8 Juil

La confiance des entreprises canadiennes est au plus bas

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Publié par: Robert Perrier

La confiance des entreprises canadiennes est au plus bas 

La Banque du Canada a publié aujourd’hui son Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE)* de l’été. Les entrevues ont été effectuées de la mi-mai au début de juin. Dans toutes les provinces et tous les secteurs, la confiance est résolument minée, en raison des répercussions de la pandémie et de la chute des prix pétroliers.

Depuis l’enquête précédente, menée avant que les préoccupations relatives à la COVID-19 ne se précisent mais après que les prix du pétrole avaient commencé de chuter, la confiance des entreprises s’est effondrée. Fait étonnant toutefois, la confiance des entreprises n’est pas aussi faible que pendant la crise financière mondiale de 2007 à 2009 (voir le graphique 1 ci-dessous). L’explication tient surtout au soutien gouvernemental déployé pour amortir le choc de la pandémie. En outre, de nombreuses entreprises prévoient une reprise relativement rapide après un déclin passager des ventes, alors qu’elles prévoyaient une faiblesse persistante de la demande en 2007-2009.

Points saillants de l’EPE :

  • Les indicateurs avancés des ventes se sont écroulés. De nombreuses entreprises évoquent une incertitude élevée. Il reste qu’environ la moitié des entreprises prévoient que leurs ventes retourneront d’ici un an aux niveaux d’avant la pandémie.
  • Les entreprises de la plupart des régions et secteurs comptent réduire sensiblement leurs investissements. Les intentions d’embauche sont modérées, même si le quart des entreprises entendent rétablir certains postes après les mises à pied récentes.
  • Le nombre d’entreprises qui signalent des pressions sur la capacité de production et des pénuries de main-d’œuvre a fortement diminué. Voilà qui indique un accroissement substantiel de la marge de capacités inutilisées.
  • Les attentes en matière de progression des prix des intrants et des extrants ainsi qu’en matière d’inflation ont considérablement baissé.
  • Les conditions du crédit se sont nettement resserrées, mais les mesures gouvernementales ont un effet modérateur bienvenu.

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* Le bulletin Enquête sur les perspectives des entreprises contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque du Canada auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de cette enquête ont été recueillies par téléphone et par vidéoconférence entre le 12 mai et le 5 juin 2020.

Enquête de la Banque du Canada sur les attentes des consommateurs – T2 2020

Cette enquête a été réalisée entre le 11 mai et le 1er juin, pendant la pandémie. Les consommateurs craignaient surtout de perdre leur emploi. Nombreux sont ceux qui prévoyaient des difficultés à trouver un nouvel emploi. En outre, les attentes des consommateurs quant à l’augmentation des salaires ont baissé sensiblement.

Selon les résultats de l’enquête, les attentes des consommateurs quant aux taux d’intérêt ont baissé fortement, bien qu’ils s’attendent à une hausse modérée des taux à l’horizon de 1 an à 5 ans. En même temps, les attentes quant à la progression du prix moyen des maisons sont tombées à zéro pour l’ensemble du Canada. En Ontario, les répondants prévoient que le prix moyen des maisons augmentera de 1 % dans l’année à venir. En Colombie-Britannique, ils prévoient plutôt une baisse légère, de -0,30 %, et en Alberta, une baisse de -4,3 % (voir le graphique ci-dessous). Il faut noter que les prix du pétrole ont augmenté considérablement après que l’enquête a été terminée. Toutes ces prévisions sont nettement sous celles de l’étude du premier trimestre.

Toutes ces attentes sont bien en deçà de celles de la SCHL, selon laquelle le prix moyen des maisons au Canada baisserait de 9 à 18 % dans l’année à venir. 

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
2 Juil

Le PIB du Canada plonge en avril et remonte légèrement en mai

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Publié par: Robert Perrier

L’économie canadienne a plongé de 11,6 % en avril

Le confinement dû à la pandémie a plongé tous les secteurs de l’économie dans un coma artificiel. Il était donc évident que le premier mois complet de paralysie serait douloureux. Les estimations prévoyaient même une chute de l’activité économique de plus que les 11,6 % rapportés aujourd’hui par Statistique Canada (voir le graphique ci-dessous). La contraction d’avril fait suite à celle de 7,5 % en mars. L’ensemble des 20 secteurs d’activité de l’économie canadienne ont été déprimés, ce qui a entraîné la plus forte baisse mensuelle depuis le début de la série statistique en 1961.

Les secteurs des services ont baissé de 9,7 %, le commerce de détail et les transports étant les plus touchés. Pour les secteurs des biens, le recul est de 17 %. À la fin d’avril, l’économie se situait 18,2 % sous le niveau de février, le mois avant que les mesures liées à la COVID-19 soient prises.

Rien de tel ne s’était produit de notre vivant. Nous sommes en territoire inconnu, et le virus déterminera comment l’économie va évoluer. Les responsables des politiques du Canada ont agi judicieusement pour amortir le coup du confinement et de ses répercussions durables sur l’économie. Fait à noter, le Canada a vu le nombre de cas diminuer constamment grâce aux mesures de confinement imposées. En revanche, il y a eu une flambée désastreuse de cas de COVID dans une vingtaine d’États américains où l’économie a été rouverte prématurément et les mesures de santé publique ont été terriblement mal gérées. Il est toutefois crucial d’éviter de présumer que le pire est passé et de relâcher notre vigilance. L’Organisation mondiale de la santé a prévenu hier que le pire était en fait à venir. Au demeurant, on ignore encore quand un vaccin sera disponible, et le Canada reste exposé à une contamination véhiculée par des camionneurs américains et des voyageurs, et à une propagation du virus si nous retournons trop vite à la normale.

Les points saillants suivants se dégagent au sujet de la contraction économique d’avril :

  • Le transport aérien a chuté de 93,7 %, avec une baisse du volume des mouvements tant de biens que de passagers.
  • Les services d’hébergement et de restauration ont baissé de 42,4 % en avril, après avoir déjà reculé de 37,1 % en mars. Depuis février, le recul atteint non moins de 64 %.
  • L’immobilier a diminué de 3,5 % en avril, après un recul de 1,2 % en mars. Les activités des bureaux d’agents et de courtiers immobiliers ont chuté de 57,2 % en avril alors que l’activité de revente de maisons a cessé dans presque tous les grands centres urbains.
  • Les services personnels et les services de blanchissage (salons de coiffure, salons de beauté, salons funéraires, services de blanchissage, etc.) ont diminué de 39,3 %, tandis que les ménages privés (femmes de chambre, cuisiniers, jardiniers, etc.) ont reculé de plus du tiers.

Heureusement, Statistique Canada a affirmé aujourd’hui que selon les données provisoires, le PIB réel aurait augmenté d’environ 3,0 % en mai. La production dans plusieurs secteurs, y compris la fabrication, le commerce de détail, le commerce de gros et le secteur public (enseignement, soins de santé et administrations publiques), a augmenté en mai. Les activités ont commencé à reprendre graduellement par phases dans différentes régions du pays.

Les consommateurs soutiennent l’économie

Sur une note plus positive, les économistes de la Banque Royale ont affirmé hier que les dépenses personnelles ont connu une forte reprise depuis le début d’avril. C’est ce qu’indiquent les achats par carte de débit ou de crédit (voir le graphique ci-dessous). Le 16 juin, les volumes globaux de transactions étaient remontés à 2 % près aux niveaux d’un an plus tôt. La réouverture en cours au pays a stimulé les dépenses dans des magasins de vêtements et pour des services personnels tels que coiffure et massages. Selon les premières indications, le magasinage en ligne reste populaire malgré l’ouverture des magasins traditionnels.

La réouverture de l’économie, combinée au soutien du revenu fourni par le gouvernement fédéral, a stimulé la confiance des consommateurs et les dépenses. La Prestation canadienne d’urgence (PCU) donne 2000 $ par période de quatre semaines aux consommateurs admissibles qui ont cessé de travailler en raison de la COVID. Le premier ministre Trudeau a récemment annoncé une prolongation de la PCU, de 16 semaines à 20 semaines.

La confiance des consommateurs a grimpé neuf semaines de suite, selon l’Indice de confiance canadienne Bloomberg Nanos, une mesure composite hebdomadaire de la santé financière et des attentes économiques. L’indice est actuellement à 46 points, soit presque 10 de plus qu’au début de mai. Il s’approche graduellement du seuil de 50 points à partir duquel on considère que la situation est globalement positive.

Il reste qu’un problème imprévu est apparu, la PCU ayant un effet de désincitation au travail. Si un bénéficiaire gagne plus de 1000 $ par mois en travaillant, il perd la totalité du paiement de 2000 $. En outre, pour certains, la PCU rapporte davantage que ce qu’ils gagnaient au travail. Ils sont donc réticents à reprendre leur emploi lorsque leur entreprise relance son activité. Les restaurants, les commerces de détail, les services de nettoyage et les services non spécialisés ont d’autant plus de difficulté à récupérer leurs travailleurs. Il faudrait que le gouvernement commence à réduire le soutien financier direct, alors qu’il a au lieu prolongé les paiements jusqu’à la fin d’août.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
22 Juin

Déclaration préliminaire devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes

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Publié par: Robert Perrier

Déclaration préliminaire devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes

Aucun de nous n’a d’expérience face à une urgence médicale qui est devenue une crise économique. Et aucun de nous ne sait combien ceci durera ni comment cela se terminera. Je crois que nous pouvons tous nous entendre pour dire qu’il s’agit d’un dilemme à nul autre pareil, enrobé d’une profonde incertitude.

