de le retrouver sont ceux qui suscitent des inquiétudes. Une bonne part d’entre eux travaillaient dans les secteurs économiques qui ont été le plus durement touchés et qui seront les plus lents à se rétablir, comme l’hébergement et la restauration, le commerce au détail non essentiel et les loisirs (arts, divertissements, activités récréatives). Les données du recensement de 2016 de Statistique Canada présentées dans le tableau ci-dessous indiquent que le pourcentage de ménages propriétaires de leur maison dans ces secteurs est relativement faible. Malheureusement, la plupart de ceux qui auront été le plus durement touchés par la pandémie sont aussi ceux qui ont le moins les moyens de s’en remettre. Voilà un problème que la politique budgétaire devra aborder, en prévoyant des investissements dans des programmes de recyclage professionnel et de garanties de revenu universelles.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Juin

La SCHL resserre les critères d’admissibilité à un prêt hypothécaire assuré

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La SCHL resserre les critères d’admissibilité à un prêt hypothécaire assuré

Encore une fois, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) resserre les critères pour l’obtention d’un financement hypothécaire avec une mise de fonds inférieure à 20 %. Tout acheteur d’une maison effectuant une mise de fonds inférieure à 20 % est tenu d’acheter une assurance prêt et de faire une mise de fonds d’au moins 5 %. La SCHL est une société d’État fédérale qui fournit une telle assurance. Elle a pour mandat d’aider les Canadiens à trouver des options abordables en matière de logement. Fournir une assurance prêt hypothécaire lors de l’achat d’une maison est une de ses principales activités. L’assurance prêt hypothécaire protège le prêteur au cas où l’emprunteur cesse de faire les paiements et se trouve en défaut sur son prêt hypothécaire – une situation très rare au Canada.

Il y a également des fournisseurs privés d’assurance prêt hypothécaire : Genworth Canada et Canada Guaranty. La SCHL est le seul assureur de prêts hypothécaires pour les immeubles à logements multiples, y compris les grands immeubles, les résidences d’étudiants, les centres de soins de longue durée et les maisons de retraite. Elle est de loin le plus grand fournisseur d’assurance prêt hypothécaire et le principal dans les petites localités et les milieux ruraux.

Les acheteurs d’immeubles de placement ne sont pas admissibles à l’assurance prêt hypothécaire. Par conséquent, il faut une mise de fonds d’au moins 20 % pour acheter un immeuble de placement. Sont aussi exclus les acheteurs d’une maison de plus de 1 million de dollars. Habituellement, c’est le prêteur qui choisit l’assureur.

Pourquoi est-ce que la SCHL resserre les critères?

Les économistes de la SCHL ont prédit qu’en raison du confinement dû à la pandémie, les prix des habitations pourraient baisser de 9 à 18 % au cours des 12 mois à venir. Ils croient aussi qu’il faudra au moins deux ans avant que les prix ne reviennent à leurs niveaux d’avant la pandémie. Les prévisions de la SCHL pour l’économie sont encore plus pessimistes que de nombreuses autres, en particulier celles de la Banque du Canada. Celle-ci affirmait hier que les perspectives de l’économie étaient plus favorables que ne l’entrevoyaient ses prévisions d’avril. La SCHL reconnaît d’ailleurs la grande incertitude entourant les prévisions actuelles. La société d’État souligne les pertes d’emplois consécutives au confinement, les fermetures d’entreprises et la baisse de l’immigration qui ont nui au marché de l’habitation au Canada.

Elle note aussi que 15 % des prêts hypothécaires sont en situation de report des paiements, et elle croit que 20 % de tous les prêts hypothécaires pourraient être en retard lorsque les reports prendront fin. Elle affirme qu’elle resserre ses critères d’admissibilité afin « de protéger les futurs acheteurs de logements et de réduire les risques ».

Ce qui change dans les politiques de souscription

À partir du 1er juillet, les changements suivants s’appliqueront à toutes les nouvelles demandes d’assurance prêt hypothécaire à l’unité et d’assurance de portefeuille pour propriétaires-occupants :

  • Le rapport d’amortissement brut de la dette (ABD) maximum baisse de 39 à 35.
  • Le rapport d’amortissement total de la dette (ATD) maximum baisse de 44 à 42.
  • Le pointage de crédit minimal exigé d’au moins un emprunteur augmente de 600 à 680.
  • Les sources non traditionnelles de mise de fonds qui augmentent l’endettement ne seront plus considérées comme des fonds propres aux fins de l’assurance prêt.