La théorie économique et la modélisation économétrique ne fournissent pas de feuille de route précise. Au contraire de récessions précédentes à l’issue d’une guerre, celle d’aujourd’hui n’est pas un choc endogène déclenché par d’énormes déséquilibres.

Évidemment, les considérations médicales devraient l’emporter sur les économiques. Le rôle des responsables des politiques est d’atténuer les fardeaux financiers occasionnés par les mesures qu’il convient de prendre sur le plan médical.

Comment devrions-nous aborder les mois à venir? À mon avis, ce sont d’abord les experts médicaux qui doivent répondre à cette question. Pour évaluer les prochaines étapes sous l’angle de la politique économique, le gouvernement devrait expliquer son point de vue sur la probabilité d’un vaccin et d’antiviraux sur un horizon de six mois, un an et trois ans.

Selon une évaluation lucide des perspectives de croissance au Canada, le deuxième trimestre pourrait être le creux de la vague, mais l’économie ne reviendra que lentement au plein emploi. Ceux qui sont le plus durement touchés seront ceux qui peuvent le moins se permettre de rester sans emploi. Les petites entreprises, qui représentent plus de 40 % des emplois dans le secteur privé, ont subi un coup dur et, dans de nombreux cas, peut-être un coup fatal. Certains des emplois perdus sont perdus à jamais.

Il faut espérer que les mesures successives de stimulation prises par le gouvernement et la Banque du Canada renforceront l’économie et déclencheront une relance de l’embauche.

Le risque, toutefois, est que la pandémie provoque un « choc de redistribution »[1] faisant que certaines entreprises et même des secteurs entiers subiront des dommages durables. Le risque est que les emplois perdus dans ces secteurs ne reviennent pas, et que le chômage reste élevé. Des mesures de stimulation traditionnelles ne suffisent pas face à ce genre de choc.

On estime que 30 % des pertes d’emploi, de février à mai, pourraient être attribuables à ce choc de redistribution irréversible. Le marché du travail récupérera rapidement dans un premier temps, comme l’ont montré les données de mai, mais plafonnera ensuite en laissant de trop nombreux travailleurs sans emploi.

Les travailleurs du secteur de l’hébergement et de la restauration sont parmi les plus exposés, avec ceux des secteurs du commerce de détail non essentiel, des loisirs, du voyage et de l’éducation. La plupart d’entre eux ne peuvent pas travailler à partir de chez eux.

Dans de nombreux cas, la pandémie a augmenté les difficultés pour les entreprises traditionnelles face aux plateformes de cybercommerce comme Amazon. Elle a accentué une crise préexistante, dans laquelle les entreprises canadiennes ont lamentablement échoué à relever le défi.

Le choc exceptionnel du virus signifie que les gouvernements pourraient avoir à en faire davantage pour soutenir les entreprises et protéger les travailleurs que dans une récession typique. Ils ont ainsi à mettre au point des politiques qui aident les entreprises désargentées – mais par ailleurs viables – à survivre, et les travailleurs écartés à trouver des emplois différents. Cependant, ils doivent aussi, idéalement, éviter de soutenir artificiellement des entreprises qui ne sont plus viables. Nous avons déjà vu des indices[2] que des prestations de chômage généreuses pour la COVID peuvent encourager des mises à pied, dissuader le travail et retarder une réaffectation productive.

Nous devons savoir quelle proportion des pertes d’emploi au Canada viennent du confinement et de la demande affaiblie. Ces pertes d’emploi se résorberont rapidement grâce aux mesures de relance, lors de la réouverture. Pour la proportion attribuable aux prestations de chômage généreuses qui encouragent les travailleurs à rester chez eux, il s’agit de réduire graduellement les mesures de soutien du revenu. Le groupe de chômeurs qui pose le problème le plus difficile est celui qui subit les retombées irréversibles du choc de redistribution.

Pour ces derniers, le gouvernement devrait prévoir la formation voulue pour préparer les travailleurs à la phase suivante de la révolution technologique.

La pandémie a accéléré des changements structuraux qui continueront de jouer. Une réponse efficace à ces changements exige – entre autres – un accès général à des services à large bande par ordinateur pour tous les ménages, une réduction des restrictions gouvernementales à l’utilisation des terres, la suppression des obstacles réglementaires à la création d’entreprises et la suppression des restrictions au commerce interprovincial.

Les problèmes étaient présents avant le virus, mais ils sont maintenant exposés, et ils appellent à un nouveau contrat social entre les gouvernements et les citoyens.

[1] Working Paper No. 2020-59, « COVID-19 Is Also a Reallocation Shock, Jose Maria Barrero », Nick Bloom et Steven J. Davis (5 mai 2020), https://bfi.uchicago.edu/wp-content/uploads/BFI_WP_202059.pdf. [Traduction] « … La possibilité que les préoccupations des clients (et du personnel) au sujet de la transmission de maladies infectieuses transforment les modèles de commerce de détail, l’aménagement des restaurants et la prestation de nombreux services médicaux, professionnels, personnels et commerciaux fait que les conséquences redistributives de la pandémie de COVID-19 continueront de se faire sentir pendant de nombreux mois et années (p. 18). »

[2] Ibid., p. 20 [Traduction] « “Quand Equinox a dû commencer à mettre à pied des employés à sa chaîne de centres d’entraînement haut de gamme, le président exécutif Harvey Spevak a adressé un message étonnant aux intéressés : ‘Nous croyons que la plupart s’en tireront mieux en recevant l’aide gouvernementale pendant notre fermeture.’” Ce passage est de Thomas et Cutter (2020), qui disent aussi ceci : “Equinox rejoint de nombreuses entreprises, y compris Macy’s … et [le fabricant de mobilier] Steelcase … qui évoquent les prestations de chômage bonifiées du gouvernement lorsqu’ils mettent à pied ou licencient du personnel face à la pandémie du coronavirus. Les mesures de stimulation changent la donne pour certains employeurs, qui peuvent maintenant réduire les coûts en personnel sans sentir qu’ils abandonnent leurs employés.” »

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Juin

Les ventes et les nouvelles inscriptions résidentielles récupèrent en mai le tiers des pertes dues à la pandémie

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Publié par: Robert Perrier

Gains records des inscriptions et des ventes
résidentielles au Canada en mai

Les nouvelles sont bonnes aujourd’hui pour le marché de l’habitation. Les ventes ont fait un bond record de 56,9 % en mai, après l’effondrement inédit d’avril. Selon les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont récupéré environ le tiers des pertes causées par la COVID entre février et avril (voir le graphique ci-dessous). Par rapport à un an plus tôt, les ventes sont encore presque 40 % plus bas, mais leur envol et la montée encore plus forte des nouvelles inscriptions montrent qu’il y a une demande latente sur le marché, alors que les acheteurs veulent profiter des taux hypothécaires historiquement bas.

Les transactions étaient en hausse d’un mois à l’autre partout au pays. Sur les plus grands marchés canadiens, les ventes ont augmenté de 53 % dans le Grand Toronto, de 92,3 % à Montréal, de 31,5 % dans le Grand Vancouver, de 20,5 % dans la vallée du Fraser, de 68,7 % à Calgary, de 46,5 % à Edmonton, de 45,6 % à Winnipeg, de 69,4 % à Hamilton-Burlington et de 30,5 % à Ottawa. En toute logique, les villes où les gains sont moins marqués avaient aussi connu les déclins les plus faibles ces derniers mois.

Plus encore, selon certaines données, l’activité sur le marché de l’habitation a augmenté constamment depuis la mi-avril jusqu’à la première semaine de juin.

Nouvelles inscriptions

Le nombre de nouvelles inscriptions a fait un bond record de 69 % en mai par rapport au mois précédent. Des gains ont été enregistrés dans tout le pays.

Étant donné que les nouvelles inscriptions ont récupéré davantage que les ventes en mai, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions au pays a baissé à 58,8 %, comparativement à 63,3 % en avril. Bien que cet indicateur ait baissé légèrement, l’équilibre du marché est resté remarquablement stable dans son ensemble, compte tenu de l’ampleur des pressions économiques et sociales que subissent les acheteurs et les propriétaires-vendeurs.

On comptait 5,6 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin de mai 2020, en baisse par rapport aux 9 mois enregistrés en avril. La hausse temporaire de cette mesure enregistrée en avril est attribuable au fait qu’une baisse immédiate des ventes était prévue en raison du confinement, alors qu’une diminution beaucoup plus lente était attendue pour d’autres variables, comme les inscriptions actives. Le rapport de l’ACI indique que bon nombre de propriétaires qui avaient mis leur propriété en vente avant la mi-mars ont gardé l’inscription active, tout en réduisant sensiblement le nombre de visites des maisons organisées durant le confinement. Bon nombre de ces inscriptions disparaissent maintenant du marché, de sorte que les inscriptions actives étaient en baisse d’environ un quart à la fin mai. Leur niveau actuel est ainsi un des plus bas jamais vus pour ce moment de l’année.

Prix des maisons

Les prix des maisons au Canada ont peu évolué en mai par rapport à avril. Sur les 19 marchés suivis par l’Indice des prix des propriétés MLS (IPP), 18 ont connu soit des augmentations depuis un mois, soit des diminutions plus faibles qu’en avril. Dans cinq marchés, les prix ont augmenté en mai après avoir baissé en avril (voir les données par marché dans le tableau ci-dessous).

Règle générale, depuis le début de la pandémie, de légères baisses des prix ont été enregistrées en Colombie-Britannique, et les tendances à la baisse qui étaient déjà présentes en Alberta se sont accentuées. Avec la récente remontée des prix du pétrole toutefois, les ventes ont de fait augmenté dans l’ensemble des Prairies, et les tendances touchant les prix se sont stabilisées.

Malgré la pandémie, les prix des maisons dans la région du Grand Golden Horseshoe, y compris Toronto, ont très peu baissé. Ils restent bien au-dessus du niveau d’un an plus tôt. À Ottawa, Montréal et Moncton, les prix ont continué de grimper, bien que ce soit plus lentement qu’auparavant.

En somme

La SCHL a récemment prédit que le prix moyen des maisons vendues au pays baissera de 9 % à 18 % en 2020, et pourrait ne retrouver le niveau de la fin 2019 qu’en 2022. Je continue de croire que cette prévision est excessivement pessimiste. D’abord, les prix de vente moyens sont trompeurs, surtout à l’échelle nationale, parce que les prix varient tellement selon la région ainsi que selon le type de propriété.

Il n’y a pas de marché national de l’habitation. Tous les marchés de l’habitation sont locaux. Le tableau 1 ci-dessus indique de grands écarts entre les régions dans l’évolution des prix de vente. On peut néanmoins constater que les tendances semblent converger vers une progression modérée des prix. La récession économique d’aujourd’hui ne ressemble à nulle autre. Les mesures de stimulation inédites prises par la Banque du Canada et le gouvernement fédéral préserveront le bon fonctionnement des marchés de l’habitation malgré les directives de distanciation sociale. Ceux qui ont un emploi stable prendront en temps et lieu leurs décisions en matière de logement.

Ceux qui ont perdu leur emploi sans espoir de le retrouver sont ceux qui suscitent des inquiétudes. Une bonne part d’entre eux travaillaient dans les secteurs économiques qui ont été le plus durement touchés et qui seront les plus lents à se rétablir, comme l’hébergement et la restauration, le commerce au détail non essentiel et les loisirs (arts, divertissements, activités récréatives). Les données du recensement de 2016 de Statistique Canada présentées dans le tableau ci-dessous indiquent que le pourcentage de ménages propriétaires de leur maison dans ces secteurs est relativement faible. Malheureusement, la plupart de ceux qui auront été le plus durement touchés par la pandémie sont aussi ceux qui ont le moins les moyens de s’en remettre. Voilà un problème que la politique budgétaire devra aborder, en prévoyant des investissements dans des programmes de recyclage professionnel et de garanties de revenu universelles.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Juin

La SCHL resserre les critères d’admissibilité à un prêt hypothécaire assuré

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Publié par: Robert Perrier

La SCHL resserre les critères d’admissibilité à un prêt hypothécaire assuré

Encore une fois, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) resserre les critères pour l’obtention d’un financement hypothécaire avec une mise de fonds inférieure à 20 %. Tout acheteur d’une maison effectuant une mise de fonds inférieure à 20 % est tenu d’acheter une assurance prêt et de faire une mise de fonds d’au moins 5 %. La SCHL est une société d’État fédérale qui fournit une telle assurance. Elle a pour mandat d’aider les Canadiens à trouver des options abordables en matière de logement. Fournir une assurance prêt hypothécaire lors de l’achat d’une maison est une de ses principales activités. L’assurance prêt hypothécaire protège le prêteur au cas où l’emprunteur cesse de faire les paiements et se trouve en défaut sur son prêt hypothécaire – une situation très rare au Canada.

Il y a également des fournisseurs privés d’assurance prêt hypothécaire : Genworth Canada et Canada Guaranty. La SCHL est le seul assureur de prêts hypothécaires pour les immeubles à logements multiples, y compris les grands immeubles, les résidences d’étudiants, les centres de soins de longue durée et les maisons de retraite. Elle est de loin le plus grand fournisseur d’assurance prêt hypothécaire et le principal dans les petites localités et les milieux ruraux.

Les acheteurs d’immeubles de placement ne sont pas admissibles à l’assurance prêt hypothécaire. Par conséquent, il faut une mise de fonds d’au moins 20 % pour acheter un immeuble de placement. Sont aussi exclus les acheteurs d’une maison de plus de 1 million de dollars. Habituellement, c’est le prêteur qui choisit l’assureur.

Pourquoi est-ce que la SCHL resserre les critères?

Les économistes de la SCHL ont prédit qu’en raison du confinement dû à la pandémie, les prix des habitations pourraient baisser de 9 à 18 % au cours des 12 mois à venir. Ils croient aussi qu’il faudra au moins deux ans avant que les prix ne reviennent à leurs niveaux d’avant la pandémie. Les prévisions de la SCHL pour l’économie sont encore plus pessimistes que de nombreuses autres, en particulier celles de la Banque du Canada. Celle-ci affirmait hier que les perspectives de l’économie étaient plus favorables que ne l’entrevoyaient ses prévisions d’avril. La SCHL reconnaît d’ailleurs la grande incertitude entourant les prévisions actuelles. La société d’État souligne les pertes d’emplois consécutives au confinement, les fermetures d’entreprises et la baisse de l’immigration qui ont nui au marché de l’habitation au Canada.

Elle note aussi que 15 % des prêts hypothécaires sont en situation de report des paiements, et elle croit que 20 % de tous les prêts hypothécaires pourraient être en retard lorsque les reports prendront fin. Elle affirme qu’elle resserre ses critères d’admissibilité afin « de protéger les futurs acheteurs de logements et de réduire les risques ».

Ce qui change dans les politiques de souscription

À partir du 1er juillet, les changements suivants s’appliqueront à toutes les nouvelles demandes d’assurance prêt hypothécaire à l’unité et d’assurance de portefeuille pour propriétaires-occupants :

  • Le rapport d’amortissement brut de la dette (ABD) maximum baisse de 39 à 35.
  • Le rapport d’amortissement total de la dette (ATD) maximum baisse de 44 à 42.
  • Le pointage de crédit minimal exigé d’au moins un emprunteur augmente de 600 à 680.
  • Les sources non traditionnelles de mise de fonds qui augmentent l’endettement ne seront plus considérées comme des fonds propres aux fins de l’assurance prêt.

La SCHL précise comme suit sa politique : « Afin de mieux gérer les risques liés à nos activités d’assurance et, au bout du compte, pour protéger les contribuables, nous avons également suspendu l’assurance des prêts hypothécaires de refinancement pour immeubles collectifs, sauf lorsque les fonds sont utilisés pour des réparations ou un réinvestissement dans le logement. Les consultations sur le repositionnement de nos produits d’assurance prêt hypothécaire pour immeubles collectifs ont débuté. »

Ce que nous savons jusqu’à présent

Selon les indications préliminaires, les fournisseurs privés d’assurance prêt hypothécaire n’adopteront pas les ratios réduits de la SCHL. Ils pourraient toutefois se montrer plus sélectifs dans leurs approbations.

Les autorités fiscales et monétaires du Canada investissent de vastes sommes pour sauver l’économie, amortir l’impact de l’arrêt des activités et assurer une ample offre de crédit. Ces mesures visent à minimiser les cas évitables d’insolvabilité. Il est donc étonnant qu’une société d’État fédérale prenne maintenant de telles mesures procycliques.

Les répercussions exactes des changements ne seront pas connues avant que les choses se précisent. Il reste à voir comment les grandes banques réagiront avec leurs propres règles de souscription de prêts hypothécaires de premier ordre, comment ces nouvelles règles s’appliqueront au marché de la titrisation, et jusqu’où les fournisseurs privés d’assurance prêt suivront les nouvelles règles.

Quoi qu’il en soit, le tout éprouve la confiance des acheteurs et des vendeurs. Toutes autres choses étant égales, l’effet net est négatif sur les perspectives à court terme du marché de l’habitation. Plus encore, à mon avis, ces changements ne sont pas nécessaires pour protéger la prudence des pratiques canadiennes en matière de prêts pour l’habitation.

Les taux de défaillance sur les prêts hypothécaires sont faibles, et même les prévisions de la Banque du Canada restent à moins de 1 % de l’ensemble des prêts hypothécaires. En outre, les acheteurs de maison qui ont un emploi et qui satisfont aux anciens critères ont certainement un horizon d’au-delà de deux ans quand ils achètent leur première maison. Ils étaient déjà admissibles en fonction du taux affiché, qui est plus de 250 points de base plus élevé que le taux contractuel. Or, la récession due à la pandémie fait probablement que les taux d’intérêt resteront très faibles dans les deux années à venir.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
8 Juin

Bonne nouvelle en mai : 10,6 % des emplois perdus à la COVID ont été récupérés

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Publié par: Robert Perrier

Nouveaux signes encourageants : récupération de 10,6 % de l’emploi en mai

Le rapport de mai sur l’emploi et les données de haute fréquence ont donné tort aux prophètes de malheur. Ils indiquent que l’activité économique commence à reprendre au Canada. Voilà quelques semaines que nous signalons des signes encourageants dans l’économie. Ce n’est qu’un début, mais ces signes s’amplifient. Nous sommes optimistes, sans pour autant oublier que presque 5 millions de Canadiens restent sans travail ou avec un horaire de travail sensiblement réduit.