La SCHL précise comme suit sa politique : « Afin de mieux gérer les risques liés à nos activités d’assurance et, au bout du compte, pour protéger les contribuables, nous avons également suspendu l’assurance des prêts hypothécaires de refinancement pour immeubles collectifs, sauf lorsque les fonds sont utilisés pour des réparations ou un réinvestissement dans le logement. Les consultations sur le repositionnement de nos produits d’assurance prêt hypothécaire pour immeubles collectifs ont débuté. »

Ce que nous savons jusqu’à présent

Selon les indications préliminaires, les fournisseurs privés d’assurance prêt hypothécaire n’adopteront pas les ratios réduits de la SCHL. Ils pourraient toutefois se montrer plus sélectifs dans leurs approbations.

Les autorités fiscales et monétaires du Canada investissent de vastes sommes pour sauver l’économie, amortir l’impact de l’arrêt des activités et assurer une ample offre de crédit. Ces mesures visent à minimiser les cas évitables d’insolvabilité. Il est donc étonnant qu’une société d’État fédérale prenne maintenant de telles mesures procycliques.

Les répercussions exactes des changements ne seront pas connues avant que les choses se précisent. Il reste à voir comment les grandes banques réagiront avec leurs propres règles de souscription de prêts hypothécaires de premier ordre, comment ces nouvelles règles s’appliqueront au marché de la titrisation, et jusqu’où les fournisseurs privés d’assurance prêt suivront les nouvelles règles.

Quoi qu’il en soit, le tout éprouve la confiance des acheteurs et des vendeurs. Toutes autres choses étant égales, l’effet net est négatif sur les perspectives à court terme du marché de l’habitation. Plus encore, à mon avis, ces changements ne sont pas nécessaires pour protéger la prudence des pratiques canadiennes en matière de prêts pour l’habitation.

Les taux de défaillance sur les prêts hypothécaires sont faibles, et même les prévisions de la Banque du Canada restent à moins de 1 % de l’ensemble des prêts hypothécaires. En outre, les acheteurs de maison qui ont un emploi et qui satisfont aux anciens critères ont certainement un horizon d’au-delà de deux ans quand ils achètent leur première maison. Ils étaient déjà admissibles en fonction du taux affiché, qui est plus de 250 points de base plus élevé que le taux contractuel. Or, la récession due à la pandémie fait probablement que les taux d’intérêt resteront très faibles dans les deux années à venir.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Juin

Bonne nouvelle en mai : 10,6 % des emplois perdus à la COVID ont été récupérés

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Publié par: Robert Perrier

Nouveaux signes encourageants : récupération de 10,6 % de l’emploi en mai

Le rapport de mai sur l’emploi et les données de haute fréquence ont donné tort aux prophètes de malheur. Ils indiquent que l’activité économique commence à reprendre au Canada. Voilà quelques semaines que nous signalons des signes encourageants dans l’économie. Ce n’est qu’un début, mais ces signes s’amplifient. Nous sommes optimistes, sans pour autant oublier que presque 5 millions de Canadiens restent sans travail ou avec un horaire de travail sensiblement réduit.

Le marché du travail s’est amélioré de la mi-avril à la mi-mai

Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de mai, publiés ce matin par Statistique Canada, représentent les conditions du marché de l’emploi la semaine du 10 au 16 mai. À ce moment, certaines provinces avaient commencé à alléger graduellement le confinement dû à la pandémie qui a précipité notre économie dans une récession. Dès la mi-mai, le marché de l’emploi révélait une amélioration marquée, et il a certainement continué de remonter la pente par la suite.

Entre février et avril, 5,5 millions de travailleurs canadiens ont été touchés par l’arrêt des activités causé par la pandémie. Ce nombre comprend une baisse de l’emploi de 3,0 millions ainsi qu’une augmentation de 2,5 millions des absences du travail associées à la COVID. Des économistes prévoyaient la perte de 500 000 emplois de plus le mois dernier. Ils se trompaient.