Le marché du travail s’est amélioré de la mi-avril à la mi-mai

Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) de mai, publiés ce matin par Statistique Canada, représentent les conditions du marché de l’emploi la semaine du 10 au 16 mai. À ce moment, certaines provinces avaient commencé à alléger graduellement le confinement dû à la pandémie qui a précipité notre économie dans une récession. Dès la mi-mai, le marché de l’emploi révélait une amélioration marquée, et il a certainement continué de remonter la pente par la suite.

Entre février et avril, 5,5 millions de travailleurs canadiens ont été touchés par l’arrêt des activités causé par la pandémie. Ce nombre comprend une baisse de l’emploi de 3,0 millions ainsi qu’une augmentation de 2,5 millions des absences du travail associées à la COVID. Des économistes prévoyaient la perte de 500 000 emplois de plus le mois dernier. Ils se trompaient.

En mai, l’emploi a augmenté de 290 000 (+1,8 %) tandis que le nombre de personnes qui ont fait moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a reculé de 292 000 (-8,6 %). Ensemble, ces changements ont compensé 10,6 % des baisses de l’emploi et des absences du travail liées à la COVID-19 observées au cours des deux mois précédents. Les trois quarts de la croissance de l’emploi observée d’avril à mai ont été enregistrés dans l’emploi à temps plein. La croissance a été constatée dans la plupart des industries et des provinces, bien qu’elle découle surtout de la hausse de l’emploi au Québec, la province la plus durement touchée par la pandémie. 

Cependant, l’emploi à temps plein restait en mai à 11,1 % sous le niveau de février – avant le confinement. L’emploi à temps partiel restait inférieur de 27,6 %.

Le taux de chômage augmente alors que davantage de Canadiens cherchent un emploi

Même si l’emploi a augmenté de la mi-avril à la mi-mai, le taux de chômage a grimpé à 13,7 % – contre 13,0 %. L’allégement des restrictions a amené davantage de travailleurs précédemment découragés à chercher activement un emploi (voir le graphique ci-dessous). Le taux de chômage de 13,7 % est le plus élevé depuis que des données comparables sont publiées, c’est-à-dire depuis 1976. En février, avant la paralysie de l’économie, le chômage était à peine à 5,6 %. Il a bondi à 7,8 % en mars et à 13 % en avril.

Au contraire de ralentissements économiques précédents, celui-ci a entraîné des pertes d’emploi d’abord dans le secteur des services. Les répercussions de la pandémie se sont ensuite étendues dans les secteurs des biens et de la construction en avril. Le mois dernier, l’emploi a repris plus nettement dans le secteur des biens (+5,0 % ou 165 000) que dans le secteur des services (+1,0% ou 125 000). L’industrie de la construction a bénéficié de la plus forte augmentation des heures travaillées entre avril et mai : +19,0 %.

Le Québec représente presque 80 % de la croissance totale de l’emploi en mai

Le gouvernement du Québec a assoupli les restrictions imposées aux activités commerciales avant la semaine de référence du dernier rapport sur l’emploi, notamment dans la construction à partir de la mi-avril et dans le commerce de détail ainsi que la fabrication à l’extérieur de Montréal à partir du 4 mai. La proportion de travailleurs travaillant à un endroit autre que leur domicile a augmenté, passant de 60 % en avril à 65 % en mai.

Les plus fortes hausses d’emploi au Québec ont été enregistrées dans la construction (+58 000), la fabrication (+56 000) ainsi que le commerce de gros et de détail (+54 000). Ces trois secteurs ont une proportion relativement élevée d’emplois qui peuvent difficilement être exercés à domicile.

L’emploi a progressé de 97 000 (+5,3 %) dans la région métropolitaine de recensement de Montréal.

L’emploi a continué de reculer en Ontario, mais à un rythme moins rapide

L’Ontario est la seule province où l’emploi a continué de reculer en mai. Voilà qui est logique vu que la plupart des restrictions de l’activité l’économique étaient encore en vigueur en Ontario durant la semaine du 10 au 16 mai.

Bien que l’emploi ait reculé en Ontario en mai (-65 000), la baisse a été beaucoup moins forte qu’en mars (-403 000) et en avril (-689 000). La totalité de la baisse de l’emploi observée dans la province est survenue dans le secteur des services (-80 000). Parallèlement, l’emploi a progressé de 15 000 dans le secteur des biens, sous l’effet d’une hausse dans la fabrication (+14 000).

La proportion des personnes en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures de travail habituelles a diminué en Ontario, passant de 22,1 % en avril à 21,2 % en mai.

En Ontario, 55 % des travailleurs ont travaillé à un endroit autre que leur domicile en mai, ce qui est la plus faible proportion de toutes les provinces et une proportion qui a peu varié par rapport à avril.

Comme la plupart des restrictions de l’activité économique sont demeurées en vigueur en Ontario, le nombre de personnes inactives qui voulaient travailler mais qui n’ont pas cherché d’emploi a peu varié. Le taux de chômage a continué d’augmenter, passant de 11,3 % en avril à 13,6 % en mai (voir le tableau ci-dessous).

Situation de l’emploi inégale dans les provinces de l’Ouest

En Colombie-Britannique, l’emploi a progressé de 43 000 en mai, mais le taux de chômage a augmenté de 1,9 point de pourcentage pour atteindre 13,4 %, en raison de l’augmentation du nombre de personnes cherchant un emploi. Presque toute la croissance de l’emploi observée dans la province est survenue dans le secteur des services (+41 000). Les services d’hébergement et de restauration (+12 000), les services d’enseignement (+12 000) et le commerce de gros et de détail (+12 000) ont enregistré les hausses les plus marquées.

La Colombie-Britannique a annoncé la première phase de la reprise des activités le 6 mai. Son plan comprenait la levée des restrictions relatives aux services médicaux non essentiels et à des parties de l’industrie du commerce de détail à compter du 19 mai, après la semaine de référence.

Le nombre de personnes en emploi en Alberta a augmenté de 28 000 en mai, après avoir enregistré une baisse cumulative de 361 000 de février à avril. La croissance de l’emploi dans la province est entièrement attribuable au secteur des services (+33 000). Le taux de chômage a augmenté de 2,1 points de pourcentage pour s’établir à 15,5 %.

L’Alberta a permis à certaines entreprises, comme les restaurants et les boutiques non essentielles, de reprendre leurs activités à compter du 14 mai.

Au Manitoba, l’emploi a progressé de 13 000 en mai. Parallèlement, la proportion de Manitobains en emploi qui ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles a reculé de 1,7 point de pourcentage pour s’établir à 12,9 %. En mai, la majeure partie de la hausse de l’emploi enregistrée au Manitoba est survenue dans le secteur des services (+12 000), principalement dans le commerce de gros et de détail (+7 000).

Le 4 mai, le Manitoba a permis à un certain nombre d’entreprises de services de reprendre leurs activités, sous réserve d’une limitation du nombre de personnes à l’intérieur et de mesures de distanciation physique.

L’emploi a globalement peu varié en Saskatchewan. Des augmentations dans le commerce de gros et de détail, dans la fabrication ainsi que dans les services d’hébergement et de restauration ont été contrebalancées par des baisses dans de nombreux secteurs, en particulier dans l’information, la culture et les loisirs ainsi que la construction.

L’emploi progresse dans toutes les provinces de l’Atlantique

À l’exception de la Nouvelle-Écosse, les gouvernements des provinces de l’Atlantique ont commencé à assouplir les restrictions au début de mai. Le Nouveau-Brunswick a libéré la majeure partie de son économie à compter du 8 mai. Le nombre de personnes en emploi a progressé au Nouveau-Brunswick (+17 000), à Terre-Neuve-et-Labrador (+10 000), en Nouvelle-Écosse (+8 600) et à l’Île-du-Prince-Édouard (+2 600).

Des signes encourageants

Les données s’accumulent indiquant que l’économie a touché le fond et remonte graduellement. Le nombre de fermetures d’entreprises diminue, et les premiers signes d’une amélioration apparaissent, même s’il faudra encore quelque temps avant une réouverture complète.

Dans un sondage réalisé pour Bloomberg News à la fin de mai, 30 % des répondants qui avaient perdu leur emploi ou subi une réduction d’heures de travail en raison de la pandémie affirmaient avoir été réembauchés ou travailler davantage. Les résultats de l’enquête menée par la firme Nanos concordent avec des données de haute fréquence d’Indeed Canada et de Google indiquant une stabilisation des conditions du marché du travail et de l’activité économique au cours des quelques dernières semaines.

Le scénario d’une reprise est renforcé par les tendances dans les déplacements des Canadiens. Selon des données sur la mobilité provenant des téléphones intelligents Apple et Google, pendant la deuxième moitié de mai, davantage de personnes se sont rendues dans des magasins et des parcs – ce qui coïncide avec les réouvertures un peu partout au Canada. L’utilisation des transports en commun reste en baisse, mais les déplacements en auto et à pied ont augmenté, ce qui est positif pour le commerce.

Par ailleurs, selon le Bureau du surintendant des faillites Canada, le nombre total de dossiers d’insolvabilité (faillites et propositions) a diminué de 38,7 % en avril par rapport au mois précédent. Le nombre de faillites a diminué de 41,5 % et le nombre de propositions a diminué de 37,2 %. Le nombre total de dossiers d’insolvabilité déposés en avril 2020 était inférieur de 43,5 % au nombre d’avril 2019. Le nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs a diminué de 43,1 %, et le nombre de dossiers d’insolvabilité d’entreprises, de 54,8 %.