En mai, l’emploi a augmenté de 290 000 (+1,8 %) tandis que le nombre de personnes qui ont fait moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a reculé de 292 000 (-8,6 %). Ensemble, ces changements ont compensé 10,6 % des baisses de l’emploi et des absences du travail liées à la COVID-19 observées au cours des deux mois précédents. Les trois quarts de la croissance de l’emploi observée d’avril à mai ont été enregistrés dans l’emploi à temps plein. La croissance a été constatée dans la plupart des industries et des provinces, bien qu’elle découle surtout de la hausse de l’emploi au Québec, la province la plus durement touchée par la pandémie. 

Cependant, l’emploi à temps plein restait en mai à 11,1 % sous le niveau de février – avant le confinement. L’emploi à temps partiel restait inférieur de 27,6 %.

Le taux de chômage augmente alors que davantage de Canadiens cherchent un emploi

Même si l’emploi a augmenté de la mi-avril à la mi-mai, le taux de chômage a grimpé à 13,7 % – contre 13,0 %. L’allégement des restrictions a amené davantage de travailleurs précédemment découragés à chercher activement un emploi (voir le graphique ci-dessous). Le taux de chômage de 13,7 % est le plus élevé depuis que des données comparables sont publiées, c’est-à-dire depuis 1976. En février, avant la paralysie de l’économie, le chômage était à peine à 5,6 %. Il a bondi à 7,8 % en mars et à 13 % en avril.

Au contraire de ralentissements économiques précédents, celui-ci a entraîné des pertes d’emploi d’abord dans le secteur des services. Les répercussions de la pandémie se sont ensuite étendues dans les secteurs des biens et de la construction en avril. Le mois dernier, l’emploi a repris plus nettement dans le secteur des biens (+5,0 % ou 165 000) que dans le secteur des services (+1,0% ou 125 000). L’industrie de la construction a bénéficié de la plus forte augmentation des heures travaillées entre avril et mai : +19,0 %.

Le Québec représente presque 80 % de la croissance totale de l’emploi en mai

Le gouvernement du Québec a assoupli les restrictions imposées aux activités commerciales avant la semaine de référence du dernier rapport sur l’emploi, notamment dans la construction à partir de la mi-avril et dans le commerce de détail ainsi que la fabrication à l’extérieur de Montréal à partir du 4 mai. La proportion de travailleurs travaillant à un endroit autre que leur domicile a augmenté, passant de 60 % en avril à 65 % en mai.

Les plus fortes hausses d’emploi au Québec ont été enregistrées dans la construction (+58 000), la fabrication (+56 000) ainsi que le commerce de gros et de détail (+54 000). Ces trois secteurs ont une proportion relativement élevée d’emplois qui peuvent difficilement être exercés à domicile.

L’emploi a progressé de 97 000 (+5,3 %) dans la région métropolitaine de recensement de Montréal.

L’emploi a continué de reculer en Ontario, mais à un rythme moins rapide

L’Ontario est la seule province où l’emploi a continué de reculer en mai. Voilà qui est logique vu que la plupart des restrictions de l’activité l’économique étaient encore en vigueur en Ontario durant la semaine du 10 au 16 mai.

Bien que l’emploi ait reculé en Ontario en mai (-65 000), la baisse a été beaucoup moins forte qu’en mars (-403 000) et en avril (-689 000). La totalité de la baisse de l’emploi observée dans la province est survenue dans le secteur des services (-80 000). Parallèlement, l’emploi a progressé de 15 000 dans le secteur des biens, sous l’effet d’une hausse dans la fabrication (+14 000).

La proportion des personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a diminué en Ontario, passant de 22,1 % en avril à 21,2 % en mai.

En Ontario, 55 % des travailleurs ont travaillé à un endroit autre que leur domicile en mai, ce qui est la plus faible proportion de toutes les provinces et une proportion qui a peu varié par rapport à avril.

Comme la plupart des restrictions de l’activité économique sont demeurées en vigueur en Ontario, le nombre de personnes inactives qui voulaient travailler mais qui n’ont pas cherché d’emploi a peu varié. Le taux de chômage a continué d’augmenter, passant de 11,3 % en avril à 13,6 % en mai (voir le tableau ci-dessous).

Situation de l’emploi inégale dans les provinces de l’Ouest

En Colombie-Britannique, l’emploi a progressé de 43 000 en mai, mais le taux de chômage a augmenté de 1,9 point de pourcentage pour atteindre 13,4 %, en raison de l’augmentation du nombre de personnes cherchant un emploi. Presque toute la croissance de l’emploi observée dans la province est survenue dans le secteur des services (+41 000). Les services d’hébergement et de restauration (+12 000), les services d’enseignement (+12 000) et le commerce de gros et de détail (+12 000) ont enregistré les hausses les plus marquées.

La Colombie-Britannique a annoncé la première phase de la reprise des activités le 6 mai. Son plan comprenait la levée des restrictions relatives aux services médicaux non essentiels et à des parties de l’industrie du commerce de détail à compter du 19 mai, après la semaine de référence.

Le nombre de personnes en emploi en Alberta a augmenté de 28 000 en mai, après avoir enregistré une baisse cumulative de 361 000 de février à avril. La croissance de l’emploi dans la province est entièrement attribuable au secteur des services (+33 000). Le taux de chômage a augmenté de 2,1 points de pourcentage pour s’établir à 15,5 %.

L’Alberta a permis à certaines entreprises, comme les restaurants et les boutiques non essentielles, de reprendre leurs activités à compter du 14 mai.

Au Manitoba, l’emploi a progressé de 13 000 en mai. Parallèlement, la proportion de Manitobains en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a reculé de 1,7 point de pourcentage pour s’établir à 12,9 %. En mai, la majeure partie de la hausse de l’emploi enregistrée au Manitoba est survenue dans le secteur des services (+12 000), principalement dans le commerce de gros et de détail (+7 000).

Le 4 mai, le Manitoba a permis à un certain nombre d’entreprises de services de reprendre leurs activités, sous réserve d’une limitation du nombre de personnes à l’intérieur et de mesures de distanciation physique.

L’emploi a globalement peu varié en Saskatchewan. Des augmentations dans le commerce de gros et de détail, dans la fabrication ainsi que dans les services d’hébergement et de restauration ont été contrebalancées par des baisses dans de nombreux secteurs, en particulier dans l’information, la culture et les loisirs ainsi que la construction.

L’emploi progresse dans toutes les provinces de l’Atlantique

À l’exception de la Nouvelle-Écosse, les gouvernements des provinces de l’Atlantique ont commencé à assouplir les restrictions au début de mai. Le Nouveau-Brunswick a libéré la majeure partie de son économie à compter du 8 mai. Le nombre de personnes en emploi a progressé au Nouveau-Brunswick (+17 000), à Terre-Neuve-et-Labrador (+10 000), en Nouvelle-Écosse (+8 600) et à l’Île-du-Prince-Édouard (+2 600).

Des signes encourageants

Les données s’accumulent indiquant que l’économie a touché le fond et remonte graduellement. Le nombre de fermetures d’entreprises diminue, et les premiers signes d’une amélioration apparaissent, même s’il faudra encore quelque temps avant une réouverture complète.

Dans un sondage réalisé pour Bloomberg News à la fin de mai, 30 % des répondants qui avaient perdu leur emploi ou subi une réduction d’heures de travail en raison de la pandémie affirmaient avoir été réembauchés ou travailler davantage. Les résultats de l’enquête menée par la firme Nanos concordent avec des données de haute fréquence d’Indeed Canada et de Google indiquant une stabilisation des conditions du marché du travail et de l’activité économique au cours des quelques dernières semaines.

Le scénario d’une reprise est renforcé par les tendances dans les déplacements des Canadiens. Selon des données sur la mobilité provenant des téléphones intelligents Apple et Google, pendant la deuxième moitié de mai, davantage de personnes se sont rendues dans des magasins et des parcs – ce qui coïncide avec les réouvertures un peu partout au Canada. L’utilisation des transports en commun reste en baisse, mais les déplacements en auto et à pied ont augmenté, ce qui est positif pour le commerce.

Par ailleurs, selon le Bureau du surintendant des faillites Canada, le nombre total de dossiers d’insolvabilité (faillites et propositions) a diminué de 38,7 % en avril par rapport au mois précédent. Le nombre de faillites a diminué de 41,5 % et le nombre de propositions a diminué de 37,2 %. Le nombre total de dossiers d’insolvabilité déposés en avril 2020 était inférieur de 43,5 % au nombre d’avril 2019. Le nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs a diminué de 43,1 %, et le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises, de 54,8 %.