Autre fait positif, les prix des produits de base ont rebondi. En particulier, les prix du pétrole ont fortement augmenté – une excellente nouvelle pour l’Alberta et la Saskatchewan. En outre, le marché boursier canadien a connu un net redressement, et le dollar canadien est en hausse. La Banque du Canada a soutenu cette semaine que le pire du déclin dû à la pandémie est passé.

L’enquête sur les dépenses de consommation menée par les économistes de la Banque Royale indique que la reprise se poursuit, alors que les dépenses discrétionnaires ont recommencé.

  • À mesure que les provinces canadiennes ont pris des mesures pour rouvrir leurs économies, les consommateurs ont commencé à dépenser davantage sur les articles discrétionnaires qu’ils évitaient au début de la pandémie.
  • Les dépenses sur les sorties et les arts ont profité le plus de l’allégement des restrictions.
  • Les dépenses au restaurant continuent de se rétablir, alors que les restaurants proposent des plats à emporter ou la livraison à domicile.
  • Les dépenses affaiblies auprès de commerces d’habillement, de cadeaux et de bijoux ont remonté au début de mai. En particulier, les Canadiens ont dépensé davantage dans les magasins de vêtements.
  • Les dépenses auprès de commerces d’objets ménagers restent solides, grâce aux achats dans les magasins de matériaux de construction pour bricoleurs, d’appareils ménagers et de meubles.
  • Les Canadiens ont commencé à conduire davantage au début de mai, et les dépenses automobiles sur carte de crédit ont continué d’augmenter.
  • À la mi-mai, les dépenses pour les sorties et dans les commerces d’art étaient en baisse de 37 % par rapport à un an plus tôt, contre 58 % à la fin d’avril.
  • Les golfeurs ont dépoussiéré leurs bâtons quand les terrains de golf ont ouvert un peu partout au pays. Ceux qui préfèrent jouer à l’intérieur ont continué de dépenser sur des jeux en ligne ou sur console.

En ce qui concerne le marché du logement, avant la pandémie, nous paraissions devoir connaître un printemps avec une activité record de ventes dans une bonne part du pays. Sauf dans les régions pétrolières – Alberta et Saskatchewan –, tout indiquait que le marché du logement serait florissant. Les bases sont ainsi solides pour le logement en vue du rétablissement de l’économie. Il reste à voir le temps qu’il faudra pour ce rétablissement, ce qui dépendra de l’évolution du virus et de l’apparition ou non d’une deuxième vague à l’automne.

Les chambres immobilières signalent une hausse des ventes de maisons en mai dans le Grand Toronto et le Grand Vancouver.

Les taux d’intérêt ont chuté. Grâce à la baisse de 150 points de base du taux préférentiel, les taux hypothécaires variables ont été réduits pour la première fois depuis la fin de 2018. Une fois que la Banque du Canada a réussi à assurer une liquidité suffisante pour les marchés financiers, même les taux hypothécaires fixes ont baissé.

Le taux hypothécaire affiché a finalement baissé à 4,94 % la semaine passée, mais il reste bien au-dessus des taux contractuels. Avec un peu de chance toutefois, ce taux, qui est utilisé dans les tests de résistance hypothécaire, descendra dans les mois à venir. Par ailleurs, c’est le taux contractuel majoré de 200 points de base qui sera à l’avenir utilisé pour les tests de résistance, ce qui était prévu en avril avant la pandémie.

La Banque du Canada reste extrêmement accommodante. À mon avis, les taux d’intérêt n’augmenteront pas avant 2022.

Il y a tout de même une mauvaise nouvelle pour le marché de l’habitation : l’annonce d’hier de la SCHL. La société d’État va resserrer ses règles déterminant l’admissibilité à un prêt hypothécaire pour les acheteurs effectuant une mise de fonds inférieure à 20 %. Comme je l’ai fait valoir hier, je crois que cette décision va à l’encontre des mesures que la Banque du Canada, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) et le ministère des Finances ont prises pour atténuer le choc de la pandémie et prévenir des cas évitables d’insolvabilité. Le resserrement des règles de la SCHL rendra les maisons moins abordables, surtout pour les acheteurs d’une première maison, par plus de 10 %. Il est au demeurant totalement injustifié du point de vue de la prudence. Pour des détails à ce sujet, voir le rapport d’hier. Bloomberg News abondait dans le même sens dans son article Canadian Housing Agency Draws Fire For Tightening Mortgage Rules (l’agence canadienne du logement critiquée pour avoir resserré les règles hypothécaires).

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
5 Juin

La Banque du Canada maintient les taux

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Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada adopte un ton plus positif

Face à un déclin dévastateur de l’économie canadienne, la Banque du Canada estime aujourd’hui que le pire des répercussions négatives de la pandémie sur l’économie mondiale est passé. Elle concède toutefois que l’incertitude reste élevée. La Banque a maintenu son taux cible à un jour à 0,25 %. Aucune réduction supplémentaire n’était attendue, puisque la Banque a déjà affirmé que le niveau de 0,25 % est la valeur plancher du taux directeur. Le gouverneur Poloz a pratiquement exclu des taux d’intérêt négatifs à moins que l’économie ne se détériore encore radicalement.

La réunion d’aujourd’hui du Conseil de direction est la dernière de Stephen Poloz en tant que gouverneur. Son successeur Tiff Macklem prend la relève ce même jour. M. Macklem a participé comme observateur aux délibérations du Conseil de direction. Il a adhéré à la décision prise sur le taux et aux mesures annoncées dans le communiqué de presse, assurant ainsi la continuité dans la politique monétaire.

La Banque a pris des mesures très énergiques pour soutenir la liquidité et le bon fonctionnement des marchés financiers, en achetant des titres à court terme et à long terme. Au bilan de la banque centrale, les titres ont augmenté jusqu’à un niveau correspondant à environ 20 % du PIB du Canada, contre 5 % avant la crise. Ce niveau reste bien inférieur à ceux de la Réserve fédérale américaine, de la Banque du Japon et de la Banque centrale européenne, qui ont toutes procédé à des opérations d’assouplissement quantitatif depuis la crise financière d’il y a plus de 10 ans. Cependant, les achats de titres effectués par la Banque du Canada ont été exceptionnels au regard de la taille de notre économie.

« Les mesures budgétaires fermes et ciblées, conjuguées aux taux d’intérêt plus bas, amortissent l’impact des fermetures sur le revenu disponible et aident à jeter les bases de la reprise économique », selon la banque centrale. Celle-ci soutient que l’économie canadienne semble avoir évité le scénario le plus grave évoqué dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’avril.

Au premier trimestre (T1), le niveau du PIB réel était à 2,1 % sous le niveau du T4 de 2019. La Banque du Canada prévoit maintenant que le PIB réel du T2 baissera encore de 10 à 20 %, conséquence des diverses activités qui restent à l’arrêt et de la forte réduction des investissements dans le secteur de l’énergie. Il y aurait ainsi un recul, du pic au creux, de 12 à 22 %, au lieu des 15 à 30 % qu’avait précédemment entrevus la banque centrale. Selon la Banque du Canada, « l’économie canadienne semble avoir évité le scénario le plus pessimiste ».

En somme : Bien que le degré d’incertitude reste élevé, il semble que le pire du ralentissement économique soit passé. Les données préliminaires de mai indiquent que les ventes de maisons ont progressé d’un mois à l’autre en mai dans les régions du Grand Toronto et du Grand Vancouver, même si elles restent sensiblement sous les niveaux d’un an plus tôt.

Certains s’inquiètent de l’inflation que pourrait déclencher les mesures monétaires et fiscales exceptionnelles prises pour stimuler l’économie ces derniers mois. Le gouverneur Poloz a indiqué clairement que sans ces mesures, les résultats désastreux de l’arrêt de l’économie auraient au contraire entraîné une forte déflation. Une déflation, combinée à des niveaux d’endettement élevés, aurait provoqué une dépression. Les modèles économiques sont d’une utilité limitée face aux retombées de la pandémie. Les responsables des politiques doivent faire preuve de souplesse dans leur action. Lorsque l’économie aura été relancée suffisamment et qu’ils commenceront à retirer les mesures spéciales, il leur faudra tout autant de doigté aussi bien sur le plan fiscal que sur le plan monétaire.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
19 Mai

Baisses records des inscriptions et des ventes résidentielles au Canada en avril

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Publié par: Robert Perrier

Les ventes et les inscriptions de maison ont chuté en avril, le premier mois complet de confinement, mais les prix baissent relativement peu.
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Baisses records des inscriptions et des ventes résidentielles au Canada en avril

Le confinement dû à la pandémie a plongé tous les secteurs de l’économie dans un coma artificiel. Le secteur du logement ne fait pas exception. Selon les données publiées aujourd’hui par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), les ventes résidentielles nationales ont connu une chute record en avril, premier mois complet de confinement pour cause de COVID-19. Elles ont baissé de 56,8 % par rapport aux données de mars, qui étaient déjà affaiblies. Les transactions ont diminué partout au pays.

Sur les grands marchés canadiens, les ventes ont reculé de 66,2 % dans le Grand Toronto, de 64,4 % à Montréal, de 57,9 % dans le Grand Vancouver, de 54,8 % dans la vallée du Fraser, de 53,1 % à Calgary, de 46,6 % à Edmonton, de 42 % à Winnipeg, de 59,8 % à Hamilton-Burlington et de 51,5 % à Ottawa.

L’industrie de l’immobilier résidentiel ne reste pas inactive pour autant. L’innovation technologique crée de nouvelles façons d’acheter et de vendre des maisons. D’après Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI : « On décèle des signes de reprise dans les premiers chiffres de mai, tant au niveau des ventes que des inscriptions, ce qui porte à croire que les technologies virtuelles nouvelles et existantes ont été adoptées par nos membres et leurs clients. Ces outils ont permis de poursuivre plusieurs activités essentielles de façon sécuritaire. Elles demeureront vraisemblablement indispensables pendant un certain temps. »

J’ai entendu des agents discuter d’un logiciel qui présente les propriétés aux acheteurs potentiels en leur permettant de voir les possibilités avec ou sans rénovations, et de choisir des options en matière de décor et d’aménagement. Avec le logiciel, il n’est plus nécessaire de procéder à une coûteuse mise en valeur matérielle, et il est possible d’être beaucoup plus créatif. C’est dire que quand il y a une difficulté, il y a une occasion d’imaginer une solution qui représente un progrès. Ceux qui créent et qui adoptent des innovations virtuelles apportant une telle solution pourraient gagner gros.

La pression sur les prix est restée modérée du fait que le nombre de nouvelles inscriptions était en baisse de 55,7 % en avril par rapport à mars. L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) global et composé a diminué d’à peine 0,6 % le mois dernier. C’était la première baisse depuis mai dernier. Une certaine pression à la baisse des prix n’est pas étonnante. Le recul relativement modeste indique que l’activité est en suspens aussi bien chez les acheteurs que chez les vendeurs.

Baisse à prévoir du taux hypothécaire de référence

Le taux utilisé pour déterminer l’admissibilité d’un emprunteur hypothécaire, fondé sur le taux affiché par les grandes banques, est à plus de 5 % depuis que le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a instauré le test de résistance le 1er janvier 2018. Malgré la baisse radicale du rendement des obligations du gouvernement du Canada, qui tourne actuellement près d’à peine 0,388 %, et la chute des taux hypothécaires contractuels, les banques ont maintenu leurs taux affichés à un niveau élevé. Le taux du test de résistance hypothécaire a débuté en 2018 à 5,34 %, a fini par baisser à 5,19 %, puis plus récemment à 5,04 %, restant bien au-dessus des taux du marché.

Dans la dernière semaine, les banques RBC et BMO ont encore réduit leurs taux affiché sur cinq ans, à 4,94 %. Si aucune autre banque n’emboîte le pas, le taux de la Banque du Canada pour le test du BSIF baissera à 4,99 %. Si une autre banque passe à 4,94 %, le taux du test baissera à 4,94 %. Ce sera toujours autant de gagné.

Points saillants de la Revue du système financier (RSF) de la Banque du Canada

Dès qu’est apparue la menace de pandémie de COVID-19, le rapport de la Banque du Canada signalait que « l’incertitude concernant la gravité éventuelle de la situation a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers, ce qui a causé une ruée généralisée vers la liquidité et rendu difficile la vente d’actifs. Les mesures prises par les autorités publiques contribuent à :

  • restaurer le fonctionnement des marchés;
  • s’assurer que les institutions financières disposent de suffisamment de liquidités;
  • donner aux entreprises et aux ménages canadiens accès au crédit dont ils ont besoin. »

Les mesures prises par la Banque du Canada ont permis de soutenir l’économie. De concert avec les initiatives de dépenses gouvernementales et le programme de report des versements hypothécaires, elles ont amorti le choc pour les ménages et les entreprises. De déclarer le gouverneur Stephen Poloz : « Notre objectif à court terme est d’aider les ménages et les entreprises du pays à traverser cette période. Notre objectif à long terme est de jeter des bases solides pour une reprise de l’emploi et de la croissance. »

Alors que les perspectives économiques restent extrêmement incertaines, la Banque du Canada a préféré pécher par excès de prudence en prévoyant des arriérés hypothécaires et des prêts improductifs aux entreprises en fonction du scénario économique le plus sombre présenté dans le numéro d’avril de son Rapport sur la politique monétaire. Selon le point de vue pessimiste, malgré les mesures exceptionnelles prises par les instances publiques, les arriérés sur les prêts hypothécaires et sur les prêts aux entreprises éclipseront les sommets précédents. Selon un point de vue plus optimiste, le soutien public a évité un résultat encore bien pire, et un système financier résilient parviendra à absorber les pertes en préservant les bases d’une relance de l’économie. Comme le gouverneur Poloz l’a soutenu, un scénario économique plus favorable reste possible, étant entendu que de nombreuses provinces commencent à déconfiner graduellement leur économie.

Les projections figurant dans la RSF d’aujourd’hui sont fondées sur un scénario où le PIB canadien est 30 % plus faible au deuxième trimestre, puis se rétablit lentement par la suite. Dans ce scénario, les arriérés hypothécaires augmenteraient jusqu’à 0,8 % d’ici la mi-2021 contre 0,25 % à la fin de 2019. Ce serait presque le double du sommet des arriérés constaté en 2009. Entre-temps, les prêts improductifs aux entreprises atteindraient 6,4 % à la fin de l’année contre 1 % à la fin de l’année passée. Ce serait sensiblement plus que les sommets antérieurs, inférieurs à 5 %, de 2003 et 2010.

Ce qu’il faut retenir est que même si nous risquons de voir une forte augmentation des arriérés hypothécaires et des prêts problématiques dans les deux prochaines années selon le scénario économique pessimiste, les résultats auraient été bien plus graves sans les programmes d’exception mis en place pour soutenir les entreprises et les ménages. Les implications sont importantes pour le secteur bancaire. Selon l’analyse de la Banque du Canada, avec ces mesures gouvernementales, les réserves de fonds propres des grandes banques devraient suffire à absorber les pertes. Sans ces interventions, « les banques se porteraient beaucoup moins bien, ce qui entraînerait des effets négatifs notables sur l’offre de crédit aux ménages et aux entreprises ».

Ménages

  • 1 ménage sur 5 n’a pas assez de comptant ou d’actifs liquides pour couvrir deux mois de versements hypothécaires.
  • Les programmes de soutien gouvernemental (PCU et subvention salariale d’urgence) couvriront une bonne part des dépenses de base des ménages (alimentation, logement et télécommunications).
  • Le report de versements de prêts (les banques ont autorisé plus de 700 000 ménages à reporter leurs versements hypothécaires) et de nouveaux emprunts peuvent aider à compenser des baisses de revenu.
  • Il reste que certains ménages accuseront sans doute des retards dans leurs remboursements de dettes (d’abord les cartes de crédit et les prêts automobiles, puis les prêts hypothécaires). C’est ce qui se voit déjà en Alberta et en Saskatchewan.

Entreprises

  • Il y a eu certains signes d’une réduction des difficultés financières en avril. Le recours au programme des acceptations bancaires de la Banque du Canada est en baisse, l’utilisation des marges de crédit a ralenti et certains emprunteurs effectuent des remboursements, et l’émission d’obligations de sociétés a augmenté sensiblement en avril, après avoir marqué un arrêt en mars.
  • Des sondages indiquent un taux de rejet plus élevé que la normale pour les demandes de fonds supplémentaires des petites et moyennes entreprises auprès des institutions financières.
  • Pour la période à venir, les besoins de refinancement des entreprises correspondent aux niveaux récents. Cependant, de nombreux emprunteurs devront composer avec une augmentation du coût des fonds en raison d’une majoration des primes de risque.
  • Presque trois quarts des obligations de qualité de sociétés ont maintenant une cote de BBB (la plus faible). Si elles étaient déclassées, la valeur des obligations à rendement élevé doublerait, ce qui augmenterait sensiblement les coûts de financement de ces emprunteurs.
  • Les entreprises des secteurs les plus touchés par la COVID-19 ont souvent peu de réserves de liquidités. Avec une chute des revenus, il leur sera difficile de payer les coûts fixes, y compris les remboursements de dettes. Ce qui était au départ un problème de trésorerie pourrait devenir un problème de solvabilité pour certaines entreprises.
  • Les entreprises du secteur de l’énergie font face à des difficultés particulières : elles ont dû puiser davantage dans des marges de crédit, elles ont les plus grands besoins de refinancement au cours des six prochains mois et elles risquent le plus d’être déclassées.

Banques

  • Les opérations de pension à terme de la Banque du Canada ont apporté une ample liquidité au système bancaire et réduit les coûts de financement. En conséquence, les taux hypothécaires affichés et contractuels de certaines banques ont été réduits.
  • Le succès des opérations de pension a terme a faibli ces dernières semaines, une indication que le fonctionnement des marchés s’est amélioré.
  • Les organismes de réglementation ont allégé les exigences en matière de fonds propres et de liquidités.

Administrations publiques

  • Les achats d’actifs par la Banque du Canada ont aidé à améliorer la liquidité sur l’important marché des titres du gouvernement du Canada (la référence pour de nombreux autres marchés obligataires).
  • La RSF ne s’est pas attardé sur la viabilité de la dette publique. En conférence de presse toutefois, le gouverneur Poloz a noté que le niveau d’endettement public global est semblable à ce qu’il était il y a 20 ans, et la dette fédérale est sensiblement inférieure. Le gouvernement fédéral dispose donc d’une bonne marge de manœuvre.

En somme
Évidemment, le confinement dû à la COVID-19 a mis à rude épreuve les ressources financières de nombreux ménages et entreprises. Tel était le prix à payer pour atténuer la grave menace pour la santé et endiguer sa propagation. Le rapport de la Banque du Canada reconnaît les répercussions économiques des mesures qu’il a fallu prendre, et elle promet d’en prendre encore pour s’assurer que l’économie revienne à son plein potentiel de croissance aussitôt que possible. Il s’agit d’amortir le choc pour les plus démunis.

Il n’empêche que des entreprises fermeront définitivement leurs portes, alors que d’autres absorberont des concurrents en difficulté. Certains profiteront des nouvelles possibilités créées par la distanciation sociale, les mesures sanitaires, le télétravail, de nouvelles formes de divertissement et des progrès dans les soins de santé. D’autres succomberont sans doute, bien que ce sera souvent des entreprises qui étaient déjà à l’agonie avant la pandémie. La destruction créatrice est toujours douloureuse pour les perdants, mais elle ouvre la voie à de nombreux nouveaux gagnants, des entreprises et des particuliers qui sont suffisamment créatifs pour s’adapter rapidement à un nouvel environnement.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
11 Mai

La pandémie saccage le marché de l’emploi au Canada

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Publié par: Robert Perrier

La pandémie saccage le marché de l’emploi au Canada

Une récession à nulle autre pareille

L’économie canadienne a été plongée dans un coma artificiel. Rien de tel n’était jamais survenu dans l’histoire moderne à l’échelle mondiale. Il ne faut donc pas se surprendre : les données économiques d’avril seront terribles. Il y a toutefois lieu de croire que l’activité économique touchera le fond en avril, vu que des régions commencent à alléger les restrictions.

L’économie reprendra, mais le choc psychologique est peut-être ce qui reste le plus inquiétant. Aussi grave que soit la situation, elle recèle de véritables possibilités en même temps que des difficultés. Il y aura des gagnants dans l’économie, pas seulement des perdants. Nous y reviendrons.

L’emploi s’est effondré au Canada en avril. Il y a eu 2 millions d’emplois perdus, ce qui a porté le taux de chômage à 13,0 %, à peine moins que le précédent record d’après-guerre de 13,2 %, en 1982 (voir le graphique ci-dessous). La chute record de l’emploi survient après la perte de 1 million d’emplois en mars, de sorte que le total pour les deux mois s’élève à 15,7 % de la population active d’avant le virus.

Les économistes prévoyaient deux fois plus de pertes d’emplois en avril – soit 4 millions –, sachant que plus de 7 millions de Canadiens ont demandé la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Les chiffres révélés aujourd’hui tiennent compte de la situation du marché du travail la semaine du 12 au 18 avril. Les demandes de la PCU sont plus récentes, donc nous pourrions bien voir des pertes additionnelles dans le rapport de mai.

Le taux de chômage de 13 % sous-estime le nombre réel de personnes sans emploi. En avril, le taux de chômage aurait été de 17,8 % si le taux de participation au marché du travail n’avait pas baissé. En comparaison de la situation un an plus tôt, il y avait 1,5 million de travailleurs de plus mis à pied de façon permanente mais ne cherchant pas un emploi, donc non comptés comme chômeurs.

Par ailleurs, le nombre de personnes ayant un emploi mais ayant travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles pour cause de COVID-19 a augmenté de 2,5 millions de février à avril. La semaine du 12 avril, l’effet cumulatif de la paralysie économique due à la COVID-19, en termes de nombre de Canadiens soit sans emploi ou travaillant sensiblement moins d’heures, s’élevait à 5,5 millions. Voilà qui est plus du quart du niveau des emplois de février.

En avril, l’emploi a baissé aussi bien dans le temps plein (-1 472 000; -9,7 %) que dans le temps partiel (-522 000; -17,1 %). Les pertes cumulatives depuis février s’élèvent à 1 946 000 (-12,5 %) pour les emplois à temps plein, et à 1 059 000 (-29,6 %) pour les emplois à temps partiel.

La baisse de l’emploi est sans précédent

L’ampleur de la baisse de l’emploi depuis février (-15,7 %) dépasse de loin les baisses constatées lors de ralentissements précédents du marché du travail. Par exemple, dans la profonde récession de 1981-1982, l’emploi a baissé en tout de 612 000 unités (-5,4 %), et ce, sur environ 17 mois.

Une plus grande part de la chute de l’emploi d’aujourd’hui découle de mises à pied temporaires. En avril, presque tous les nouveaux chômeurs (97 %) étaient en mise à pied temporaire. Dans les récessions précédentes, la plupart des mises à pied étaient permanentes.

En avril, plus du tiers (36,7 %) de la population active potentielle ne travaillait pas, ou travaillait moins de la moitié des heures habituelles. Tel est l’impact persistant de la paralysie économique due à la COVID-19. Il faut noter que les emplois perdus étaient encore davantage des emplois à faible rémunération. Pour ceux qui conservent un emploi, la rémunération moyenne a par conséquent fait un bon de 11 % par rapport à un an plus tôt.

Toutes les provinces ont été durement touchées

L’emploi a baissé dans toutes les provinces pour un deuxième mois de suite. Par rapport à février, la baisse est supérieure à 10 % partout, et le plus élevée au Québec (-18,7 % ou -821 000). Le Québec a aussi le plus grand nombre de cas de COVID-19 et de morts au Canada.

Le taux de chômage a augmenté sensiblement dans toutes les provinces en avril. Au Québec, il a atteint 17,0 %, le plus haut niveau depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 1976 et le plus haut niveau de toutes les provinces (voir le tableau ci-dessous). Le nombre de personnes sans emploi a augmenté plus vite au Québec (+101,0 % ou +367 000) que dans toute autre région.

L’emploi a chuté de février à avril dans chacune des trois plus grandes régions métropolitaines de recensement (RMR). En proportion de l’emploi de février, Montréal a enregistré la plus forte diminution (-18,0 %; -404 000); viennent ensuite Vancouver (-17,4 %; -256 000) et Toronto (-15,2 %; -539 000).

À Montréal, le taux de chômage s’établissait à 18,2 % en avril, 13,4 points de pourcentage de plus qu’en février; il avait plafonné à 10,2 % dans la récession de 2008-2009. À Toronto, le taux de chômage était de 11,1 % en avril (5,6 points de pourcentage de plus qu’en février); à Vancouver, il était de 10,8 % (6,2 points de pourcentage de plus).

Les pertes d’emplois par secteur

En mars, presque toutes les pertes d’emplois se situaient dans le secteur de services. En avril par contre, elles étaient proportionnellement plus grandes dans le secteur des biens (-15,8 %; -621 000) que dans le secteur des services (-9,6 %; -1,4 million). Dans le secteur de production de biens, les plus grands perdants étaient le secteur de la construction (-314 000; -21,1 %) et le secteur manufacturier (-267 000; -15,7 %).

Dans le secteur des services, les pertes d’emplois se sont poursuivies dans diverses industries, à commencer par le commerce de gros et de détail (-375 000; -14,0 %) et les services d’hébergement et de restauration (-321 000; -34,3 %).

Certains secteurs continuent d’être moins touchés par l’arrêt des activités dû à la COVID-19 : les services publics; les administrations publiques; et le secteur finance, assurances et immobilier.

Dans les secteurs tant des services que des biens, les baisses de l’emploi constatées en deux mois depuis février sont proportionnellement plus grandes que celles enregistrées dans chacun des trois grands ralentissements du marché du travail depuis 1980.

À la relance graduelle de l’activité économique à la suite de l’interruption due à la COVID-19, la question cruciale sera de voir combien de temps il faudra pour le rétablissement.

Après les ralentissements précédents, l’emploi dans les services s’est redressé assez rapidement, revenant aux niveaux d’avant le ralentissement en quatre mois en moyenne. Par contre dans le secteur des biens, à la suite des récessions de 1981-1982 et de 1990-1992, il a fallu en moyenne plus de six ans pour que l’emploi revienne aux niveaux d’avant la récession. Et après la crise financière mondiale de 2008-2009, il a fallu 10 ans.

Des signes encourageantsLa situation est assurément désastreuse, mais il y a des signes que l’économie est près de toucher le fond. Le nombre de fermetures d’entreprises diminue dans la plupart des provinces, et les premiers signes d’une amélioration apparaissent, même s’il faudra encore quelque temps avant une réouverture complète. La confiance des entreprises semble s’être quelque peu améliorée vers la fin d’avril, selon des données de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Également à la fin d’avril, les économistes de la Banque Royale indiquent que les dépenses par carte de crédit semblent moins faibles. Dans le logement, les mises en chantier étaient à un meilleur niveau que prévu en avril. Plus encore, la propagation du coronavirus s’est atténuée, et diverses régions commencent à alléger les règles imposées pour aplatir la courbe.

En ce qui concerne le marché du logement, avant la pandémie, nous paraissions devoir connaître un printemps avec une activité record de ventes dans une bonne part du pays. Sauf dans les régions pétrolières – Alberta et Saskatchewan –, tout indiquait que le marché du logement serait florissant. Les bases sont ainsi solides pour le logement en vue du rétablissement de l’économie. Il reste à voir le temps qu’il faudra pour ce rétablissement, ce qui dépendra de l’évolution du virus et de l’apparition ou non d’une deuxième vague à la fin de l’automne.

Les taux d’intérêt ont chuté. Grâce à la baisse de 150 points de base du taux préférentiel, les taux hypothécaires variables ont été réduits pour la première fois depuis la fin de 2018. Une fois que la Banque a réussi à assurer une liquidité suffisante pour les marchés financiers, même les taux hypothécaires fixes ont baissé.

Le taux hypothécaire affiché semble être bloqué à 5,04 %, bien au-dessus des taux contractuels. Avec un peu de chance toutefois, ce taux, qui est utilisé dans les tests de résistance hypothécaire, descendra dans les mois à venir. La Banque du Canada reste extrêmement accommodante. À mon avis, les taux d’intérêt n’augmenteront pas avant 2022.

Il y aura des gagnants

Déjà maintenant, il y a des entreprises qui bénéficient d’une hausse de revenus et de bénéfices. Pour discerner un côté positif de cette période de bouleversements, j’ai dressé une liste d’entreprises qui ont connu un bel essor. Au sommet figure Shopify, une entreprise canadienne qui aide les entreprises à fournir des services de magasinage en ligne. Elle est maintenant l’entreprise ayant la plus forte valeur en bourse au Canada, surpassant la Banque Royale.

De nombreux réfractaires aux achats en ligne s’y sont convertis pendant le confinement. Amazon en profite aussi, mais il lui faudrait davantage de concurrence, et de nombreux Canadiens seraient heureux que des rivaux nationaux émergent.

Loblaws, avec ses épiceries et ses pharmacies, est florissante. C’est le cas également de fabricants de produits de nettoyage comme Clorox et de produits de papier comme Kimberly Clark. Le confinement a stimulé les ventes de Wayfair, qui vend en ligne des meubles et des produits pour la maison. À l’heure où les gymnases et clubs santé sont fermés, les adeptes de la mise en forme cherchent des solutions de rechange, et des entreprises comme Peloton et autres fournisseurs de matériel d’exercice ont vu leurs revenus grimper.

La demande de services d’infonuagique a gonflé le chiffre d’affaires de Microsoft et de Dropbox. Le divertissement à domicile a la cote, ce dont profitent Netflix et YouTube. Zoom et Cisco (Webex) se portent très bien. Qualcomm tirera parti d’un passage accéléré au 5G. Accenture et Booz Allen, entre autres consultants auprès des entreprises et des gouvernements, redoublent d’efforts pour aider les uns et les autres à réinventer leurs opérations dans l’après-pandémie.

Lorsque règnent l’incertitude et la volatilité, les gens ont besoin de conseils et de coups de main d’experts, en particulier pour ce qui concerne leurs finances. Voilà où les professionnels hypothécaires viennent bien à point, au même titre que les planificateurs financiers, les courtiers immobiliers, les comptables et les fiscalistes.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca
16 Avr

La Banque du Canada agit pour la survie de l’économie

Non classifié(e)

Publié par: Robert Perrier

La Banque du Canada accroît ses achats de titres financiers, ajoutant des obligations provinciales et des obligations d’entreprise à cote élevée à la liste.
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La Banque du Canada est prête à faire tout ce qu’il faut

Face à un déclin dévastateur de l’économie canadienne, la Banque du Canada prend des mesures inédites. À la suite de pertes d’emploi records, d’une confiance en chute libre et de la mise à l’arrêt de la plupart des entreprises, le nouveau Rapport sur la politique monétaire (RPM) fait état d’une pression financière extrême et d’une contraction marquée et subite à l’échelle mondiale. La COVID-19 et l’effondrement des cours pétroliers provoquent des impacts économiques et des mesures publiques sans précédent.

« Une part substantielle de l’activité économique sera affaiblie tant que la pandémie ne sera pas maîtrisée, peut-on lire dans le RPM. Ces effets soudains ont provoqué une onde de choc sur les marchés financiers, et se traduisent par une ruée généralisée vers les valeurs sûres, une réévaluation marquée des actifs risqués et le fonctionnement déficient de bon nombre de marchés. […] Les économies mondiale et canadienne devraient se redresser lorsque l’urgence médicale prendra fin, mais le moment et la vigueur du redressement dépendront fortement de l’évolution de la pandémie et des mesures à prendre pour la contenir. Le redressement dépendra aussi de la réaction des ménages et des entreprises à la situation. Or ces facteurs sont impossibles à prévoir avec certitude. »

« L’économie canadienne était en bonne posture avant l’épidémie de COVID-19, mais depuis, elle a été frappée par des fermetures généralisées et une baisse des prix du pétrole, affirme par ailleurs la Banque du Canada dans un communiqué. L’une des premières mesures de l’ampleur des dommages a été une chute sans précédent de l’emploi en mars, avec la perte de plus d’un million d’emplois au pays. Un nombre encore plus grand de travailleurs ont signalé une réduction de leurs heures, et au début d’avril, environ six millions de Canadiens avaient demandé la Prestation canadienne d’urgence. »

« L’arrêt soudain de l’activité mondiale sera suivi de reprises régionales à différents moments, selon la durée et la gravité de l’épidémie dans chaque région, affirme encore la Banque du Canada. Par conséquent, la reprise économique mondiale, lorsqu’elle viendra, pourrait être prolongée et inégale. »

Le plus récent RPM rompt avec la tradition. Il ne présente pas de prévisions économiques détaillées. Des prévisions seraient inutiles au vu du degré d’incertitude et de l’absence de précédents pertinents. Cependant, l’analyse de différents scénarios faite par la Banque donne à penser que le niveau de l’activité réelle a diminué de 1 à 3 % au premier trimestre de 2020, et qu’il sera de 15 à 30 % plus bas au deuxième trimestre qu’au quatrième trimestre de 2019. Une inflation de 0 % est prévue, principalement en raison de la chute de prix de l’essence.

D’ajouter la Banque : « Les programmes budgétaires, conçus pour s’accroître selon l’ampleur du choc, aideront les particuliers et les entreprises à traverser cette phase de fermetures liées à la pandémie et appuieront les revenus et la confiance jusqu’à la reprise. À ces programmes se sont ajoutées les actions menées par d’autres organismes fédéraux et les provinces. »

La Banque du Canada et toutes les banques centrales ont pris des mesures pour soutenir le fonctionnement des marchés financiers essentiels et fournir des liquidités aux institutions financières. Elles ont notamment procédé à des achats massifs d’actifs et nettement réduit les taux d’intérêt. La Banque a abaissé le taux à un jour de 150 points de base en trois étapes le mois dernier, jusqu’au taux de 0,25 % qu’elle considère comme sa « valeur plancher ». Elle s’est gardée de réduire ce taux directeur à nouveau aujourd’hui, estimant que des taux d’intérêt négatifs n’étaient pas opportuns. La Banque a aussi effectué des opérations de prêt destinées aux institutions financières et des achats d’actifs sur les marchés de financement essentiels totalisant environ 200 milliards de dollars.

« Ces actions ont eu pour effet d’atténuer le dysfonctionnement des marchés et de contribuer à maintenir les canaux du crédit ouverts, bien que ceux-ci restent tendus. Le prochain défi pour les marchés sera de gérer la demande accrue de financement à court terme provenant des gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que des entreprises et des ménages. Cette situation nécessite des actions particulières de la banque centrale. »

La Banque du Canada, s’efforçant d’apporter de la liquidité à tous les marchés financiers tendus, est effectivement devenue l’acheteur de dernier recours. Dans le cadre de son programme annoncé précédemment, la Banque continuera d’acheter au moins 5 milliards de dollars de titres du gouvernement du Canada par semaine sur le marché secondaire. Elle augmentera le niveau des achats au besoin pour maintenir le bon fonctionnement du marché des obligations d’État. De plus, elle augmente temporairement la quantité de bons du Trésor qu’elle acquiert aux adjudications pour la porter à 40 %, et ce, dès maintenant.

La Banque a également annoncé de nouvelles mesures pour soutenir davantage le système financier canadien. Elle lancera un nouveau programme d’achat d’obligations provinciales jusqu’à concurrence 50 milliards de dollars, pour compléter son Programme d’achat de titres provinciaux sur les marchés monétaires. De plus, elle a annoncé un nouveau Programme d’achat d’obligations de sociétés, dans le cadre duquel elle achètera sur le marché secondaire jusqu’à 10 milliards de dollars d’obligations de sociétés bien cotées. Ces deux programmes seront mis en place dans les semaines à venir. Enfin, la Banque élargit encore son mécanisme de prise en pension à plus d’un jour afin de permettre un financement sur une période pouvant atteindre 24 mois.

La Banque soutiendra tous les marchés financiers canadiens à l’exception du marché boursier, et son Conseil de direction « se tient prêt à ajuster l’ampleur ou la durée des programmes de la Banque si nécessaire ». La Banque affirme que toutes ses actions « visent à aider à traverser la période de confinement actuelle et à créer les conditions d’une reprise durable et de l’atteinte de la cible d’inflation au fil du temps ».

Voilà précisément ce que la banque centrale doit faire pour convaincre que les marchés financiers canadiens resteront viables. Ses mesures sont un moyen justifié de contrebalancer la vente sous le coup de la panique. De trop nombreux investisseurs sont portés à la panique en pareilles circonstances, risquant de produire un effet d’entraînement qu’il importe d’éviter. Tant que la Banque du Canada convainc qu’elle est un rempart, la panique peut être atténuée. La Banque du Canada doit être louée pour sa réaction efficace et sa vigilance face à cette crise. Son gouverneur Stephen Poloz et son Conseil de direction ont rapidement constaté qu’il s’agissait d’une situation extrême de proportion énorme.

Par conséquent, le Canada non seulement survivra à l’orage de la pandémie mieux que bien d’autres pays, mais en outre émergera de ce tsunami économique et financier en meilleure posture.

Dre Sherry Cooper
Économiste en chef, Centres hypothécaires Dominion

drcooper@dominionlending.ca