Autre fait positif, les prix des produits de base ont rebondi. En particulier, les prix du pétrole ont fortement augmenté – une excellente nouvelle pour l’Alberta et la Saskatchewan. En outre, le marché boursier canadien a connu un net redressement, et le dollar canadien est en hausse. La Banque du Canada a soutenu cette semaine que le pire du déclin dû à la pandémie est passé.

L’enquête sur les dépenses de consommation menée par les économistes de la Banque Royale indique que la reprise se poursuit, alors que les dépenses discrétionnaires ont recommencé.

  • À mesure que les provinces canadiennes ont pris des mesures pour rouvrir leurs économies, les consommateurs ont commencé à dépenser davantage sur les articles discrétionnaires qu’ils évitaient au début de la pandémie.
  • Les dépenses sur les sorties et les arts ont profité le plus de l’allégement des restrictions.
  • Les dépenses au restaurant continuent de se rétablir, alors que les restaurants proposent des plats à emporter ou la livraison à domicile.
  • Les dépenses affaiblies auprès de commerces d’habillement, de cadeaux et de bijoux ont remonté au début de mai. En particulier, les Canadiens ont dépensé davantage dans les magasins de vêtements.
  • Les dépenses auprès de commerces d’objets ménagers restent solides, grâce aux achats dans les magasins de matériaux de construction pour bricoleurs, d’appareils ménagers et de meubles.
  • Les Canadiens ont commencé à conduire davantage au début de mai, et les dépenses automobiles sur carte de crédit ont continué d’augmenter.
  • À la mi-mai, les dépenses pour les sorties et dans les commerces d’art étaient en baisse de 37 % par rapport à un an plus tôt, contre 58 % à la fin d’avril.
  • Les golfeurs ont dépoussiéré leurs bâtons quand les terrains de golf ont ouvert un peu partout au pays. Ceux qui préfèrent jouer à l’intérieur ont continué de dépenser sur des jeux en ligne ou sur console.

En ce qui concerne le marché du logement, avant la pandémie, nous paraissions devoir connaître un printemps avec une activité record de ventes dans une bonne part du pays. Sauf dans les régions pétrolières – Alberta et Saskatchewan –, tout indiquait que le marché du logement serait florissant. Les bases sont ainsi solides pour le logement en vue du rétablissement de l’économie. Il reste à voir le temps qu’il faudra pour ce rétablissement, ce qui dépendra de l’évolution du virus et de l’apparition ou non d’une deuxième vague à l’automne.

Les chambres immobilières signalent une hausse des ventes de maisons en mai dans le Grand Toronto et le Grand Vancouver.

Les taux d’intérêt ont chuté. Grâce à la baisse de 150 points de base du taux préférentiel, les taux hypothécaires variables ont été réduits pour la première fois depuis la fin de 2018. Une fois que la Banque du Canada a réussi à assurer une liquidité suffisante pour les marchés financiers, même les taux hypothécaires fixes ont baissé.

Le taux hypothécaire affiché a finalement baissé à 4,94 % la semaine passée, mais il reste bien au-dessus des taux contractuels. Avec un peu de chance toutefois, ce taux, qui est utilisé dans les tests de résistance hypothécaire, descendra dans les mois à venir. Par ailleurs, c’est le taux contractuel majoré de 200 points de base qui sera à l’avenir utilisé pour les tests de résistance, ce qui était prévu en avril avant la pandémie.

La Banque du Canada reste extrêmement accommodante. À mon avis, les taux d’intérêt n’augmenteront pas avant 2022.

Il y a tout de même une mauvaise nouvelle pour le marché de l’habitation : l’annonce d’hier de la SCHL. La société d’État va resserrer ses règles déterminant l’admissibilité à un prêt hypothécaire pour les acheteurs effectuant une mise de fonds inférieure à 20 %. Comme je l’ai fait valoir hier, je crois que cette décision va à l’encontre des mesures que la Banque du Canada, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) et le ministère des Finances ont prises pour atténuer le choc de la pandémie et prévenir des cas évitables d’insolvabilité. Le resserrement des règles de la SCHL rendra les maisons moins abordables, surtout pour les acheteurs d’une première maison, par plus de 10 %. Il est au demeurant totalement injustifié du point de vue de la prudence. Pour des détails à ce sujet, voir le rapport d’hier. Bloomberg News abondait dans le même sens dans son article Canadian Housing Agency Draws Fire For Tightening Mortgage Rules (l’agence canadienne du logement critiquée pour avoir resserré les règles hypothécaires).

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca